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dimanche 29 décembre 2024

Qui lui a-t-il dit que Dieu était son Père?

 

Icône d'Elisabeth Lamour

29 décembre 2024

 La Sainte Famille — Année C — Fête

Lectures de la messe

Première lecture« Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa v...1 S 1, 20-22.24-28

Psaume Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !Ps 83 (84), 2-3, 5-6...

Deuxième lecture« Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes »1 Jn 3, 1-2.21-24

Évangile « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi ...Lc 2, 41-52

Chers Frères et sœurs,

Les Evangiles pour la Fête de la Sainte Famille donnent l’impression d’être des Evangiles à soucis. Ils donnent de la famille une image qui diffère d’un portrait publicitaire typique de la famille idéale des années 1950. Les Evangiles changent pour chaque cycle liturgique, A B et C. Le Cycle A nous raconte la fuite en Egypte. Pour l’Année B, Syméon qui accueille Jésus et sa famille au Temple loue le Seigneur en reconnaissant le Messie dans l’enfant, mais il prophétise à Marie qu’un glaive de douleur lui transpercera le cœur.

Nous arrivons enfin à l’Evangile d’aujourd’hui avec ce mystère joyeux qu’est le recouvrement au Temple. Il centre l’attention sur Jésus adolescent. Mais avec quelle angoisse préalable ! : « Ne trouvant pas Jésus dans la caravane de retour, Joseph et Marie retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher. » Jésus adolescent en faisait-il aussi de belles ? Il n’y avait pas d’alertes enlèvement à l’époque. Joseph et Marie qui paraissaient laisser une certaine liberté à Jésus sont inquiets. Les pauvres ont perdu le Messie, et ils ne comprennent pas ce qui se passe. Lui, le très obéissant, qui est la Sagesse en personne, est resté au Temple sans prévenir personne. Il paraît avoir été comme captivé par l’environnement et surtout la parole de Dieu.

« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

La réponse qu’il fait à Joseph et à Marie, les stupéfie à un tel point que nous pourrions nous demander (interprétation personnelle) s’ils ne lui avaient pas parlé du mystère de sa conception et de sa naissance. Pourquoi pas ? De son côté, a-t-il lui aussi tenu secret son dialogue avec son Père ? Mais nous dit l’Evangile, il retourna avec ses parents à Nazareth et il leur était soumis.

Les parents connaissent toute la problématique des ados qui sont en construction, le cerveau grandit et se développe, les hormones provoquent joie et exubérance, l’imagination construit et explore de nouveaux modèles. Ils cherchent leur voie. Ils interpellent, parfois il y a de la déprime. C’est une période où les parents doivent devenir encore plus pédagogues et dialoguer. Le travail ne manque pas aux enseignants. Il est certainement passionnant de participer à ce développement du vivant.

Au spirituel, le modèle familial peut-être envisagé comme une image de la vie trinitaire. Le Christ vient révéler la nature trinitaire de Dieu. Il n’est pas solitaire, mais comme lieu d’amour, d’échange, de don, dans l’unité.

Maurice Zundel nous dit que « la Trinité est le pôle surnaturel de la famille: elle est éternelle communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est par là que la famille s’ouvre, c’est par là qu’elle devient universelle: chacun de ses membres n’est plus crispé sur soi. Il est en état de communion avec les autres, il est offert aux autres. Il est tout tendu vers le bonheur des autres. Il  s’agit de voir dans le concret le rayonnement de cette vie trinitaire. » La famille humaine même si elle nous aide à approcher du mystère de Dieu est toutefois limitée par notre espace-temps.

Ce modèle de petite famille humaine, veut nous faire méditer sur sa source vitale, l’amour. Il nous conduit chacun vers sa source et la rencontre avec ce Dieu un et trois. N’est-ce pas une des leçons que nous a donnée Anne. L’enfant qu’elle a demandé et obtenu n’est pas sa propriété, il est un don de Dieu. La vie lui a été donnée  pour  rejoindre et être rejoint par le Seigneur.  Il appartient à Dieu, il lui  est consacré. C’est la mission des parents que de participer ainsi à la construction du Royaume qui s’achève dans cette rencontre et dans la communion avec nos frères et la création.

Alors que nous sommes en chemin, le moteur qui nous rapproche de Dieu est actionné en chacun de nous  par la foi, l’espérance et la charité. Au final il ne restera que la charité puisque nous verrons Dieu et serons en Lui.

« L’espérance » sur laquelle le pape François nous invite à méditer cette année nous est très précieuse alors que nous sommes en chemin. Le Pape Benoît est celui qui en a le plus parlé. Lorsque nous voyons le Seigneur rechercher la demeure de son Père et vouloir y demeurer avec son humanité, cela doit nous intriguer. Alors qu’il est Dieu, il doit avancer avec son corps dans une certaine obscurité, accepter des limites et construire son intelligence humaine, dans l’amour. « La plus belle source d’espérance, c’est la faiblesse de Jésus-Christ dit un auteur. Si nous ne voulons pas désespérer, nous n’avons qu’à nous réfugier dans la faiblesse de Jésus. » Lui, a voulu donner du temps au temps : Donner du temps au temps pour toucher et rejoindre son Père avec et dans toute son humanité… mais accepter aussi de remettre entre ses mains ce qu’il avait patiemment construit avec l’aide de ses parents et de ceux dont il a voulu se faire accompagner. Il avait une forme d’espérance (cf 2a 2ae, Q.18).  

L’espérance, nous dit le pape, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix. Réconciliés, nous serons sauvés en ayant part à sa vie (Rm 5, 10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence avec le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu. Elle est animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas seulement de calcul de probabilité à la manière de Pascal, ou d’un espoir qui serait une consolation pour naïfs et pour sots. Mais d’un don de Dieu, une force, une vertu provenant du Christ.

