Une pléiade d'artistes jurassiens du 18ème siècle a travaillé, à cette occasion, à embellir le
maître-autel de Notre-Dame du Vorbourg. On y trouve un retable doré, dont la
sculpture est due à MONNOT (décision du 4 avril 1720), sur lequel figurent deux saints patrons :
Saint Imier et Saint Othmar. L'ensemble de l'autel majeur a été doré par les
soins de TAVANNE, suite à la résolution du conseil, en date du 9 octobre 1720. Pour compléter
l'agencement du choeur, le Maître-bourgeois confie à MERTENAT, la confection
"d'un Saint-Esprit", sous forme de colombe.
Nous devons à Christoph Blarer de Wartensee, dont un oncle fut Abbé de Saint-Gall cette dévotion à ce saint cher à sa famille et présent sur l'autel de la Vierge.
L'extrait de la Légende de Saint Othmar traduite par mon confrère latiniste, permet de comprendre le panneau du retable qui lui est consacré.
CHAPITRE 8. Comment, de façon admirable, la tempête fut
apaisée dans la translation de son corps.
Ayant quitté le rivage, comme ils se lançaient au large sur
des voies incertaines, et comme ils ramaient de toutes leurs forces, désirant
rentrer le plus vite possible, aussitôt le vent et la pluie firent irruption
avec une telle violence qu’ils auraient grand peine, pensaient-ils, à s’en
sortir. Mais par une admirable disposition de la toute puissance divine, et (à
ce que nous croyons) par les mérites du saint homme, il se produisit que les
éléments qui – à nous paraissent insensibles – obéissant aux ordres de leur
créateur, se comportèrent comme s’ils comprenaient qu’ils portaient les
reliques du saint homme. La mer, agitée par la tempête accompagnée de pluie,
suspendit ses eaux dans les hauteurs et ne fit aucun mal à ceux qui ramaient,
mais partout où arrivait le navire, les vents étaient repoussés et les flots
gonflés s’aplatissaient. Et ainsi, entourés de tous côtés par la masse des
ondes et le souffle des vents, ils en étaient séparés par un espace non
négligeable comme si l’esquif était ceint d’une haie protectrice de sorte que
pas même une goutte d’eau ne tomba sur eux, alors que la pluie inondait
violemment de part et d’autre. De même pour les cierges allumés à la tête et
aux pieds du bienheureux en son honneur : une fois allumés, leur flamme ne s’éteignit
jamais jusqu’à l’arrivée du corps au monastère.
CHAPITRE 9. Abondante boisson servie par le ciel. Lieu où
son corps fut enseveli après sa translation.
Reste encore un miracle que le Seigneur révéla aux frères
dévots dans la translation du saint corps. En effet, comme ils étaient fatigués
après avoir ramé avec une grande ardeur, l’heure étant venue de se reposer et
de refaire leurs forces par un aliment corporel, ils célébrèrent les louanges
du Seigneur, après quoi ils s’assirent et, comme ils se disaient que pour un
joyeux repas, il fallait y mélanger la consolation d’un breuvage, l’un des
serviteurs rapporta qu’il ne restait plus aucune boisson, sauf celle qui était
contenue dans un petit flacon, ce qui aurait à peine suffi à l’un d’eux, pour
goûter plutôt que boire, mais eux évoquèrent les miracles du Seigneur, comment
il avait nourri une grande multitude avec peu de pains. Sur ce, avec le peu
qu’ils avaient, ils firent une charitable distribution à tous ceux qui étaient
là. Et, de façon merveilleuse, la boisson qu’on puisait dans le flacon se mit à
augmenter de telle sorte qu’un continuel écoulement ne semblait pas la diminuer
jusqu’à ce que la soif des buveurs fut vaincue par l’abondance. Alors, remplis
de stupeur devant l’étrangeté du fait, ils rendirent des actions de grâce et
des louanges au Seigneur dispensateur de tous les biens, lui qui pourvoyait de
façon si merveilleuse à leur suffisance. Et aussitôt qu’ils arrivèrent au terme
de leur voyage, la boisson cessa dans le flacon. Et comme ils touchaient terre
en arrivant au port qu’ils désiraient, ils racontèrent point par point ce qui
s’était passé aux frères qui arrivaient au-devant d’eux avec les louanges de
Dieu ; alors, après avoir célébré leur joie en commun, ils transportèrent le
corps du saint homme au monastère avec honneur et le déposèrent dans un
sarcophage entre l’autel de Saint Jean-Baptiste et le mur. C’est là ensuite
que, par l’action des mérites du saint, le Seigneur daigna manifester des
miracles dignes de mémoire.
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