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dimanche 17 septembre 2023

Pardonne encore et toujours comme Moi




 17 SEPTEMBRE 2023 -  dimanche, 24ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière,...Si 27, 30 – 28, 7 Psaume Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.Ps 102 (103), 1-2, 3...
Deuxième lecture« Si nous vivons, si nous mourons, c’est pour le Seigneur » Rm 14, 7-9
Évangile« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 foi...Mt 18

Éléments d'homélie

Le Seigneur dans l’Évangile de ce matin, nous parle du pardon et nous demande de pardonner sans cesse. Nous ne pouvons que retenir son début et la question de Pierre : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. »

Vous admettrez avec moi que c’est déjà considérable. Cela fait surgir de cette multiplication le chiffre de 490. Si vous le faites en comptant sur vos doigts vous vous y perdez déjà. Le Seigneur veut nous dire que nous devons pardonner à l’infini, comme lui. Sept pour les hébreux, c’est  la plénitude, la perfection, la puissance, la totalité, la gloire. Nous retrouvons ce nombre dans la création et dans le Sabbat où Dieu se repose. Le problème qui nous est posé est d’arriver à huit, parce que l’homme a péché après le 7ème jour. Dieu lui avait donné la création à gérer, et il a rompu avec Lui, il a péché. Le Seigneur nous explique notre situation avec l’image des 10.000 talents. Un talent représentait environ 27 kg, ce qui nous fait 270.000 kg. Cela fait à peu près 180 millions de francs à 650 francs le kg. J’ai été obligé de m’instruire.

Le Seigneur nous demande de pardonner parce qu’il nous a remis une dette énorme. Qui est la valeur de notre vie éternelle avec lui. Il exige le pardon de notre part. Mais, quel sujet que celui du pardon… A un enfant, en famille, normalement on lui apprend à faire la paix et se pardonner. Mais tout n’est pas simple.

Les conséquences d’une faute envers son prochain peuvent être très graves et durer une vie entière. Pour un adulte, lorsqu’on parle de certaines problématiques, on a l’impression que quelqu’un tire sur un vieux pansement, et tout un passé ressurgit, même après la disparition de son auteur. Les problématiques mises au jour en Église ces dernières semaines nous montrent que des blessures restent en attente longtemps et se réouvrent. De la part de celui qui en est à l’origine, il ne suffit pas d’une petite absolution sur la mention d’un numéro de commandement glissé à toute vitesse auprès d’un confesseur dur d’oreille. Être en paix avec Dieu nécessite également la réparation effective d’un mal commis, ce qu’on appelle une satisfaction.

Nous avons besoin de demandes de pardons et de réparations en Église. Nous avons besoin d’un changement de culture, les évêques nous le répètent maintenant. Cela ne concerne pas que les prêtres. Nous ne sommes pas l’Église. Nous comprenons enfin que le fonctionnement n’est pas seulement hiérarchique, du haut en bas, top down et pyramidal. L’obéissance chrétienne est là pour nous faire grandir et pas pour tolérer des abus et les cacher. Elle n’est pas aveugle. L’Église est le corps du Christ et doit nous aider à faire naître le Christ en nous, en chacun de nous. Mon Abbé Primat qui m’a rendu visite il y a un mois environ et m’a dit qu’il concevait son ministère comme celui d’un Père. Un Père aime et fait grandir le Christ en ceux dont il a la charge.

Le Seigneur veut nous voir grandir dans l’amour. Que mes sœurs me pardonnent de citer encore ce qu’a dit le Pape François, en recevant les oblats bénédictins en la fête de Notre-Dame de Compassion le 15 septembre : « Je pense à votre charisme et je crois que, d'une certaine manière, il peut être résumé dans une belle expression de saint Benoît, qui nous a invités à avoir un "cœur dilaté par l'indicible souveraineté de l'amour" (Prologue de la Règle, n° 49). Je crois que ce cœur élargi est le secret de la grande œuvre d'évangélisation du monachisme bénédictin. »

Pour le Carmel, la dimension du cœur et sa dilatation est la même. Je crois que la vie est aussi faite de slogans comme la prière du cœur des orientaux… Cela me permet de rappeler encore une fois Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Elle avait découvert sa vocation en ouvrant au hasard une épitre de Saint Paul, la 1ère au Corinthiens chapitre 12 : Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux ; en un mot, qu’il était éternel. Je me suis écriée : Ô Jésus, mon amour ; ma vocation, enfin je l’ai trouvée ; ma vocation, c’est l’amour. Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’amour ; ainsi je serai tout, ainsi mon rêve sera réalisé.

Le cœur n’est pas qu’un organe physique apte à être réparé. Un cardiologue m’a rappelé qu’il n’est naturellement programmé que pour battre un certain nombre de fois. A bon entendeur. Le pardon a bel et bien un rôle spirituel à jouer pour retrouver la paix intérieure avec le Seigneur, mais aussi avec nos frères. Les psychologues parlent de son importance humaine pour avancer sur un chemin de guérison des traumatismes. Un prêtre canadien, décédé aujourd’hui et psychologue, le Père Jean Monbourquette avait écrit un ouvrage très utile à ce propos, avec une méthode : « Comment pardonner ». Cela ne signifie pas tourner la page par une bonne parole et s’en tirer à bon compte.

Mais plus profondément encore, que cet aspect-là, nous avons à réécouter et à relire la passion de Jésus dans Saint Luc et son pardon. La croix c’est horrible. Elle conduit à la destruction et à la mort. Le Pape François commentait ainsi l’an passé. Jésus dit : Père, pardonne-leur. Contrairement aux autres martyrs dont parle la Bible (cf. 2 M 7, 18-19), il ne fait pas de reproches aux bourreaux ni ne menace de punition au nom de Dieu, mais il prie pour les méchants. Fixé à la potence de l'humiliation, il augmente l'intensité du don, qui devient pardon. Notre chemin de vie éternelle est celui de l’imitation du Christ.

