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mardi 1 novembre 2022

Tous les Saints

 

 


 1 novembre 2022 - Tous les Saints — Solennité

Lectures de la messe

    Première lecture « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de t... Ap 7, 2-4.9-14
    Psaume Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. Ps 23 (24), 1-2, 3-4...
    Deuxième lecture « Nous verrons Dieu tel qu’il est » 1 Jn 3, 1-3
    Évangile « Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est g... Mt 5, 1-12a

 Chers Frères et Sœurs,

En cette fête de Toussaint, nous sommes régulièrement envahis de sentiments contradictoires, d’un côté, nous sommes pris de nostalgie et d’une certaine tristesse, en songeant à nos parents, aux membres de nos familles, à nos amis que nous ne pouvons voir de nos yeux, toucher de nos mains, avec lesquels nous ne pouvons plus partager de repas. Jésus après sa résurrection, consola ses disciples en se faisant voir et toucher et en mangeant avec eux.

En nous, cette désolation voisine avec la consolation de la résurrection de Jésus, et les perspectives ouvertes par ses promesses, ainsi que le message de l’apocalypse avec cette foule innombrable rassemblée autour du trône de l’Agneau. A nos oreilles et dans notre cœur, résonne le mot heureux des béatitudes que Jésus prononce à 9 reprises dans son sermon sur la Montagne.

Nous sommes au début de l’annonce de la Bonne Nouvelle, mais elles se concluent en laissant percevoir déjà l’opposition et l’hostilité envers le Seigneur.

« Les Béatitudes sont » pourtant « la voie que Dieu indique comme réponse au désir de bonheur inscrit dans l’homme. » Elles « perfectionnent les commandements de l’Ancienne Alliance ».

Le pape François a fait tout un commentaire sur les Béatitudes de saint Matthieu au début de 2020. Je vous renvoie à son enseignement pour les approfondir.

Le contraste est grand envers le désir du bonheur qui nous habite et notre environnement. Il est d’usage d’atténuer les contradictions et les difficultés rencontrées quotidiennement en les comparant avec d’autres plus difficiles. Nous ne pouvons écarter de nos pensées celles de personnes qui vivent la guerre, ou passent par de graves maladies. Quel est le bonheur que nous espérons ? Celui de vivre dans une certaine abondance, à l’abri du besoin, et en bonne santé ? Ces biens-là sont trop précieux pour les négliger. Mais le Seigneur nous incite à désirer plus et à voir plus loin. Nous ne pouvons nous en contenter. Qu’est-ce que le bonheur éternel, qu’est-ce que la félicité ? Les béatitudes en sont la seule voie, le chemin du Christ.  Venant d’entendre leurs conditions, nous ne pouvons donc en écarter les aspérités. Nous ne pouvons rêver  simplement d’un tapis roulant confortable, parsemé de fleurs. Cela ferait pourtant tant de bien. Deux moines virent toutefois un chemin parsemé de flambeaux à sa mort (Dialogues de S. Grégoire le Grand*). un Dieu seul peut combler notre cœur et le rassasier. Dieu nous a mis au monde pour Le connaître, Le servir et L’aimer et ainsi parvenir en Paradis. La béatitude nous fait participer à la nature divine et à la Vie éternelle. (CEC 1720). A celle-ci, nous ne pouvons parvenir seul, nous ne pouvons pas nous contenter et pour y parvenir, nous en pouvons en rester à une zone de confort, même si elle est agréable. Nous ne pouvons nous dépasser et rencontrer le Seigneur qu’avec son aide. Ses perspectives et son ambition pour nous, dépassent infiniment les nôtres.

Les tableaux de l’Apocalypse nous permettent de faire travailler notre imagination. Je ne sais pas s’il vous arrive parfois d’essayer de vous représenter ce que peut être l’immensité de Dieu qui s’est fait petit et l’un de nous, pour nous dire que rien ne lui est impossible et que nous pourrons un jour le rencontrer. Il est à l’origine du monde matériel qui nous entoure, de sa coordination, et aussi de celle du monde spirituel. J’aime beaucoup m’arrêter parfois sur des reportages qui essayent d’illustrer la grandeur de l’Univers. On se sent infinitésimal, mais Dieu est là. Nous avons parfois le droit et le devoir de nous arrêter quelques instants pour rêver.

L’étrange tableau de l’Apocalypse nous dit que  les anges marquent du sceau « le front des serviteurs de notre Dieu ». Marquer d’un sceau renvoie au signe qui épargna en Egypte les Hébreux de l’ange exterminateur, on le retrouve dans le livre d’Ézéchiel, où il avait la même finalité. Un commentaire dit qu’il s’agit de la dernière lettre de l’alphabet hébraïque, le Tav. Les 144.000 sont des chiffres symboliques, une multitude idéale qui se réfère aux 12 tribus d’Israël. C’était un usage fréquent dans l’antiquité de faire de telles marques, les tatouages n’ont malheureusement pas été qu’une mode, dans l’histoire.

Puis voilà une foule immense, vêtue de blanc qui a lavé ses vêtements dans le sang de l’agneau, ce qui est singulier et de l’ordre du symbole. Les prêtres dans le temple avaient un vêtement blanc. Une curiosité à signaler, les serviteurs des empereurs romains avaient ce privilège (cf Domitien), et malheur à qui voulait l’imiter.

L’importance de la pureté revient dans la seconde lecture, et quelle en est la cause ? Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et cela sera manifesté lorsque nous le verrons tel qu’il est et pour cela nous lui serons semblables. Qui met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur. Croire en Jésus nous rend pur, mais cela ne sera manifesté que lorsque nous verrons Dieu. Après avoir rêvé, il nous faut revenir sur terre où nous cheminons dans la foi, une foi vécue, qui nous attache à Lui. Les béatitudes se vivent tous les jours, dans le quotidien. C’est là que se construisent le Royaume et la Cité Sainte. Etre serviteurs du Seigneur, nous transforme en témoins et en messagers de la Bonne Nouvelle.  

Prenons tout de même de temps à autre le temps de rêver, de penser à Dieu qui est certes présent dans notre voisin et notre voisine, où il se laisse voir et deviner, mais qui est aussi au-delà de tout ce que nous voyons.  

Nous nous rappelons aussi en cette Fête de la Toussaint que le dogme de l’Assomption avait été proclamé à l’occasion de celle-ci. Marie, la première en chemin a franchi  après son Fils, les portes des Béatitudes. Amen.

* Ce même jour sa gloire fut  révélée à deux Religieux, dont l’un demeurait dans le monastère, et l’autre dans un lieu qui en est assez éloigné, et ils la connurent tous deux par une semblable vision : car ils virent du côté de l'Orient un chemin orné de tapisseries, et éclairé d’une infinité de flambeaux, qui allait directement depuis son monastère jusqu’au ciel.

 

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