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mardi 31 janvier 2017

La fille de Jaïre



Evangile du Jour (Mc 5,21-43)

Jésus s’occupe de deux femmes dans notre Évangile. Il guérit l’une et ressuscite ou plutôt réanime l’autre. Il s’agit dans ce dernier cas, d’une annonce de la résurrection, laquelle sera de nature complètement différente, nous le savons.
Pierre, Jacques et Jean seront seuls témoins de ce rappel particulier à la vie, comme ils le seront de la Transfiguration et de l’Agonie de Jésus au jardin des oliviers. C’est un événement majeur du ministère de Jésus.
Il répond à la foi de la femme qui avait des pertes de sang, et c’est cette même foi qu’il demande à Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement. »
Le nom de Jaïrus signifie "celui que Dieu éclaire"… un commentaire fait remarquer que le nom de la petite fille n’est pas mentionnée… Elle est simplement la fille de Jaïre. Son pendant était  le fils de la veuve de Naïm… qui n’a pas de nom, il y a quelque chose… Pourquoi ne pas les nommer ?
Jésus veut donc réveiller la fille de Jaïre, une image du fait qu’il veut nous réveiller au dernier jour, nous ressusciter cette fois. Après avoir parlé de résurrection collectives, destinées à tous, Jésus dans Saint Jean utilise à trois reprises la formule : « et moi, je le ressusciterai au dernier jour. », comme si le Seigneur voulait individuellement interpeller ses auditeurs. Il est en effet très difficile de se persuader de notre propre résurrection, d’y croire vraiment.
Jésus renforce notre foi et agit en pédagogue. Fêtant saint Jean Bosco nous retenons les conseils qu’il donne à ses confrères dans l’office des lectures à commencer par celui-ci : il est toujours plus facile de s'irriter que de patienter, de menacer un enfant, que de le persuader ! Il leur demande prendre exemple sur le Seigneur qui « nous a dit d'apprendre de lui à être doux et humbles de cœur. »
Merci Seigneur pour ta patience envers nous.
Le pape a donné un coup d’encensoir et des encouragements à toutes les femmes en dressant le portrait de Judith la semaine passée. Qui douterait de l’attention du Seigneur ? Beaucoup au temps de Jésus et peut-être un bon nombre aujourd’hui… « Judith est courageuse dans sa foi et dans ses œuvres. Et elle cherche toujours le Seigneur ! Judith, en effet, a son plan, elle le réalise avec succès et conduit le peuple à la victoire, mais toujours dans l’attitude de foi de qui accepte tout de la main de Dieu, sûr de sa bonté. »

Ayons le courage et l’audace de lui demander notre propre guérison et d’annoncer la résurrection de Jésus par toute notre vie. Amen.

dimanche 29 janvier 2017

Les Béatitudes, oui! 1984 non! 1984 oui avec le Christ.



Première lecture
« Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit » (So 2, 3 ; 3, 12-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Évangile
« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)