Pourquoi le pape François invite-t-il à un pèlerinage? « De l’entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. » Le meilleur argument en faveur des pèlerinages est que Jésus avec sa famille en a fait. Le don de sa vie et sa résurrection seront en quelque sorte le couronnement du dernier à Jérusalem.

L’espérance, donc soutient l’effort du croyant dans sa marche. Nous devons “déborder d’espérance” (cf. Rm 15, 13) pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent.

L’espérance trouve dans Marie, la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie. Comme toute maman, chaque fois qu’elle regardait son Fils, elle pensait à son avenir. Mais dans son cœur restaient gravées les paroles que Siméon lui avait adressées dans le temple. Marie devenait ainsi et aussi notre Mère, la Mère de l’espérance. Ave Maris Stella. Salut à toi, Marie, étoile de la mer. Amen.


dimanche 15 décembre 2024

Joyeuse Nouvelle au désert

 


 15 décembre 2024 - 3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete (semaine III du Psautier) — Année C

Lectures de la messe

    Première lecture « Le Seigneur exultera pour toi et se réjouira » So 3, 14-18a
    Cantique Jubile, crie de joie,
    car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. Is 12, 2-3, 4bcde, 5...
    Deuxième lecture « Le Seigneur est proche » Ph 4, 4-7
    Évangile « Que devons-nous faire ? » Lc 3, 10-18
 

 Chers Frères et Sœurs,

Ce dimanche est centré sur la joie, mais vous aurez remarqué que le mot n’est pas présent dans notre évangile tiré de saint Luc. Pourtant Jean-Baptiste est l’ami de l’époux. Il est celui qui doit diminuer et même s’effacer devant l’époux qui est son cousin. Nous sommes touchés par le message de Jean. D’abord parce qu’il est si semblable à celui du Seigneur.
On lui donne un titre qui sera adressé à Jésus, celui de Maître : « Maître, que devons-nous faire ? » On croirait entendre le dialogue avec le jeune homme riche  qui viendra demander au « Bon Maître » ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui demande de respecter la loi de Moïse. Il le fait déjà… Jésus lui dira : « Il te manque encore une chose: vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi. » Il ne s’agit pas seulement d’un amour abstrait, mais d’adhésion à une personne. Il veut nous mener à la perfection, à la perfection du culte, de l’adoration, et à la joie dans la plénitude de la rencontre parfaite.
N'est-ce pas un signal, non seulement pour le Peuple Juif, mais pour les hommes de toutes les nations et de tous les temps. Tous les chercheurs de vérité nous annoncent le Christ aussi aujourd’hui. Nous pouvons prier pour ceux qui la défendent des manipulations. Dieu se révèle progressivement à tous les hommes, dans leur culture.
Toutefois, il vient le faire en s’incarnant dans un peuple insignifiant qu’il a préparé. Il le fait en plénitude dans la personne de son Fils. Il va non seulement permettre  « une » rencontre avec son Fils, mais permettre la rencontre par excellence. Non seulement il n’est pas une théorie, mais il y a en lui la plénitude de la vérité sur Dieu, il est Vérité. La Vérité n’est pas seulement une donnée et une connaissance abstraite, elle est une personne (selon une expression de Maurice Zundel). Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Il est la manifestation de l’amour du Père pour tous les hommes. Il a une identité.
Pour prendre une image, vous avez certainement déjà remarqué qu’on nous oblige à prendre une vilaine tête sur nos photos de documents officiels. Parfois le résultat fait peur. On en vient à se demander si la personne n’a pas été mordue par une bête malade. Jésus vient à nous non pas en faisant peur et pour faire peur, mais en fils aimant de son Père. Il vient en tant que Dieu, mais en Dieu caché, en Homme, en Personne qui aime. Il ne vient pas comme un roi oriental bien armé, mais en Homme pauvre, doux et humble de cœur. Nous ne pouvons détecter son identité que par le cœur, depuis son incarnation dans le sein de Marie, jusque sur les routes de Palestine, dans la parole de ses disciples, dans les Ecritures et l’Eucharistie aujourd’hui. Dieu qui se rend présent dans la matière et s’y révèle, cela doit nous interpeller. En relisant  quelques passages de Teilhard de Chardin, ces jours, on peut se laisser interroger par les représentations de la présence du divin qu’il pense y percevoir et ce fameux point Oméga. Les papes Benoît et François le citent : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle» (Laudato si no 83).
Où cela doit-il mener ? A la joie, certes. Quelle joie ? La joie est bien présente dans l’Ancien Testament. Sa première cause en est le Seigneur lui-même. Le but perçu en premier lieu est le culte qu’on peut lui rendre. Le formalisme extérieur du Temple nous le fait comprendre. Mais ne vient-il pas apprendre d’abord à ceux qui le recevront, la manière de vivre pour rencontrer son Père et les moyens de le faire. Il nous donne le moyen d’aimer comme Lui, puisque l’amour est au cœur de la vie trinitaire à laquelle il veut nous intégrer. Il le fait par un don total et parfait de lui-même,  par une consécration et par un sacrifice qu’il vient accomplir. Quelle en est la finalité sinon la joie de la rencontre pour tous et chacun,  d’une rencontre qui n’est pas seulement épisodique, mais celle de l’époux et de l’épouse. Moments de joie et de bonheur exprimés par ce passage du livre de Sophonie. Un tout petit prophète qui s’exprime dans un tout petit livre de quelques pages ou 3 chapitres. Il a été témoin de la catastrophe d’une déportation au 7ème siècle. Il conclut sur une note d’espérance remarquable qui annonce la venue du Messie. La joie de cette entrée dans Jérusalem ne correspond pas aux petites allumettes des feux de bengale parcimonieusement allumées dont on riait à propos de la  Suisse centrale, à l’époque du travail avant tout, y compris le 1er août. Ca n’était pas un 14 juillet. Il s’agit d’une véritable fête, d’une exultation.  
Quant au Roi au milieu de Jérusalem, nous pourrions certainement le comparer à Jésus dans le sein de Marie. Elle est la Jérusalem nouvelle qui exulte de joie en Dieu son sauveur présent au milieu d’elle. Elle chante  son Magnificat. L’ange avait dit à Marie lors de l’annonciation : Kairé, « réjouis-toi », Kara c’est la joie. « Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël. », lui qui est aussi le tout petit. Kairete, soyez dans la joie, réjouissez-vous ! Saint Paul nous invite tous à la joie.  Elle est une caractéristique chrétienne qui ne dépend pas de nous, mais de l’action de l’Esprit.  « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Nous nous réjouissons des bonnes nouvelles et c’en est une, la plus grande ! « Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle. » Il est considéré comme l’ange du désert. Relié au prophète Élie, il est souvent représenté avec des ailes, comme un messager de Dieu. En grec, le terme evangelos — d’où viennent les noms "ange" et "évangéliste" — signifie "bon messager", "porteur de bonnes nouvelles". Gabriel annonce une Bonne Nouvelle à l’Annonciation, Jean au désert.
Puissions-nous nous réjouir des porteurs de Bonnes nouvelles, de bonnes nouvelles en matière de vérité et d’amour, de LA Bonne Nouvelle qui nous est annoncée dans le  Christ. Il est le chemin, la vérité et la vie.
Réjouis-toi Marie comblée de Grâce, le Seigneur est en toi, le Seigneur est au milieu de toi Donne-nous ton Fils. Amen.

