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dimanche 20 juillet 2025

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20 juillet 2025

 16ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine IV du Psautier) — Année C

 
 

Lectures de la messe



Cher Frères et Sœurs,

Quel autre thème prendre aujourd’hui que celui de l’accueil, après avoir écouté nos lectures ? Nous recevons des visiteurs et pouvons aussi ouvrir notre porte à d’autres visiteurs spirituels en même temps.

La première lecture nous parle des trois visiteurs accueillis par Abraham. Elle est représentée notamment sur une icône célèbre d’Andreï Roublev que j’avais pu voir dans la galerie Tretiakov à Moscou. Elle a été transférée à la Cathédrale du Christ-Sauveur de la même ville. Nous n’aurons certainement pas le temps de la revoir, vu le cours actuel des choses et les circonstances de la vie. Il s’agit de l’hospitalité d’Abraham.

Le psaume qui suit nous parle encore de tente, mais il introduit un autre élément, celui de l’accueil dans la tente de Dieu. Seigneur, qui séjournera sous ta tente… Celui qui se conduit parfaitement.

La deuxième lecture amène un autre élément qui n’a rien à voir avec des échanges de politesse : «  Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair. »

Le centre de l’accueil vient enfin, celui de Jésus dans la maison de Marthe et de Marie qui est aussi celle de Lazare. La partie masculine de humanité se demande : Pourquoi Saint Luc ne mentionne-t-il pas Lazare ? Et nous alors ? C’est une caractéristique de Saint Jean.  Jésus le réserve pour sa résurrection, ce qui n’est pas mal. Résurrection de l’homme… Les Pères de l’Eglise ne se osent même pas la question. Les Evangélistes veulent certainement s’intéresser à la leçon spirituelle que veut donner Jésus.

Sans aucun doute, il veut que nous soyons d’abord attentif au cœur à cœur avec lui, à notre prière. Le temps de vacance est idéal pour cela. Marie, « s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » Il est certain que lorsque nous recevons un hôte, c’est faire preuve d’une élémentaire délicatesse que quelqu’un reste avec lui et qu’il ne soit pas laissé  seul devant la télé. Permettons-nous un anachronisme : est-ce qu’on peut laisser seul Jésus devant la télé ? Il n’est pas venu pour cela, mais pour nous rencontrer.

Nous avons remarqué la différence entre l’évangile avec l’accueil de Marthe et Marie celui d’Abraham.  Abraham va vite faire travailler sa femme, tue le veau gras, accompli tout ce travail pour bien recevoir. Les trois hôtes restent seuls. Pourtant l’hospitalité orientale est proverbiale. Peut-être Abraham pense-t-il que ces trois étrangers peuvent parler entre eux ? Quelle langue parlent-ils ? La question n’est pas sans intérêt. Ils se comprennent certes, la Trinité parle le même langage de l’amour et du don de soi, Mais avec Abraham quel dialogue ? Il se s’agit de l’établir. Pour ce faire, les trois personnages veulent le remercier par un cadeau royal, celui du don de la vie. Cela va faire rire Sara. Qui croirait à la naïveté féminine ? Empathie, serviabilité, savoir faire, mais l’expérience aguerrit rapidement.  

Sur l’icône de Roublev où les trois personnes représentent dans la tradition chrétienne les trois personnes de la Trinité, on voit sur la table au centre, un plat avec semble-t-il un agneau selon certaines interprétations, ce qui nous fait penser à l’Eucharistie et au don de la vie, à l’agneau qui se sacrifie pour créer ce lien de l’amour, ce langage commun en elle-même, mais aussi langage entre elle et nous.

Le Seigneur vient chez Marthe et Marie non seulement pour un repas, ce qui est important, mais pour être accueilli lui-même dans les cœurs. Il existe une langue du cœur entre lui et nous. Il veut venir habiter en nous pour que nous puissions à notre tour, habiter en lui. Il veut nous inviter, nous faire le don de la vie. Avec le temps qui passe, nous sentons de plus en plus l’importance et même l’urgence d’être bien accueillis nous aussi et de pouvoir accueillir.  Pourquoi ne pas y accorder autant d’importance que pour les urgences de nos hôpitaux ? Où se trouve la clef de la salle d’urgences de mon cœur ? de la salle d’urgence pour mon cœur ? Cette clef de l'Amour, cette clef qu'est le Christ?

Je ne vous apprendrai rien en nous rappelant que si charité bien ordonnée commence par soi-même, l’accueil du prochain est tout aussi important. Dans la Lettre aux Hébreux, il y a ce passage significatif :  « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges ». Hb 13,2. Saint Augustin le mentionne dans sa Cité de Dieu : « Il n’est pas dit qu’Abraham vit trois dieux, mais trois hommes. Et quand ils lui parlent, c’est souvent un seul qui parle comme Dieu. Le mystère de la Trinité dans l’unité y est voilé. » Deux homélies de saint Jean Chrysostome en parle aussi, montrant Abraham comme un modèle d’hospitalité chrétienne : « Remarquez combien il est empressé, combien il est humble… Abraham court, il s’abaisse, il s’adresse à eux comme à des seigneurs. »

Quel message le Seigneur nous délivre-t-il ? Après l’annonce, l’écoute, il y a la croix puis la résurrection. Cela se fait par étape. Il est destiné à tous. Qui serait assez naïf pour croire à une solution de facilité universelle ?

Posons-nous encore une seule question : Suis-je capable de reconnaître le Christ dans mes visiteurs de cet été ?

Impossible de passer à côté de l’hospitalité de Marie à l’Annonciation. Elle reconnaît l’Ange et accueille son Fils et son Seigneur en elle. A l’inverse de Sara, elle ne rit pas devant l’impossible. Marie est le modèle du cœur qui entend la parole de l’Ange, qui l’écoute, l'accueille et lui permet de donner son fruit. « Qu’il me soit fait selon ta parole. Amen. » 




dimanche 13 juillet 2025

Le Bon Samaritain

 

 15ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année C 13 juillet 2025

 
 

Lectures de la messe


Chers Frères et Sœurs,

Nous venons d’entendre 4 textes qui expriment l’immensité de Dieu, sa grandeur et sa proximité, celui qui est au-delà de tout et celui qui est en nous et juste à côté de nous, présent dans le plus petit.

L’hymne au Christ de l’épitre aux Colossiens nous le présente dans son identité profonde et son aboutissement. Le Père n’est pas mentionné. Le Christ Jésus est le médiateur, celui qui est au sommet et à l’origine de la création, au cœur et au centre de toute relation avec le Père, pour tous les êtres créés, hommes et anges. Il est la porte vers le Père. Il est le Messie glorieux et infiniment riche de par la pauvreté qu’il a revêtue, de par l’amour qu’il a manifesté pour son Père et chacun de nous personnellement et collectivement.  “Il est avant tous les êtres et tout subsiste en lui… en lui, toute chose a son accomplissement total, sur la terre et dans les cieux, par le sang de sa croix.” Il est la révélation du Père en lui tout se récapitule, tout est réconcilié, tout est accompli et tout est créé et recréé. En lui nous ressusciterons, cette résurrection a déjà commencé en nous par notre baptême. Il vient nous rejoindre personnellement, en nous prenant par la main, avec nos blessures, il nous charge sur son épaule, il nous soigne, il nous donne les premiers soins, il nous porte lui-même jusqu’à l’aubergiste qui doit finir le travail et qu’il paye de son amour, lui aussi. L’Evangile du Bon Samaritain, nous est destiné à chacun. Nous sommes tantôt aubergiste, tantôt celui qui est blessé et ramassé sur la route. Nous sommes tous aimés, aidés et sollicités par le Christ.

Sommes-nous capables de le reconnaître ? Il se cache et se révèle quand il veut, dans celui que nous rencontrons. Il n’est pas enfermé dans une doctrine proclamée et véridique certes, mais transformée en idéologie assénée. Le savant docteur de la loi dit à Jésus ce qui en est le cœur, et le centre de vie, ce petit mot « aimer » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. ».

Comme exemple, Jésus prend un hérétique, un Samaritain, et c’est un prêtre qui fait les frais de la parabole. Le docteur de la loi, un légiste, un scribe, ni prêtre, ni lévite,  a voulu mettre Jésus à l’épreuve. Le grec dit parfois   « maîtres de la Loi » pour désigner ces docteurs. Ce n’est pas le cas, ici , mais celui-ci appelle  Jésus « Maître » « Didaskale » . Jésus prend un prêtre et un lévite pour son illustration, ce qui ne doit pas déplaire totalement  à son docteur d’interlocuteur.  Maurice Zundel dit que cette parabole est un chef d’œuvre de l’humour polémique . Le schismatique détesté doit être reconnu comme ayant la clef de l’amour vécu pour accomplir l’Ecriture. Le docteur de la Loi en convient, il est le modèle de la charité. Le prêtre et le lévite dévots se sont arrangés pour ne pas voir le malheureux gisant au bord de la route.

Elle n’était pas sûre entre Jérusalem et Jéricho. Elle était dangereuse à cause de son relief abrupt, mais aussi en  raison du danger constant pour les voyageurs en raison des nombreux bandits qui s’y dissimulaient. J’en ai le souvenir du parcours avec un car chaotique, qui nous faisait encore nous rappeler nos prières, il y a 50 ans.

Lorsque le Samaritain se laisse toucher par ce blessé, il prend le risque de tomber lui-même dans un piège, mais il le soigne et le conduit à l’auberge. Comment le fait-il avec quelle recette ? De l’huile et du vin.

En lisant le programme des médiévales de Saint-Ursanne  sur internet, j’ai vu qu’on y parlait des remèdes de l’époque qui devaient ressembler à ceux du temps de Jésus. On utilisait passablement d’herbes et d’huile, du vin pourquoi pas. Mon côté taquin m’a fait penser à de la salade. Si vous avez du temps pendant vos vacances vous pouvez faire une recherche sur les médecins dans la Bible et les remèdes. Relisez le chapitre 38 de Ben Sira : « 01 Honore à sa juste valeur le médecin pour ses services : le Seigneur l’a créé, lui aussi. 02 C’est du Très-Haut, en effet, qu’il tient son art de guérir, et le roi lui-même lui fait des présents. 07 Le médecin utilise les plantes pour soigner et ôter la douleur. » Plus loin Ben Sira est prudent quant au succès des soins. Être le médecin de son frère n’est pas toujours facile, les soignants en savent quelque chose. Quant aux autres soins matériels, au bénévolat et aux soins spirituels, ca n’est pas une sinécure. Saint Vincent de Paul appelait ceux qu’il assistait avec ses sœurs : les pauvres nos seigneurs et nos maîtres. Hier, comme aujourd’hui il faut beaucoup d’humilité et de courage et de cœur pour le faire et du  côté des soignés, ravaler sa fierté et accepter de se laisser aider. Il serait aussi bon pour nous de faire de temps à autre, un inventaire de nos pauvretés… et ne pas oublier de nous aider nous-mêmes pour être capable de solidarité et construire le Royaume  Le pape Léon dans son message pour la journée des pauvres en novembre, nous dit que « La Cité de Dieu nous engage   pour les cités des hommes. C'est de charité que nous avons besoin aujourd'hui, maintenant. »

Nous avons peut-être fait l’expérience particulière d’avoir été aidés par des personnes qui n’étaient pas aussi parfaites que les modèles de notre pensée unique. Il y a parfois de quoi se remettre en question, alors que nous sommes bien installés et à l’abri derrière les hautes barrières de nos habitudes et nos certitudes d’être dans le vrai, le raisonnable, et le bien.

Le Seigneur ne nous indique-t-il pas ce que nous avons à réaliser   chaque jour, dans les situations où nous nous trouvons, si nous voulons mettre en pratique le commandement “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, pas seulement comme un ordre de marche pour payer un impôt de charité, mais pour le découvrir, lui qui est le pauvre autour de nous, mais aussi en nous. «A quelle pauvreté et en qui reconnaîtrai-je mon prochain?»

En ce temps de vacances, ne pourrions-nous pas écouter notre cœur ? Le docteur de la loi a réussi à se remettre en question, pourquoi pas nous ?

Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame de la Compassion. Mère pleine de miséricorde et de tendresse. Que nous découvrions au creux de ton Amour, le bonheur d'aimer et d'être aimés. Donne-nous le courage de voir les plaies du monde, et la force de les soulager.  Fais de nos déchirures un passage, et de nos blessures un chemin. Amen.


dimanche 29 juin 2025

Saints Apôtres Pierre et Paul. Petra et Petrus

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e4/Leonardo_Da_Vinci_-_Vergine_delle_Rocce_%28Louvre%29.jpg

 

 

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Chers frères et sœurs, chers amis

 

L’Evangile et les autres lectures nous donnent une impression de lumière et de ténèbres.

La lumière est présent dans l’Evangile, ainsi que la fragilité de Pierre qui contraste avec la promesse de Jésus : « Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »

Cette promesse lui est faite parce que ce que le contenu de sa confession de foi lui a été révélé par le Père , Jésus la confirme. Ce processus de reconnaissance et de confirmation est important aussi pour notre propre vie spirituelle. Jésus la confirme et lui fait une promesse, lui donne une autorité et une mission. Ce rapport de communion est important dans l’Eglise encore aujourd’hui.

Nous interpelle également, la  traversée des ténèbres et la souffrance qui entourent autant le ministère de Pierre que celui de Paul. Nous pouvons retenir le refrain du psaume : «  De toutes mes frayeurs, le Seigneur me délivre. » Des frayeurs, il y en a, de la prison, des naufrages, des coups aussi, mais le Seigneur délivre son messager pour que le message soit transmis. Une force particulière les accompagne, mais ne les dispense surtout pas d’être configurés au mystère du Christ crucifié, autant Pierre que Paul. Nous avons là aussi un signal quant à notre mission. Ce que nous traversons a un sens, y compris lorsque nous souhaiterions bénéficier de plus d’antalgiques spirituels.

Le Pape, évêque de Rome porte deux missions : 1) celle de la communion et de la conduite de l’Eglise 2) ainsi que celle de la mission avec Paul. Le feu qui animait Paul devrait aussi nous animer pour transmettre la Bonne Nouvelle, selon notre charisme propre. Transmettre la Bonne Nouvelle, une Bonne Nouvelle vécue, n’est-ce pas transmettre et donner la vie de l’Esprit ? Dieu a une curieuse manière de procéder, il passe par des Apôtres fragiles, difficiles et imparfaits. L’histoire de l’Eglise est pleine de scandales et pourtant Dieu est fidèle. On croirait qu’il veut nous  rappeler que nous avons été tirés de la boue et de la terre, une terre douloureuse et souffrante, déjà glorieuse pourtant, et qu’il n’en finit pas de générer son nouveau modèle d’homme pardonné à l’image de son Fils. On parle de golem être de boue inachevé et c’est bien le Seigneur qui achève de nous donner forme.

Nous avons eu le bonheur d’accueillir notre nouveau pape, Léon, qui nous surprend par des caractéristiques de communion intercontinentales, il a même une ascendance  africaine subsaharienne et aussi française. Il est vrai que les recherches génétiques à la mode sont intéressantes, mais c’est l’Esprit qui sauve tous les hommes. Le baptême est un don fondamental.

Il est intéressant de relever  l’histoire de la perception du service de Pierre  par  Augustin au 4ème siècle. Chaque évêque succède à Pierre dans cet office : il veille à garder l’unité de la foi, à maintenir la paix dans le corps ecclésial, et à dispenser les sacrements. Augustin reconnaît l'importance particulière de Pierre, mais il insiste avant tout sur la foi et l’universalité de l’Église. La perception de l’exercice de cette charge s’est affinée et discernée dans le temps, jusqu’à l’infaillibilité pontificale en certaines circonstances. Les successeurs de Pierre à Rome vont assumer ce rôle de Pierre, pour accompagner et conduire l’Eglise. Nous nous souvenons que Benoît XVI a pris le titre de Pape émérite, par respect pour cette fonction hors norme, hors catégorie.

La Prière pour le pape est une des grandes intentions du Carmel. Nous nous rappelons le pèlerinage à Rome, en passant par le Valais, de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus pour demander à Léon XIII, d’entrer au Carmel à 15 ans…  Elle l’a fait le 20 novembre 1887. Il a commencé par lui dire : «Je ne comprends pas très bien.» pour conclure  en la regardant avec bonté : «Eh bien, mon enfant, faites ce que les supérieurs vous diront.» Voilà pour un discernement.

Quant à notre pape Léon, nous nous interrogeons sur ce que pourront être ses options peut-être en dévoilera-t-il quelques-unes de plus aujourd’hui ? Il appelle à l’unité et à la paix . Avant-hier, il  a insisté pour que chaque prêtre devienne « artisan d’unité et de paix », en cultivant le discernement, la réconciliation et la fraternité sacerdotale.

Aux évêques, il a demandé d’être des exemples visibles d’unité dans l’Église particulière qui leur est confiée.  Ils doivent être hommes de vie théologale, dociles à l’action de l’Esprit Saint, qui suscite en lui la foi, l’espérance et la charité et les nourrit, comme la flamme du feu, dans les différentes situations existentielles.

Un  Synode spécial consacré à la réconciliation ecclésiale en 2026. On parle de voyages pastoraux en Afrique et en Asie à l’horizon 2026, pour encourager les Églises locales et renforcer la communion universelle. Les jeunes ne sont pas oubliés ni le sport, mais pas aujourd’hui.

Nous pouvons conclure avec Notre-Dame. Vous n’ignorez pas qu’en peinture, il existe une technique dite du clair obscur l’artiste joue sur les contrastes marqués entre la lumière et l’ombre pour créer une impression de volume, de profondeur et de relief dans une œuvre. On cite notamment la Vierge aux Rochers de Léonard de Vinci. Cette image nous donne une représentation de l’environnement ecclésial et nous rappelle la proximité de Marie avec Pierre. Au Carmel de Develier, la pierre de fondation de la chapelle cite 1 Co 10, 4 : ce rocher, c’était le Christ. Petra autem erat Christus. Augustin la reprend dans son contre Faust .  Petrus, Petra, la Vierge du rocher, tout est là. Amen.

dimanche 18 mai 2025

" Je vous commande de vous aimer les uns les autres"

 



8 mai 2025

 5ème Dimanche de Pâques (semaine I du Psautier) — Année C


Lectures de la messe


Homélie

« Je vous donne un commandement nouveau : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. »

Chers Frères et Sœurs,

Le contexte de l’Evangile d’aujourd’hui est celui du départ de Jésus lors de sa Passion. Il n’y a pas de mention explicite de l’Ascension dans l’Evangile de Jean. On pourrait certainement y voir une allusion dans les paroles de Jésus lorsqu’il apparaît à Madeleine, après sa résurrection  : "Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père".

La Bonne Nouvelle doit être annoncée à toutes les nations et il ne sera plus présent dans son humanité et visiblement pour assurer la cohésion de ceux qui croiront en Lui, de son Eglise. Nombreux, ils le seront ! Les Actes des Apôtres nous ont relaté le long et périlleux voyage de Saint Paul et les fruits de son ministère. Son souci de venir partager les fruits de cette annonce, nous montre son souci de l’unité qui était celui de toute la jeune Eglise. Jésus n’est plus là pour écouter les Apôtres au retour de leur première mission. Après l’Ascension, ce n’était pas du chacun pour soi. Comment garder cette unité ?

La lecture du livre de l’Apocalypse qui suit les Actes, n’est pas simplement une catastrophe à grande échelle, elle est un dévoilement de ce qui s’est construit derrière le visible et les apparences. Ca n’est pas qu’une séance de démaquillage. Nous pouvons  prendre l’image plus parlante de la chrysalide qui devient papillon. « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Qu’est-ce qui va apparaître ? Le Christ qui est en nous et avec nous et avec ceux qui auront cru en lui, ceux qui ne se seront pas contentés de paroles, mais qui auront vécu le véritable amour comme lui : par lui, avec lui et en lui. Grâce à l’Esprit.

Dans l’Evangile, Jésus lors de la dernière Cène annonce son départ. Il donne ses dernières recommandations. Elles sont appliquées à ce dernier départ qu’est l’Ascension. Jésus va être glorifié, il change de mode de présence. Le terme « glorifié » doit encore être expliqué. La gloire de Dieu est d’abord la dimension intrinsèque de Dieu, sa perfection qui ne peut être mesurée et assumée par nous maintenant. Nous ne pouvons l’aborder que par des images toujours dépassées, ce qui inspire la louange. La gloire de Dieu culmine dans la perfection du don d’amour des personnes trinitaires entre elles.

Une manifestation extérieure de la perfection divine est là devant nous dans la création. Il faut savoir ouvrir les yeux devant la beauté, la grandeur, l’infiniment grand et l’infiniment petit, la coordination de cet ensemble. La beauté des fleurs au printemps, ce que peut créer un artiste, le travail d’un scientifique… Ils nous donnent parfois de voir un reflet de la gloire de Dieu. Mais plus profondément encore, il y a cette curieuse faculté de l’amour qui nous donne de laisser Dieu entrer en nous et de le toucher. Il est là, de manière voilée, il construit sa vie avec nous comme pour la chrysalide.

L’amour, c’est le filtre de Jouvence et de cette nouvelle création. Jésus parle d’un commandement nouveau.  « Je vous donne un commandement nouveau : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Ce commandement n’est pas en soi nouveau, il appartient aussi à la première Alliance. Par contre cette nouveauté dont parle Jésus a ceci de particulier qu’elle bat en brèche, une conception que nous qualifierions aujourd’hui d’individuelle, de légaliste et de calculatrice de l’amour. Ce qui est vraiment nouveau, c’est la manière dont Jésus a aimé. Cela dépasse un amour calculateur, dosé, je te donne pour que tu donnes, do ut des, disaient les latins. Jésus a aimé en se laissant conduire complètement par l’Esprit. Lui seul pourra venir frapper à la porte du cœur, y entrer, rassembler et assurer la cohésion de l’Eglise, construire et faire grandir le corps du Christ. Ce n’est pas pour rien que Jésus va demander à ses disciples d’attendre la venue de son Esprit à la Pentecôte. Il l’avait expliqué à ses Apôtres avec l’image du cep et des sarments : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. »

La spiritualité de notre nouveau Pape Léon XIV a pour base Saint Augustin. Son ordre missionnaire porte son nom. Les médias nous l’ont bien présenté et nous entendrons bien parler de lui pendant son pontificat. Au cœur de la pensée de Saint Augustin, il y a cet amour immense qui demeurera toujours et qui nous permettra de rentrer non seulement en contact, mais en communion définitive avec le Seigneur lorsqu’il sera tout en tous.

Augustin essaye de nous faire comprendre que l’amour vécu par le Christ dans sa passion est un moment où Dieu manifeste sa gloire en montrant jusqu’où il capable d’aller pour nous amener à le rencontrer. Ce drame nous trouble comme les disciples, surtout lorsque nous le vivons dans nos moments de difficultés. « Grâce à lui, nous pourrons tout faire », c’est-à-dire rencontrer son Père et manifester sa gloire, l’amour qui est le sien. Mais sans l’Esprit Saint nous ne pouvons rien faire… Saint Augustin nous invite à voir au-delà des apparences : la souffrance et l’humilité du Christ ne sont pas des signes de défaite, mais bien les prémices d’une vie nouvelle et d’une communion plus intime avec Dieu. L’appel est de reconnaître que l’amour et l’obéissance parfaits du Christ sont les conditions nécessaires pour que la lumière du divin brille dans nos vies.

Que de grands mots… pour dire que la gloire de Dieu qui n’est pas celle de Louis XIV se manifeste encore plus dans l’infiniment petit, dans l’infiniment fragile, dans l’infiniment intérieur. Demandons au Seigneur de nous ouvrir les yeux sur sa présence au-dedans de nous et dans celui que nous rencontrons, où il est déjà présent. Demandons-lui en même temps une part de son Esprit pour le rencontrer en eux. C’est lui qui vient construire cette Jérusalem nouvelle dont parle l’Apocalypse. Elle nous rappelle un grand livre de Saint Augustin, la Cité de Dieu.

Je vous rappelle un passage de ce que nous a dit le pape Léon au soir de son élection : « Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L'humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. »

Marie Reine du Ciel, Réjouis-toi, le Seigneur est vraiment ressuscité . Alléluia.


dimanche 11 mai 2025

Dimanche du Bon Pasteur

 




Chers Frères et Sœurs,


Bonjour à toutes et à tous. Ce 4ème dimanche de Pâques est très particulier. Il est appelé dimanche du Bon Pasteur. Nous prions en particulier pour les vocations sacerdotales et religieuses. Les anciens sont très et trop utiles par les temps qui courent, pour ne pas nous interpeller… Nous prions bien sûr pour les mamans aujourd’hui, elles recevront un merci fleuri à la fin de la messe. Mais, je crois que nous avons tous pris conscience que nous avons un nouveau pape. Le pape Léon est le 14ème du nom. La popularité du prénom remonte depuis quelques années, peut-être aussi avec les Léo… J’aime bien le premier pape Léon, Léon le grand, celui de mon anniversaire. Il est du 5ème siècle et a fait de très beau sermon de Noël.



Nous avons Léon IX, du Vorbourg, dans le Jura et l’Alsace. Il y a eu aussi et surtout pour le nouveau pape Léon XIII, le pape de Rerum Novarum. Léon XIV veut poursuivre dans ce sillage à son exemple et celui de Vatican II. L'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale, a-t-il dit, pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

Nous allons prier en particulier pour la paix aujourd’hui et demander au Seigneur de créer, avec l’aide de l’Esprit-Saint, ces ponts entre tous. Ils sont chers à notre nouveau pape.

Surtout n’oublions pas non plus, Nicolas Godat et Daniel Lattanzi qui seront ordonnés diacres cet après-midi à Bienne.

Pardon

Le Seigneur vient nous rassembler pour nous faire vivre de sa vie, il veut nous donner la vie éternelle. Au début de cette Eucharistie reconnaissons que nous avons péché et demandons au Seigneur de nous guérir et de nous pardonner.



Homélie


« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle »

Chers frères et sœurs,

En quoi consiste la vie éternelle ? A cette question on commence pour simplifier de dire qu’il s’agit d’un article du credo : Je crois en la vie éternelle. Mais encore ? Il est si difficile de répondre que le catéchisme lui-même, nous le dit. Le ciel est la communauté bienheureuse de tous ceux qui sont parfaitement incorporés au Christ. C’est un mystère de communion bienheureuse avec Dieu et avec tous ceux qui sont dans le Christ. Il dépasse toute compréhension et toute représentation. Le Seigneur nous rassemble pour y aller.

Tout se base sur un témoignage, celui des Apôtres qui ont vu le Christ ressuscité. Ce qu’il y a de presque tout aussi délicat, n’est-ce pas le fait qu’il leur ait confié la mission d’annoncer cette Bonne Nouvelle. Il ne s’agit pas seulement d’une annonce médiatisée dirait-on aujourd’hui, mais d’une invitation à réfléchir sur ce que nous sommes et à entreprendre un chemin. C’est une invitation à une espérance apparemment folle qui nous est faite. Cela veut dire qu’il y a aussi une autre dimension en nous, une dimension spirituelle et une autre oreille que l’oreille physique, l’oreille du cœur. Prête-moi l’oreille de ton cœur. C’est dans ce cœur que nous pouvons formuler notre réponse spirituelle.

Nous sommes mortels, limités, et nous sommes appelés dès le début de notre existence à dépasser cet état. La création et l’univers visible sont une première interrogation et l’accueil d’une maman notre naissance, déjà une première réponse. Nous sommes reçus par un cœur humain qui aime.

Vous êtes-vous arrêtés parfois pour réfléchir aux paradoxes qu’il y a en regardant l’immensité d’un ciel étoilé ? Nous sommes tout petits et l’univers est immense. Certains calculs disent 45,6 milliards d’années-lumière… intéressant. Nous-mêmes, aujourd’hui, nous sommes presque 8 milliards, c’est pas mal aussi… Dieu est à l’origine de cet ensemble visible et veut nous faire entrer en communion avec lui… , nous accueillir en lui et dans son monde. C’est apparemment fou, mais c’est bien le sens du message qui nous est annoncé. Avec le temps et les années nous devenons de plus en plus conscient de nos limites, mais nous avons envie de vivre. Un grand désir est présent en nous, dont la réalisation ne dépend pas de nous. Jésus nous propose une unité avec lui qui est la vie éternelle. Il est venu nous dire qu’elle se construit maintenant par la manière dont nous l’imitons. C’est le sens de la 1ère homélie du Pape Léon. Il a dit ceci : « Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire l'unique Sauveur et le révélateur du visage du Père. En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans les yeux confiants d'un enfant, dans l'esprit éveillé d'un adolescent, dans les traits mûrs d'un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu'à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d'humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d'une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités. »

« Pierre « doit témoigner de » ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l'Église afin qu'elle les annonce pour le bien du genre humain. »

Dans son premier message, il nous demande de construire avec lui des ponts. « Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. »

Ce pape est relativement jeune, il a 69 ans, moins de 60 + 10. Il est mon huitième pape. Saint Nicolas de Flüe en a eu 8. Vous avez appris à le connaître par les médias : Il est Nord-Américain de Chicago, missionnaire et évêque au Pérou, mathématicien, canoniste et ancien supérieur général de son ordre. Il a été préfet du dicastère des évêques et est polyglotte. Il est dans la ligne du pape François et d’une église synodale, mais certainement avec un style différent. Le pape François disait qu’il souhait des pasteurs qui avaient l’odeur des brebis, mais je crois qu’aujourd’hui ce sont les brebis qui ont à apprendre qui est leur pasteur… Les chiens du berger, évêques, prêtres, diacres, agents pastoraux. On appelle les dominicains « domini canes »… Il sont parfois très curieux et encombrants ceux qui assistent le Pasteur. Je me souviens d’un de mes chiens autrefois. Il débarrassait tout ce qu’il y avait sur les tables basses avec sa queue lorsqu’il manifestait sa joie. Souhaitez aussi à ceux qui vous accompagnent sur le chemin, joie et écoute envers le nouveau Berger.

Le Pape Léon est né un 14 septembre, fête de la Saint Croix. Cet anniversaire m’a rappelé une mosaïque de Ravenne, avec la Croix glorieuse, l’évêque et ses brebis, une merveille.

Puisque nous fêtons les mamans, nous pouvons encore faire mémoire de la maman du pape Léon, Mildred Agnès Martinez Prevost avait 44 ans lorsqu’il est né, elle est décédée en 1990. N’oublions surtout pas que le Seigneur appréciait tellement les mamans qu’il en a voulu une.

Marie, reine du ciel, réjouis-toi le Christ, ton Fils est vraiment ressuscité Alléluia !