24 SEPTEMBRE 2017 - 25ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture « Mes pensées ne sont pas vos pensées »Is 55, 6-9
Psaume : "Proche est le Seigneur de ceux qui l’invoquent.Ps 144 (145), 2-3, 8...
Deuxième lecture« Pour moi, vivre c’est le Christ »Ph 1, 20c-24.27a
Évangile« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? »
Frères et Sœurs,
L’exemple que prend le Seigneur vient bien à propos.
Certains vignerons ont toutefois déjà sorti les sécateurs au mois d’août.
Officiellement les vendanges commençaient le 11 septembre dans certains cantons,
date symbolique. Nos voisins de l’hexagone disaient que les étudiants pouvaient
y travailler avant de commencer leurs études, cette année. La sécheresse et
l’ensoleillement y ont été pour quelque chose. Il est vrai que les gelées de ce
printemps n’ont pas eu que des conséquences positives, la quantité a du céder
le pas à la qualité.
Les vendanges sont habituellement une période joyeuse
lorsqu’on travaille à la main, mais il faut y mettre un coup. Dans sa parabole,
le Seigneur paye non en temps de présence, mais en présence, ce qui paraît
diversement apprécié.
Nous pouvons nous demander ce matin, qu’est-ce que c’est que
travailler à la vigne du Seigneur et pourquoi le faire, pour quel type de
salaire ? Travailler, est-ce seulement vendanger ? Cultiver la vigne est un art,
accompagné de sueurs et courbatures. Avant de la vendanger, il faut d’abord l’avoir plantée, et soignée. Cela
ne se fait pas n’importe où ni dans n’importe quelles conditions. On doit juger
de l’ensoleillement, des qualités du terrain, d’une certaine protection du
vent. Le sol est analysé. Il faut aussi choisir une variété de plants adaptés à
la région, résistante aux maladies. Il y a ensuite, la taille, les traitements
et la patience. Ne s’improvise pas vigneron qui veut. Que va
produire la vigne ? Point n’est besoin de donner de grandes explications,
mais le fruit de la vigne a une destinée de choix. Le vin devient le sang du
Christ dans l’eucharistie. A l’origine on utilisait du vin rouge comme matière
du sacrement, puis par convenance, ce fut du blanc qui ne tache pas. L’eucharistie,
c’est le corps et le sang de Jésus-Christ. Il est totalement présent dans
chacune des espèces. Le tableau de Nicolas de Flüe fait référence à ce
mystère : Dieu que l’univers entier ne peut contenir est présent dans la
petite hostie… Le prêtre y offre le pain et le vin, les deux sont là sur la
représentation.
Parle-t-on spécifiquement de vigne au pays de Nicolas de
Flüe ? Il faut bien sourire… La Suisse centrale est plus connue pour sa
pluie que pour le soleil. A Obwald il semble que la culture de la vigne soit
présente de manière très confidentielle, mais elle est historique, Le vin est cependant
bien mentionné chez frère Nicolas. Il a pallié aux problèmes climatiques. Vous
connaissez peut-être l’une de ses trois grandes visions, celle de la fontaine
de vie. Il en coulait du vin, de l’huile et du miel. L’interprétation et la
représentation sont difficiles, puisqu’on y parle aussi d’une source unique. Est-ce
le symbole de l’unité de Dieu et des trois personnes divines, des trois vertus
théologales ? Le cardinal Journet, disait que le thème de la Fontaine de
Vie, apparaît dans l’art au XVe siècle, en fait c’est bien plus tôt, avec
certaines représentations de baptistères. Les commentaires sont apparemment rares,
le sujet est à redécouvrir et même à creuser. (Fontaine
de vie). Le symbolisme touche au
sang répandu par le Christ sur la croix, à l’Eglise, au baptême et de manière
générale à la transmission de la grâce. Mais là aussi, comme pour la vigne, il
faut du discernement, frère Nicolas, explique que beaucoup ne voyaient pas
cette fontaine et mouraient de faim et de soif, à côté d’elle. L’ardeur est
nécessaire pour faire fructifier la grâce, du travail, et de l’entraide. Le
retable de l’agneau mystique de Jean van Eyck montrent que tous convergent vers
l’agneau.
Pourquoi les ouvriers de l’Evangile se sont-ils présentés si
tard ? « Parce que personne ne nous a embauchés disent-ils. » En
fait il semble bien qu’ils n’étaient pas nécessairement présents sur la place. Nous
pouvons joindre nos excuses aux leurs : je n’ai pas trouvé le chemin, les
embouteillages, je me suis réveillé trop tard. Nous sommes tous capables d’invention, sans compter les
problèmes réels. Ce qu’il y a de merveilleux, c’est que le Maître de la Vigne
vient lui-même à la rencontre de ces ouvriers, il les cherche. Il ne nous
laisse pas nous débrouiller tout seul. Le Maître fait semblant de rien. S’ils sont
au chômage, et bien il les invite à ne pas perdre leur temps, il leur promet un
salaire.
Pour quelle récompense travailler ? Le denier ne peut être que symbolique. Le Seigneur va
fournir la même récompense à tous, et cette récompense c’est Lui. Peut-il y en
avoir une plus grande ? La récompense c’est l’eucharistie maintenant, et lui-même lorsque nous le rejoindrons au ciel.
Quelle est la vigne où il faut travailler ? C’est bien
sûr nous-mêmes d’abord. « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme
perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa
miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. » L’appel d’Isaïe
est d’abord un appel à la conversion et à la confiance en la miséricorde de
Dieu, ce mot si cher au pape François et à saint Jean-Paul II. Ce travail-là ne
finit jamais. Mais il en est un autre, c’est celui de l’entraide et de la
transmission de la foi, de la Bonne Nouvelle. Comment rendre l’espérance à ceux
qui nous entourent, les faire approcher de la Fontaine de vie et y boire ?
Si à certains moments pris par le découragement, nous nous
disons : « Mais de toutes façons, nous ne pouvons rien faire et on ne
veut pas de nous ! » (Entre parenthèses, ce n’est pas si sûr). Il
reste un travail : celui de frère Nicolas, celui de la prière. Il y allait
comme à la danse et comme à la guerre, disait-il, il est descendu dans ce trou
humide du Ranft (c'en est un) et il y a vécu avec ce seul but : prier. N’est-ce pas encore un
des plus puissants moyens pour obtenir que la grâce de Dieu parvienne à chacun ?
Terminons avec sa prière :
« Mon Seigneur et mon Dieu, enlève-moi tout ce qui m'empêche d'aller à Toi ; donne-moi tout ce qui me conduira jusqu'à Toi ; prends-moi à moi et donne-moi tout à Toi pour que je T'appartienne totalement. Amen. »
Terminons avec sa prière :
« Mon Seigneur et mon Dieu, enlève-moi tout ce qui m'empêche d'aller à Toi ; donne-moi tout ce qui me conduira jusqu'à Toi ; prends-moi à moi et donne-moi tout à Toi pour que je T'appartienne totalement. Amen. »
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