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samedi 1 novembre 2025

Toussaint d'hier, d'aujourd'hui et de demain, pour un éternel présent : l'Apocalypse.

 


1 nov. 2025

 Tous les Saints —
Solennité

 
 

Lectures de la messe


Introduction  

Chers Frères et Sœurs, nous célébrons aujourd’hui la Solennité de la Toussaint, nous fêtons les vivants et non les morts… Nous sommes partagés à l’image du spectacle qu’offrait la nature devant chez moi  ce matin : le soleil qui perçait le brouillard. Il y a cette image et l’immense parterre des saints sur les représentations des jugements derniers du Moyen-Age. J’aime beaucoup me relire certains passages de la Divine Comédie de Dante dont la tombe est à Ravenne. Paolo Rumiz place dans son bouquin, Le fil sans fin, le début de son voyage près de Nursie dévastée par un tremblement de terre. C’est le lieu de naissance de Saint Benoît. La Sainteté est un état de communion avec Dieu. Il veut être tout en tous. Tous ensemble, réjouissons-nous donc dans le Seigneur, célébrons ce jour de fête en l’honneur de tous les saints avec les anges.

Chers frères et sœurs,

Le tableau de l’Apocalypse nous parle toujours. Ce ne sont pas que les saints du commencement de l’Eglise qui nous impressionnent, ni même ceux d’hier. Saint Jean-Paul II avait fait un grand nombre de canonisations pour montrer que les saints sont ceux d’aujourd’hui. (Le pape Léon vient de proclamer saint John Henry Newmann co-patron de l’éducation pour accompagner ceux qui le serons demain). Nous n’allons pas nous attarder à ce qu’elle sera effectivement et quand elle se produira. Cela nous échappe, mais il y en aura bien une. Aujourd’hui on nous parle d’un zéro absolu, et le perpétuel retour n’est plus  trop à la mode, le cycle des renaissances aussi.

Ce qu’il y a d’intéressant avec l’âge de la retraite active est que le questionnement  des fins dernières interpelle plus et que notre curiosité en est aiguisée. Les notions oubliées de la Somme Théologique de Saint Thomas, au détour d’une page, nous réveillent : Exitus : nous sommes sortis dans l’existence. Reditus : nous sommes appelés à retourner à Dieu. N’est-ce pas notre parcours et celui de la création ? C’est le plan de sa Somme de théologie qui lui était venu à l’Esprit. (Aujourd’hui saint John-Henry Newmann devient co-patron de l’éducation, pour quelle révolution ?)

Toutes les explications sur la fin des temps et l’Apocalypse ne sont pas bonnes. Mais elles nous aident à nous approcher d’un mystère prenant. La sottise humaine vient réveiller un souvenir de la 2ème bombe atomique qui avait éclatée un 6 août, détruisant la communauté chrétienne de Nagazaki. Elle nous a valu le témoignage du médecin japonais Takashi Nagai. Relisez les cloches de Nagasaki.

La foule immense que nul ne peut dénombrer, une marée humaine dépasse les grands rassemblements de toutes sortes que l’on peut voir aujourd’hui. Dieu sera tout en tous. C’est cela qui nous interpelle le plus aujourd’hui. Qu’aura-t-elle de si particulier ? Quelle sera la musique qui va les rassembler ? Pour me distraire, n’étant pas musicien, je me suis demandé si cette musique serait une gamme nonatonique, à neuf tons, un pour chacune des béatitudes, avec un extraordinaire accord pour manifester la joie, en utilisant les grandes orgues de l’univers. L’expression est de Saint Nicolas de Flüe : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » Mais voilà, ce n’est pas du grégorien. Il paraît que c’est une gamme de Blues. Il est vrai qu’il existe une messe Jazz très en vogue. Quelle sera la musique céleste ?

Le Dieu Saint, lui que nous acclamons avec les anges après la Préface, nous communiquera sa sainteté. Qu’est-ce que donc que la sainteté de Dieu ? Personne ne peut la définir exactement, parce qu’aucun de nous ne la connaît et n’est entré en totale communion avec Lui, sinon celui qui est sorti de Lui. Il est apparu sous un aspect si fragile en revêtant notre humanité, en souffrant et en mourant que nous restons perplexe. Il est ressuscité, mais nous avançons dans l’obscurité de la foi. Il nous a donné les neuf clés de son mystère avec les neuf béatitudes et le passe-partout de l’Amour.

Le catéchisme renvoie la sainteté à la définition de Dieu , laquelle renvoie à la Trinité, c’est dire la témérité qu’il y a à dire quelque chose d’elle.

La sainteté de Dieu, selon le Catéchisme, est sa perfection absolue, sa transcendance, sa pureté d’amour et de vérité, qui le distingue de toute créature.

« Il est totalement autre, parfaitement pur, sans ombre de mal, et plein d’amour. »

Dieu seul est saint par essence, mais il sanctifie ceux qui s’unissent à lui. Nous sommes appelés à le rencontrer et à vivre avec lui et en lui pour toujours et lui en nous. Douter de son amour et de sa faculté de nous transformer, c’est douter de sa toute-puissance. Il est vrai qu’il y met une limite, notre volonté.

La sainteté de Dieu est le foyer inaccessible de son mystère éternel ! Sa manifestation est ce qu’on appelle sa gloire.

« L’Église, à laquelle tous sont appelés dans le Christ Jésus, et dans laquelle, par la grâce de Dieu, nous acquérons la sainteté, a été fondée par le Christ pour être une communion de vie, de charité et de vérité. » Il met sa gloire en nous, dans ce que nous vivons. Il ne s’agit pas des couronnes du Louvre, mais de la manière dont nous vivons les béatitudes. Nous nous sentons petits devant lui, mais il s’est fait encore plus petit pour nous et devant nous. Il vient en nous pour nous rendre semblables à lui. « Dieu appelle chacun à la sainteté : “Soyez saints, car moi, je suis saint” (Lv 19,2). ».

