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dimanche 30 avril 2017

L'Echo du Vorbourg a sonné


Les compagnons d'Emmaüs



30 AVRIL 2017

3ème Dimanche de Pâques — Année A
Lectures de la messe
Première lecture« Il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir »Ac 2, 14.22b-33
PsaumeTu m’apprends, Seigneur, le chemin de la vie.
Deuxième lecture« Vous avez été rachetés par un sang précieux, celui d’un agneau sans...1 P 1, 17-21
Évangile« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain »


Frères et Sœurs,

Qui sont les disciples d’Emmaüs ?
Nous ne connaissons que le nom du premier « Cléophas ». C’est un nom d'origine grecque, forme abrégée de kleopathos, il signifie quelque chose comme « célébrer  le lever d’une étoile ». Aujourd’hui on abrège volontiers Cléo, ce qui lui donne une sorte de consonance exotique. Il est vrai que l’abréviation du prénom est aussi un diminutif de Cléopâtre, en plus discret. Compagnon de Jésus ou reine d’Egypte… ? Il mérite d’être remis à la mode.
Mais l’autre disciple qui est-il ? Saint Luc ne nous le dit pas (était-ce lui d’ailleurs, c’est une tradition tardive). L’habitude a été prise de dire que ce disciple nous représente. Nous pouvons tous nous reconnaître dans ce voyageur anonyme qui s’en revient tout triste de Jérusalem. Nous avons besoin de comprendre et nous avons besoin de consolation, tant les déceptions sont parfois grandes et les difficultés paraissent insurmontables. Leur déception était immense, ils étaient tout tristes, ils avaient besoin de verbaliser et de partager…
Pourquoi étaient-ils donc si tristes ? Leur peine était immense et ils ne voulaient pas croire ce que quelques femmes leur avaient annoncé une histoire de tombeau vide et d’anges. Ils devaient penser que les pauvres avaient été trop secouées par ce qu’elles avaient vu : Jésus sur la croix. C’était la fin de toutes leurs espérances : le Sauveur, le Messie était mort et bien mort. La femme de Cléophas, elle-même l’avait constaté, elle qui était restée au pied de la croix : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. » (Était-ce l’épouse de notre Cléophas, bonne question ).
Il est intéressant de voir comment Jésus, dissimulant ses traits,  les entreprend. Il commence par leur dire : « De quoi discutez-vous en marchant ? » « Racontez ! »
Alors qu’ils mettent en cause le témoignage des femmes, il en fallait d’ailleurs deux pour un témoignage valide, les voilà qui reçoivent une fameuse semonce…
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Je me souviens qu’étant tout petit au collège des spiritains du Bouveret, un professeur fribourgeois avait sorti une expression qui nous avait laissés interloqués… « Vous êtes bouchés à l’émeri »… Expression fleurie qui veut dire : Vous n’y comprenez rien de rien, vous êtes complètement étanches à ce que je vous dis.
Pauvres mais bienheureux disciples… Et le Seigneur commence à leur ouvrir l’esprit au sens de l’Ecriture, il leur explique l’enseignement des prophètes et l’annonce des souffrances du Messie pour entrer dans la gloire.
C’est le premier enseignement pour nous, tous les jours de l’année, essayons d’être proches des Ecritures, d’en rechercher le sens. Le cœur va nous brûler.
Mais il leur faut encore un deuxième signe efficace, celui du pain partagé. Les disciples ne le reconnaissent pas encore.
« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. »
Jésus prend le pain fait du blé produit par la terre et ceux qui la travaillent.
Quelle émotion et quelle joie les a envahis, les voilà qui retournent à Jérusalem de nuit sans crainte des ténèbres et des brigands, ils portent une lumière dans leur cœur, qui les fait courir pour porter la bonne nouvelle. L’Eucharistie porteuse de la grâce du Christ, l’Eucharistie qui est le Christ présent a ouvert leurs yeux et les a guéris de leur incrédulité. L’Eucharistie, sacrement des sacrements, guérit, elle guérit le cœur, elle nous guérit de nos tristesses, elle nous guérit de notre manque de foi.
Si notre cœur est lourd, parfois, devant des accumulations de tristesses, des difficultés insurmontables, rappelons-nous ces moments de partage où la lumière du Christ est venue illuminer les ténèbres des disciples d’Emmaüs.
L’étoile de Cléophas brille à nouveau, il peut la célébrer.
Le blé nouveau lève dans les champs arrosés du sang des martyrs.
Le pape François s’est rendu en Egypte, cette semaine. Elle a été le lieu de refuge de la Sainte Famille, elle vénère saint Marc l’Evangéliste et les communautés chrétiennes ont bien des difficultés. Voici sa conclusion que je fais nôtre :
Comme les disciples d’Emmaüs, retournez à votre Jérusalem, c’est-à-dire à votre vie quotidienne, à vos familles, à votre travail et à votre chère patrie, pleins de joie, de courage et de foi. N’ayez pas peur d’ouvrir votre cœur à la lumière du Ressuscité et laissez-le transformer votre incertitude en force positive pour vous et pour les autres. N’ayez pas peur d’aimer tout le monde, amis et ennemis, car c’est dans l’amour vécu que résident la force et le trésor du croyant !
C’est la charité qui fait grandir la foi ! Avec un cœur froid, comme nos malheureux fruitiers, elle gèle et meurt.

