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dimanche 28 mai 2023

Viens Esprit-Saint

 

Chapelle du Righi Delémont les 7 dons du Saint-Esprit.

28 mai 2023 - Pentecôte — Année A

MESSE DU JOUR


    Première lecture « Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’aut... Ac 2, 1-11

    Psaume Ô Seigneur, envoie ton Esprit

    qui renouvelle la face de la terre !

    ou : Alléluia ! Ps 103 (104), 1ab.2...

    Deuxième lecture « C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour fo... 1 Co 12, 3b-7.12-13

    Séquence

    Évangile « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l...


Chers frères et sœurs,

Je vous souhaite à tous et à toutes une sainte Fête de la Pentecôte. Qu’est-ce que le mot de Pentecôte évoque pour nous ? La venue du Saint-Esprit, la colombe au baptême de Jésus ? Des flammes qui descendent sous forme de langue de feu sur les Apôtres ? Notre fête est liée à la fête juive de Chavouot (signifie « semaines »). Elle se célèbre au 50ème jour, soit 7 semaines après Pessah (Pâque) qui correspond au mot grec « Pentecôte ». C’est une des trois fêtes de pèlerinage. On y offrait les prémices des récoltes. Mais il s’agit avant tout de la fête du don de la loi au Sinaï. Pour nous, c’est le jour où l’Esprit descend sur la communauté pour y inscrire la loi de Dieu dans les cœurs et conduire ceux qui  le reçoivent à la perfection spirituelle de leur rencontre avec Dieu. La Pentecôte se réfère à la confirmation.

Il y a la colombe, mais aussi la couleur. Nous nous étonnons toujours un peu de la couleur du vêtement liturgique du prêtre à cette occasion, le rouge. Lorsque j’étais plus jeune, je me demandais pourquoi ce n’était pas du blanc, une colombe est pourtant blanche ! Cette couleur évoque pour les amoureux les roses rouges…, l’amour. Je vous laisse regarder la signification attachée à leur nombre sur internet. J’ai retenu que douze se rapporte à une demande en mariage. Le rouge symbolise donc l’amour. En liturgie, historiquement, il se rattache au vêtement des empereurs, la fameuse pourpre impériale. Lorsqu’on enterre un pape on le revêt de la chasuble rouge… Mais d’abord, il représente le feu de l’amour divin, de l’amour du Christ jusqu’au don de sa vie. Lors des fêtes des martyrs le prêtre porte aussi un vêtement rouge pour cette raison. Le Saint-Esprit vient emplir nos cœurs de force et de joie pour porter un témoignage comme celui du Christ ! Quel sera-t-il cette année pour nous, c’est la question que nous pouvons nous poser. On n’annonce pas l’Évangile aujourd’hui comme il y a 50, 100 ou 2000 ans, mais c’est le même Esprit qui agit et construit l’Église. L’amour de Dieu, a été répandu dans nos cœurs par son Esprit qui habite en nous, alléluia !

Habités par l’Esprit-Saint, donné à l’Église en abondance, tournons-nous vers le Seigneur et reconnaissons que nous sommes pécheurs.

 Homélie

Chers frères et sœurs,

Vous me concéderez après avoir entendu les textes d’aujourd’hui, que la Pentecôte est bien délicate à commenter. Pourtant l’Esprit-Saint apporte le don des langues. Si vous avez un peu préparé cette fête, vous aurez remarqué que les lectures proposées peuvent paraître presque disparates. Celle qui nous parle le plus, est certainement la description que nous fait de la Pentecôte saint Luc dans les Actes des Apôtres, un vrai scénario pour un film. Il a un don pour décrire des tableaux de la vie de Jésus et des commencements de l’Église. Il nous parle d’un grand vent, de langues de feu, plus loin certains, en entendant parler les disciples, s’esclafferont même, en disant qu’ils sont pleins de vin doux. Comme Saint Luc était médecin, on sentirait presque les réflexions des médecins d’aujourd’hui qui font des check-up, prêts à détecter ls consommations abusives dans les analyses.

L’Esprit-Saint est pourtant lui-même, un médecin qui vient nous guérir en nous apportant les remèdes que nous a fourni Jésus. La principale maladie est la séparation d’avec Dieu, le péché et la division. Le mauvais esprit est celui qui divise. L’Esprit rassemble.