C’est en raison de cette petitesse de Dieu que nous le regardons avec confiance. Sans lui, nous ne pouvons rien faire. La mythologie grecque raconte qu’une femme, Sémélé, avait demandé à Zeus de lui montrer sa gloire. Elle en brûla… Dieu qui se communique à nous, c’est l’inverse, il nous aime et nous transforme par l’amour qu’il nous porte, en se faisant plus petit que nous. Devant les difficultés de la vie et celles que nous provoquent d’autres personnes, nous nous sentons parfois comme paralysés, devant une sorte de mur. Seul le Seigneur est assez petit et assez puissant pour en venir à bout, pour ouvrir la porte de tous les  cœurs y compris du nôtre.

Le scepticisme ambiant, en forme de haussement d’épaules, nous interpelle quant à une rencontre possible avec Dieu. Maintenant on se laisse un peu plus fréquemment interroger par ce qu’on appelle les états de mort imminente. J’ai lu il y a quelques jours un médecin de Lourdes, le Dr Patrick Theillier. Il a écrit trois livres sur ce sujet, et dit que Sainte Thérèse de Jésus en avait eu un à l’âge de 23 ans. On avait ouvert sa tombe, coulé de la cire sur ses paupières. Il s’agit peut-être d’une approche, mais ce n’est pas encore la rencontre. Même après avoir lu le Livre des Demeures, on n’y est pas encore arrivé, cela ne suffit pas ! Lisez cependant les livres de saints et des biographies de saints. Ils sont notre famille de là-haut avec ceux que nous avons connus et aimés, pas toujours assez.

Aujourd’hui est proclamé docteur de l’Eglise le cardinal Newman qui osa donner la priorité à sa conscience. Si vous en avez l’occasion essayez de vous renseigner sur sa vie. Je voudrais achever avec lui. Il faisait des sermons de 30 à 40 minutes qu’on se pressait pour écouter… Il insistait sur le fait qu’on ne pouvait se limiter en matière religieuse au seul raisonnement. Il parlait d’assentiment. La foi, aussi grande soit-elle, tout au plus « ne produit que le héros », mais « c’est l’amour seul qui fait le saint ». Pourquoi ? Parce que c’est l’Esprit Saint, présent en nous, qui nous rend saints.

Soyons témoins de l’espérance qui nous habite, soyons-le pour nous et pour tous ceux que nous portons dans notre cœur. Quels sont ceux que nous aimerions revoir ? Nous pourrions y en ajouter quelques autres chaque jour pour nous habituer à changer nous-mêmes, à devenir comme Dieu et à manifester notre confiance en lui et en sa Toute-Puissance.

Marie Mère de l’Eglise, Mère de tous les saints, priez pour nous. Amen.


dimanche 19 octobre 2025

Trouvera-t-il la foi sur la terre ?



19 oct. 2025

 29ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe

« Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? »

Chers frères et sœurs,

Délicates lectures qui nous mettent en face de nos limites et les interpellent. Sommes-nous vraiment seuls ?

Quelle détermination chez cette femme qui tambourine à la porte du juge et lui casse la tête, le mot grec upopiazo est traduit aussi par « frapper sous l’œil », « importuner », « tanner » ; une vertu de persévérance féminine en quelque sorte… Saint Paul utilise ce mot pour dire qu’il traite durement son corps (1 Co 9,27), comme celui d’un athlète. De la persévérance, il en faut.

C’est une véritable épreuve d’endurance dans laquelle le Seigneur nous a lancés. Sa conclusion étonne les auditeurs d’hier et d’aujourd’hui. Il dit qu’il fera bien vite justice : «  Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »… Déjà plus de 2000 ans. Il y a de quoi s’interroger, en se rappelant la conclusion de l’Apocalypse : « Oui, je viens sans tarder. » « Oui, je viens vite », ou « bientôt ». Notre trinité monastique au Vorbourg, l’avait prise comme devise.

Ne sommes-nous pas soumis à une épreuve d’espérance également ? Comment persévérer dans la foi, sans charité et sans espérance. Persévérer a un rapport avec une austérité certaine. Ne s’agit-il pas d’une invitation à se tenir prêt à la rencontre en tout temps, notre lampe allumée ?

La 1ère lecture a mis en scène un combat entre les Hébreux, Josué et les Amalécites. Moïse prie sur la montagne, il intercède, il n’arrive plus à tenir ses bras élevés, il faut l’aider. Les aléas du combat et la victoire dépendent pourtant de sa prière. A lui aussi, il faut de l’aide…

Nous percevons sans trop de difficultés le lien et la dépendance manifestée et voulue entre la contemplation et l’action ainsi qu’un mystérieux arrière-plan spirituel. Il relie dans la communion contemplation et action, le visible et l’invisible. Une des questions que nous nous posons parfois devant la souffrance, les difficultés et le combat, est celle-ci : Pourquoi Dieu qui est tout-puissant n’intervient-il pas directement ?  (Vite fait, bien fait !)

Il est «  Juste », il est même Le Juste, mais parfois il nous paraît laisser beaucoup de liberté au mal. C’est un vrai mystère, surtout et déjà lorsqu’il laisse toucher à son propre Fils, prendre sa vie.

Que faire ? Aller puiser un peu de Sagesse chez Saint Paul qui nous renvoie à l’Ecriture et à la méditation :  « Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. » C’est dans la foi au Christ que nous avons à disposition des trésors de patience qui nous permettent d’attendre son retour. Il ne s’agit pas que d’une attente statique, sur notre banc d’ancien devant la maison. Lorsque surviennent des épreuves dans nos situations de vie,  cette attente n’est-elle pas habitée par une force mystérieuse et nourrie par l’espérance des richesses spirituelles qui nous sont réservées par le Seigneur ? N’y a-t-il pas une croissance spirituelle possible ? La finalité de notre vie avec le Christ, n’est-elle pas d’être conformés à Lui dans ses mystères ?  

Quelle est cette justice ? Il y a cette mystérieuse phrase de Jésus à Jean-Baptiste qui hésite à le baptiser : «  c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice ». La justice est l’adéquation à l’essence et à la volonté divine. Elle donne un sens à notre chemin de vie et de résurrection.

