Petite Messe Fête du Vorbourg Samedi 7h00
Luc 7, 36-50
Cette femme qui vient publiquement manifester son repentir
devant Jésus, les pharisiens la regardent avec gêne. Ils ne le font pas
seulement parce qu’elle ne leur est peut-être pas étrangère, mais aussi parce
que Jésus lui permet de le toucher alors que c’est le sabbat. Or, être touché
par quelqu’un frappé d’une impureté rituelle empêche justement de célébrer
légalement le sabbat car il la contracte. Jésus non seulement n’a pas peur de
ce contact, mais il lui dit ta foi ta sauvée. La foi de cette femme en sa
capacité de pardonner est extraordinaire et ne peut être qu’une révélation de
l’Esprit Saint. Jésus n’a pas peur de contracter une impureté parce qu’il est
saint, il est Dieu, c’est lui qui pardonne et remet les fautes, c’est lui qui
se laisse toucher.
Il lui a donné la grâce de le reconnaître, mais aussi celle
d’un sincère repentir. Obtenir la miséricorde de Dieu nécessite une conversion
sincère, une remise de soi et un attachement au Christ qui vient du cœur. Les
pharisiens ne reconnaissent pas Jésus, et leur cœur ne s’est pas laissé toucher
et il ne s’est pas ouvert à la grâce, on penserait à un rapport purement
intellectuel. Il faut quelque chose de plus qui établisse un lien avec lui.
Même pour bien comprendre, il est nécessaire de croire « Si
vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. » «Croire c’est écouter et,
en même temps, voir. » Le phénomène spirituel est mystérieux. On voit et
on écoute la personne concrète de Jésus, avec ce « plus » qui vous
attache à lui. Il est la Parole faite chair, dont nous avons contemplé la
gloire (cf. Jn 1, 14). La lumière de la foi vous révèle un Visage et ce
visage en révèle un autre, celui du Père. Quel est ce visage ? Celui de la
miséricorde. Il ne porte pas un jugement sur la personne, il vient la purifier
et l’attacher à lui, la vivifier, il la relève et lui fait reprendre son
chemin. Il est le Bon Samaritain et la maman qui tient son enfant pour lui
apprendre à marcher. Il est plus grand, plus fort et plus puissant que nous,
sans lui nous ne pouvons rien faire. Si nous tombons, il nous relève. Son
regard nous devons le lui demander pour devenir miséricordieux comme lui, comme
le Père. Combien de fois en nous fiant à nos seules capacités, ne
reprenons-nous pas les traits spirituels et les manières de regarder de ceux
qui avaient invités Jésus, de Simon le pharisien. Cette attitude de miséricorde
nous ne devons pas manquer de la lui demander. Vous me permettez quelques
lignes de Grégoire le Grand du 6ème siècle pour conclure.
« Quand je pense au repentir de Marie, dit Grégoire
le Grand, j’ai plus envie de pleurer que de dire quelque chose. En effet, quel
cœur, fût-il de pierre, ne se laisserait attendrir par l’exemple de pénitence
que nous donnent les larmes de cette pécheresse? Elle a considéré ce qu’elle
avait fait, et n’a pas voulu mettre de limite à ce qu’elle allait faire. La
voici qui s’introduit parmi les convives : elle vient sans y être invitée, et
en plein festin, elle offre ses larmes [en spectacle]. Apprenez ici de quelle
douleur brûle cette femme, elle qui ne rougit pas de pleurer même en plein
festin… 3. Cependant, à la vue de telles actions, le pharisien conçoit du
mépris, et il ne blâme pas seulement la
femme pécheresse qui vient, mais aussi le Seigneur qui l’accueille… un
gémissement vient ici nous contraindre à jeter les yeux sur certains évêques :
arrive-t-il par hasard qu’ils aient, dans l’exercice de leurs fonctions
sacerdotales, accompli quelque action extérieurement bonne, fût-elle
insignifiante, et les voilà qui se mettent à regarder leurs ouailles avec
mépris, à dédaigner tous les pécheurs qui se rencontrent dans le peuple, à
refuser de compatir avec ceux qui leur avouent leurs fautes, et enfin, tout
comme le pharisien, à ne pas se laisser toucher par la femme pécheresse. »
Ramenez donc les yeux de votre esprit sur vous, frères très chers, oui, sur
vous, et proposez-vous d’imiter l’exemple de cette pécheresse pénitente. Pleurez
toutes les fautes que vous vous souvenez d’avoir commises… Le Seigneur nous embrasse
avec tendresse quand nous revenons à lui, parce qu’il ne peut plus juger la vie
des pécheurs indigne de lui, dès lors qu’elle est lavée par les larmes, dans le
Christ Jésus Notre-Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans
l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.
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