Les images employées par saint Luc sont mystérieuses. La première, celle du vent, fait allusion au souffle de vie transmis par Dieu, la seconde celle du feu, celui du sacrifice et du feu qui tombe du ciel et dévore l’offrande d’Élie. Jésus lui-même avait dit : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49).  Les apôtres et disciples parlent des langues qui leur sont étrangères et en même temps chacun des auditeurs les entend dans son propre dialecte. Habituellement, on utilise un parler très local pour que ne nous comprennent que ceux qui le connaissent. Mais l’Esprit-Saint vient rétablir la communication, non seulement dans le parler, mais dans les cœurs. L’Écriture est tout de même traduite en 2538 langues aujourd’hui. Nous apprécions les traductions automatiques et l’intelligence artificielle, mais l’unité des cœurs qui n’est pas uniformité, quelle importance a-t-elle pour nous ?

Le grand nombre de langues auxquelles saint Luc fait référence, se rapporte à la tour de Babel. Ceux qui la construisaient voulaient atteindre le ciel par leurs propres moyens, mais Dieu mit la division entre eux et les hommes parlèrent des langues diverses et ne se comprenaient plus. L’unité fondamentale est bien celle du rapport avec Dieu. Voilà déjà un bon nombre de symboles.

Je vous ai dit tout à l’heure, que l’Esprit-Saint est souvent représenté sous l’aspect d’une colombe. La comparaison se trouve chez les 3 synoptiques Luc, Matthieu et Marc. A propos de la colombe, je me suis un peu amusé en lisant un tout petit livre d’Edith Bruck, poète et hongroise Juive, âgée de 92 ans. Elle a survécu aux camps. Presque aveugle, elle l’a fait écrire après des rencontres avec le pape François. Il s’était invité chez elle à l’improviste. Une de ses amies y raconte que le jour de son élection, un petit garçon mexicain a montré le ciel où passait un oiseau en disant : la cigogne apporte le pape. Il aurait été tout de même difficile à transporter pour un oiseau. En plus, ce n’était même pas une cigogne, mais une mouette. Il faut un peu de bonne humeur le jour de la Pentecôte. La colombe était messagère d’une bonne nouvelle, elle annonçait qu’une terre avait émergée et que les eaux retiraient. Elle portait même un brin d’olivier. La venue de l’Esprit annonce une bonne nouvelle au monde. Il y a de quoi de quoi se réjouir, mais ce témoignage est tout de même exigeant.

Je vous ai dit tout à l’heure, que les textes de la liturgie étaient complexes en raison des rapprochements qu’ils opèrent. Vous vous souvenez que dans l’Évangile, saint Jean décrit déjà une sorte de Pentecôte. Au moment de la résurrection, le Seigneur montre ses plaies dans ses mains et à son côté, il souffle sur ses disciples, en disant ces mots : « Recevez l’Esprit Saint.  À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Nous entendons en écho ce qu’il avait dit en opérant ses guérisons : « Qu’est-ce qui est le plus facile, de guérir une maladie, ou de pardonner les péchés ? » Ce pardon est incroyable et conférer cette grâce l’est plus encore. J’ai trouvé ce mot 186 fois dans l’encyclique de Saint Jean-Paul II sur l’Esprit-Saint. Vous me concéderez qu’on peut difficilement l’escamoter et l’éviter. Ce pardon et cette réconciliation sont pourtant fondamentaux. C’est là que l’Esprit est particulièrement à l’œuvre. Il vient apporter la paix et la réconciliation.  Il vient apporter la réconciliation avec qui donc ? avec Dieu et entre les hommes. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et ton prochain comme toi-même. » Voilà le condensé des commandements. Tout cela ne peut se faire qu’avec l’aide de l’Esprit. Il est l’amour du Père et du Fils et nous permet d’aimer. Il nous partage ses dons. Le don, le rameau que nous apporte l’Esprit c’est le Seigneur : « Un rameau sortira de la souche de Jessé ». Je vous rappelle pour mémoire que l’on mentionne aussi 7 dons du Saint-Esprit : la sagesse, l'intelligence, la force, la science, le conseil, la piété et la crainte. L’Esprit-Saint vient construire l’Église et lui donner de témoigner de la Bonne Nouvelle. Nous oublions parfois que le premier moyen sur lequel il nous donne de nous appuyer ce sont les Écritures. L’Esprit-Saint construit l’Église et lui donne aussi des charismes. Il veut amener chacun de nous à sa perfection. Une perfection qui a pour finalité de vivre avec Dieu pour toujours. Lorsque les années passent, nous sentons de plus en plus que cela devient la priorité des priorités. L’Esprit-Saint s’en occupe. Il nous demande beaucoup de oui, comme Marie, des oui à lui donner dans la confiance, des oui qui aiment. L’Esprit permet, par les sacrements, de devenir de plus en plus semblable Jésus en qui il nous transforme.  « Chaque chrétien continue à vivre sous l'influx de l’Esprit de son baptême et de sa confirmation. » C’est de cette manière que « Jésus est Seigneur »est  en nous et que l’Église de se renouveler

