14 août 2016
20ème dimanche du Temps Ordinaire
1ère lecture : « Ma mère, tu m’as enfanté homme de querelle pour tout le pays » (cf. Jr 15, 10) (Jr 38, 4-6.8-10)
2ème lecture : « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée » (He 12, 1-4)
Evangile : « Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 49-53)
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je
voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Frères et Sœurs,
Je ne sais pas les impressions que vous laissent les
lectures d’aujourd’hui et notre Evangile. Jésus serait-il donc un semeur de
zizanie ? Est-ce qu’il vient jeter la pagaille ?
Quel tableau en effet ! Toute cette famille divisée à
cause de lui. Au vu de son état aujourd’hui, notre indignation se tempère
peut-être quelque peu. L’exhortation post-synodale sur la famille, essaye des
approches pour amener à une reconstitution des tissus familiaux. Nous n’allons
tout de même lui mettre encore cela sur le dos, le pauvre… Sa croix ne
devrions-nous pas l’aider à la porter ?
Mais alors comme reconstruire et se rassembler autour de
quoi et pourquoi ? Est-ce simplement au nom de valeurs ? Le sujet est
d’actualité, mais autour de valeurs fondées sur quoi ? Une définition
commune minimale et misérable ? Elle fluctue et se dissout. Nous sentons
bien des interrogations, au point que nous irions plutôt dire sur
qui fonder une valeur nouvelle. Qui nous fera connaître ce que devrait
être une famille et sur quoi se baser.
Nous fêtions vendredi sainte Jeanne de Chantal qui fonda
l’ordre de la Visitation avec Saint François de Sales. Dans son Traité de
l’amour de Dieu, celui-ci va droit au but à propos de notre Evangile et en
donne une clef. Il donne même la clef du paradis. Un chérubin fut mis à la porte du paradis
terrestre avec son épée flamboyante (Gn 3,24), dit-il, pour nous
apprendre que nul n’entrera au paradis céleste, qu’il ne soit transpercé du
glaive de l’amour.
Ami de Dieu, le doux Jésus, qui nous a rachetés par son
sang, désire infiniment que nous l’aimions, afin que nous soyons éternellement
sauvés,… afin que nous l’aimions éternellement… * « Je suis venu pour
mettre le feu au monde; qu’est-ce que je désire sinon qu’il brûle? » Le
Seigneur nous demande d’aimer son Père de tout notre cœur.
Il emploie pour nous demander de le faire, dit saint
François, les richesses de sa bonté. Il fait tout ce qu’il peut pour nous aider
à comprendre que sa compassion et sa miséricorde s’étendent sur toutes ses
œuvres, qu’elle surpasse son jugement, que son amour est infini. L’ancien
français utilise un mot qui a disparu, celui de « misération ». Ses « misérations »
sont sur toutes ses œuvres. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés parce
qu’il est miséricorde.
Comment va se reconstruire la famille de Dieu ? Autour
de Jésus ! S’il annonce une division, c’est pour nous dire que rien de
solide ne peut s’édifier si Dieu n’est pas présent. Quand l’est-il? Lorsque la
miséricorde est là, présente dans nos familles. Il ne s’agit pas du plus petit
commun dénominateur, du « pas de vague », mais de la Miséricorde,
avec un grand M. On ne peut rentrer dans le Jardin des origines, retrouver la
paix et l’unité, sans être transpercé par le glaive de l’amour, sans un amour
vécu et bien réel qui n’en reste pas aux portes des bonnes pensées. On a
beaucoup parlé de l’exhortation du Synode sur « la joie de l’amour ».
Elle a pour justement pour but de nous faire retrouver la clef de l’amour et de
la miséricorde que nous avons perdue dans la boue de notre égoïsme et de nos
complicités avec le mal.
Dans la première lecture, nous avions entendu que Jérémie avait
été jeté dans la boue au fond d’une citerne. Il annonçait l’abaissement de Dieu
qui allait venir à notre rencontre, partager nos misères et notre misère. Dans
son histoire, on raconte que de nuit, un proche du roi était venu lui permettre
de quitter cette citerne avec un cordage bricolé au moyen de chiffons… Il
voulait quitter sa prison, sommes-nous prêts à le faire pour retrouver la
lumière ? A fournir cet effort, à quitter nos bas-fonds boueux ?
Jésus a eu de grandes angoisses en voulant accomplir ce que
son Père lui demandait pour être témoin d’un amour qui va jusqu’au bout : Je
dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il
soit accompli ! Les Pères disent qu’il est angoissé à l’idée de sa
mort ; ce sentiment est mêlé avec la hâte qui l’habite de voir les hommes
pouvoir accueillir la miséricorde. « Renonçant à la joie qui lui était
proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il
siège à la droite du trône de Dieu. » nous dit l’épître aux hébreux.
Suivre Jésus, dire oui à la miséricorde, cela peut provoquer
des craintes. Changer de vie, croire à la Bonne Nouvelle vont de pair. Les plus
jeunes adorent se donner des décharges d’adrénaline en prenant des risques,
nous devenons avec le temps plus circonspects Ils disent c’est calculé… En fait
pas toujours très bien, il y a des accidents. Pourquoi ne pas prendre, nous ce
risque. Mais n’est-ce pas une peur bien placée que ce risque-là ? le
risque de « l’Escalade » de l’Evangile ? Le risque du pardon, de
la main tendue, le risque des œuvres de miséricorde, celui de l’amour de Dieu
et du prochain. Méditons sur ce qu’a fait Jésus, et « vous ne serez pas accablés par le
découragement. »
Pourquoi ne pas prendre aussi l’exemple d’amour pour les
familles Saint Maximilien Kolbe que nous fêtons aujourd’hui ? Dans son
bunker, il avait donné sa vie pour un Père de Famille… Il a voulu se sacrifier
comme Jésus lui-même l’a fait pour nos familles.
Terminons par une de ses prières à Notre-Dame :
O Vierge immaculée, choisie entre toutes les femmes pour
donner au monde le Sauveur ; toi qui fus la fidèle servante du Seigneur,
donne-nous de répondre à l’appel de Jésus et de le suivre sur le chemin de la
vie qui conduit au Père.
Vierge toute donnée à Dieu, arrache-nous au péché, transforme
nos coeurs.
Amen.
* Traité de l'amour de Dieu Livre II - Chap. VIII - Comment Dieu désire que nous l'aimions.
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