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dimanche 27 février 2022

Vieillissant il fructifie encore. Par pitié apportez la paix autour de vous et non la guerre.

 

Vieillissant, il fructifie encore.

Mais par pitié apportez la paix autour de vous.

27 février 2022 -8ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année C

  • Première lecture « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé » Si 27, 4-7
  • Psaume Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! Ps 91 (92), 2-3, 13-...
  • Deuxième lecture « Dieu nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » 1 Co 15, 54-58
  • Évangile « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » Lc 6, 39-45

« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? »

Chers frères et sœurs,

Nous sommes peut-être pris de découragement à l’écoute de ces lectures. Le contexte de ces jours perturbés nous invite tout autant à nous rappeler ce que sont l’hypocrisie, le don de sagesse et celui de conseil ainsi que le discernement. Même en démocratie, nous n’y voyons pas toujours très clair et nous savons que la manipulation des opinions et des foules est un art qui n’est pas apprécié que des seuls politiciens et sur lequel on publie beaucoup. Les circonstances actuelles témoignent des limites du vivre ensemble. Il nous revient aussi à l’esprit d’autres paroles du Seigneur : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. »Il ne suffit pas de dire : Seigneur, si tu me demandes la perfection avant de commencer, je n’y arriverai pas.

La lecture de cet Évangile nous bouscule, mais le fait d’y avoir été attentifs et de nous sentir tous remis en question, parce que les mots nous ont touchés au cœur, n’est-il pas positif ? N’y a-t-il pas un désir de bonheur et  de vie en nous ?

Habituellement on dit que la Sagesse est plus fréquemment l’apanage des anciens, Pourtant nous y voyons moins bien. Au physique, on nous met maintenant des implants lorsque vient le temps des cataractes. Y voit-on pour autant clair, toujours spirituellement ? Certes, avec le temps et les années qui passent, avec des fragilités qui s’installent après les périodes glorieuses ainsi que de nouvelles dépendances, nous ne pouvons nous empêcher de faire nos bilans personnels et d’en tirer la leçon. L’actualité politique nous démontre que ce n’est pas toujours le cas. On peut déclencher des guerres passé l’âge de la retraite, à près de 70 ans et accepter de mettre la vie de mamans, de bébés et d’enfants, de personnes âgées en danger.

Comment y voir clair spirituellement, sinon en demandant au Seigneur de nous ouvrir les yeux et de nous mettre à son école. L’hypocrisie se rapportait en grec à l’interprétation du jeu des acteurs. On pourrait aussi penser à certaines philosophies qui estiment que le réel ne peut être atteint que par la manière dont le sujet le ressent. Je pense à la phénoménologie, mais ce n’est pas notre sujet. La définition classique de l’hypocrisie est celle-ci : « Caractère d'une personne qui dissimule sa véritable personnalité et affecte, le plus souvent par intérêt, des opinions, des sentiments ou des qualités qu'elle ne possède pas. ».  C’est un des thèmes favoris du pape François. Lorsqu’on fait une recherche sur le site du Vatican, il y a plus de 200 occurrences. Pour les autres papes et documents, c’est nettement moins. « Qu’est-ce que l’hypocrisie ? On peut dire que c’est la peur de la vérité. L’hypocrite a peur de la vérité. On préfère faire semblant plutôt qu’être soi-même. C’est comme maquiller son âme, comme maquiller ses attitudes, comme maquiller ses façons de faire: ce n’est pas la vérité: «J’ai peur d’aller de l’avant comme je suis et je me maquille avec ces attitudes».  Et la dissimulation empêche d’avoir le courage de dire ouvertement la vérité et on se soustrait ainsi facilement à l’obligation de la dire toujours, partout et malgré tout. La dissimulation te conduit à cela, dit le pape, : aux demi-vérités. » Vous me direz que toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, et que souvent la charité invite à mettre des gants. Toutefois le Seigneur étant la Vérité et la Vie, ce qu’il nous transmet ne peut avoir que des effets positifs dans la perspective de la vie éternelle. Il s’attaque dans l’Évangile aux docteurs de la Loi, scribes et autres pharisiens, qui mettent la main sur la parole de Dieu et l’interprètent à leur façon et pour servir à leurs intérêts. Mettre la main sur la Parole de Dieu, c’est mettre la main sur Dieu et vouloir mettre sa vérité à la place de la Vérité révélée par Jésus. C’est proprement dramatique. Qu’y a-t-il de plus scandaleux que de se mettre à sa place et de vouloir la prendre, ou de l’instrumentaliser ? Comment le voir et le rencontrer dans ces conditions ? Pour prendre une image, comment conduire sa voiture avec une couche de boue sur le pare-brise en se fiant seulement à son habitacle. Vous me direz qu’il y a des caméras de recul aujourd’hui, mais ce n’est pas un argument. Peut-être vaut-il mieux l’employer pour parquer son véhicule et le nettoyer.

