Pendant sa détention, il a médité sur la mort et a pu écrire, au moins 
pendant un temps, plusieurs ouvrages. Il a en particulier écrit La 
tristesse du Christ, une méditation sur la passion du Christ de la fin 
de la Cène à l’arrestation. Thomas More savait que Dieu avait fait 
l’expérience de la fragilité humaine et de la solitude face à la mort. 
Il a connu le combat de l’homme qui avance vers la mort, l’Agonie. Il a 
pu notamment échapper au martyre prétentieux. Longtemps en effet, il a 
craint de ne pas être assez fort et de ne pas mériter le martyre. Thomas
 More n’a pas recherché le martyre, conscient que chacun doit chercher à
 sauver sa vie tant que son salut n’est pas menacé. Philippe Godding 
rapporte, dans sa Petite vie de Thomas More, que le promoteur de la foi a
 tiré argument des réponses évasives du prisonnier pour lui dénier la 
qualité de martyr. Thomas More est resté pendant toute sa détention ce 
qu’il a toujours été : un bon père et un bon mari, un humaniste et un 
fervent chrétien. C’est sans doute son comportement pendant cette 
période qui peut nous apprendre le plus aujourd’hui. Thomas More a 
découvert dans sa geôle le tout au ciel, pendant divin du tout à l’égout
 (Chez Fabrice Hadjadj dans Réussir sa More mort)
Et pourtant, les questions fondamentales qui étaient en jeu dans le procès de Thomas More, continuent à se présenter, même si c’est de manière différente, à mesure qu’apparaissent de nouvelles conditions sociales. Chaque génération, en cherchant à faire progresser le bien commun, doit à nouveau se poser la question : quelles sont les exigences que des gouvernements peuvent raisonnablement imposer aux citoyens, et jusqu’où cela peut-il aller ? En faisant appel à quelle autorité les dilemmes moraux peuvent-ils être résolus ? et le bien commun promu ? Ces questions nous mènent directement aux fondements éthiques du discours civil. Si les principes moraux qui sont sous-jacents au processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide qu’un consensus social, alors la fragilité du processus ne devient que trop évidente – là est le véritable défi pour la démocratie.
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