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lundi 8 août 2016

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix


Homélie du Pape Jean-Paul II pour la béatification de Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix le 1er mai 1982 à Cologne La documentation catholique • 7 juin 1987 • N° 1941
« Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. « (Ap 7, 14.)

1. Nous accueillons aujourd’hui avec une profonde vénération et une sainte joie parmi ces bienheureux et bienheureuses, une fille du peuple juif, riche de sagesse et de vaillance. Élevée à la forte école de la tradition d’lsraël, marquée par une vie de vertu et d’abnégation dans la vie religieuse, elle fit preuve d’héroïsme sur le chemin du camp d’extermination. Unie au Christ sur la croix, elle sacrifia sa vie pour la « paix authentique » et pour « son peuple » : Edith Stein, juive, philosophe, religieuse, martyre.

CHER CARDINAL HÖFFNER
CHERS FRÈRES,
CHÈRES SOEURS,



Par cette béatification se réalise aujourd’hui un souhait formulé depuis longtemps non seulement par le diocèse de Cologne mais aussi par de nombreux chrétiens et de nombreuses communautés au sein de l’Église. Il y a sept ans, l’ensemble de la Conférence épiscopale allemande avait adressé cette prière au Saint-Siège ; de nombreux évêques  de pays étrangers se sont joints à eux. Grande est aujourd’hui notre joie à tous, car aujourd’hui il m’est donné de répondre à ce voeu en présentant solennellement soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix aux croyants, au nom de l’Église, comme bienheureuse dans la gloire de Dieu. Honorons-la à l’avenir comme une martyre et qu’elle intercède pour nous auprès du trône de Dieu. Tous méritent à cette occasion mes meilleurs voeux, mais en premier lieu ses soeurs carmélites des couvents de Cologne et d’Echt, ainsi que l’Ordre tout entier. La présence à cette solennelle cérémonie liturgique de nos frères et soeurs juifs, en particulier des proches d’Edith Stein, nous emplit de joie et de gratitude.
2. « Seigneur, manifeste-toi au jour de notre tribulation !  Et donne-moi courage. » (Est 4, 17.) Cet appel à l’aide, entendu à la première lecture de la liturgie d’aujourd’hui, Esther, une fille d’lsraël, le lance alors que Babylone la retenait captive. La prière qu’elle adresse au Seigneur Dieu nous bouleverse profondément, car elle la prononce alors que pesait une menace mortelle sur tout son peuple : « Ô mon Seigneur, notre Roi, tu es l’Unique ! Viens à mon secours, car je suis seule et n’ai d’autre recours que toi, et je vais jouer ma vie… C’est toi, Seigneur, qui as choisi Israël entre tous les peuples ; et nos pères parmi tous leurs ancêtres pour être ton héritage à jamais… Souviens-toi, Seigneur… sauve-nous par ta main ! » (Est 4, 17, l-t.) Esther tremble d’une peur mortelle pour le peuple juif : le puissant Aman, ennemi juré des juifs, a donné l’ordre de les faire exterminer dans tout l’empire perse. Aidée par Dieu et risquant sa propre vie, Esther contribuera de façon décisive à sauver l’existence de son peuple. « Le Seigneur a pris ma vie pour tous les juifs »
3. Cette supplique vieille de bien plus de deux mille ans, la célébration solennelle d’aujourd’hui la replace dans la bouche de la servante de Dieu, Edith Stein, fille de l’Israël de notre siècle. Cette prière redevint actuelle lorsqu’ici, en Europe même, fut conçu le plan d’extermination des juifs. Une idéologie née d’esprits déments l’avait arrêté au nom d’un racisme satanique et exécuté avec une méticulosité implacable. Alors même que le drame de la Seconde Guerre mondiale se consommait, les camps d’extermination apparaissaient avec leurs fours crématoires. Plusieurs millions de frères et de soeurs d’Israël, des enfants jusqu’aux vieillards, trouvèrent la mort dans ces lieux d’horreur. Le monstrueux appareil répressif d’un État dictatorial n’épargna personne, et s’attaqua même à tous ceux qui avaient le courage de défendre les juifs.
