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jeudi 8 juin 2023

Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur.

 


Miracle de Favernay

Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur.

Lectures de la messe

  • Première lecture « Dieu t’a donné cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez conn... Dt 8, 2-3.14b-16a
  • Psaume Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Ps 147 (147 B), 12-1...
  • Deuxième lecture « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul... 1 Co 10, 16-17
  • Séquence
  • Évangile « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » Jn 6, 51-58


Introduction

Chers Frères et sœurs, bonjour et bienvenue à chacun et à chacune, pour célébrer cette solennité du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ.  L’Eucharistie est un mystère dont nous avons la plus grande difficulté à percevoir clairement ne serait-ce que le commencement de la profondeur. Il se découvre tout au long de notre vie. Avec la réflexion nous pouvons envisager que Dieu soit un pur esprit, mais le concevoir comme un homme de chair et de sang, avec une âme, cela dépasse notre entendement. Nous entrons dans une sorte d’obscurité. C’est encore plus difficile lorsqu’il se rend présent sous les apparences du pain et du vin.

Nos sœurs du Carmel, ainsi que nous l’avait dit Mgr Denis en la fête de Marie mère de l’Église, nous avait mis en valeur le fait que nos sœurs du Carmel ont fréquemment tout un programme spirituel et théologique dans les noms qu’elles choisissent et reçoivent. On le retrouve facilement en cherchant un peu. Nous avons par exemple une bienheureuse Marie-Candide de l’Eucharistie, béatifiée en 2004, Sœur Marie de l’Eucharistie une nièce de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la prieure du Carmel du Pater à Jérusalem porte le nom de Sœur Agathe Marie de l’Eucharistie. 

Nous aurons une pensée pour le pape François dont l’opération des intestins s’est bien déroulée hier. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et ses parents dont le pape a vénéré hier encore les reliques présentes sur la place Saint-Pierre, l’ont certainement aidé. Il a rappelé le rôle et la passion de Thérèse pour l’évangélisation.

Mais rappelons-nous que Jésus d’abord est réellement présent au centre de nos vies et nous accompagne sur nos chemins à travers le désert.


Homélie

Chers Frères et Sœurs,

La séquence « Ecce panis angelorum » Voici le pain des anges que nous entendons avant l’Évangile lors de cette fête du Saint-Sacrement a pour origine saint Thomas d’Aquin et le pape Urbain IV, au 13ème siècle. La tradition rapporte qu’un miracle était survenu à Orvieto après qu’un prêtre ait douté de la présence du Christ dans l’Eucharistie. Le sacrement de l’ordre ne nous rend pas parfaits.

« Le voici, le pain des anges, il est le pain de l’homme en route, le vrai pain des enfants de Dieu, qu’on ne peut jeter aux chiens. » L’expression pain des anges, doit plutôt être entendue comme la manne donnée par les anges aux Hébreux dans le désert (art. du Père J-B Frey sur l’angélologie Juive). Il est vrai qu’ils sont nourris aussi et perpétuellement par la vision de Dieu, eux qui sont de purs esprits. Nous-mêmes, dans l’éternité, nous n’aurons plus besoin de la médiation du sacrement de l’ordre dans l’éternité. Notre croissance sera achevée et nous verrons Dieu de nos yeux de chair.

C’est au passage du Deutéronome, que nous avons lu tout à l’heure, que fait allusion le Seigneur. Il n’est pas là d’abord comme un don  statique, une adoration immobile, si vous me permettez, mais bien d’une nourriture sur le chemin, pour grandir jusqu’à la vie éternelle. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Même Thérèse voulait passer son ciel à faire du bien, elle voulait être active. Mais l’adoration est importante, et les anges voient sans cesse la face de Dieu, adorent et remplissent des missions.

Le pain et le vin avaient un rôle important dans la liturgie du temple, et aussi dans les liturgies familiales juives. en particulier celles de la Pâque. Le lien entre le sacrifice de la Pâque et l’institution de l’Eucharistie sont incontestables. Lors des sacrifices le fait de consommer une partie de l’offrande manifestait un lien entre ceux qui le faisaient et le Seigneur. Le sacrifice personnel du Seigneur est rendu présent dans la célébration Eucharistique. Il se rend présent au milieu de nous. Présent, il va aussi l’être à chacun de ceux qui le reçoivent et il entre en communion avec eux. Il nous transforme.

