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dimanche 22 septembre 2019

Le bon gérant est habile, il prie et travaille!


22 SEPTEMBRE 2019 -  25ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
de la Férie

Première lecture « Contre ceux qui achètent le faible pour un peu d’argent» Am 8, 4-7
Psaume « Louez le nom du Seigneur : de la poussière il relève le faible.»
Deuxième lecture « J’encourage à faire des prières pour tous les hommes à Dieu qui veut...» 1 Tm 2, 1-8
Évangile  « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » Lc 16, 1-13


Chers Frères et Sœurs,

Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus paraît adopter une attitude très curieuse, celle de vanter un gérant malhonnête. Du coup nous paraissons voir une sorte d’approbation pour certains arrangements et quasiment la bénédiction du Seigneur. La finale corrige nettement cette première impression.
Entre gérant et gérance, le mot « gérant » revient huit fois dans la parabole. Il mérite donc qu’on s’y intéresse. En grec est utilisé le mot « oikonomos » qui se traduit par régisseur, administrateur, « économe » en français (de oikos = maison et nomos = loi), littéralement, c’est « celui qui  fait la loi à la maison ». Lorsque nous faisions notre propédeutique à Fribourg, nous avions un cours intitulé l’économie du salut donné par le Père Tino Lovison. Les séminaristes de l’époque qui étaient d’humeur joyeuse, parlaient d’économie du chahut… Le cours était sérieux. Le terme « économie de salut » est utilisé en théologie pour désigner le plan d’incarnation de Dieu sur terre. Elle a extrapolé cette notion pour parler de la façon dont Dieu administre et gère « sa maison », c’est-à-dire le monde. Restons-en là pour ne pas nous provoquer de migraines. (Si vous y tenez, toutes les infos sur internet.)
Le mot d’économie est mis fréquemment en relation avec 2 lieux contrastés, nos petites économies et la grande économie qui est une sorte de baromètre de notre monde contemporain et presque le seul qui ait vraiment de l’importance aujourd’hui. On parlait aussi autrefois de l’esprit d’économie  comme d’une vertu, alors qu’aujourd’hui la société exige presque qu’on dépense notre pécule, pour nous reprocher ensuite notre pauvreté. Quel mystère !
A un économe on demande de jongler avec les budgets, les dépenses courantes et extraordinaires, les impôts, les réserves et presque de faire des miracles. Les règles monastiques, invitent le cellérier lorsqu’une demande d’un frère ou d’une sœur ne peut être satisfaite de donner une bonne parole, sans humilier, blesser ou contrister celui qui est concerné. C’est une approche qui devrait être commune dans toutes les familles.
Jésus loue l’habilité du gérant qu’il prend en exemple, lorsqu’il doit se tirer d’affaire, mais il ne loue ni la malhonnêteté, ni le fait de dilapider les biens qui lui ont été confiés. Dans un premier temps, il a dilapidé pour sa propre gloire certainement, peut-être par des dépenses somptuaires, des banquets, que sais-je, et il le fait encore aujourd’hui pour se tirer d’affaire. Pourquoi ? « Travailler, c'est trop dur, et voler, c'est pas beau. D'mander la charité, c'est qu’ qu' chose j'peux pas faire. » Disait une chanson célèbre des années septante.
Dans l’Évangile, notre gérant dit ne pas pouvoir : « creuser »  (littéralement, bêcher) et « mendier ». Bêcher la terre, c’est trop dur, et il aurait honte de mendier.
Le Seigneur loue donc l’habileté elle-même. Un disciple doit se montrer habile pour annoncer l’Évangile. Il est vrai que cette dynamique est donnée plus à certains qu’à d’autres. Le Saint-Esprit distribue ses dons avec diversité, et il suggère des ruses pour attirer les poissons que nous sommes dans ses filets. Il le fait à l’exemple des pêcheurs qui utilisent parfois de la lumière pour les attirer la nuit. Je crois qu’en eau douce c’est interdit, mais le moyen est très efficace, cela se fait en mer. Nous avons un bel exemple dans l’apostolat des Pères Jésuites en Chine ils avaient utilisé leurs qualités scientifiques pour entrer à la cour… C’était une lumière annoncée par une obscurité… puisqu’ils avaient prédit une éclipse non prévue par leurs hôtes.
Le Seigneur nous invite donc à nous montrer actifs et adroits dans l’annonce de la parole, à lui donner de nouveaux amis et de nouveaux enfants à l’Église. Cette parabole est une sorte d’écho de celle des talents. Il n’aime rien aussi peu que ceux qui les enterrent. Un lien peut être fait également avec les différents intendants de l’Écriture, avec Joseph par exemple. Comme lui, le disciple honnête mais intelligent, ne cherche pas seulement à bien tenir sa comptabilité, mais il trouve le moyen de faire fructifier le trésor qui lui est confié. Il cherche à gagner.
Saint Jean Chrysostome dans son commentaire de l’épître à Timothée, fait ainsi parler saint Paul : Je rends grâces de ce que Dieu m'a honoré de cette fonction, qui montre qu'il m'estime fidèle. Car de même que, dans une maison, l'intendant ne remercie pas seulement son maître d'avoir eu confiance en lui, mais voit dans sa charge un témoignage qu'il a en lui plus de confiance que dans les autres ; de même en est-il du ministère apostolique.
Au monastère nous n’avons ni peur de mendier, ni de travailler. Nous soignons aussi la vie communautaire dans le respect de notre règle et de l’évangile. Notre prière est un moyen de faire grandir l’Église, Notre-Dame a usé de ce don qu’elle avait de toucher le cœur de Dieu. Il nous aime, mais il aime aussi qu’on le prie, montrant en exauçant notre prière que c’est bien lui qui agit. Celui qui annonce directement la parole n’est en quelque sorte qu’un instrument. Mendier auprès de Dieu, c’est le prier. Notre gérant, notre intendant avait honte de mendier. « Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre. De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. » Prier est un apostolat…
Marie, Reine des apôtres, fais-nous méditer toujours, dans nos cœurs, la Parole de Vie, pour pouvoir être fidèles à la Mission que le Seigneur nous confie. Amen.

vendredi 13 septembre 2019

150e Anniversaire du Couronnement de Notre-Dame du Vorbourg.