4. Edith Stein a péri au camp d’extermination d’Auschwitz, en tant que fille d’un peuple lui-même martyrisé. Bien qu’ayant quitté le couvent des carmélites de Cologne, elle ne trouva qu’un refuge provisoire chez les carmélites d’Echt contre les persécutions grandissantes. Une fois les Pays- Bas occupés, l’envahisseur nazi décida sans tarder d’engager l’extermination des juifs, à l’exception, au commencement, des juifs baptisés. Mais lorsque les évêques catholiques des Pays-Bas, dans une Lettre pastorale, protestèrent vigoureusement contre les déportations, les potentats ordonnèrent, à titre de vengeance, que soient exterminés aussi les juifs d’obédience catholique. Ainsi soeur Thérèse Bénédicte de la Croix et sa propre soeur Rosa, qui s’était également réfugiée au carmel d’Echt, s’engagèrent-elles sur le chemin du martyre. Alors qu’elles quittaient le couvent, Edith prit la main de sa soeur et lui dit : « Viens, nous partons pour notre peuple. » Puisant ses forces dans le désir de se sacrifier comme l’avait fait le Christ, elle vit dans son impuissance apparente encore un moyen de rendre un dernier service à son peuple. Quelques années auparavant, déjà, elle s’était comparée à la reine Esther exilée à la cour des Perses. Nous lisons dans l’une de ses lettres : « Je crois que le Seigneur a pris ma vie pour tous (les juifs). Je ne peux m’empêcher de penser à la reine Esther qui fut enlevée à son peuple justement pour aller le défendre devant un roi. Je suis une petite Esther très pauvre et très impuissante, mais le Roi qui m’a choisie est infiniment grand et miséricordieux. »
5. Mes chers frères, mes chères soeurs, cette prière d’Esther qui forme la première lecture de cette messe solennelle est suivie, en deuxième lecture, par la Lettre aux Galates. L’apôtre Paul y écrit : « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, qui a fait du monde un crucifié pour moi et de moi un crucifié pour le monde. » (Ga 6, 14.) Sur le chemin de sa vie, Édith Stein elle aussi a rencontré le mystère de la croix que saint Paul annonce aux chrétiens dans cette lettre. Edith a rencontré le Christ, et cette rencontre l’a menée pas à pas à la clôture du carmel. Au camp d’extermination, elle est morte en fille d’Israël, « glorifiant son saint Nom (le Nom du Seigneur) » et en même temps en soeur Thérèse Bénédicte de la Croix, bénie par la croix. En quête de vérité La vie tout entière d’Edith Stein est marquée par une quête infatigable de la vérité, éclairée par la bénédiction de la croix du Christ. La croix, elle la rencontra dans la veuve fervente d’un ami d’études qui, au lieu de sombrer dans le désespoir, puisait énergie et espoir dans la croix du Christ. Elle écrira plus tard : « Ce fut ma première rencontre avec la croix et avec la puissance divine, que reçoivent ceux qui la portent… Ce fut l’instant où mon incrédulité s’effondra, et le Christ m’apparut rayonnant : dans le mystère de la croix. » Sa propre vie, son propre chemin de croix sont intimement liés au destin du peuple juif. Dans une prière, elle confesse au Sauveur « que c’est Sa croix qui a été mise aujourd’hui sur les épaules du peuple juif » ; et que tous ceux qui comprennent cela « doivent de bonne volonté accepter de la porter au nom de tous. Je voulais la porter, il suffisait qu’il me montrât comment ». Elle ressent simultanément la certitude intérieure que Dieu a entendu sa prière. Plus les croix gammées se multiplient dans les rues plus haut se dresse la croix du Christ Jésus dans sa vie. Lorsque, devenue soeur Thérèse Bénédicte de la Croix, elle entra au carmel de Cologne, pour partager encore plus intimement le poids de sa croix, elle sut qu’elle était « unie au Seigneur par le signe de la croix ». Le jour de ses premiers voeux, elle se sentit « comme la fiancée de l’Agneau ». Elle était convaincue que son céleste fiancé l’initierait au mystère de la croix.