Nous sommes invités en cette Pentecôte à prier pour le prochain Synode qui veut être une étape sur le chemin de la transformation de l’Eglise. Viens Esprit-Saint en nos cœurs et allume en nous le feu de ton Amour. Marie Mère de Dieu et Mère de l’Église prie pour nous pécheurs. Amen.


dimanche 21 mai 2023

L'attente de la Pentecôte et de la force de la gloire

 

Icône du Synode (Source)

21 mai 2023 dimanche, 7ème Semaine du Temps Pascal — Année A

Lectures de la messe 

Première lecture « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière » Ac 1, 12-14

Psaume J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur  sur la terre des vivants. Ps 26 (27), 1, 4, 7...

Deuxième lecture « Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous » 1 P 4, 13-16

Évangile « Père, glorifie ton Fils » Jn 17, 1b-11a

Intro.

Chers frères et sœurs, bonsoir à tous et à toutes. Nous célébrons  le 7ème dimanche de Pâques qui est aussi le dimanche des médias. Nous aurons donc une pensée particulière pour ceux qui animent nos médias d’Église, les médias électroniques nous donnent une abondance d’information, pour la presse locale et je crois que nous aurons tous une pensée pour KTO qui a pris quasiment le relai de la RTS dans le domaine religieux. Le Covid nous a appris à apprécier encore plus ce média issu d’une initiative du cardinal Jean-Marie Lustiger.

Ce 7ème dimanche de Pâques devrait être consacré aussi plus spécifiquement à la prière, il est une sorte de mi-temps entre l’Ascension du Seigneur et la venue de l’Esprit qui va venir accomplir sa mission jusqu’au retour définitif de Jésus, le Seigneur. Nous avons donc 2 missions de 2 personnes de la Trinité pour que le Père soit glorifié et que nous le soyons dans le Christ. Nous demandons la grâce non seulement pour les médias, mais aussi pour nous de parler, d’annoncer la Bonne Nouvelle avec cœur. Le Pape François nous invite à aller, voir et écouter ; c‘est le cœur qui nous pousse à une communication ouverte et accueillante, et j’ajouterai bienveillante.

Préparons-nous à célébrer l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs…

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Combien de temps, les Apôtres sont-ils restés au Mont des Oliviers pour voir Jésus s’en aller vers le Père. Certaines représentations anciennes, ainsi que Dali, montrent en perspective les pieds du Seigneur. Il n’y avait d’opérations de la cataracte en ce temps-là, et les plus anciens parmi les disciples qui n’arrivaient plus lire  devaient certainement apprécier de voir le Seigneur s’élever. En plus, il  leur avait promis l’envoi de l’Esprit qui leur permettrait de se souvenir de tout ce qu’il avait dit, double bonheur.

C’est surtout saint Luc qui nous a parlé de l’Ascension. Un auteur réformé rappelle, dans une parution récente sur les sacrifices dans l’Ancien Testament, que l’Évangile de Saint Luc s’ouvre dans le temple de Jérusalem, dans un cadre liturgique, avec Zacharie, le futur père de Jean-Baptiste, qui était prêtre et qu’il s’achève aussi dans un cadre liturgique. Le Seigneur qui est notre grand-prêtre s’élève et béni ses Apôtres et disciples et ceux-ci retournent dans le temple pour y prier.  « Levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » Le cadre est bien sacerdotal et nous fait penser au sacerdoce nouveau, au sacerdoce baptismal et au ministères ordonnés.