Les deux brefs du pape Pie IX ont été traduits pour la première fois dans leur totalité, par M. David Amherdt de l'Université de Fribourg. Il avait fallu deux expéditions et repousser la date prévue. M. Eugène Lachat était aux bains en Allemagne pour raison de santé. C’est le Cardinal Niccola Clarelli Parracciani qui en est l’auteur et le signataire.

Bref du 6 août 1869


La pape Pie IX

À notre vénérable frère Aimable-Jean-Claude-Eugène, évêque de Bâle.

Vénérable frère, salut et bénédiction apostolique.

La requête que tu nous as adressée témoigne de ton très grand désir de pouvoir, avec notre permission, bénir en notre nom, le premier dimanche du mois de septembre prochain, une cloche dans l’église dédiée à Marie Immaculée, Vierge Mère, que l’on appelle communément « Notre-Dame du Forbourg », près de Delémont, ville du canton de Berne, dans ton diocèse de Bâle, et de pouvoir embellir d’une couronne la statue de la mère de Dieu, que la vénération des fidèles a rendue très célèbre.

Mais pour qu’une telle cérémonie ne soit pas sans un bien spirituel pour les fidèles, tu nous as ardemment prié de daigner, pour cette occasion, ouvrir les trésors des grâces célestes dont le Très-Haut nous a confié l’administration.

Ainsi, souhaitant, autant que nous le pouvons avec l’aide du Seigneur, seconder ce genre de désirs, grâce auxquels est procuré plus abondamment le salut des âmes et, seulement pour le cas présent, t’absolvant et de déclarant absous de toute sentence d’excommunication et d’interdit, ou autres sentences, censures et peines ecclésiastiques, de quelques manières ou pour quelques raisons qu’elles aient été portées, si par hasard tu en avais encouru quelqu’une, par les présentes et en vertu de notre autorité apostolique, nous t’accordons, vénérable frère, la faculté de bénir, librement et licitement, le premier dimanche du mois de septembre prochain, dans un rite solennel, la cloche de l’église susdite, et de la nommer en notre nom, comme aussi de couronner en notre nom la statue de la Bienheureuse Vierge Marie qui s’y trouve.

Mais pour que par la suite aussi les fidèles puissent trouver de nouveaux secours pour gagner la béatitude éternelle, nous confiant dans la miséricorde du Dieu tout-puissant et nous appuyant sur l’autorité de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul, nous accordons miséricordieusement dans le Seigneur à tous les fidèles des deux sexes sans exception, qui cette année, le premier dimanche de septembre, mais également chaque année le jour anniversaire de cette cérémonie solennelle ou l’un des sept jours qui suivront directement, au choix de chacun, après s’être vraiment repentis et confessés et avoir repris des forces par la sainte communion, visiteront l’église dont il a été question plus haut ainsi que la statue, et y adresseront à Dieu de pieuses prières pour la concorde des princes chrétiens, pour l’extirpation des hérésies et pour l’exaltation de la Sainte Église notre Mère, une indulgence plénière et la rémission de tous leurs péchés, qu’ils pourront aussi appliquer, par mode de suffrage, aux âmes des fidèles qui ont quitté ce monde dans les liens de la charité divine.

Nonobstant tout ce qui pourrait y être contraire.

Nous voulons en outre que les copies manuscrites ou même imprimées des présentes Lettres, contresignées par un notaire public et munies du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, obtiennent absolument la même créance que les présentes elles-mêmes, si elles étaient exhibées ou montrées.

Donné à Rome, à Saint-Pierre, sous l’anneau du Pêcheur, le 6 août 1869, la 24ème année de notre Pontificat.  





Bref du 3 septembre 1869


Le Pape Pie IX

Vénérable frère, salut et bénédiction apostolique.

La requête que tu nous as adressée en ton nom nous informe que, par de semblables Lettres apostoliques que nous t’avons données le 6 août de cette année, tu as obtenu la permission de bénir, le premier dimanche du mois de septembre, la cloche de l’église dédiée à la bienheureuse Vierge Marie, près de la ville de Delémont, dans ton diocèse de Bâle, et de la nommer en notre nom ainsi que, le même jour, de couronner en notre nom la statue de la Vierge Mère qui se dresse dans cette même église, et que, par les mêmes Lettres apostoliques, nous avons accordé une indulgence plénière aux fidèles qui cette année, le jour susdit, mais aussi chaque année au jour anniversaire de cette cérémonie solennelle ou l’un des sept jours sept jours qui suivront directement, au choix de chacun, après s’être vraiment repentis et confessés et avoir repris des forces par la sainte communion, visiteront avec piété et dévotion l’église susdite et la statue de la Mère de Dieu qui s’y trouve.

Mais comme, empêché par la maladie, tu n’as pas pu accomplir la cérémonie susdite, tu nous demandes humblement que les fidèles puissent, en vertu de notre bienveillance, gagner l’indulgence dont il a été question plus haut le jour que tu auras désigné pour la cérémonie susdite.

Nous donc, souhaitant seconder tes désirs, absolvant  et déclarant absous, seulement pour le cas présent, tous ceux, sans exception, en faveur de qui sont les présentes Lettres, de toute sentence d’excommunication et d’interdit, ou autres sentences, censures et peines ecclésiastiques, de quelques manières ou pour quelques raisons qu’elles aient été portées, si par hasard ils en avaient encouru quelqu’une, par notre autorité apostolique et par la teneur des présentes, nous concédons et accordons que tu puisses fixer librement et licitement un jour, dans le délai d’une année, pour les cérémonies susdites, et que les fidèles, ce jour-là de cette année-là, et chaque année le jour anniversaire du couronnement susdit, puissent librement et licitement gagner une indulgence plénière, en conservant les conditions qui ont été ordonnées dans nos dernières Lettres.

Nonobstant tout ce qui pourrait y être contraire.


Donné à Rome, à Saint-Pierre, sous l’anneau du pécheur le 3 septembre 1869, la 24ème année de notre pontificat. 





BREF DU 6 AOÛT 1869


Pius Papa IX

Venerabilis Frater, salutem et Apostolicam Benedictionem.

Oblatae Nobis a Te preces prae se ferebant admodum tibi esse in votis, ut in ecclesia Deo sacra in honorem Immaculatae Mariae Virginis Deiparae, vulgo « Notre Dame du Forbourg » quae nominatur, prope Delemontum pagi Bernensis oppidum, tuae istius diocesis Basileensis, prima adventantis Septembris Dominica Nostro nomine et sacrum aes templi benedicere, et statuam Dei Genitricis fidelium religione maxime insignem diademate augere ex venia Nostra possis.

