Icône du Synode (Source)
21 mai 2023 dimanche, 7ème Semaine du Temps Pascal — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière » Ac 1, 12-14
Psaume J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Ps 26 (27), 1, 4, 7...
Deuxième lecture « Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous » 1 P 4, 13-16
Évangile « Père, glorifie ton Fils » Jn 17, 1b-11a
Chers frères et sœurs, bonsoir à tous et à toutes. Nous
célébrons le 7ème dimanche de
Pâques qui est aussi le dimanche des médias. Nous aurons donc une pensée particulière
pour ceux qui animent nos médias d’Église, les médias électroniques nous
donnent une abondance d’information, pour la presse locale et je crois que nous
aurons tous une pensée pour KTO qui a pris quasiment le relai de la RTS dans le
domaine religieux. Le Covid nous a appris à apprécier encore plus ce média issu
d’une initiative du cardinal Jean-Marie Lustiger.
Ce 7ème dimanche de Pâques devrait être consacré aussi plus
spécifiquement à la prière, il est une sorte de mi-temps entre l’Ascension du
Seigneur et la venue de l’Esprit qui va venir accomplir sa mission jusqu’au
retour définitif de Jésus, le Seigneur. Nous avons donc 2 missions de 2
personnes de la Trinité pour que le Père soit glorifié et que nous le soyons
dans le Christ. Nous demandons la grâce non seulement pour les médias, mais
aussi pour nous de parler, d’annoncer la Bonne Nouvelle avec cœur. Le Pape François
nous invite à aller, voir et écouter ; c‘est le cœur qui nous pousse à une
communication ouverte et accueillante, et j’ajouterai bienveillante.
Préparons-nous à célébrer l’Eucharistie en reconnaissant que
nous sommes pécheurs…
Homélie
Chers Frères et Sœurs,
Combien de temps, les Apôtres
sont-ils restés au Mont des Oliviers pour voir Jésus s’en aller vers le Père.
Certaines représentations anciennes, ainsi que Dali, montrent en perspective
les pieds du Seigneur. Il n’y avait d’opérations de la cataracte en ce temps-là,
et les plus anciens parmi les disciples qui n’arrivaient plus lire devaient certainement apprécier de voir le
Seigneur s’élever. En plus, il leur
avait promis l’envoi de l’Esprit qui leur permettrait de se souvenir de tout ce
qu’il avait dit, double bonheur.
C’est surtout saint Luc qui nous
a parlé de l’Ascension. Un auteur réformé rappelle, dans une parution récente sur
les sacrifices dans l’Ancien Testament, que l’Évangile de Saint Luc s’ouvre
dans le temple de Jérusalem, dans un cadre liturgique, avec Zacharie, le futur
père de Jean-Baptiste, qui était prêtre et qu’il s’achève aussi dans un cadre
liturgique. Le Seigneur qui est notre grand-prêtre s’élève et béni ses Apôtres
et disciples et ceux-ci retournent dans le temple pour y prier. « Levant les mains, il les bénit. Or,
tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils
se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.
Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » Le cadre est bien
sacerdotal et nous fait penser au sacerdoce nouveau, au sacerdoce baptismal et
au ministères ordonnés.
Prier peut être une louange, une
action de grâce, mais peut exprimer aussi une attente. C’est l’expression du désir
de quelque chose qui n’est pas encore advenu, un plus, en quelque sorte, qui ne
dépend pas de nous. Cette attente se fait dans la confiance. Ce qui n’est pas
encore advenu est paradoxalement déjà présent ! Il est assez courant de
parler du déjà et du pas encore. Cette prière nous dit le passage des Actes lu tout
à l’heure s’accomplit aussi avec Marie, spécialiste, si vous permettez le
terme, dans l’accueil de l’Esprit-Saint et la disponibilité à son action.
Ce « plus », ce don, ce
cadeau, que le Seigneur demande d’attendre est l’Esprit-Saint qui est notre
compagnon de tous les jours maintenant.
Le passage de l’évangile que nous
avons lu est la dernière prière de Jésus avant sa passion. Il demande à son
Père de le glorifier « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le
Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il
donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. » Elle est très
mystérieuse, car pour notre pensée très humaine, comment associer la gloire et
la passion, la gloire et la croix ? Quelle est la nature de cette gloire ?
