Frères et Sœurs,
La dernière Cène relatée par saint Marc se déroule dit-il, « le
premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau
pascal. » Nous pouvons relever le lien entre le pain et l’agneau pascal,
depuis l’Egypte. Une écoute et une lecture attentive de l’Évangile nous fait percevoir un élément chronologique curieux. Cet
événement aurait eu lieu le soir où l’on commence de célébrer la Pâque, le
vendredi pour nous. Cela voudrait dire que Jésus serait mort le jour même où se
fêtait la Pâque, le sabbat. On n’exécutait pas quelqu’un pour la Pâque.
Peut-être s’agit-il d’un rapprochement
de symboles. On préfère suivre saint Jean qui place ce repas le jeudi soir.
Viennent ensuite deux signes étranges, Jésus demande à deux
de ses disciples de suivre un homme portant une cruche d’eau. Le fait est original
puisqu’il s’agissait d’un travail de femmes surtout. Le second est aussi étonnant.
Une salle est toute prête, avec certainement des tapis. On peut se l’imaginer
ainsi. Jésus vient avec ses disciples et il célèbre sa première et unique
eucharistie au cours de la Sainte Cène. Il institue l’Eucharistie.
Les Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), nous en
donnent une description, rapportant les gestes et paroles de Jésus. Saint Paul
a aussi un récit. Que fait Jésus ? Il prend du pain le bénit, le rompt et le
distribue aux disciples. La tradition nous transmet les paroles de la
consécration.
Chez les juifs pour la Pâque c’était du pain sans levain en
mémoire de la sortie d’Égypte qui était utilisé. Le pain, la matière, comment
est-il confectionné ? De la farine de froment, du sel et un peu d’eau pour
la pâte. En Occident, il est azyme, sans levain, cela, en relation avec le
caractère pascal de la dernière Cène. Jésus a sans doute utilisé, selon le
rituel juif de la Pâque, des pains sans levain disent certains commentaires.
Les orientaux font valoir que le mot grec « Artos », utilisé dans
tous les évangiles lors de la Cène pour nommer le pain, se réfère au pain
commun, levé. Ils invoquent leur tradition qu’ils disent remonter aux temps
apostoliques. Chez eux, les pains qui servent à l’Eucharistie ressemblent à de
petits pains marqués par un moule, et s’appellent prosphore. Ils sont préparés
et découpés dans une liturgie préparatoire, appelée liturgie des présanctifiés.
Seule la plus belle partie au centre est consacrée. Le reste de ce pain est
distribué comme pain béni à la fin de la célébration.
L’un ou l’autre, qu’importe. Le Seigneur prend du pain et du
vin, issu du fruit de la vigne, pour les changer en son corps et en son sang.
L’expression qui essaye de rendre compte du mystère est celle de
transsubstantiation. C’est un vrai miracle qui s’accomplit à chaque
eucharistie. Régulièrement nous nous rappelons les célèbres miracles
eucharistiques dont vous trouvez la mention d’un bon nombre sur la toile. Ils
manifestent que vraiment quelque chose se passe grâce à l’action du
Saint-Esprit.
C’est lui qui change la nature du pain et du vin pour en
faire le Corps et le Sang de Jésus. A la messe on parle de sacrifice. Sacrifier
c’est offrir à Dieu. Le mot français vient du latin « sacrificare » «
faire un acte sacré, rendre sacré ». Nous avons le souvenir de Melchisédech roi
de Salem, plus tard Jérusalem, offrant le pain et le vin en présence d’Abraham
et le bénissant.
Les deux autres lectures nous ont aussi parlé de sacrifice,
à commencer par Moïse sur ses douze pierres symbolisant les douze tribus
d’Israël. Les sacrifices sanglants dans le temple se faisaient en nombre considérable,
boucs, bœufs et agneaux, colombes. Mais qu’est-ce que cela pour réconcilier les
hommes avec Dieu et les libérer du péché. Le Seigneur est venu pour accomplir
le seul sacrifice qui nous ouvre les portes du ciel et nous apporte la
bénédiction de Dieu. Tout le reste devient inutile. Il ne restera pas du
Temple, pierre sur pierre. C’est du sacrifice de sa propre vie dont il s’agit. « Le Christ, poussé par l’Esprit éternel,
s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut. » Lui qui est
Fils de Dieu est venu donner sa propre vie par amour pour son Père et pour
nous. Il vient aussi nous transformer nous-mêmes. Il s’est totalement consumé
par son sacrifice, mais il en a conservé aussi une autre faculté. Pour
communier aux dieux autrefois, on consommait les animaux offerts, c’était
souvent le cas pour les prêtres. Jésus va se donner à nous pour que nous
puissions communier à lui, et qu’il puisse nous transformer. A la messe, dans
la personne du prêtre, c’est le Christ qui rend présent son offrande, à son
Père. Le prêtre le fait au nom de toute l’Église et de l’assemblée présente. On
ne parle pas pour rien de sacerdoce baptismal. Nous pouvons communier au corps
et au sang du Christ pour devenir d’autres Christ, pour que nous nous offrions
et soyons offert nous aussi au Père, par lui avec lui et en lui. C’est là que
nous sommes aussi prêtres et exerçons notre sacerdoce baptismal.
L’Eucharistie nous permet non seulement et d’abord de
communier à lui, mais encore de demeurer en sa présence, de l’adorer.
Aujourd’hui nous fêterions la Visitation de Notre-Dame à Élisabeth, c’est le
dernier jour du mois de mai. Marie a toujours eu une relation privilégiée avec
son Fils dès sa Conception. Elle est sa Mère, Mère de Dieu. Saint Jean-Paul a
médité sur Marie femme eucharistique. Portant son Fils en elle, elle est
descendue rendre visite à sa cousine Élisabeth jusqu’à Eïn Karem. 150 km sur
son petit âne, c’est quelque chose, surtout en portant le trésor le plus grand
du monde et de l’univers entier. Elle était l’arche d’Alliance en pèlerinage
vers sa cousine et Jean-Baptiste. Il allait rendre encore plus saint celui qui
allait devenir son messager. Mettons-nous à l’école de Marie… « Recevoir
l'Eucharistie disait le saint pape Jean-Paul II devait être pour Marie comme si
elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l'unisson du
sien ». Demandons-lui la grâce d’écouter comme elle ce deuxième cœur qui
bat en nous, surtout lorsque c’est le vieil homme qui reprend le dessus. Amen.
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