Ne autem talis caeremonia a spirituali fidelium bono sejuncta sit, Nos enixe rogasti, ut caelestium gratiarum thesauros, quorum dispensationem Nobis commisit Altissimus, reserare hac occasione dignaremur.

Nos igitur tuis votis hujusmodi, quibus uberius animarum saluti prospicitur, obsecundare, quantum cum Domino possumus, volentes, Teque ab quibusvis excommunicationis et interdicti, aliisque ecclesiasticis sententiis, censuris, et poenis quovis modo vel quavis de causa latis, si quas forte  incurreris, hujus tantum rei gratia absolventes et absolutum fore censentes, Tibi, venerabilis Frater, per praesentes, auctoritate Nostra Apostolica, facultatem facimus, cujus vi prima Dominica instantis Septembris sollemni ritu sacrum aes templi suprascripti benedicere, Nostroque nomine nuncupare, item simulacro Beatae Mariae Virginis ibi existenti coronam Nostro nomine imponere libere et licite possis.

Quo autem vel exinde fideles novum sibi praesidium sumant ad aeternam potiundam beatitatem, de Omnipotentis Dei misericordia ac Beatorum Petri et Pauli Apostolorum ejus auctoritate confisi, omnibus et  singulis utriusque sexus  christifidelibus, qui hoc anno prima Septembris Dominica, quotannis vero die sollemnis hujus caeremoniae anniversaria aut uno ex septem diebus continuis immediate subsequentibus uniuscujusque christifidelis arbitrio sibi deligendo, vere poenitentes et confessi ac Sancta Communione refecti, memoratam ecclesiam et simulacrum visitaverint, et ibi pro Christianorum principum concordia, haeresum extirpatione ac Sanctae Matris Ecclesiae exaltatione pias ad Deum preces effuderint, plenariam omnium peccatorum suorum indulgentiam et remissionem, quam etiam animabus christifidelium, quae Deo in charitate conjunctae ab hac luce migraverint, per modum suffragii applicare possint, misericorditer in Domino concedimus.

In contrarium facientibus non obstantibus quibuscumque.

Volumus autem, ut praesentium litterarum transumptis seu exemplis etiam impressis, manu alicujus notarii publici subscriptis et sigillo personae in ecclesiastica dignitate constitutae munitis, eadem prorsus fidei adhibeatur, quae adhiberetur ipsis praesentibus si forent exhibitae vel ostensae.

Datum Romae apud sanctum Petrum sub annulo Piscatoris die VI Augusti MDCCCLXIX, Pontificatus Nostri anno XXIV.

BREF DU 3 septembre 1869


PIUS Papa IX

Venerabilis Frater, salutem et Apostolicam Benedictionem.

Admotae Nobis tuo nomine preces prae se ferebant Te per similes Nostras Litteras Apostolicas die VI Augusti hoc ipso anno datas assequutum esse veniam benedicendi prima mensis Septembris Dominica aes campanum ecclesiae Deo sacrae in honorem Beatae Mariae Virginis prope Delemontem, oppidum tuae istius dioecesis Basileensis, Nostroque nomine illud nuncupandi nec non eodem die imponendi Nostro nomine coronam simulacro Deiparae Virginis eadem in ecclesia existenti, iisdemque Litteris Apostolicis plenariam indulgentiam christifidelibus, qui hoc anno praefata die, quotannis vero die sollemnis hujus coerimoniae aniversario vel uno ex septem diebus continuis immediate subsequentibus ad uniuscujusque christifidelis libitum sibi deligendo, vere poenitentes et confessi ac Sacra Communione refecti, suprascriptam ecclesiam et in ea situm Deiparae Virginis simulacrum pie devoteque visitaverint, esse a Nobis impertitam.

Verum quum valetudinis causa impeditus praefata sollemnia peragere nequiveris, supplex a Nobis petis, ut fideles memoratam indulgentiam die, quem ad praedictam coerimoniam designaveris, lucrari de benignitate Nostra valeant.

Nos igitur tuis votis obsecundare volentes, omnesque et singulos quibus hae litterae favent, a quibusvis excommunicationis et interdicti allisque ecclesiasticis sententiis, censuris et poenis quovis modo vel quavis de causae latis, si quas forte incurrerint, hujus tantum rei gratia absolventes ac absolutos fore censentes, auctoritate Nostra Apostolica tenore praesentium concedimus atque indulgemus, ut ad coerimonias praedictas alium infra annum designare diem libere ac licite queas, utque christifideles eo die hoc anno, quotannis autem die coronationis praedictae anniversario, plenariam indulgentiam servatis conditionibus, quae in prioribus litteris Nostris praecipiuntur, lucrari libere possint et licite.

In contrarium facientibus non obstantibus quibuscumque.

Datum Romae apud sanctum Petrum sub annulo Piscatoris die III Septembris MDCCCLXIX Pontificatus Nostri anno vigesimoquarto.