Homélie

Frères et Sœurs,

Nous avons entendu dimanche dernier que Jésus, après son baptême et la tentation au désert, avait quitté la Judée et Nazareth. La première parce que Hérode Antipas avait fait arrêter Jean-Baptiste et la seconde pour bien marquer le début de son ministère en Galilée, il accomplit sa mission. Il avait élu domicile à Capharnaüm et choisi ses premiers disciples. Aujourd’hui, il commence à enseigner dans ce qu’on appelle le sermon sur la Montagne. Il énonce les béatitudes.
Pour mettre cela au goût du jour, on pourrait dire que c’est un discours programme. L’Evangile des béatitudes est celui que nous lisons à la Toussaint. Jésus nous dresse d’entrée une sorte d’image de la fin des temps où il sera tout en tous. Vous connaissez, je crois ces fameuses représentations du Christ constituées de milliers de visages… Nous formons ensemble le Corps du Christ, il nous assimile dans une certaine mesure à Lui.  
Que sont en effet les béatitudes, sinon une sorte d’autoportrait spirituel de Jésus ?
L’ancien pape Benoît (Toussaint) nous parlait des béatitudes en ces termes : « Le bienheureux par excellence est uniquement Lui, Jésus. En effet, c'est Lui qui a véritablement une âme de pauvre, l'affligé, le doux, l'affamé et assoiffé de la justice, le miséricordieux, le coeur pur, l'artisan de paix; c'est Lui le persécuté pour la justice. Les Béatitudes nous montrent la physionomie spirituelle de Jésus, et expriment ainsi son mystère, le mystère de Mort et de Résurrection, de Passion, et de joie de la Résurrection. »
A la différence de certains politiciens, Jésus va faire des promesses qu’il pourra tenir. Il a expérimenté lui-même les béatitudes et il est ressuscité.
Les circonstances de l’actualité du moment m’ont fait jeter un coup sur un ancien roman de George Orwell, intitulé « 1984 » et qui a des tonalités curieusement contemporaines. On y réécrit les discours des politiciens lorsqu’ils ne correspondent plus à l’histoire vraie et que les promesses se sont évaporées quelques années après. Certains dans une nouvelle civilisation, sont chargés d’en retrouver toutes les éditions et de les corriger. Le parti au pouvoir à quelques slogans curieusement balancés et une étrange manière de renommer une vérité par son contraire : LA GUERRE C’EST LA PAIX, LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE, L’IGNORANCE C’EST LA FORCE. Dans ce nouveau monde, on découvre des ministères au nom curieux : Miniver, ou ministère de la Vérité, s’occupe des divertissements, de l’information, de l’éducation et des beaux-arts. Minipax : Le ministère de la Paix, s’occupe de la guerre. Miniamour ou ministère de l’Amour veille au respect de la loi et de l’ordre. Le Miniplein enfin ou ministère de l’Abondance, qui est responsable des affaires économiques.
Les Béatitudes ne sont de toute évidence pas du même ordre, Jésus ne vient pas nous dire de nier la réalité, d’effacer notre histoire et de la réécrire. Il vient marcher avec nous après avoir tracé le chemin jusqu’au bout. Il établit aujourd’hui pour tous ses disciples dont nous sommes, une sorte de carte pour atteindre le vrai bonheur.
Ayant tous présents en notre cœur la passion de Jésus, nul d’entre nous ne contestera qu’il est bien rude, ce chemin. Chers amis qui vous rendez à Lourdes, combien avez-vous vu de misères, de larmes, de tristesses, de souffrances physiques ou même psychiques… c’est le Christ souffrant. Le monde de la souffrance humaine est sans mesure… Certains d’entre nous se souviennent peut-être de l’encyclique de saint Jean-Paul II sur le sens de la souffrance humaine de 1984, l’année qui suivit son premier déplacement à Lourdes.
Mais aussi que de consolations, d’apaisement, de lumière dans les yeux, de joie retrouvée n’avez-vous pas vu sur la route du retour, chers frères et soeurs. C’est un témoignage que les promesses contenues dans les béatitudes ne sont pas du domaine de l’utopie. Le Christ est déjà présent dans nos cœurs… Il marche avec nous. Tout va mal, mais tout va bien. D’une certaine manière les montagnes se renversent sur nous, nous tombons, nous passons par les pires moments, mais quelqu’un demeure fort en nous, quelqu’un prie en nous… Dieu, viens à mon aide, Seigneur viens à notre secours chantons-nous ou au disons-nous au début des prières rythmant notre journée. Et nous pouvons proclamer, annoncer, confesser la gloire de Dieu. Gloire soit au Père et au Fils et au Saint Esprit. Vivre les béatitudes est-ce que ce n’est pas une sorte de miracle permanent ? Vivre les béatitudes n’est pas être des témoins, être témoins que Dieu nous habite et vient dans sa miséricorde à la rencontre de tous les hommes. N’est-ce pas être aussi témoins de la résurrection de Jésus et dire notre foi en la nôtre : je crois en la résurrection de la chair, à la vie éternelle.  
Je conclus avec Saint Jean-Paul II : Avec Marie, Mère du Christ, qui se tenait au pied de la Croix, nous nous arrêtons près de toutes les croix de l'homme d'aujourd'hui… A vous précisément qui êtes faibles, nous demandons de devenir une source de force pour l'Eglise et pour l'humanité. Dans le terrible combat entre les forces du bien et du mal dont le monde contemporain nous offre le spectacle, que votre souffrance unie à la Croix du Christ soit victorieuse!
Oui, frères et bienheureux êtes-vous, bienheureux sommes-nous de vivre les béatitudes. Amen.

