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mardi 1 octobre 2019

Viser les Cieux et voire grand en restant petit





La voie lumineuse de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est un chemin qui pourrait se résumer, selon ce que j’ai retenu, en trois points : la petitesse et la voie d’enfance, l’amour de Dieu et des frères et soeurs, pour atteindre et recevoir la paix en atteignant les cieux non pas en gravissant le rude escalier de la perfection ou la fameuse échelle des Pères, mais sur l’aile du grand aigle, ou un ascenseur, certes moins poétique, mais plus pratique.
Pour rencontrer Jésus, faire connaissance avec notre aigle et bien s’accrocher à cette céleste monture, comme faire ? Ne serait-ce que pour gérer nos émotions, car il en procure…
Le pape François a publié hier en la fête de saint Jérôme, une lettre apostolique pour instituer un dimanche de la Parole de Dieu. La curiosité m’a poussé à rechercher quelques lieux où sainte Thérèse en parlait. Le premier endroit rencontré, plein de fraîcheur, relate sa première expérience de lecture : Elle raconte son lever et la prière qu’elle faisait. « Après, dit-elle, venait la leçon de lecture, le premier mot que je pus lire seule fut celui-ci: "Cieux." »
Quel merveilleux programme, le but est déjà déterminé, à coup sûr une prière ou/et un passage de l’Ecriture.
Plus tard, elle rapporte ses périodes d’aridité : Dans cette impuissance l'Écriture Sainte et l'Imitation viennent à mon secours; en elles je trouve une nourriture solide et toute pure. Mais c'est par dessus tout l'Évangile qui m'entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J'y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux... Je comprends et je sais par expérience "Que le royaume de Dieu est au-dedans de nous." Jésus n'a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, Lui le Docteur des docteurs, il est la parole, le Verbe...
On aimerait parfois se contenter d’une lecture plutôt que de se lancer dans un commentaire de notre petite Docteur de l’Église.
Sa méthode est à retenir, je crois d’ailleurs que nous la pratiquons tous et toutes. Qui d’entre nous n’a pas apprécié la lecture d’un psaume ou d’un passage d’évangile ne serait-ce que pour trouver une lumière.
Sainte Thérèse en fit usage, pour rechercher sa vocation, l’épisode est célèbre dans sa lettre à Sœur Marie du Sacré-Cœur que nous avons lu dans l’office romain des lectures de ce matin. C’est encore l’Écriture qu’elle ouvrit avec les Chapitres 12 et 13 de l‘épître aux Corinthiens. Vous le connaissez par cœur ainsi que sa conclusion : Je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour.  Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'amour !... Nous avons une vocation, puis nous découvrons sur l’aile de notre grand aigle, qui nous a emporté au plus profond de nous-mêmes, pour ainsi dire son sommet caché derrière les nuages… Parfois nous nous sentons pleins de regrets devant un bon nombre d’occasions manquées, et notre céleste monture, nous dit pour ainsi dire comme à mon frère Paul, par la bouche d’une de ses conseillères : « Fiche-toi de ça et vois grand. » 
Aimer, oui, mais comment ? et on en a si souvent entendu parler qu’on l’assimilerait à une rengaine jusqu’à tester combien il coûte et son exigence, car il se cache. Terminons par une autre illustration tirée du carnet rouge… et sur un passage du cantique des cantiques :
« Nous vous ferons des chaînes d'or marquetées d'argent 20. » - « Quelle chose étrange! dit Sainte Thérèse à Sr Marie de la Trinité et de la Sainte Face. Il serait plus compréhensible que l'Epoux dise à sa bien-aimée: « Nous vous ferons des colliers d'argent marquetés d'or, ou des colliers d'or marquetés de pierres précieuses », car habituellement on ne rehausse pas un bijou de prix par un métal inférieur. Pendant mon oraison, Jésus m'a donné la clef du mystère, j'ai compris que ces colliers d'or figuraient l'amour, la charité et qu'ils ne pouvaient être agréables à Jésus qu'autant qu'ils étaient marquetés d'argent c'est-à-dire d'humilité, de simplicité, d'esprit d'enfance. Oh! qui pourra dire, ajouta-t-elle toute pénétrée, la valeur que Dieu attache à ces humbles vertus puisque, seules, elles sont trouvées dignes de rehausser l'éclat de la charité!
L’exégèse de simplicité est la meilleure, n’est-ce pas ? Elle doit aussi nous conduire à l’unité, on ne lit bien l’Écriture qu’avec l’intelligence d’un cœur qui écoute la voix de l’Esprit-Saint.
Terminons par le passage d’une prière adressée à Marie par Sainte Thérèse :
Ô Reine des Martyrs, en restant exilée, tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur ! La maison de Saint Jean devient ton seul asile, le fils de Zébédée doit remplacer Jésus. C'est le dernier détail que donne l'Evangile. De la Reine des Cieux il ne me parle plus. Mais son profond silence, ô ma Mère chérie, ne révèle-t-il pas que le Verbe Eternel veut Lui-même chanter les secrets de ta vie pour charmer tes enfants, tous Elus du Ciel ? Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie. Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir, Toi qui vins me sourire au matin de ma vie. Viens me sourire encore... Mère... voici le soir ! Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême. Avec toi j'ai souffert et je veux maintenant chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t'aime et redire à jamais que je suis ton enfant ! Amen.

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