dimanche 8 septembre 2019

Rebeuvelier - Nativité de Notre-Dame


Une sculpture nature
de Laurent Boillat

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »
Quel contraste apparent frères et sœurs entre cette parole de Jésus adulte et sa dépendance personnelle envers Marie, sa maman. Un petit enfant en a besoin plus que tout et plus que jamais. Même un adulte dans la détresse en arrive parfois à appeler sa mère. On en rit à l’occasion, mais vous avez peut-être fait cette expérience en étant malade, ou face à une grande peur. Qui peut affirmer faire le malin en tout temps ? Le Seigneur veut dire par cette parole qu’il est Dieu et que Dieu doit être aimé par-dessus tout, plus encore que sa propre vie. Partir à sa suite demande un complet détachement : Marie l’a vécu.
En fêtant la Nativité de Marie aujourd’hui, nous nous réjouissons de la naissance de la maman de celui qui vient apporter la vie au monde, mais aussi de ce qu’est Marie elle-même et de la grâce qui lui est faite.
Les parents de Marie se nomment Anne et Joachim selon la tradition, et cela, dès les premiers siècles. Joachim veut dire ("Dieu accorde") et Anne ("La Grâce - la gracieuse"). En joignant les deux noms des époux, nous obtenons : Dieu donne la grâce… Cela fait un beau nom de famille et significatif. Ils n’auraient pu en effet, avoir Marie que tardivement. On dit de Joachim qu’il est descendant de David et Anne de la tribu de Lévi, Elisabeth l’était elle-même.
Jésus en tant que Dieu a eu la chance et le pouvoir de choisir celle qui est sa propre maman. Il a créé son âme, et l’a préservée dès le commencement des conséquences de ce qu’on appelle la faute originelle. Il lui a tout de même obéi durant son enfance. Fêtant jeudi prochain et cette semaine le 150ème anniversaire du couronnement de Notre-Dame du Vorbourg, par le Pape Pie IX, nous pouvons rappeler que c’est aussi ce pape qui a, non pas inventé, ce serait problématique, mais reconnu au nom de l’Église entière ce titre de Marie. L’événement spirituel le plus curieux de cette époque et du 19ème siècle d’ailleurs, est le phénomène extraordinaire des apparitions de Lourdes que rappelle la grotte du village. « Je suis l’Immaculée Conception » avait dit Marie à Bernadette.
C’est cette petite fille aux talents cachés qui est fêtée aujourd’hui. Marie en raison des dons reçus va être spirituellement la servante du Seigneur, la disciple la plus fidèle de son Fils et de son Dieu, de celui qu’elle va mettre au monde. Comme toutes les mamans elle accomplira les tâches et l’immense service que toutes nous ont rendu. Elle le fera en lui donnant la vie, en le soignant, en l’éduquant, mais aussi en le rendant libre et en respectant sa mission. Plus encore, elle va devenir son disciple. Elle va le laisser accomplir cette mission et l’accompagner jusqu’au bout. Si vous avez déjà accompagné une maman qui perd son enfant, vous avez perçu ce qu’a pu être le terrible sacrifice que cela a été. En même temps, dans ce moment éprouvant, Marie est restée celle qui a cru. Elle savait que son Fils ressusciterait, mais cela n’a rien enlevé à sa douleur propre et à celle de son Fils qu’elle partageait. Elle a vécu totalement la passion de Jésus, de manière spirituelle. Selon une tradition bien ancrée Marie verra la première son Fils ressuscité. Elle sera la première également à être emportée au ciel après lui avec son corps glorieux lors de son Assomption et couronnée dans le ciel. Tous ces événements sont présents dans ce bébé qui naît aujourd’hui. « Parce qu’elle est la plus petite, elle sera la plus grande, j’ai mis la miséricorde à ses pieds. »
Marie est née pour nous donner son Fils, mais aussi pour nous recevoir comme enfants. Elle va nous enseigner à nous donner nous-mêmes afin de devenir disciples de celui-ci, sans rien lui préférer. Le Seigneur veut venir habiter chez nous pour que ce monde soit réconcilié à chaque génération, rendu plus beau encore, vraiment divin.
S’il arrive que même des adultes appellent leur maman dans un moment de détresse, parce que nous sommes fragiles, le Seigneur a voulu nous faire le cadeau de sa propre Mère présente au pied de la croix. Elle a reçu une grâce particulière en recevant l’Apôtre Jean au pied de la croix. Marie est devenue Mère de l’Église et nous pouvons recourir en toute circonstance à elle, nous le savons. Toujours elle nous accompagne comme elle le fait pour toute l’Église. Elle est Mère de l’Église.
Saint Jean-Paul II, avait rappelé qu’elle avait commencé de resplendir comme une véritable «étoile du matin» (Stella matutina). Comme cette étoile, en même temps que l'«aurore», précède le lever du soleil, de même Marie, dès sa conception immaculée, a précédé la venue du Sauveur, le lever du «soleil de justice» dans l'histoire du genre humain.
Terminons avec une hymne : «Sainte Mère du Rédempteur, porte du ciel, toujours ouverte, étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, à l'émerveillement de la nature, celui qui t'a créée!». Amen.




samedi 3 août 2019

Anniversaire de la Consécration de l'église de Courtételle

Saint Sixte patron de l'église de Courtételle




Chers Frères et Sœurs,

‘Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’
Voilà quelqu’un qui n’est pas sans ressources et s’inquiète sur des mesures à prendre. M’est venu à l’esprit en lisant notre Évangile un petit article du journal de cette semaine qui rapportait qu’un grand institut bancaire annonçait qu’il allait percevoir pour ceux qui faisaient un dépôt de 2 millions 0,75% de la somme. M’étonnant que cela soit possible quelqu’un m’a dit qu’ailleurs la ponction se faisait depuis 1 million. Le tout a fini dans un éclat de rire, ce n’est pas notre problème. Que ferais-je si j’étais millionnaire ?
Cela nous amène bien entendu au thème d’aujourd’hui : Qu’elle est la finalité de notre existence, qu’est-ce qui est le plus important dans une vie humaine ? Augmenter ses dépôts sur ses comptes, entasser des antiquités et objets de valeurs ? En effet, quoi de plus agréable que d’être à l’aise. Vanité des vanités, tout est vanité ! Un chirurgien m’avait dit un jour : Oh ! vous savez ! Même votre cœur n’est programmé que pour un certain nombre de battements. Nous avons une éternité programmée devant nous, mais l’intervention de Dieu sera nécessaire, à la résurrection, pour notre corps. Voilà de l’humilité médicale qui nous invite à l’être aussi et attentifs à ce que nous disent nos lectures et le Seigneur en particulier. « ‘Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’  Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »


« Être riche en vue de Dieu » Qu’est-ce que cela veut dire ? Le pape Benoît disait à propos de notre Évangile : « L'homme riche de cette parabole est sans doute intelligent; il connaît son affaire. Il sait calculer les possibilités du marché; il tient compte des facteurs de risque dans la nature comme dans le comportement humain. Ses réflexions sont bien menées, le succès lui donne raison. Nous pouvons dire que cet homme est sans doute trop intelligent pour être athée. Il dit en quelque sorte, je ne sais pas. Alors je vis en agnostique : « comme si Dieu n'existait pas ». La tendance est générale sous prétexte de neutralité. Mais notre cœur a une programmation, même avec des piles.
Le Pape François quant à lui, met en garde contre une problématique plus globale de notre temps, et deux maladies. D’abord la concentration scandaleuse de la richesse globale en raison de la connivence de responsables de la chose publique avec les puissants. Il mentionne encore la corruption qui est un processus de mort. 
« Être riche en vue de Dieu. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Entendre la parole et la mettre en pratique. Aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, et son prochain comme soi-même. Le pape François durant l’année de la miséricorde nous a engagé à devenir miséricordieux nous-mêmes, comme Dieu l’est pour nous. Dans les moyens simples, il a remis en valeur les œuvre de miséricorde que je vous rappelle : donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les étrangers ; assister les malades ; visiter les prisonniers ; ensevelir les morts ; conseiller ceux qui sont dans le doute ; enseigner les ignorants ; avertir les pécheurs ; consoler les affligés ; pardonner les offenses ; supporter patiemment les personnes ennuyeuses ; prier Dieu pour les vivants et pour les morts.