Il faut aussi se pardonner à soi :Lorsque nous lui faisons mal par nos actions dit le pape, il souffre et n'a qu'un seul désir : pouvoir nous pardonner. Pour s'en rendre compte, regardons le Crucifié. C'est de ses blessures, de ces brèches de douleur causés par nos clous, que jaillit le pardon. "Merci Jésus : tu m'aimes et me pardonnes toujours, même quand j'ai du mal à m'aimer et à me pardonner".

Ce don de soi-même, nous avons à le vivre avec lui pour qu’il naisse en nous, pour qu’il ressuscite en nous. C’est tout le chemin de notre vie spirituelle, ressusciter par lui, avec lui et en lui. Les baptistères étaient souvent formés d’un octogone, le 8ème jour symbolise la résurrection. Notre résurrection a commencé à notre baptême où nous avons été pardonnés. Il survient après le 7ème jour, le repos de Dieu au tombeau.

Marie notre Mère accompagne-nous sur notre chemin de résurrection. Amen.


dimanche 23 juillet 2023

Ivraie et chaise longue? A notre âge !



 23 JUILLET 2023 -  dimanche, 16ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture« Après la faute tu accordes la conversion »Sg 12, 13.16-19

PsaumeToi qui es bon et qui pardonnes, écoute ma prière, Seigneur. Ps 85 (86), 5-6, 9a...

Deuxième lecture « L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables »Rm 8, 26-27

Évangile« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson »Mt 13, 24-30


Chers Frères et Sœurs,

Vous auriez certainement aimé entendre un sermon des foins, mais ils sont déjà passés. J’aime beaucoup cette parabole estivale du bon grain et de l’ivraie. Hier en venant dire la Messe au Vorbourg pour fêter Sainte Marie-Madeleine l’Apôtre des Apôtres, j’ai été contraint de suivre deux tracteurs de bonne dimension qui tiraient deux énormes remorques apparemment pleines de blé. J’espère que nos agriculteurs sont satisfaits cette année. Je vois sur la toile des indications de production sans fongicides, insecticides et régulateurs de croissance… On laisse régler la problématique aux spécialistes. La lutte contre les mauvaises herbes aussi. J’essaye toujours d’apprendre quelque chose en préparant mes homélies et cette fois j’ai vu qu’un des plus anciens traités sur l’agriculture serait de Xénophon environ 360 avant J-C, intitulé l’Économique. On y entend même parler Socrate, « l’agriculture est la mère et la nourrice des autres arts : dès que l’agriculture va bien, tous les autres arts fleurissent avec elle »… Au temps de Jésus, il semble qu’on était tenté sinon obligé de s’occuper du problème des mauvaises herbes à la main, ce qui provoquait du travail et bien des dégâts.  Les récoltes à la serpe n’étaient également pas que de la poésie. L’ivraie quant à elle, m’amuse toujours un peu à commenter en période de vacances, puisque certaines variétés sont utilisées pour les pelouses… et font songer aux chaises longues. 

Le Seigneur veut cependant nous inviter, même sur nos chaises longues au moins à un début de réflexion sur notre manière de vivre. D’ailleurs, ne profitait-il pas de lieux où il y avait beaucoup d’herbes pour faire asseoir les gens qui voulaient l’écouter, trois évangélistes le mentionne dont saint Jean :  6.10 Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Là, il multiplie les pains et les poissons. N’est-ce pas une invitation à la méditation pendant ce temps de vacances ? Merci aussi d’être venus.

Son champ n’est cependant pas une pelouse, mais bien un lieu de travail réel et spirituel. C’est nous-mêmes, où la Parole germe, prend racine et porte du fruit. Que veut-il faire de nous sinon nous offrir à son Père et nous transformer en louange à la gloire de Dieu, nous diviniser dans le sens de participation à la vie divine. Il y a de belles expressions chez Teilhard de Chardin. D’évidence, il s’agit là d’un labeur pénible qui s’inscrit dans la durée, pour nous transformer et faire de nous des frères et sœurs du Seigneur. Lui veut nous faire participer à ce qu’il est, non seulement pour nous transformer, mais pour se communiquer et communiquer Dieu au monde. Un grand mot, mais qui nous incite à prendre conscience d’une mission qui ne consiste pas à rester éternellement sur une chaise longue. Toutefois nous ne devons surtout pas négliger l’importance d’une personne que Saint Paul a mentionnée, l’Esprit Saint qui vient au secours de notre faiblesse. L’Esprit qui scrute les cœurs et discerne, certes. mais qui agit également dans le silence de la prière et de l’oraison. C’est un temps où nous paraissons être au repos, mais où lui nous fait croître. Il ne s’agit pas d’en rester là, mais d’aimer comme le Seigneur nous a aimés.

Le pape François nous a demandé de porter une plus grande attention aux plus anciens d’entre nous, ce qui invite les moins anciens à se considérer encore comme des jeunes, avec un certain pourcentage. Cela nous fait d’ailleurs apprécier l’aide et l’amitié des plus jeunes pour l’autre pourcentage. Un des trésors et des fruits de notre vie à communiquer, devrait être la Sagesse de vie qui ne se limite pas aux techniques… Pour la connaissance des derniers systèmes électroniques il s’agit d’une autre affaire. Ils nous permettent au moins de tester notre patience et notre vocabulaire en période de contradiction. Nous devrions avoir acquis plus de discernement et apprécier ce qui est vraiment important en face de l’exubérance et du foisonnement d’idées de la première partie de la vie. Parfois, il est vrai que nous pouvons être sots et fixés sur de mauvaises habitudes dont il faudra encore laisser le Seigneur s’occuper. Il est patient . Ce temps est béni parce qu’il nous oblige de songer à la rencontre qui nous attend avec celui qui nous appelé à la vie et à le voir. La règle la plus importante qu’il nous a donnée pour y parvenir est d’aimer, de donner et de se donner, d’essayer de faire grandir l’autre dans l’amour. Ne serait-ce pas le service le plus grand que nous pourrions rendre aux plus jeunes ? Qu’est-ce qui nous empêche aujourd’hui d’aimer, pour apprendre à aimer ?

