17 JUIN 2018 - 11ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B
Lectures de la messe
Première lecture« Je relève l’arbre renversé »Ez 17, 22-24
Psaume Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce !91 (92), 2-3, 13-14,...
Deuxième lecture« Que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’es...2 Co 5, 6-10
Évangile« C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit...Mc 4, 26-34
Frères et Sœurs,
Le Seigneur nous donne une leçon de pédagogie dans l’Évangile
d’aujourd’hui. Les paraboles sont apparemment un langage qui peut permettre à
chacun de comprendre, mais si l’on approfondit, d’autres instruments deviennent
nécessaires. Il n’en demeure pas moins qu’il a voulu tous puissent globalement
comprendre. Son enseignement n’a pas été réservé à une caste d’universitaires ou
ni voulu mettre en place une gnose avec ses castes. Il n’en demeure pas moins
qu’il a vu une utilité certaine dans le savoir de Paul, de saint Paul, qu’il a
appelé à son service… La liturgie nous a donc offert des paraboles et des
comparaisons qui sont en harmonie avec cette période printanière de l’année, et
aux portes de l’été… Le pape vient à Genève pour le 1er jour de
l’été, le 21 juin et non le 14 juillet…
L’ensemble des lectures veulent nous faire comprendre la
mystérieuse croissance du règne de Dieu. Elle se réalise grâce à la lumière de
Dieu, mais dans une mystérieuse obscurité. Le Seigneur prend l’exemple du blé
et d’un champ de blé. Le grain peut se multiplier de manière assez
extraordinaire. Je ne sais pas ce que donneront les récoltes cette année, il
est plus que prudent de laisser aux professionnels de terrain et non de bureau
le soin de faire des prévisions.
Puis vient une autre comparaison, celle d’une graine de
moutarde. Cette graine minuscule produit une plante qui grandit à un point tel que les oiseaux
viennent nicher dans ses branches. Nous avions déjà vu que de tels
développements se produisent parfois au Proche-Orient. La petite graine de 1 à
2 mm produit une plante qui peut atteindre entre 2 et 3 m. Le mot sénevé,
sinapis est mentionné à 5 reprises dans les Évangiles, pour expliquer la
croissance de la foi.
La 1ère lecture et le psaume ne peuvent me laisser
indifférents. Qui a vu des cèdres millénaires ne peut qu’en avoir été impressionné.
Ils étaient employés dans l’antiquité pour la construction des navires, le bois
étant réputé imputrescible, et pour la construction des temples, dont celui de
Salomon. Ceux qui connaissent un peu Genève savent que ce canton-ville possède
les plus anciens exemplaires de Suisse, plantés officiellement en 1735. Les
plus âgés du Liban le sont 10 X plus paraît-il… « À la cime du grand cèdre, je prendrai
une tige et la planterai sur une haute montagne d’Israël… Elle portera des
rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous
d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de
ses branches ils habiteront. » Voilà qui dépasse encore le sénevé. Quel
passionnant exercice que celui de l’observation de la nature et des oiseaux. En
rentrant de notre réunion avec le Jura Pastoral à Courgenay, j’ai vu un vol de
martinets ou d’hirondelles pour la première fois de l’année. C’est heureux, ils
se font fait beaucoup attendre cette année.
Le Seigneur aime la nature qu’il a créée, et qu’il nous a
confiée, mais il porte encore plus d’intérêt à notre vie spirituelle, puisque
nous sommes les plus proches de lui dans l’ordre de la création. Il crée
directement nos âmes immortelles.
Le symbole du sénevé et celui du cèdre peuvent être
interprétés comme renvoyant à l’Église et à l’annonce du Royaume. Tous les
peuples viendront se réfugier comme ces oiseaux à l’ombre de ses branches. Comme
c’est aujourd’hui le dimanche des réfugiés, pourquoi ne pas relever aussi la
belle image qu’est celle de l’Église et du Christ rejetés? Issue d’Israël,
rejetée, elle a été transplantée ailleurs et a donné son fruit. Elle rassemble
maintenant les peuples de toutes les nations… Elle en fait un seul Peuple, le
Peuple de Dieu. D’Israël, l’Église a hérité le meilleur, en la personne du
Christ. Mystérieusement elle est issue aussi de son côté transpercé.
Ceux qui arrivent de l’extérieur dans notre pays, nous
apportent des éléments positifs de leurs
cultures, des rameaux issus de celles-ci. Il n’y a pas que leur capacité de travail… ou
leur misère parfois, mais aussi une sagesse ou un surcroît d’humanité, des
valeurs. Nous sommes dans un monde globalisé où difficultés, richesses et
misères ne restent pas longtemps cachées et ne peuvent être ignorées. Un peu de
chaleur méridionale de l’Italie, de l’Espagne du Portugal et d’ailleurs, un
sens de la famille, ne nuisent certes pas à une certaine raideur germanique…
attribuée aux gens du nord. Pour un peu de bonne humeur, vous m’excuserez de rappeler
un vieux film classique, le fameux faiseurs de Suisses qui nous a fait passer
d’excellents moments. Cela dit, il ne s’agit pas de nier les problèmes. Mais combien
d’entre nous n’ont-ils pas eu aussi de membres de leurs familles qui ont du
s’exiler ? On comptait en 2017, 752 000 Suisses de l’étranger. Il y a de
quoi tempérer certains agacements. Nous vivons grâce à notre commerce et à
notre industrie où beaucoup d’immigrés travaillent, encore un argument
modérateur. « Qui vous accueille, m’accueille. » dit le Seigneur. Le
pape François pour qui ce thème est cher nous permet une citation puisqu’il
vient nous rendre visite. « Une attention spéciale doit être réservée, disait-il
récemment, aux enfants migrants, à leurs familles, à ceux qui sont victimes des
réseaux de trafic humain et à ceux qui sont déplacés en raison de conflits, de
désastres naturels et de persécutions.» Tous les migrants attendent «que nous
posions sur eux notre attention, notre compassion et notre dévouement».
La foi nous permet de devenir au final un seul Peuple,
pouvons-nous oublier qu’elle est un puissant facteur d’intégration ? Elle
tisse des réseaux et unit. « L’interdépendance des créatures est voulue par
Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau
: le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie
qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles n’existent qu’en
dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les
unes des autres » (catéchisme et laudato si). Pour les hommes c’est la même
chose, nous dépendons les uns des autres et du créateur.
Notre ambition à tous, c’est de plaire au Seigneur. Le reste
qu’importe, tout passe si vite. Tout passe Dieu seul demeure et nous-mêmes ne
faisons que passer. Ne sommes-nous pas en migration vers la vie éternelle,
comme ces hirondelles qui passent d’un continent à l’autre. Alors, ce sera d’un
monde à l’autre.
Marie est comparée au cèdre du Liban dans certaines Litanies
et à la Sagesse. Demandons-lui d’être
disponibles à l’action de l’Esprit comme elle l’a été, pour donner leur chance
à ceux qui en ont besoin. Par son oui, elle nous a donné à tous notre grande
chance, son Fils qui nous a obtenu la vie éternelle. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire