28 mai 2023 - Pentecôte — Année A
MESSE DU JOUR
Première lecture « Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’aut... Ac 2, 1-11
Psaume Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
ou : Alléluia ! Ps 103 (104), 1ab.2...
Deuxième lecture « C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour fo... 1 Co 12, 3b-7.12-13
Séquence
Évangile « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l...
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite à tous et à
toutes une sainte Fête de la Pentecôte. Qu’est-ce que le mot de Pentecôte
évoque pour nous ? La venue du Saint-Esprit, la colombe au baptême de
Jésus ? Des flammes qui descendent sous forme de langue de feu sur les Apôtres ?
Notre fête est liée à la fête juive de Chavouot (signifie « semaines »). Elle
se célèbre au 50ème jour, soit 7 semaines après Pessah (Pâque) qui correspond
au mot grec « Pentecôte ». C’est une des trois fêtes de pèlerinage. On y
offrait les prémices des récoltes. Mais il s’agit avant tout de la fête du don
de la loi au Sinaï. Pour nous, c’est le jour où l’Esprit descend sur la
communauté pour y inscrire la loi de Dieu dans les cœurs et conduire ceux qui le reçoivent à la perfection spirituelle de
leur rencontre avec Dieu. La Pentecôte se réfère à la confirmation.
Il y a la colombe, mais aussi la
couleur. Nous nous étonnons toujours un peu de la couleur du vêtement
liturgique du prêtre à cette occasion, le rouge. Lorsque j’étais plus jeune, je
me demandais pourquoi ce n’était pas du blanc, une colombe est pourtant
blanche ! Cette couleur évoque pour les amoureux les roses rouges…,
l’amour. Je vous laisse regarder la signification attachée à leur nombre sur
internet. J’ai retenu que douze se rapporte à une demande en mariage. Le rouge
symbolise donc l’amour. En liturgie, historiquement, il se rattache au vêtement
des empereurs, la fameuse pourpre impériale. Lorsqu’on enterre un pape on le
revêt de la chasuble rouge… Mais d’abord, il représente le feu de l’amour
divin, de l’amour du Christ jusqu’au don de sa vie. Lors des fêtes des martyrs
le prêtre porte aussi un vêtement rouge pour cette raison. Le Saint-Esprit
vient emplir nos cœurs de force et de joie pour porter un témoignage comme
celui du Christ ! Quel sera-t-il cette année pour nous, c’est la question
que nous pouvons nous poser. On n’annonce pas l’Évangile aujourd’hui comme il y
a 50, 100 ou 2000 ans, mais c’est le même Esprit qui agit et construit l’Église.
L’amour de Dieu, a été répandu dans nos cœurs par son Esprit qui habite en
nous, alléluia !
Habités par l’Esprit-Saint, donné
à l’Église en abondance, tournons-nous vers le Seigneur et reconnaissons que
nous sommes pécheurs.
Chers frères et sœurs,
Vous me concéderez après avoir
entendu les textes d’aujourd’hui, que la Pentecôte est bien délicate à
commenter. Pourtant l’Esprit-Saint apporte le don des langues. Si vous avez un
peu préparé cette fête, vous aurez remarqué que les lectures proposées peuvent
paraître presque disparates. Celle qui nous parle le plus, est certainement la
description que nous fait de la Pentecôte saint Luc dans les Actes des Apôtres,
un vrai scénario pour un film. Il a un don pour décrire des tableaux de la vie
de Jésus et des commencements de l’Église. Il nous parle d’un grand vent, de
langues de feu, plus loin certains, en entendant parler les disciples,
s’esclafferont même, en disant qu’ils sont pleins de vin doux. Comme Saint Luc
était médecin, on sentirait presque les réflexions des médecins d’aujourd’hui
qui font des check-up, prêts à détecter ls consommations abusives dans les
analyses.
L’Esprit-Saint est pourtant lui-même,
un médecin qui vient nous guérir en nous apportant les remèdes que nous a
fourni Jésus. La principale maladie est la séparation d’avec Dieu, le péché et
la division. Le mauvais esprit est celui qui divise. L’Esprit rassemble.
Les images employées par saint
Luc sont mystérieuses. La première, celle du vent, fait allusion au souffle de
vie transmis par Dieu, la seconde celle du feu, celui du sacrifice et du feu qui
tombe du ciel et dévore l’offrande d’Élie. Jésus lui-même avait dit : « Je
suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà
allumé ! » (Lc 12, 49). Les apôtres et
disciples parlent des langues qui leur sont étrangères et en même temps chacun
des auditeurs les entend dans son propre dialecte. Habituellement, on utilise
un parler très local pour que ne nous comprennent que ceux qui le connaissent.