Prier peut être une louange, une action de grâce, mais peut exprimer aussi une attente. C’est l’expression du désir de quelque chose qui n’est pas encore advenu, un plus, en quelque sorte, qui ne dépend pas de nous. Cette attente se fait dans la confiance. Ce qui n’est pas encore advenu est paradoxalement déjà présent ! Il est assez courant de parler du déjà et du pas encore. Cette prière nous dit le passage des Actes lu tout à l’heure s’accomplit aussi avec Marie, spécialiste, si vous permettez le terme, dans l’accueil de l’Esprit-Saint et la disponibilité à son action.

Ce « plus », ce don, ce cadeau, que le Seigneur demande d’attendre est l’Esprit-Saint qui est notre compagnon de tous les jours maintenant.

Le passage de l’évangile que nous avons lu est la dernière prière de Jésus avant sa passion. Il demande à son Père de le glorifier « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. » Elle est très mystérieuse, car pour notre pensée très humaine, comment associer la gloire et la passion, la gloire et la croix ? Quelle est la nature de cette gloire ? Comment mettre sur le même plan la gloire du Père et celle de Jésus sur la croix, mais qui ressuscite ? Un crucifié qui meurt de douleur, couronné d’épines, étouffé et exsangue. Ce n’est pas à proprement parler l’image que nous avons de la gloire, humainement. Ce n’est pas une vedette, ni un politicien ou un empereur qui fait un triomphe.

Pourtant Jésus associe ce qu’il va traverser à la gloire et à la vie éternelle. Il ne peut y avoir qu’une réponse, à savoir que ce que vit Jésus est une manifestation de l’amour de Dieu pour nous qui va jusqu’au don de lui-même. A l’intérieur de la Trinité les 3 personnes se donnent totalement dans un mystérieux échange et forment une parfaite unité. Maintenant Dieu se donne à nous et nous introduit en lui pour participer à cet échange dans le Christ.

Recevoir la parole de Jésus, croire en lui, le recevoir dans les sacrements, c’est le recevoir en nous, être conformé à lui, pour participer à sa gloire, partager sa gloire. « Ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. » Il nous promet la vie éternelle qui est participation à la vie même de Dieu. Cet échange nous le vivons aussi par cet amour mystérieux que nous partageons autour de nous.

Est-il possible d’aimer  sans l’aide de l’Esprit-Saint ?

Nous n’allons pas réécouter toute la première l’épitre de Pierre, rappelez-vous seulement du début : « Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. » C’est le même Pierre qui parle, que celui qui rabrouait le Seigneur lorsqu’il parlait de sa passion. Son message est me semble-t-il assez clair maintenant. Il a intégré la passion de Jésus qui conduit à cette fameuse gloire, qui est elle-même manifestation de la gloire de Dieu. L’auteur de cette transformation, elle est un complet retournement, ne peut qu’être l’Esprit-Saint. Quel signe aussi et surtout que celui de la résurrection de Jésus qui intègre son corps et notre corps à la rencontre définitive avec son Père, donc notre glorification définitive. N’est-ce pas la particularité majeure de notre foi ? Une rencontre purement spirituelle est plus facilement admise aujourd’hui, mais le Seigneur nous promet plus que cela.

Le pape François nous invite aujourd’hui pour la journée des médias à transmettre la vérité de la Bonne Nouvelle dans la charité et la joie. « Le programme du chrétien - comme l'a écrit Benoît XVI - est "un cœur qui voit" », dit-il. Un cœur qui, par ses pulsations, révèle la vérité de notre être et qui, pour cette raison, doit être écouté. Cela incite celui qui écoute à se mettre sur la même longueur d'onde, au point de pouvoir sentir dans son propre cœur les pulsations de l'autre.

Grâce à l’Esprit-Saint, nous pouvons d’abord sentir dans nos cœurs, les pulsations d’un premier cœur, celui du Seigneur qui est monté au ciel. Il est toujours avec nous jusqu’à ce qu’il revienne jusqu’à la grande rencontre.

En ce mois de Mai qui est aussi le mois de Marie, elle nous invite à nous retrouver avec elle et les Apôtres et accueillir l’Esprit dans des cœurs ouverts, disponibles et à l’écoute. Viens Esprit-Saint renouveler nos cœurs, les réparer et les guérir, viens allumer en nous le feu de ton amour. Amen.