Marie Mère de l’espérance, donne-nous ton Fils ressuscité. Amen.

600 ans de Nicolas de Flüe

Berne, 30.04.2017 - Discours de la Présidente de la Confédération Doris Leuthard, Cérémonie officielle – commémoration nationale, 30 avril 2017, Landenberg bei Sarnen (OW)


(Seules les paroles prononcées font foi)
Mesdames, Messieurs,
Beaucoup de récits lui ont été consacrés.
Je laisse ça à l'histoire.
Beaucoup se le sont approprié, chacun avec ses convictions – mais il appartient à chacun d'entre nous.
Pour beaucoup, il a été, est et restera un véritable guide et soutien – pour moi aussi.
Mais comment Nicolas de Flüe réussit-il encore à dégager une telle force tant de siècles plus tard?
Parce qu'il était unique et qu’il inspirait la confiance!
On lui faisait confiance!
Son message était écouté!
Nicolas de Flüe a été l'homme de la situation, arrivé au bon endroit au bon moment.
Il était accepté pour les valeurs qu’il incarnait au quotidien et la vie qu’il menait.
Il a pu vivre sa vie de cette façon grâce à sa femme Dorothea qui a accepté ses convictions, sa foi et sa vie d’ermite.
Elle a respecté sa décision et a fait preuve de tolérance.
Elle lui a accordé sa confiance.
Et surtout, elle a eu confiance en elle, en ses compétences et en ses enfants.
La confiance est quelque chose qui se mérite.
Nous savons tous combien il est facile de tomber dans le confort de la solution de facilité.
Nous savons tous combien il est difficile d’affronter les préjugés.
Nous savons tous que certaines valeurs, une fois perdues, le sont à jamais – la confiance en fait partie.
C'est exactement pour cette raison que chacun doit continuellement s’efforcer de préserver ces valeurs :
les responsables politiques et administratifs envers les citoyennes et les citoyens,
les supérieurs envers leurs employés dans les entreprises,
les parents envers leurs enfants.
Ce n'est pas gagné d'avance.
Mais le préambule de la Constitution fédérale peut nous servir de fil conducteur.
Il nous appelle à assumer nos responsabilités envers la Création.
À nous engager pour la liberté et la démocratie, l'indépendance, la paix dans un esprit de solidarité et d'ouverture au monde.
À assumer nos responsabilités envers les générations futures.
Pour assurer le fonctionnement de notre démocratie, nous devons aussi avoir confiance dans les autres, dans les compétences des spécialistes, dans le fonctionnement des institutions et dans la séparation des pouvoirs.
Nous faisons confiance et sommes reconnaissants envers nos pompiers, nos policiers, nos enseignants, envers les constructeurs de tunnels et nos aides-soignants.
Nous sommes reconnaissants pour la sécurité juridique et la stabilité de nos institutions.
Au temps de la surinformation, des faits alternatifs et des « fake news », il n’est pas aisé de gagner la confiance des citoyens.
Nicolas de Flüe avait pourtant réussi, sans relations publiques ni médias sociaux.
Malgré son isolement à Ranft, il restait informé des événements importants et était doué pour les relations humaines.
Il a bénéficié de la confiance des dignitaires ecclésiastiques et séculiers, tout comme de celle des simples citoyens.
Parce qu'il savait écouter, les gens venaient le consulter.
Parce qu'il considérait les arguments des autres avec attention et empathie, il pouvait régler les conflits.
Parce qu'il pesait le pour et le contre sans préjugés.
Parce qu'il faisait confiance et n'abusait pas de la confiance d'autrui.
Aujourd'hui encore, nous pouvons donc nous inspirer de son parcours.