dimanche 1 décembre 2024

En Avent dans la joie

 


1 décembre 2024 1er Dimanche de l'Avent (semaine I du Psautier) — Année C

 Lectures de la messe

Première lecture« Je ferai germer pour David un Germe de justice » Jr 33, 14-16

Psaume Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.Ps 24 (25), 4-5ab, 8...

Deuxième lecture« Que le Seigneur affermisse vos cœurs lors de la venue de notre Seign...1 Th 3, 12 – 4, 2

Évangile« Votre rédemption approche » Lc 21, 25-28.34-36

Intro : Chers frères et sœurs,

En ce premier quart de siècle, c’est la 4ème fois que le 1er dimanche de l’Avent tombe un premier décembre. Noël qui survient à une date fixe le 25 décembre s’inscrit donc dans une perspective de vacances avec ponts au pluriel. Nous entrons dans l’année C, alors bonne année liturgique à tous ! Sa particularité est de centrer la liturgie sur L’Évangile selon Saint Luc, l’Evangile de la Miséricorde. Les commentaires ne sont pas très nombreux pour les amateurs, mais il y en a. L’Avent revient avec sa traditionnelle étymologie adventus, avènement qui rappelait l’entrée de l’empereur dans une grande ville ou à Rome et sa 1ère bougie de la couronne, qui a une racine oecuménique. Elle symbolise le pardon accordé à Adam et Eve. Ils mourront sur la terre, mais il vivront en Dieu.

Nous-mêmes, confions-nous donc à la miséricorde du Seigneur. Reconnaissons que nous avons péchés. etc...

Chers frères et sœurs, 

Après cette lecture, vous êtes en droit de vous demander, mais qu’est-ce que le Père Dominique a fait ? Un tête à queue liturgique ? Il s’est trompé de pages et il nous ramène avant la fête du Christ Roi avec les mêmes scénarios de catastrophes apocalyptiques. Le rectificatif est simple et lui aussi rituel. Les premières semaines de l’Avent, jusqu’au 16 décembre, sont centrées sur les oracles du prophète Isaïe annonçant le Messie. À partir du Jeudi de la 2e semaine jusqu’au 16 décembre, Jean-Baptiste fait son apparition dans les Évangiles quotidiens et nous découvrons son rôle dans l’histoire du salut. Et puis, c’est la semaine préparatoire à Noël, du 17 au matin du 24 décembre. Nous voilà rassurés et moi excusé.

Nous sommes invités par le Seigneur avec des paroles et des images fortes à nous tenir prêts pour son retour. Les images de l’apocalypse synthétisent l’attente et la réalisation du salut pour toute l’humanité. Qu’est-ce qu’attendre, comment être ce veilleur représenté comme une image des moines… ou ces soldats qui patientent stoïquement en certains lieux, bravant le froid, la chaleur, le vent et la pluie en devant rester sérieux devant les défilés de touristes qui essayent de les distraire. Une des questions sur lesquelles nous pourrions nous arrêter : Est-il légitime d’être un disciple touristique à la suite du Christ ? On peut le faire avec le sourire, vivre l’Avent avec le sourire. Une personne a eu la gentillesse de m’offrir un calendrier de l’Avent sous forme de morceaux numérotés de chocolat. L’idée est bonne pour apprendre à se limiter en se disant que c’est le seul de la journée. 

Cette attente a cependant un fond de joie : La première lecture mentionne « la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël. » et le psaume également : « Tu es le Dieu qui me sauve…  Les voies du Seigneur sont amour et vérité » Saint Paul ne l’est pas moins : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. » Aimer quelqu’un n’est-ce pas vouloir la vie pour lui et vouloir que la joie habite en lui. Quant au Seigneur dans l’Evangile, il nous invite certes à la vigilance. Mais, dit-il : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » 

En substance quand tout paraît mal aller, que tout est ébranlé, réjouissez-vous car le Seigneur vient. Ca n’est habituellement pas le message qui nous est véhiculé dans les films catastrophes, avec les images artificielles d’inondations, de villes et de bâtiments qui sont détruits et autres fins de monde. Même devant les horreurs des informations, nous avons bien de la peine à écouter le Seigneur et à relever la tête, en nous disant qu’il revient bientôt. 