6. Thérèse, bénie de la Croix, tel est le nom, dans l’Ordre des carmélites, que portait cette femme dont le chemin spirituel partait de la persuasion que Dieu n’existait pas. Dans ses jeunes années et pendant ses études, elle n’avait pas encore été marquée par la croix rédemptrice du Christ Jésus. Déjà pourtant la croix était l’objet de cette quête et de cette recherche permanentes que menait son intelligence pénétrante. Âgée de 15 ans, lycéenne, dans sa ville natale de Breslau, cette Édith née d’une famille juive décide « de ne plus prier », comme elle le reconnaît elle-même. Bien qu’elle ait été toute sa vie profondément impressionnée par la ferveur stricte de sa mère, elle se rapproche, adolescente puis étudiante, des milieux intellectuels athéistes. Elle ne croit pas à cette époque en l’existence d’un Dieu personnel. Pendant ses années d’études de psychologie, de philosophie, d’histoire et de littérature allemande, à Göttingen et Fribourg, Dieu ne jouera d’abord aucun rôle. Son esprit n’en est pas moins le siège d’un « idéalisme éthique exalté ». Comme il fallait s’y attendre d’une intelligence aussi douée, elle ne voulut rien laisser passer sans l’avoir examiné, pas même la foi de ses pères. Elle veut aller elle-même jusqu’au fond des choses. Elle recherche, infatigablement, la vérité. Se retournant sur cette période d’inquiétude spirituelle, elle y reconnaît une étape importante dans sa maturation intérieure lorsqu’elle constate : « Ma quête de vérité était mon unique prière ». Quelle phrase splendide à l’adresse de tous ceux qui ont peine à trouver la foi en Dieu ! La recherche de la vérité est déjà une recherche très profonde de Dieu. Fortement influencée par Husserl, son professeur, et par l’école phénoménologiste de ce dernier, l’étudiante inquiète se tourna avec de plus en plus de résolution vers la philosophie. Elle apprit peu à peu à «observer les choses sans préjugés et à rejeter toutes les « oeillères ». À Göttingen, la rencontre avec Max Scheler marque pour Edith Stein le premier contact avec les idées catholiques. Elle se rappellera plus tard : « Les obstacles formés par mes préjugés rationalistes dans lesquels j’avais grandi sans m’en douter se levèrent. L’univers de la foi m’apparut soudain. Les êtres que je côtoyais tous les jours, vers qui je levais des yeux admiratifs, vivaient dans cet univers. » Cette longue lutte intérieure vers l’adhésion personnelle à la foi en Jésus-Christ prit fin en 1921, lorsqu’elle se mit à lire, chez une amie, le récit autobiographique de la Vie de sainte Thérèse d’Avila. Ce livre la captiva immédiatement. Elle le lut d’un trait. « Lorsque je le refermai, je pensai : « Voilà la vérité ! » Elle avait lu toute la nuit, jusqu’au lever du soleil. Au cours de cette nuit, elle trouva la vérité, non pas la vérité de la philosophie, mais la vérité en personne, l’amour de Dieu. Edith Stein cherchait la vérité. Elle trouva Dieu. Elle se fit baptiser sans tarder et embrassa la religion catholique.