C'est pour cela que l'éducation et l'accès au savoir sont si importants, pour que chacun puisse mener sa vie comme bon lui semble.
Personne ne détient la connaissance absolue.
Personne n'a le droit d’opprimer les autres, d’imposer sa notion du droit et de la justice, sa religion ou sa vision d'un État idéal.
Ni en Suisse, ni ailleurs dans le monde.
Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous lever, faire entendre nos voix face aux populistes, aux démagogues et aux autocrates.
Aujourd'hui encore, nous devons tous, politiciens, entrepreneurs et citoyens, prendre position et assumer nos responsabilités.
Avec la démocratie directe, nous avons développé en Suisse un système qui fonctionne : la démocratie encourage la prise de responsabilités.
Grâce aux différentes cultures et aux quatre langues, nous avons appris à écouter les autres, à réfléchir et à participer tout en respectant les autres même lorsque les avis diffèrent et en préservant nos acquis.
Notre système collégial au Conseil fédéral, dans les cantons et dans les communes et le système de milice dans les parlements, les conseils cantonaux et communaux et les associations nous obligent à faire confiance, nous poussent à la solidarité, à la coopération, au consensus et au compromis.
Sans cette culture du compromis (pour lequel à l'époque on en venait encore bien souvent aux mains) qui s'est instaurée au fil des décennies, des siècles, la Suisse ne fonctionnerait pas aussi bien aujourd’hui.
Nous incarnons ces valeurs.
Nous devrons également continuer à les défendre à l'avenir.
Par conséquent, dans notre pays, les fractures sociales, économiques et politiques de taille ne sont pas toujours programmées.
Nicolas de Flüe a toujours incité à aller vers l’autre, même si lui-même vivait dans un isolement quasi complet lui permettant de se concentrer sur l’essentiel.
Il n'a pas prêché comme un dévot, mais a incarné ses valeurs, ce qu'il attendait des autres.
C'est ainsi que la confiance lui a été accordée.
C'est avec ses conseils qu'il a pu empêcher des affrontements à Stans, à Berne ou encore à Constance et à Wurtzbourg.
Nicolas de Flüe a œuvré pour la confiance et contre la méfiance.
C'est un fait : la méfiance endurcit les âmes, réduit le champ de vision et paralyse.
Les huit anciens cantons en ont fait l'expérience à Stans.
C'est ce que nous vivons aujourd'hui, lorsque nous sommes appelés à coopérer, en politique ou avec notre voisin.
Il n’est pas aisé de faire confiance, mais cette confiance motive, encourage, et mène finalement à des solutions constructives.
Avoir confiance dans ses propres compétences, dans la bonne volonté de l'autre et dans la force de nos pairs.
Nous devons inciter à la confiance.
Avons-nous besoin d'un nouveau Nicolas de Flüe?
Ou pouvons-nous y arriver seuls?
Nous y parviendrons, en nous unissant, en écoutant, en discutant ouvertement et en travaillant ensemble, pour l’avenir de notre beau pays.
Merci à tous.

dimanche 23 avril 2017

La Divine Miséricorde

23 AVRIL 2017 -  2ème Dimanche de Pâques — Année A
Solennité du Seigneur
Première lecture« Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun »Ac 2, 42-47
Ps 117 (118), 2-4, 1
Deuxième lecture« Il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurr...1 P 1, 3-9

Évangile« Huit jours plus tard, Jésus vient »Jn 20, 19-31

Frères et Sœurs,

Pourquoi croire ?  Pourquoi croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ? Pour que nous ayons la vie en son nom. L’Esprit a été donné aux Apôtres pour remettre les péchés, merci Thomas d’avoir cru et de nous avoir transmis la Vie.

