12 oct. 2025
28ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) — Année C
Homélie
« Relève-toi et va : ta foi t’a
sauvé. »
Chers Frères et Sœurs, chers Amis,
Ne sommes-nous pas interpellés
par les 11 lépreux des lectures d’aujourd’hui et la finale de notre
Evangile ? Cette maladie est mentionnée dans deux d’entre elles et le Seigneur attire notre attention sur la foi
de cet homme, de cet étranger qui rend gloire à Dieu devant lui.
La lèpre interpelle en raison du rejet
qu’elle a provoqué comme d’autres maladies d’ailleurs. Elle est, lit-on, la
plus ancienne maladie infectieuse de l’humanité. Elle a beaucoup régressé, mais
on parle encore de 1,5 millions de cas
dans le monde. Par l’histoire, nous savons qu’elle suivait les routes des
armées et des pèlerinages. Bon nombre d’établissements étaient réservés à ceux
qui en étaient atteints. Certains noms comme celui de Maladière, c’était avant le temple du foot à Neuchâtel, nous les
rappellent. Il vient de maladrerie, la maison des lépreux. Ces refuges se
trouvaient fréquemment auprès de monastères. La chapelle de Bourguillon à
Fribourg en avait été un. Le premier Abbé bénédictin de saint Gall, Othmar qui est
représenté à côté de Notre-Dame du Vorbourg, en avait établi un près de son
Abbaye. Je vous laisse aux bons soins de l’immense article de Wikipedia sur la
lèpre en vous souhaitant aussi d’échapper aux virus de la toile. Nous pouvons
prier de manière générale pour certains malades, et aussi pour les soignants.
Il n’est pas évident de soigner des malades gravement atteints. Les réactions
peuvent nous rappeler Jésus qui n’avait plus figure humaine au moment de la
passion. Seules quelques femmes l’ont assisté et ont essuyé son visage.
Ceci doit maintenant tourner notre
attention sur le côté spirituel de nos lectures et sur sa symbolique. L’Evangile
nous parle de dix lépreux, un nombre qui
permet un lien avec les dix commandements. La lèpre spirituelle peut être
rapprochée d’un manquement au respect de ceux-ci, et donc de l’amour de Dieu et
du prochain. Globalement, nous pouvons comprendre que la foi en Dieu et dans le
Christ est source de guérison spirituelle. Le terme de lèpre n’était pas
attaché uniquement à la maladie ; dans la Bible, on en parle pour les
maisons. Vous vous souvenez peut-être que Myriam qui avait mal parlé de Moïse
était devenue lépreuse. Il avait prié pour sa guérison afin qu’elle recouvre la
santé et vive. Une guérison de la lèpre était considérée comme une vraie résurrection
autrefois. Flavius Joseph mentionne ces malades comme des morts, tout comme un
commentaire Juif (cf Dictionnaire Jésus).
Sur les 10 lépreux, seul un étranger
n’est pas allé au Temple, mais était revenu sur ses pas auprès de Jésus en
voyant qu’il était guéri. « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ». Il
reconnaît le Christ, le Fils de Dieu. Ce
qui interpelle beaucoup, n’est-ce pas le fait que ce sont deux étrangers, dans
les lectures, qui croient et sont guéris. « Chantez au Seigneur un chant
nouveau, car il a fait des merveilles » , nous a dit le psaume. Le général
veut emporter un peu de la Terre Sainte pour offrir à Dieu un sacrifice.
« Par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la
victoire. » Dieu a remporté la victoire, le Christ a vaincu le mal, le(s)
péché(s), pour tous les hommes de tous les temps. Quel compliment de la part
d’un général. Le pape Léon a rappelé ce
matin que « Jésus lui-même a commenté ce passage dans la synagogue de
Nazareth (cf. Lc 4, 27), et l’effet de son interprétation sur les habitants de
son pays fut déconcertant. » « Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors
de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville
est construite, pour le précipiter en bas ».
Avec Jésus, il n’y a pas besoin
d’emporter un peu de terre pour offrir un sacrifice. Emporter un peu de terre,
c’est un peu ce que l’on faisait avant cette guerre terrible. En revenant de
pèlerinage, on ramenait un caillou en souvenir. Israël est une Terre Sainte,
mais le Saint, c’est Jésus, Jésus auquel nous sommes attachés par notre foi en
lui. Il vient habiter en nous et y établir sa demeure. Nous sommes une demeure
de Dieu, par la foi et par notre baptême. Chaque personne humaine est sacrée. Jésus
le crucifié est la résurrection et la vie. « Détruisez ce temple et en
trois jours je le relèverai ». Saint Paul nous transmet son message :
« Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts… Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous
vivrons. » Il nous invite à suivre le même chemin que lui à travers nos
difficultés qui sont les siennes.
Par son pardon, il nous guérit pour nous faire avancer jusqu’à
sa résurrection. Elle nous est destinée et elle est déjà présente en nous par
la foi et le baptême. Ces deux étrangers, Naaman, et cet autre lépreux 800 ans
après lui, ces deux étrangers parviennent
à discerner la présence de Dieu. Ils symbolisent tous les hommes de tous les
temps. Sommes-nous capables de reconnaître la présence de Dieu dans l’autre et
de quitter notre zone de confort. Ajoutons encore que le Seigneur est le 1er
pauvre qui vient mendier notre amour, le thème est cher à Maurice Zundel.
Dans ce contexte, il n’est pas
possible de passer à côté de l’exhortation du pape Léon « Je t’ai aimé ». Son
introduction est impressionnante en raison en particulier de son expérience
missionnaire. Elle mérite une citation consistante : « Je t’ai aimé » (Ap
3, 9), a dit le Seigneur à une communauté chrétienne qui n’avait ni importance
ni ressources, contrairement à d’autres, et qui était exposée à la violence et
au mépris : « Disposant pourtant de peu de puissance […] je les forcerai à venir
se prosterner devant tes pieds » (Ap 3, 8-9). Ce texte, dit-il, rappelle les
paroles du Cantique de Marie : « Il a renversé les puissants de leurs trônes et
élevé les humbles. Il a comblé de biens les affamés, renvoyé les riches les
mains vides » (Lc 1, 52-53). » Si vous cherchez une lecture, vous avez de
quoi méditer.
En ce dimanche du Jubilé de la
Spiritualité Mariale, nous pouvons nous associer aux intentions de notre pape
Léon et à sa prière pour la paix en Terre Sainte.
Nous vivons ce Jubilé de
l’espérance avec Marie et la spiritualité mariale aujourd’hui. Hier soir, le pape
Léon a fait une très belle prière auprès de Notre-Dame de Fatima en lui offrant
une rose d’or. En voici la finale : Sainte Marie, mère des vivants, femme forte,
affligée, fidèle, Vierge épouse près de la Croix : Apprends-nous à nous
arrêter avec toi près des croix innombrables où ton Fils est encore crucifié, où
la vie est le plus menacée ; à vivre et à témoigner de l'amour chrétien en
accueillant en chaque homme un frère ; à renoncer à l'égoïsme aveugle pour
suivre le Christ, véritable lumière de l'homme. Vierge de la paix, porte de
l'espérance certaine, accueille la prière de tes enfants ! Amen.