Il est vrai que nous sommes parfois tentés au moment de l’épreuve tant le chemin est rude, tentés par des avis tranchés et des sentiments de profonde injustice, d’incompréhension et parfois même de révolte. Laisser la sensibilité s’apaiser peut demander du temps, mais Il est là. « Dieu est-il juste ? ». Nous avons de belles définitions sur sa justice chez les théologiens qui permettent une certaine compréhension : « La justice de Dieu est l’attribut moral de la volonté de Dieu qui revient à établir avec chaque être créé une relation qui corresponde exactement à la nature de l’un et de l’autre. (K. Rahner/ Vorgrimmler) » « La volonté de Dieu est justice et miséricorde ». Je ne vais pas plus loin.  

Nous sommes des êtres en construction, appelés à grandir à l’image du Christ et en Lui, appelés à être conformés à lui et à rencontrer le Père. Nous ne sommes pas seuls sur le chemin. Le Seigneur est en nous et à côté de nous. Il est là dans nos frères et sœurs, pour aider et être aidés. L’amour de Dieu, la charité passe par le prochain. Dieu passe aussi par le prochain, par le Bon Samaritain.

Il passe par l’annonce de l’Evangile. Nous sommes des porteurs d’espérance. Le défunt pape François avait rédigé ainsi le début de son message pour cette journée mondiale des Missions. « Missionnaires de l’espérance parmi les peuples ». « Cette journée rappelle à chaque chrétien et à l’Église, communauté des baptisés, la vocation fondamentale d’être, à la suite du Christ, des messagers et des bâtisseurs d’espérance. » 

Il cite Gaudium et Spes : « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (Gaudium et spes, n. 1).

Le texte mentionne également la prière, il y a une solidarité entre l’action et la contemplation. La mission de l’espérance doit être renouvelée à partir de la prière ; pas  à cause de nos pauvres personnes mais parce que la prière est une médiation voulue de Dieu et  témoigne de notre solidarité spirituelle en Eglise et dans le Corps du Christ. Elle touche le cœur de Dieu qui donne la grâce. Il en a voulu ainsi, parce qu’il a voulu manifester ce qu’il est : Dieu est Amour et il nous fait participer maintenant déjà à sa vie. Oui, Dieu fait justice et miséricorde aujourd’hui à chacun de nous.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et Saint François-Xavier priez pour nous !

Confions à Marie, Mère de Jésus le cri de notre espérance. Confions-lui ce souhait pour le Jubilé et pour les années à venir : « Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde ! » Marie, la première en chemin, montre-nous et donne-nous ton Fils.

Amen.


dimanche 12 octobre 2025

« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

 



12 oct. 2025

 28ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe


Homélie

« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

Ne sommes-nous pas interpellés par les 11 lépreux des lectures d’aujourd’hui et la finale de notre Evangile ? Cette maladie est mentionnée dans deux d’entre elles et  le Seigneur attire notre attention sur la foi de cet homme, de cet étranger qui rend gloire à Dieu devant lui.

La lèpre interpelle en raison du rejet qu’elle a provoqué comme d’autres maladies d’ailleurs. Elle est, lit-on, la plus ancienne maladie infectieuse de l’humanité. Elle a beaucoup régressé, mais on parle encore de 1,5 millions de  cas dans le monde. Par l’histoire, nous savons qu’elle suivait les routes des armées et des pèlerinages. Bon nombre d’établissements étaient réservés à ceux qui en étaient atteints. Certains noms comme celui de Maladière, c’était  avant le temple du foot à Neuchâtel, nous les rappellent. Il vient de maladrerie, la maison des lépreux. Ces refuges se trouvaient fréquemment auprès de monastères. La chapelle de Bourguillon à Fribourg en avait été un. Le premier Abbé bénédictin de saint Gall, Othmar qui est représenté à côté de Notre-Dame du Vorbourg, en avait établi un près de son Abbaye. Je vous laisse aux bons soins de l’immense article de Wikipedia sur la lèpre en vous souhaitant aussi d’échapper aux virus de la toile. Nous pouvons prier de manière générale pour certains malades, et aussi pour les soignants. Il n’est pas évident de soigner des malades gravement atteints. Les réactions peuvent nous rappeler Jésus qui n’avait plus figure humaine au moment de la passion. Seules quelques femmes l’ont assisté et ont essuyé son visage.

Ceci doit maintenant tourner notre attention sur le côté spirituel de nos lectures et sur sa symbolique. L’Evangile nous parle de dix lépreux, un nombre  qui permet un lien avec les dix commandements. La lèpre spirituelle peut être rapprochée d’un manquement au respect de ceux-ci, et donc de l’amour de Dieu et du prochain. Globalement, nous pouvons comprendre que la foi en Dieu et dans le Christ est source de guérison spirituelle. Le terme de lèpre n’était pas attaché uniquement à la maladie ; dans la Bible, on en parle pour les maisons. Vous vous souvenez peut-être que Myriam qui avait mal parlé de Moïse était devenue lépreuse. Il avait prié pour sa guérison afin qu’elle recouvre la santé et vive. Une guérison de la lèpre était considérée comme une vraie résurrection autrefois. Flavius Joseph mentionne ces malades comme des morts, tout comme un commentaire Juif (cf Dictionnaire Jésus).

Sur les 10 lépreux, seul un étranger n’est pas allé au Temple, mais était revenu sur ses pas auprès de Jésus en voyant qu’il était guéri. « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ». Il reconnaît le Christ, le Fils de Dieu.  Ce qui interpelle beaucoup, n’est-ce pas le fait que ce sont deux étrangers, dans les lectures, qui croient et sont guéris. « Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles » , nous a dit le psaume. Le général veut emporter un peu de la Terre Sainte pour offrir à Dieu un sacrifice. « Par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire. » Dieu a remporté la victoire, le Christ a vaincu le mal, le(s) péché(s), pour tous les hommes de tous les temps. Quel compliment de la part d’un général.  Le pape Léon a rappelé ce matin que « Jésus lui-même a commenté ce passage dans la synagogue de Nazareth (cf. Lc 4, 27), et l’effet de son interprétation sur les habitants de son pays fut déconcertant. » « Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas ».

