Nativité de Saint Jean Baptiste — Solennité
Première lecture« Je fais de toi la lumière des nations »Is 49, 1-6
PsaumeJe te rends grâce, ô mon Dieu,
pour tant de merveilles.Ps 138 (139), 1-2.3b...
Deuxième lecture« Jean le Baptiste a préparé l’avènement de Jésus »Ac 13, 22-26
Évangile« Son nom est Jean »Lc 1, 57-66.80
Texte non corrigé
Frères et Sœurs,
Nous célébrons rarement la Nativité de Jean-Baptiste le
dimanche. Il vaut la peine d’en dire quelques mots. Saint Augustin dans son
commentaire affirme que « l'Église considère la naissance de Jean comme
particulièrement sacrée : on ne trouve aucun des saints qui nous ont précédés
dont nous célébrions solennellement la naissance. Nous ne célébrons que celle
de Jean et celle du Christ. » Heureusement nous avons aussi la Nativité de
la Vierge Marie, mais c’est une fête et non une solennité. Pourquoi cette mise
en valeur ? En raison de l’évangile de Luc et d’une réflexion théologique
et liturgique s’articulant autour du mystère du Christ. Au 4ème et 5ème
siècle avaient émergé un certain nombre d’interprétations, dont celle d’Arius,
qui mettaient en cause sa nature divine et sa nature humaine, ses qualités de
vrai Dieu et de vrai Homme. Augustin est un témoin de ces maturations.
Nous sommes proche du solstice d’été, le soleil est à son
zénit, ce sont les jours les plus longs et dans 6 mois nous arriverons au
solstice d’hiver, la lumière vient dans le monde et l’illuminera. La luminosité
va bientôt diminuer… l’évènement astronomique est rattaché aux paroles de Jean
à propos du Christ : « Il faut qu’il croisse et que je
diminue. » Son martyre, identique à celui de saint Paul que nous avons
entendu dans la deuxième lecture, exprima de la manière la plus brutale et
violente cette diminution. Il est impossible de ne pas voir un lien entre ces
festivités des nativités et les célébrations païennes qui accompagnaient les
phénomènes solaires. Parmi elles les feux de la saint Jean existent encore dans
certaines régions. Toutefois, certains calculs basés sur les périodes de
service de la classe des prêtres à laquelle appartenait Zacharie, au temple
estiment que le rapprochement n’est pas nécessairement artificiel. La
symbolique est de toutes façons parlante.
La fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste est donc la
Noël d’été. Marie a-t-elle été présente ? Si elle n’est pas mentionnée, sa
présence est probable. Saint Luc relate la visitation et l’annonce de l’ange à
Marie, alors qu’Élisabeth en était à son sixième mois. « La conception
prodigieuse du Christ lui avait été annoncée par l’ange, comme le signe que «
rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37), six mois avant le grand prodige qui
nous donne le salut, l’union de Dieu avec l’homme par l’action du Saint-
Esprit. »
Cette naissance est un joyeux moment, comme devrait l’être
toute naissance. La voix de celui qui va crier dans le désert aura été relayée
toutes les montagnes de Judée, « la crainte saisit alors tous les gens du
voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces
événements. »
« "Dès les entrailles de ma mère tu m'a
appelé", dit le psaume. Dieu nous a connus et aimés avant encore que nos
yeux puissent contempler les merveilles de la création, disait saint
Jean-Paul II. En naissant, chaque homme reçoit un nom humain. Mais avant
encore, il possède un nom divin: le nom
avec lequel Dieu le Père le connaît et l'aime depuis toujours et pour toujours.
Il en est ainsi pour tous, sans exclusion. Aucun homme n'est anonyme pour Dieu!
Tous possèdent une valeur égale à ses yeux:
ils sont tous différents, mais tous égaux, tous appelés à être des fils
dans le Fils. »
« "Jean est son nom" (Lc 1, 63). Zacharie
confirme le nom de son fils, révélé par l’ange, en l'écrivant sur une
tablette. Dieu lui-même, par l'intermédiaire de son ange, avait indiqué ce nom,
qui en hébreux signifie "Dieu est favorable". Dieu est favorable à
l'homme: il veut qu'il vive, il veut son
salut. Dieu est favorable à son peuple:
il veut en faire une bénédiction pour toutes les nations de la terre.
Dieu est favorable à l'humanité: il en
guide le chemin vers la terre où règnent la paix et la justice. Tout cela est
inscrit dans ce nom: Jean! »
Jean est le fils de Zacharie et d’Élisabeth, l’enfant du
miracle. Laissez-moi vous rappeler la beauté, l’importance et la gravité de
devenir parents d’un enfant et d’accueillir la vie. Il vous faut du courage, de
l’audace, mais surtout beaucoup d’amour et de confiance en Dieu. Des enfants
vous les élevez ou avez élevé pour les conduire à pouvoir aimer librement le
Seigneur, pour qu’ils parviennent à un épanouissement humain et spirituel, pour
que la vie soit transmise. Ils sont un don et non un dû. Devenir père ou mère
devrait conduire à un épanouissement humain, malgré les difficultés inhérentes
au fait d’être parents. Mais aimer Dieu et son prochain y conduit aussi. Notre
temps aime les séquençages et les prestations. J’ai lu un article hier, dans
lequel on rapportait que dans certains pays on commercialisait les services de
femmes pauvres pour porter des enfants. Il est triste que la maternité soit
ainsi transformée en contrat de bail. Un enfant n’est pas simplement une sorte
de locataire d’un organe féminin. Curieuse civilisation.
La naissance de Jean est une bonne nouvelle annonciatrice de
la Bonne Nouvelle. « Jean, dit
saint Augustin, c'est la voix pour un temps ; le Christ, c'est le Verbe au
commencement, c'est le Verbe éternel. »
Les moines le vénèrent en raison de son genre de vie. Il vit
en ascète, il crie dans le désert, il annonce le Christ, il s’efface devant
lui. Il baptise… Les moines qui ne deviennent pas nécessairement prêtres, s’efforcent
de répondre à la grâce de leur baptême. Saint Benoît avait consacré une église
de son monastère du Mont-Cassin à Jean-Baptiste, mais aussi à saint Martin. saint
Jean baptiste est aussi le prototype de la vie monastique : il a conduit une
vie de prière, d’abstinence et de chasteté, proclamant la venue du Messie,
devenant un messager de Dieu comme les anges. Ce mode de vie est souvent
comparé à celui des anges.
Il est une question que nous pouvons nous poser aujourd’hui avec saint Jean-Paul II qui avait interpellé nos voisins de l’hexagone : Que faisons-nous de notre baptême ?
Marie s’est réjouie de la naissance de Jean, sa joie a été grande également lors de la nôtre, demandons-lui de nous aider à le vivre et à vivre en enfants de Dieu. Amen.
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