Saint Maurice

Fêtant aujourd’hui Saint Sixte II patron de la paroisse vous me permettrez de vous rappeler que selon Mgr Vautrey, il l’était devenu lorsque la nouvelle église de Courtételle fut consacrée solennellement, le 3 juillet 1729, par le coadjuteur Mgr Jean-Baptiste de Reinach, évêque d’Abdère. La première église avait été dédiée à Saint Maurice selon la tradition, et avait vu Germain et Randoald. L’autel latéral de la nouvelle église du côté de l’épitre fut dédié à Saint Maurice qui devint patron secondaire de la paroisse. L’autel latéral, du côté de l’évangile, devenant la chapelle des nobles de Rambévaux fut consacré à saint Joseph. Poursuivons une synthèse rapide.
L’église a subi bon nombre de rénovations depuis cette époque (cf chronologie jurassienne), il suffit de consulter la chronologie jurassienne pour s’en assurer et mieux encore de visiter l’église. Germain et Randoald ont pris place dans un vitrail, Saint Maurice dans l’autre. Le nouvel autel avait été consacré le 8 décembre 1991 (Mgr Candolfi ?).
Puisque Saint-Sixte protège la paroisse, nous pouvons rappeler qu’il fut victime de la persécution de l’empereur Valérien. Celui-ci cherchait surtout à renflouer les caisses de l’État avec les fonds détenus notamment par l’Église en ce temps-là pour venir en aide aux pauvres. Six des diacres furent mis à mort le même jour que Sixte et le septième diacre Laurent périt sur le gril le 10 août 258, ayant distribué aux pauvres l’argent de l’Église.  

Saints Germain et Randoald

Saint Cyprien de Carthage, un Père important de l’Église latine en Afrique avec Augustin donna quant à lui sa vie pour le Christ le 14 septembre 258.  Je conclus avec une phrase de sa lettre qui porte le n° 80. Elle relate ce martyre : « Valérien, dans un rescrit au Sénat, a donné ordre que les évêques, les prêtres et les diacres soient exécutés sur le champ, que les sénateurs, les personnages de qualité, et les chevaliers Romains, soient privés de leur dignité et de leurs biens, et s'ils continuent malgré cela à se dire chrétiens, soient mis à mort, que les matrones soient dépouillées de leurs biens et envoyées en exil, que les Césariens, qui ont confessé le Christ auparavant, ou le confesseront maintenant, aient leurs biens confisqués, et soient eux-mêmes mis aux fers et envoyés dans les domaines impériaux, et qu'on en dresse un état. »
Que le Seigneur avec l’aide de Notre-Dame nous donne la grâce de vivre en témoins du Seigneur ressuscité. Amen.




dimanche 28 juillet 2019

« Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »






28 juillet 2019

17ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
    Première lecture « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » Gn 18, 20-32
    Psaume Le jour où je t’appelle,
    réponds-moi, Seigneur. Ps 137 (138), 1-2a, ...
    Deuxième lecture « Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes n... Col 2, 12-14
    Évangile « Demandez, on vous donnera »

Intro

Frères et Sœurs,

Merci d’être venus célébrer ce 17ème dimanche du temps ordinaire avec Notre-Dame du Vorbourg qui fête cette année le 150ème anniversaire de son couronnement. Nous avons peut-être remarqué que nos agriculteurs ont moissonné certaines céréales dans la vallée cette semaine. Il va être question de pain dans l’Évangile d’aujourd’hui, un pain que nous demandons à Notre Père.
J’ai essayé ces dernières semaines de donner quelques flashs sur le couronnement de 1869 et la signification du titre de Marie Reine qui remonte très loin dans l’histoire. Ce matin, comme j’arrive au terme de mes 3 semaines de remplacement, je vous ai sorti la dernière couronne de Notre-Dame du Vorbourg et de l’enfant Jésus. Ce sont les plus anciennes, elles ont perdu quelques morceaux de verres qui imitent des pierres précieuses, celle de Notre-Dame a perdu une croix. Elles figurent sur les ex-votos du début du 18ème siècle, ce sont celles qui sont les plus fréquentes. Le prénom de Marie a diverses significations de la goutte d’eau de la mer à la princesse et à la souveraine… On dit qu’il y en a plus de 300. A vos souhaits.
Avec le panier de la quête, je vais faire circuler ce qu’on appelle le livre des bénédictions qui contient notamment la formule utilisée aujourd’hui pour bénir les statues de la Vierge Marie dans les églises et oratoires ainsi que le livret de la célébration des couronnements de statues de Notre-Dame qui n’est disponible qu’en latin et pas en français. Ces cérémonies sont moins fréquentes depuis le concile.
Je termine par un rappel de dates : le concile Vatican I a commencé en décembre 1869 sous la protection des troupes du second empire. Lorsqu’elles se sont retirées avec le Risorgimento et Victor Emmanuel il s’est arrêté. La partie qui devait concerner l’Église n’a pu être traitée et ce fut Vatican II qui prit la relève. Après la chute du second empire français et la guerre avec la Prusse, la Commune saccagea notamment l’Église de Notre-Dame des Victoires, qui avait été couronnée la première en France par Pie IX. Cette église était chère à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui avait obtenu une guérison de la sainte Vierge. Pour info, il y a encore une statue de Notre-Dame des Victoires à Courchapoix.
Nous prierons aujourd’hui pour nos amis météorologues en Suisse et plus spécialement en Suisse Romande qui doivent passer de l’annoncer de 4 mm de chutes de pluie à 31 ou 36 millimètres puis 28 selon les révisions, il y a de quoi passer par une dépression qui n’a rien à voir avec la météo. Nous prierons surtout aux intentions des familles qui nous ont demandé de prier pour leurs malades et leurs défunts, ce qui est bien plus sérieux et important.
L’homélie sera plus brève que de coutume pour vous récompenser de votre patience et parce que nous sommes en période de récoltes et de moissons et que certains sont fatigués…

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Vous avez certainement remarqué que nous sommes encouragés à prier ce matin, Jésus nous apprend à le faire avec le Notre Père. La première comparaison qu’il prend pour nous expliquer l’attitude de Dieu à notre égard est celle d’un ami : « Imaginez que l’un de vous ait un ami » : Certes, « Notre Père est aux cieux ». Qu’est-ce que le ciel ? Le mot nous parle en termes d’astronomie et de voyages puisque nous avons fêté la semaine passée les cinquante ans de l’atterrissage sur la lune et non pas alunissage nous disait l’académie. Mais Notre-Dame a d’ailleurs toujours son croissant de lune sous les pieds, en référence à l’apocalypse, elle nous précède de tout temps. Le ciel est la demeure de Dieu ; après l’avoir déployé comme une tente, il a au-dessus des eaux bâti les étages de son palais dit le psaume 104 et il s’en élance pour chevaucher les nues (ps 68,5) et faire retentir sa voix au-dessus des grandes eaux, dans le fracas de l’orage (Ps. 29,3). Mais Il préfère toutefois le souffle d’une brise légère pour nous parler, laissant le programme jupitérien pour ceux qui ont de la peine à entendre en raison de leur dureté de cœur. Dieu veut nous parler comme à des amis, comme lorsqu’il se promenait avec Adam dans le Paradis de la Genèse. Il est en haut aux cieux, mais aussi tout près de nous. Il veut faire de nous plus que des amis, des fils. Jésus prend l’image des rapports entre un Père et son fils. Ils sont parfois bien difficiles à gérer en famille, entre les conflits hormonaux et les incompréhensions. Quels champs de batailles pour que puisse se développer et s’épanouir une nouvelle personnalité. Mais un fils est un fils.
Le Seigneur prend aussi la comparaison du pain comme nourriture. Elle constituait la base de l’alimentation au Moyen-Orient. « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. ». Le pain de Dieu est issu de notre collaboration avec lui, de notre travail. C’est aussi l’Eucharistie, mais également un pain spirituel pour accomplir la volonté du Père. Le Seigneur nous indique quelle est la nature de ce pain spirituel. « Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint. »
Ce pain-là peut nous faire grandir, monter et entrer dans la maison du Père, ce lieu que l’Écriture appelle les cieux.
Dieu ne peut avoir que de bonnes intentions à notre égard, Dieu est amour, il ne peut qu’aimer sa création et chacun de nous qu’il a créé pour partager ce qu’il a de plus précieux, sa vie divine, la vie en Dieu et avec Dieu. Comme nous le répétons sans cesse, Dieu est amour et ce qui y fait obstacle ce sont les refus de communion avec lui, en termes classique le péché. Il ne faut pas chercher plus loin. La comparaison se fait facilement avec notre système circulatoire et la cardiologie. Les conséquences d’artères qui se bouchent, ou de caillots qui viennent obstruer la circulation du sang nous sont connues. 
Le remède s’appelle miséricorde. Abraham a eu pitié de Sodome qui symbolisait le refus de la paix et de la communion avec Dieu. Lui qui avait conclu une alliance avec Dieu s’est laissé toucher parce qu’il avait les sentiments de Dieu.. Si nous-même sommes capables d’avoir pitié d’une ville ou d’amis en difficulté, de personnes en souffrance. Dieu pourrait-il être indifférent, alors qu’il est notre créateur et notre Père, alors qu’il est le Tout Puissant ? « Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. »
« Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ dans le baptême : il nous a pardonné toutes nos fautes. » « Vous êtes ressuscités avec le Christ par la foi en la force de Dieu qui l'a ressuscité d’entre les morts.
Nous pouvons associer Marie Mère et Reine de Miséricorde à cet amour de Dieu pour nous, parce que Dieu l’a voulu ainsi. Nous ne pouvons qu’avoir instinctivement confiance en elle. Ayant mentionné la guerre franco-prussienne en début de célébration, vous me permettez en guise de conclusion de rappeler l’apparition de Notre-Dame de Pontmain en 1871. Le village se situe à environ 65 km de Rennes et 130 km du Mans pour les amateurs de course automobile. « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. » Les 38 jeunes de Pontmain mobilisés reviennent tous sains et saufs. Un sourire de Marie, de temps à autre, cela fait du bien, même si personne n’est contraint de croire à une apparition officielle. Amen.



dimanche 21 juillet 2019

Entre chêne et couronnes




21 JUILLET 2019  dimanche, 16ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C de la Férie

Lectures de la messe
Première lecture« Mon seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur »Gn 18, 1-10a
PsaumeSeigneur, qui séjournera sous ta tente ?Ps 14 (15), 2-3a, 3...
Deuxième lecture« Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été...Col 1, 24-28
Évangile« Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part »Lc 10, 38-42

Intro

Chers frères et sœurs bonjour à tous et à toutes, nous célébrons aujourd’hui le 16e dimanche du temps ordinaire qui est centré sur l’hospitalité, l’accueil d’Abraham aux 3 anges celui de Marthe et Marie à Jésus et enfin celui de Jésus par nous, afin que « Le mystère qui était caché depuis toujours, qui maintenant a été manifesté soit révélé au monde.»
Je vous ai sorti 2 nouvelles couronnes de Marie et de Jésus, aujourd’hui dans le contexte du 150ème anniversaire du couronnement. Marie en avait déjà une, vous le voyez sur les anciens ex-votos. Mais il s’agissait en 1869 d’un couronnement au nom du pape à une époque difficile pour notre région et pour l’Église en Occident. Marie nous réunit tous aujourd’hui, nous ne sommes plus au 19ème siècle vous l’aurez constaté.
Nous pouvons écouter une traduction de la bénédiction qui avait eu lieu au moment du cérémonial du couronnement, selon l’ancien rituel.  Il a été rénové, avec la nouvelle liturgie, mais il n’est encore en latin. Le nouveau rituel en français, des bénédictions a une très belle et longue bénédiction des statues.