Avec Jésus, il n’y a pas besoin d’emporter un peu de terre pour offrir un sacrifice. Emporter un peu de terre, c’est un peu ce que l’on faisait avant cette guerre terrible. En revenant de pèlerinage, on ramenait un caillou en souvenir. Israël est une Terre Sainte, mais le Saint, c’est Jésus, Jésus auquel nous sommes attachés par notre foi en lui. Il vient habiter en nous et y établir sa demeure. Nous sommes une demeure de Dieu, par la foi et par notre baptême. Chaque personne humaine est sacrée. Jésus le crucifié est la résurrection et la vie. « Détruisez ce temple et en trois jours je le relèverai ». Saint Paul nous transmet son message : « Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts…  Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. » Il nous invite à suivre le même chemin que lui à travers nos difficultés qui sont les siennes.

Par son pardon,  il nous guérit pour nous faire avancer jusqu’à sa résurrection. Elle nous est destinée et elle est déjà présente en nous par la foi et le baptême. Ces deux étrangers, Naaman, et cet autre lépreux 800 ans après lui,  ces deux étrangers parviennent à discerner la présence de Dieu. Ils symbolisent tous les hommes de tous les temps. Sommes-nous capables de reconnaître la présence de Dieu dans l’autre et de quitter notre zone de confort. Ajoutons encore que le Seigneur est le 1er pauvre qui vient mendier notre amour, le thème est cher à Maurice Zundel.

Dans ce contexte, il n’est pas possible de passer à côté de l’exhortation du pape Léon « Je t’ai aimé ». Son introduction est impressionnante en raison en particulier de son expérience missionnaire. Elle mérite une citation consistante  : « Je t’ai aimé » (Ap 3, 9), a dit le Seigneur à une communauté chrétienne qui n’avait ni importance ni ressources, contrairement à d’autres, et qui était exposée à la violence et au mépris : « Disposant pourtant de peu de puissance […] je les forcerai à venir se prosterner devant tes pieds » (Ap 3, 8-9). Ce texte, dit-il, rappelle les paroles du Cantique de Marie : « Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles. Il a comblé de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52-53). » Si vous cherchez une lecture, vous avez de quoi méditer.

En ce dimanche du Jubilé de la Spiritualité Mariale, nous pouvons nous associer aux intentions de notre pape Léon et à sa prière pour la paix en Terre Sainte.

Nous vivons ce Jubilé de l’espérance avec Marie et la spiritualité mariale aujourd’hui. Hier soir, le pape Léon a fait une très belle prière auprès de Notre-Dame de Fatima en lui offrant une rose d’or. En voici la finale :   Sainte Marie, mère des vivants, femme forte, affligée, fidèle, Vierge épouse près de la Croix : Apprends-nous à nous arrêter avec toi près des croix innombrables où ton Fils est encore crucifié, où la vie est le plus menacée ; à vivre et à témoigner de l'amour chrétien en accueillant en chaque homme un frère ; à renoncer à l'égoïsme aveugle pour suivre le Christ, véritable lumière de l'homme. Vierge de la paix, porte de l'espérance certaine, accueille la prière de tes enfants ! Amen.


dimanche 5 octobre 2025

Fides Quoi?

 


5 octobre 2025

 27ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe


Homélie 

Chers frères et sœurs,

Jésus marche aujourd’hui vers Jérusalem et nous sentons qu’il a le souci de former ses disciples pour annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Chez les disciples, en arrière-plan de ce chapitre, nous percevons un désir de pouvoir qui n’est pas que spirituel, quant au don de guérison et à la venue du Royaume, jusqu’au pardon des péchés. Les rapports entre eux manifestent des tensions. Jésus leur a déjà parlé des scandales et du pardon.  Il paraît presque ironiser sur la finalité de leur désir d’une foi plus grande.

En entendant cette péricope, on pense au pouvoir des clefs dont parle Jésus dans Saint Matthieu 16,19 après la confession de foi de Pierre, avant la Transfiguration. Jésus prend des exemples tirés de la nature, selon son habitude pour les faire avancer.

Nous n’allons pas nous perdre dans des recherches approfondies sur la botanique biblique. L’arbre dont il parle Jésus était-il un mûrier ou un sycomore ? Pourquoi dit-on un plan de moutarde dans le texte, alors que la plante est le sénevé et la moutarde le produit, ni ergoter sur la grandeur d’une graine d’un figuier sycomore ou d’un mûrier et celle d’un grain de sénevé.  Mais ça peut-être intéressant de se pencher sur le sujet.

La foi que désirent les Apôtres paraît être un moyen pour avoir plus de pouvoir et une plus grande prééminence quant au capacités d’accomplir des guérisons et des miracles. Or Jésus, veut qu’ils se sentent et deviennent des serviteurs. J’apprécie cette sorte de paradoxe que vivra Pierre. Dans saint Jean, Jésus l’interrogera par trois fois sur son amour pour lui, après sa résurrection. Ses réponses seront une réparation par son amour de ses reniements. La foi ne nous rend pas semblables à des rocs bien armés selon nos critères, mais nous rend au contraire fragiles, à la manière de Jésus qui va donner sa vie. Elle va nous rendre forts spirituellement en nous conformant à lui et en nous aidant à le suivre. Jésus est le serviteur, il est notre serviteur. Jésus, plus loin mettra en valeur la foi du lépreux, de cet étranger revenu à lui et il parlera de la venue du royaume qui passe par le scandale de la Croix. Le Royaume est parmi vous, il est aussi et d’abord au-dedans de vous, au-dedans de nous. Le premier et principal chemin à accomplir, il est là. Mais il ne peut s’accomplir totalement en solitaire, il se fait en communion avec l’Eglise. Même un ermite porte l’Eglise dans son coeur. Nous sommes solidaires. Personne ne peut dire je fais mon salut à moi.

A propos de la foi, classiquement on parle de foi vécue, active (fides qua) et des doctrines (fides quae).

Suivre Jésus ne sera jamais dominer, mais aimer et aimer c’est vivre les mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux avec Jésus et en Eglise. Ce n’est pas confortable.

Les deux premières lectures sont  à ce titre impressionnantes, autant Habacuc  que Saint Paul. Habacuc à droit à quelques allusions dans le Nouveau Testament notamment par ces mots : « Le juste vivra par la foi » Rom 1:17, Gal 3:11, Hé 10:38 . Le prophète proteste contre les visions et les annonces de malheur qu’il doit faire, vous les avez entendues. En même temps, il engage à la confiance et à la foi en la fidélité de Dieu.  « C’est une vision pour le temps fixé ;  elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. Le juste vivra par sa fidélité. » Cette dernière expression donne lieu à des discussions. Saint Paul et la tradition chrétienne, les Pères ont étendu le mot fidélité à celui de foi. Le juste par la foi vivra.

Saint Paul engage à la même persévérance et fidélité. « N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. »

De quelle manière le faire sinon de celle à laquelle nous invite le psaume : avec la joie : « Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Par nos hymnes de fête acclamons-le ! » Le souci de la mission était porté par le Pape François, vous vous souvenez peut-être du début de son exhortation : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. » Elle est destinée à toucher tous les hommes.

Le souci d’universalité présent dans le cœur de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, dans son couvent, nous le connaissons. Elle portait en elle toutes les vocations, dont celle de missionnaire : « Je voudrais être missionnaire non seulement pendant quelques années, mais je voudrais l'avoir été depuis la création du monde et l'être jusqu'à la consommation des siècles... »  De sa communauté est issue une sœur du carmel de Saïgon fondé par celui de Lisieux en 1861. Quand les sœurs de Saïgon créent un nouveau carmel à Hanoï, Thérèse émet le vœu de partir là-bas. Son histoire touche : le désir de Thérèse est entravé par la découverte de sa tuberculose. Dilater son cœur à la dimension de celui de Jésus et transmettre la joie de l’Evangile était son plus grand désir et il l’est encore. La mission d’un disciple du Christ et de tout baptisé ne s’arrêtera jamais, jusqu’au jour où il sera tout en tous.

Saint Paul demande de ne pas avoir honte de lui, alors qu’il est en prison. Il  dit au début de l’épître aux Romains : « Je n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque est devenu croyant, le Juif d’abord, et le païen. Celui qui est juste par la foi, vivra.(Rm 1,16-17) »  Cette foi lui procure la joie, une joie courageuse et surnaturelle qui doit être aussi la nôtre, parce que nous sommes habités par le Seigneur… grâce à une foi vivante.

La foi et l’amour vont de pair et nous avançons dans l’espérance sur son chemin. Le pape Léon disait à l’audience d’hier qu’espérer, c’est choisir. Cela signifie au moins deux choses. La plus évidente est que le monde change si nous changeons. Le second sens est plus profond et plus subtil : espérer, c’est choisir car ceux qui ne choisissent pas désespèrent. Choisissons le Christ et la joie. Demandons à Marie qui portait la Bonne Nouvelle de l’Evangile de nous transmettre sa joie : « Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 47). Amen


dimanche 21 septembre 2025

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 1-13)


21 septembre 2025

 25ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C

 
 
Lectures de la messe

 

Quel titre pour une fête fédérale d'action de grâce? quelle est notre valeur fondamentale, quelles sont nos valeurs? Il y a bien et biens.


Mes sœurs, chers frères et sœurs,

Nous avons eu droit à un long évangile, une parabole du Seigneur qu’on nomme fréquemment la parabole du gérant malhonnête. Il est plus que peu scrupuleux. Un des éléments curieux est l’avis du Seigneur sur cet homme. Il ne le blâme pas totalement, et loue son habileté. Il y a donc un bien dans ce qu’il fait. Que cherche-t-il à faire après son renvoi, sinon à survivre ? Il cherche à être accueilli et à trouver un refuge. Il recherche la vie, mais de quelle vie s’agit-il ?

Il en a certainement fait de belles. Lorsqu’on renvoie une personne dans une entreprise ou qu’elle s’en va, on se sépare aussi de connaissances qui risquent d’être transférées à la concurrence. Ce gérant se sert encore plus dans la poche de son Maître pour se préparer un bon accueil.

Quel bien cherche-t-il, sinon un bien immédiat ? Le critère ultime de discernement selon le Seigneur, repose sur la nature du bien véritable. Quel est-il ?

L’argent, c’est le monde réel, le levier de la puissance. Dans cet univers et cette perspective purement matérialiste du monde créé, Dieu est réservé aux rêveurs et aux poètes. Quelles sont nos valeurs refuges ?  Notre nouveau pape Léon, vient de coécrire son premier livre en tant que pape. Il est en espagnol, mais nous pouvons « rendre grâce » aux traductions automatiques en attendant le français à mi-novembre. Le pape dit notamment ceci : Si nous perdons le sens des valeurs, qu'importe le reste ? La valeur de la vie humaine, la valeur de la famille et la valeur de la société…  Il mentionne encore l'écart croissant entre les revenus de la classe ouvrière et ceux des plus riches. Par exemple, les PDG qui, il y a soixante ans, pouvaient gagner quatre à six fois plus que les ouvriers. Ils gagnent aujourd'hui, selon les derniers chiffres qu’il a vu jusqu’à peut-être six cents fois plus que les ouvriers moyens. Ce sont des tailles de superpuissances. Il mentionne même le premier trillionnaire au monde. Qu'est-ce que cela signifie et de quoi s'agit-il ? On le croyait ruiné, on ne peut plus faire confiance aux médias. Si l’argent est la seule chose qui ait de la valeur aujourd'hui, alors nous avons un gros problème. On sent un peu la fibre de Léon XIII en arrière-plan des propos de Léon XIV.  Une mise à jour de la doctrine sociale de l’Eglise se profile-t-elle ?

Revenons-en aux valeurs. Quelles sont celles auxquelles nous nous référons ? Dans la culture psychologique et l’accompagnement, les valeurs sont mises en avant, avec raison. Comment donner sens à ce que l’on vit ? Il ne s’agit pas seulement de donner un sens aléatoire ou totalement subjectif. Comment non seulement rechercher un sens à ma vie mais aussi à la création ? Il ne nous est possible que d’avancer à tâtons par la réflexion et par la foi, étant limités par la matière dont nous avons été tirés. Dieu l’aime au point d’être devenu l’un de nous. Il est nécessaire de nous le rappeler tous les jours, surtout lorsque rien ne va plus.

Qu’est-ce que le Bien véritable ? « Le bien véritable est ce qui est conforme à la volonté de Dieu et conduit à la béatitude éternelle ». Dieu lui-même est le Bien suprême et la fin ultime de l’homme et de la création tout entière. Ce qui est visé pour nous est la béatitude. Ailleurs dans les Evangiles, Jésus répond à un jeune homme riche qui l’interroge. Il invoque d’abord la nécessité de reconnaître Dieu comme " le seul Bon ", comme le Bien par excellence et comme la source de tout bien. Il donne ensuite le mode d’emploi pour parvenir au Bonheur, avec la liste des commandements et donc des valeurs selon lesquelles selon lesquelles il faut se comporter pour être en accord avec lui. Il donne aussi les moyens pour y parvenir, n’oublions pas les sacrements qui nous introduisent dans la vie avec Dieu.

Il ne s’agit pas seulement d’être bien ensemble, de nous réchauffer avec des applaudissements, ou de l’auto-persuasion et une trop confortable estime de soi, mais de rechercher et de trouver Dieu d’abord au fond de notre cœur, puis dans l’autre. Lorsqu’on veut faire prendre un feu, on essaye de placer des éléments inflammables au centre du foyer et de le faire prendre. Mais ce centre d’où part le foyer qui devient un incendie doit être reconnu et aménagé en chacun.  Encore faut-il un espace approprié et communiquer  une étincelle .

Maurice Zundel est avec raison au centre d’un intérêt spirituel en croissance. Vous avez peut-être vu un petitfilm réalisé à Lausanne et qui a passé sur KTO, cette semaine. Nous fêtons le 50ème anniversaire de sa mort le 10 août 1975, ce qui ne me rajeunit pas… c’était à la veille de mon entrée en faculté de théologie. Le film est encore en ligne sur internet. Je voulais en venir à la place de Dieu dans notre cœur, au centre de nous-mêmes. Il veut habiter en nous. Pour y parvenir, il faut  un dépouillement et  de l’espace, avec un aménagement. Vous me permettez une citation  tirée d’une des homélies de Maurice Zundel pour ce 25e dimanche :

Pour libérer l’homme, il faut être dépouillé de tout, agenouillé devant lui et crucifié, c’est-à-dire qu’il faut accepter de mourir d’amour pour lui révéler l’univers infini de l’amour, pour lui faire prendre conscience de cette générosité au plus intime de lui-même et d’avoir un espace où toute l’humanité se sentira comblée, où Dieu lui-même se révèle avec son propre visage. C’est ce que Jésus a fait pour nous.

Il ne s’agit pas d’acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales, c’est tout le contraire. « De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. » « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »   (Lc 12, 49).  Jésus nous confie aujourd’hui la charge de propager ce feu et d’ouvrir les coeurs. Il nous demande de rallumer l’espérance autour de nous. « il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. »

Nous pouvons terminer avec Sainte Thérèse de Jésus : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie ; tout passe. Dieu ne change pas : la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien Dieu seul suffit ! ». Quel feu brûlait en elle !

Réjouis-toi Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, il est avec nous, toujours. Amen.


dimanche 17 août 2025

Qui est celle-ci?

 



En pays non-catholique, l'Assomption n'est pas nécessairement célébrée le 15 août, mais reportée au dimanche. Après avoir été au Carmel de Develier à la grotte Saint-Colombe avec les malades et dans le Jura Sud (Grand Chasseral), à Saint Imier et à Corgémont, l'icône est maintenant à Delémont... 

L'homélie a fini d'évoluer et de se reconstituer.

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.

Chers Frères et Sœurs, chers Amis,

La Prophétie de Marie dans son Magnificat s'est réalisée et continue à le faire. 

L'image de l’Apocalypse frappe l’imagination. Qui est celle-ci qui monte du désert pour entrer dans la lumière ? Qui est celle-ci qui reflète la lumière du Christ et vient illuminer l’obscurité de nos nuits ? Qui est celle-ci qui vient nous aspirer vers le ciel ?

 Les Pères du Concile Vatican II nous ont laissé un texte magnifique sur la Vierge Marie, que j'aime relire avec vous aujourd'hui, alors que nous célébrons la fête de son Assomption dans la gloire du ciel. À la fin du document sur l'Église, le Concile dit ceci : « Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur (cf. 2 P 3, 10), elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation. (cf. 2 P 3, 10) ». (Lumen gentium, n. 68).

Marie, que le Christ ressuscité a prise avec lui dans la gloire, corps et âme, resplendit comme icône d'espérance pour ses enfants en pèlerinage dans l'histoire. disait Léon XIV hier.

La souffrance et la mort n’ont plus de prise sur Marie. Aujourd’hui elle s’en va vers les hauteurs pour attirer vers elle tous ses enfants et  donner à son Fils des frères et des sœurs.

Qu’avons-nous à faire de l’Assomption de Marie ? Eh bien tout ! Nous avons tout à recevoir, car elle s’est donnée toute à Dieu, elle s’est faite notre avocate.

Marie a attendu pour rejoindre son Fils. Pourquoi ? Pour que l’Eglise née du côté de Jésus puisse faire ses premiers pas. Elle lui a appris et lui apprend à marcher comme elle a appris à Jésus à marcher. Marie est Mère du Christ, Mère de l’Eglise et Mère des hommes.

Aujourd’hui « tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l'Église en son, elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation pour nous qui sommes encore en pèlerinage » dit Vatican II. Oui ! Marie est un grand signe d’espérance pour nous. Aujourd’hui !

Le Christ est ressuscité, alors pourquoi Marie ne serait-elle pas entrée avec son corps dans la gloire ? Ne fallait-il pas qu’une femme avec son corps de femme y entre ? Dieu créa l’Homme, Homme et Femme il le créa et l’élève au plus haut des cieux. A quel âge est-elle partie ? 55, 60, 72 ans… Nul ne le sait exactement. Est-elle morte ? Est-elle entrée dans la gloire sans passer par là ? Le Pape Pie XII a laissé la question ouverte à cause d’un enfant.

La mort ne pouvait résulter en elle d’un désordre intime de son être. Elle est l’Immaculée, celle qui a été préservée dès le commencement de toute rupture humaine avec Dieu. Tout au contraire la mort ne pourrait  venir en elle que du désir d’être conformée à son Fils. Son corps, dont toutes les fibres n’avaient jamais cessé d’être présentes à la Vie qui était née d’elle- Son corps en lui une exigence de résurrection. Ainsi que son âme, en effet, il était tout ordonné à Jésus, dit Maurice Zundel.

Marie est toute centrée sur le Mystère du Christ, elle a vécu au plus profond d’elle-même sa passion.  On ne parle pas de martyre, de mort violente de Marie, parce qu’elle est morte au pied de la croix. L’idée est la même avec saint Jean. Il est le seul des Apôtres à ne pas être martyr.  Il est bon de nous le rappeler : Marie a participé intiment à ce qu’a vécu son Fils. Elle est présente aujourd’hui à ce qu’il vit dans son corps qui est l’Eglise. C’est le mystère de la compassion qui va plus loin que l’empathie contemporaine, si importante. Marie ne nous regarde pas à une certaine distance, en distribuant quelques miracles de temps à autres. Elle est avec nous sur les chemins de nos vies et de de nos familles, dans nos difficultés et nos joies comme elle l’était auprès de Jésus et de Joseph, auprès de l’Eglise naissante. La gloire de Marie, ça n’est pas un état de contemplation distante et souriante. C’est une plus grande proximité avec nous, en Dieu. Elle est Mère du Christ et Mère des Hommes, Mère de l’Eglise. Méditer sur l’Assomption de Marie, c’est mettre notre tête et  notre cœur dans les cieux, c’est nourrir notre espérance. L’espérance passe par la méditation des mystères glorieux du rosaire… Pour les anciens c’est particulièrement important.

Face à la tentation de nous conduire en invités suspicieux  du banquet du Royaume il faut oser y prendre place. Nous ne sommes pas des pique-assiettes, mais des invités, plus encore, des fils et des filles de Dieu. Il faut oser inviter à la table du Seigneur. Nous sommes invités avec Marie à revêtir notre habit de noces, le Christ ressuscité, à revêtir notre corps de gloire, notre corps de ressuscité. Comment faire en sorte alors que ce signe lumineux d'espérance soit mieux perçu par nous tous et par la société d'aujourd'hui? Benoît XVI disait : « Aujourd'hui, il y a  des personnes qui vivent comme si elles ne devaient jamais mourir ou comme si tout devait finir avec la mort; certains agissent en pensant que l'homme est l'unique artisan de leur destin, comme si Dieu n'existait pas, en arrivant parfois même à nier qu'il y ait une place pour Lui dans notre monde. Seule l'ouverture au mystère de Dieu, qui est Amour, peut étancher la soif de vérité et de bonheur de notre cœur ! Nous devons aimer comme lui. » L’urgence n’est-elle pas de mettre la lumière de l’amour dans notre cœur ?

L’Assomption de Marie est un grand signe d’espérance pour nous tous, pour chacun de nous lorsque nous sentons dans son corps que le temps passe, avec l’âge, la maladie, les difficultés. Demandons ensemble la grâce de pouvoir apporter de la consolation et un peu de lumière autour de nous avec Marie en nous aimant les uns les autres. Elle est avec nous ! Nous sommes « programmés » par notre baptême, avant tout pour ressusciter avec le Christ et à entrer dans la gloire avec Marie !

Nous te saluons, ô toi Notre Dame  Marie Vierge Sainte que drape le soleil
Couronnée d'étoiles, la lune est sous tes pas  En toi nous est donnée, l'aurore du salut. Amen 

dimanche 10 août 2025

"Tu nous appelais à la gloire " (Sg 18, 9) Estime de soi et estime du Christ en soi.

 


10 août 2025

 19èe dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe

Chers frères et sœurs,

Attente, persévérance, patience, espérance et confiance, sont les mots qui nous viennent à l’esprit après ces lectures.

Le Seigneur nous invite avec force ces états intérieurs, la vie dans le Christ nous demande de la vigilance et de l’endurance : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. » Pourtant nous sommes en vacances. Il nous demande de veiller. « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. »

Allez vous veiller ? Nous le faisons peut-être pour des motifs festifs en cette période de l’année… Les veilles festives ne manquent pas, mais plutôt dans le Nord. Dans le Sud, vous avez la réputation d’être plus sages et je crois avoir conservé cet usage. Les  années qui passent nous y invite plus facilement, mais pas toujours.

Le Seigneur nous demande plutôt de veiller à l’image de ce  que nous rapporte le livre de la Sagesse : Il nous rappelle la veillée du Peuple de Dieu avant de quitter l’Egypte. Les hébreux attendaient leur libération et la passage de la mer Rouge. Cette préparation et le passage de la mer rouge nous annonce le baptême. Par le baptême nous sommes libérés et sauvés, rachetés dans le Christ pour marcher à sa suite vers la Terre Promise. La Terre Promise, la Patrie définitive, c’est bien sûr le ciel et la vie éternelle. Ce thème et cette symbolique traverse les commentaires des anciens auteurs spirituels de l’Eglise, les Pères de l’Eglise.