N'est-il cependant pas semblable à une  petite lampe intérieure, à cette lumière qui brille discrètement dans l’obscurité de notre maison intérieure. Cette petite lumière s’entête à ne pas vraiment s’éteindre. Essayons-nous de dialoguer avec elle et la protéger ? un auteur spirituel nous dit que « Loin d’être toujours facile, la prière est souvent un combat. Il faut tenir bon malgré les difficultés rencontrées pour persévérer dans la pratique de l’oraison. » Oui, Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours. D’après ce que j’ai cru comprendre, le temps de l’Avent est un temps de retraite au Carmel, de retraite joyeuse, mais de retraite tout de même. Ce fut un 1er dimanche de l’Avent que le premier couvent de carmes déchaussés avait été érigé avec Jean de la Croix (à Duruelo), un signe donc que ce temps est privilégié pour cet ordre.

Le pape François nous a parlé de la joie mercredi dernier… Si l’attente et la préparation de Noël doivent se faire au mieux, elle doit se faire avec la joie qui est un fruit de l’Esprit.  Il a mentionné Saint Philippe de Néri qui ne manquait pas d’humour. Pour éviter de léviter, il  s’était par exemple mis à tirer sur la barbe d’un garde suisse ou avait mis un chat sur un autel… Je ne sais pas si la méthode est pratiquée au Carmel pour les visiteurs, alors que nos sœurs léviteraient, mais je crois qu’il n’y a pas beaucoup de confrères barbus. « Ce que l'on connaît moins, en revanche, a dit le pape, c'est la source de sa joie… Sa joie était, au sens le plus large, un fruit de l'Esprit. » Nous pouvons tous envisager de préparer Noël dans la joie.  Nous pouvons essayer de montrer que nous avons rencontré Jésus en manifestant cette joie qui vient de lui. « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. »  Il est vrai que nous ne vivons pas tous les jours des mystères joyeux, mais ils nous conduisent à notre deuxième naissance. 

Pendant ce temps de l’Avent, « Il ne s’agit pas d’autre chose que de laisser Jésus vivre en nous, car, s’il vit en nous, il sera dans les autres, à travers nous, un accueil infini. »

J’ai vu dans un article de quelques pages hier, que la maman lorsqu’elle attend son bébé a même son cerveau qui se modifie, il changerait de taille et que sa grossesse le rajeunit même. Pourquoi pas ? Les affirmations de scientifiques peuvent même nous faire rêver…

Alors pourquoi ne pas être désireux nous-mêmes, sans exception, d’un rajeunissement spirituel dans cette attente et cette nouvelle préparation de la venue du Messie ?

Sainte Mère du rédempteur, porte du ciel toujours ouverte, étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever.

Tu as enfanté, ô merveille, celui qui t’a créée. 

Tu demeures toujours vierge, accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs. Amen.


dimanche 24 novembre 2024

Le Christ Roi de l'Univers, à commencer par toi.

 



24 novembre 2024 -  Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année B

 Lectures de la messe

Première lecture « Sa domination est une domination éternelle »Dn 7, 13-14

PsaumeLe Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence.Ps 92 (93), 1abc, 1d...

Deuxième lecture« Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêt...Ap 1, 5-8

Évangile« C’est toi-même qui dis que je suis roi »Jn 18, 33b-37

« Alors, tu es roi ? » «  C’est toi-même qui dis que je suis roi. »

Chers frères et sœurs, chers amis,

Ce dialogue entre Pilate et Jésus, relève d’une ironie dramatique qui ne peut que faire frémir. Lorsque Pilate présente Jésus à la foule revêtu d’un manteau de pourpre, flagellé et couronné d’épines, il y a un coté de moquerie et d’humiliation du désir d’indépendance juif. Hérode s’était fait reconnaître le titre de roi par le Sénat romain. Il était plutôt dangereux pour les pays sujets de désigner un roi sans l’aval du  pouvoir d’occupation ou de collaboration. Ce rejet du Seigneur par le peuple, interpelle, alors que Pilate essayait de le faire libérer. Son courage n’était pas extraordinaire.

« Ma royauté n’est pas de ce monde ; En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »  « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » avait dit Jésus. Nous nous rappelons la conclusion du dialogue par Pilate   : « Qu’est-ce que la vérité ? » Il n’avait peut-être pas pris le temps d’approfondir un sujet qui l’avait certainement interpellé. Les carrières demandent habituellement qu’on leur consacre beaucoup de temps, mais peu à la philosophie. Il existe des exceptions comme Marc-Aurèle qui n’avait pas de sympathies pro-chrétiennes.

Lorsque Jésus dit qu’il vient rendre témoignage à la vérité, dans un tel appareil, couronne d’épines, roseau et manteau de pourpre, cela ne peut que poser question. Mais que veut dire rendre témoignage à la vérité ? Le mot de témoin et de témoignage marturion se retrouve dans celui de martyr. Le martyr est un témoin, comme l’a été Jean-Baptiste, qui est venu pour rendre témoignage à la lumière et à la vérité. Il ne s’agit donc pas d’une prise de pouvoir qui devrait effrayer ceux qui ne le détiennent pas. Pourtant ne pas se sentir interpellés par une certaine crainte, sachant que la vie a un terme. Le martyr transmet un message, donne son témoignage sur une vérité encore cachée.

Maurice Zundel dit que Pilate ne pouvait comprendre que la Vérité était devant lui. Or, poursuit-il, « la Vérité, n’est-ce pas « l’être » dans la transparence de l’Amour ; et la plénitude de « l’être », n’est-ce pas, aussi, la plénitude de l’Amour. » Aussi bien, continue-t-il, à la révélation de l’Exode : « Je suis celui qui suis » répond le mot de saint Jean, qui en est le suprême commentaire : « Dieu est Amour ».

Il est certain qu’on aimerait parfois avoir quelques vies supplémentaires pour étudier certains concepts ou auteurs qu’on découvre après le célèbre commencement de la vie à soixante ans (entre parenthèses la chanson a été écrite par Jean-Pierre Bourtayre alors Tino Rossi avait 71 ans). Oui, la vie commence à soixante ans puisque normalement depuis ce moment on est obligé de se concentrer sur l’important, de se rabattre sur lui. Il faut bien se résoudre à se dire que le plus intéressant est déjà en nous et qu’il faut surtout nous débarrasser de ce qui n’est pas essentiel pour le découvrir. C’est valable à tout âge.