samedi 28 janvier 2017

Saint Thomas d'Aquin



Nous fêtons Saint Thomas d'Aquin. Sa position au sujet de l'Immaculée Conception a passé par nombre de variations. Une approche sur Marie de Nazareth permet de suivre un peu son raisonnement. Sur le site dédié au Père Lagrange, fondateur de l'Ecole biblique et archéologique de Jérusalem, nous trouvons une belle prière de Saint Thomas à Notre-Dame.
On plaisante toujours les fils de saint Dominique en rappelant que c'est bien lui et non Thomas d'Aquin qui a fondé les frères prêcheurs. Son rayonnement a eu un peu le même effet que saint Bernard pour les cisterciens, mais sur un autre plan. Il est notre maître à tous même aux plus modestes degrés d'introduction à sa pensée. Il faut être très humble devant le grand maître, qui l'était aussi éminemment.


Prière de saint Thomas d’Aquin
à la Bienheureuse Vierge Marie
In Prières de Saint Thomas d'Aquin (1225?-1274)
traduites et présentées par M. l'abbé Antonin Gilbert Sertillanges (1863-1948)
Paris, 1921.


Ô bienheureuse et très douce Vierge Marie, Mère de Dieu,
trésor de toute bonté, fille du Souverain Roi,
dominatrice des anges, mère du commun Créateur,
je jette dans le sein de ta miséricorde,
aujourd’hui et tous les jours de ma vie,
mon corps et mon âme, toutes mes actions,
mes pensées, mes volontés, mes désirs,
mes paroles, mes oeuvres, toute ma vie,
et aussi ma mort, afin que par ton suffrage,
tout cela tende au bien selon la volonté
de ton cher Fils, Notre Seigneur Jésus Christ ;
afin que tu sois, ô ma très sainte Souveraine,
mon aide et ma consolation contre les embûches
de l’antique adversaire et de tous mes ennemis.
De ton cher Fils Notre Seigneur Jésus Christ,
daigne m’obtenir la grâce qui me permettra de résister
aux tentations du monde, de la chair, du démon,
et d’avoir toujours un ferme propos de ne plus pécher à l’avenir,
mais de persévérer en ton service et en celui de ton cher Fils.
Je te prie aussi, ô ma sainte Souveraine, de m’obtenir
une vraie obéissance et une vraie humilité de coeur,
afin que je me reconnaisse avec vérité
un misérable et fragile pécheur, impuissant
non seulement à faire la moindre bonne oeuvre,
mais aussi à résister aux attaques continuelles
sans la grâce et le secours de mon Créateur
et sans tes saintes prières.
Obtiens-moi aussi, ô ma très douce Souveraine,
une perpétuelle chasteté d’esprit et de corps,
afin que d’un coeur pur et d’un corps chaste
je puisse servir ton Fils aimé et toi-même
dans l’état de vie où j’ai été appelé1.
Obtiens-moi de ce Fils la pauvreté volontaire,
avec la patience et la tranquillité de l’âme,
afin que je puisse supporter les travaux de mon état
pour mon salut et celui de mes frères.
Obtiens-moi encore, ô ma très douce Souveraine,
une charité vraie, qui me fasse aimer de tout mon coeur
ton Fils très saint, Notre Seigneur Jésus Christ,
et toi, après lui, par-dessus toutes choses,
et le prochain en Dieu et à cause de Dieu,
de telle sorte que je me réjouisse du bien,
que je m’afflige du mal,
que je ne méprise personne,
que je ne juge jamais témérairement,
que je ne me préfère dans mon coeur à qui que ce soit.
Fais aussi, Reine du Ciel,
que j’unisse toujours dans mon coeur
la crainte et l’amour de ton doux Fils ;
que je lui rende grâces sans cesse
de tant de bienfaits qui me viennent
non de mes mérites, mais de sa pure bonté,
et que je fasse de mes péchés une confession pure et sincère,
une pénitence vraie, pour mériter grâce et miséricorde.
Je te supplie enfin, ô mon unique Mère,
porte du ciel et avocate des pécheurs,
de ne pas permettre qu’à la fin de ma vie,
moi, ton indigne serviteur,
je m’écarte de la sainte foi catholique,
mais que, à ce moment, tu me secoures
selon ta grande miséricorde et avec tout ton amour,
que tu me défendes des esprits mauvais,
que par la glorieuse Passion de ton Fils béni
et par ta propre intercession,
mon coeur plein d’espérance,
tu m’obtiennes de Jésus le pardon de mes péchés,
de sorte que, mourant dans ton amour et le sien,
tu me mènes dans la voie du salut et du bonheur.
Amen.

