Rechercher dans ce blog

dimanche 12 mai 2024

Autour de Marie... Le Seigneur reste présent dans l'Eucharistie et avec Marie

 


12 MAI 2024

https://www.aelf.org/2024-05-12/romain/messe

 7ème Dimanche de Pâques (semaine III du Psautier) — Année B

Lectures de la messe

Première lecture« Il faut que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de la résur...Ac 1, 15-17.20a.20c-...

PsaumeLe Seigneur a son trône dans les cieux.

Deuxième lecture« Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui »1 Jn 4, 11-16

Évangile« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes »Jn 17, 11b-19

Intro

Chers Frères et Sœurs, bienvenue à toutes et à tous pour célébrer ce 7ème dimanche de Pâques. Nous avons eu la chance de célébrer le bon jour, même si à Rome et on le fait aujourd’hui, ce qui a permis à certains de faire le pont de l’Ascension, selon l’expression usuelle. Mais nous préférons dire que spirituellement nous avons maintenant un pont divin humain et spirituel entre le ciel et la terre. Nous ne pouvons que nous réjouir du fait que le Seigneur nous soit encore présent dans l’Eucharistie. Je ne vous laisserai pas orphelins… Et il a laissé Marie à ses Apôtres. Elle est avec nous aujourd’hui pour attendre et demander la venue de l’Esprit. 

Nous allons encore rendre grâce pour la profession solennelle de Sr Marie-Thérèse de la Trinité. Nous prions aussi pour les mamans puisque c’est leur fête. J’ai vu à l’entrée de Porrentruy, des cigognes très occupées sur leur nid. Elles m’ont dit que vous ne deviez pas oublier les fleurs aujourd’hui !

...

Homélie 7e dimanche de Pâques.

Chers Frères et Sœurs,

Ces lectures marquantes sinon émouvantes, nous montrent l’importance de l’unité que le Seigneur voulait pour son Église. Autour de Pierre ils choisissent de compléter le collège des douze, pour accueillir l’Esprit-Saint.. Symboliquement ils représentent l’Eglise et les 12 portes de la Jérusalem  céleste, 12 portes qui doivent rester toujours ouvertes pour que la grâce nous rejoigne et nous attire à l’intérieur de celle-ci. Douze cela rappelle les douze tribus d’Israël, mais aussi les douze pierres de l’autel relevé par le prophète Elie sur le moment Carmel. Un autel ne peut être bancal  pour être fonctionnel. Les Apôtres restant estiment nécessaire que la symbolique soit restaurée et que soit restaurée l’unité du collège mise à mal par l’abandon de Judas. Sa place doit être occupée par un autre témoin. 12 nous renvoie également aux douze pierres du pectoral du Grand-Prêtre et qui symbolisaient les 12 tribus d’Israël. Douze pierres précieuses forment les portes de la Jérusalem céleste.  Une symbolique qui a de quoi nous éblouir et nous rappeler que Jésus est notre seul grand-prêtre. Nous sommes appelés à le rejoindre, lui, notre seul médiateur qui a rendu le seul culte qui plaise à son Père, celui du plus grand amour. Les apôtres sont à son service et au service de l’Esprit. Nous pourrions aussi prendre l’image d’un phare sur une hauteur qui dispense sa lumière. Elle doit non seulement éclairer, mais construire le royaume au-dedans de nous. 

L’Esprit était déjà là, avant la Pentecôte pour que les Apôtres puissent effectuer leur choix. Il paraît encore laissé au hasard, mais c’est surtout au choix de l’Esprit lui-même après un premier discernement. Le grand-prêtre portait aussi sur son pectoral des sortes de dés pour consulter Dieu à une certaine époque, Ourim et Thoummim. 

Sur quoi doit se baser l’unité des Apôtres et des disciples autour d’eux ? Saint Jean nous donne sa réponse, son refrain constant : Bien-aimés, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Cette unité doit se construire sur l’amour et l’Esprit-Saint va œuvrer pour nous donner de vivre ce commandement fondamental et annoncer la Bonne Nouvelle, de construire l’Église. Le Pape Benoît disait lors de son pèlerinage dans la vallée de Josaphat à Jérusalem, que la nature la plus profonde de l'Église est d’être signe et sacrement d’une humanité réconciliée, renouvelée et unie dans le Christ, nouvel Adam.

