dimanche 4 juin 2023

Trinité trois fois sainte

 


4 juin 2023 - Sainte Trinité — Année A - Solennité 

 Lectures de la messe

Première lecture « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux » Ex 34, 4b-6.8-9

Cantique À toi, louange et gloire éternellement ! Dn 3, 52, 53, 54, 55...

 Deuxième lecture « La grâce de Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-E... 2 Co 13, 11-13

 Évangile « Dieu a envoyé son Fils, pour que, par lui, le monde soit sauvé »

Mes sœurs, chers frères et sœurs,

J’aime beaucoup me remémorer en la solennité de la Sainte Trinité, de la Très très très sainte Trinité, la visite Apostolique de saint Jean-Paul II à Sion le 17 juin 1984 et la célébration eucharistique avec les ordinations sacerdotales.  J’étais postulant à l’époque, encore chevelu et pas encore trentenaire… Saint Jean-Paul II, qui ne l’était pas encore, avait placé le Mont-Blanc en Suisse, et ça m’est resté. 

Il avait commencé son homélie en faisant référence à ce cadre majestueux alpins et au don de la loi à Moïse. La Pentecôte cadre aussi avec cette lecture, puisqu’elle est, cinquante jour après Pâques la fête du don de la Loi au Peuple, Juif. L’Esprit vient la graver dans les cœurs, en y imprimant le sceau vivant du Christ et ouvre la porte de l’union à la Trinité. 

“Elevons notre cœur!”, avait dit le Saint Pape, «  Aujourd’hui le cœur de l’Eglise réagit avec une ferveur particulière à cette invitation qui introduit chaque prière eucharistique. Aujourd’hui nous répondons avec une intensité de foi toute spéciale: “Nous le tournons vers le Seigneur!”. » Aujourd’hui nous contemplons dans la foi, le mystère insondable de Dieu, l’Etre au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir, plus grand que ce qui monte au cœur de l’homme. “Le Père n’a été fait par personne, il n’est ni créé, ni engendré; le Fils vient du Père seul, il n’est ni fait, ni créé, ni engendré; l’Esprit Saint vient du Père et du Fils, il n’est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède d’eux”. (Saint Athanase).

En Suisse nous devrions être presque des spécialistes de la contemplation de la Trinité, avec également Nicolas de Flüe, ses visions et son célèbre tableau de méditation. Nous avons aussi l’aide du trèfle à trois feuilles des irlandais. 

Un jour nous verrons Dieu tel qu’il est et entrerons dans le partage et la communion à son mystère. Les barbarismes théologiques, tels que circumincession et périchorèse,  essayent d’approcher  de cette vie d’un Dieu en trois personnes.

Nous sommes désarmés pour approcher de cette connaissance d’un Dieu qui paraît si lointain et même impossible à comprendre. Il est si différent de nous. Pourtant dit l’Évangile, « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Dieu a envoyé son Fils dans le monde ». Dieu a donné une mission à son Fils, et non seulement à lui, mais à l’Esprit-Saint, c’est ce qu’on appelle les missions de deux des personnes divines. En Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois Personnes, mais partagent le même et unique être et non pas seulement la même nature divine. Une seule substance, trois Personnes. C’est impossible pour tous les êtres vivants autres que Dieu, mais en Dieu, il en est ainsi.

L’intuition devrait nous conduire à nous interroger, comme les enfants avec leurs pourquoi. Pourquoi Dieu a-t-il envoyé son Fils avec une vraie âme humaine et un vrai corps parmi nous, s’il n’y avait pas de moyens de communication entre ce corps et ce mystérieux Dieu en trois personnes ? Les théologiens nous disent qu’il y a une analogie entre nous et la Sainte Trinité, par notre mode de connaissance. Nous avons une mémoire qui représente le Père, une intelligence, une sagesse qui est une image du Fils et une volonté ou un amour, qui manifeste l’Esprit-Saint. 

En Jésus, Dieu est là. Nous n’avons pas affaire à un pur esprit inatteignable et lointain. Avec nos modestes mots et notre réflexion, nous pourrions nous demander, mais à quoi sert-il d’avoir un corps, si nous sommes tous embêtés lorsqu’il est touché par la maladie, une infirmité ou une blessure, de la tristesse. Quel poids parfois ! Serions-nous le résultat d’un mystérieux égarement de Dieu qui aurait oublié quelques parties de lui-même à quelques milliards d’exemplaires et de reprises et qu’il attendrait de récupérer. Est-il vraiment raisonnable de penser et de conclure, qu’il est tellement lointain qu’il en est inatteignable. Les questions sont innombrables sur ces sujets, et dans nos limites et notre pénombre matérielle, nous y répondons par des mythes, des hypothèses ou des avis péremptoires. Lorsqu’on lit quelques articles récents sur les neuro-sciences et les fonctionnements mystérieux de notre cerveau on s’interroge. Ne sommes-nous que matière, énergies et réseaux cellulaires plus ou moins bien câblés ? Nous recherchons un sens à nous-mêmes, à ce que nous vivons.

N'est-ce pas dans le Christ vrai Homme et vrai Dieu, que nous avons la meilleure réponse ? Il nous ouvre à une dimension qui dépasse infiniment ce que nous percevons par nos sens, tout en assumant notre chair, notre corps. Non, ce que nous vivons n’est pas inutile, et la réponse à nos pourquoi se trouve dans le Christ né, mort et ressuscité qui accomplit sa mission. Il est le Verbe incarné et le Rédempteur de l’homme, qui est mort, qui est ressuscité et glorieux. Il est la porte qui nous conduit vers le Père, par le souffle de l’Esprit, ce deuxième missionnaire.

Hier nous fêtions les martyrs de l’Ouganda, ces 35 jeunes qui ont été torturés et martyrisés parce qu’il croyaient en Jésus.  Ils n’étaient pas de la même culture que lui et que ceux qui leur ont annoncé l’Évangile, parfois avec des préjugés qui nous interpellent. Le Seigneur né dans la culture de son Peuple, a voulu passer par ces missionnaires du 19ème siècle. Il veut passer par nous, aujourd’hui avec nos limites, parce qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et à la contemplation de la Trinité, dans cette circulation d’amour qui nous est encore incompréhensible. Dieu aime sa création et veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à partager sa vie. Nous ne pouvons commencer que par nous aimer nous-mêmes, grâce au premier amour de nos parents, pour parvenir à l’aimer lui, lui qui nous tend la main en son Fils. Certains aiment le chiffre 4 dans la symbolique, et bien disons que la Trinité nous invite personnellement d’abord à une rencontre à quatre. L’Esprit nous conduit. J’aime beaucoup un passage de saint Basile qui nous parle de la danse avec les anges. Nous marchons sur beaucoup de pieds aujourd’hui, il doit nous rendre plus légers, plus souples et attentifs. Mais d’abord, il veut ouvrir l’oreille de notre cœur. « Il veut que je loge chez toi » nous rapportait sainte Elisabeth de la Trinité, dans sa dernière retraite. C’est mon Maître qui m’exprime ce désir ! Mon Maître qui veut habiter en moi, avec le Père et son Esprit d’amour, pour que, selon l’expression du disciple bien-aimé, j’aie société avec Eux. » Sainte Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Eglise, du cœur de la Trinité trois fois sainte, prie pour nous, pécheurs. Amen.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire