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dimanche 23 février 2025

Aimer ? Mission impossible...

 


23 février 2025 7ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

Première lecture« Le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu p...1 S 26, 2.7-9.12-13....
Psaume Le Seigneur est tendresse et pitié.Ps 102 (103), 1-2, 3...
Deuxième lecture« De même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile...1 Co 15, 45-49
Évangile« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »


« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » « Je vous donne un commandement nouveau », dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »

Frères et Sœurs,

Nous avons compris le sens global des lectures d’aujourd’hui et du psaume. Le Seigneur nous demande de devenir comme lui et de vivre comme lui. Mais quelle transformation…, quelle désappropriation, quel échange et quel accueil avec ce moyen qu’est l’amour qui est au cœur de la vie trinitaire.

David épargnant Saül avait de quoi surprendre à l’époque, mais sommes-nous bien différents aujourd’hui ? L’auteur du livre de Samuel met en avant le respect par David de l’onction que Saül avait reçue. Une des questions induites est celle-ci, sommes-nous conscients, d’avoir tous reçu l’onction par les sacrements d’initiation et d’en recevoir aussi une, par exemple lors de l’onction des malades. L’Esprit-Saint pénètre dans la personne à l’image de l’huile et avec l’imposition des mains.

Le Seigneur lui-même s’intéresse à nous, qui sommes blessés et veut nous conduire à la résurrection : Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse.

Saint Paul nous présente cette action du Christ qui va nous conduire à la résurrection.  « De même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, Adam, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel, le Christ. »

Dans l’Evangile le Seigneur nous demande des réactions surhumaines à des injustices inacceptables. « Aimez vos ennemis » « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Le plus impressionnant est qu’il ne s’agit pas seulement d’une suggestion polie, mais d’un commandement.

Etant gosse, il y avait une série télé au titre accrocheur de « mission impossible », il a eu plusieurs renaissances. Mais c’était tellement impossible, que ça devenait lassant et qu’on allait s’occuper à autre chose, n’importe quoi. Ce que nous demande le Seigneur paraît parfois encore plus qu’impossible. En certaines situations, le mur de l’impossible paraît si élevé et fait tellement d’ombre qu’on ne voit plus le soleil.

Alors, suivre Jésus est-ce vraiment mission impossible ? J’ai été bien emprunté hier en relisant ces textes, tant on n’a pas envie de passer par là et parfois de transmettre le message… Vous pouvez énumérer en vous-mêmes certaines situations, certaines révoltes, de ces rognes qui durent éternellement et renaissent sans fin. Nous pouvons bien égrener les vertus théologales et cardinales,  ça ne suffit pas. Nous avons besoin de quelqu’un pour nous aider, et il nous faut aller le chercher au fond de notre cœur pour que nous prenne par la main celui qui nous a touché par son onction. Le pape François nous offre de belles méditations sur l’espérance en cette année sainte, une des vertus théologales justement. Il nous donne l’impression de nous laisser un peu seul avec sa maladie. Mais pourquoi ne pas essayer à  cette occasion de nous rappeler que le Seigneur lui-même est bien au-dedans de nous.

Des recettes simples, devant les obstacles nous doutons qu’il y en ait et nous songeons plutôt à refermer la main et à nous protéger. Le Seigneur n’a pas manifesté une humeur toujours égale, il a eu des émotions. Il s’est fâché devant les réactions de ses apôtres ; au jardin des oliviers, il a demandé que la coupe s’éloigne de lui et il a fait des reproches à ses accusateurs.

La vie spirituelle a quelque chose d’analogue à une mission impossible, mais nous avons reçu l’Esprit-Saint. Nous sommes faits d’argile, mais par l’Esprit nous pouvons être transformés à l’image de celui qui vient du ciel, nous a dit Saint Paul.

Je dois tout de même aller nous chercher un bon auteur pour venir à notre secours. A ceux qui sont venus cette semaine, j’ai déjà mentionné une fois Maurice Zundel dont Marc Donzé vient de publier le 8ème volume des œuvres compètes : La joie d’exister. Il nous y dit notamment, qu’il nous est impossible de subsister sans emprunter au monde les énergies qui entretiennent notre vie. Nous ne pouvons y vivre sans prendre de risques et faire des découvertes. Il suffit de voir des tout petits en prendre pour découvrir et s’approprier le monde et même le construire. Alors pourquoi nous-mêmes ne pas essayer de partir à la découverte de notre monde intérieur ou peut-être dans notre monde intérieur, de celui qui y est déjà présent. Il faut beaucoup lâcher pour avancer et souvent être lâché par nos appuis pour découvrir celui qui nous attend. Nous sommes appelés à une désappropriation. Nous sommes appelés à découvrir un Dieu unique mais non solitaire, un Dieu qui est charité, amour au niveau de sa vie propre. Une communion d’amour est le secret de sa sainteté. C’est une désappropriation radicale qui est au cœur de la vie divine. Elle justifie toutes les prises de risques, y compris lorsque nous y sommes forcés, obligés de sortir de notre zone de confort ou en être jeté dehors par les circonstances de la vie. Jésus vient nous guérir de notre moi, fermé sur soi et faire éclore le moi qui se donne, le moi oblatif.

C’est ainsi que nous sommes invités à la table de ce festin.

Au collège, quelques camarades bon chanteurs avaient montés une composition cruelle de leur cru où ils  nous passaient presque tous en revue… avec un verset piquant ou un refrain : « combien difficile est son amour » (éternel est son amour...). Je ne sais pas si les malheureuses victimes ont pu se dépasser et rectifier la position. Mais le tout autre vient bien nous prendre par la main.

Nous avons une Mère au ciel, qui est la Sainte Mère de Dieu, dit le Pape François. Afin qu’elle nous enseigne la vertu de l’attente, même quand tout apparaît privé de sens: elle semble confiante dans le mystère de Dieu, même quand il semble s’éclipser à cause du mal du monde. Que dans les moments de difficultés, Marie, la Mère que Jésus nous a offerte à tous, puisse toujours soutenir nos pas, puisse toujours dire à notre cœur: «Lève-toi! Regarde de l’avant, regarde l’horizon», parce qu’Elle est Mère de l’espérance. Amen.


dimanche 9 février 2025

Une pêche miraculeuse hier oui, mais aujourd'hui?

 


9 février 2025 - 5ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine I du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

 

Chers frères et sœurs, chers amis,

Comment recevons-nous ces textes ? Viens Esprit-Saint en nos cœurs… O Saint-Esprit donne-nous des idées… Il va, il vient, il prend une monture et en change, il change de   porte-voix… En cherchant des idées hier, je suis allé sur le site de l’Eglise en France et j’ai constaté qu’un fournisseur connu de pistes d’homélies était parti vers le ciel. Le  Père Jacques Fournier, 99 ans, 76 de sacerdoce, c’est pas mal. Mais je ne sais pas si j’arriverai encore vous faire souffrir 29 ans. Mon baudet va continuer aussi longtemps que Dieu voudra.

C’est bien le Seigneur qui s’adresse à nous dans l’Ecriture aujourd’hui. Il s’évertue à prêcher avec des paraboles dont il ne donne volontairement pas tout le sens. Le début de notre Evangile paraissait un bricolage effectué par ceux qui nous ont préparé les lectures dominicales. On met fréquemment une petite phrase pour amener le reste de la lecture, un incipit. Mais ce n’est pas cela, il s’agit bien du texte de saint Luc. Les Apôtres et Pierre, le patron, sont revenus bredouille de la pêche.

Quand il faut gagner sa vie, cela fait problème, surtout sans assurance chômage. Pierre paraît bougon. Autant être sympa et rendre service. Que pense Pierre ? Peut-être qu’il vaut mieux écouter un sermon et méditer sur les fins dernières. Leur souci sera perceptible ailleurs dans les évangiles. Ils seront encore préoccupés de trouver du pain même après une multiplication des pains. Il n’est pas difficile de se mettre à leur place. Qui d’entre nous ne l’est pas en voyant s’accumuler les factures et en songeant aux frais d’avocat?

Le Seigneur va lui donner une leçon d’espérance et de foi, par le biais d’un miracle. Pierre est effaré par sa nouvelle pêche, après le sermon. Il lui avait fait confiance sans grand espoir… « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Le Seigneur lui demande de passer d’un espoir, d’une probabilité, à l’espérance qui vise le royaume, qui est une ancre jetée au-delà du visible en Dieu. Il lui demande de croire en lui. Pour tirer sur cette ancre et passer au-delà du voile, il faut la force de l’amour. Le Seigneur va l’aider et nous aider à y parvenir en tirant sur cette fameuse chaîne. Il le fait à côté de nous, en nous et depuis le cœur de la Trinité. L’image parle d’elle-même.

Nous comprenons facilement la crainte et l’effroi de Simon-Pierre devant  ces deux barques pleines à raz-bord. Le lien  n’est pas trop difficile avec la première lecture. Elle  exprime le sentiment qui traverse Isaïe devant l’apparition de Dieu dans le Temple. Il lui apparaît sous l’aspect d’un souverain oriental, plutôt impressionnant, même écrasant… Cela provoque en lui la crainte, une sainte crainte. Dieu apparaît comme le tout autre, celui qui est tout-puissant, saint et parfait. Voilà qu’il  purifie le prophète, sans mérite de sa part : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » « Qui ira pour nous ? » traduit Chouraqui. Voilà, dans le livre d’Isaïe, un pluriel dans le Dieu unique qui interpelle. Comment Dieu peut-il être un et plusieurs ? Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

Nous pouvons faire un parallèle entre cette lecture, l’émoi des Apôtres à la résurrection et notre Evangile : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Pierre va annoncer la Bonne Nouvelle. Ne crains pas, Me phobou, les mêmes mots que l’ange adresse à Marie. Elle n’a pas besoin de purification aux yeux de Dieu, la pleine de grâce. Mais elle est saisie par une sainte crainte.

Nous pouvons nous interroger sur le contraste avec ce que nous vivons aujourd’hui, où paraît prédominer une certaine indifférence, donc un amour du Christ édulcoré, apparemment. Faut-il se contenter d’avaler quelques calmants ? Aspirer à une pêche miraculeuse ? Certainement.  La question n’interpelle pas que moi. Il y a 2 semaines, un ami de jeunesse que j’avais connu à Fribourg jeune professeur de théologie et accompagnateur spirituel, voici presque 50 ans, le cardinal Schönborn, a pu enfin prendre congé de son siège de Vienne à 80 ans. Il a été secrétaire de la commission de création du catéchisme de Jean-Paul II. C’est quelqu’un qui écoute beaucoup, qui est amical et très ouvert. Dans son homélie d’au revoir il a dit notamment ceci :  « Aujourd'hui, je ressens particulièrement douloureux le contraste entre la joyeuse fête d'action de grâce que nous célébrons et le grand adieu que tant de personnes dans notre pays disent, la plupart en silence, à l'Église, rien qu'en 2023, ils étaient 85 000 ! Je me demande donc : à quoi ressemble une évaluation honnête de mes trois décennies de service ? »

Je crois que dans le Jura, d’après ce que j’entends, il y a aussi un problème à ce niveau. Le Cardinal Schönborn a quelques espérances lorsqu’il entend les plus jeunes. Je ne sais pas s’il table sur le traditionnel esprit de contradiction qui règne entre les générations, ce peut être un bon moteur.

Ne devrions-nous pas prier nous-mêmes pour obtenir du Seigneur des pêches miraculeuses ? Les poissons de Pierre sont tirés des profondeurs pour aller vers la lumière. L’image est classique. Aller vers la lumière de Dieu, y entrer et la partager, nous y sommes tous appelés. Je crois qu’après avoir parcouru un certain nombre d’années, lorsque nous devons trop nous bagarrer avec la dernière version windows  ou les 2 commandes de la télé, plus celle de la vidéo, nous percevons facilement que le bonheur ne réside pas là, dans l’hypnose médiatique, ni dans l’intelligence artificielle, américaine, chinoise ou autre. Une personne humaine a une valeur en elle-même. Je me suis amusé l’autre jour en voyant qu’une analyse génétique permettait de remonter éventuellement à je ne sais combien de millénaire en arrière, dans nos lignées généalogiques. Mais n’est-il pas encore plus intéressant de se dire qu’une personne humaine, depuis les origines et quelle que soit ses connaissances technologiques est capable de rencontrer le Seigneur, d’entendre la Bonne Nouvelle et de voir Dieu. Ce qui est le plus important pour nous et pour tout homme est ce qu’il y a devant nous… Dire notre foi, oui, en témoigner, mais aussi témoigner de notre espérance et de l’amour qui nous habite et nous conduit. Encore oui ! Et plus encore. Est-ce qu’il y aura encore des messagers de l’espérance parmi nous pour témoigner auprès des plus jeunes que nous voulons voir Dieu nous aussi et nous avec eux. Facile à dire, mais comme disent les psychologues, vous avez de la ressource. Courage !

Marie portant Jésus en elle avait parcouru les montagnes de Galilée pour rendre service à Elisabeth ! Toutes les deux ont été capables de témoigner de leur espérance ! Notre-Dame de la Sainte Espérance priez pour nous !

 

dimanche 12 janvier 2025

Le Baptême du Christ

Atelier Saint-André

 12 janvier 2025  Le Baptême du Seigneur — Année C Fête

Lectures de la messe
Première lecture« La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra »Is 40, 1-5.9-11
Psaume Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !Ps 103 (104), 1c-3a,...
Deuxième lecture« Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvel...Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7
Évangile « Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit »Lc 3, 15-16.21-22


Chers Frères et Sœurs,

Un petit récapitulatif pour entrer en matière… Jésus a été annoncé par les prophètes. Les anges se sont mis de la partie, les bergers également et même une étoile qui a guidé les mages. Anne et Syméon ont prophétisé sur lui. Nous avons parcouru les mystères de l’Enfance relativement vite, puisque nous en sommes au baptême de Jésus et au début de son ministère public. Cette théophanie, cette manifestation de Dieu au monde et donc aussi cette Epiphanie nous interpelle. 

Le baptême de Jésus. Adulte, nous touche parce qu’il nous fait penser au nôtre. Le pape François nous demande régulièrement de nous le rappeler. Habituellement nous avons presque une larme d’émotion, en songeant que nous avions quelques petits kilos, pas trop… Nous avons nos photos, et nous nous remémorons notre parcours : toutes les grandes choses et bêtises que nous avons pu accomplir, nos maladies, nos accidents, nos cicatrices de toutes natures. Nous alignons les différences et les concordances avec les projets, les espérances et les rêves de nos parents. Il y avait les yeux de l’un, les pieds de la maman, un défaut de fabrication de telle branche familiale, etc… et des qualités en attente. Avec de tels yeux, il allait peut-être devenir astro-physicien, mais surtout pas poète. Nous constatons aujourd’hui une recrudescence remarquable du baptême d’adultes, basée sur un argumentaire qui nous fait peut-être penser que l’espérance et la foi ont subi un coup de frein. Il y a bien 40  ans, j’avais assisté au baptême d’un bébé à la manière orientale. Les dames contrôlaient la température avec le coude… c’était charmant. Il m’a fait effectuer un rapprochement avec d’autres mamans qui apprennent parfois à leurs bébés à nager dans les piscines chauffées. Ils regardent avec des yeux ronds en faisant risette…  Pourquoi pas alors ne pas risquer de leur apprendre à nager dans l’eau de leur baptême, je veux dire à  vivre en chrétien ? Il est moins invraisemblable de croire aujourd’hui en un au-delà du visible qu’hier. Il suffit de ne pas se laisser mettre la tête dans le sac du prêt à penser des idéologies contemporaines. Dieu, nous attend toujours à un détour du chemin parce qu’il nous aime.

Le baptême de Jésus, est mentionné dans les 4 Evangiles. Il l’est de manière relativement brève, presque allusive et nous percevons cet élément chez saint Luc. Si vous avez eu le courage de préparer votre Evangile d’aujourd’hui, ne serait-ce qu’avec la version en ligne de l’AELF, vous aurez constaté qu’il est constitué de deux passages découpés et rapprochés de ce chapitre 3 qui ouvre le ministère de Jésus.

Il nous présente au préalable, le ministère de Jean et son martyre, puis vient la longue liste des ancêtres de Joseph qu’on pensait être le père de Jésus et qui l’avait introduit dans la famille de David. Au baptême de Jésus, on entend la voix du Père, et l’Esprit sous la forme d’une colombe vient reposer sur lui. Il s’agit bien d’une manifestation de la Trinité, de Dieu un et trois. 

Il est mystérieux de voir Jésus demander le baptême de Jean, alors qu’étant Fils de Dieu, il n’a aucunement besoin d’un baptême de conversion. Nous pouvons y voir un acte de solidarité avec notre humanité et l’annonce de sa mission. Il ouvre la voie comme Moïse à travers la mer rouge pour que nous puissions parvenir à l’autre rive. Mais à la différence de cet événement commenté par les Pères de l’Eglise, il fait plus encore, il pénètre dans les eaux et se laisse submerger pour en ressortir. Nous n’avons aucune peine à reconnaître dans cette symbolique, l’annonce de sa mort et de sa résurrection. Les Pères disent aussi que toutes les eaux sont rendues saintes et moyen de sanctification, parce que le Seigneur y pénètre. Il purifie toutes les eaux. Proclus de Constantinople nous disait mardi à l’Office des lectures : Il a sanctifié les sources des eaux et il a illuminé les âmes des hommes. Aujourd’hui, la terre et la mer se sont partagé la grâce du Sauveur, et le monde entier a été comblé de joie ; et la fête d’aujourd’hui montre un surcroît de merveilles. Aujourd’hui, c’est la mer qui se réjouit hautement ; elle se réjouit de ce que, par l’intermédiaire du Jourdain, elle a reçu la bénédiction qui la sanctifie.

Nous pouvons relever que le Jourdain, se jette dans la mer morte. Ces eaux deviennent donc salubres... Ce qui est tout un symbole. La grâce venant du Christ peut tout

Saint Luc a une particularité, il mentionne que Jésus se met en prière après son baptême et que c’est alors que l’Esprit vient sur lui. Son Esprit nous est destiné à tous lorsqu’il remontera vers son Père et nous l’enverra à la Pentecôte. Il est l’Esprit qui nous fera ressusciter au dernier jour, comme Jésus. Dans la bulle d’indiction du Jubilé, le Pape François nous dit que « L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le Baptême, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée » [15] pour toujours. Dans le Baptême, en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité. »

Pendant cette année Jubilaire, si vous avez du temps en ayant fait vos courses déjà le vendredi, vous pouvez ouvrir votre télé ou votre internet, le Pape va faire une audience le samedi… Il aide les prédicateurs du dimanche qui pourront vous faire un replay éventuel ! Il parle et parlera de l’espérance, et pas seulement d’espoir qui est un pari sur une possibilité positive.

L’espérance a-t-il dit hier, est une vertu théologale. Et en latin, virtus signifie « force ». L’espérance est une force qui vient de Dieu. L’espérance n’est pas une habitude ou un trait de caractère – que l’on possède ou non – mais une force qu’il faut demander. C'est pourquoi nous devenons pèlerins : nous venons demander un don, pour recommencer le chemin de la vie.

Le refrain sera « tout recommencer »…  Jésus nous montre la nouvelle voie, celle des Béatitudes, qui sont la loi surprenante de l’Évangile. On se demande alors : est-ce que j’ai en moi un véritable désir de recommencer ? Pensez-y, chacun de vous : au fond de moi, est-ce que j’ai envie de tout recommencer ? Est-ce que je veux apprendre de Jésus qui est vraiment grand ? Le plus petit, dans le Royaume de Dieu, est grand. Parce qu’il faut… [Tous : « Tout recommencer ! »].

Notre-Dame de la Sainte Espérance priez pour nous. Amen


dimanche 5 janvier 2025

L'Epiphanie

 

Source

Dans le temple de Courtelary, une épiphanie avait été découverte dans cette ancienne église romane locale en 1930. Elle est du XIVe siècle. Saint Imier est représenté avec son griffon sur la droite. 

5 janvier 2025  L'Épiphanie du Seigneur — Année C Solennité

Lectures de la messe

Première lecture« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi »Is 60, 1-6

Psaume Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.Ps 71 (72), 1-2, 7-...

Deuxième lecture « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héri...Ep 3, 2-3a.5-6

Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi Mt 2, 1-12

Chers Frères et Sœurs,

Nous nous rappelons qu’Epiphanie signifie manifestation. Le Christ est aujourd’hui manifesté au monde, aux nations. Dans la nuit de Bethléem, les anges l’avaient annoncé aux bergers durant la nuit. Ils étaient les petits de la maison d’Israël. Les mages se rendant à la crèche représentent tous les peuples de la terre. Nous aurions peut-être attendu cet épisode de l’enfance chez Saint Luc, plus tourné vers l’annonce de la Bonne Nouvelle aux nations. Il procède différemment. Dans la liturgie, sous ce vocable sont regroupés trois moments de la vie de Jésus : La venue des mages et leur adoration, son baptême et Cana. Dans le vécu l’Epiphanie est plutôt un moment de joie pour les enfants, à voir ce qui se passe en Valais et ailleurs.  Ayant célébré dans un petit village du Jura Bernois, Courtelary, célèbre aujourd’hui pour son chocolat, je me suis rappelé que le temple de ce village, à l’origine église romane, contient une fresque de l’adoration des mages. Elle avait été redécouverte lors d’une restauration aux environs de 1930, avec celle d’un Saint ermite local, Imier. Il s’était réfugié au désert du Jura Sud, depuis l’Ajoie pour fuir une dame trop amoureuse.  Je voudrais en venir au fait que nous pourrions nous aussi essayer de redécouvrir le sens de la venue des mages aujourd’hui, en n’en restant pas au seul joyeux folklore. 

