19 oct. 2025
29ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C
« Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient
vers lui jour et nuit ? »
Chers frères et sœurs,
Délicates lectures qui nous
mettent en face de nos limites et les interpellent. Sommes-nous vraiment seuls ?
Quelle détermination chez cette
femme qui tambourine à la porte du juge et lui casse la tête, le mot grec upopiazo
est traduit aussi par « frapper sous l’œil », « importuner »,
« tanner » ; une vertu de persévérance féminine en quelque sorte…
Saint Paul utilise ce mot pour dire qu’il traite durement son corps (1 Co
9,27), comme celui d’un athlète. De la persévérance, il en faut.
C’est une véritable épreuve
d’endurance dans laquelle le Seigneur nous a lancés. Sa conclusion étonne les
auditeurs d’hier et d’aujourd’hui. Il dit qu’il fera bien vite justice :
« Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi
sur la terre ? »… Déjà plus de 2000 ans. Il y a de quoi s’interroger, en se
rappelant la conclusion de l’Apocalypse : « Oui, je viens sans tarder. »
« Oui, je viens vite », ou « bientôt ». Notre trinité
monastique au Vorbourg, l’avait prise comme devise.
Ne sommes-nous pas soumis à une
épreuve d’espérance également ? Comment persévérer dans la foi, sans
charité et sans espérance. Persévérer a un rapport avec une austérité certaine.
Ne s’agit-il pas d’une invitation à se tenir prêt à la rencontre en tout temps,
notre lampe allumée ?
La 1ère lecture a mis en
scène un combat entre les Hébreux, Josué et les Amalécites. Moïse prie sur la
montagne, il intercède, il n’arrive plus à tenir ses bras élevés, il faut l’aider.
Les aléas du combat et la victoire dépendent pourtant de sa prière. A lui
aussi, il faut de l’aide…
Nous percevons sans trop de
difficultés le lien et la dépendance manifestée et voulue entre la
contemplation et l’action ainsi qu’un mystérieux arrière-plan spirituel. Il relie
dans la communion contemplation et action, le visible et l’invisible. Une des
questions que nous nous posons parfois devant la souffrance, les difficultés et
le combat, est celle-ci : Pourquoi Dieu qui est tout-puissant n’intervient-il
pas directement ? (Vite fait, bien
fait !)
Il est « Juste », il
est même Le Juste, mais parfois il nous paraît laisser beaucoup de liberté au
mal. C’est un vrai mystère, surtout et déjà lorsqu’il laisse toucher à son
propre Fils, prendre sa vie.
Que faire ? Aller puiser un
peu de Sagesse chez Saint Paul qui nous renvoie à l’Ecriture et à la
méditation : « Depuis ton plus
jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te
communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. »
C’est dans la foi au Christ que nous avons à disposition des trésors de
patience qui nous permettent d’attendre son retour. Il ne s’agit pas que d’une
attente statique, sur notre banc d’ancien devant la maison. Lorsque surviennent
des épreuves dans nos situations de vie, cette attente n’est-elle pas habitée par une force
mystérieuse et nourrie par l’espérance des richesses spirituelles qui nous sont
réservées par le Seigneur ? N’y a-t-il pas une croissance spirituelle
possible ? La finalité de notre vie avec le Christ, n’est-elle pas d’être
conformés à Lui dans ses mystères ?
Quelle est cette justice ? Il
y a cette mystérieuse phrase de Jésus à Jean-Baptiste qui hésite à le
baptiser : « c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute
justice ». La justice est l’adéquation à l’essence et à la volonté divine.
Elle donne un sens à notre chemin de vie et de résurrection.
Il est vrai que nous sommes
parfois tentés au moment de l’épreuve tant le chemin est rude, tentés par des
avis tranchés et des sentiments de profonde injustice, d’incompréhension et
parfois même de révolte. Laisser la sensibilité s’apaiser peut demander du
temps, mais Il est là. « Dieu est-il juste ? ». Nous avons de
belles définitions sur sa justice chez les théologiens qui permettent une
certaine compréhension : « La justice de Dieu est l’attribut moral de
la volonté de Dieu qui revient à établir avec chaque être créé une relation qui
corresponde exactement à la nature de l’un et de l’autre. (K. Rahner/
Vorgrimmler) » « La volonté de Dieu est justice et miséricorde ». Je
ne vais pas plus loin.
Nous sommes des êtres en
construction, appelés à grandir à l’image du Christ et en Lui, appelés à être
conformés à lui et à rencontrer le Père. Nous ne sommes pas seuls sur le chemin.
Le Seigneur est en nous et à côté de nous. Il est là dans nos frères et sœurs,
pour aider et être aidés. L’amour de Dieu, la charité passe par le prochain.
Dieu passe aussi par le prochain, par le Bon Samaritain.
Il passe par l’annonce de
l’Evangile. Nous sommes des porteurs d’espérance. Le défunt pape François avait
rédigé ainsi le début de son message pour cette journée mondiale des Missions. « Missionnaires
de l’espérance parmi les peuples ». « Cette journée rappelle à chaque
chrétien et à l’Église, communauté des baptisés, la vocation fondamentale
d’être, à la suite du Christ, des messagers et des bâtisseurs d’espérance. »
Il cite Gaudium et Spes : « les
joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps,
des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les
espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est
rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (Gaudium
et spes, n. 1).
Le texte mentionne également la
prière, il y a une solidarité entre l’action et la contemplation. La mission de
l’espérance doit être renouvelée à partir de la prière ; pas à cause de nos pauvres personnes mais parce
que la prière est une médiation voulue de Dieu et témoigne de notre solidarité spirituelle en
Eglise et dans le Corps du Christ. Elle touche le cœur de Dieu qui donne la
grâce. Il en a voulu ainsi, parce qu’il a voulu manifester ce qu’il est :
Dieu est Amour et il nous fait participer maintenant déjà à sa vie. Oui, Dieu
fait justice et miséricorde aujourd’hui à chacun de nous.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
et Saint François-Xavier priez pour nous !
Confions à Marie, Mère de Jésus le
cri de notre espérance. Confions-lui ce souhait pour le Jubilé et pour les
années à venir : « Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun
comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un
témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde ! » Marie, la
première en chemin, montre-nous et donne-nous ton Fils.
Amen.
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