15 JANVIER 2023 - dimanche, 2ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne j...Is 49, 3.5-6
Psaume Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. Ps 39 (40), 2abc.4ab...
Deuxième lecture « À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Sei...1 Co 1, 1-3
Évangile« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »Jn 1, 29-34
Chers frères et sœurs,
Nous retrouvons dans l’Évangile
Jean-Baptiste qui témoigne devant tous de l’identité de Jésus : « Voici
l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Puis, : « J’ai
vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. »
Jean a été très présent dans les
lectures de l’Avent, le voici encore maintenant 2 dimanches de suite, en cette
période de reprise, de redémarrage du temps ordinaire. Nous le rencontrerons au
moins à 2 reprises durant l’année, en plus de la fête de la Visitation, lors de
la fête de sa Nativité au solstice d’été, accompagné de la formule, il faut
qu’il croisse et que moi, je diminue, puis pour son martyre. Jean annonce le
Messie, il le désigne. Sur les représentations occidentales on le voit qui
montre Jésus du doigt. Habituellement, on demande ou demandait en tout cas aux
enfants de ne pas le faire. Mais là, c’est vraiment positif. Ce type de
représentation ne se retrouve pas dans les icônes orientales.
Un récent synode sur
l’Eucharistie disait qu’il est significatif que l’expression « Agneau de
Dieu, revienne, chaque fois que nous célébrons la Messe, dans l'invitation
faite par le prêtre à s'approcher de l'autel: «Voici l'Agneau de Dieu qui
enlève le péché du monde ». Vous avez peut-être remarqué que la formulation a
été changée dans la nouvelle traduction du missel, on ne dit plus le péché,
mais les péchés. On peut se demander pourquoi ? Le texte grec est au
singulier comme dans le latin de ce qu’on appelle la nouvelle vulgate, la
traduction latine de la bible de Vatican II. Le texte latin du missel, est par
contre au pluriel « peccata mundi ». Le but est de se rapprocher
du latin du missel qui met l’accent sur
le fait que le péché n’est pas une fatalité liée au péché originel, donc à
notre condition humaine touchée par lui, mais concerne notre responsabilité
personnelle. Cette prière se retrouve dans le gloire à Dieu. Un liturgiste nous donnera
peut-être la solution. Au 7ème siècle un concile avait voulu
empêcher la représentation du Christ sous la forme d’un agneau. Nous le voyons
encore ainsi grâce à l’opposition du pape Serge 1er. Ca n’est pas
fondamental, mais il n’est pas inutile d’entendre une fois ce type d’explications.
Jean-Baptiste désigne Jésus, son cousin, non pas en l’appelant le Messie, un
titre qui est dans l’esprit des gens, celui du libérateur politique attendu, mais
bien avec celui d’Agneau de Dieu.
A quoi se réfère ce titre et
ce symbole de l’Agneau ? Nous viennent à l’esprit, le bélier qu’Abraham va
offrir en place de son fils Isaac, puis l’agneau sacrifié en Egypte pour que
l’ange exterminateur épargne les aînés des Israélites. La tradition juive va
aussi établir un lien avec le sang de l’Alliance, dont la circoncision est le
signe et le sang de l’Agneau pascal qui permet la renaissance d’Israël comme
Peuple (Cf Les symboles bibliques). C’est un agneau mâle sans tache, sans
défaut, qui doit être offert pour le sacrifice, l’agneau de la Pâque.
Jésus est le véritable agneau
pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice pour nous, réalisant
ainsi la nouvelle et éternelle alliance. L'Eucharistie contient en elle cette
nouveauté radicale, qui se propose de nouveau à nous dans chaque célébration.
Voilà le motif de cette présence répétée du nom de l’Agneau. Il est lié au
sacrifice, non à une gouvernance politique.
Jésus baptisé vient à notre
rencontre, non pas comme un potentat ou un chef de guerre, mais comme l’Agneau
de Dieu qui va être offert en sacrifice pour la Pâque et rétablir l’Alliance
définitive entre Dieu et les Hommes. Nous nous trouvons avec le baptême de
Jésus devant un véritable programme spirituel et d’évangélisation. Il ne s’agit
pas seulement de proclamer la parole, ce qui est déjà bien difficile, mais de
mettre aussi nos pas dans ceux de Jésus, de le laisser vivre en nous, pour que
se réalise l’Alliance de Dieu avec les hommes, pour passer avec lui de la mort
à la résurrection.
Jean-Baptiste ne paraît pas avoir
compris pleinement les paroles inspirées qu’il prononçait. Peu de temps avant
son martyre, il paraissait encore attendre un Messie qui viendrait purifier le
Peuple et établir un Royaume terrestre. Mais il n’est pas de ce monde.
Dans la première lecture, Isaïe
avait voulu faire comprendre qu’Israël est un témoin choisi : « Tu es mon
serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Mais le Seigneur
ne vient pas seulement s’adresser à un peuple limité à celui qui se réclame de
la descendance d’Abraham. Il vient étendre l’Alliance à toutes les
nations.
Pour que cette Alliance s’étende,
la parole doit être annoncée et proclamée, et Dieu a cette particularité de
vouloir agir avec les instruments réels et limités dont il dispose. Nous avons
des modes de pensée limités par notre culture, notre milieu familial, des
parcours de vie cahoteux, ce qu’on appelle aussi les cabots de la vie et
spirituellement, nos péchés… Nous ne pouvons en rester globalement à la faute
originelle, l’amour dont nous devrions témoigner paraît fuir comme hors d’un
récipient percé, et nous ne pouvons alors plus donner à boire à ceux qui ont
soif. Serait-ce le motif principal pour lequel certains vont parfois ailleurs ?
Dieu a heureusement la mystérieuse capacité de changer les conséquences du mal
en bien, car il est miséricorde.
Nous ne sommes pas les compagnons
de l’Anneau, comme dans la célèbre et splendide trilogie, mais bien les
compagnons de l’Agneau, et ses témoins : les témoins de l’Agneau.
Le Pape François revient dans sa
catéchèse du mercredi, durant les semaines qui vont venir, sur
l’Évangélisation. La communauté des disciples de Jésus naît apostolique, elle
naît missionnaire. Nous le sommes par notre baptême. Ce doit être une passion.
Le baptême n’est pas une puce qu’on nous greffe avec un programme qui se
déploie à l’ouverture, d’un coup. Dieu travaille avec de l’humain. Le pape veut
privilégier une Évangélisation par attraction, un terme emprunté au Pape
Benoît. Il ne s’agit pas de prosélytisme. L’Évangile doit être proclamé, mais
il est primordial qu’il soit vécu, sinon c’est du théâtre ou un de ces
splendides opéras, des drames souvent. Les artistes jouent bien mieux que nous,
d’ailleurs. Mais parfois nous sommes très habiles à cacher notre jeu, et il
arrive ce qu’on a vu ces dernières années. L’Évangile a surtout été transmis non
par des puissants, mais des saints, et pas seulement ceux du calendrier, ceux
de tous les jours, ils sont le cœur de l’Église et de l’Évangélisation. Il ne
s’agit pas de faire des miracles, mais d’aimer en esprit et en vérité, à
commencer par nos plus proches. Il ne s’agit pas simplement de nous supporter
les uns les autres, mais de porter le fardeau des uns et des autres, de nous
aimer les uns les autres.
Confions cette nouvelle année
ordinaire à Notre-Dame qui va nous aider à suivre Jésus, avec les mystères
lumineux, ceux du temps ordinaire. Amen.
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