« Tu plonges plein d'Amour ton Regard dans le mien, et Tu prêtes ton Oreille à mes faibles paroles, et emplis de Paix le tréfonds de mon cœur. Pourtant ton Amour ne se rassasie point dans cet échange qui laisse subsister une séparation. Ton Cœur désire bien davantage. Ton Corps traverse mystérieusement le mien et ton Âme s'unit à la mienne : voilà que je ne suis plus ce que j'ai été naguère. Tu viens et Tu vas mais Tu laisses derrière Toi la semence que Tu répandis pour la gloire à venir, enfouie dans un corps de poussière. Amen. » (Edith Stein)


dimanche 14 mai 2023

Fête des mères et 6e Dimanche de Pâques


Merci à tous les fleuristes...
Belle fête des mères!

14 MAI 2023 dimanche, 6ème Semaine du Temps Pascal — Année A

Lectures de la messe
Première lecture« Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit S...Ac 8, 5-8.14-17
PsaumeTerre entière, acclame Dieu,
chante le Seigneur !
ou : Alléluia !Ps 65 (66), 1-3a, 4-...
Deuxième lecture« Dans sa chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a reçu la vie...1 P 3, 15-18
Évangile« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur »

Intro

Chers frères et sœurs, merci d’être venus célébrer ce 6ème dimanche de Pâques en communauté. Nous avons la chance de prier aussi aujourd’hui pour les mamans. La fête des mères, vous le savez, est une fête laïque tellement bonne et opportune qu’elle a été adopté quasi universellement, bien qu’à des dates différentes. Elle a lieu  le plus fréquemment, le 2ème dimanche de mai et nous vient des Etats-Unis comme la fête du travail du 1er mai, d’ailleurs. Saint Joseph travailleur a déplacé deux apôtres, Philippe et Jacques au 3 mai… Certains font remonter la fête des mères à l’antiquité païenne. Toutefois à l’époque moderne, c’est Anne-Marie Jarvis, méthodiste, qui en est à l’origine. Il y a donc un côté œcuménique. Mais pourquoi ne pas nous rappeler également que nous célébrons Marie Mère de Dieu le 1er janvier et que le mois de mai est aussi le mois de Marie.

Le Seigneur prépare ses disciples à son Ascension, nous la célébrerons jeudi, cette période est l’époque des premières communions, nous prions donc également pour les enfants. Je ne vous laisserai pas orphelins dit le Seigneur et il nous annonce la venue de l’Esprit-Saint. Il est mentionné dans les 3 lectures.

Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs, demandons pardon au Seigneur en particulier pour nos manquements à la charité et à la reconnaissance envers celles qui nous ont donné la vie et élevés.

« L’apôtre Saint Matthias ». 

Homélie

«  Je ne vous laisserai pas orphelins. »

Chers frères et sœurs, cette parole du Seigneur me permet de faire un rapprochement avec une anecdote récente. Voici quelques jours, une jeune maman m’a présenté son bébé un bout de chou de 3 mois qui faisait de superbes sourires. Elle me l’a confié quelques minutes pour effectuer une manœuvre, cela ne m’était jamais arrivé. Le petit est resté tranquille, mais j’ai perçu tout de même de l’inquiétude à ses réactions. Je suis confortable, mais ce n’était plus la même chose pour lui… Il s’agissait pour lui d’un autre univers. Le retour a été un soulagement pour lui et pour moi.

Lorsque le Seigneur nous dit qu’il ne nous laissera pas orphelins, nous pouvons nous autoriser un rapprochement classique avec l’empathie, la miséricorde et un mot hébreu rahamim qui désigne le sein maternel, les entrailles. Il existe un lien viscéral, privilégié, entre la mère et l’enfant en elle depuis le commencement de sa vie, certes. Heureusement, il évolue lorsque l’enfant prend son indépendance et devient adulte. Il demeure cependant, personne ne le conteste. Le Seigneur a un amour encore plus fort pour nous.

Le Seigneur achève sa mission en retournant vers le Père pour qu’un autre envoyé accomplisse la sienne et intervienne. Vous savez que dans la liturgie, il n’y a pas de fête du Père, mais seulement celles de ses deux envoyés, son Fils et l’Esprit-Saint.

