14 novembre 2021 - 33ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B
Première lecture « En ce temps-ci, ton peuple sera délivré » Dn 12, 1-3
Psaume Garde-moi, mon Dieu,
j’ai fait de toi mon refuge. Ps 15 (16), 5.8, 9-1...
Deuxième lecture « Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection c... He 10, 11-14.18
Évangile « Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » Mc 13, 24-32
Les textes qui viennent à notre rencontre ce matin, nous interpellent régulièrement avec la diminution de la lumière, l’obscurité et le froid qui gagnent de plus en plus de terrain. Il est d’usage de remettre ses pneus neige et les habits d’hiver sont ressortis.
Dans l’évangile, le Seigneur parle de la fin des temps à quelques-uns de ses disciples après s’être rendu pour la dernière fois dans le Temple. Il s’était assis juste en face sur le mont des oliviers et avait réagi à l’admiration de Pierre Jacques, Jean et André, devant ces belles pierres, car elles étaient effectivement belles, tant la qualité des matériaux que leur disposition. Il leur annonça sa mort, la destruction du Temple, l’annonce de la Bonne Nouvelle au monde, les persécutions et le retour du Fils de l’homme. « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. » L’expression Fils de l’Homme paraît être propre à Jésus, il la préfère à celle de Messie qui avait une connotation trop politique. Lorsqu’on parle d’apocalypse, cela a une résonnance péjorative aujourd’hui, de catastrophe, de défaitisme et d’humeur dépressive. Nous aurions tous envie qu’un bel aujourd’hui dure toujours. Elle était pourtant un signe d’espérance dans la tradition juive, rattachée qu’elle était au retour sur la terre sainte et au bonheur.
Cependant, cela ne peut nous empêcher de nous remémorer que la tradition tient fermement que l’univers créé a eu un commencement et aura une fin, ainsi qu’une restauration. Le 20ème siècle et le début de l’actuel ont permis de conclure que les deux premiers termes de la proposition ne relevaient pas que de l’imagination des auteurs sacrés et d’un pieux désir. Les tenants de la thèse d’une matière éternelle, staliniens et nazis, firent payer très chers à un certain nombre de physiciens et d’astrophysiciens, leurs découvertes allant en sens contraire. Bien évidemment, si la matière n’est pas éternelle, il faut une origine et un créateur, et il y aura une fin. Fort heureusement nous n’en sommes pas encore à la fin thermique de l’univers, même si nous avons un peu froid ces derniers jours. Notre soleil a encore 5 milliards d'années à briller. Ce qui nous permet de dire « Ouf ! », avec un commentateur et de songer plutôt à nos perspectives personnelles plus réduite, tout en songeant à entretenir et préserver notre environnement pour les générations futures.
Vous me permettez une citation de Gaudium et Spes et du catéchisme sur le sujet : 1048 " Nous ignorons le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité, nous ne connaissons pas le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde déformée par le péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme " (GS 39, § 1).
Tout cela doit nous conduire à raviver notre espérance, et à faire confiance dans les paroles du Seigneur et ses promesses, et surtout à nous intéresser à notre fidélité à l’Alliance, à nous focaliser sur les promesses que le Seigneur nous a faites à notre baptême. Il est le vivant, et nous vivons déjà de sa résurrection.
Qui dit Temple, dit sacrifice et prêtre, c’est ce à quoi fait allusion la Lettre aux Hébreux. Le Temple et les anciens sacrifices, les prêtres, n’ont plus de nécessité avec celui qu’offre Jésus en donnant sa vie. Il est l’autel, le prêtre et la victime. Il s’agit donc d’un complet renouvellement. Mais alors, me direz-vous, nos églises servent à quoi ? Simplement à nous rassembler pour célébrer et pour rendre présent cet unique sacrifice de Jésus. Il vit en nous, il vit dans son Église qui est le corps du Christ. La mort et la résurrection de Jésus, c’est en quelque sorte la fin des temps déjà présente, car à ce moment tout est mystérieusement déjà réalisé. « Il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. » Et son dernier ennemi, c’est la mort. Qui resplendira comme la splendeur du firmament ? Qui brillera comme les étoiles pour toujours et à jamais ?
Je crois que chaque année en cette période du temps liturgique depuis mon ordination, je demande d’être prudent avec les oiseaux de malheurs qui abusent de la crédulité de certains, et pas seulement de certaines. Le Seigneur avait pourtant bien dit voici 2.000 ans : Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Il ne s’agit pas d’attendre comme le soldat devant sa guérite au Vatican ou à Windsor, ou comme Jonas sous son ricin, attendant que ça se passe, pour pouvoir assister à un spectacle de type film catastrophe en 3 dimensions. En parcourant l’Ecriture, vous aurez certainement remarqué combien l’attente des premiers disciples était vive. Ils pensaient que le retour du Seigneur arriverait bientôt, certains arrêtaient de travailler. Il a fallu aux premières communautés intégrer le fait que notre temps n’est pas celui de Dieu et que le Seigneur était toujours avec eux . « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous. » (2 P 3, 8-10). Mais toute la tradition insiste sur une nécessaire vigilance.
Mieux vaut donc s’investir dans le service de ceux qui sont en difficulté, c’est là que le Christ est présent, c’est là qu’il vit toujours son sacrifice et le don de lui-même. La nature et notre environnement qu’il nous a remis pour la gérer et la faire fructifier sont également un terrain d’action qui mérite toute notre attention jusqu’à ce qu’ils soient renouvelés avec nous.
Concluons avec une prière du pape François à Marie Mère de l’Église et Mère de notre foi.
Ô Mère, aide notre foi ! Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel. Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.
Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur ! Amen.
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