Que Dieu devienne homme, et que Jésus se soit déclaré Fils de Dieu, cela a été le grand scandale de ceux qui l’ont entendu. Lorsque le Seigneur a dit que celui qui ne mange pas son corps et ne boit pas son sang, n’aura pas la vie en lui, cela a du être une cause de scandale. C’était insupportable, pour ceux qui l’entendaient. Le sang a une symbolique extrêmement forte, il représente, il est la vie de la personne. Nous nous rendons un peu compte du pas intérieur qu’ont eût à franchir les Apôtres et les premiers disciples pour faire de l’Eucharistie non seulement un signe de ralliement, mais le moment principal de leurs rencontres. Jésus est parti auprès de son Père, mais se rend réellement présent, chaque jour, à chaque eucharistie, dans son Église. Il le fait pour nous aider à avancer, à marcher. 

La première épître aux Corinthiens est pour nous un précieux témoignage de ce que faisaient les communautés et saint Paul lui-même dans celles qu’il avait fondées. Une datation de son épitre remonte à 55 environ. C’est un témoignage précieux.

Quelqu’un m’a demandé hier, par hasard, ce que disait saint Augustin aux catéchumènes plus de 300 ans après saint Paul, dans son catéchisme. Je vous le partage : « Le Seigneur donne à tous les êtres les aliments et le breuvage; il est le pain des esprits et la source où ils viennent se désaltérer. Et cependant, il s’est condamné à la faim comme à la soif. Il a supporté les fatigues du voyage, et c’est lui qui s’est fait notre voie pour nous conduire au ciel ; il a mis fin à nos tourments, et il a enduré celui de la croix; enfin il a ressuscité les morts. » 

Et ailleurs dans un sermon : « Ce pain donc que vous voyez sur l'autel, une fois sanctifié par la parole de Dieu, est le corps du Christ. Ce calice, ou plutôt ce que contient ce calice, une fois sanctifié aussi par la parole de Dieu, est le sang du Christ; et le Christ Notre-Seigneur a voulu par là proposer à notre vénération son propre corps et ce sang qu'il a répandu en notre faveur pour la rémission des péchés. » 

Le Seigneur doit être vénéré et adoré dans son Eucharistie, nous avons la chance de pouvoir venir l’y adorer. Mais n’oublions pas qu’il se fait pour nous pain et nourriture de notre voyage vers Lui, pour le moment, jusqu’au jour où il sera tout en nous et tout en tous. Il n’y aura alors plus besoin de prêtres. Il nous aide à accomplir notre chemin vers lui, mais aussi vers les autres. 

Selon le pape François, Pierre a du lui aussi accomplir tout un chemin pour reconnaitre que le centre n’est pas son Jésus, celui qu’il se représentait, mais le vrai Jésus. Il tombera encore, mais de pardon en pardon, il reconnaîtra toujours mieux le visage de Dieu. Et il passera d’une admiration stérile du Christ qui est en fait une sorte d’admiration et d’adoration de soi-même et de ses représentations à l’imitation concrète du Christ. L’Eucharistie doit nous aider à rencontrer l’autre en vérité et en croissance, avec des hauts et des bas.

Il est le pain rompu pour donner la joie au monde et pour notre joie. 

Depuis le 19ème siècle, inspiré par le miracle eucharistique de Faverney se déroulent des congrès eucharistiques, régionaux et pour l’Église universelle. Je vous rappelle pour mémoire que celui qui a eu lieu en  2021 en Hongrie a eu pour thème : «En toi, toutes nos sources !» (Ps 87, 7), et que le prochain, le 53ème , aura lieu en 2024 à Quilto en Equateur. "La fraternité pour guérir le monde". "Vous êtes tous frères" (Mt 23,8).

Je vous ai mentionné tout à l’heure le nom d’une bienheureuse carmélite, Marie-Candide de l'Eucharistie. J’ai vu dans ses éléments de biographie, qu’elle était en admiration devant l’obéissance de Jésus jusque dans l’Eucharistie. C’est vrai qu’il se fait très dépendant de nous, d’abord du prêtre qui aurait bien besoin de vivre en accord avec ce qu’il célèbre, mais aussi de nous tous qui le recevons et le rencontrons lorsqu’il est au tabernacle ou exposé… Nous sommes toujours émus et dans l’admiration devant une maman qui s’occupe en particulier d’un bébé complètement dépendant. Ne devrions-nous pas avoir un respect et amour analogue pour l’Eucharistie ? Il se fait petit et dépendant dans la petite hostie. Respectons-nous aussi le Christ dans notre voisin ?

Concluons avec Marie dans l’Église naît de l’Eucharistie : « Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, disait saint Jean-Paul II, rien ne nous aide à vivre le mystère eucharistique autant que cette spiritualité. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat! » Amen !) 


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