Si le temps de l’Esprit advient à la Pentecôte, est-ce à  dire qu’il n’était pas présent avant ? C’est évidemment inexact, sinon comment les Écritures auraient-elles été composées, et comment les prophètes auraient-ils parlés au nom de Dieu ? Nous avons également un bel exemple de l’action de l’Esprit aujourd’hui, puisque c’est aussi la fête de Matthias, élu par tirage au sort avant la Pentecôte. L’Esprit peut même agir dans les diverses religions non chrétiennes, ce qui paraît paradoxal. Vatican II dans Nostra aetate dit que : « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. » Sous un certain angle, on pourrait faire un rapprochement avec saint Paul à Athènes qui avait essayé de prendre appui sur la religiosité des Athéniens qui avaient même un autel dédié « Au Dieu inconnu ».

Il n’en demeure pas moins que la venue de l’Esprit est la consolation par excellence, celle du défenseur, de l’avocat, en grec c’est  le mot  Parakletos, qui est utilisé. Il est « celui qu'on appelle à son secours », celui qui console. Il est l’Esprit aux 7 dons, ceux de sagesse, d’intelligence, de science, de force, de conseil, de piété, de crainte. Il est l’amour du Père et du Fils.

Quel est son but, quelle sera sa mission ? Nous faire devenir fils et filles de Dieu, dans le Fils. Quel labeur et quelle force immense. Comment y parvenir sans lui ? « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Quel travail que celui de nous apprendre à devenir comme Dieu, comme le Christ, maintenant, à nous comporter comme lui. Ce qui surprend le plus, n’est-ce pas de voir la manière d’agir de Dieu. Ne serait-ce pas plus simple, s’il se révélait à tous et nous transformait avec une dose de morphine spirituelle, en nous faisant paraître tout aisé et facile. Voici 2 jours, je fêtais le 29ème anniversaire de mon ordination sacerdotale et en parcourant dans le missel, les messes que le prêtre peut dire pour lui-même, je suis tombé sur cette formule tirée de l’épître aux Colossiens (1,25-28) : « Je suis devenu ministre de l’Église, et la mission que Dieu m’a confiée, c’est d’amener tout homme à sa perfection dans le Christ. »  Quelle responsabilité et quel travail, quelle disponibilité aussi. Quel bonheur et quel soulagement que l’Esprit-Saint ait été promis à toute l’Église !  Le pape François nous demande durant ce mois de Mai de prier pour que les mouvements et les groupes ecclésiaux redécouvrent chaque jour leur mission évangélisatrice, en mettant leurs charismes au service des besoins du monde. Oui ! vraiment quel bonheur que l’Esprit-Saint n’ait pas été réservé qu’aux ministres ordonnés. S’il vous plaît, non seulement aidez-nous, mais prenez votre place dans l’Église. Le synode sur la synodalité a été voulu par le pape François dans ce but. Au moins priez pour lui et à cette intention.

Priez aussi pour vous-mêmes, demandez l’aide du Saint-Esprit pour que vous « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. » C’est fondamental. Le Seigneur nous demande de lui être fidèles en parole et par la parole, certes mais en actes d’abord. Il nous demande de recevoir ses commandements, de les garder et par là de l’aimer.

J’ai lu dans l’ouvrage d’un psychologue connu qu’il faut à un enfant 3 ans environ pour faire une réserve d’amour venant de ses parents, pour qu’il puisse ensuite se développer s’il doit traverser une catastrophe parentale et même leur disparition. Il parlait de son expérience durant la guerre. Le terme utilisé aujourd’hui est celui de résilience. Nous avons la chance de cette présence de l’Esprit.

Nous pouvons remercier le Seigneur pour l’amour de nos mamans aujourd’hui et lui demander d’en manifester autour de nous. Nous pouvons aussi demander une attention renouvelée à l’Esprit-Saint que nous rencontrons d’abord dans notre prière. Il est l’amour de Dieu qu’il nous réserve. Nous pouvons également nous rappeler que Dieu privilégie l’amour ordinaire qui vient de lui, mais par en bas, de l’intérieur, de notre cœur. Il privilégie l’ordinaire, les petites choses, les petits geste, l’amour de tous les jours et la rencontre.