Le Saint-Père dans la perspective des prochaines journées mondiales de la jeunesse,  a pris comme exemple et comme thème celui de la Visitation, de la communication entre la jeune Marie et l’ancienne Élisabeth. Celle-ci a besoin d’aide en raison de son état et de son âge. Marie a aussi besoin d’apprendre à devenir une maman. Ce sont en quelque sorte des services mutuels. Nous entendons presque l’Esprit-Saint jouer sur deux instruments qui se répondent pour que jaillisse la louange à la gloire de Dieu. Avec les deux enfants qui s’y associent… Lorsqu'il reconnut la salutation de Marie, Jean-Baptiste se réjouit aussitôt, bondissant d’allégresse comme pour chanter à la Mère de Dieu : 

Réjouis-toi Jeune pousse au Bourgeon immortel 

Réjouis-toi Jardin au Fruit qui donne Vie

Réjouis-toi en qui a germé le Seigneur notre Ami

Réjouis-toi tu as conçu le Semeur de notre vie  

Concluons avec la prière qui nous est proposée pour aujourd’hui  : 

Je te remercie, Seigneur, pour la bénédiction d’une longue vie car, à ceux qui se réfugient en Toi, Tu accordes toujours de porter des fruits. 

Pardonne, ô Seigneur, ma résignation et mon désenchantement, mais ne m’abandonne pas lorsque mes forces déclinent. 

Apprends-moi à regarder avec espérance l’avenir que Tu me donnes, à la mission que Tu me confies  et de chanter Tes louanges sans fin. 

Fais de moi un tendre artisan de Ta révolution, pour m’occuper de mes petits-enfants avec amour et tous les petits qui cherchent refuge en Toi. 

Protège, ô Seigneur, le Pape François et accorde à Ton Église de libérer le monde de la solitude. 

Dirige nos pas sur le chemin de la paix. Amen.


dimanche 16 juillet 2023

Le semeur et le sens de la vie

 


16 JUILLET 2023 --  dimanche, 15ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

 Lectures de la messe

Première lecture« La pluie fait germer la terre »Is 55, 10-11

PsaumeTu visites la terre et tu l’abreuves, Seigneur,

tu bénis les semailles.Ps 64 (65), 10abcd, ...

Deuxième lecture« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu »Rm 8, 18-23

Évangile« Le semeur sortit pour semer »Mt 13, 1-23

Homélie

Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.

Chers frères et sœurs,

Je vous ai lu tout l’Évangile et pas le raccourci parce qu’en vacances vous avez du temps et que les températures vont devenir plus supportables.

Il arrive fréquemment dans les ouvrages de spiritualité et les commentaires que l’on fasse une comparaison entre les manières de prêcher du Seigneur et celle de Saint Paul. Le Seigneur utilise des comparaisons tirées du milieu rural dans lequel il a été élevé et a vécu. Ses paraboles nous montrent bien la manière dont il procédait. Elles sont tirées de la nature, de la vie dans les villages, du travail de la terre, du monde pastoral, de la pêche. Il essayait de rejoindre les petites gens de son milieu de vie. Nous comprenons qu’il connaissait ce qu’ils vivaient tous les jours et voulait leur permettre d’aller au plus profond et de les aider à le rejoindre en donnant un sens à leur vie… Il leur expliquait comment rejoindre et comment connaître son Père et leur Père. Il leur ouvrait l’esprit au sens des Écritures et à sa mission. Dieu aime tous les hommes et veut qu’aucun ne se perde. Saint Paul, lui était un intellectuel, capable de développer une vue d’ensemble, de l’histoire du salut, à un point tel que Pierre lui-même avoue ne pas pouvoir le suivre à certains moments. Saint Paul devait certainement se dire : Pourquoi être simple quand on peut être compliqué ? Pourtant il savait aussi marcher et pratiquer un travail manuel. On parle de 5.000 kilomètres dont 2.000 à pieds dans les premiers voyages. Daniel Marguerat dit qu’avec lui, Dieu a émigré. Le Seigneur est resté en Palestine, mais sa parole était accompagnée de signes et surtout il touchait les cœurs. Comme quoi le talent oratoire et la connaissance exprimée ne sont pas les seuls talents.  

Le Seigneur dans l’évangile prend donc une parabole simple à comprendre, il nous parle de bon grain qui germe et porte du fruit, mais un fruit spirituel. Cela paraît simple mais est éminemment compliqué et long. Mais ils écoutaient patiemment. Pourquoi en effet ne pas donner une explication très claire et faire un bon miracle indiscutable pour que tout le monde s’aligne une bonne fois. Pourtant, s’il réunit beaucoup de monde,  beaucoup ne comprennent rien. Ils sont durs d’oreille et aveugles, en état de pré-infarctus spirituel… incapables d’accueillir Dieu et de le voir. Un médecin ORL m’avait expliqué il y a quelques années, qu’il fallait faire attention à une petite baisse de l’audition et y pallier, parce que le cerveau a la fâcheuse habitude d’éliminer définitivement les cellules qu’il n’utilise pas… Le Seigneur vise bien entendu notre état de santé spirituelle.

Si la première lecture a pris la nature en exemple, il ne s’agit pas d’un traité scientifique nous expliquant un fonctionnement harmonieux, mais pour nous rendre attentifs au fait que Dieu parle à travers elle. Il veut entrer en contact et en dialogue avec nous, nés dans un monde bien réel, à l’issue d’un processus devant lequel nous nous émerveillons tous les jours. Nous cherchons à en trouver le sens, en passant du bigbang de la création aux poussières d’étoiles et aux dinos de Porrentruy. Nous cherchons un sens à notre vie et souhaitons une rencontre qui pourra nous apporter une vie belle et qui n’aura pas de fin. Dans une de mes lectures, j’ai lu que cette recherche du sens pour chacun, en thérapie, portait un nom la logothérapie (Viktor Frankl). Le thérapeute en question avait remarqué dans son camp de concentration que ceux qui résistaient le mieux à cette situation étaient ceux qui avaient donné un sens à leur vie. Non seulement notre vie personnelle a un sens, mais ce sens concerne toute la création. Saint Paul l’exprime une vision extraordinaire, profonde et totale du mystère du salut, de la création. Elle est soumise à un esclavage depuis la rupture avec Dieu et est en attente d’être transfigurée. Elle veut connaître la gloire donnée aux enfants de Dieu, débarrassés de leurs problèmes, etc… Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.