De la miséricorde encore et toujours, à commencer par celle accordée à  Thomas puisqu’il est singulièrement à l’honneur… Il s’était dit être prêt à monter à Béthanie pour mourir avec Jésus : "Allons, nous aussi, pour mourir avec lui!" (Jean 11), et puis il demandait lors de la dernière Cène,: « Seigneur, nous ne savons où tu vas; comment pouvons-nous en savoir le chemin? » Le pauvre n’avait encore rien compris. Pour nous, c’est bien facile de nous étonner de sa question à ce moment-là, et de lui souffler la réponse.
Les preuves plutôt réalistes et brutales qu’il demande font frémir.  « Si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »



La représentation du Caravage impressionne toujours. Elle a un aspect de dessin pour chirurgien. Jésus le prend au mot : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Pour accepter de croire, Thomas s’est focalisé sur les traces de la Passion. Lui qui demandait au Seigneur qu’Il lui montre le chemin, le voilà qui est servi d’une bien étrange façon. Comment aller vers le Père, sinon en marchant sur les traces du ressuscité ? Le chemin de la résurrection passe par la passion et Jésus en portera encore les traces… Était-ce seulement pour convaincre Thomas et d’autres sceptiques? Thomas a vu Jésus ressuscité dans son corps, il a vu ses stigmates. Il a vu une chose et il a cru en ce qu’il ne voyait pas… « Mon Seigneur et mon Dieu. » Impossible de voir maintenant Dieu avec des yeux de chair.
Les signes de la passion, les stigmates, n’est-ce pas aussi le titre de gloire de Jésus et le moyen qu’il a pour obtenir en permanence de son Père la Miséricorde promise ? Avec ces blessures présentées au Père, Celui-ci ne peut lui refuser pour nous tous le don de la Miséricorde. Ces plaies ne se cicatrisent pas, la Miséricorde s’écoule d’elles, comme la vie. Le sang, c’est la vie quelque chose de sacré. C’est la vie de Dieu en abondance qui nous est donnée maintenant, mais ce don ne peut plus provoquer la mort de celui qui le fait. Les plaies de Jésus ne se cicatrisent pas, le don de Dieu nous est promis sans rémission, pas de sécheresse possible du cœur de Dieu.


C’est une autre image, un autre tableau qui exprime le don de la miséricorde de Dieu pour nous. Saint Jean-Paul II l’a mis en valeur avec Sainte Faustine. Vous connaissez son histoire : Le Seigneur avait demandé le 22 février 1931 à la religieuse de le peindre dans une certaine attitude. N’y arrivant pas, les services d’un peintre avaient été requis.  Jésus devait être représenté vêtu d’une tunique blanche, une main levée pour bénir, la seconde touchant son vêtement sur la poitrine. De la tunique entrouverte sur la poitrine sortaient deux grands rayons, l’un rouge, l’autre pâle, avec l’inscription: Jésus, j’ai confiance en Toi.  Comme Sr Faustine regrettait que le résultat ne paraisse pas exactement correspondre à ce que le Seigneur avait demandé et à ce qu’elle aurait voulu, elle aurait reçu cette réponse : «Ce n’est ni dans la beauté des couleurs, ni dans celle du coup de pinceau que réside la grandeur de ce tableau, mais dans Ma grâce » (PJ 313). L’original est à Vilnius.
L’image a été rapidement répandue sous plusieurs formes, mais  nous pourrions tirer aussi un enseignement de la qualité picturale relative de cette image. Ne sommes-nous pas aussi parfois, avec le respect et considération que je vous dois, des images parfois un peu loupées de celui qui est venu habiter en nous et faire de nous ses fils. Seigneur, je ne peux pas annoncer ta miséricorde au monde, ou autour de moi, j’appartiens à la catégorie des i2 (hideux donc), comme disait un ancien militaire de l’hexagone. J’en ai fait tant, et j’ai tellement échoué en voulant bien faire, que je n’ai plus envie d’oser faire passer quoi que ce soit. Or, le Seigneur veut utiliser ces sortes d’images-là que nous sommes.
Entrés dans le temps de la miséricorde ordinaire vous me permettrez de citer quelques passages de saint Jean-Paul II : « Le message messianique du Christ et son activité parmi les hommes s'achèvent avec la croix et la résurrection. Le mystère pascal constitue le sommet de la révélation et de la mise en œuvre de la miséricorde. »  « Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait l'expérience radicale de la miséricorde, c'est-à-dire de l'amour du Père plus fort que la mort... Le Christ de Pâques est l'incarnation définitive de la miséricorde, son signe vivant…  La liturgie du temps pascal met sur nos lèvres les paroles du Psaume : «Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur» Ps 88,2 (Jeudi 4ème semaine). »
Le Pape François disait hier en fêtant les martyrs des XXe et XXIe siècle que l’Eglise a besoin  de témoins, c’est-à-dire de saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire, vécue avec cohérence… Pour que la miséricorde puisse mieux passer demandons la grâce de la recevoir nous-mêmes avec fruit.
Nous allons terminer avec sa prière : « O Seigneur, rends-nous de dignes témoins de l’Evangile et de ton amour ; répands ta miséricorde sur l’humanité ; renouvelle ton Eglise, protège les chrétiens persécutés, accorde bientôt la paix au monde entier. »