ORAISON.
Dieu tout-puissant et éternel, qui par un effet de votre souveraine bonté, avez créé toutes choses de rien, nous supplions ardemment votre Majesté, afin qu'elle daigne bénir et sanctifier ces couronnes, faites pour orner l'image sacrée de la Mère de votre Fils notre Seigneur. Ainsi soit-il.
Le Prélat asperge les couronnes avec l'eau bénite et les encense, puis précédé de la croix et de huit acolytes qui entourent les couronnes et portent des cierges allumés, il s'avance au pied de l'autel, entonne l'hymne O gloriosa virginum, que continue le choeur; les couronnes sont ensuite déposées sur l'autel au coin de l'épître, c’est-à-dire du côté droit de l’autel, dans une église, en faisant face à l’autel.
ORAISON.
O Dieu qui avez bien voulu choisir pour palais le sein virginal de la Bienheureuse Marie toujours vierge : faites que, fortifiés et défendus par elle, nous assistions avec bonheur à son couronnement. Ainsi soit-il.
Une hymne est chantée, puis  l’évêque couronne l’enfant puis la mère en disant pour chacun ces mots :

Puissions-nous mériter que le Christ nous couronne de gloire et d'honneur dans les cieux comme nos mains vous couronnent sur la terre. 

Homélie

Chers frères et sœurs,

Nous nous trouvons en ce début de nouvelle période caniculaire  à bénéficier de l’accueil de Lazare, Marthe et Marie, et sous les chênes de Mambré. Un détail pour les amateurs de nature, les chênes s’acclimateront paraît-il mieux à la canicule et au réchauffement climatique que bon nombre de nos autres espèces sylvicoles locales. A quand des truffes de Delémont et d’Ajoie ? Qu’il fait bon en cette période de l’année, de pouvoir bénéficier d’un peu d’ombre et de fraîcheur y compris sous le chêne de Châtillon. Il est vrai qu’il y a des problèmes parfois piquants partout.
Je suis toujours ému lorsque reviennent les textes d’aujourd’hui dans nos liturgies. Ils sont vous ai-je dit sur le thème de l’accueil. Accueilli dans la maison de ses amis, le Seigneur, dans l’Évangile, parle de vie spirituelle avec Marie qui écoute avec attention sa parole. Le Seigneur lui transmet la parole de vie. Prendre du temps pour le Seigneur est important pour chacun de ses disciples. Comment vivre sans la parole de vie ? Les règles monastiques sont explicites ainsi saint Benoît : « Chaque fois qu'un frère désire se recueillir dans le secret de l'oraison dans l’oratoire, qu'il entre simplement et qu'il prie, non en élevant la voix, mais avec les larmes du cœur et la ferveur de l'esprit.» La prière nous relie à Dieu, le mot de religion vient de relier dit-on habituellement.
Marthe a le mérite de prier plutôt par l’action et son activité. Qui ne la comprend, il y a tant à faire pour accueillir et préparer le repas, rendre la maison agréable, etc… En cette époque du partage des tâches tout le monde en est conscient.
Mais d’un autre côté, un hôte doit être bien accueilli. Si de nos jours, on se contentait par exemple de le planter devant la télé avec un apéro… le tableau ne serait pas édifiant. Rester avec son hôte, ne pas le laisser seul, est, me semble-t-il, une règle de base du savoir vivre.
Qu’est-ce que Jésus pouvait bien dire à Marie ? La prière et l’oraison sont des secrets. Elles appartiennent au secret du roi.
Nous avons un autre tableau de l’accueil dans la première lecture qui nous rapporte l’hospitalité d’Abraham aux trois anges. Lorsque j’étais très jeune, j’avais été émerveillé par les couleurs, la disposition et l’atmosphère de l’icône d’Andréï Roublev intitulée habituellement la Trinité. Les interprétations de cette icône sont diverses. Pourquoi ne pas tenter celle-ci ? Les trois anges sont assis en face de nous autour d’une table, et nous sommes pour ainsi dire attablés avec eux en la personne d’Abraham. Le quatrième invité non figuré, c’est nous. Les trois ont un bâton qui peut être considéré comme signe d’autorité. Au-dessus du personnage de gauche, on voit une maison, la maison du Père. Les deux autres anges le regardent, attendant pour ainsi dire sa parole. Celui du centre a un manteau bleu et une tunique d’un brun, rouge qui rappelle la pourpre impériale et la passion. Près de lui, un arbre qui fait penser au bois de la croix et l’arbre du paradis.  Sa main s’approche de la coupe dans un geste de bénédiction. Dans le troisième ange nous pouvons voir le Saint-Esprit. Il regarde le Père qui paraît l’envoyer, lui donner une mission qu’il accomplit en dirigeant sa main vers la coupe. C’est l’action de l’Esprit qui fait de l’Eucharistie le corps et le sang du Chris. La coupe paraît en effet contenir un agneau symbolique, lequel rappelle la partie centrale du pain levé servant à l’Eucharistie chez les orientaux. Il est appelé prosphore et cette partie se nomme d’ailleurs l’Agneau. Nous sommes invités à la table de Dieu. Nous en sommes les invités, alors que c’est lui qui s’est invité chez nous. Quelle invitation ! Il est aussi curieux de voir le profil d’une autre coupe que forment les personnages.
Si vous allez voir l’original à la galerie Tretiakov de Moscou, vous la trouverez peut-être un peu grande, 1 m sur 1 m 50. Pour la méditation on peut préférer une reproduction plus petite.
La dernière lecture tirée de l’épître aux Colossiens, conduit à une conclusion qui est elle aussi fondamentale. Marie a certes choisi la meilleure place qui ne lui sera point ôtée, elle représente la primauté de la contemplation, mais pas de manière absolue, la parole n’est pas faite pour être conservée à l’abri, tel un son sur un appareil. Elle doit être vécue et transmise. La contemplation sans fin et l’échange éternel dans l’amour, ce sera dans la gloire.
Le Christ vient habiter en nous, en ceux qui le reçoivent et reçoivent cette parole. Il est dans l’Église et la communauté des croyants « Le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ! » Que fait le Seigneur, que font les envoyés du Seigneur et tout disciple qui parle de lui en transmettant la bonne nouvelle? Amener tout homme à la perfection. Autant chez le contemplatif que chez celui qui agit dans l’Évangélisation directe par la parole ou l’exemple de sa vie, le but est de faire grandir le Christ dans le cœur et l’âme de chacun, dans la société, pour qu’il soit tout en tous. Nous sommes en chemin et c’est Dieu qui vient à notre rencontre comme pour les pèlerins d’Emmaüs.
Qui peut mieux nous aider que la Vierge Marie que nous fêtons comme notre reine cette année du 150ème anniversaire du couronnement de Notre-Dame du Vorbourg ? Pendant nos vacances, nous avons un modeste instrument pour méditer sur le mystère du Christ : Notre chapelet ou nos dix doigts à la limite. Marie participe à l’œuvre de notre rédemption et elle joue aussi un rôle très important dans la distribution des trésors de la grâce ainsi que de toutes les grâces, une reine sert à distribuer les trésors du roi en particulier aux plus pauvres, c’est pour cela que chacun de nous s’adresse à elle. Marie notre mère et notre reine, réjouis-toi, car celui qui est venu habiter en toi, est vraiment ressuscité ! Fais-nous partager à ta joie ! Amen !