La joie doit demeurer, mais quelle joie en premier lieu ? Celle de pouvoir rencontrer le Seigneur notre lumière après avoir suivi l’étoile présente en nous. L’étoile disparaît lorsque le soleil se met à briller. Ce soleil, cette lumière, est un petit berger qui est là et qui doit nous conduire vers le Royaume. Il est le vrai soleil invaincu, célébré dans la Rome païenne en ce temps de l’année. Lorsque naît un petit enfant, chacun se réjouit de voir les sourires, les yeux qui rient. Les mages que l’on s’imagine comme étant de savants astrologues de l’époque, venus d’Arabie ou d’Iran, sont devenus des sortes de rois représentant toutes les nations, et toutes les races. Melchior, Gaspard et Balthasar se présent avec trois cadeaux,  l’or pour la royauté, l’encens pour la divinité et la myrrhe pour annoncer son ensevelissement. Le parcours implicite et l’alliance de ces éléments sont surprenants. Comment peut-on mêler, le pouvoir, la divinité et la mort ? Le mélange paraît incompatible. N’est-ce pas parce que cet enfant vient proposer un chemin mystérieux à tous et même insupportable. Son message va remettre en cause toute la perception  des valeurs de ce temps-là et la nôtre, et celle de tous les temps. Il est le vrai soleil invaincu qui reprend la vie qu’il déposera. 

Hérode s’est senti menacé dans son autorité, il a voulu faire périr ce concurrent potentiel dangereux, nous connaissons la suite. Les prêtres et les scribes qui avaient la connaissance des Écritures l’ont renseigné et deviendront les principaux obstacles à son message. Mais vouloir saisir un rayon de lumière dans sa main, enfermer le soleil dans sa main, est-ce possible ? Pouvons-nous prétendre être les propriétaires de la révélation et l’enfermer dans un système et une manière de penser aujourd’hui ? La foi est fondamentale, certes, mais l’Esprit n’est-il pas libre d’aller où il veut ? Il va toujours de l’avant et nous demande une certaine souplesse intérieure et donc la confiance.

Le nombre trois est aimé par l’Eglise en raison de la Trinité. Il est mis en évidence avec les trois mages qui apportent trois cadeaux, nous pouvons envisager aussi trois pèlerinages, en cette année Sainte. Un pèlerinage à la suite de l’étoile, un pèlerinage en nous-mêmes à la recherche de la lumière et un pèlerinage auprès de notre plus proche voisin. Ces trois pèlerinages nécessitent de cultiver l’espérance. Elle nous permet de toucher un but que nous n’avons pas encore atteint. Cet enfant sur les genoux de sa mère va nous permettre de l’atteindre. Ce but, c’est l’entrée dans la communion avec son Père, dans la vie trinitaire, c’est voir Dieu. Nous y songeons de plus en plus fréquemment lorsque passent nos années et que décroissent nos forces.

Un regain d’espérance, nous est donné lorsque nous remarquons que les vieux  systèmes d’athéisme pratique ont été remis en question, par l’étude sur la nature de la matière et son origine. La complexité du monde qui nous entoure et la nôtre devraient nous interpeller. Comment ne peut-il pas y avoir quelque chose, un au-delà du visible ? Pourquoi ne pas imiter les mages qui recherchaient la vérité et observaient le ciel ? C’était à leur manière, certes.

Le pape François nous invite à parcourir les chemins de l’espérance cette année. Nous avons reçu une sorte de petit moteur spirituel à 3 temps que sont les trois vertus : la foi, l’espérance et la charité. A propos de nos 3 rois mages, une histoire  raconte qu’en retournant chez eux, l’enfant leur offrit 3 cadeaux spirituels, ces trois vertus qu’ils devaient transmettre autour d’eux : La foi, l’espérance et la charité. Ce fut Melchior qui hérita plus particulièrement de l’espérance qu’il devait ramener en Europe. Elle en avait besoin pour trouver un peu de lumière en raison des idéologies ambiantes. 

Le Valais se rend dans sa cathédrale et à Rome pour ce pèlerinage d’année sainte, à Einsiedeln aussi. Si vous remontez du côté du diocèse de Bâle, il y a plus de possibilités dont la chapelle du Vorbourg… Un peu d’originalité, il en faut. 

Comme nous sommes proches du lac, je mentionne symbole particulier pour les lacustres, il s’agit de l’ancre. Port-Valais en a une dans ses armes communales, d’ailleurs. Le Pape François cette ancre dans son message. « L’espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur » (He 6, 18-20).  « Dans le dynamisme inséparable des trois vertus théologales, l’espérance est celle qui oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante. « Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Rm 12, 12). Que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. »  Autrement dit, ne négligeons surtout le pèlerinage vers notre plus proche voisin pour ranimer son espérance. C’est le pèlerinage qui peut donner le plus de fruits. Notre-Dame de la Sainte Espérance priez pour nous. Amen.


mercredi 1 janvier 2025

Mère tu es où? Mais non ! Meter Tou Theou !

 


1 janvier 2025  Sainte Marie, Mère de Dieu —  Solennité

Lectures de la messe

Première lecture« Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénira...Nb 6, 22-27

Psaume Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse !Ps 66 (67), 2-3, 5,...

Deuxième lecture« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme »Ga 4, 4-7

Évangile« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arri...

Chers Frères et Sœurs,

Célébrant  la journée mondiale de la paix, en ce 1er Janvier, vous me permettrez de rappeler qu’elle est due, depuis 1968, à l’initiative du Pape Paul VI sur une idée de Raoul Follereau. C’est donc la 58ème. Nous fêtons Marie Mère de Dieu. Le 8ème jour après la naissance de Jésus est aussi celui de sa circoncision.

Le titre de Marie Mère de Dieu, veut dire que Marie est mère de Jésus qui est Dieu et homme. Une inscription en grec le rappelle presque toujours sur les icônes, sous forme abrégée. Meter Theou, Mère de Dieu. Ce titre lui vient du concile d’Ephèse.

En ce premier jour de l’année nous remercions Marie de nous apporter cette grande lumière de l’espérance qu’est son Fils. Dieu devenu aussi homme ne peut que nous surprendre et encourager sur notre chemin. Il donne un sens à ce que nous vivons, non seulement dans notre esprit, mais avec notre corps qui est une partie de nous… Nous ne sommes pas que des esprits égarés dans un peu de matière plus ou moins performante. Elle devient de plus en plus limitée avec le temps qui passe, ce qui n’échappe à personne.