Saint Paul parle d’un intervenant avec lequel il faut compter. Nous ne pouvons pas seulement nous contenter d’histoires, de rêver à des lieux ou des états qui nous calment psychologiquement et nous apportent un peu de paix, des lieux de vacances sans bouchons, un beau film, un concert.

Nous nous posons chacun de toute évidence la question de savoir comment transformer nos existences, comment rechercher le Seigneur, le trouver, le voir et l’écouter, et aussi à partir de quand et jusqu’à quand est-ce possible ?

Il arrive parfois que l’on soit renversé par un événement imprévisible, un accident qui nous force à nous poser des questions de fond. Nous voudrions trouver une solution de vie et pas seulement nous dire que tout va s’arrêter là. C’est parce que Dieu nous aime. Je me permets un exemple pour nous montrer l’amour que Dieu a pour nous et pour notre liberté. Notre pape François a publié un superbe document pour le 400ème anniversaire de la naissance de Blaise Pascal. Il est très intéressant et pas seulement en raison de ses bagarres avec les jésuites au 17ème siècle. Il s’est posé une question que tout le monde se pose : « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant ». Nous ne sommes presque rien, mais pas rien, il doit y avoir une raison et un but à notre vie, un sens, quelque chose et surtout quelqu’un au-delà du visible. Sinon toute la création serait absurde. Lui, le mathématicien de génie, avance encore la conclusion de son fameux pari : « Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, pariant que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Pariez donc qu'il est, sans hésiter. » Parler de pari implique une fragilité, celle de la liberté que Dieu nous laisse dans son amour. Il veut un oui donné dans la foi, avec une part d’obscurité. Il se propose, mais n’impose pas sa volonté, parce qu’il est souverainement libre et nous veut à son image. Le pape François dit dans sa lettre que nous devons, comme chrétiens, nous tenir éloignés de la tentation de brandir notre foi comme une certitude incontestable qui s’imposerait à tous. Pascal avait certes le souci de faire connaître à tous les hommes que « Dieu et le vrai sont inséparables ». Mais il savait que l’acte du croyant est possible par la grâce de Dieu, reçue dans un cœur libre. Pour que le bon grain puisse germer, il faut l’amour autour de lui et dans nos cœurs, un amour partagé pour nos frères et toute la création.

Je vous propose pour conclure une prière à Notre-Dame du Carmel, puisque c’est sa fête aujourd’hui. SÉQUENCE : Fleur du Carmel , Vigne fleurie , Beauté du Ciel , Vierge féconde, Mère douce et toute pure, Étoile de la mer, Donne-nous un signe de ta maternelle protection ;  Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Beauté du Ciel. Amen. 

dimanche 9 juillet 2023

Histoire de repos et d'ânes

 

Source

9 juillet 2023 - dimanche, 14ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

    Première lecture « Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » Za 9, 9-10

    Psaume Mon Dieu, mon Roi,

    je bénirai ton nom toujours et à jamais !  ou :  Alléluia ! Ps 144 (145), 1-2, 8...

    Deuxième lecture « Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous... Rm 8, 9.11-13

    Évangile « Je suis doux et humble de cœur » Mt 11, 25-30


« Moi, je vous procurerai le repos. »

Chers Frères et Sœurs,

Quelle belle entrée en matière pour cette période de vacances, qui débute pour la plupart, que ce thème du repos. Le mot revient à deux reprises dans notre Évangile. Le mot grec anapausis (un verbe dans le texte) signifie : interruption, cessation de travail ou d'affaires, relâche, arrêt, pause, repos, récréation. Il est à l’origine du mot « pause ».

Le Seigneur dans l’Évangile, invite à un repos bien particulier. Notre péricope se déroule juste après la mort de Jean-Baptiste. Le Seigneur dans le passage qui précède a vitupéré contre ceux qui n’ont pas reçu la parole de Jean, il a réagi avec force envers ceux qui ne l’ont pas reçu et ne le reçoivent pas lui-même. Il a pourtant pris habituellement un ton plus modéré dans son annonce de la Bonne Nouvelle. Une prédication énergique peut réveiller. Mais ce n’est pas le cas pour ceux qui sont endurcis en profondeur ou qui sont fragiles. Les parents en éduquant leurs enfants savent de quoi il en retourne. Il faut alterner la manière de se faire comprendre, gentillesse et parfois gronder. Les cœurs de certains de ceux qui entendaient Jésus et ne voulaient pas l’écouter s’attirent une mise en garde. Accueillir la parole du Seigneur, c’est l’accueillir en soi, lui, vouloir la vie et participer à une sorte de coalition de l’amour avec lui. Il vient pour dilater notre cœur et y prendre sa place. Il nous a créés pour habiter en nous. Il veut demeurer chez nous pour que s’y établisse un dialogue d’amour dans l’adoration.

Comment l’accueillir ? La première lecture nous a donné une image qu’on ne peut qu’apprécier :  « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux. » Elle nous présente la réception dans la joie d’un roi dans sa ville… avec toutes ces jeunes femmes qui lui font la fête. C’est très oriental, il est facile de se faire une image de cet accueil et d’imaginer les taux de dopamine monter devant toute cette jeunesse qui dansait. Le passage de l’épître nous fait penser à l’entrée de Jésus à Jérusalem. Il est lu le jour des rameaux. Il entre dans la Ville Sainte pour se rendre dans la Maison de son Père. Mais c’est le refus et la mort de Jésus. Les premiers chrétiens y ont vu la cause de la destruction de Jérusalem et du Temple.

Pourtant Jésus a voulu entrer en roi de paix non sur un cheval de guerre, mais sur un ânon. Le signe donné est celui d’un roi pacifique qui vient et se laisse approcher, un  roi doux et humble de cœur. S’il monte un ânon, son fardeau ne peut qu’être léger. Nous penserions même à un petit enfant. Il vient en voulant toucher les cœurs. C’est par ce moyen et non par la force et la violence qu’il veut que s’établisse son royaume. Il est intéressant de voir qu’il y a un jeu de mots dans l’adjectif qui accompagne le mot joug. Maurice Zundel traduit par « mon joug est secourable ». Le mot en grec dans le texte est chrestos qui signifie : bon doux et facile. Si vous changez une lettre, le mot devient christos, celui qui est oint, le Christ. Un auteur ancien utilise ce terme de chrestos pour désigner Jésus.

Mais où se trouve la vraie Maison de son Père ? Nous répondrons sans aucun hésitation : « Au Ciel. », en référence au Notre Père. N’y-a-t-il pas toutefois une autre forme de ciel, un autre ciel, dans le cœur de chacun de nous où Dieu veut venir habiter ?

Il vient humblement à notre rencontre par sa parole, il se fait tout petit et léger pour venir habiter chez nous et en nous. Il s’adresse à ceux qui le recherchent simplement et humblement, par une parole qui touche les cœurs.

Il vient avec un enseignement. Il ne vient pas pour ne rien dire et manger simplement ce que nous lui servons en silence, il vient parler avec nous. Il vient même pour nous servir et se donner à nous en nous transformant. Il vient chez nous avec son Père avec et par l’Esprit-Saint. Nous l’invitons et c’est lui qui nous invite à sa table, comme dans la fameuse représentation de la Trinité.

Saint Paul a essayé de nous le faire comprendre. L’Esprit a tout un travail à accomplir en nous pour y aménager la demeure de Dieu et nous ressusciter au dernier jour. Ses mots sont un peu rudes à notre oreille : « Vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. » Le Seigneur vient aménager sa demeure en nous et c’est une sorte d’architecte d’intérieur spirituel qui se présente à notre porte pour venir travailler. Il veut en faire une demeure digne de lui.

Ce temps de vacances nous donne l’occasion d’accueillir en nous celui qui vient nous visiter. Nous pouvons essayer de nous mettre un peu plus à son écoute, puisque nous sommes moins stressés par nos obligations quotidiennes. Il viendra certainement nous visiter par les rencontres que nous allons faire. Nous sommes aussi ses témoins ne l’oublions pas. Laissons les chevaux de combat, et tout notre arsenal à l’écurie pour aller dans la simplicité et le contact personnel à la rencontre de ceux que nous accueillerons cet été, de l’apéro aux promenades et même à la pétanque.

Le petit âne transporte à lui seul un véritable trésor. Ils sont très sympathiques ces petits ânes lorsqu’on en voit, de toutes les couleurs maintenant… Les enfants les apprécierons certainement, bine qu’ils soient parfois un peu têtus.

Si vous partez en vacances, n’oubliez pas d’aller rencontrer aussi le Seigneur dans les églises locales qui sont sa demeure. C’est l’occasion d’admirer des constructions et d’y lire le témoignage de la foi de ceux qui nous ont précédés. Même les pierres parlent à ces occasions-là. J’aime beaucoup me rappeler la parole du Seigneur dans Saint Luc : « Je vous le dis : si mes disciples se taisent, les pierres crieront. » Les pierres vous annonceront l’Évangile.

Marie a fait de nombreux pèlerinages, allez aussi vers elle dans les églises, sanctuaires et communautés locales. Vous pouvez même prendre l’excuse de trouver un peu de fraîcheur dans sa maison. Bonnes vacances. Amen


dimanche 2 juillet 2023

"Mes Christs"

 



2 juillet 2023 - 13ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

    Première lecture « Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu » 2 R 4, 8-11.14-16a

    Psaume Ton amour, Seigneur,

    sans fin je le chante ! Ps 88 (89), 2-3, 16-...

    Deuxième lecture Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du Christ Rm 6, 3-4.8-11

    Évangile « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous acc... Mt 10, 37-42

Homélie

« Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé. »

 Chers Frères et Sœurs,

Les lectures d’aujourd’hui sont centrées sur l’envoi en mission des disciples et leur accueil, un accueil qui permettra d’accueillir, celui qui les a envoyé et surtout celui qui a envoyé le Seigneur lui-même, le Père. La finalité de cet envoi et de l’accueil de ses envoyés, est de nous rendre semblables au Seigneur lui-même, par le baptême. « Par le baptême nous avons été unis au Christ Jésus », à sa mort pour entrer dans une vie nouvelle et ressusciter avec lui, telle est la description de ce parcours.

La Sunamite accueille Élisée en tant que prophète et reçoit une récompense de prophète. Il lui promet un fils. C’est presque l’inverse de ce qui s’était passé pour Jean-Baptiste, c’est le mari qui est trop âgé. Elle reçoit la grâce d’accueillir la vie et de la donner. Il est toujours sympathique de voir de petits enfants dans les bras de leur maman. Pour moi, c’est un moment de joie, la vie s’est transmise et l’espérance est là.

Maurice Zundel au début d’une homélie, fait cette réflexion : « Quel acte d’espérance est plus irrésistible et plus lumineux,  dit-il, qu’un petit enfant dans les bras de sa mère. » Nous ne pouvons que nous sentir émus devant les possibilités qu’il a en lui. C’est pour cela que nous formons tous des vœux de bonheur pour lui et que nous l’accueillons.

Le début de notre Évangile ne peut que nous interpeller, le Seigneur paraît presque mettre en doute la structure familiale et ce bonheur. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » Dans la péricope précédente, il disait qu’il n’était pas venu apporter la paix, mais le glaive. Le contexte est en quelque sorte apocalyptique et signe d’une urgence. Il demande un choix. Un élément intéressant est aussi le fait que cette première partie de son propos nous indique implicitement que l’amour de ses disciples est prioritairement du à Dieu et c’est pour lui qu’ils doivent agir pour transmettre la vie. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, puis, tu honoreras ton père et ta mère. » La justification de leur choix préférentiel pour Dieu se trouve là. Le Seigneur fait comprendre qu’il est l’égal de Dieu.

Vient ensuite, une indication qui intrigue : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. » Jésus la répète dans un même contexte, 6 chapitres plus loin lorsqu’il s’adresse à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Le mot croix ne paraît qu’à 5 reprises dans l’Évangile de Matthieu, et c’est la première fois que nous l’y rencontrons. Nous sommes au chapitre 10, et il en reste 18. L’invitation est sujette à interrogations. Passons par le biais d’une anecdote : Je suis allé faire un pèlerinage personnel à Einsiedeln, Notre-Dame des ermites jeudi dernier. Ma grand-mère m’y avait emmené quand j’étais très petit. Une fois sorti des ors de la basilique, pour faire contraste, j’ai essayé de découvrir le chemin de croix dont on m’avait parlé. Les perspectives sur la basilique et le tremplin de ski local ont leur charme, et après deux erreurs de parcours, je suis arrivé devant un immense Calvaire. On ne peut ignorer la croix de Jésus en se mettant à sa suite, mais surtout pas sa promesse :  « Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. » La Tob traduit « Celui qui aura voulu assurer sa vie. », ce pourrait être son âme, sa psyché (le terme grec)…

Le Seigneur demande de courir un risque, le risque de lui faire confiance. Il ne s’agit pas d’un parcours de touriste, si vous me permettez le jeu de mots, mais le parcours de tous les risques. Être disciple du Christ, n’est-ce pas accepter de faire le saut de la confiance. La perspective du tremplin de ski à Einsiedeln, faisait penser que les sauteurs arriveraient dans le sanctuaire. Je me suis demandé si ça ne pouvait pas être aussi une image du risque de la foi qui conduit à l’adoration. Pourquoi pas ?

Il n'y a évidemment pas entre les apôtres et le Christ qui les envoie la même identité de nature, que celle qui existe entre Jésus, l'envoyé, et son Père qui l'envoie. Évitons la confusion, c’est vital. Les apôtres sont seulement investis de pouvoirs par Jésus mais ils ne s'identifient pas à lui. L’actualité nous rappelle avec douleur, que ça n’est pas le cas. Accueillir l'apôtre c'est l'accueillir en tant qu'envoyé du Christ ; un envoyé peut avoir des déficiences, mais son autorité vient du Christ et de l’Église, ainsi que le don qui lui a été fait pour nous. En ce sens avec sainte Catherine de Sienne, il est possible de dire « mes Christs ». C’est une problématique difficile à résoudre et un saut dans la foi.

Aucune autre option que de prendre sa croix. Le pape François nous disait pour la fête des Saints Pierre et Paul Jeudi : Pierre nous dit qu’à la question “qui est Jésus pour moi ?”, il ne suffit pas de répondre par une formule doctrinale irréprochable, pas même avec une idée que nous nous sommes faite une fois pour toutes. Non. C’est en nous mettant à la suite du Seigneur que nous apprenons chaque jour à Le connaître. C’est en devenant ses disciples et en accueillant sa Parole que nous devenons ses amis et que nous faisons l’expérience de son amour qui nous transforme. Nous détacher de nos sécurités - sécurités terrestres -, immédiatement, et suivre Jésus chaque jour : voilà la consigne que Pierre nous donne aujourd’hui en nous invitant à être une Église-à-la-suite. Une Église-à-la-suite. Une Église qui veut être disciple du Seigneur et humble servante de l’Évangile.

La finalité et le but de cette suite du Christ n’est pas seulement de mourir avec lui, mais de participer à sa résurrection. Si donc, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts.

Que Notre-Dame nous aide à entrer dans le mystère de la mort et de la résurrection de son Fils. Amen.


dimanche 25 juin 2023

Les moineaux et les cheveux... (et le vélo)




25 juin 2023 - 12ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Il a délivré le malheureux de la main des méchants » Jr 20, 10-13
Psaume Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi. Ps 68 (69), 8-10, 14...
Deuxième lecture « Le don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure » Rm 5, 12-15
Évangile « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps »

Intro

Chers Frères et Sœurs,
Bonjour à tous et à toutes. Je suis heureux de pouvoir vous retrouver aujourd’hui. Il y a eu tant de demandes que malheureusement j’ai eu l’occasion de célébrer dans notre église durant cette année pastorale. Je suis aussi content de le faire aujourd’hui parce que Saint Imier en est le patron. Pour le 23 juin j’ai eu droit à Saint Ursanne et à Saint Marcel… avec Germain et Randoald. Comme Moutier va bientôt nous rejoindre les 2 martyrs seront totalement chez eux. A Develier nous représenterons un peu le Sud. Ca pourrait être assez long. On peut y penser avec le sourire.
Aujourd’hui le slow up nous oblige à nous déplacer à pied sinon en vélo, nous demanderons au Seigneur de protéger tous ceux qui se déplacent. S’il vous plaît soyez prudents si vous allez en vacances et même habituellement, il y a tant de circulation aux abords des grandes villes et de manière très personnelles de conduire que cela est parfois inquiétant. 
Le Seigneur en ce 12e dimanche du temps ordinaire nous dit que tous nos cheveux sont comptés, mais il ne précise pas qu’il ne nous les conserve pas nécessairement en place. Ce que les plus jeunes vérifieront plus tard. Il nous demande de lui faire confiance pour toute notre vie, car c’est lui qui nous la rendra au dernier jour. Il nous demande de lui faire confiance jusqu’à l’audace du don de soi. 
Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

Homélie

Chers frères et sœurs,

Nous associerions bien volontiers cette journée à une sorte de préparation des vacances et pourtant, le contenu des lectures provoque dans nos esprits quelques éléments d’inquiétude. Les traductions sont délicates, les mots épouvante de tous côtés avec une majuscule se réfèrent au début du chapitre 20 de Jérémie au nouveau que celui-ci a donné au prêtre du responsable du sanctuaire qui l’a fait attacher au pilori. Ton nom ne sera plus Paschehour, qui signifie Liberté, mais l’épouvante de tous côtés. C’est devenu en quelque sorte le sobriquet de Jérémie le prophète de malheur.

L’invasion de Babylone est annoncée, mais le Seigneur, un guerrier redoutable est là qui se tient à côté de lui pour qu’il donne son témoignage. Guerrier redoutable, cela fait penser à cette affreuse guerre proche de nous.

Dans l’Évangile, le Seigneur encourage ses disciples à porter leur témoignage. Cela signifie, qu’ils ne s’exprimeront pas en position de force.