7. Pour Edith Stein, recevoir le sacrement du baptême ne signifiait aucunement rompre avec le peuple juif, son peuple. Au contraire : « J’avais cessé de pratiquer ma religion à l’âge de quatorze ans. Je ne me sentis de nouveau juive qu’une fois renoués mes liens avec Dieu. » Toujours elle aura conscience d’appartenir au Christ « non seulement spirituellement, mais aussi par les liens du sang ». Elle souffre elle-même terriblement de la peine qu’elle a dû infliger à sa mère en se convertissant. Elle l’accompagnera plus tard aux offices religieux à la synagogue et lira les psaumes avec elle. À sa mère qui constatait que l’on peut être juif et pieux, elle répondra : « Assurément, si l’on n’a rien connu d’autre. » Sur le chemin du Carmel Bien que, depuis sa rencontre avec les écrits de sainte Thérèse d’Avila, le Carmel eût été le but d’Edith Stein, il lui fallut attendre plus de dix ans avant que le Christ lui montre dans la prière la voie pour y entrer. Comme professeur et chargée de cours, dans son activité d’enseignement et de formation, surtout à Spire, puis à Münster, elle s’emploie désormais à unir l’une à l’autre la science et la vérité et à les communiquer ensemble à son auditoire. Ce faisant, elle ne veut être qu’un « instrument du Seigneur ». « Je mènerai à lui qui vient à moi. » À cette même époque, elle vit déjà une vie monastique, prononce privément les trois voeux et devient une grande priante, marquée par la grâce. En étudiant intensément saint Thomas d’Aquin, elle apprend que l’on peut pratiquer la « science comme un office divin… Seule cette constatation a pu me décider à réaborder sérieusement (après la conversion) les travaux scientifiques ». En dépit de la haute estime qu’elle éprouve pour la science Édith Stein reconnaît de plus en plus que le coeur de l’existence chrétienne n’est pas dans la science mais dans l’amour. Lorsque Edith Stein entre finalement au carmel de Cologne en 1933, cet acte ne signifie pas pour elle une fuite devant la réalité du monde ou devant ses responsabilités, mais au contraire une volonté d’autant plus ferme de suivre le Christ sur son chemin de croix. Elle déclare à la prieure du couvent lors de leur premier entretien : « Ce n’est pas l’activité humaine qui peut nous aider, mais les souffrances du Christ. J’aspire à les partager. » Pour cette raison même, au moment de prendre le voile, elle ne formulera d’autre souhait que celui d’être appelée « de la Croix » par les membres de son Ordre. Et, sur l’image pieuse commémorant ses voeux perpétuels, elle fera imprimer ces mots de saint Jean de la Croix : « Désormais, ma seule tâche sera d’aimer sans cesse davantage. »
8. Mes chers frères, mes chères soeurs, nous nous inclinons avec toute l’Église aujourd’hui devant cette femme remarquable qu’à partir de ce jour nous pouvons appeler bienheureuse dans la gloire de Dieu ; nous rendons hommage à cette grande fille d’Israël qui a trouvé dans le Christ rédempteur la plénitude de sa foi et de sa vocation, la vocation de servir le Peuple de Dieu. L’entrée au Carmel n’est pas, elle l’affirme « une perte pour les siens, en fait, c’est un enrichissement, car telle est bien notre tâche que de nous présenter à Dieu, au nom de tous ». Depuis que, « au pied de la croix », elle commença de mieux comprendre le destin du peuple d’Israël la bienheureuse Thérèse Bénédicte pénétra de plus en plus dans le mystère de la rédemption pour pouvoir, unie spirituellement au Christ, porter les souffrances multiples des humains et les aider à expier l’injustice flagrante de ce monde. Par son nom, « Bénédicte de la Croix », « celle qui est bénie par la croix » voulut porter la croix du Christ avec lui, pour sauver son peuple, pour sauver son Église et le monde entier. Elle s’offrit à Dieu en « victime expiatoire et pour la paix véritable », mais aussi et surtout pour son peuple juif menacé et humilié. Lorsqu’elle eut reconnu que Dieu imposait à nouveau une épreuve à son peuple, elle fut convaincue « que le destin de mon peuple était aussi le mien ». La « science de la Croix » Lorsque soeur Thérèse Bénédicte de la Croix