Voilà encore mentionné ce thème de l’Unité. Le Christ est retourné auprès de son Père, mais nous pouvons retenir  qu’il nous a laissé sa présence réelle dans l’Eucharistie, sacrement de l’Unité. Il est là sous les espèces du pain et du vin consacré, lorsque nous la célébrons. Le fait qu’il ait pris un repas avec ses disciples avant son Ascension, selon les Actes des Apôtres, ne peut être qu’une sollicitation envers nous pour nous rappeler cette présence maintenant eucharistique, malgré son départ auprès du Père avec son Corps ressuscité et glorifié. Saint Jean Paul II nous disait dans une audience de 1998 que Le « réalisme des apparitions témoigne que Jésus est ressuscité avec son corps et que ce corps vit auprès du Père. Il s'agit toutefois d'un corps glorieux, qui n'est plus sujet aux lois de l'espace et du temps, transfiguré dans la gloire du Père. » Cette destinée est aussi la nôtre. Saint Paul nous a beaucoup parlé de notre résurrection : « notre corps sera transfiguré en corps glorieux (cf. Ph 3, 21), en «corps spirituel» (1 Co 15, 44). Voir notre temps et notre espace rencontrer l’éternité de Dieu ne peut que nous interpeller, tout comme l’Eucharistie que nous pouvons approcher si facilement. Le Seigneur l’a instituée avant sa mort et sa résurrection, ce qui devrait nous interpeller, c’est comme si tout était déjà réalisé pour Dieu et vu par lui. Le sacrifice influe sur tous les hommes de tous les temps et les rejoint,  et sur la création toute entière… Le titre de « la messe sur le monde » vient à l’esprit.  Il y a notre  espace-temps, mais aussi un huitième jour voulu par la Trinité dans l’Eucharistie, une rencontre entre notre temps et son au-delà du temps.

Nous ne pouvons surtout pas éluder aujourd’hui la fête des mères. Il existait une autre sorte de présence de Jésus que celle de l’Eucharistie pour les Apôtres, celle de Marie. Elle rassemble les disciples autour d’elle dans l’attente de la venue de l’Esprit. Jésus est de sa chair. La génétique et l’épigénétique sont intéressantes, très importantes, mais à leur place. Jésus a certes relativisé l’importance de la chair, mais qui plus que Marie a fait la volonté du Père. Saint Jean Paul II nous dit dans une catéchèse que « Luc décrit explicitement Marie comme « la Mère de Jésus » (Ac 1, 14), comme pour suggérer que quelque chose de la présence du Fils monté au ciel demeure en présence de la mère. Elle rappelle aux disciples le visage de Jésus et est, par sa présence au milieu de la communauté, un signe de la fidélité de l’Église au Christ Seigneur. » 

Nos sœurs nous ont présenté une icône de l’Ascension dont l’explication est passionnante à explorer. Je vous en dis 2 mots pour ne pas faire trop long.

Dans la partie supérieure de l’icône, au centre du ciel, on aperçoit le Christ trônant dans la gloire. Il siège dans trois cercles concentriques, les sphères cosmiques appelées « mandorle ». Symboliquement, le Sauveur est ainsi situé hors du temps, dans l’éternité divine. Le Christ étend la main droite en un geste de proclamation et il tient de la main gauche le rouleau des Écritures. Ces gestes indiquent que sa fonction se poursuit dans l’éternité: il demeure celui qui révèle les desseins du Père et qui accomplit les Écritures. Son vêtement lumineux exprime son état de ressuscité.

Nous  voyons ensuite Marie et les 12 Apôtres au Cénacle.  « Marie est debout dans une attitude de prière et de disponibilité à la Volonté du Père, comme à l’Annonciation. Son immobilité exprime sa fidélité indéfectible. La position de l’Orante dans laquelle Marie est représentée est également la position de l’Église. Marie est seule à nous regarder et nous invite à la paix. »

Nous ne devons pas oublier que Marie à la Pentecôte, reçoit une grâce supplémentaire, celle de devenir Mère de l’Église. Cela se réalisait déjà au pied de la croix avec Jean. Mais vient le temps de l’Esprit qui dilate encore son cœur pour y donner une place à chacun de nous. Réjouis-toi Marie, ton fils Ressuscité est vraiment monté au ciel. Demande pour nous l’Esprit-Saint. Alléluia !



dimanche 5 mai 2024

Vous êtes mes amis

5 MAI 2024  6ème Dimanche de Pâques (semaine II du Psautier) — Année B

 Lectures de la messe

Première lecture« Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été ré...Ac 10, 25-26.34-35.4...

PsaumeLe Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. ou : Alléluia !Ps 97 (98), 1, 2-3ab... 

Deuxième lecture« Dieu est amour »1 Jn 4, 7-10

Évangile« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’o...Jn 15, 9-17

Homélie

Vous êtes mes amis a dit le Seigneur dans l’Evangile! Les amis de mes amis sont mes amis, philoi, plus encore, chers frères et sœurs ! Amis, quels mots surprenant de la part de celui qui est non seulement homme parmi les hommes, mais Fils de Dieu. C’est plus que d’être l’ami d’un ami d’un ministre.

Nous sommes dans la seconde partie du second discours d’adieu de Jésus. Ne restent autour de lui que ceux qui n’ont pas été émondés, coupés du cep parce qu’ils ne portaient pas de fruits. Que s’est-il passé pour eux, pour qu’ils soient appelés amis par le Seigneur? Ils ont été perméables à l’enseignement de Jésus et surtout à son amour. La vie, sa vie circule en eux et ils peuvent porter du fruit. Les disciples de serviteurs, sont devenus amis. Apprendre à le connaître nécessite un cheminement avec lui, dans le concret du quotidien.