Je termine avec le pape François qui nous parlait de Marie en ce mois de mai : Une bonne mère non seulement accompagne ses enfants dans leur croissance, sans éviter les problèmes, les défis de la vie ; une bonne mère aide aussi à prendre des décisions définitives, dans la liberté. La liberté nous est donnée afin que nous sachions faire les bons choix dans la vie ! Marie, en bonne mère, nous éduque à être, comme Elle, capables de faire des choix définitifs avec cette pleine liberté, avec laquelle elle a répondu « oui » au plan de Dieu dans sa vie (cf. Lc 1, 38).  

Rappelons-nous qu’elle non plus ne nous laisse pas orphelins. Reine du ciel, réjouis-toi, le Seigneur est vraiment ressuscité, Alléluia ! Amen !

lundi 8 mai 2023

Retour de Pèlerinage chez saint Nicolas

 


Homélie de circonstance sur les textes du jour

7 mai 2023

5ème Dimanche de Pâques — Année A

  • Première lecture « Ils choisirent sept hommes remplis d’Esprit Saint » Ac 6, 1-7
  • Psaume Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
    comme notre espoir est en toi !
    ou : Alléluia !
    Ps 32 (33), 1-2, 4-...
  • Deuxième lecture « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal » 1 P 2, 4-9
  • Évangile « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » Jn 14, 1-12

« Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »  

Chers frères et sœurs, chers amis,

Ce passage de l’Évangile de Saint Jean le premier de ses discours d’adieu après que Juda soit sorti et juste avant la Passion nous intrigue. Je ne sais pas si vous êtes un peu surpris vous-mêmes. Le Seigneur devait essayer de conduire les Apôtres à reconnaître qu’il était Fils de Dieu et Dieu lui-même. Ce qui est très difficile. L’Écriture révélait déjà au Peuple Juif qui était Dieu, un Dieu plein de tendresse qui s’est révélé par étapes. Mais que de difficultés… Il n’y avait qu’un moyen pour y parvenir plus simplement et plus clairement, venir lui-même enseigner directement qui il est, nous délivrer de ce qui nous sépare de lui, de ce fameux péché et nous montrer le chemin pour aller vers lui, pour rencontrer le Père. Prenons un peu de temps pour nous arrêter et penser à cette fameuse vie après la vie qui dépend de la grâce, mais aussi de nous-mêmes ici et maintenant, dans le concret de notre existence. 

Pourquoi cela ? Vous savez certainement que notre cher frère Nicolas vivait à une époque où un courant de spiritualité du nom de mystique rhénane avait du succès. Il est très centré sur Dieu lui-même et sur l’amour qui l’habite pour chacun de nous. Je vous livre quelques lignes d’un de ces auteurs spirituels, qui explique d’une certaine manière  pourquoi Nicolas s’était laissé charmer par Dieu.  Maître Eckhart,  nous dit ce qu’est l’amour de Dieu pour nous : Dieu est amour. Ah mes enfants ! Écoutez-moi, je vous le demande ! Dieu aime tellement mon âme, que toute sa vie et tout son être sont tendus vers une seule chose. Il doit m’aimer, qu’il le veuille ou non. Si quelqu’un prenait cela à Dieu, et qu’il ne m’aime plus, il prendrait à Dieu sa divinité.  Comment ne pas se laisser toucher ? Nicolas aurait souhaité rejoindre un groupe qui s’inspirait de cette spiritualité, mais le Seigneur l’avait arrêté du côté de Liestal et un paysan lui avait conseillé de retourner dans son pays, à quelques pas de sa maison. Je laisse à Gégé le soin de vous donner les détails. Nicolas avait voulu partir à la recherche et à la découverte de Dieu loin de chez lui. Il était parti en pèlerin et voilà que Dieu le ramène chez lui. N’est-ce pas un signe pour chacun de nous ? Le Seigneur se laisse trouver, et il veut que nous puissions le trouver. Nous en avons les moyens spirituels. Il se laisse trouver en nous.