Alors qu’est-ce que la Vérité ? « La Vérité, c’est cette vivante lumière avec laquelle nous sommes mystérieusement confrontés toutes les fois qu’un éclair de conscience nous illumine. La Vérité est une Personne. » Le plus délicat et le plus douloureux pour nous aussi est qu’elle se laisse moquer et crucifier sans réaction violente. Elle ne s’impose pas tout de suite. Elle accepte d’être dissimulée et occultée derrière une montagne de préoccupations, dissimulée sous d’épaisses tentures. Pour être vue, il n’y a pas d’autre solution que de retourner à une pauvreté intérieure. Quand s’opère ce dévoilement ?

A la fin de l’année liturgique nous témoignons nous aussi que s’opérera une dernière et définitive révélation, un dévoilement de celui qui est au commencement de toutes choses, y compris à la racine de nous-mêmes. « Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,  dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. ». Ce dévoilement ne sera-t-il pas fondamentalement celui de Dieu en nous, de notre rencontre avec lui. Car, a-t-il lui-même besoin de s’imposer ? D’une certaine manière, oui, car il a besoin d’aimer, puisque « Dieu est amour », même s’îl respecte notre liberté. Daniel Marguerat avait écrit en 2012, ça n’est pas tout récent, un petit bouquin avec Marie Balmery, « Nous irons tous au Paradis… » Oui, mais lequel ? Le catéchisme nous dit que (1027) Ce mystère de communion bienheureuse avec Dieu et avec tous ceux qui sont dans le Christ dépasse toute compréhension et toute représentation. L’Écriture nous en parle en images : vie, lumière, paix, festin de noces, vin du royaume, maison du Père, Jérusalem céleste, paradis : " Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment " (1 Co 2, 9).

Il est déroutant pour nous qui aspirons tant à la paix et à un bonheur sans vague, à la joie de voir Dieu et celui qui nous a créés et nous aime, à la joie d’entendre perpétuellement le concert des cœurs angéliques, il est déroutant d’avoir à témoigner de notre espérance. A quoi est-ce que ça sert ? La question est d’actualité… Nous avons tant besoin de nous accrocher à des témoignages de vie dans le réel, et pas seulement dans de beaux discours. Mais il n’en demeure pas moins que la foi, l’espérance et la charité révèlent déjà dans l’obscurité un mystère qui ne se révèlera qu’au dernier jour avec le retour du Seigneur. Peut-être une de nos missions les plus importantes est d’apprendre à écouter la voix du Seigneur dans notre cœur et d’apprendre autour de nous à le faire pour en témoigner ?

Le pape François a parlé cette semaine d’un renouvellement de l’histoire de l’Eglise pour aider à retrouver toute l’expérience du martyre, du témoignage. C’est précisément là où l’Église n’a pas triomphé aux yeux du monde qu’elle a atteint sa plus grande beauté, dit-il. Sommes-nous capables de reconnaître dans le Christ couronné d’épines et moqué aujourd’hui, celui qui se révélera « Dieu amour » au dernier jour ?

Parfois, on réserve la miséricorde à Marie dans les représentations du jugement dernier. Le Seigneur est miséricorde, mais nous pouvons compter aussi sur l’appui de Notre-Dame : Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation, notre espoir, salut ! Après cet exil, obtiens-nous de contempler Jésus, le fruit béni de tes entrailles, Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie ! Amen.


dimanche 17 novembre 2024

Le figuier guérisseur?

 


Le figuier peut-il guérir? La pauvreté peut-elle guérir? Etrange interrogation, mais il le fait regardez sur la toile. Quant à la pauvreté, elle peut avoir des vertus, mais le Seigneur nous demande d'être attentifs aux pauvres aujourd'hui.

17 novembre 2024  33ème dimanche du Temps Ordinaire  Année B

Lectures de la messe

Première lecture« En ce temps-ci, ton peuple sera délivré »Dn 12, 1-3

Psaume Garde-moi, mon Dieu,

j’ai fait de toi mon refuge.Ps 15 (16), 5.8, 9-1...

Deuxième lecture« Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection c...He 10, 11-14.18

Évangile« Il rassemblera les élus des quatre coins du monde »Mc 13, 24-32

Mes sœurs, chers frères et sœurs,

Nous venons d’entendre un ensemble de lectures qui annoncent la fin de l’année liturgique et la fin du monde. Ce peut-être une occasion de nous intéresser à la cosmologie biblique et à ce qu’on en dit et pourrait en dire aujourd’hui, avec l’expansion depuis son émergence, d’un univers  qui se dirigerait vers sa mort thermique d’ici 101100  années… Ce n’est pas notre propos. Nous verrons cela depuis le cœur de Dieu. Le livre de Daniel nous décrit une apocalypse, avec Michel, l’archange dont le nom signifie qui est comme Dieu. Il vient pour délivrer le Peuple et lui rendre liberté et joie, dans une perspective d’un jugement dernier centré sur la fidélité et l’amour. Les récits bibliques des représentations de l’origine du monde dans ce qu’on appelle des cosmogonies, ont oscillées pour se rapprocher de conceptions de la Grèce antique. L’image de la fin des temps que donne le Seigneur correspondrait plutôt à un écroulement physique d’un dôme et de ses luminaires dont la terre serait le centre. « On verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. » Le monde d’en bas n’est pas mentionné, celui qui est sous la terre. Il y a de quoi inciter à prendre ses distances avec des interprétations littérales et à se concentrer avant tout sur les paroles du Seigneur qui ne passeront pas .