Pourquoi sont-ils ses amis ? il leur a fait connaître ce que son Père lui a demandé, ses commandements. Il les leur a donnés à son tour pour qu’ils les connaissent bibliquement pour ainsi dire. Ils ont une particularité, celle de se résumer à un seul : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous aimés. »

La suite est une phrase parmi les plus mystérieuses et sibyllines : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » La TOB dit : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » Nous la lisons à la lumière de la passion et de la résurrection, mais ceux qui l’entendaient ne comprenaient pas encore. La mort de Jésus sur la croix a été l’expression suprême de son amour pour le Père, elle a été le sommet de son amour pour le Père et pour ceux dont il a fait ses amis. Qui aurait pu le comprendre avant la Passion ? Marie certainement. Mais qui d’autre ? Comment connaître jusque là ce commandement de l’amour ?

La finalité de l’action de Jésus pour nous est celle de cette vie pour nous dans l’amour avec ce plus, sans limites, qu’est l’Esprit-Saint, l’amour du Père et du Fils. Jésus montre son amour pour son Père et pour nous, jusque-là, jusqu’à la Croix. Ce n’est pas un amour du bout des lèvres, un oui politique et diplomatique, ou bien la victoire d’un passage d’examen en rase-motte. Que veut-il ?  Il veut nous faire partager sa joie. « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » C’est l’amour qui procure cette joie, qui est celle du Père. Ce don qui nous est fait a pour source et origine son geste d’amour absolu. Vous m’autorisez à mentionner un auteur grec découvert dans mes plus jeunes années, apprécié de Bossuet, mais grand ennemi des latins, Nicolas Cabasilas. Il commence par faire remarquer que si quelqu’un échange une mauvaise maison contre une meilleure, il  a aussi échangé un plaisir contre un autre. Pour accueillir la béatitude divine, il n’y a pas d’autre chemin que le don de soi-même, de ses joies, à soi, limitées pour accueillir celle du Seigneur.   « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Si je vous ordonne d’aimer c’est afin que vous vous réjouissiez du même plaisir qui est en moi et dans les miens. L’ami de Dieu a transporté sa vie en Dieu. Il participe à la joie de Dieu.

Traditionnellement on aime à rappeler pour inviter à la retenue tous ceux qui deviennent amis du Seigneur, que c’est lui qui invite, c’est lui qui donne la grâce de se rapprocher de lui. Ceux qui s’occupent de leur jardin savent bien qu’il est inutile de tirer sur la tige d’une plante pour la faire pousser. Le Seigneur par  sa grâce pourra par contre faire grandir dans l’amour, avec la rapidité qui il voudra et donner à des enfants de faire la leçon à des parfaits…  Ce qu’il n’est pas nécessairement facile d’accepter. Ce ne sont pas des diplômes et une certaine gnose théologique, la participation à un courant ou groupement qui nous fait grandir dans l’amour. L’Esprit-Saint a donné une grande leçon à Pierre et à la jeune communauté chrétienne en descendant sur tous ceux qui l’entendaient chez Corneille. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun ne se perde. Il distribue ses dons pour la croissance non seulement de chacun personnellement mais pour celle de l’Église, qui est le corps du Christ.

Nous aurions pu nous demander en lisant notre Evangile, s’il ne s’agissait dans un tel partage et un tel cheminement spirituel, que d’une question individuelle, d’une réponse uniquement personnelle à donner. Le souci et la démarche voulues par le pape François vers une Église plus synodale, nous disent qu’il n’en va pas ainsi. Le Seigneur qui est la vigne, dans ce chapitre 15, s’adresse à ses amis, à son Église. Les contemplatifs portent le souci de l’Église et de sa croissance. Ils portent le souci de la pastorale, de la mission et de l’annonce de l’Évangile. Il n’est jamais inutile de rappeler le titre de docteur de l’Église et patronne des missions de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, après une vie passée dans un cloître. Le pape a dit ceci dans une lettre aux curés qu’il a publiée la semaine passée « Nous ne deviendrons jamais une Église synodale missionnaire si les communautés paroissiales ne font pas de la participation de tous les baptisés à l’unique mission d’annoncer l’Évangile le trait caractéristique de leur vie. Si les paroisses ne sont pas synodales et missionnaires, l’Église ne le sera pas non plus. ». Quelqu’un un jour n’arrêtait pas de me seriner : « Une âme est un diocèse ». Nous sommes parfois bien compliqués, perdus dans nos pensées et nous aurions intérêt à nous simplifier en vivant cet amour du prochain que demande le Seigneur.

La démarche commune voulue par le Saint-Père nécessite le désir d’accueillir la Joie que veut nous procurer le Seigneur en gardant son commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Reine du ciel Réjouis-toi le Christ est ressuscité pour nous donner la vie et nous donner de vivre son commandement. Allléluia.