samedi 17 septembre 2016

« Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »


Petite Messe Fête du Vorbourg Samedi 7h00

Luc 7, 36-50

Cette femme qui vient publiquement manifester son repentir devant Jésus, les pharisiens la regardent avec gêne. Ils ne le font pas seulement parce qu’elle ne leur est peut-être pas étrangère, mais aussi parce que Jésus lui permet de le toucher alors que c’est le sabbat. Or, être touché par quelqu’un frappé d’une impureté rituelle empêche justement de célébrer légalement le sabbat car il la contracte. Jésus non seulement n’a pas peur de ce contact, mais il lui dit ta foi ta sauvée. La foi de cette femme en sa capacité de pardonner est extraordinaire et ne peut être qu’une révélation de l’Esprit Saint. Jésus n’a pas peur de contracter une impureté parce qu’il est saint, il est Dieu, c’est lui qui pardonne et remet les fautes, c’est lui qui se laisse toucher.
Il lui a donné la grâce de le reconnaître, mais aussi celle d’un sincère repentir. Obtenir la miséricorde de Dieu nécessite une conversion sincère, une remise de soi et un attachement au Christ qui vient du cœur. Les pharisiens ne reconnaissent pas Jésus, et leur cœur ne s’est pas laissé toucher et il ne s’est pas ouvert à la grâce, on penserait à un rapport purement intellectuel. Il faut quelque chose de plus qui établisse un lien avec lui.
Même pour bien comprendre, il est nécessaire de croire « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas. » «Croire c’est écouter et, en même temps, voir. » Le phénomène spirituel est mystérieux. On voit et on écoute la personne concrète de Jésus, avec ce « plus » qui vous attache à lui. Il est la Parole faite chair, dont nous avons contemplé la gloire (cf. Jn 1, 14). La lumière de la foi vous révèle un Visage et ce visage en révèle un autre, celui du Père. Quel est ce visage ? Celui de la miséricorde. Il ne porte pas un jugement sur la personne, il vient la purifier et l’attacher à lui, la vivifier, il la relève et lui fait reprendre son chemin. Il est le Bon Samaritain et la maman qui tient son enfant pour lui apprendre à marcher. Il est plus grand, plus fort et plus puissant que nous, sans lui nous ne pouvons rien faire. Si nous tombons, il nous relève. Son regard nous devons le lui demander pour devenir miséricordieux comme lui, comme le Père. Combien de fois en nous fiant à nos seules capacités, ne reprenons-nous pas les traits spirituels et les manières de regarder de ceux qui avaient invités Jésus, de Simon le pharisien. Cette attitude de miséricorde nous ne devons pas manquer de la lui demander. Vous me permettez quelques lignes de Grégoire le Grand du 6ème siècle pour conclure.

« Quand je pense au repentir de Marie, dit Grégoire le Grand, j’ai plus envie de pleurer que de dire quelque chose. En effet, quel cœur, fût-il de pierre, ne se laisserait attendrir par l’exemple de pénitence que nous donnent les larmes de cette pécheresse? Elle a considéré ce qu’elle avait fait, et n’a pas voulu mettre de limite à ce qu’elle allait faire. La voici qui s’introduit parmi les convives : elle vient sans y être invitée, et en plein festin, elle offre ses larmes [en spectacle]. Apprenez ici de quelle douleur brûle cette femme, elle qui ne rougit pas de pleurer même en plein festin… 3. Cependant, à la vue de telles actions, le pharisien conçoit du mépris, et il ne blâme pas  seulement la femme pécheresse qui vient, mais aussi le Seigneur qui l’accueille… un gémissement vient ici nous contraindre à jeter les yeux sur certains évêques : arrive-t-il par hasard qu’ils aient, dans l’exercice de leurs fonctions sacerdotales, accompli quelque action extérieurement bonne, fût-elle insignifiante, et les voilà qui se mettent à regarder leurs ouailles avec mépris, à dédaigner tous les pécheurs qui se rencontrent dans le peuple, à refuser de compatir avec ceux qui leur avouent leurs fautes, et enfin, tout comme le pharisien, à ne pas se laisser toucher par la femme pécheresse. » Ramenez donc les yeux de votre esprit sur vous, frères très chers, oui, sur vous, et proposez-vous d’imiter l’exemple de cette pécheresse pénitente. Pleurez toutes les fautes que vous vous souvenez d’avoir commises… Le Seigneur nous embrasse avec tendresse quand nous revenons à lui, parce qu’il ne peut plus juger la vie des pécheurs indigne de lui, dès lors qu’elle est lavée par les larmes, dans le Christ Jésus Notre-Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

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