La traversée du désert, la marche vers la terre promise ne se fait pas sans difficultés, à la suite du Christ et à sa manière. Par notre baptême et par l’Esprit, nous avons reçu sa marque en nous, le baptême est un sacrement qui imprime en nous, dans notre âme, une marque, ce qu’on appelle un caractère spirituel. Avec le pain eucharistique la nourriture pour notre voyage. Le Christ veille sur nous, avec nous et en nous. « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. », nous a dit le psaume.

La lettre aux Hébreux met en valeur la foi qui permet la vie avec Dieu, dans une sorte d’obscurité. La foi permet d’être en communion avec le Seigneur et pour ainsi dire de toucher de Dieu, spirituellement, de tenir sa main, comme un enfant dans le noir, qui agrippe la main de sa maman ou de son papa. La foi permet la transmission de la vie de Dieu qui est amour. Par la foi, dans mon cœur, je suis en communion avec le Seigneur, même dans les situations les plus pénibles et il me permet d’avancer.

Vous y avez peut-être été attentifs nous sommes cette semaine en pleine période d’observations des étoiles filantes,  les perséides. La nuit du 12 au 13 août s’annonce particulièrement propice aux observations, malgré la pleine lune.

Notre vie de foi mentionnée par la lettre aux Hébreux pourrait être comparée à cette nuit parsemée de signes de la présence de Dieu. La lumière de la lune, est souvent comparée à la Vierge Marie. Elle est aussi là. Ces étoiles sont non seulement un signe de présence mais aussi une promesse de vie et de fécondité attachée à notre fidélité. Mes actes d’amour allument pour ainsi dire une étoile dans le ciel de Dieu.

Le Pape Léon dans son audience générale de mercredi, nous a dit que nous sommes invités à “préparer la Pâque” du Seigneur, à faire de notre vie une préparation de la Pâque  que nous célébrons tous les jours. Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l'avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter et donc de pouvoir avancer avec nous. Cette Pâque, que les disciples doivent préparer, est en réalité déjà prête dans le cœur de Jésus. C'est Lui qui a tout pensé, tout disposé, tout décidé. Cependant, il demande à ses amis de faire leur part. Cela nous enseigne quelque chose d'essentiel pour notre vie spirituelle : la grâce n'élimine pas notre liberté, mais la réveille. Le don de Dieu n'annule pas notre responsabilité, mais la rend féconde.

Préparer la Pâque est difficile mais nous ne pouvons éluder cette préparation. La vie nous le rappelle par elle-même. Avec notre baptême, nous n’avançons pas dans notre désert sous narcose. Les chemins sont divers. Nous fêtions hier, une Sainte Carmélite martyre et copatronne de l’Europe  Edith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix. Elle est morte à Auschwitz. Je vous cite quelques mots d’elle :  « la foi au Crucifié — la foi vive, celle qui s’accompagne du don aimant de soi —, cette foi est pour nous l’accès à la vie et le début de la gloire future ; c’est pourquoi la croix est notre unique titre de fierté. » « Pour nous, cette vie n’atteindra sa plénitude qu’au jour de la Gloire. Nous y participons cependant, dès maintenant — « dans la chair » —, dans la mesure où nous croyons. » Les chemins sont divers dans une convergence et une unité mystérieuse. En faisant mes lectures du temps de Covid, j’ai rencontré Etty Hillesum, une jeune juive juriste, passée en psychologie jungienne. Je n’aurais pas dit Santo Subito, mais à ma grande surprise, j’ai découvert au bas d’une petite note, que c’est elle qui avait mentionné le nom d’Edith Stein et de sa sœur dans le registre d’arrivée du camp de départ pour la mort. Elle y partira, elle aussi peu après. Les chemins de Dieu sont mystérieux. Mieux vaut être prêtre prudent et éviter les jugements péremptoires sur les parcours. Dieu seul connaît son chemin dans les cœurs et veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun ne se perde.

QU’est-ce que croire ? Croire ce n’est pas  démontrer que l’on connaît par cœur les articles du credo, mais nous avons besoin d’un GPS spirituel. Croire c’est adhérer à un mystère et en vivre. Le mot foi vient d’un mot latin fides qui signifie confiance, avoir confiance en quelqu’un. Les adultes se serrent la main. La poignée de main est un geste de salutation et de bienvenue, pour exprimer la paix, la confiance, et l'amitié. Son origine remonte à l'Antiquité, où, nous dit-on, elle servait à montrer qu'on était désarmé et qu'on n'avait pas l'intention de nuire. Un père ou une mère ne peuvent pas vouloir nuire à leurs enfants, ils les prennent par la main pour leur apprendre à marcher sur les chemins de la vie et les rassurer. Mais si le Christ est au-dedans de nous, il peut prendre aussi le visage de quelqu’un que nous ne connaissons pas. Il est au-dedans de lui et au-dedans de nous. Il y a un mystère de communion et du Christ qui veut être tout en tous. Je cite encore Zundel en conclusion : Nous devons supplier la Trinité de s’emparer de toutes les fibres de notre être, pour qu’il soit le sacrement de Dieu. Avec quelle joie nous pourrons nous perdre dans la tendresse de Dieu en nous… Toujours fidèles à l’appel, nous deviendrons nous-mêmes un mystère de foi, une hostie, un fils de Dieu et nous ne pourrons plus nous aimer qu’à cause de lui et non à cause de nous. C’est pour cela qu’il faut être veilleurs.

En psychologie, on parle volontiers et avec raison, de soi et d’estime de soi, il ne faut pas jutifier et accepter de se laisser démolir gratuirement, mais il faut encore moins oublier l’estime du Christ en soi et dans l’autre. Le Christ est au-dedans de nous. Le suivre sur son  chemin de croix et notre chemin de foi n'est pas appeler le mal bien et le bien mal.

Il est là pour faire alliance avec nous jusque là.

Nous pourrons retenir cette image et demander à Notre-Dame d’être à nos côtés pour nous aider dans notre marche et veiller avec nous. Amen.