L’épître aux Hébreux nous dresse une image du Seigneur comme le Grand-Prêtre sans péché, qui n’offre qu’un seul sacrifice, une fois pour toutes, debout sur la croix et qui ensuite s’assied à la droite du Père. « Par droite du Père dit le catéchisme, nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée " (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C). 664  La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme. » Il avait dit devant le Sanhédrin : « En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel. » Mt 26, 64. Les paroles de Jésus dans l’Evangile sont bien mystérieuses. Il paraît rapprocher deux moments :  Son heure avec celle de son retour en gloire « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. » S’agit-il d’une invitation à se tenir toujours prêt au retour du Seigneur ? Nous pouvons le penser et y voir en même temps une invitation à se montrer attentif aux interpellations qu’il nous donne dans le temps présent, parce que le fameux jugement sur l’amour, c’est maintenant qu’il a lieu. Où voir les bourgeons de ce figuier ? Pourquoi pas dans le pauvre… Qui est-il ? de quoi a-t-il besoin ?

Jésus s’est fait pauvre et le jugement s’est réalisé dans la manière dont on a traité ce pauvre qu’il était. N’est-ce pas une particularité chrétienne particulière que cette révélation d’un Dieu discret, d’un Dieu qui se cache et se révèle dans l’autre dans notre prochain. Révélation de Dieu, il y a bien en la personne de Jésus. Elle est totale, mais d’une impressionnante discrétion. Il est tellement discret, que nous sommes contraints à chaque instant de retrouver la Présence divine, de retrouver le visage de Dieu, de reprendre contact avec le Seigneur, de le deviner. Il est pourtant totalement-là. Curieux contrastes… Un messie glorieux et un pauvre. Y aurait-il une porte dans la pauvreté, une face cachée ? Ne serait-elle pas la porte de l’Amour, la porte du ciel ?

Le pape François ayant voulu que ce dimanche soit consacré aux pauvres, vous me permettrez de rappeler en ce dimanche de la revira de la Saint-Martin, l’épisode de Saint Martin partageant son manteau. Il est relaté par un proche, son secrétaire et ami, Sulpice Sévère, ami aussi de Paulin de Noles. Ce dernier était un richissime ressortissant d’Aquitaine qui avait distribué son immense fortune aux pauvres. On pouvait être fou à cette époque aussi : « Un jour, au milieu d’un hiver dont les rigueurs extraordinaires avaient fait périr beaucoup de personnes, Martin, n’ayant que ses armes et son manteau de soldat, rencontra à la porte d’Amiens un pauvre presque nu. L’homme de Dieu, voyant ce malheureux implorer vainement la charité des passants qui s’éloignaient sans pitié, comprit que c’était à lui que Dieu l’avait réservé. Il tire son épée, le coupe en deux, en donne la moitié au pauvre et se revêt du reste. Quelques spectateurs se mirent à rire en voyant ce vêtement informe et mutilé… Martin s’étant endormi vit Jésus-Christ revêtu de la moitié du manteau dont il avait couvert la nudité du pauvre ; et il entendit une voix qui lui ordonnait de considérer attentivement le Seigneur et de reconnaître le vêtement qu’il lui avait donné. Puis Jésus se tournant vers les anges qui l’entouraient leur dit d’une voix haute : « Martin n’étant encore que catéchumène m’a revêtu de ce manteau. » Derrière et en tous ces visages et  il y a Quelqu’un, il y a un autre, le tout autre qui a fait une alliance avec lui. Il y a une présence qui est la présence de Dieu, il y a un visage qui est le visage de l’éternel Amour, et c’est cela qu’il s’agit de retrouver. Et figurez-vous qu’Il est en chacun de nous. On a si vite fait de l’oublier à la moindre contradiction.

Je me permets ce matin encore une citation du pape François qui nous rappelle qu’il n’y a pas que la pauvreté n’est pas présente dans la seule absence de bien : « la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle. L’immense majorité des pauvres a une ouverture particulière à la foi ; ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la foi. L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire ».

Marie est profondément marquée par l'esprit des «pauvres de Yahvé» qui, selon la prière des psaumes, attendaient de Dieu leur salut et mettaient en lui toute leur confiance. Elle proclame l'avènement du mystère du salut, la venue du «Messie des pauvres». Elle est la Mère de tous les pauvres et en particulier de chacun d’entre nous. Marie Servante du Seigneur, prie pour nous, pécheurs. Amen.


dimanche 3 novembre 2024

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur




 3 novembre 2024 -  31ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine III du Psautier) — Année B

Lectures de la messe

Première lecture« Écoute, Israël : Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur »Dt 6, 2-6 

Psaume Je t’aime, Seigneur, ma force.Ps 17 (18), 2-3, 4, ...

Deuxième lecture« Jésus, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui...He 7, 23-28

Évangile« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain »Mc 12, 28b-34

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Ces deux commandements sont semblables et la réponse du Seigneur provoque l’admiration et un compliment du scribe. Le Seigneur le lui rend, en admirant sa propre réponse. L’expression « aimer Dieu »  appartient surtout au Deutéronome; elle est plus rare dans les autres livres, il nous habitue à une terminologie parallèle, comme celle de la «crainte de Dieu», du «service», de la «recherche de la face de Dieu», de la «fidélité».

C'est un passage si important qu'il a été inséré dans ce qui est appelé le Schema Israël, récité chaque jour par le juif pieux, encore de nos jours. Repris par le Seigneur ce texte mérite  toute notre attention, c’est évident. Il nous rappelle notre racine Israélite. L’amour du prochain est aussi présent dans le Lévitique. Il est bon de rappeler des évidences en certaines circonstances. Le Seigneur conclut : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Que lui manque-t-il donc ? nous pouvons penser qu’il s’agit de reconnaître en Jésus le Messie.

L’épître aux Hébreux met en valeur son importance centrale comme prêtre. A l’Ascension, Jésus remonte auprès de son Père et il est pour toujours notre intercesseur auprès de lui.  Les prêtres dans la lignée d’Aaron ne pouvaient intercéder que pour un temps déterminé, celui de leur vie. Mais Jésus, lui, parce qu’il demeure auprès de son Père pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas. Toutefois, nous pouvons remarquer qu’il a aussi institué un sacerdoce nouveau, dans lequel nous agissons, pour demeurer présent au milieu  de nous, dans notre temporalité, par les sacrements et un mode de présence particulier dans les communautés.  Je me permets d’insister sur le fait que le Seigneur passe par la matière. Il a eu un vrai corps, qui est ressuscité et qui est entré dans la gloire. Comme prêtre, il transforme par notre intermédiaire le pain et le vin en son corps et son sang. La matière est extrêmement importante dans notre état d’hommes, d’humain. Nous sommes corps et âme, dotés d’un corps qui ressuscitera. Dieu se rend présent sous les apparences du pain et du vin. Nous ne sommes pas spiritualistes comme le veut l’air du temps.

Il y a une autre forme de sacerdoce, celui des baptisés et une seconde, pour ce temps de la vie humaine, le sacerdoce ministériel. Le synode sur la synodalité a invité à revoir la formation des ministres ordonnés, mais pas à se passer de ce qui est un don du Seigneur à son Église. L'Assemblée a demandé une révision de la ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotali, un peu de latin fait du bien. C’est autrement dit le décret sur la formation des prêtres. Les manières de procéder diffèrent selon les régions, les pays et les continents. Il s’agit d’intégrer les demandes développées au Synode, pour les traduire en indications précises pour l’entraînement à la synodalité. Il mentionne notamment les présences féminines dans le parcours de formation qui devrait susciter chez les candidats la passion pour la mission. Il s’agit d’une course de fond, destinée à avoir un effet sur le long terme. Ce type de mesure n’en est pas  moins nécessaire dans la formation des évêques, précise le document en italien, afin qu'ils puissent assumer toujours plus leur mission de combiner dans l'unité les dons de l'Esprit et d'exercer de manière synodale l'autorité qui leur est conférée. Le style de la formation synodale implique que la dimension œcuménique soit présente dans tous les aspects des chemins vers le ministère ordonné.

Je crois que cela est suffisant sur ce sujet. Les retraités ne sont pas dispensés de s’adapter  le bateau de l’Eglise dans sa navigation vers le Royaume et notre entrée personnelle. 

N’est-ce pas la finalité ? « Il s’agit donc pour nous, dans notre vie, de donner à l’Église le visage de Jésus, de donner à notre visage, la lumière du visage de Jésus, de témoigner de Jésus en laissant transparaître sa Présence en nous afin qu’apparaisse à tous les hommes le visage de fête du Christ Jésus. » (Zundel)

Le moment le plus déterminant de notre vie sera celui de notre rencontre avec le Seigneur et nous ne pouvons en cette période de l’année que nous interroger sur ce qu’elle va être. S’agira-t-il d’une lumière au bout d’un tunnel ? Comment est-ce que ce sera lorsque nous serons près de lui ? Le sujet ne manque pas d’intérêt… Il n’y aura plus de temps ni d’espace, tout sera présent, mais de quel présent et de quelle présence au singulier, de quelles présences au pluriel, s’agira-t-il ? Lorsque nous regardons simplement l’immensité du ciel, le nombre des étoiles avec les moyens dont nous disposons aujourd’hui, et que nous pensons simplement au nombre de personnes humaines d’aujourd’hui, plus de 8 milliards… Quels points d’interrogations ? Jésus ressuscité est la réponse. Il nous fait relativiser nos problématiques et nos avoirs personnels, grands ou modestes. La seule grande question sera celle de l’amour, comment aurons-nous aimé le Seigneur et le Seigneur dans notre prochain en particulier.

Nous avons rappelé lors de la Toussaint que Jésus nous montre un chemin, celui de l'amour, qu'il a lui-même parcouru d'abord en se faisant homme, et qui est pour nous à la fois un don de Dieu et notre réponse. Cadeau et réponse.

C'est un don de Dieu, car, comme le dit saint Paul, c'est Lui qui sanctifie (voir 1 Co 6, 11). Et c'est pour cela que c'est avant tout au Seigneur que nous demandons de nous faire saints, de rendre nos cœurs semblables au sien (voir Lettre encyclique Dilexit nos, 168). Avec sa grâce, il nous guérit et nous libère de tout ce qui nous empêche d'aimer comme il nous aime (voir Jean 13, 34), de sorte qu'en nous, comme le dit le bienheureux Carlo Acutis, il y a toujours « moins de moi pour laisser de la place à Dieu." Là, je cite le Pape François.

Et tout cela dans quel but ? devenir saints. Le Père des cieux nous invite à devenir saints. Il ne force personne, il n’impose pas.

Si Dieu voulait imposer sa présence, il ne se cacherait pas comme il le fait depuis la création du monde, comme selon l’Ecriture, il l’a fait au paradis. Il se montrerait et se manifesterait plus clairement. Or, il se laisse juste deviner… Il se fait reconnaître par l’intérieur, par le cœur. Il se laisse deviner dans l’obscurité. L’Esprit-Saint agit dans nos cœurs parce que le Seigneur intercède continuellement auprès de son Père pour nous l’envoyer.

Aux funérailles du cher chanoine Jacques Oeuvray, Marc Donzé, le grand spécialiste de Maurice Zundel est venu à Porrentruy. J’ai vu qu’il a publié sur le site qu’il a consacré à ce mystique , une vidéo au titre parlant : « il nous faut changer de Dieu ». C’est un Dieu caché, humble et petit qui vient naître en nous pour nous introduire dans sa lumière. Quant au reste, aux images de grandeur, elles ne durent qu’un temps. Même pour les vedettes de cinéma et de la chanson, la chirurgie esthétique, les pommades ne suffisent plus et les feux de la rampe s’éteignent. Ce qui compte avant tout, c’est ce feu qui brûle dans les cœurs. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute âme et de toute ta force et ton prochain comme toi-même.

