6 novembre 2022 - 32ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
Lectures de la messe
Première lecture « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » 2 M 7, 1-2.9-14
Psaume Au réveil, je me rassasierai de ton visage, Seigneur. Ps 16 (17), 1ab.3ab,...
Deuxième lecture « Que le Seigneur vous affermisse « en tout ce que vous pouvez faire e... 2 Th 2, 16 – 3, 5
Évangile « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » Lc 20, 27.34-38
Homélie
Chers Frères et Sœurs,
Nous sommes confrontés apparemment à 2 x 7 absurdités… 7 maris et 7 frères. 7 frères encouragés par leur mère, préfèrent d’abord la mort à la vie. Voir une mère préférer la mort pour ses enfants est impressionnant et paraît absurde au plus haut point, il suffit de voir les réactions de tristesse et les pleurs des mères dans les Écritures, à commencer par Marie au pied de la croix, ou celles qui perdent ne serait-ce qu’un enfant. Ne pas avoir d’enfants pour une femme était une malédiction. Préférer la mort pour eux après tout l’amour et le travail prodigué pour eux interpelle. Les commentaires nous rappellent que ce texte est un des premiers, sinon le premier à témoigner explicitement de la foi en la résurrection. La femme aux sept maris de l’Évangile et sa stérilité, nous parait être opposée à cette figure héroïque, mais c’est une opposition de situations qui en fait deux sœurs et nous ouvre à l’espérance. Ce qui est vraiment important, n’est-ce pas notre communion avec le Seigneur et notre rencontre avec Lui qui est source de vie. Les Sadducéens voulaient se moquer de l’espérance en la résurrection des pharisiens et de l’annonce de Jésus. Nous nous rappelons que Saint Paul jouera de cette division devant le Sanhédrin.
Se marier était un devoir en Israël pour accueillir la bénédiction de Dieu et transmettre la vie. Pouvoir être la mère du Messie qui apporterait la libération d’Israël, était un des buts de toute femme en donnant la vie. On lit aussi aujourd’hui qu’avoir des enfants dans une famille juive est un acte de foi. La foi que le monde va vers une bonne destination. La foi que du vivant des enfants, le monde sera meilleur qu’il ne l’est maintenant. Mais la bénédiction de Dieu ne peut survenir sans Lui.
L’état personnel de Jésus resté célibataire interpelle. En plus, à son époque, quel beau parti que celui d’un descendant de David et qui parlait si bien ! Mais Jésus est au centre de l’histoire, il est le commencement et la fin, l’alpha et l’Oméga, l’auteur de toute vie, il est celui qui nous ressuscitera au dernier jour. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants, il est la résurrection et la vie. Pour lui, nul besoin et nul impératif d’être inséré dans une dynastie par un père humain et de la prolonger. Dieu est son Père ; le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, il est engendré de toute éternité, non pas créé, et par lui tout a été fait. Il est la bénédiction. Tout est par Lui, avec Lui et en Lui pour être louange à la gloire du Père. Le Seigneur remonte plus haut dans l’Écriture que les Macchabées : Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. Il remonte si loin en raison de l'argument « fondamentaliste » des sadducéens, qui ne reconnaissent comme Écriture que le Pentateuque et l'expliquent, dans le sens d'une sola scriptura stricte, comme l'unique règle de foi, Jésus a été obligé d'étayer sa position à partir des livres de Moïse. Joseph Ratzinger dit qu’il le fait d'une manière étonnamment simple et, par cela, grandiose. Il renvoie à la notion mosaïque de Dieu, à sa présentation dans le buisson ardent.
La femme aux 7 maris nous rappelle qu’il n’y a qu’un époux pour cette épouse qu’est l’Église, par lequel elle puisse recevoir et donner la vie. C’est le Christ. Elle engendre des enfants à la vie en Dieu et pour Dieu, ce qui justifie et explique l’attitude de la mère des sept frères dont le but de l’existence est de voir Dieu. « Tous vivent pour lui. », cela est vrai quant au Royaume, où le Seigneur sera tout en tous et où nous vivrons totalement pour lui. Ce temps est un temps de construction du Royaume, en donnant la vie à des enfants, c’est indispensable, mais aussi en faisant connaître le Christ et son message, en le découvrant au-dedans de nous, et en le faisant découvrir autour de nous, en étant le cœur de l’Église. Par notre état de religieux nous montrons que tous, nous vivrons pour lui et seulement pour lui, comme les anges de Dieu, avec eux et avec nos frères.
Nous sommes tous conscients avec les jours qui se raccourcissent que nous approchons de la fin de l’année liturgique et du retour symbolique du Christ, avec la fête du Christ-Roi de l’Univers qui approche. Nous sommes dans l’attente d’un grand pardon et du jour de la Miséricorde où le Christ reviendra. « A l’ombre de tes ailes cache-moi », dit le psaume. Ces ailes sont celles des chérubins qui surplombent le coffret de l’arche d’Alliance. Nous venons chercher refuge auprès du Seigneur. Il a sondé mon cœur, il l’a visité la nuit… Il m’a éprouvé, sans rien trouver, parce qu’en moi il a vu son Fils. Ce jour approche, mais il est encore long à venir : Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ, nous encourage saint Paul.
L’espérance de voir Dieu et de vivre pour lui définitivement, habite-t-elle notre cœur ? Lorsqu’on entre au Monastère, nous avons tous envie de voir Dieu. Nous cherchons un mode d’emploi que nous essayons de déchiffrer, par exemple « Je veux voir Dieu » du Père Marie-Eugène. Puis comme c’est un peu ardu, c’est un mode d’emploi du mode d’emploi, et avec quelqu’un qui connaît ces chemins. Sainte Thérèse de Jésus était très exigeante à ce sujet, selon mes souvenirs. Le premier découverte se réalise dans notre cœur, dans l’oraison, en particulier pour nos sœurs. C’est le début du chemin de découverte de celui que notre cœur aime. Il ne vient pas nécessairement à notre rencontre avec une bibliothèque. Nous devons avant de le voir en personne, nous laisser rencontrer et regarder par lui dans notre silence intérieur. Lors de cette rencontre Saint Paul demande notre prière pour les messagers de l’Évangile : « Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous. »
Le Seigneur qui revient bientôt, n’est pas un dominateur. Concluons avec le Saint-Père au Bahrein : « Le Messie qui vient sera effectivement puissant, mais pas à la manière d'un chef qui fait la guerre et domine les autres, mais comme le « Prince de la paix » (v. 5), comme celui qui réconcilie les hommes avec Dieu, et entre eux. La grandeur de son pouvoir n'utilise pas la force de la violence, mais la faiblesse de l'amour. Voilà la puissance du Christ : l'amour. »
Que Notre-Dame du Carmel, Notre-Dame de tous les jours et de chez vous, vous accompagne sur votre chemin et vous garde toujours dans l'amour envers tous. Amen.
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