Marie Mère du Ressuscité, Mère de Miséricorde donne-nous la paix. Amen.

samedi 22 avril 2017

Le Christ apparaît à Marie


Le Christ apparaît à Marie - Rogier van der Weyden

Frères et Sœurs, en ce samedi de l’Octave de la Résurrection du Seigneur, nous pouvons nous réjouir avec Notre-Dame. Nous avons régulièrement chanté cette semaine le Regina Caeli.
Reine du ciel, réjouis-toi, alléluia - car Celui que tu as mérité de porter dans ton sein, alléluia - est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia - Prie Dieu pour nous, alléluia.
C’est la plus récente des Antiennes mariales (XIIIe - XlVème siècle pour la musique) destinées à terminer l’office. Pendant le temps pascal, l'Antienne ne parle plus de vallée de larmes  mais de résurrection et de ciel. Une tradition dit que les premières paroles du chant auraient été soufflées à Grégoire le Grand par des anges. Pourquoi pas? Nous nous réjouissons avec Marie.
La question coutumière en ce jour est celle-ci… Est-ce que Jésus est apparu à Marie ? Les Evangiles et l’Ecriture n’en parlent pas. Mais de toute évidence, la question est plus que légitime. Ceux qui veulent en rester à la lettre ou doutent de cette apparition disent que Marie n’avait pas besoin d’une apparition personnelle, sa foi étant si forte et si grande, ainsi que ses lumières spirituelles, qu’elle savait que son Fils ressusciterait. Elle a cru en cette résurrection sans même avoir vu le tombeau vide. En entendant les premiers témoignages, elle ne pouvait qu’y adhérer de toute son âme. Cela plaît à la réflexion, mais des motifs de simple convenance nous font douter que le Seigneur ait voulu la maintenir à l’écart d’une consolation de sa présence corporelle de ressuscité alors qu’elle était demeurée fidèle au pied de la croix, jusqu’au bout. Celle qui avait été le premier témoin de l’incarnation et par qui le Christ était entré dans le monde devait être témoin de la résurrection et en premier lieu.
Le directoire de la piété populaire nous en parle. Il existe en certains lieux, dit-il, une coutume où une bannière du Christ Ressuscité va à la rencontre de celle de sa mère douloureuse.
Saint Jean-Paul II a abondamment parlé dans une de ses catéchèses de l’apparition de Jésus à sa mère.
Hier soir, en effectuant une recherche, j’ai aussi repéré qu’Ignace de Loyola l’avait mentionné cette rencontre dans ses exercices.
4ème semaine : 299 De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition
Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Écriture n'en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres. Elle suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres: "Êtes-vous encore sans intelligence?"
Saint Ignace aurait été influencé par la fameuse légende dorée de Jacques de Voragine, lue au temps de sa conversion alors qu’il soignait une blessure reçue au combat.
Jacques de Voragine relève deux sources pour appuyer son propos : Ambroise de Milan, mais aussi un poète latin et écrivain chrétien du 5ème siècle Sedulius, c’était l’époque d’Augustin et d’Ambroise. D’Ambroise, j’ai eu de la peine à trouver la source exacte, mais il a beaucoup parlé de Marie. Quant au second, (Sedulius), voici ce qu’il  dit dans la traduction de son chant pascal :
Le Seigneur apparaît à Marie toujours vierge tout aussitôt après sa Résurrection, afin qu'en pieuse et douce mère, elle rendit témoignage du miracle. Celle qui lui avait ouvert les portes de la vie dans sa naissance, devait aussi prouver qu'il avait quitté les enfers. (Carmen Paschale, v, p. 361.)
Réjouissons-nous simplement ce matin, avec Marie, de la résurrection de son Fils et de voir sa consolation et sa joie menés à sa perfection.

