dimanche 5 février 2017

Les laïcs, soyez pain et sel.


Introduction
Frères et Sœurs,
Nous célébrons le 5ème dimanche du temps ordinaire. Nous avons un bon nombre d’intentions de prières en faveur de nos malades et des souffrances que nous vivons tous. 
Mais ce matin, nous avons deux thèmes principaux, nous fêtons l’apostolat des laïcs, qui ne s’écrit pas de la même manière qu’apostolat laïque. C’est un jour de célébration et d’invitation à vivre en profondeur le baptême et à lui faire porter des fruits. En vertu de son baptême et de sa confirmation, tout chrétien est appelé à participer à la mission salvatrice de l’Église. En dehors des nombreux services que chacun peut rendre, c’est d’abord par sa vie et ses actions que l’on témoigne de sa foi. Pour aider à vivre sa foi dans le quotidien, existe un bon nombre de mouvements. En dehors de la liste officielle, on pourrait certainement ajouter les tiers-ordres religieux ou les oblatures bénédictines ou cisterciennes. 
La fête de sainte Agathe nous permet de bénir le pain et le sel. Ils l’étaient autrefois en particulier pour demander la protection du Seigneur et de la sainte contre les incendies. On sait que le voile de saint Agathe est sorti de la cathédrale lors des éruptions de l’Etna. Cela s’est produit notamment avec un bienheureux bénédictin, et archevêque de Catane, Mgr Benoît Joseph Dusmet à la fin du 19ème siècle. La lave s’était arrêtée à 300 mètres d’un village menacé. Est-ce en raison de la relation avec le supplice d’Agathe qu’il y a eu cette association avec l’Etna? Il est vrai que la folie des hommes n’a aucune limite. Pour calmer les éruptions de questions scabreuses qui m’étaient parfois posées, je me permets de rappeler qu’Agathe, la précieuse et bonne sainte Agathe est invoquée aujourd’hui aussi, par les personnes victimes d’un cancer du sein. 
Je vais procéder à cette bénédiction à la fin de la prière eucharistique une, comme cela se faisait autrefois. Il y avait aussi toute une procession avec les divers aliments apportés à l’offertoire. 
Les prémices ayant été longues, l’homélie sera brève. 
Mais quelle richesse et quels rapprochements avec les lectures d’aujourd’hui puisqu’il y est question de pain, de lumière, de sel, de sagesse et de mystère de Dieu.
Au début de cette Eucharistie, demandons au Seigneur… de venir saler, rendre sa saveur à ce sel de la terre que nous devrions être et qui s’affadi parfois.
Reconnaissons que nous sommes pécheurs.

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Ta lumière jaillira comme l’aurore » (Is 58, 7-10)

DEUXIÈME LECTURE
« Je suis venu vous annoncer le mystère du Christ crucifié » (1 Co 2, 1-5)

ÉVANGILE
« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-16)


Frères et Sœurs,
Vous êtes-vous déjà demandé ce que signifie le mot de laïc ?
On dit que le terme laïc vient du latin laicus qui signifie « commun, ordinaire, qui est du peuple ». Le mot grec en arrière-plan est celui de « laos » le peuple, la masse. Au XIe siècle, il donne le mot « lai » (au sens d'illettré) et s'oppose à clerc (du clergé, au sens de « savant »). Lorsqu’on parlait de frère lai dans les monastères, il s’agissait de ceux qui n’avaient pas fait d’études et étaient au service de la communauté pour les travaux manuels. Saint Benoît dans sa règle ne réservait d’ailleurs pas ces travaux à certains. Nous sommes  tous polyvalents si vous me permettez l’expression, et nous sommes tous frères. Toutefois, il est juste de reconnaître qu’il y avait une distinction entre les moines de chœur et ceux qui travaillaient aux champs, par exemple. Les cisterciens avaient voulu remettre à l’honneur la pratique du travail manuel par tous les moines.
Aujourd’hui il y a une sorte de renversement dans notre univers, les régimes dit laïques regardent un peu de haut le « religieux » qui appartient pour eux au relatif, au subjectif et au superstitieux. Sans parler d’une mentalité scientifique qui l’écarte souvent et s’en gausse. L’ignorance serait plutôt un attribut des clercs pour ces milieux.
Dans l’Eglise, laïc a plutôt une consonance juridique et je ne vous cache pas préférer celui de baptisé qui marque plus notre unité et notre sacrement commun. Le philosophe Jacques Maritain, ami de Charles Journet et proche de Paul VI, insistait beaucoup sur l’importance d’ancrer une vocation de laïc ou laïque, il préférait cette écriture, sur le baptême. Une vocation ne peut s’inscrire en opposition à quelqu’un ou quelque chose, mais doit s’enraciner en quelqu’un, ce quelqu’un est le Christ.
Quelle importance a notre baptême ? Il nous a unis au Christ. Sainte Catherine de Sienne, disait que les prêtres étaient d’autres Christ. Mais nous pourrions étendre cette image qui est plus qu’un concept à chaque baptisé. Le Christ agit parle et aime à travers nous tous. N’est-ce pas cela que nous sommes invités à approfondir ?  « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. »
Que se passe-t-il si nous abandonnons le Seigneur parce que nous attachons à quelqu’un d’autre ou à des activités, ou même à nos soucis ? Le sel devient fade ! Comment lui rendre de la saveur ? Le Seigneur nous dit qu’on le jette dehors et qu’il est piétiné par les gens.
« Ce que notre époque apporte de vraiment neuf, c'est cet appel à l'apostolat que le Saint-Esprit, par la voix du Pape, adresse aux laïques du monde entier. », disait Maritain il y a bien longtemps.
Entendons-nous encore cet appel ?
Nos communautés y deviennent contraintes, vous vous en rendez compte, sans la collaboration de laïcs, ce n’est plus la lutte finale, mais l’extinction des feux.
Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des heures de travail pour un job, mais par amour du Christ. Lorsque vous faites un peu de feu dans votre cheminée de salon, si vous avez la chance d’en avoir une, ou en pique-nique, avec la prudence requise, vous avez tous fait l’expérience de faire repartir un feu. Et bien, demandons à l’Esprit de souffler pour écarter les cendres qui entourent la braise qui brûle encore.
Parfois nous nous disons : nous sommes trop vieux, basta, ça suffit…
Le pape en s’adressant au religieux le 2 février, jour de la présentation qui est notre fête, a eu une expression qui m’a plu. Il nous a demandé de rejeter la tentation de la survie, pour pouvoir prophétiser aujourd’hui et retrouver ce qui un jour a enflammé notre coeur. Rêve et prophétie ensemble.
L’attitude de survie, dit-il, nous fait devenir réactionnaires, peureux ; elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Il nous invite à avoir le cœur et l’attitude de Siméon et d’Anne le jour de la présentation. Nous ne sommes pas les seuls à courir ce risque, donc je vous partage aussi son invitation…

Demandons à Marie qui s’est consacrée toute sa vie au service du Seigneur, comme sa servante et aussi laïque de nous rendre disponibles au souffle de l’Esprit. Amen.

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