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dimanche 7 avril 2019

La femme adultère pardonnée


En allant célébrer la messe au Vorbourg, j'ai vu ces trois pierres couvertes de mousse et je les ai ajoutées à la décoration. Elles m'ont rappelé qu'à la chapelle, elles sont au chômage pour les intentions inappropriées. La maison de Notre-Dame est le lieu de la miséricorde.

7 AVRIL 2019
 Dimanche, 5ème Semaine de Carême — Année C

Lectures de la messe
Première lecture« Voici que je fais une chose nouvelle, je vais désaltérer mon peuple ...Is 43, 16-21
Psaume Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !Ps 125 (126), 1-2ab,...
Deuxième lecture« À cause du Christ, j’ai tout perdu, en devenant semblable à lui dans...Ph 3, 8-14
Évangile« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter...



Frères et Sœurs,

L’Evangile nous met en présence d’un drame aujourd’hui. On veut lapider une femme.
Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de voir une lapidation. A l’heure d’internet, ce sont des accidents qui malheureusement arrivent lorsque vous tapez ce mot sur un moteur de recherche. Il y a déjà quelques années étant tombé sur un petit film, je n’en croyais ni mes yeux, ni mes oreilles. Au 21e siècle cela se produit encore. Les médias ont fait écho voici quelques jours à une législation permettant de porter ce type de condamnations au Brunei (+ Arabie Saoudite ; Iran ; Pakistan...). La peine de mort pose de graves questions. Nous nous souvenons que les deux dernières exécutions ont eu lieu à quelques centaines de mètres d’ici au Cras des Fourches, sous le régime bernois. C’est l’abbé Eugène Lachat auquel le sanctuaire doit tant qui avait du apporter les secours de la religion au deux malheureux. La guillotine française avait été abandonnée pour l’épée de leurs seigneuries. Mon professeur de droit pénal, cela date, aimait dire que l’abandon de la torture au profit de la privation de liberté était tout de même un bienfait de la révolution. Le plus grand bien étant la liberté, en priver quelqu’un était suffisant, mais certaines habitudes, reviennent trop facilement. (Fermons la parenthèse).
La lapidation ajoute un degré dans l’horreur, à la peine de mort, c’est une exécution collective et encore le plus souvent touchant des femmes. Quel courage ! Les hommes se sauvent toujours plus vite.
Pire encore, cette peine est prévue dans la Bible… elle était le mode d’exécution habituel, pour 8 fautes mentionnées :

1 -Relations sexuelles incestueuses ou adultères (Lv 18 et 20)
2 - Avoir des relations homosexuelles (Lv 20,13)
3 - Le blasphème (Lv 24,16)
4 - Maudire un de ses parents  (Dt 21,18–21)
5 - Ne pas respecter le Sabbat (Nb 15,32–36)
6 - Adorer d’autres dieux que YHWH (Dt 17,2–7)
7 - Pratiquer la sorcellerie (Ex 22,17), la nécromancie ou la divination (Lv 20,27)
8 - Sacrifier un de ses enfants (Lv 20,2)

Jésus a failli être lapidé pour blasphème. Mais elle n’est plus appliquée par le Peuple Juif depuis longtemps, les rabbins font usage de leur grande capacité de faire de subtiles interprétations et la mousse peut pousser sur les pierres.
Qu’est ce qui a pu se passer dans le cœur humain de Jésus en voyant cette pauvre femme ? Je me suis demandé s’il avait pensé à sa mère et à Joseph ? Et à Suzanne injustement accusée ?
Pourquoi les scribes et les pharisiens l’ont-ils amenée devant lui ? Le contexte montre bien qu’ils veulent lui tendre un piège mortel. Dès l’aurore, il était monté au temple et enseignait. Le Peuple venait autour de lui. Dans le cadre du temple, selon les calculs des opposants à Jésus, il fallait appliquer la loi encore plus fermement qu’ailleurs, en raison de la sainteté du lieu. Jésus devant un cas qui ne semblait souffrir aucun doute, allait-il s’en distancer et commettre un blasphème en ne l’appliquant pas et en tolérant le péché ? Quelle attitude allait prendre Jésus en public et dans ce contexte ? Il s’était fait à plusieurs reprises l’égal de Dieu dans ses enseignements. Par exemple, il disait en traitant d’un sujet : On vous a dit d’agir de telle manière… et bien Moi Je vous dis d’agir ainsi. Il n’invoquait pas d’autorité, il parlait avec autorité. Dans sa manière de se conduire aussi, le jour du sabbat notamment, il agissait avec une liberté souveraine, celle du Fils de Dieu qu’il est.
Puis vient ce moment très grave où il leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » « Il n'est pas de juste, pas un seul, il n'en est pas de sensé, pas un qui recherche Dieu.  Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis ; il n'en est pas qui fasse le bien, non, pas un seul. », dit le psaume 14. Certaines expériences spirituelles font parfois ressentir la distance qu’il y a entre Dieu et nous. Tous ceux qui se retirent ont certainement bénéficiés de cette grâce. Là est le premier miracle de Jésus aujourd’hui. Nous devrions la demander pour nous en ce temps de carême. Que fait alors Jésus ? Il écrit sur le sol. C’est dans l’Évangile le seul moment où nous le voyons écrire. Il est en effet la Parole qui vient s’inscrire dans les cœurs, il ne nous a pas laissé un écrit. Nous avons quatre Évangiles avec des processus de formation différents.
Saint Augustin dans son commentaire compare la pierre sur laquelle la loi est écrite, les fameuses tables de la loi, et la poussière où il le fait maintenant. Ce qui est écrit sur cette poussière peut être effacé, à savoir le péché : « La loi a été effectivement écrite par le doigt de Dieu; mais elle a été écrite sur la pierre à cause de la dureté du peuple d’Israël. Mais, pour le moment, le Seigneur écrivait sur la terre, parce qu’il cherchait à recueillir du fruit. » Dieu est miséricorde. Nous avons quant à nous parfois l’attitude qu’avaient les romains lorsqu’ils faisaient graver sur le marbre des événements importants pour eux, ils faisaient un maximum d’abréviations en raison des coûts de la gravure. Alors est-ce que l’intérêt nous pousse seulement à des compromis avec autrui, par intérêt et calcul? Ce qui est en cause c’est l’amour que nous avons à porter à Dieu pour nous rapprocher de lui et donc notre bonheur. Nous effaçons certainement des ardoises par échange d’intérêt et bons procédés. Mais la sainteté ce n’est pas encore cela, nous ne pouvons laisser Dieu sur le pas de la porte ou à la porte d’un paradis personnel.  Jésus dit à la femme : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Il pardonne le péché parce qu’il en a le pouvoir. Scribes et pharisiens ne sont plus là, ils auraient sursauté. Seul Dieu peut pardonner un péché. Pour lui, il est inscrit sur la poussière. Mais Jésus demande aussi à cette femme de vivre son histoire d’amour avec Dieu jusqu’au bout. Aimer son conjoint fidèlement, c’est être témoin de l’amour de Dieu pour l’humanité, c’est participer à la construction du Royaume maintenant. Demandons à Marie son intercession pour nous et la consolation :

“Salut, Mère de miséricorde, Mère de Dieu et Mère du pardon, Mère de l’espérance et Mère de la grâce, Mère remplie d’une sainte joie. Ô Marie ! ”.


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