P. Marko Rupnik, s.j.
4ème Dimanche de l'Avent
1ère lecture : « Voici que la vierge est enceinte » (Is 7, 10-16)
2ème lecture : Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu (Rm 1, 1-7)
Evangile : Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)
Frères et Sœurs,
Lorsqu'un enfant arrive une des grandes questions est celle du nom. S'agit-il d'un garçon ou d'une fille? La technique dans les pays "riches", permet de limiter le questionnement, mais certains parents préfèrent attendre le cadeau surprise. Quand vous avez choisi le nom de vos enfants, si vous avez
eu le bonheur de vous appliquer à ce type de prophétie parentale, vous aurez
peut-être interrogé la tradition, mais tout à coup aura surgi du milieu des
étoiles, « le nom », parmi les stars, les chanteurs et vos héros
favoris, ou même des hommes politiques que vous admirez, des rois et des
reines, un délicieux prénom rétro ou bien toute une série où vous aurez intégré une
généalogie parentale. Peut-être avez-vous même essayé de tester si l’officier
d’Etat civil acceptait tout votre arbre de Jessé ? Sur un site (français) donnant des conseils, j’ai lu que
la loi ne fixait pas de restriction, mais qu’une liste trop longue risquait de
poser quelques soucis administratifs ou informatiques. « De plus,
n'oubliez pas qu'à chaque inscription ou renouvellement de carte d'identité,
votre enfant devra les recopier) et citation « sans s'emmêler les
pinceaux. »
Voilà pour la bonne humeur.
Aujourd’hui nous est révélé par la bouche de l’ange, le nom
de Jésus. Aimable questionnement : Pourquoi est-ce que dans saint Luc,
c’est à Marie que l’ange dit : « Tu l’appelleras du nom de
Jésus. » Et dans saint Matthieu, c’est Joseph à qui est révélé ce
nom ?
Le piquant est que le
texte un peu plus loin paraît vouloir citer manifestement le passage d’Isaïe
entendu tout à l’heure. La Vierge enfantera un fils « On lui donnera le
nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». » Or, la traduction qui nous est donnée de ce
texte de Matthieu nous disait : « elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel. »
Ce n’était pas on, mais tu, pas lui, mais elle. Quelle option choisir ? Je vous laisse le
bonheur de trancher en allant parcourir les notes des différentes versions de
vos bibles. Mais nous pouvons toujours nous dire que c’est au moins une
invitation pour les parents à se mettre d’accord.
Quant au fond, n’est-ce pas une invitation à la joie qui
nous est donnée, à une très grande joie, Dieu avec nous, Dieu sauve. N’est-ce
pas une nouvelle qui ne peut être qualifiée que d’extraordinaire ?
La nouvelle paraît tellement incroyable en elle-même que
Dieu s’est caché en quelque sorte derrière l’image d’un prince, d’un roi de la
terre.
Acaz était dans la pire des situations, assiégé par Samarie
et Damas. Par cette prophétie, il est donné une espérance à la lignée de David,
par un descendant : Ézéchias. Mais il va tant décevoir que le prophète se
tournera vers un autre roi qui sera donné à Juda et à tout Israël. Ils étaient
dans l’attente d’un sauveur… Pourtant jusqu’à aller imaginer que « Dieu
avec nous » voudrait dire plus que Dieu nous est favorable et marche avec
nous, l’auraient-ils pu ? C’est pourtant ce qui se passe, Dieu lui-même,
en personne vient nous sauver. Le pas à
franchir sera encore plus grand pour tout le peuple.
La grande Antienne
ô pour ce 18 décembre est : « O Adonaï, guide du peuple d'Israël, qui
êtes apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent, et lui avez donné vos
commandements sur le mont Sinaï, armez votre bras, et venez nous sauver. »
Pensons que c’est Dieu, Adonaï, qui s’est révélé à Moïse dans le
buisson ardent, le tout autre, le tout-puissant, celui dont on ne peut voir la
face sans mourir, c’est lui qui vient en personne. Il vient honorer lui-même sa
promesse dont il est seul à connaître tout le contenu. Il vient dans une lignée
royale, mais il va se cacher, renoncer non seulement aux attributs de sa divinité, mais d’une royauté telle qu’on
la concevrait de tout temps. Il ne vient pas en détenteur d’une autorité
exécutive civile dirait-on aujourd’hui. Il ne vient pas en autocrate, écrasant tout ce qui le
contredit et s’oppose à lui. Il vient humblement non pas seulement sous les
traits d’un petit enfant, mais comme un enfant, en enfant vrai et bien réel. Il s’est incarné dans le sein
de Marie, il a attendu 9 mois dans son arche d’alliance. Il a été fragile comme
tous les enfants qui ne sont pas encore nés. Marie a veillé sur lui, l’a
attendu et entouré par son corps et de toute son âme.
Joseph prend Marie chez lui avec l’enfant qui va naître
d’elle. Jésus a voulu naître dans une famille. Joseph va lui donner toute sa
légitimité. Lui pauvre pécheur, lui l’homme juste aussi, accueille le Messie.
Il est justifié par ce petit enfant qu’il fait entrer dans sa maison, dans la
maison de David. Il accueille Marie son épouse, ainsi que l’ange le lui a
demandé. Quelle foi en cet homme. Prends chez toi, Marie, ton épouse,
dit l’ange dans la version de saint Matthieu… Vous aurez pris garde au fait que
nous retrouvons cette sorte de dialogue mentionné au début de nos réflexions,
si nous pensons à la prière où sont
mentionnés les saints dans la prière eucharistique. Permets qu’avec la Vierge
Marie, la bienheureuse Mère de Dieu, avec saint Joseph son époux… Marie
est la première, et d’une certaine manière aide Joseph à grandir aussi. Ton
époux, son époux… Puis vient le cortège de tous les saints et de tous nos
prénoms. Dieu a besoin de messagers d’anges pour porter de par le monde et
autour de nous la Bonne Nouvelle… C’est pour cela que j’aime à les mentionner
dans la prière. C’est une foule immense qui nous accompagne et nous tire vers
le haut. Dieu veut avoir besoin de nous, il veut se faire faible et dépendant
pour se manifester au monde. Nous avons de par notre baptême été mis à part
pour annoncer l’Évangile de Dieu. C’est à Bethléem que nous allons nous mettre
à l’école de Jésus et de la Sainte Famille, déjà les anges nous y invitent. Le
pape pour ses 80 ans hier, mentionnait que durant l’Avent nous apprenons «l’histoire
d’un Dieu qui a voulu marcher avec son peuple et se faire, à la fin, Un, Homme,
avec chacun de nous». L’enfant de la crèche est Dieu avec nous. Préparons-nous
à l’accueillir en ces derniers jours qui nous séparent de Noël. Même si à un
moment nous réalisons que nous n’avons toujours rien compris, il n’y a rien à
craindre de lui, il est Dieu avec nous, Emmanuel, Dieu qui sauve, Jésus. Amen.
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