1 Saint Thomas écrit : « dans ton Ordre ». L’Ordre de Saint Dominique a été consacré dès le début et tout spécialement à la Vierge.


vendredi 27 janvier 2017

Jésus nous parle du Royaume en paraboles


Lectures de la messe
Première lecture
« Vous avez soutenu le dur combat. Ne perdez pas votre assurance » (He 10, 32-39)
Evangile
« L’homme qui jette en terre la semence, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence grandit, il ne sait comment » (Mc 4, 26-34)

Jésus parle en paraboles. Qu'est-ce qu'une parabole? Nous avons une réponse sur Théopédie.

La question à résoudre ce matin est de savoir ce qu’est ce « Royaume de Dieu ». Nous demandons à Dieu que son règne vienne chaque fois que nous disons le Notre Père.
De toute évidence, il s’agit de la foi qui grandit dans les cœurs et qui nous parvient par la parole. L’Esprit la fait grandir et porter du fruit. Pourquoi Dieu n’intervient-il pas directement ? C’est un autre mystère…

Joseph Ratzinger 2000 Nouvelle Évangélisation

Dans l'appel à la conversion est implicite – c'est même sa condition fondamentale – l'annonce du Dieu vivant. Le théocentrisme est fondamental dans le message de Jésus, et il doit être aussi au coeur de la nouvelle évangélisation. La parole clef de l'annonce de Jésus est : le Royaume de Dieu. Or le Royaume de Dieu n'est pas une chose, une structure sociale ou politique, une utopie. Le Royaume de Dieu est Dieu. Le Royaume de Dieu signifie : Dieu existe. Dieu vit. Dieu est présent et agit dans le monde, dans notre vie, dans ma vie. Dieu n'est pas une lointaine « cause ultime », Dieu n'est pas le « grand architecte » du déisme, qui a monté la machine du monde et qui se trouverait maintenant en dehors, bien au contraire : Dieu est la réalité la plus présente et décisive dans chaque acte de ma vie, à chaque moment de l'histoire...  (Metz a raison) ... L’unique nécessaire pour l'homme est Dieu. Tout change, selon que Dieu existe ou qu'il n'existe pas. Mais hélas ! même nous, les chrétiens, vivons souvent comme si Dieu n'existait pas. Nous vivons selon le slogan : Dieu n'existe pas, et s'il existe, il n'a rien à y voir. C'est pourquoi l'évangélisation doit avant tout parler de Dieu, annoncer l'unique vrai Dieu : le Créateur, le Sanctificateur, le Juge (cf. le Catéchisme  de l'Église catholique).

Encore une fois, il faut garder à l'esprit l'aspect pratique. On ne peut pas faire connaître Dieu uniquement avec des paroles. On ne connaît pas une personne si on ne la connaît que par ouï-dire. Annoncer Dieu, c'est introduire à la relation à Dieu : apprendre à prier. La prière est la foi en acte. Et ce n'est que dans l'expérience de la vie avec Dieu qu'apparaît aussi l'évidence de son existence. C'est pour cette raison que sont si importantes les écoles de prière, de communauté de prière.

mardi 24 janvier 2017

Saint François de Sales



Lectures de la messe du jour

1ère lecture : « Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté » (He 10, 1-10)
Psaume : Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 10, 11
Evangile : « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » (Mc 3, 31-35)

Nous entendons fréquemment l’Évangile d’aujourd’hui… Parfois il paraît lasser, au point que l’on en viendrait presque à dire « on sait » ; ou bien il amène à l’adoration. N’est-ce pas Jésus lui-même sur la croix qui nous éclaire : « Femme, voici ton fils, fils voici ta Mère… ». Avec Marie, apprendre à connaître son Fils en vivant sa parole qui donne son fruit sur la croix et aimer par-dessus tout. « Soyez pieusement attentive à la parole de Dieu, disait François de Sales,… faites-en bien votre profit et ne permettez pas qu’elle tombe à terre, mais recevez-la comme un précieux baume dans votre coeur, à l’imitation de la très sainte Vierge. »
En cette année où nous faisons mémoire de trois centenaires mémorables,  la naissance de Nicolas de Flüe, celle de l’affichage des thèses de Luther et de l’apparition de Notre-Dame de Fatima, je ne peux m’empêcher de rappeler, le début de la fameuse épitaphe de François de Sales, lorsqu’il reçut la charge de Prévôt du Chapitre de la cathédrale de Genève (en exil) : « C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut l'envahir, par la charité qu'il faut la recouvrer. » D’où ce trait de lumière avait-il pu venir ? Le pauvre avait été très tourmenté par la question de la prédestination et du salut. C’était aussi une des angoisses de Luther. L’ancien pape Benoît avait relevé dans une de ses audiences que François « traversa une crise profonde qui le conduisit à s’interroger sur son salut éternel et sur la prédestination de Dieu à son égard, vivant avec souffrance comme un véritable drame spirituel les questions théologiques de son époque. »
Comment parvint-il à s’en sortir ? François, âgé de vingt ans, trouva aux pieds de Notre-Dame dans l'église des dominicains de Paris de Saint Étienne-des-Grès


(elle est aujourd'hui détruite, mais la statue de Notre-Dame de Bonne Délivrance est conservée à Neuilly sur Seine), la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu : l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin; ne plus demander ce que Dieu fera de moi: moi je l’aime simplement, indépendamment de ce qu’il me donne ou pas. Ainsi, il trouva la paix, et la question de la prédestination — sur laquelle on débattait à cette époque — s’en trouva résolue, car il ne cherchait pas plus que ce qu’il pouvait avoir de Dieu.
«Quoi qu’il advienne, Seigneur, toi qui détiens tout entre tes mains, et dont les voies sont justice et vérité; quoi que tu aies établi à mon égard...; toi qui es toujours un juge équitable et un Père miséricordieux, je t’aimerai Seigneur (...) je j’aimerai ici, ô mon Dieu, et j’espérerai toujours en ta miséricorde, et je répéterai toujours tes louanges... O Seigneur Jésus, tu seras toujours mon espérance et mon salut dans la terre des vivants» (I Proc. Canon., vol. I, art. 4)

dimanche 22 janvier 2017

Le murmure du père de Jacques et de Jean


22 janvier 2017 - 3ème dimanche du Temps Ordinaire 

Evangile : Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d’Isaïe (Mt 4, 12-23)

Frères et Sœurs,

Le passage de l’Evangile de  Saint Matthieu que nous avons lu aujourd’hui se trouve après le baptême de Jésus et sa tentation au désert. Jésus étant sorti vainqueur de cette épreuve, quitte le désert et s’en va annoncer la Bonne Nouvelle. Il quitte le pays de Judas sous la juridiction d’Hérode pour se rendre au Nord. La priorité est à l’annonce et à la prédication. Jérusalem, nous pouvons la rattacher au sacrifice et à la résurrection. Ce n’est pas le moment.
Le texte mentionne deux tribus, celle de Zabulon et de Nephtali. Elles se situent au Nord de la Terre Sainte en Cisjordanie, en direction du Liban actuel. C’était un pays religieusement suspect, il avait subi une éradication complète de sa population lors de l’exode babylonien et au temps de Jésus, elle était relativement mélangée. Nazareth qui n’était pas si loin d’une ville romaine, se trouvait dans le territoire de la petite tribu de Zabulon. Ce n’est pas là que Jésus veut se rendre. Il ne veut pas retourner demeurer dans le milieu protégé du village où il a grandi, mais se tourne résolument vers Capharnaüm qui devait compter environ 1700 habitants à son époque… Entre Courrendlin et Develier avec un lac… et sans autoroute.
Nous avons bien remarqué deux ruptures : d’abord avec la manière de prêcher de Jean et son environnement, mais aussi avec Nazareth.
La région de Capharnaüm comptait beaucoup de passage et les environs du lac étaient bien fréquentés, avec la ville de Tibériade.
L’eau est toujours précieuse et source d’intérêt et de conflit en ces contrées.
La manière dont Jésus procède pour le choix de son premier terrain de mission est à relever. Il n’est pas entré en contact avec Jérusalem et sa vie religieuse très rigide… Les gens qu’il approche sont apparemment plus perméables aux diverses cultures qu’ils côtoient, aux contacts. N’était-ce pas dans cette région que passait la très ancienne voie de la mer ? Ils sont aussi sensibles à la prédication de ceux qui se sont retirés dans le désert. La mer Morte n’est finalement pas très loin, il suffit de suivre le cours du Jourdain. Ceux qui se sont rendus là-bas en pèlerinage en sont conscients. Les gens donnent l’impression d’être peut-être plus à l’écoute des autres.
Jésus entreprend donc de prêcher dans ce cadre plus accueillant et qui n’est plus celui du désert. Il ne se contente pas de suggestions aimables il proclame avec force qu’il y a urgence, en y mettant le ton. « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Il n’attend pas que les gens viennent, comme Jean-Baptiste et comme des bénédictins de notre espèce. Il va à leur rencontre et veut les déranger par la « proposition », l’annonce de Bonne Nouvelle. La conséquence sera analogue à ce que subit Jean dans son désert… Le diable veut détruire à tout prix ceux qui recherchent Dieu et les poursuit. Cependant Dieu nous aime au point de nous provoquer à l’aimer, à nous convertir et à le suivre. Il va envoyer son propre Fils.
Mais il n’abandonne pas Jérusalem pour autant et va susciter une sorte de vague de sympathie et d’intérêt religieux pour essayer de monter jusque là-haut… depuis le lac. Il s’adresse directement aux gens… qui vont se retourner contre lui. La popularité ne suffit pas. La ville sainte reste le but, car c’est là que se trouve le Temple et le centre du culte rendu à Dieu. Ce que le Seigneur veut, c’est que tous puissent l’adorer en Esprit et en Vérité. L’amour veut être aimé, reconnu et adoré. Jésus vient pour rassembler ces hommes de milieux très disparates. Car « Le Royaume de Dieu est là ! »
Pour mener à bien sa mission, Jésus part à la recherche de pêcheurs, pour en faire des pêcheurs d’hommes. Il appelle les deux premiers, Pierre et André. Leur réponse est remarquable. Comment ont-ils pu tout lâcher et partir comme ça à sa suite ? Qu’est-ce qui a pu les arracher à leur travail ? 

Ils laissent leur instrument de subsistance et le suivent. Puis c’est le tour de Jean et de Jacques les fils du tonnerre. Réparer des filets n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus intéressant et leur père a dû avoir quelques pensées…  sur ces jeunes qui laissent tout le travail aux anciens. C’est pire encore aujourd’hui penseront certains, il nous faut même aller annoncer l’Evangile. Ne serait-ce pas à cause de ce murmure qu’il s’adresse à nous tous ? Il s’est plaint de ne pas être apôtre et d’avoir toutes les corvées… Le Seigneur exauce aujourd’hui sa prière…
Le Seigneur de tout éternité devait être au courant du fait que l’AVS et le reste des assurances sociales fonctionnent plus ou moins bien et nous laissent du temps. Ayons confiance en celui qui nous appelle ! Et mon AVS pour une retraite tranquille !!! Ne l’aurais-tu pas reçue pour annoncer l’Evangile ?
Ayant été attentifs à cette sorte d’énumération de chapelles que mentionnait saint Paul dans la 2ème lecture, nous pouvons porter notre attention sur la semaine de l’Unité. Nous n’appartenons pas à des partis d’églises, mais à l’Église du Christ. Jésus vient nous rassembler pour faire partie de son Église qui est une. Elle demeure dans l’Église catholique et romaine également, nous a dit le Concile « subsistit in ».
Je vous rappelle le titre de cette semaine : « Nous réconcilier, L’amour du Christ nous y presse (cf. 2 Co 5, 14-20) »
Il ne s’agit bien entendu pas du tout de tomber dans un doux mélange syncrétiste, unissant dans un même élan Saint Nicolas de Flüe, Luther et Notre-Dame de Fatima qui fêtent un centième anniversaire, mais de nous ouvrir à l’appel que nous lance le Christ : « Soyez un, comme Moi et mon Père, sommes un ».  Il est urgent de parler comme saint Paul : L’amour du Christ nous étreint, à cette pensée qu’un seul est mort pour tous et donc que tous sont morts. Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.

Je termine avec le titre de ce 5ème jour de prière : Voici qu’une réalité nouvelle est là. « Par cette création nouvelle, la Chute de l’homme est surmontée et nous entrons dans une relation rédemptrice avec Dieu. » Réjouissons-nous ensemble de cette annonce. Notre-Dame de l’Unité, priez pour nous !

samedi 21 janvier 2017

4ème jour de prière pour l'Unité des Chrétiens

Le monde ancien est passé (2 Co 5, 17)

Prière : Seigneur Jésus Christ, toi qui es le même, hier, aujourd’hui et pour l’éternité, guéris-nous des blessures du passé, bénis aujourd’hui notre marche commune vers l’unité et guide nos pas vers l’avenir que tu veux pour nous, quand tu seras tout en tous, avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

Sainte Agnès


ÉLOGE DE SAINTE AGNÈS PAR SAINT AMBROISE.

