Mes chères Sœurs,
Nous avions coutume au monastère de chanter les lamentations
de Jérémie depuis le lundi de la semaine sainte. Celle d’aujourd’hui commence
par les gémissements du peuple d’Israël et se poursuit… « Ô vous qui
passez sur le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur semblable à ma
douleur. » En ce Mardi Saint, je vous partage d’abord un moment de grande
peine et de douleur avec l’incendie de Notre-Dame de Paris. Pardonnez cette émotion, même si
nous savons qu’un bâtiment est là pour symboliser l’Église et abriter la
communauté locale et qu’il peut être reconstruit. « Ce jour-là, il devait
y avoir feu de joie à la Grève, plantation de mai à la chapelle de Braque et
mystère au Palais de Justice. » pour continuer avec Victor Hugo, « Ce
n’est pas un feu de joie qui brûlait magnifiquement au milieu de la place. »,
Non, hier, c’était le vaisseau de Notre-Dame qui a montré du ciel une croix de
feu. Toute une symbolique. Le palais de Justice passe… « Certes, ce fut un
triste jeu - Quand à Paris dame Justice, - Pour avoir mangé trop d’épice, - Se
mit tout le palais en feu. » Oui, Seigneur, le palais de justice passe
encore, mais pas Notre-Dame… Quelle tristesse ! Je relisais dimanche soir,
Flavius Josèphe et sa description de l’incendie du Temple de Jérusalem que
Titus avait voulu pourtant épargner, je n’ai pu m’empêcher un rapprochement.
Nous savons que nos églises d’ici-bas ne sont que l’image de l’Église du ciel,
mais cette croix de feu vue du ciel n’a pu qu’impressionner.
Est-ce le vaisseau de l’Église qui brûle vraiment ?
Non ! vraiment ! Nous ne pouvons nous consoler qu’en utilisant les
images des mystiques et un autre feu, un contre-feu. Sainte Thérèse d’Avila
avec son ardeur disait : Le monde
est en feu ! Ce n’est pas le moment de traiter avec Dieu d’affaires de peu
d’importance ! Ce n’est pas seulement le monde qui est en feu, l’église
visible donne aussi l’impression de l’être. L’Église a besoin de toute votre
amour de contemplatives. Le Seigneur en a besoin pour éteindre les incendies
destructeurs et allumer les contre-feux de l’amour de Dieu, si vous permettez
l’image.
Le Seigneur en ce mardi saint annonce le reniement de
Pierre. « Seigneur, pourquoi ne puis-je
pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique :
« Tu donneras ta vie pour moi ? Amen,
amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois
fois. »
Le monde est en feu ! Ce n’est pas le moment de traiter avec
Dieu d’affaires de peu d’importance ! Les bons sentiments à la suite d’une
lecture ne suffisent pas, il faut le temps de la grâce et le temps de Dieu pour
qu’un autre incendie soit allumé que nul ne pourra éteindre, celui de la vive
flamme de l’amour. Il y a deux incendies, celui du mauvais qui détruit et celui
de la vive flamme d’amour qui brûle sans consumer, purifie, brille, éclaire,
illumine joyeusement.
Je donnerai ma vie pour toi ! Nous savons tous par
expérience, que vivre et ressentir fortement un beau passage d’une lecture, ce
n’est pas encore le réel… Le temps de Dieu et la grâce du moment sont
nécessaires pour que l’or soit purifié au feu. Nous sommes trop petits et
insignifiants, nous ne sommes pas à notre place si nous voulons sauver le
Seigneur… N’est-ce pas difficile à accepter bien souvent ? Il nous faut
attendre son heure et le temps de la grâce. Lui seul peut enflammer notre cœur
avec la vive flamme de son amour pour le transformer. Ce sera une flamme qui ne
s’éteindra jamais. Dieu aime accrocher des étoiles à son firmament. Amen.
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