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jeudi 16 juin 2022

Le Saint-Sacrement

 


 


16 juin 2022

Le Saint Sacrement — Année C - Solennité
Première lecture Melkisédek offre le pain et le vin Gn 14, 18-20
Psaume Tu es prêtre à jamais,
selon l’ordre de Melkisédek. Ps 109 (110), 1, 2, ...
Deuxième lecture « Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proc... 1 Co 11, 23-26
Séquence
Évangile « Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » Lc 9, 11b-17

Frères et Sœurs,

Nous remarquons que, assez curieusement, ce matin, ce n’est pas un récit de l’institution de l’eucharistie telle que proposé par les évangiles synoptiques qui nous est proposé dans l’Évangile, mais une multiplication des pains et des poissons.  L’Évangile de saint Luc, nous parle de cinq pains et de 2 poissons, d’un immense rassemblement de 5000 personnes, de 12 paniers qui font penser à une plénitude, aux 12 apôtres aux 12 portes de la Jérusalem céleste. Ces chiffres ont été diversement interprétés : Les rompre, ce peut être donner le sens des 5 livres du Pentateuque. Le nombre 2 renvoie selon certains au 2 testaments. Augustin y voit le prêtre et le roi dans la personne du Christ. Les poissons font penser à l’abréviation de Jésus-Christ, Fils de Dieu sauveur. Nous n’allons pas nous lancer dans la passionnante étude de la symbolique des nombres et de leur signification

L’Eucharistie est définie comme une louange, une action de grâce rendue à Dieu. Plus particulièrement, c’est l’action de grâce prononcée au repas juif, plus solennellement lorsqu’elle commémore la Pâque, la sortie d’Égypte. Chez les chrétiens, et plus précisément chez les catholiques, l’Eucharistie est la célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus Christ présent sous les espèces du pain et du vin. L’évêque et le prêtre sont les célébrants de l’Eucharistie, mais célébrer tout seul n'est pas une bonne chose, seulement une exception et cela se fait en communion avec toute l’Église.

L’Évangile met l’accent sur le rassemblement, l’immense assemblée réunie autour du Christ et des Apôtres. Le premier motif de la consécration du pain et du vin est de nous être donné comme aliment pour le chemin. A l’Ascension lors de son homélie le célébrant nous avait rappelé notamment qu’après sa montée au ciel, le Seigneur nous avait laissé l’Église et les sacrements. Le Seigneur se rend présent dans son Église et à chacun de nous par ce moyen. Nous sommes fait d’esprit, mais aussi de chair et de sang et le Seigneur vient nous nourrir, nous soigner, nous toucher par ces moyens, mais il veut aussi être regardé et adoré.

Il a voulu que nous recevions ces sacrements par la médiation de ministres ordonnés. Cela peut mettre notre et votre foi à l’épreuve parfois, nous sommes loin de la perfection. La première lecture nous a mis sous les yeux la figure annonciatrice et  prophétique de Melchisédech. Son nom signifierait « roi de Justice » il est parfois identifié par certains commentateurs à Sem, père des Sémites, fils de Noé qui aurait vécu  610 ans et aurait donc rencontré Abraham. La comparaison vient aussi marquer une rupture avec le sacerdoce issu d’Aaron le frère de Moïse. Saint Cyprien dans une de ses lettres (63,4) montre en ce roi l’image du Christ. « Il est une figure prophétique du mystère du sacrifice du Seigneur. L'Écriture dit : "Et Melchisédech, roi de Salem, offrit le pain et le vin. Or il était prêtre du Très-Haut, et il bénit Abraham." (Gen 14,18). Que Melchisédech, fût une figure du Christ, c'est ce que révèle dans les psaumes l'Esprit saint parlant au nom du Père et disant au Fils : "Je t'ai engendré avant l'étoile du matin. Tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech". (Ps 109,3). … Celui qui est la plénitude de toutes choses a réalisé ce que cette figure annonçait. La finalité n’est toutefois pas l’instrument mais ce que le Seigneur donne par lui. Il vient se donner lui-même.  Il veut avant tout nous unir à lui et nous transformer en lui : « Le Christ s'unit personnellement à chacun de nous, mais le même Christ s'unit également avec celui et celle qui sont à mes côtés. Et le pain est pour moi, mais également pour l'autre. Ainsi, le Christ nous unit tous à lui et nous unit tous, l'un avec l'autre. Nous recevons le Christ dans la communion. Mais le Christ s'unit également avec mon prochain:  le Christ et le prochain sont inséparables dans l'Eucharistie. Et ainsi, nous ne formons tous qu'un seul pain, un seul corps. Une Eucharistie sans solidarité avec les autres est une Eucharistie dont on abuse. Et ici, nous sommes aussi à la racine et dans le même temps au centre de la doctrine sur l'Eglise comme Corps du Christ, du Christ ressuscité. » « Dans la Communion, se réalise aussi le processus inverse. Le Christ, le Seigneur, nous assimile à lui, nous introduit dans son Corps glorieux et ainsi, tous ensemble, nous devenons son Corps. » (Benoît XVI)

Adorer et vénérer le Seigneur dans l’Eucharistie n’est pas une perte de temps. Nous avons la chance de pouvoir encore aller prier devant le Saint-Sacrement dans nos églises ouvertes, ne serait-ce qu’un moment, juste pour passer un moment avec lui. Ce n’est pas une perte de temps. C’est lui qui vient agir et nous transformer : « Il s’agit dit le pape François, d’un mystère d’attraction au Christ et de transformation en Lui. Adorer le Seigneur dans l’Eucharistie est une école d’amour concret, patient et sacrifié, comme Jésus sur la croix. « Elle nous enseigne à devenir plus accueillants et disponibles envers ceux qui sont à la recherche de compréhension, d’aide, d’encouragement, et qui sont marginalisés et seuls. La présence de Jésus vivant dans l’Eucharistie est comme une porte, une porte ouverte entre le temple et le chemin, entre la foi et l’histoire, entre la cité de Dieu et la cité de l’homme. » (François)

Accueillir Jésus dans l’Eucharistie, c’est accueillir tous ceux que nous aimons et ceux envers qui nous avons des difficultés. Une transformation mystérieuse s’opère en nous. Non, ce n’est pas une perte de temps. Nous pouvons le faire avec Marie qui a appris à le recevoir, à l’accueillir, à l’aimer et à le donner avec confiance. Son enfant lui a donné une confiance et une foi parfaite en son Père qui allait le ressusciter des morts.

Que Notre-Dame soit à notre côté sur notre chemin d’adoration.

 

Amen.