Ste Agnès

Le nom d'Agnès est un titre de pureté : j'ai donc à la célébrer et comme martyre et comme vierge. C'est une louange abondante que celle que l'on n'a pas besoin de chercher et qui subsiste par elle-même. Arrière le rhéteur, arrière l'éloquence ; un seul mot, son seul nom, loue Agnès. Que les vieillards, que les jeunes gens, que les enfants la chantent. Tous les hommes la célèbrent, ils ne peuvent dire son nom sans la louer.

On rapporte qu'elle avait treize ans quand elle souffrit. Cruauté détestable du tyran, qui n'épargna pas. un âge si tendre; mais plus encore, merveilleuse puissance de la foi, qui trouve des témoins de cet âge ! Y avait-il place en un si petit corps pour les blessures ? A peine l'épée trouvait-elle sur cette enfant un lieu où frapper ; et cependant Agnès avait en elle de quoi vaincre l’épée.
A cet âge, la jeune fille tremble au regard irrité de sa mère ; une piqûre d'aiguille la fait pleurer, comme ferait une blessure. Agnès, intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, se tient immobile sous le fracas des lourdes chaînes qui l'écrasent ; ignorante encore de la mort, mais prête à mourir, elle présente tout son corps à la pointe du glaive d'un soldat furieux. La traîne-t-on, malgré elle, aux autels, elle tend les bras au Christ à travers les feux du sacrifice, et sa main forme jusque sur les flammes sacrilèges ce signe qui est le trophée du Seigneur victorieux. Son cou, ses deux mains, elle les passe dans les fers qu'on lui présente ; mais on n'en trouve pas qui puissent serrer des membres encore si petits.
Nouveau genre de martyre ! La vierge n'a pas l'âge du supplice, et déjà elle est mûre pour la victoire ; elle n'est pas mûre pour le combat, et déjà elle est maîtresse en fait de courage. L'épouse ne marche pas vers le lit nuptial avec autant d'empressement que cette vierge qui s'avance, pleine de joie, d'un pas dégagé, vers le lieu de son supplice, parée, non d'une chevelure artificieusement disposée, mais du Christ, couronnée non de fleurs, mais de pureté.
Tous pleuraient ; elle seule ne pleurait pas. On s'étonne qu'elle prodigue si volontiers une vie qu'elle n'a pas encore goûtée ; qu'elle la sacrifie, comme si elle l'eût épuisée. Tous admirent qu'elle soit déjà le témoin de la Divinité, à un âge où elle ne pourrait encore disposer d'elle-même. Sa parole n'aurait pas de valeur dans la cause d'un mortel: on la croit aujourd'hui dans le témoignage qu'elle rend à Dieu. Et en effet, une force qui est au-dessus de la nature ne saurait venir que de l'Auteur de la nature.
Quelles terreurs n'employa pas le juge pour l'intimider ! que de caresses pour la gagner! Combien d'hommes la demandèrent pour épouse ! Elle s'écrie : La fiancée fait injure à l'époux, si elle se fait attendre. Celui-là m'aura seul, qui le premier m'a choisie. Que tardes-tu, bourreau? Périsse ce corps que peuvent aimer des yeux que je n'agrée pas ! »

Elle se présente, elle prie, elle courbe la tête. Vous eussiez vu trembler le bourreau, comme si lui-même eût été condamné; sa main était agitée, son visage était blême sur le danger d'un autre, pendant que la jeune fille voyait sans crainte son propre péril. Voici donc dans une seule victime un double martyre : l'un de chasteté, l'autre de religion. Agnès; demeura vierge, et elle obtint le martyre.

mercredi 18 janvier 2017

Unité des chrétiens



Nous prions pour l'Unité. Les textes sont accessibles sur le site du Saint-Siège et notamment à cette adresse : http://www.unitechretienne.org/