Tout est disproportionné et à l’envers du bon sens avec le Seigneur. Les mots sont durs à entendre : Epouvante de tous côtés, trahison des amis qui guettent les faux pas et veulent prendre leur revanche, on parle de persécuteurs, de guerrier, de défaite, de don de sa vie, de la mort du corps, de risque d’être renié par Dieu même. Nous aimerions dire pitié Seigneur, n’en jette plus.

Mais voilà qu’il nous annonce la victoire et sa fidélité. Le combat fondamental est celui de la réconciliation et de la paix avec le Dieu. Vous me concéderez qu’il est bien particulier. Habituellement lors d’une bataille, les chefs aujourd’hui restent en arrière, dirigent, coordonnent et observent. Ce sont les soldats qui combattent. Au service militaire, j’en ai fait très peu, je faisais les comptes pour les soldats, blessés, pansements, et autres, mais j’en ai tout de même retenu cet élément.

Ici, dans cette mystérieuse bataille, le Seigneur la livre en premier, il meurt mais ressuscite et nous dit d’avoir confiance en lui et de faire comme lui, parce qu’il est avec nous, sans cesse.

« Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. »

Quel est ce message sinon, celui-ci : «  Combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. » Il a remporté la victoire sur son seul ennemi qui est la mort. Il nous demande de regarder la nature et la puissance de Dieu qui s’y exprime jusque dans les détails. Deux moineaux sont vendus pour un sou et Dieu les connaît tous. Peut-être le Seigneur fait-il aussi au psaume 123 : « 07 Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; * le filet s'est rompu : nous avons échappé. »  « Notre âme, comme le passereau, a été arrachée au filet des oiseleurs. Le filet a été déchiqueté, et nous, nous avons été délivrés. Notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. » Comme nous sommes un peu en vacances, vous me permettez 2 anecdotes. Ils ont leur charme les moineaux sur les toits. Quand j’étais enfant dans le Jura Sud, nous croyons que c’étaient les seuls oiseaux, tellement ils faisaient de bruit en paillant sur le toit, le matin. Une sorte de réveille-matin. J’avais vu un article en son temps à propos de ce qu’on appelle la campagne des quatre nuisibles en Chine. On voulait supprimer les moineaux en les empêchant de se poser lorsqu’ils volaient, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’ils mangeaient des céréales, mais surtout beaucoup d’insectes… Il nous faut protéger la nature c’est une leçon. Mais celle du Seigneur en est une autre en dépit de la rudesse de la conclusion. « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. Les moineaux comme notre âme échappe au filet de l’oiseleur.

Les chemins du Seigneur sont difficiles à comprendre et bien souvent nous avons peur de ce qui va nous arriver. L’argument que nous donne le Seigneur sur la grandeur et la toute-puissance de Dieu est cependant une indication précieuse. Nous ne voyons pas simplement les moineaux aujourd’hui, mais les mystères de la création, ce qui est infiniment grand et infiniment petit, on nous dit même que la matière a un comportement ondulatoire. On compte approximativement les galaxies et les étoiles, la durée de l’univers, son commencement et sa fin. Celui qui est derrière tout cela nous connaît mieux que nous-mêmes. Il nous demande cependant notre foi en lui, et il nous confie un message : Lui, Dieu est amour et veut que tous les hommes soient sauvés et il veut qu’aucun ne se perde. Pour arriver à cette confiance, nous avons les promesses du Seigneur, mais aussi l’exemple des saints. L’Eglise nous a donné en exemple notamment sainte Edith Stein co-patronne de l’Europe le témoignage de cette philosophe venue au Christ et au Carmel depuis le Judaïsme est extraordinaire, jusqu’à sa mort en camp de concentration. Il en va aussi ainsi d’une autre figure, Etty Hillesum. 

Nous n’allons pas faire plus long aujourd’hui. Prions aussi Notre-Dame avec Benoît XVI : La Femme de l’Apocalypse qui est Marie, qui est l’Eglise, apparaît sans défense, vulnérable. Et véritablement, Dieu est vulnérable dans le monde, parce qu’il est l’Amour et que l’amour est vulnérable. Et toutefois, c’est Lui qui a l’avenir entre ses mains: c’est l’amour qui l’emporte et non la haine, c’est en définitive la paix qui l’emporte. Prions Marie, la Reine de la Paix, disait-il, pour qu’elle aide à la victoire de la paix, aujourd’hui : « Reine de la Paix, prie pour nous ». Amen !

dimanche 18 juin 2023

« Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte »

 


18 juin 2023 11ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » Ex 19, 2-6a 
Psaume Il nous a faits, et nous sommes à lui,     nous, son peuple, son troupeau. Ps 99 (100), 1-2, 3,... 
Deuxième lecture « Si nous avons été réconciliés par la mort du Fils, à plus forte rai... Rm 5, 6-11    Évangile « Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission » Mt 9, 36 – 10, 8

Introduction

Chers frères et sœurs, bienvenue à tous et à toutes et merci à nos sœurs carmélites qui nous accueillent ce matin.
Nous célébrons en ce 18 juin le 11ème dimanche du temps ordinaire. La moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux nous dit Jésus dans l’Évangile. Comment répondre à son appel ? par un engagement direct dans nos communautés et nos familles, mais aussi par notre cœur, en le laissant nous rejoindre. « Vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. »
Le calendrier liturgique de la Suisse Romande mentionne que c’est aujourd’hui la journée du réfugié. Nous prenons dans notre prière, ceux qui ont du tout quitter en raison de la guerre et aussi poussés par l’espoir d’une vie meilleure. Quelle Bonne Nouvelle avons-nous à proposer ?
Nous allons également prier pour la personne décédée hier soir dans le tunnel de l'A-16 entre Saint-Ursanne et Courgenay, ainsi que pour les familles. Nous ne sommes jamais à l'abri d'impondérables, de distractions ou d'incidents techniques. Mais à la veille des vacances, que cela soit au moins une triste invitation à modérer notre manière de conduire et à la prudence.