Marie apprends nous à démissionner des fausses images de Dieu et de ton fils qui nous habitent et que nous transmettons. Amen.

dimanche 4 août 2024

Le Pain de Vie

 




4 août 2024 -  18ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine II du Psautier) — Année B

 Lectures de la messe

Première lecture« Du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous »Ex 16, 2-4.12-15

PsaumeLe Seigneur donne le pain du ciel !Ps 77 (78), 3.4ac, ...

Deuxième lecture« Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé selon Dieu »Ep 4, 17.20-24

Évangile« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’a...Jn 6, 24-35

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

L’Evangile d’aujourd’hui nous est cher et connu. Le chapitre 6 de saint Jean est un enseignement qui se conclut sur le thème du Pain de vie. 

La première partie du chapitre entendu dimanche dernier était centré sur une extraordinaire multiplication des pains et des poissons sur l’autre rive du lac. Pour accompagner cette multiplication, comme nous fêtons aussi le saint Curé d’Ars aujourd’hui, je vous rappelle un de ses miracles qui eut lieu à La Providence, un orphelinat d’une soixantaine de filles qu’il avait fondé . La réserve de blé pour les orphelines étant épuisée,  l'abbé Vianney ne voulant pas renvoyer les enfants, il les a fait prier pour demander le pain quotidien. Les derniers grains du grenier se multiplient et le remplissent à raz bord. Voilà une fioretti qui fait du bien. 

La deuxième partie de notre chapitre rapporte une tempête que Jésus apaise en venant à la rencontre de ses disciples en marchant sur les eaux. La symbolique impressionne encore certains journalistes dans les concours de natation olympique. Mais non , « Ils ne marchent pas sur les eaux. » Ce n’est pas la même chose. La mer symbolise plutôt la mort dans le judaïsme ancien, et l’arrivée sur l’autre rive, la vie éternelle. 

Le discours sur le pain de vie est en quelque sorte la clef que le Seigneur nous donne pour nous permettre de comprendre que nous avons avec ce pain qu’il est lui-même, le moyen d’effectuer notre traversée de la vie avec lui et grâce à lui.

Jésus pose aujourd’hui un jalon important qui devrait permettre à ceux qui le suivent de pouvoir le faire jusqu’au bout du chemin, de parvenir au cœur de la vie trinitaire. Les personnes divines se donnent à elles-mêmes totalement dans un unique élan d’amour, un circuit d’amour. Elles veulent le partager. Le Seigneur nous invite à vivre les deux fameux commandements fondamentaux de l’amour de Dieu et du prochain pour y participer. Cet amour est au cœur de la communion avec lui. Rappelons qu’il passe aussi  par l’amour de soi. Nous devons nous aimer nous-mêmes, en allant jusqu’au don de nous-mêmes, à l’image du Christ et en nous respectant. Notre plus grand bonheur, au dernier jour sera de pouvoir partager cet amour de Dieu et de vivre en lui. Cet amour nous permettra aussi de partager le bonheur de tous ceux que nous avons aimé et que sommes appelés à rencontrer. Que de découvertes aussi, mais également d’invitations à un pardon nécessaire.

Le but étant rappelé, nous parvenons peut-être à mieux entrer dans l’approche de Jésus. Il veut faire comprendre à ses disciples et aux foules qui le suivent que leur souci ne doit pas se focaliser sur la seule nourriture qui nous soutient en cette vie. « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle » 

Même en période de vacances, ça n’est toutefois pas une petite affaire. La révolte des Hébreux dans le désert est pour le moins significative. On a cherché plusieurs explications sur la manne. La plus connue serait celle d’un exsudat du tamaris. Je vous laisse chercher sur la toile. 

Ce pain du désert et notre pain matériel sont liés à la vie. Jésus veut essayer de faire comprendre que le but de notre chemin comme celui des Hébreux est la terre promise, c’est-à-dire la vie éternelle avec Dieu et en Dieu. Ce chemin n’est pas celui d’un voyage tranquille par les airs avec un bon hôtel tout confort à l’arrivée, sans détournement d’avion. Le voyage s’effectue sur une barque secouée par la tempête et les orages. 

Il est difficile de suivre Jésus. Saint Paul nous invite à imiter les athlètes, mais pour un autre but qu’eux : « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. » 

A moins d’un regard simpliste, ce que le Seigneur demande paraît mystérieux et difficile : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » 

La prière du Seigneur, le Notre Père, nous parle du pain. Le pain peut être compris comme notre nourriture quotidienne, mais aussi l’Eucharistie et également la volonté du Père : Le Seigneur après sa rencontre avec la Samaritaine avait répondu à ses disciples qui l’invitaient à manger : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » 

Cette œuvre, « faire la volonté du Père », veut dire grandir dans l’amour, aimer comme Jésus, avec lui par lui et en lui. Cette oeuvre peut être vécue autant par un ermite comme notre cher Nicolas de Flüe, que dans une manifestation d’amour et d’entraide envers nos frères. Il a vécu si longtemps de l’Eucharistie ! Il a manifesté son amour de Dieu et de ses frères en suivant l’appel qu’il avait reçu. 

Le pape François nous a dit dans Fratelli Tutti (Tous Frères), « qu’il existe des manières de vivre la foi qui favorisent l’ouverture du cœur aux frères ; et celle-ci sera la garantie d’une authentique ouverture à Dieu. »

Le Seigneur nous invite à la confiance, surtout et d’abord ! 

Une question que nous pourrions nous poser : Quel est l’appel que j’ai reçu ? Est-ce que je le vis avec Jésus ? Quel est mon rapport à l’Eucharistie ? Est-elle pour moi le Pain de vie ? 

Marie : « Sème dans notre foi la joie du Ressuscité. Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul. Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur ! » Amen.