« Montre-nous le Père et cela nous suffit. » « Philippe, qui m’a vu a vu le Père. » C’est à l’école du Seigneur que nous venons nous mettre pour apprendre la Sagesse, il a dressé sa table et mélangé son vin, il vient nous apprendre comment voir Dieu, car cela s’apprend.

Nous comprenons bien que le Seigneur n’étant plus présent de manière visible, la difficulté est de le percevoir sous le voile de la foi, de le discerner. Il nous a envoyé son Esprit, il nous a fait don du Magistère pour nous aider à interpréter sa parole et les sacrements pour nous aider sur le chemin. Discerner, c’est faire le tri, avec l’aide de l’Esprit-Saint, dans les aspirations ou les résistances que suscite en nous un choix.

« Il est important de discerner parmi toutes les voix quelle est la voix du Seigneur, la voix de Celui qui nous conduit à la Résurrection, à la Vie ». Le Pape François « Nous dit que nous devons “lire depuis l’intérieur” ce que le Seigneur nous demande pour vivre dans l’amour et poursuivre sa mission d’amour ». Il ne nous demande pas de fermer les yeux, mais de les ouvrir pour le suivre. Nous avons l’aide du Saint-Esprit avec ses dons. Pour rappel, le don de conseil est un don de l’Esprit Saint par lequel, dans les doutes et les incertitudes de la vie humaine, nous connaissons ce qui contribue le plus à la gloire de Dieu, à notre salut et à celui du prochain. Nous avons le devoir de faire bénéficier nos frères de conseils avisés, de les guider selon les responsabilités qui sont les nôtres. Le don de Conseil perfectionne la vertu de prudence. Celle-ci allie force d’esprit et faculté de discernement. La prudence désigne une sagesse pratique qui dispose la raison à la connaissance de la vérité dans la conduite de la vie. La vertu de prudence ne se confond pas avec la timidité ou la peur.

Que ce grand ami qu’est pour nous l’Esprit-Saint nous aide à produire de bons fruits. « Vieillissant, le Juste  fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : « Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! » Amen.

Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions sainte Mère de Dieu. O cœur immaculé ! Aide-nous à vaincre la menace du mal qui s’enracine si facilement dans le cœur des hommes  d’aujourd’hui. De la faim et de la guerre, délivre-nous ! De la guerre nucléaire, d’une autodestruction incalculable, de toutes les sortes de guerre, délivre-nous ! Que se révèle encore une fois dans l’histoire du monde la puissance infinie de l’amour miséricordieux.(Saint Jean-Paul II 1982). Amen.

 

dimanche 13 février 2022

Béatitudes

 


 13 février 2022 - 6ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C


 Première lecture « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme... Jr 17, 5-8
Psaume Heureux est l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur. Ps 1, 1-2, 3, 4.6
Deuxième lecture « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » 1 Co 15, 12.16-20
Évangile « Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! » Lc 6, 17.20-26

Chers frères et sœurs,

 Nous sommes avons entendu dans cette lecture les 4 béatitudes de saint Luc, Matthieu en a 8, mais s’y ajoutent en regard chez Luc les 4 malédictions opposées. On ajoute encore 2 béatitudes chez Matthieu et 1 chez Luc, en prenant en compte celles mentionnées un peu plus bas, qui débute avec le même mot qu’avait adressé l’ange à Marie : Réjouissez-vous. Ne retrouve-t-on pas d’ailleurs les tonalités des Béatitudes dans le Magnificat. Les exégètes estiment que les béatitudes originales étaient au nombre de 3. Luc en a ajouté une pour prendre en compte les persécutions contre les communautés.

Le lieu où Jésus les prononce diffère également. Pour saint Luc, il le fait dans la plaine, pour Matthieu sur la Montagne. Le premier s’adresse surtout aux nouveaux disciples issus des nations, il s’agit de petites gens appartenant à des milieux défavorisés, il va en quelque sorte limiter leur sens à cette condition. Matthieu est plus spirituel.