Reine du ciel, Réjouis-toi, Alléluia !

dimanche 16 avril 2017

Il vit et il crut



Première lecture« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les mo...Ac 10, 34a.37-43
PsaumeVoici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !Ps 117 (118), 1.2, 1...
Deuxième lecture« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ »Col 3, 1-4
Deuxième lecture« Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle »1 Co 5, 6b-8
Séquence
Évangile« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »Jn 20, 1-9


Frères et Sœurs,

Impressionnantes ces courses au petit matin… Marie-Madeleine se rend au tombeau et voyant son état, elle court trouver  Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, Saint Jean. Cela marque le rapport particulier qu’il y avait entre les deux apôtres, mais aussi la place de Pierre. Les disciples avaient compris que Jésus lui avait donné une fonction particulière. Pourtant Pierre avait renié Jésus… Jean qui était au pied de la croix, se trouve déjà auprès de Pierre.  Auraient-ils appris à pardonner ? Cherchaient-ils à se consoler mutuellement ?
Nous avons lu par deux fois le mot pierre… « La pierre a été enlevée du tombeau. » et le nom de Simon-Pierre. Les mots en grec sont différents, le premier désigne plutôt une pierre taillée et le second signifie plutôt, ‘le roc’, ‘le rocher’, ‘la pierre brute’. Il est la pierre sur laquelle on construit, pas celle qui enferme Jésus, qui ferme le tombeau.
Marie-Madeleine a couru emportée par la douleur. Sa course n’avait rien de l’annonce d’une victoire, ni marathon, ni course du côté de Fribourg, mais une douleur ajoutée à une douleur. Ce qui lui restait, ses reliques, son Jésus, on les lui a pris. La scène est à peine croyable, on dirait qu’elle a couru une deuxième fois derrière les deux Apôtres. Peut-être a-t-elle repris son souffle ?
Jean a couru plus vite que Pierre, mais il l’attend et il laisse entrer Pierre le premier… L’âge empêche les performances. Mais encore une fois, L’Evangile nous montre le rôle attribué à Pierre et le respect qui l’entourait.
Tout se fait dans le silence. Jean qui a vu les linges, entre à son tour et lorsqu’il les voit non seulement eux posés à plat, mais aussi le suaire, il croit. Je cite : « il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. » Il vit, et il crut. Ce qui étonne encore, c’est la suite : il confesse fermement qu’il n’avait pas encore cru parce qu’il ne savait pas que selon les Ecritures, le Christ devait ressusciter ? Et Pierre… Pourquoi ne pas estimer qu’il avait suivi le même cheminement. Il est vrai aussi que Jean le précédait en matière spirituelle, ce qui provoqua un questionnement ou pointait une certaine envie, presque de jalousie à son propos lors d’une apparition sur les bords du lac… « Et lui Seigneur ? » « Que t’importe, Toi, suis-moi ».