dimanche 14 juillet 2019

« Par-delà le bien et mal… » - Le Bon Samaritain et la Compassion

Le Bon Samaritain (Vincent van Gogh)

14 JUILLET 2019
 dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C
Lectures de la messe
Première lecture« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pr...Dt 30, 10-14
Deuxième lecture« Tout est créé par lui et pour lui »Col 1, 15-20
Évangile« Qui est mon prochain ? »Lc 10, 25-37


Frères et Sœurs,

Nous avons entendu tout à l’heure le splendide hymne aux Colossiens que Benoît XVI avait analysée dans une audience : Le cœur de l'hymne est constitué par les versets 15-20, dans lesquels le Christ entre en scène de manière directe et solennelle, il est défini comme « image » du « Dieu invisible » (v. 15). Le terme grec eikon, « icône », est cher à l'Apôtre: dans ses Lettres, il l'utilise neuf fois en l'appliquant aussi bien au Christ, icône parfaite de Dieu (cf. 2 Co 4, 4), qu'à l'homme, image et gloire de Dieu (cf. 1 Co 11, 7). Toutefois, avec le péché, celui-ci « a changé la gloire du Dieu incorruptible, contre une représentation, simple image d'hommes corruptibles » (Rm 1, 23), choisissant d'adorer les idoles et devenant semblable à elles.
Celui qui est au-dessus de tous est venu à nous en se dépouillant de sa divinité. Il s’est fait homme, petit enfant. Il s’est fait serviteur et a donné sa vie. C’est un anéantissement au terme duquel, il est relevé, exalté à la droite du Père où et d’où il va tous nous attirer.
Nous parlions de couronnes au début de cette célébration, ce qui fait frémir nos cœurs de démocrates. Ils le font également devant la description de Paul si nous en prenons la mesure. Qui donc est au-dessus de nous et de la volonté commune et collective ? Nous avons toutefois une hésitation devant notre fragilité perceptible tous les jours et nos limites bien palpables. Sommes-nous vraiment maîtres du bien et du mal ou « Par-delà le bien et mal… » pour prendre le titre d’un ouvrage connu de Friedrich Nietzsche philosophe et professeur de philologie à Bâle. Une sorte de surhomme, serait-il né en notre temps ? Le philosophe disait selon certains que « Dieu est mort ». Un autre personnage, Loisy ironisait avant lui : « Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue ».
Si nous ne sommes pas au-delà de Dieu, si nous ne sommes pas comme Dieu, nous avons la faculté de l’approcher. « J’ai dit : Vous êtes des dieux… ». Certes, mais par participation.  Comment atteindre Dieu, comme le toucher, comment toucher la frange de son manteau ? Comment se laisser toucher par lui ? Par le moyen des commandements et de la loi.
Le docteur de la loi posait à Jésus tout à l’heure une question qui paraît un peu cérébrale. Jésus le fait répondre lui-même : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Où est-elle donc cette parole de Dieu ? On pourrait imaginer une immense bibliothèque virtuelle avec un moteur de recherche ultrapuissant… qui nécessite encore d’autres programmes pour trier les résultats ? Comment assimiler et embrasser tout ça ? En opérant une première réduction…
Nous n’avons pas besoin de courir chercher cette Parole au-delà des mers, sur les rivages de nos vacances, nous n’avons pas besoin d’escalader les montagnes : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Un évangile, c’est tout petit, on peut l’apprendre par cœur, ou le porter sur soi, sur son cœur et même aller avec lui au-delà des mers ou sur des rivages, on peut faire la file pour escalader le Mont-Blanc, et l’Everest si on en est capable… Tant mieux ! Mais le Seigneur est là tout près. Il est aussi tout près de nous. Lire c’est bien, mettre en pratique cette parole, c’est encore mieux.
Deuxième réduction et retour au réel et tangible, celui du prochain ! Le pape François dans une audience commentait : « cet homme pose une question, qui devient très précieuse pour nous : « Et qui est mon prochain ? » (v. 29), en sous-entendant : « Mes parents ? Mes concitoyens ? Ceux de ma religion ?... ». En somme, il veut une règle claire qui lui permette de classifier les autres entre les « prochains » et les « non-prochains », entre ceux qui peuvent devenir prochains et ceux qui ne peuvent pas devenir prochains. » C’est exactement cela. Il y a mes proches prochains et mes pas du tout prochain, surtout mon voisin qui pourrait être plus discret parce qu’il a des problèmes trop visibles. Quant on se considère comme étant vraiment très bien on a de la peine à trouver des prochains et on porte de ces lunettes d’étoffe noires pour faire la sieste en plein jour. Cool, je ne vois personne… Donc « Moi, Je suis ! » Ego eimi. Je suis tout seul en effet, alors que j’ai besoin de pouvoir décoller dans la vie spirituelle.
Qui est donc mon prochain ? Nous avons bien souvent l’occasion de répondre… Cent fois en regardant autour de nous aujourd’hui. Cela nous fait cent fois cent prochain… de quoi nous emmêler, pire que sur la toile internet… Vous connaissez ces sortes de liens dessinés entre des bustes de bons hommes. On aime dire que le mot de religion vient de relier, tisser des liens. Avec Dieu en haut dans le ciel, certainement, mais aussi tout près entre les hommes. Il est dans leur coeur. Cela permet de créer une immense toile pour nous faire voler jusqu’au ciel, jusqu’au Père qui nous attrape. Voilà un trampolino spirituel, si vous aimez les images.
Oui le Christ est l’image du Dieu invisible, oui il siège à la droite de son Père, oui tout pouvoir lui a été donné, mais pour nous apprendre à aimer et ce pouvoir est celui de l’Esprit-Saint qui nous accompagne.
Salut, Reine, Couronnée d’étoiles, Mère de Miséricorde, notre Vie, notre Douceur, et notre espérance, salut. Tourne donc, ô notre Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous. Amen !