J’ignore quel est votre sentiment en les entendant Peut-être qu’à force de répétions  au long des années, dans la liturgie, lors de mariages, il est vrai qu’il y en a moins, ou de funérailles, peut-être résonnent-elles comme la pluie sur les vitres de notre scepticisme acquis. Il est possible que nous ayons un réflexe de protection inconscient et acquis.

L’abbé Maurice Zundel rapporte dans une de ses homélies, combien il avait été ému et touché à une occasion, l’eau alors avait pénétré dans une bonne terre : « Je les entendis, dit-il, par la voix amicale d’un camarade qui mettait tout son cœur dans cette lecture, parce que les Béatitudes avaient été pour lui une découverte sensationnelle. Quand je l’entendis lire pour la première fois avec un tel accent, cela avait été pour moi une révélation incroyable, c’était le renversement de tout ce qu’on disait, c’était le contraire de tout ce que l’on pouvait attendre. »

Il poursuit : « Vivre cette vie (des béatitudes), c’est évidemment miser sur un espoir. »

J’espère ne pas trahir sa pensée en disant que c’est alors découvrir Dieu en soi et la grandeur de Dieu en soi-même à laquelle il nous appelle :

La grandeur de Dieu, c’est qu’il est tout amour.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il n’a rien.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il donne tout.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il se vide éternellement de lui-même.

La grandeur de Dieu, c’est qu’il est vide de soi.

Nous sommes au coeur de la vie trinitaire.

Une des questions à nous poser est certainement celle du moyen à trouver pour  briser la vitre très blindée de notre serre intérieure… Non pas pour laisser passer un monstre comme dans le film de dinosaures d’avant-hier soir, mais pour que l’eau de la parole et de l’Esprit puissent venir faire germer le bon grain semé en notre terre et pour que se réveille Dieu en nous. Dieu comble son bien-aimé quand il dort, mais il veut ensuite sortir pour annoncer la Bonne Nouvelle.

En nous est présent un désir naturel de bonheur. Ce désir est d’origine divine. Le Seigneur l’a mis dans notre cœur afin de l’attirer à lui qui peut seul le combler. Mais nous avons à transmettre Celui qui nous habite. Proclamer la Bonne Nouvelle, les béatitudes, c’est aussi notre mission, à la suite de Jésus. Dieu est présent en chacun de ceux que nous croisons, même si nous le trouvons parfois bien caché à notre goût. Ne se montre-t-il pas lui-même très patient envers nous ? Il nous connaît, respecte notre rythme de croissance  et n’essaye pas de faire pousser le grain qui germe en tirant sur le bourgeon. Comment donner le goût de Dieu, sinon par notre foi, en nous appuyant sur celui qui habite en nous, et par la charité, pour assister celui qui a besoin d’être aimé, aidé et secouru. Nous le faisons parce que nous sommes par l’Esprit rempli d’espérance. Il vient nous transformer pour faire de nous des fils dans le Fils unique. Nous ne pouvons trouver et prendre d’autres chemins que celui du Fils premier-né qui a passé par la croix pour entrer dans la résurrection.

Si la résurrection de Jésus est déjà présente en nous par notre baptême, elle doit encore être accomplie. Saint Paul fait comprendre avec force à ses Corinthiens que se mettre à la suite du Christ, ce n’est pas simplement se mettre à l’école d’un maître de Sagesse, ou entrer dans une de ces écoles philosophiques célèbres en Grèce. « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur. » « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. »

La béatitude, en vrai, dans sa totalité ce sera dans le Royaume, la vision de Dieu, la participation à la nature divine, la vie éternelle, la filiation, le repos en Dieu. Les béatitudes sont aussi une échelle du bonheur qui nous conduit à la béatitude et au final à la résurrection bienheureuse.

Permettez-moi de citer enfin une béatitude, mais tirée de saint Matthieu. Les bruits de botte ne sont pas rassurants pour la sérénité des jours qui viennent. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Cela se passant dans une région qui a déjà beaucoup souffert notamment de la famine, un pays slave, nous pouvons conclure avec un passage d’une prière de Jean-Paul II à Notre-Dame : Reine de la paix, prie pour nous! Mère de Miséricorde et d'espérance, obtiens pour les hommes et les femmes du troisième millénaire le don précieux de la paix: la paix dans les coeurs et dans les familles, dans les communautés et entre les peuples; la paix en particulier pour ces nations où l'on continue chaque jour à se battre et à mourir. Reine de la paix, prie pour nous! Amen.