Il n’est pas interdit de s’interroger lorsqu’on interprète les Ecritures, les interprétations peuvent varier. Saint Augustin dit plus d’une fois qu’on aurait dû écrire que Jean « vit et qu’il ne crut pas, parce qu'il ne savait pas encore que d'après les Ecritures le Christ devait ressusciter… » Il crut simplement ce qu’avait dit Marie-Madeleine.  Mais il est tout aussi légitime, sinon plus d’estimer que Jean a cru à la résurrection en raison de la manière dont les linges étaient disposés dans le tombeau vide. C’est d’ailleurs la position du catéchisme de l’Eglise catholique. « " Le disciple que Jésus aimait " (Jn 20, 2) affirme qu’en entrant dans le tombeau vide et en découvrant " les linges gisant " (Jn 20, 6) " il vit et il crut " (Jn 20, 8). Cela suppose qu’il ait constaté dans l’état du sépulcre vide (cf. Jn 20, 5-7) que l’absence du corps de Jésus n’a pas pu être une œuvre humaine et que Jésus n’était pas simplement revenu à une vie terrestre comme cela avait été le cas de Lazare (cf. Jn 11, 44). (n° 640). » Jean a aussi tant insisté sur la foi dans son Evangile qu’il est difficile de minimiser sa conclusion.
Un autre élément interpelle, c’est le silence apparent des deux Apôtres. Aucune parole n’est mentionnée. Ils ne se sont pas mis à proclamer haut et fort la résurrection de Jésus et ils n’ont apparemment pas cherché à convaincre Madeleine.
Le passage suivant nous la montre auprès du tombeau. Elle a vu pourtant les mêmes choses, les mêmes éléments, mais elle reste perdue dans ses larmes à un tel point que le Seigneur va devoir lui apparaître et la calmer. Sa sensibilité l’avait trop éprouvée pour qu’elle puisse raisonner.
Les apparitions de Jésus à Pierre, à Marie-Madeleine, aux disciples d’Emmaüs, à Thomas et à beaucoup d’autres ont clôt toutes discussions.
La mémoire de l’Eglise conserve le souvenir du tombeau vide et des apparitions du Seigneur Ressuscité. Du premier nous avons encore des éléments à Jérusalem, vous avez peut-être lu qu’il a été restauré dernièrement et il nous reste encore le témoignage des Ecritures de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, donc le témoignage de la communauté.
L’ancien pape Benoît est plus précis, il nous dit dans son Jésus de Nazareth, qu’il retient trois éléments fondamentaux : « La célébration du Jour du Seigneur (le 8ème jour), qui dès le début distingue la communauté chrétienne, est pour moi une des preuves les plus puissantes du fait que, ce jour-là, quelque chose d'extraordinaire s'est produit - la découverte du tombeau vide et la rencontre avec le Seigneur ressuscité. » Changer une fête structurante d’un calendrier religieux est mission impossible vous me le concéderez. Or, le dimanche a remplacé le sabbat.
« Marie a attendu dans la foi la résurrection de Celui qu’elle avait conçu dans la foi ; Forte de sa foi, elle a veillé jusqu’au jour de lumière et de vie qui a dissipé la nuit de la mort, et rempli d’allégresse l’univers entier ; le jour où l’Eglise naissante, tremblante de joie, retrouve son Seigneur immortel. »
Reine du ciel réjouis-toi ! Alléluia !

MESSAGE URBI ET ORBI DU PAPE FRANÇOIS

MESSAGE URBI ET ORBI
DU PAPE FRANÇOIS

PÂQUES 2017

Loggia centrale de la Basilique vaticane
Dimanche 16 avril 2017

Chers frères et sœurs,
Bonne fête de Pâques !

Aujourd’hui, dans le monde entier, l’Église renouvelle l’annonce pleine d’étonnement des premiers disciples : « Jésus est ressuscité ! »- « Il est vraiment ressuscité, comme il l’avait dit ! »

L’antique fête de Pâques, mémorial de la libération du peuple hébreu de l’esclavage, atteint ici son accomplissement : par sa résurrection, Jésus Christ nous a libérés de l’esclavage du péché et de la mort et nous a ouvert le passage vers la vie éternelle.

