13e Dimanche du temps ordinaire : A
Première lecture « Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu » 2 R 4, 8-11.14-16a
Psaume Ton amour, Seigneur,
sans fin je le chante ! Ps 88 (89), 2-3, 16-...
Deuxième lecture Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du Christ Rm 6, 3-4.8-11
Évangile « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous acc... Mt 10, 37-42
Mes sœurs, chers frères et sœurs,
Les trois lectures que nous avons entendues nous apportent
certainement joie et émerveillement. Mais leur exigence, ne peut manquer de
nous interpeller.
Le Seigneur commence par rappeler qu’il veut être aimé
par-dessus tout. Ce faisant, il s’attribue la prérogative de Dieu et celui qui
l’entend parler ne peut qu’être étonné, sinon interloqué. « Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta
force ». N’est-ce pas ce que dit le Seigneur ? Cet amour doit être
plus grand que celui que nous portons à notre famille, à nos proches, à nos
amis. Il va encore plus loin, jusqu’à l’aimer plus que soi-même. Quoi de plus
extraordinaire et de plus absolu ? Jésus ne le fait pas de manière
abstraite, il va prendre sa croix et donner sa vie en manifestant son amour
inconditionnel et absolu pour son Père. Cet amour nous fait comprendre son
indignation lorsque Pierre veut l’empêcher de mener sa mission jusqu’au bout,
et lui épargner la croix. Il a perdu la tête pensaient les membres de sa
famille. Il a perdu la tête pensait Pierre lui-même. Beaucoup vont le quitter
parce qu’ils ne comprendront pas. Y compris son Apôtre qui pourtant partagera
son dernier repas, la 1ère eucharistie, en justifiant peut-être en
lui-même une trahison par le fait que ce que disait Jésus disait était pour lui incompréhensible et absurde. Mieux
valait arrêter tout cela. Il n’a pas cru ou a cessé de croire.
Cet amour est pourtant destiné à porter du fruit, un fruit
de vie. La foi est le chemin et la clef qui ouvre la porte à la rencontre avec
Dieu, à un amour partagé, poussée, tirée par l’espérance.
Le Seigneur s’adresse à ses Apôtres, mais il s’adresse aussi
à nous. Ils ont allumé leur lampe à la lumière du Christ et nous la
transmettent. Ceux que le Seigneur a pu relever et réconcilier il les a envoyés
à notre rencontre pour nous la transmettre. Ils ont tout quitté pour le suivre
et c’est à cause d’eux que nous croyons aujourd’hui en lui, que nous avons reçu
notre baptême. Nos évêques sont les témoins vivants de la mission reçue par les
Apôtres, par le sacrement qu’ils ont reçu. C’est une chaîne de transmission qui les relie et nous
relie au Christ. Ils sont pour ainsi dire des messagers, des ambassadeurs, des envoyés,
c’est une traduction du nom de l’ange. L’image a beaucoup été utilisée. La
comparaison avec un ambassadeur nous parle peut-être. Saint Paul dit par
exemple : C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade. La
comparaison plaisait aux anciens. Par exemple Saint Irénée, fêté aujourd’hui,
nous dit que le patriarche Hénok, ayant
plu à Dieu sans circoncision,
fut envoyé comme
ambassadeur auprès des
anges, quoiqu'il fût homme; il est gardé jusqu'à ce jour
comme témoin du juste jugement de Dieu, transféré pour le salut. Le prophète
Élie cher au Carmel avait donc, selon l’Écriture un prédécesseur.
L’image de l’ambassadeur parle un peu moins aujourd’hui
parce que les chefs d’État se parlent en direct ou même s’invectivent parfois en
direct par leurs comptes. Ils disposent cependant de pouvoirs qui leur
permettent d’agir avec l’autorité de leur pays en suivant les instructions de
leur gouvernement. Le pape en a, avec ses nonces qui suivent une formation dans
une école spécialisée à Rome. Les ambassadeurs ont pour mission d’ouvrir des
portes, d’établir des relations, de transmettre ou recevoir des instructions.
Ils représentent leurs pays. On plaisante sur l’adresse des diplomates,
capables de dire, comme récemment l’ambassadeur de France, allez passer vos
vacances en France, par exemple, en ajoutant, mais moi je reste en Suisse comme
le conseille le conseil Fédéral, c’est tout un art. Saint Jean XXIII était un
maître en la matière, vous vous souvenez peut-être d’une de ses
plaisanteries : « Il n’y a que deux solutions possibles, disait-il, pour
être un bon diplomate : ou bien être muet telle la taupe, ou bien loquace au
point que ses propos perdent toute importance. Etant donné que je suis Italien,
je préfère la deuxième méthode. » Même le silence monastique a une place. Reste
à être prudent avec les taupinières.
Il n’en demeure pas moins que la Bonne Nouvelle se doit
d’être accueillie et donc vécue pour donner un fruit qui demeure. La porte de
notre château intérieur doit être ouverte aux messagers d’en-haut. Le Seigneur
ne force pas les portes quoiqu’il puisse se faire insistant parfois. Il
respecte notre liberté. Par respect pour nous-mêmes, non pas par gloriole, nous
avons le devoir de faire preuve de discernement avant d’ouvrir. Seigneur est-ce
bien toi ?
Ne faut-il pas aussi de l’audace, comme cette femme qui ose
faire une demande au prophète, malgré le problème de son mari. Sa foi lui donna
de donner naissance à un fils, épisode qui nous permet de voir là une prophétie
de l’apparition de l’Ange à Marie, mais aussi de ce qui advint à Élisabeth.
Nous avons fêté la Nativité de Jean-Baptiste cette semaine.
Notre foi nous a permis d’accueillir le Christ en nous par
notre baptême et accueillis en lui, de devenir nous aussi des ambassadeurs du Christ.
Dans son humanité, il l’est pour nous auprès de son Père. Nous avons été
baptisés dans la mort et la résurrection. Il veut faire de nous des
porte-lumières, des messagers de la Bonne Nouvelle, des ambassadeurs, en
devenant radicalement pauvres de nous-mêmes, mais riches de ses propres
richesses, de la vie qui l’habite, d’autres Christ. Nous tenons naturellement à
être estimés par notre entourage, nos amis. En société, nous le sommes
fréquemment en raison de nos biens, de nos relations. Mais avons-nous
conscience du fait que notre plus grande richesse c’est le Christ ? La
partageons-nous ?
Aurions-nous peur parfois ? Nous citons volontiers
Saint Jean-Paul II et son « N’ayez pas peur ». Pourquoi pas aussi
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ? A Marie de Saint-Joseph, elle disait :
Le petit Ambassadeur n'a pas envie de sauter de la nacelle, mais il est là pour
montrer le Ciel au petit Enfant ; il veut que tous ses regards, toutes ses
délicatesses soient pour Jésus. Aussi serait-il bien content de voir le petit
Enfant se priver de consolations par trop enfantines et indignes d'un
missionnaire et d'un guerrier... J'aime beaucoup mon petit Enfant et Jésus
l'aime encore plus. Ambassadeur à l’intérieur du Carmel, c’est aussi une
mission, tout comme dans sa famille. Quoi de plus beau que de pouvoir vivre en
baptisé et d’apporter la joie : « L’amour du Seigneur, sans fin je le
chante ; ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge. »
Que dans notre cœur, il y ait un écho du Magnificat de
Marie, lorsque nous remplissons la mission que le Seigneur nous donne :
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. »
Amen.
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