Est-ce facile de se laisser aller à croire en Dieu et puis de faire un passage qui consiste à croire en Jésus en tant que Dieu et Homme ?  C’est en soi tout une affaire. Nous avons eu une toute période dans notre histoire humaine, en particulier au 20ème siècle qui voulait nous faire croire que même Dieu n’existait pas. Il s’agissait de l’aboutissement de pensées qui avaient mis en doute la foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme et finalement même en Dieu. Aujourd’hui, c’est un mouvement inverse qui s’amorce, tant les découvertes et les observations qui sont faites remettent en cause cette soi-disant inexistence de Dieu. Il y a bien un commencement du monde visible et il aura une fin, les astronomes la calculent. Qui est derrière tout cela ? Même l’infiniment petit interpelle ceux qui s’y intéressent. Si une pierre nous fait toujours mal lorsque nous la recevons ou que nous nous faisons un croche-pied, on nous dit cependant maintenant que la matière est une onde et les ondes sont composées de particules… etc… qu’y a-t-il derrière ce qui est visible pour nous et qui est pourtant subjectif. Je perçois le monde par l’intermédiaire d’impressions personnelles. Approfondir le sujet n’est pas simple, et les années passant c’est de plus en plus difficile, mais on y arrive. Soyez curieux, cela maintient en forme. Dans ce contexte, les recherches sur le fonctionnement de notre cerveau et le fonctionnement de notre pensée interpellent aussi. Mine de rien, cela devient de plus en plus difficile de croire  qu’il n’y a rien de l’autre côté. Ce qui est difficile aujourd’hui, c’est d’en tenir compte dans notre vie et de trouver un pont vers Dieu en la personne de Jésus. 

Peut-on être simple et concret, toujours, avec Nicolas? Personnellement j’ai des doutes, ne serait-ce qu’en partant à la découverte de son tableau qui n’est pas si simple à déchiffrer. Nous en avons de bonnes interprétations notamment par le Cardinal Charles Journet. Saint Nicolas a aussi eu de grandes visions dont il n’a pas compris le sens tout de suite. Elles devaient porter leur fruit en lui tout au long de sa vie. Nicolas était un contemplatif, méditant sur le mystère de Dieu. Le tableau devant lequel il le faisait,  nous en avons une copie dans l’église. Il a en son centre une figure couronnée, dans un cercle, représentant Dieu, la divinité, contenue dans un autre cercle, entouré de 6 cercles avec en plus les symboles des 4 évangélistes. Trois des cercles extérieurs sont touchés par des pointes sortant de la divinité et trois autres y entrant. Celles qui en sortent représentent le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Les 3 autres montrent ses manifestations extérieures,  avec la brièveté de la vie, le petit enfant et la petite hostie. Est-ce si simple ? Vous me direz avec raison que c’est bien compliqué… Est-ce qu’un paysan des Alpes du 15ème siècle, décédé en 1487 a encore quelque chose à nous enseigner ? Pourquoi n’arriverions-nous pas à comprendre. Nous avons tant de moyens techniques à portée de la main, des ordinateurs, internet et des moyens de communication. Certains percent des montagnes, voyagent dans l’espace et l’explorent avec des moyens sophistiqués. La technologie et la physique quantique sont dans vos téléphones. Nicolas avec l’aide de la grâce de Dieu, concentrait son attention et ses efforts vers la connaissance de Dieu. Ne pourrions-nous pas en faire nous-mêmes. Les matériaux bibliques et liturgiques, nous n’avons qu’à nous baisser pour en ramasser et ça n’est même pas nécessaire un doigt suffi ou une commande vocale. La première commande sans fil, c’est d’abord notre cœur, l’amour qui est dans notre cœur. Nous en avons, et le Saint-Esprit est là. Plongeons dans notre cœur pour écouter ce qu’il a à nous dire. Il nous enseigne lui-même, il fait vivre la parole de Dieu, ce que Jésus nous a enseignés. « Qui me voit, voit le Père ».

Nicolas n’aurait-il pas à nous apprendre la simplicité, la sincérité, l’amour de Dieu tout simplement, à nous apprendre à aimer son Fils comme le Père et Marie l’en ont remercié dans une de ses visions. Dieu veut se laisser atteindre et nous atteindre à tout prix.  Ce pont, c’est le Christ, c’est le Seigneur lui-même qui aime tellement mon âme et chacun de nous qu’il s’est fait homme. Dieu aime tellement mon âme qu’il m’a donné son Fils et envoyé son Esprit. 

Réjouis-toi, Marie le Seigneur est vraiment ressuscité, Alléluia !