Messe de Minuit
Homélie
Frères et Sœurs,
Joyeux Noël encore une fois, à tous et à toutes. Noël est la
fête de tous les enfants, et d’abord d’un enfant. Lorsque des enfants arrivent
dans une famille ce sont les petits rois, reines ou princesses, et toute une
aventure qui s’annonce. Beaucoup se demandent pour chacun d’eux que sera cet
enfant ? Qui est celui qui vient en ce Noël ? Où demeure-t-il ? N’est-ce
pas la question que se poseront les mages ? Les bergers n’ont rien lu dans les étoiles,
ils ne pouvaient pas le faire leur instruction n’était pas celle des mages,
alors l’ange prend les devants et ils vont arriver eux, les petits, avant les
mages, les savants : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né
un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Où demeure-t-il ? Le Sauveur et né dans la ville de
David, Bethléem qui se traduit par la maison du pain. Même s’il s’agit d’une
bourgade, il fallait tout de même se renseigner ! L’ange leur donne un
signe, un renseignement « Et voici le signe qui vous est donné : vous
trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » N’étant pas
dépourvu de bon sens ni d’intelligence des lieux, ils ont certainement compris
où l’événement annoncé s’était produit.
Aujourd’hui encore, lorsqu’on se rend à Bethléem, nous
pouvons aller à un lieu appelé le champ des bergers. Il s’agit de grottes au
plafond assez bas qui ressemblent au lieu où naquit Jésus. Le lieu devait
sentir le crottin à l’époque. Jésus n’est pas né dans une pièce parfumée à
l’encens, mais dans la pauvreté. Là, Jésus le fils unique de Dieu a choisi de
venir demeurer parmi nous.
Pourtant il est aussi roi, descendant de David. Quelle
splendide généalogie a été lue à l’Évangile de la messe du soir. Le roi David
espérait une dynastie stable. La promesse que Dieu lui avait faite s’est
réalisée mille ans après lui.
Elle a traversé toutes les pérégrinations d’Israël pendant
ce temps très long. « 04 A tes yeux, mille ans sont comme hier, c'est
un jour qui s'en va, une heure dans la nuit. » Ps 89
« 08 Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas
vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille
ans sont comme un seul jour. 09 Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse,
alors que certains prétendent qu’il a du retard. » (2 P 3,8-9)
La prophétie de l’Emmanuel a été donnée par le prophète
Isaïe, plus de 250 ans après David. Elle lui attribue des titres qui font rêver
pour un tout petit « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais,
Prince-de-la-Paix. ». Quel contraste avec le spectacle que donne un bébé,
ses limites, sa fragilité, sa dépendance et sa faiblesse. 3,5 kg d’homme qui
crient, pleurent, rient… et tout le reste.
Jésus est venu naître dans une étable, une grotte. Que fit
Marie de son petit enfant, son premier-né ? Elle le coucha dans une
mangeoire nous dit saint Luc. Quel étrange berceau. Des berceaux, il y en a de
toutes les sortes. Moïse en avait un qui flottait. Les berceaux en osier font
nature, ils sont toujours en usage… Les romains en utilisaient déjà. Si vous
faites un tour sur internet… La variété ne manque, ni les modes. Quelles
formules et formules 1 ! Ceux de rois et de reines, princes et princesses
valent le détour. On a encore conservé celui d’Henri IV et de bien d’autres,
des merveilles. Pourtant Jésus a eu comme première demeure une crèche, une
mangeoire pour animaux.
Le mot grec est phatne, je me suis dit en le lisant, tiens
cela fait penser à patène. Hélas, c’est
une pure homophonie, mais elle peut servir. N’y a-t-il pas analogie entre la crèche
et la patène, cette sorte d’assiette employée lors de l’eucharistie où est
déposé le pain ? L’enfant que Marie met au monde va se donner en
nourriture, transformant le pain et le vin en son corps et son sang.
Est-ce une pure originalité sortie de l’imagination d’un
moine ? On retrouve fréquemment la comparaison dans certains ouvrages de
spiritualité. Elle est appelée par le nom du village de Bethléem, la maison du
pain.
Si vous avez la chance de connaître la liturgie byzantine,
vous savez peut-être qu’il existe toute une préparation des dons, du pain et du
vin. Cela se fait sur une petite table à part, du genre de celle où se trouvent
ce soir les dons. Elle symbolise dans la liturgie, la grotte où le Christ est
né, et la patène, c’est la mangeoire où Il a été mis. Les voiles symbolisent
les langes qui entouraient Jésus Christ (Luc 2, 7). Un petit instrument avec
une étoile en métal placée sur le pain, figure l'étoile apparue aux mages,
l'encensoir et l'encens symbolisent les présents offerts au Christ par les
mages.
« Celui qui brille avec éclat dans les cieux se fait
adorer sous des langes… dit saint Augustin. On l'adore dans une crèche; nous
devons donc l'adorer nous-mêmes aujourd'hui qu'il est sur l'autel... La crèche
est devenue un paradis, où se sont épanouies les fleurs des champs et les lis
des vallées… le genre humain doit fleurir sous le souffle du Christ. (25ème
sermon. Pour la nativité du Sauveur V)
Où veut demeurer l’enfant de la crèche ? Où veut
demeurer Jésus ? Eh bien tout simplement en nous ! Il ne veut pas rester
sur la patène ou dans la crèche. Sommes-nous spirituellement une demeure plus
glorieuse que la crèche ? Il veut faire de chacun de nous, son palais, la
demeure du roi. Il veut demeurer avec nous et faire de nous son paradis.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et béni soit Celui qui
est venu nous apporter la joie. Joyeux Noël à chacun et à chacune. Amen.
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