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dimanche 25 février 2018

La Transfiguration : Dieu avait ri...


Transfiguration : Atelier saint André

25 février 2018  - 2ème Dimanche de Carême — Année B

Lectures de la messe

    Première lecture Le sacrifice de notre père Abraham Gn 22, 1-2.9-13.15
    Psaume Je marcherai en présence du Seigneur
    sur la terre des vivants. 115 (116b), 10.15, 1...
    Deuxième lecture « Dieu n’a pas épargné son propre Fils » Rm 8, 31b-34


Frères et Sœurs, lorsque nous entendons le récit du sacrifice d’Abraham, de la ligature d’Isaac, nous avons certainement un sentiment de malaise, sachant l’attachement que l’on porte naturellement à ses enfants et au respect de toute vie humaine. Notre temps dirait : Une vie humaine n’a-t-elle pas plus d’importance qu’une idéologie et une philosophie, pire une religion qui est au fond, de la superstition. Les sacrifices humains qu’elle régression de l’humanité, de ceux de l’antiquité à Moloch, aux sacrifices de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique. Malheureusement il y en a encore, bien que cachés. En même temps, ce temps ne se gêne pas pour mettre en cause la nature humaine en la manipulant jusqu’au point de laisser entendre qu’elle n’est qu’une étape en voie d’être dépassée dans l’évolution et manipulée par les détenteurs diplômés d’une gnose scientiste.  L’homme à ses yeux n’est rien d’autre qu’un assemblage de cellules avec un ADN. C’est une sorte de sacrifice de l’humain qui s’installe tranquillement dans les têtes, mettant de côté l’idée même que l’homme est doté d’une âme immortelle et qu’il est capable de Dieu. Et on s’indigne d’un passage biblique.
Le sacrifice d’Isaac aurait pu se produire selon la tradition, sur le Mont Moriah, le Mont du Temple à Jérusalem, je me souviens avoir vu ce rocher sous le fameux dôme du Rocher, lorsque cela était autorisé. Dieu avait mis à l’épreuve Abraham, en lui demandant celui qui lui était le plus précieux, le seul fils qu’il avait eu de Sarah, Isaac. Yiçhac était selon l’étymologie, l’enfant du rire, pas celui de Sarah qui avait ri sous sa tente, elle n’avait pas cru en l’annonce,  mais d’abord et surtout du rire positif de Dieu, de son sourire, de sa promesse. Isaac était l’enfant de la promesse, une promesse joyeuse, une promesse de vie. Dieu explicite le contenu de celle-ci, Il l’étend, en raison de l’amour total que lui manifeste Abraham : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » La foi d’Abraham a porté un fruit de vie éternelle.
Dans l’Evangile la promesse est dévoilée aux Apôtres autant qu’ils peuvent la supporter : « Il monta sur la montagne, et se transfigura devant eux, et son visage resplendit comme la lumière, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Il entrouvrit, dit Jean Chrysostome, un peu de la divinité, leur montra le Dieu qui y habitait, et se transfigura devant eux. » Dieu qui s’était adressé à Abraham, et à Moïse, vient nous présenter aujourd’hui son propre Fils sur le Thabor : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».
Pourquoi cette annonce, sinon pour encourager les Apôtres dans la perspective d’un autre sacrifice, celui de son propre Fils ? Le Père ne pouvait être indifférent à ce qu’ils allaient vivre, ils seront meurtris au plus profond d’eux-mêmes, toute espérance leur paraîtra devoir être abandonnée.  
« Le Seigneur, selon Clément d’Alexandrie, … quand Il parut en gloire aux apôtres sur la montagne, ce n'était pas pour Lui-même qu'Il fit cela, se montrant lui-même, mais pour l'Église… » Elle devait apprendre ce qui allait lui advenir.
Après cette épiphanie, cette manifestation  Jésus ordonna aux Apôtres : «de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Il leur a annoncé sa résurrection, la transfiguration l’annonçait, mais eux n’écoutent pas vraiment, ne comprennent pas, ils se demandent ce que veut dire ressusciter d’entre les morts. Jésus qui a commencé de parler de sa mort après la confession de Pierre, va encore essayer de préparer ses Apôtres en la leur annonçant par deux fois en montant à Jérusalem.
La Transfiguration a été une sorte d’anticipation et d’annonce de sa résurrection. Ils ne peuvent même pas entrer dans le mystère de Pâques. Leur foi est presque morte, sauf celle de Jean et de Marie. L’intervention de l’Esprit est nécessaire, au point que le Seigneur aura un parler direct, envers les disciples d’Emmaüs… pauvres et bienheureux élèves : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et il leur parle de Moïse… qui était apparu sur la montagne.

Dieu a un projet sur nous, et nous avons bien de la peine à y entrer, c’est pour cela que nous avons entrepris notre marche au désert sur les pas de Jésus. L’Evangile nous a laissé non seulement des indications, mais pour ainsi dire ses empreintes dans le sol et elles ne s’effacent pas. Il faut entrer dans le silence pour entendre la seule voix de Dieu, fuir ces voix qui étouffent la sienne et éteignent l’espérance. Avec lui, il faut monter sur la Montagne pour réentendre le message de vie éternelle donné aux Apôtres et à l’Église. Il nous révèle qui est Jésus, et Jésus nous apprend comment voir le Père. « Qui me voit, voit le Père. » Et que veut le Père, sinon nous donner cette vie promise à Abraham et à sa descendance. Ne laissons pas les messages de tristesse éteindre en nous le désir. Un prédicateur connu propose cette formule intéressante : « Le désir de la foi, c’est de rejoindre l’infini. Le désir de l’amour, c’est de vivre sa durée. Le désir de l’ « être », c’est Dieu, alors que nous ne le connaissons pas dans l’infini de sa réalité. » Où trouver cet infini ? Après le Thabor, il nous redescendre de la montagne pour apprendre à connaître par l’intermédiaire de son image qu’est son Fils,  et dans nos frères images du Christ. Transformés par la présence du Christ, dit le pape François, nous devons être le signe concret de l’amour vivifiant de Dieu pour tous nos frères, en particulier pour ceux qui souffrent, pour ceux qui se trouvent dans la solitude et dans l’abandon, pour les malades et sont humiliés par l’injustice, l’abus de pouvoir et la violence. Apportons leur aussi le message d’espérance et la lumière du Thabor. Ce qu’ils vivent a un sens. Amen.

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