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Nous voilà quasiment à la veille de vacances, un temps de pause liturgique, de retour au temps vraiment ordinaire. Le Sacré-cœur de Jésus est passé ainsi que le cœur immaculé de Marie hier. C’est une période d’apaisement même s’il fat clore des dossiers. Les étudiants regardent désespérément le ciel bleu et pensent à leurs sorties, alors qu’il faut se concentrer. Le calme apparaît tout de même dans les courses d’écoles et les virées collectives des anciens. Bientôt vraiment du calme, et du temps pour partir à l’étranger pour le soleil et de tranquillité, avec cette particularité que tout le monde va presque partir s’agglomérer sur divers bords de mer et un peu  à la montagne, à la même date. Parmi les questions fleuves fondamentales, est-ce que j’ai bien la dernière version du GPS, une connexion wifi qui fonctionne, etc…

Dans l’Évangile, le Seigneur choisit des Apôtres pour les envoyer vers les brebis perdues de la maison d’Israël, pour leur apporter la Bonne Nouvelle, avec peu de choses à disposition. Il est ému en voyant ceux qui viennent à lui, comme des brebis sans bergers.

Dans la première lecture, nous participons à la migration des fils d’Israël dans le désert. Ils y établissent un camp, mais ils n’étaient certes pas en vacances. Lors de cette rencontre, le Seigneur va leur rappeler par la bouche de Moïse les grands moments de l’action de Dieu qui les a libérés des Égyptiens et de leur condition d’esclavage. Ce n’étaient pas de très beaux reportages comme on en voit aujourd’hui sur de très grands écrans et au frais. Le Seigneur fait d’eux son domaine particulier parmi tous les peuples : « vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. » Il leur donne une charte de promesses et de devoirs.

Peut-on être saints pour soi tout seul et un royaume de prêtres à l’exclusion de tous les autres. Le but d’un sacerdoce quel qu’il soit  est d’assuré une médiation. Le but est de permettre une rencontre, pour faire de tous les hommes un peuple qui loue le Seigneur. Le Seigneur se révèle à Moïse, pour qu’il donne clairement à ce peuple issu d’Abraham, la méthode pour remplir sa mission.

Jésus paraît donc constater une forme d’échec dans la mission transmise par Moïse et par le mode d’annonce de ceux qui en étaient chargés, prêtres de Jérusalem, scribes et pharisiens. Son sentiment est celui d’une profonde compassion devant ces brebis sans bergers. Il en envoie de nouveaux, ses apôtres pour une mission intérieure. Elle va aussi aboutir à un échec, devant ce mur d’opposition d’autorités religieuses. Dieu respecte de manière étonnante ses représentants jusqu’aux schismes, mais en les maintenant dans leur acquis. L’élection des Apôtres demeure pour porter aux nations, la Bonne Nouvelle de l’Évangile après la Pentecôte.

Le drame que vivent certains réfugiés ces dernières années et celui de la semaine passée nous incitent à nous rappeler globalement, que le Message de Jésus a été transmis par des disciples qui se sont exilés ou l’ont été. De chez soi, on ne part pas joyeusement, les rencontres ne sont pas nécessairement bonnes et les risques sont grands.

Le défunt pape Benoît commentait notre évangile en relevant l'amour du Christ pour son peuple, en particulier pour les petits et les pauvres. La compassion chrétienne n'a rien à voir avec le piétisme, avec l'assistentialisme. Elle est plutôt un synonyme de solidarité et de partage, et elle est animée par l'espérance. Quelle est notre espérance, comment se traduit-elle ?

Quel est le message qui doit être transmis ? Il est simple, Saint Paul nous l’a rappelé tout à l’heure, « Dieu nous Aime ». Nous avons malheureusement un réflexe d’appropriation, nous créons nos propres enclos où nous transformons celui qui nous aime en idole. Or, il nous aime à un tel point qu’il a donné sa vie pour nous :     « alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. » Il nous a réconcilié avec son Père et nous serons sauvés en ayant part à sa vie. Il nous donne la faculté de participer à la vie même de Dieu. « Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte »… Qu’est-ce que cela veut dire, sinon que nous sommes appelés à transmettre l’amour de Dieu autour de nous et dire que notre vie a un sens. Dieu peut dilater notre cœur aux dimensions du sien. Personne ne doute que cela soit difficile, il suffit de regarder la croix de Jésus. Nous ne sommes pas des monuments historiques… Ceux que nous voyons dans les villes finissent par se désagréger, y compris les églises. Aimer c’est un investissement en Dieu, il serait bien de nous le rappeler. Avec le temps, nous percevons de mieux en mieux que notre calendrier de vie a de moins en moins de feuillet, il est encore temps de fixer ses priorités.

Nous pouvons porter le monde à Dieu dans notre cœur, si nous n’avons plus que lui après avoir tout donné. N’est-ce pas cela être un peuple sacerdotal et saint, un peuple missionnaire. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voulait être le cœur de l’Église, son intuition est célèbre. Comme il faut des Apôtres et des priants, mes sœurs me permettront une anecdote. Cette semaine, j’ai vu par hasard qu’aujourd’hui était l’anniversaire d’un appel fameux au début de la 2ème guerre mondiale, celui du 18 juin depuis Londres. L’illustre général en exil avait eu alors pour secrétaire là-bas, une certaine Élisabeth de Miribel qui le tapa à la machine à écrire. La pauvre avait de la peine à le faire à cette époque sans ordinateurs et dictées automatiques. Après un temps au Carmel, elle écrira plus tard une vie de sainte Édith Stein. Le hasard m’a permis de parvenir  à en trouver une citation. Une de ses élèves raconte : « Elle ne nous parlait guère de religion. Pourtant nous sentions qu’elle vivait sa foi. En la voyant prier à la chapelle, il nous semblait toucher au mystère de Dieu présent dans une âme. […] Nous devinions en elle quelque chose de très rare : la totale harmonie entre l’enseignement et la vie personnelle… » Le soutien de la prière est indispensable au ministère, mais aussi une vie de communion avec le Seigneur. Ne pas vouloir passer pour saint avant de l’être dit saint Benoît.

Mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ.

Il est bon aujourd’hui de prier Marie pour que s’éteignent les causes de tant de souffrances qui provoquent l’exil en Ukraine et en Afrique :

Reçois , ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation. Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon. Amen.