commence d’écrire son dernier ouvrage théologique au carmel d’Echt — ouvrage qu’elle ne terminera jamais car il débouche luimême sur son chemin de croix —, elle fait cette remarque : « Lorsque nous parlons de la science de la Croix, il ne s’agit pas là… de théorie pure…, mais d’une vérité vivante, réelle et effective ». Alors que le mortel danger pesant sur le peuple juif s’approche aussi d’elle comme un noir nuage d’orage, elle est prête à réaliser dans sa vie ce dont, de longue date, elle s’est rendu compte : « Il y a une vocation de souffrir avec le Christ et donc de participer à son oeuvre rédemptrice… Le Christ continue de vivre dans ses disciples et de souffrir en eux ; les souffrances endurées en union avec le Seigneur sont ses souffrances, inscrites dans sa grande oeuvre rédemptrice, et, en elle, fructueuses. » Avec et « pour » son peuple, soeur Thérèse Bénédicte de la Croix accompagna sa propre soeur Rosa sur le calvaire de l’extermination. Elle ne se contenta pas d’accepter les souffrances et la mort passivement, elle les unit consciemment avec l’acte sacrificatoire et expiatoire de notre Rédempteur, le Christ Jésus. « J’accepte dès maintenant avec joie la mort à laquelle Dieu m’a destinée, dans une complète soumission et dans le respect de sa sainte volonté, avait-elle écrit dans son testament, quelques années avant sa mort ; je prie le Seigneur d’accepter mes souffrances et ma mort en son honneur et sa gloire divine, au service de… la Sainte Église. » Le Seigneur a exaucé sa prière. Aujourd’hui, l’Église nous présente Soeur Thérèse Bénédicte de la Croix comme une martyre bienheureuse, comme exemple de marche héroïque à la suite du Christ, pour que nous la vénérions et l’imitions. Ouvrons nos coeurs au message de cette femme en laquelle s’allient l’esprit et la science, et qui reconnut dans la science de la Croix le sommet de la sagesse, en grande fille du peuple juif et en chrétienne croyante, au milieu de millions d’innocents martyrisés. Elle vit la croix s’approcher d’elle implacablement ; elle n’a pas fui devant elle ; au contraire, elle l’a embrassée en chrétienne remplie d’espoir, dans un dernier geste d’amour et de sacrifice, la saluant même dans le mystère de la foi pascale : « Ave Crux, spes unica ! » Comme l’a écrit le cardinal Hoeffner dans sa récente lettre pastorale, « Edith Stein est un don, un appel et une promesse à l’adresse de notre temps. Qu’elle intercède auprès de Dieu, pour nous, pour notre peuple et pour tous les peuples ».
9. Mes chers frères, mes chères soeurs, c’est aujourd’hui un grand jour pour l’Église du XXe siècle : inclinons-nous profondément devant ce témoignage de vie et de mort livré par Edith Stein, cette remarquable fille d’Israël, qui fut en même temps fille du Carmel et soeur Thérèse Bénédicte de la Croix, une personnalité qui réussit pathétiquement, au cours de sa vie si riche, les drames de notre siècle. Elle est la synthèse d’une histoire affligée de blessures profondes et encore douloureuses, pour la guérison desquelles s’engagent, aujourd’hui encore, des hommes et des femmes conscients de leurs responsabilités ; elle est en même temps, la synthèse de la pleine vérité sur les hommes, par son coeur qui resta si longtemps inquiet et insatisfait « jusqu’à ce qu’enfin il trouvât le repos dans le Seigneur ». Si nous nous transportons en esprit sur le lieu de torture de cette grande juive et martyre chrétienne, sur le lieu de ce terrible événement aujourd’hui appelé « Shoah », nous entendons en même temps la voix du Christ, du Messie et du Fils de l’homme, du Seigneur et du Rédempteur. En messager de l’insondable mystère du salut divin, il s’adresse à la Samaritaine sur la margelle du puits de Jacob : « Le salut vient des juifs. Mais l’heure vient — et c’est maintenant — où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer. » (Jn 4, 22-24.) Que soit proclamée bienheureuse Edith Stein, soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, authentique adoratrice de Dieu — en esprit et en vérité. Oui, elle est bienheureuse. Amen.

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