Résumer ce que les messages que le pape François nous adresse  avec le fleuve des publications vaticanes est relativement difficile. Il parle beaucoup d’espérance dans le contexte de cette Année Sainte. Qu’est-ce que l’espérance ? Une vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. Voilà pour le rappel synthétique du catéchisme.

Une exploration sur le site du Vatican montre que durant les derniers pontificats, les papes parlent de plus en plus de l’espérance depuis Paul VI. Benoît XVI dont nous faisions mémoire du décès hier, la mentionne 1408 fois, ô surprise, François 980 pour le moment… Je vous laisse consulter.

Avec l’espérance, il  faut viser au loin pour atteindre des buts rapprochés, sinon c’est le croche-pied spirituel ou la balle dans le pied diraient certains : « Lorsqu’une personne ignore le lien qui l’unit au Père, écrit le pape, elle pense que les relations avec les autres peuvent être régies par une logique d’exploitation où le plus fort prétend avoir le droit d’empiéter sur le plus faible. » Dans sa lettre pour cette journée mondiale de la paix, le pape François met en particulier le doigt sur les inégalités économiques.

L’événement jubilaire écrit-il, nous invite à entreprendre des changements pour affronter la situation présente d’injustice et d’inégalité, en nous rappelant que les biens de la terre sont destinés non seulement à quelques privilégiés, mais à tous.

Pourquoi a-t-il a choisi le thème Pèlerins d’espérance pour l’année Sainte ? « Nous devons, dit-il, garder allumée la flamme de l’espérance qui nous a été donnée, et tout faire pour que chacun retrouve la force et la certitude de regarder l’avenir avec un esprit ouvert, un cœur confiant et une intelligence clairvoyante. Le but du Jubilé est de favoriser grandement la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance, comme signe d’une renaissance renouvelée dont nous ressentons tous l’urgence. »  

L’espérance, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix . C’est en effet l’Esprit Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : Il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu.

Qui dit espérance, dit aussi patience… Un pèlerin, doit marcher, savoir aussi attendre. Il faut s'encourager et encourager, parfois chanter, parfois se taire, écouter ce que l’Esprit-Saint peut suggérer. Nous avons des lieux d’exercice. On peut aller à Compostelle, faire la via Francigena ou d’autres. Le Jura pastoral organise une série de marches avec des distances modérées tout le long de cette année. Vous pouvez facilement vous informer.  Quant aux portes saintes, aux églises et chapelles de cette année sainte, elles ne manquent pas pour obtenir la grâce du pèlerinage. De la chapelle du Vorbourg, à Soleure, Mariastein et même Berne en n’oubliant pas Einsiedeln  et surtout pas Rome avec la porte de notre diocèse. Mais ne négligeons pas le pèlerinage vers le plus proche prochain.

Mgr Felix, dimanche, a encouragé les fidèles à agir avec espérance. Nous sommes appelés à la sainteté et « Saint »,  signifie être racheté en Jésus-Christ. « Pèlerinage » signifie regarder devant, aller de l’avant. Les pèlerins de l’espérance n’attendent pas que les autres bougent, ils font eux-mêmes le premier pas.

Une autre invitation pour conclure : Celle de Regarder Marie mère d’espérance. Depuis l’Annonciation, jusqu’à la résurrection, elle a su faire confiance, montrer ses qualités de discernement et de patience, jusque dans les premiers jours de l’Eglise et lors de ses premiers. Elle a été  mère d’espérance, et accompagnatrice au milieu de cette communauté de disciples si fragiles, même  avec l’aide du Saint-Esprit. Elle est encore là avec nous aujourd’hui pour nous accompagner durant notre pèlerinage.

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, Mère de Dieu, notre vie, notre douceur, notre espérance. Amen !

dimanche 29 décembre 2024

Qui lui a-t-il dit que Dieu était son Père?

 

Icône d'Elisabeth Lamour

29 décembre 2024

 La Sainte Famille — Année C — Fête

Lectures de la messe

Première lecture« Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa v...1 S 1, 20-22.24-28

Psaume Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !Ps 83 (84), 2-3, 5-6...

Deuxième lecture« Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes »1 Jn 3, 1-2.21-24

Évangile « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi ...Lc 2, 41-52

Chers Frères et sœurs,

Les Evangiles pour la Fête de la Sainte Famille donnent l’impression d’être des Evangiles à soucis. Ils donnent de la famille une image qui diffère d’un portrait publicitaire typique de la famille idéale des années 1950. Les Evangiles changent pour chaque cycle liturgique, A B et C. Le Cycle A nous raconte la fuite en Egypte. Pour l’Année B, Syméon qui accueille Jésus et sa famille au Temple loue le Seigneur en reconnaissant le Messie dans l’enfant, mais il prophétise à Marie qu’un glaive de douleur lui transpercera le cœur.

Nous arrivons enfin à l’Evangile d’aujourd’hui avec ce mystère joyeux qu’est le recouvrement au Temple. Il centre l’attention sur Jésus adolescent. Mais avec quelle angoisse préalable ! : « Ne trouvant pas Jésus dans la caravane de retour, Joseph et Marie retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher. » Jésus adolescent en faisait-il aussi de belles ? Il n’y avait pas d’alertes enlèvement à l’époque. Joseph et Marie qui paraissaient laisser une certaine liberté à Jésus sont inquiets. Les pauvres ont perdu le Messie, et ils ne comprennent pas ce qui se passe. Lui, le très obéissant, qui est la Sagesse en personne, est resté au Temple sans prévenir personne. Il paraît avoir été comme captivé par l’environnement et surtout la parole de Dieu.

« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

La réponse qu’il fait à Joseph et à Marie, les stupéfie à un tel point que nous pourrions nous demander (interprétation personnelle) s’ils ne lui avaient pas parlé du mystère de sa conception et de sa naissance. Pourquoi pas ? De son côté, a-t-il lui aussi tenu secret son dialogue avec son Père ? Mais nous dit l’Evangile, il retourna avec ses parents à Nazareth et il leur était soumis.

Les parents connaissent toute la problématique des ados qui sont en construction, le cerveau grandit et se développe, les hormones provoquent joie et exubérance, l’imagination construit et explore de nouveaux modèles. Ils cherchent leur voie. Ils interpellent, parfois il y a de la déprime. C’est une période où les parents doivent devenir encore plus pédagogues et dialoguer. Le travail ne manque pas aux enseignants. Il est certainement passionnant de participer à ce développement du vivant.

Au spirituel, le modèle familial peut-être envisagé comme une image de la vie trinitaire. Le Christ vient révéler la nature trinitaire de Dieu. Il n’est pas solitaire, mais comme lieu d’amour, d’échange, de don, dans l’unité.

Maurice Zundel nous dit que « la Trinité est le pôle surnaturel de la famille: elle est éternelle communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est par là que la famille s’ouvre, c’est par là qu’elle devient universelle: chacun de ses membres n’est plus crispé sur soi. Il est en état de communion avec les autres, il est offert aux autres. Il est tout tendu vers le bonheur des autres. Il  s’agit de voir dans le concret le rayonnement de cette vie trinitaire. » La famille humaine même si elle nous aide à approcher du mystère de Dieu est toutefois limitée par notre espace-temps.

Ce modèle de petite famille humaine, veut nous faire méditer sur sa source vitale, l’amour. Il nous conduit chacun vers sa source et la rencontre avec ce Dieu un et trois. N’est-ce pas une des leçons que nous a donnée Anne. L’enfant qu’elle a demandé et obtenu n’est pas sa propriété, il est un don de Dieu. La vie lui a été donnée  pour  rejoindre et être rejoint par le Seigneur.  Il appartient à Dieu, il lui  est consacré. C’est la mission des parents que de participer ainsi à la construction du Royaume qui s’achève dans cette rencontre et dans la communion avec nos frères et la création.

Alors que nous sommes en chemin, le moteur qui nous rapproche de Dieu est actionné en chacun de nous  par la foi, l’espérance et la charité. Au final il ne restera que la charité puisque nous verrons Dieu et serons en Lui.

« L’espérance » sur laquelle le pape François nous invite à méditer cette année nous est très précieuse alors que nous sommes en chemin. Le Pape Benoît est celui qui en a le plus parlé. Lorsque nous voyons le Seigneur rechercher la demeure de son Père et vouloir y demeurer avec son humanité, cela doit nous intriguer. Alors qu’il est Dieu, il doit avancer avec son corps dans une certaine obscurité, accepter des limites et construire son intelligence humaine, dans l’amour. « La plus belle source d’espérance, c’est la faiblesse de Jésus-Christ dit un auteur. Si nous ne voulons pas désespérer, nous n’avons qu’à nous réfugier dans la faiblesse de Jésus. » Lui, a voulu donner du temps au temps : Donner du temps au temps pour toucher et rejoindre son Père avec et dans toute son humanité… mais accepter aussi de remettre entre ses mains ce qu’il avait patiemment construit avec l’aide de ses parents et de ceux dont il a voulu se faire accompagner. Il avait une forme d’espérance (cf 2a 2ae, Q.18).  

L’espérance, nous dit le pape, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix. Réconciliés, nous serons sauvés en ayant part à sa vie (Rm 5, 10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence avec le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu. Elle est animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas seulement de calcul de probabilité à la manière de Pascal, ou d’un espoir qui serait une consolation pour naïfs et pour sots. Mais d’un don de Dieu, une force, une vertu provenant du Christ.

Pourquoi le pape François invite-t-il à un pèlerinage? « De l’entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. » Le meilleur argument en faveur des pèlerinages est que Jésus avec sa famille en a fait. Le don de sa vie et sa résurrection seront en quelque sorte le couronnement du dernier à Jérusalem.

L’espérance, donc soutient l’effort du croyant dans sa marche. Nous devons “déborder d’espérance” (cf. Rm 15, 13) pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent.

L’espérance trouve dans Marie, la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie. Comme toute maman, chaque fois qu’elle regardait son Fils, elle pensait à son avenir. Mais dans son cœur restaient gravées les paroles que Siméon lui avait adressées dans le temple. Marie devenait ainsi et aussi notre Mère, la Mère de l’espérance. Ave Maris Stella. Salut à toi, Marie, étoile de la mer. Amen.


dimanche 15 décembre 2024

Joyeuse Nouvelle au désert

 


 15 décembre 2024 - 3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete (semaine III du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

    Première lecture « Le Seigneur exultera pour toi et se réjouira » So 3, 14-18a
    Cantique Jubile, crie de joie,
    car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. Is 12, 2-3, 4bcde, 5...
    Deuxième lecture « Le Seigneur est proche » Ph 4, 4-7
    Évangile « Que devons-nous faire ? » Lc 3, 10-18
 

 Chers Frères et Sœurs,

Ce dimanche est centré sur la joie, mais vous aurez remarqué que le mot n’est pas présent dans notre évangile tiré de saint Luc. Pourtant Jean-Baptiste est l’ami de l’époux. Il est celui qui doit diminuer et même s’effacer devant l’époux qui est son cousin. Nous sommes touchés par le message de Jean. D’abord parce qu’il est si semblable à celui du Seigneur.
On lui donne un titre qui sera adressé à Jésus, celui de Maître : « Maître, que devons-nous faire ? » On croirait entendre le dialogue avec le jeune homme riche  qui viendra demander au « Bon Maître » ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui demande de respecter la loi de Moïse. Il le fait déjà… Jésus lui dira : « Il te manque encore une chose: vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi. » Il ne s’agit pas seulement d’un amour abstrait, mais d’adhésion à une personne. Il veut nous mener à la perfection, à la perfection du culte, de l’adoration, et à la joie dans la plénitude de la rencontre parfaite.
N'est-ce pas un signal, non seulement pour le Peuple Juif, mais pour les hommes de toutes les nations et de tous les temps. Tous les chercheurs de vérité nous annoncent le Christ aussi aujourd’hui. Nous pouvons prier pour ceux qui la défendent des manipulations. Dieu se révèle progressivement à tous les hommes, dans leur culture.
Toutefois, il vient le faire en s’incarnant dans un peuple insignifiant qu’il a préparé. Il le fait en plénitude dans la personne de son Fils. Il va non seulement permettre  « une » rencontre avec son Fils, mais permettre la rencontre par excellence. Non seulement il n’est pas une théorie, mais il y a en lui la plénitude de la vérité sur Dieu, il est Vérité. La Vérité n’est pas seulement une donnée et une connaissance abstraite, elle est une personne (selon une expression de Maurice Zundel). Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Il est la manifestation de l’amour du Père pour tous les hommes. Il a une identité.
Pour prendre une image, vous avez certainement déjà remarqué qu’on nous oblige à prendre une vilaine tête sur nos photos de documents officiels. Parfois le résultat fait peur. On en vient à se demander si la personne n’a pas été mordue par une bête malade. Jésus vient à nous non pas en faisant peur et pour faire peur, mais en fils aimant de son Père. Il vient en tant que Dieu, mais en Dieu caché, en Homme, en Personne qui aime. Il ne vient pas comme un roi oriental bien armé, mais en Homme pauvre, doux et humble de cœur. Nous ne pouvons détecter son identité que par le cœur, depuis son incarnation dans le sein de Marie, jusque sur les routes de Palestine, dans la parole de ses disciples, dans les Ecritures et l’Eucharistie aujourd’hui. Dieu qui se rend présent dans la matière et s’y révèle, cela doit nous interpeller. En relisant  quelques passages de Teilhard de Chardin, ces jours, on peut se laisser interroger par les représentations de la présence du divin qu’il pense y percevoir et ce fameux point Oméga. Les papes Benoît et François le citent : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle» (Laudato si no 83).
Où cela doit-il mener ? A la joie, certes. Quelle joie ? La joie est bien présente dans l’Ancien Testament. Sa première cause en est le Seigneur lui-même. Le but perçu en premier lieu est le culte qu’on peut lui rendre. Le formalisme extérieur du Temple nous le fait comprendre. Mais ne vient-il pas apprendre d’abord à ceux qui le recevront, la manière de vivre pour rencontrer son Père et les moyens de le faire. Il nous donne le moyen d’aimer comme Lui, puisque l’amour est au cœur de la vie trinitaire à laquelle il veut nous intégrer. Il le fait par un don total et parfait de lui-même,  par une consécration et par un sacrifice qu’il vient accomplir. Quelle en est la finalité sinon la joie de la rencontre pour tous et chacun,  d’une rencontre qui n’est pas seulement épisodique, mais celle de l’époux et de l’épouse. Moments de joie et de bonheur exprimés par ce passage du livre de Sophonie. Un tout petit prophète qui s’exprime dans un tout petit livre de quelques pages ou 3 chapitres. Il a été témoin de la catastrophe d’une déportation au 7ème siècle. Il conclut sur une note d’espérance remarquable qui annonce la venue du Messie. La joie de cette entrée dans Jérusalem ne correspond pas aux petites allumettes des feux de bengale parcimonieusement allumées dont on riait à propos de la  Suisse centrale, à l’époque du travail avant tout, y compris le 1er août. Ca n’était pas un 14 juillet. Il s’agit d’une véritable fête, d’une exultation.  
Quant au Roi au milieu de Jérusalem, nous pourrions certainement le comparer à Jésus dans le sein de Marie. Elle est la Jérusalem nouvelle qui exulte de joie en Dieu son sauveur présent au milieu d’elle. Elle chante  son Magnificat. L’ange avait dit à Marie lors de l’annonciation : Kairé, « réjouis-toi », Kara c’est la joie. « Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. », lui qui est aussi le tout petit. Kairete, soyez dans la joie, réjouissez-vous ! Saint Paul nous invite tous à la joie.  Elle est une caractéristique chrétienne qui ne dépend pas de nous, mais de l’action de l’Esprit.  « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Nous nous réjouissons des bonnes nouvelles et c’en est une, la plus grande ! « Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » Il est considéré comme l’ange du désert. Relié au prophète Élie, il est souvent représenté avec des ailes, comme un messager de Dieu. En grec, le terme evangelos — d’où viennent les noms "ange" et "évangéliste" — signifie "bon messager", "porteur de bonnes nouvelles". Gabriel annonce une Bonne Nouvelle à l’Annonciation, Jean au désert.
Puissions-nous nous réjouir des porteurs de Bonnes nouvelles, de bonnes nouvelles en matière de vérité et d’amour, de LA Bonne Nouvelle qui nous est annoncée dans le  Christ. Il est le chemin, la vérité et la vie.
Réjouis-toi Marie comblée de Grâce, le Seigneur est en toi, le Seigneur est au milieu de toi Donne-nous ton Fils. Amen.