Chers Frères et Sœurs,
La lettre du Pape François pour
ce Carême avec son commentaire de l’Évangile de la Transfiguration, nous met devant
un dilemme. Faut-il simplement la lire ou en faire un commentaire qui
compliquerait ce qu’il en dit ? Elle est relativement simple, tout en étant
pas la seule interprétation de cet événement extraordinaire. Vous pouvez la lire
pour vous à la maison ou même vous la faire lire par un logiciel qui vous
convienne, aujourd’hui tout est possible. Nos sœurs en ont déjà pris connaissance. La Transfiguration du Christ est pour les
chrétiens un encouragement avant la Passion, pour les engager à croire en la
Résurrection. Ce mystérieux événement eut lieu entre les deux annonces que fit
Jésus de sa Passion, mais elle ne les amena apparemment même pas à une plus
grande compréhension de ce que Jésus allait accomplir. Sa mort allait être pour
eux le scandale des scandales. A croire
qu’elle a eu lieu pour nous.
Ce récit est rapporté par les
trois évangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc. Le pape nous dit qu’il y
avait eu un accrochage sérieux en particulier avec Pierre. Le futur pape s’est
fait appeler Satan. On ne peut que s’étonner devant la force de l’invective du
Seigneur. Mais comment en vouloir à Pierre, si nous prenons la peine de relire
nos propres réactions et nos incompréhensions devant les événements durs de nos
vies. Il ne voulait pas que le Seigneur meure sur une croix. Ne faisons-nous
pas de même devant notre propre souffrance ou celles d’un proche, ou d’innocents.
Qui d’entre nous ne souhaiterait en réponse à la guerre en Ukraine, donner une
réponse en chars d’assaut, bombes et avions, sans manquer d’envoyer le
responsable principal à son jugement dernier. Pierre souhaitait l’avènement d’un
libérateur politique. C’est une solution purement humaine, ou plutôt de notre
animalité et des modes de réponse accumulés depuis l’avènement de la vie sur
terre. Jésus sermonne Pierre, mais il veut essayer d’éveiller une autre réponse
de ses trois disciples et leur ouvrir l’esprit.
Pour ce faire, il entreprend une
montée au Thabor, un lieu splendide depuis lequel on voit la vallée du
Jourdain. Certains disent que son nom serait dérivé de celui de Deborah connue
pour être guerrière, belliqueuse et courageuse. Faisons donc honneur aux dames.
Six jours après ses expressions fortes
envers Pierre, le Seigneur entreprend donc l’ascension de cette petite montagne
de 588 mètres d’altitude, qui est bien difficile à gravir lorsqu’il fait chaud.
Même aujourd’hui avec les cars, l’opération n’est pas aisée.
Le pape François dans sa lettre parle
de la difficulté de cette montée qu’il qualifie d’expérience ascétique. « Il
faut se mettre en chemin, dit-il, un chemin qui monte, qui exige effort,
sacrifice, concentration, comme une excursion en montagne. Ces conditions sont
également importantes pour le chemin synodal dans lequel nous nous sommes engagés,
en tant qu’Église. Il nous sera bon de réfléchir sur cette relation qui existe
entre l’ascèse de Carême et l’expérience synodale. »
Le but est une « retraite »,
et même une expérience spirituelle qui sort de l’ordinaire. Il monte avec 3
disciples qui seront vus comme des colonnes de l’Église. Il s’agit d’un petit
nombre. Le pape parlant d’expérience synodale, je ne peux m’empêcher à titre
personnel de faire un rapprochement entre les 3 disciples et le petit nombre de
réponses qu’il y avait eu lors de la consultation. La réponse a été
relativement modeste : 5’400 personnes pour un million de catholiques dans
le diocèse de Bâle. Mais Pierre, Jacques et Jean n’étaient en fait que trois. Le
temps de retraite se fait avec le Seigneur. C’est lui qui donne la lumière et l’Esprit-Saint
qui permet de le voir avec Moïse et Élie. Les trois Apôtres voyaient sans voir
ou très mal, et sans comprendre. Moïse et Élie parlaient de son départ qui
allait s’accomplir à Jérusalem. Durant cette retraite et après elle, nous ne
serons donc pas seuls. Le Seigneur à sa résurrection apparaîtra avec les signes
de sa passion inscrits en lui, ils témoigneront de l’accomplissement de ces
paroles échangées.
« A quoi sert la Transfiguration ? »
La réponse ni les fruits n’ont été
immédiats. Elle est pour nous aujourd’hui, un encouragement dans notre quotidien,
pour croire en la Résurrection. Pour les trois Apôtres, elle a eu lieu entre
les deux annonces que fit Jésus de sa Passion, ce qui n’amena même pas à une
plus grande compréhension de ce que Jésus allait accomplir. Cet encouragement à
quoi leur a-t-il servi alors ? Il n’y a pas de réponse ailleurs que dans la
manifestation de la fidélité de Dieu lui-même, dans son choix et son appel. Il a
répondu dans sa miséricorde manifestée après sa résurrection. Alors confiance,
même si le ressenti n’est pas celui que nous espérerions. Il est fidèle, il est
le fidèle. A la transfiguration Pierre Jacques et Jean voient Jésus, Moïse et Élie,
la Loi et les prophètes, mais s’ils discutent avec Jésus de sa montée à
Jérusalem, et que les trois apôtres ne comprennent pas et ne voient pas aussi
bien qu’ils le devraient, ils sont avant tout, vus du Christ et aimés, il nous
voit en eux, et avec eux sur la montagne.
Nous allons terminer avec le pape
François qui nous propose deux “sentiers” à suivre pour monter avec Jésus et
parvenir avec Lui à destination. Ce n’est pas seulement sur cette montagne du Thabor,
mais à Jérusalem. « Le premier fait référence à l’impératif que Dieu le
Père adresse aux disciples sur le Thabor, alors qu’ils contemplent Jésus
transfiguré. La voix venant de la nuée dit : « Écoutez-le » (Mt 17, 5). » Écouter Jésus dans la Parole de Dieu que
l’Église nous offre dans la Liturgie par tous les moyens à disposition, y
compris avec l’aide d’internet. Ensuite, « les disciples tombèrent face contre
terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et
leur dit : “Relevez-vous et soyez sans crainte”. Voilà la seconde indication
pour ce Carême : ne pas se réfugier dans une religiosité faite d’événements
extraordinaires, d’expériences suggestives, par peur d’affronter la réalité
avec ses efforts quotidiens, ses duretés et ses contradictions. La lumière que
Jésus montre aux disciples est une anticipation de la gloire pascale, vers
laquelle il faut aller, en le suivant “Lui seul”. Une expérience spirituelle
forte n’est pas l’aboutissement du chemin, mais une étape.
Chers frères et sœurs, Que
l’Esprit Saint nous fasse vivre ce Carême dans l’ascèse avec Jésus, pour faire
l’expérience de sa splendeur divine et, ainsi fortifiés dans la foi, poursuivre
ensemble le chemin avec Lui, gloire de son peuple et lumière des nations. Amen.
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