Nous tous, quand nous nous laissons dominer par le péché, nous perdons la bonne route et nous allons errant comme des brebis égarées. Mais Dieu même, notre Pasteur, est venu nous chercher, et pour nous sauver, il s’est abaissé jusqu’à l’humiliation de la croix. Et aujourd’hui, nous pouvons proclamer : « Il est ressuscité le bon Pasteur qui pour son troupeau est allé à la rencontre de la mort, alléluia ! » (Missel Romain, IV° dimanche de Pâques, Antienne de la communion).

A travers les temps, le Pasteur ressuscité ne se lasse pas de nous chercher, nous ses frères égarés dans les déserts du monde. Et par les signes de la Passion – les blessures de son amour miséricordieux – il nous attire sur son chemin, le chemin de la vie. Aujourd’hui aussi, Il prend sur ses épaules beaucoup de nos frères et sœurs opprimés par le mal sous ses différentes formes.

Le Pasteur Ressuscité va chercher celui qui est égaré dans les labyrinthes de la solitude et de la marginalisation ; il va à sa rencontre à travers des frères et des sœurs qui savent s’approcher avec respect et tendresse et faire entendre à ces personnes sa voix, une voix jamais oubliée, qui les rappelle à l’amitié avec Dieu.

Il prend en charge tous ceux qui sont victimes des anciens et des nouveaux esclavages : travaux inhumains, trafics illicites, exploitation et discrimination, graves dépendances. Il prend en charge les enfants et les adolescents qui sont privés de leur insouciance pour être exploités ; et qui a le cœur blessé par les violences subies à l’intérieur des murs de sa propre maison.

Le Pasteur Ressuscité se fait compagnon de route de tous ceux qui sont contraints de laisser leur terre à cause de conflits armés, d’attaques terroristes, de famines, de régimes oppressifs. A ces migrants forcés, il fait rencontrer des frères sous tous les cieux, pour partager le pain et l’espérance sur le chemin commun.

Dans les histoires complexes et parfois dramatiques des peuples, que le Seigneur Ressuscité guide les pas de qui cherche la justice et la paix ; et qu’il donne aux responsables des Nations le courage d’éviter l’expansion des conflits et d’arrêter le trafic des armes.

En ces temps, de façon particulière, qu’il soutienne les efforts de tous ceux qui s’emploient activement à apporter soulagement et réconfort à la population civile en Syrie, Syrie bien aimée et martyrisée, victime d’une guerre qui ne cesse pas de semer horreur et mort. Encore hier, un dernier et ignoble attentat contre les réfugiés en fuite a provoqué de nombreux morts et blessés. Qu’il donne la paix à tout le Moyen Orient, à commencer par la Terre sainte, comme aussi en Irak et au Yémen.

Que la proximité du Bon Pasteur ne manque pas aux populations du Sud Soudan, du Soudan, de la Somalie et de la République Démocratique du Congo, qui souffrent de conflits qui se perpétuent, aggravés par la très sérieuse famine qui frappe certaines régions de l’Afrique.

Que Jésus ressuscité soutienne les efforts de tous ceux qui, spécialement en Amérique latine, s’engagent à garantir le bien commun des sociétés, parfois marquées de tensions politiques et sociales qui dans certains cas aboutissent à la violence.

Qu’on puisse construire des ponts de dialogue, en persévérant dans la lutte contre la plaie de la corruption et dans la recherche de solutions valables et pacifiques aux controverses, pour le progrès et la consolidation des institutions démocratiques, dans le plein respect de l’Etat de droit.

Que le Bon pasteur aide la bien-aimée terre d’Ukraine, encore affligée par un conflit sanglant, à retrouver la concorde et accompagne les initiatives en vue d’adoucir les drames de tous ceux qui en souffrent des conséquences.

Que le Seigneur ressuscité, qui ne cesse pas de combler le continent européen de sa bénédiction, donne espérance à tous ceux qui traversent des moments de crise et de difficultés, spécialement en raison du manque de travail surtout pour les jeunes.

Chers frères et sœurs, cette année comme chrétiens de toute confession, nous célébrons ensemble la Pâque. Ainsi, d’une seule voix dans chaque partie de la terre résonne l’annonce la plus belle : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, comme il l’avait dit ! ». Il a vaincu les ténèbres du péché et de la mort, qu’il donne la paix à notre temps.

Bonne fête de Pâques !