Comment mettre sur le même plan la gloire du Père et celle de Jésus sur la
croix, mais qui ressuscite ? Un crucifié qui meurt de douleur, couronné d’épines,
étouffé et exsangue. Ce n’est pas à proprement parler l’image que nous avons de
la gloire, humainement. Ce n’est pas une vedette, ni un politicien ou un
empereur qui fait un triomphe.
Pourtant Jésus associe ce qu’il
va traverser à la gloire et à la vie éternelle. Il ne peut y avoir qu’une
réponse, à savoir que ce que vit Jésus est une manifestation de l’amour de Dieu
pour nous qui va jusqu’au don de lui-même. A l’intérieur de la Trinité les 3
personnes se donnent totalement dans un mystérieux échange et forment une parfaite
unité. Maintenant Dieu se donne à nous et nous introduit en lui pour participer
à cet échange dans le Christ.
Recevoir la parole de Jésus,
croire en lui, le recevoir dans les sacrements, c’est le recevoir en nous, être
conformé à lui, pour participer à sa gloire, partager sa gloire. « Ce qui
est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. » Il nous promet la vie
éternelle qui est participation à la vie même de Dieu. Cet échange nous le
vivons aussi par cet amour mystérieux que nous partageons autour de nous.
Est-il possible d’aimer sans l’aide de l’Esprit-Saint ?
Nous n’allons pas réécouter toute
la première l’épitre de Pierre, rappelez-vous seulement du début : « Bien-aimés,
dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin
d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. » C’est
le même Pierre qui parle, que celui qui rabrouait le Seigneur lorsqu’il parlait
de sa passion. Son message est me semble-t-il assez clair maintenant. Il a
intégré la passion de Jésus qui conduit à cette fameuse gloire, qui est elle-même
manifestation de la gloire de Dieu. L’auteur de cette transformation, elle est
un complet retournement, ne peut qu’être l’Esprit-Saint. Quel signe aussi et
surtout que celui de la résurrection de Jésus qui intègre son corps et notre corps
à la rencontre définitive avec son Père, donc notre glorification définitive. N’est-ce
pas la particularité majeure de notre foi ? Une rencontre purement
spirituelle est plus facilement admise aujourd’hui, mais le Seigneur nous
promet plus que cela.
Le pape François nous invite
aujourd’hui pour la journée des médias à transmettre la vérité de la Bonne
Nouvelle dans la charité et la joie. « Le programme du chrétien - comme l'a
écrit Benoît XVI - est "un cœur qui voit" », dit-il. Un cœur qui, par
ses pulsations, révèle la vérité de notre être et qui, pour cette raison, doit
être écouté. Cela incite celui qui écoute à se mettre sur la même longueur
d'onde, au point de pouvoir sentir dans son propre cœur les pulsations de
l'autre.
Grâce à l’Esprit-Saint, nous
pouvons d’abord sentir dans nos cœurs, les pulsations d’un premier cœur, celui
du Seigneur qui est monté au ciel. Il est toujours avec nous jusqu’à ce qu’il
revienne jusqu’à la grande rencontre.
En ce mois de Mai qui est aussi
le mois de Marie, elle nous invite à nous retrouver avec elle et les Apôtres et
accueillir l’Esprit dans des cœurs ouverts, disponibles et à l’écoute. Viens
Esprit-Saint renouveler nos cœurs, les réparer et les guérir, viens allumer en
nous le feu de ton amour. Amen.
« Tu plonges plein d'Amour ton
Regard dans le mien, et Tu prêtes ton Oreille à mes faibles paroles, et emplis
de Paix le tréfonds de mon cœur. Pourtant ton Amour ne se rassasie point dans
cet échange qui laisse subsister une séparation. Ton Cœur désire bien
davantage. Ton Corps traverse mystérieusement le mien et ton Âme s'unit à la
mienne : voilà que je ne suis plus ce que j'ai été naguère. Tu viens et Tu vas
mais Tu laisses derrière Toi la semence que Tu répandis pour la gloire à venir,
enfouie dans un corps de poussière. Amen. » (Edith Stein)
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