La voie lumineuse de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est un
chemin qui pourrait se résumer, selon ce que j’ai retenu, en trois
points : la petitesse et la voie d’enfance, l’amour de Dieu et des frères
et soeurs, pour atteindre et recevoir la paix en atteignant les cieux non pas en
gravissant le rude escalier de la perfection ou la fameuse échelle des Pères,
mais sur l’aile du grand aigle, ou un ascenseur, certes moins poétique, mais
plus pratique.
Pour rencontrer Jésus, faire connaissance avec notre aigle
et bien s’accrocher à cette céleste monture, comme faire ? Ne serait-ce
que pour gérer nos émotions, car il en procure…
Le pape François a publié hier en la fête de saint Jérôme,
une lettre apostolique pour instituer un dimanche de la Parole de Dieu. La
curiosité m’a poussé à rechercher quelques lieux où sainte Thérèse en parlait.
Le premier endroit rencontré, plein de fraîcheur, relate sa première expérience
de lecture : Elle raconte son lever et la prière qu’elle faisait. « Après,
dit-elle, venait la leçon de lecture, le premier mot que je pus lire seule fut
celui-ci: "Cieux." »
Quel merveilleux programme, le but est déjà déterminé, à
coup sûr une prière ou/et un passage de l’Ecriture.
Plus tard, elle rapporte ses périodes d’aridité : Dans
cette impuissance l'Écriture Sainte et l'Imitation viennent à mon secours; en
elles je trouve une nourriture solide et toute pure. Mais c'est par dessus tout
l'Évangile qui m'entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui
est nécessaire à ma pauvre petite âme. J'y découvre toujours de nouvelles
lumières, des sens cachés et mystérieux... Je comprends et je sais par
expérience "Que le royaume de Dieu est au-dedans de nous." Jésus n'a
point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, Lui le Docteur
des docteurs, il est la parole, le Verbe...
On aimerait parfois se contenter d’une lecture plutôt que de
se lancer dans un commentaire de notre petite Docteur de l’Église.
Sa méthode est à retenir, je crois d’ailleurs que nous la
pratiquons tous et toutes. Qui d’entre nous n’a pas apprécié la lecture d’un
psaume ou d’un passage d’évangile ne serait-ce que pour trouver une lumière.
Sainte Thérèse en fit usage, pour rechercher sa vocation,
l’épisode est célèbre dans sa lettre à Sœur Marie du Sacré-Cœur que nous avons
lu dans l’office romain des lectures de ce matin. C’est encore l’Écriture
qu’elle ouvrit avec les Chapitres 12 et 13 de l‘épître aux Corinthiens. Vous le
connaissez par cœur ainsi que sa conclusion : Je compris que l'Église
avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour. Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je
l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'amour !... Nous avons une vocation, puis
nous découvrons sur l’aile de notre grand aigle, qui nous a emporté au plus
profond de nous-mêmes, pour ainsi dire son sommet caché derrière les nuages…
Parfois nous nous sentons pleins de regrets devant un bon nombre d’occasions
manquées, et notre céleste monture, nous dit pour ainsi dire comme à mon frère
Paul, par la bouche d’une de ses conseillères : « Fiche-toi de ça et
vois grand. »
Aimer, oui, mais comment ? et on en a si souvent
entendu parler qu’on l’assimilerait à une rengaine jusqu’à tester combien il
coûte et son exigence, car il se cache. Terminons par une autre
illustration tirée du carnet rouge… et sur un passage du cantique des
cantiques :
« Nous vous ferons des chaînes d'or marquetées d'argent 20.
» - « Quelle chose étrange! dit Sainte Thérèse à Sr Marie de la Trinité et
de la Sainte Face. Il serait plus compréhensible que l'Epoux dise à sa
bien-aimée: « Nous vous ferons des colliers d'argent marquetés d'or, ou des
colliers d'or marquetés de pierres précieuses », car habituellement on ne
rehausse pas un bijou de prix par un métal inférieur. Pendant mon oraison,
Jésus m'a donné la clef du mystère, j'ai compris que ces colliers d'or figuraient
l'amour, la charité et qu'ils ne pouvaient être agréables à Jésus qu'autant
qu'ils étaient marquetés d'argent c'est-à-dire d'humilité, de simplicité,
d'esprit d'enfance. Oh! qui pourra dire, ajouta-t-elle toute pénétrée, la
valeur que Dieu attache à ces humbles vertus puisque, seules, elles sont
trouvées dignes de rehausser l'éclat de la charité!
L’exégèse de simplicité est la meilleure, n’est-ce
pas ? Elle doit aussi nous conduire à l’unité, on ne lit bien l’Écriture
qu’avec l’intelligence d’un cœur qui écoute la voix de l’Esprit-Saint.
Terminons par le passage d’une prière adressée à Marie par
Sainte Thérèse :
Ô Reine des Martyrs, en restant exilée, tu prodigues pour
nous tout le sang de ton cœur ! La maison de Saint Jean devient ton seul asile,
le fils de Zébédée doit remplacer Jésus. C'est le dernier détail que donne
l'Evangile. De la Reine des Cieux il ne me parle plus. Mais son profond
silence, ô ma Mère chérie, ne révèle-t-il pas que le Verbe Eternel veut
Lui-même chanter les secrets de ta vie pour charmer tes enfants, tous Elus du
Ciel ? Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie. Bientôt dans le beau Ciel,
je vais aller te voir, Toi qui vins me sourire au matin de ma vie. Viens me
sourire encore... Mère... voici le soir ! Je ne crains plus l'éclat de ta
gloire suprême. Avec toi j'ai souffert et je veux maintenant chanter sur tes
genoux, Marie, pourquoi je t'aime et redire à jamais que je suis ton enfant ! Amen.
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