Mais l’Esprit-Saint vient rétablir la communication, non seulement dans le
parler, mais dans les cœurs. L’Écriture est tout de même traduite en 2538
langues aujourd’hui. Nous apprécions les traductions automatiques et
l’intelligence artificielle, mais l’unité des cœurs qui n’est pas uniformité,
quelle importance a-t-elle pour nous ?
Le grand nombre de langues
auxquelles saint Luc fait référence, se rapporte à la tour de Babel. Ceux qui
la construisaient voulaient atteindre le ciel par leurs propres moyens, mais
Dieu mit la division entre eux et les hommes parlèrent des langues diverses et
ne se comprenaient plus. L’unité fondamentale est bien celle du rapport avec
Dieu. Voilà déjà un bon nombre de symboles.
Je vous ai dit tout à l’heure,
que l’Esprit-Saint est souvent représenté sous l’aspect d’une colombe. La
comparaison se trouve chez les 3 synoptiques Luc, Matthieu et Marc. A propos de
la colombe, je me suis un peu amusé en lisant un tout petit livre d’Edith Bruck,
poète et hongroise Juive, âgée de 92 ans. Elle a survécu aux camps. Presque
aveugle, elle l’a fait écrire après des rencontres avec le pape François. Il
s’était invité chez elle à l’improviste. Une de ses amies y raconte que le jour
de son élection, un petit garçon mexicain a montré le ciel où passait un oiseau
en disant : la cigogne apporte le pape. Il aurait été tout de même
difficile à transporter pour un oiseau. En plus, ce n’était même pas une
cigogne, mais une mouette. Il faut un peu de bonne humeur le jour de la
Pentecôte. La colombe était messagère d’une bonne nouvelle, elle annonçait
qu’une terre avait émergée et que les eaux retiraient. Elle portait même un
brin d’olivier. La venue de l’Esprit annonce une bonne nouvelle au monde. Il y
a de quoi de quoi se réjouir, mais ce témoignage est tout de même exigeant.
Je vous ai dit tout à l’heure,
que les textes de la liturgie étaient complexes en raison des rapprochements
qu’ils opèrent. Vous vous souvenez que dans l’Évangile, saint Jean décrit déjà
une sorte de Pentecôte. Au moment de la résurrection, le Seigneur montre ses
plaies dans ses mains et à son côté, il souffle sur ses disciples, en disant
ces mots : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous
maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Nous entendons en écho ce
qu’il avait dit en opérant ses guérisons : « Qu’est-ce qui est le
plus facile, de guérir une maladie, ou de pardonner les péchés ? » Ce
pardon est incroyable et conférer cette grâce l’est plus encore. J’ai trouvé ce
mot 186 fois dans l’encyclique de Saint Jean-Paul II sur l’Esprit-Saint. Vous
me concéderez qu’on peut difficilement l’escamoter et l’éviter. Ce pardon et
cette réconciliation sont pourtant fondamentaux. C’est là que l’Esprit est
particulièrement à l’œuvre. Il vient apporter la paix et la réconciliation. Il vient apporter la réconciliation avec qui
donc ? avec Dieu et entre les hommes. « Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et ton prochain
comme toi-même. » Voilà le condensé des commandements. Tout cela ne peut
se faire qu’avec l’aide de l’Esprit. Il est l’amour du Père et du Fils et nous
permet d’aimer. Il nous partage ses dons. Le don, le rameau que nous apporte
l’Esprit c’est le Seigneur : « Un rameau sortira de la souche de
Jessé ». Je vous rappelle pour mémoire que l’on mentionne aussi 7 dons du
Saint-Esprit : la sagesse, l'intelligence, la force, la science, le
conseil, la piété et la crainte. L’Esprit-Saint vient construire l’Église et
lui donner de témoigner de la Bonne Nouvelle. Nous oublions parfois que le
premier moyen sur lequel il nous donne de nous appuyer ce sont les Écritures. L’Esprit-Saint
construit l’Église et lui donne aussi des charismes. Il veut amener chacun de
nous à sa perfection. Une perfection qui a pour finalité de vivre avec Dieu
pour toujours. Lorsque les années passent, nous sentons de plus en plus que
cela devient la priorité des priorités. L’Esprit-Saint s’en occupe. Il nous
demande beaucoup de oui, comme Marie, des oui à lui donner dans la confiance,
des oui qui aiment. L’Esprit permet, par les sacrements, de devenir de plus en
plus semblable Jésus en qui il nous transforme. « Chaque chrétien continue à vivre sous
l'influx de l’Esprit de son baptême et de sa confirmation. » C’est de
cette manière que « Jésus est Seigneur »est en nous et que l’Église de se renouveler
Nous sommes invités en cette
Pentecôte à prier pour le prochain Synode qui veut être une étape sur le chemin
de la transformation de l’Eglise. Viens Esprit-Saint en nos cœurs et allume en
nous le feu de ton Amour. Marie Mère de Dieu et Mère de l’Église prie pour nous
pécheurs. Amen.
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