Ils vont nous permettre de prendre connaissance de ce qui est vécu par les Églises luthériennes. Nous célébrons bon nombre de centenaires en 2017, que ce soit Fatima ou la naissance de Nicolas de Flüe, tout comme la première mention dans un document de notre chapelle en 1417. D'autres ont disparu dans les incendies... et 1049 demeure comme référence.
Le 31 octobre 1517, Luther afficha ses 95 thèses à Nuremberg. Si le pape François s'est rendu en Suède pour commémorer la Réforme avec les luthériens, le réformateur est lui-même controversé, on songe aux conséquences de ses prises de position qui provoquèrent de graves divisions et touchent à l'unité de la foi, elle-même. Il y eut également, la problématique de sa soumission "au prince", ses propos outranciers, une vie personnelle qui pose question, la guerre des paysans et ses écrits très durs et gravissimes à l'égard des juifs à la fin de sa vie. La Guerre des Suèdes laissa des cicatrices terribles dans notre région.
Le scandale provoqué par la question des indulgences ne peut être ignoré, comme les manipulations politico-religieuses de l'époque, tout comme la vie des clercs, du haut en bas de l'échelle sociale.
Nous pouvons tout de même trouver une invitation à l'Unité dans la chapelle par exemple dans une copie de qualité et d'état discutable de Lukas Cranach.
Comment la recomposer? D'abord par l'écoute mutuelle et un vivre ensemble pacifié. La collaboration dans les oeuvre de charité et une attention renouvelée à la Parole ainsi que la prière sont de première importance. Bonne route...

Texte Biblique :


TEXTE BIBLIQUE POUR 2017

2 Corinthiens 5, 14-20

L’amour du Christ nous étreint, à cette pensée qu’un seul est mort pour tous et donc que tous sont morts. Et il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. Aussi, désormais, ne connaissons-nous plus personne à la manière humaine. Si nous avons connu le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi.Aussi, si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là.Tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation.Car de toute façon, c’était Dieu qui en Christ réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation.C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.

La Bible – Traduction œcuménique – TOB

L’Allemagne, pays de la Réforme luthérienne

En 1517, Martin Luther exprime des réserves sur ce qu’il considère être des abus dans l’Église de son époque et publie ses 95 thèses. 2017 sera l’année du 500e anniversaire de cet événement qui fut déterminant pour les mouvements réformateurs et qui a marqué la vie de l’Église d’Occident pendant plusieurs siècles. Toutefois, cet événement n’a pas manqué de susciter des controverses dans les relations interconfessionnelles en Allemagne, notamment au cours des dernières années. L’Église protestante en Allemagne (EKD) se prépare à cet anniversaire depuis 2008, en abordant chaque année un aspect particulier de la Réforme, par exemple la Réforme et la politique, ou encore la Réforme et l’éducation. L’EKD a également invité à différents niveaux ses partenaires œcuméniques à contribuer à la commémoration des événements de 1517.

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dimanche 8 janvier 2017

Une étoile à l'Orient


« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’Orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Les mages arrivant d’Orient avaient fait sensation à Jérusalem, toute la ville avait déjà parlé d’eux, mais après avoir expliqué ce qu’ils venaient chercher, qu’ils avaient suivi une curieuse étoile : Ce fut assurément le branlebas… Nos médias n’auraient pas pu mieux jeter l’affolement. Nous connaissons les spéculations autour de la célèbre étoile des rois, elle va d’une comète à la conjonction de trois planètes, Mars, Jupiter et Saturne. L’astéroïde du Vorbourg était peut-être de la partie. Se situant dans une célèbre ceinture entre Mars et Jupiter, il serait intéressant de demander à M. Ory où elle pouvait se trouver à la naissance de Jésus, si nous retenons cette possibilité. L’image de l’une d’elles a la forme d’un soulier, elle nous invitait à hâter le pas… et voulait pour avoir son mot à dire. Monter des légendes est une des spécialités locales.
Qui étaient nos mages venant de Perse, des magoï… Certains, dit l’ancien pape Benoît, estiment qu’il s’agissait de membres d’une  sorte de caste sacerdotale perse. On estime que ces personnages étaient certainement porteurs d'une connaissance religieuse et philosophique  et qu’ils étudiaient les étoiles et leurs mouvements. Après le bœuf et l’âne présents dans les écritures, les chameaux et les dromadaires voulurent entrer dans la crèche et les savants provenant d'Orient sont devenus rois parce qu’ils voulurent entrer dans la crèche. L’étoile disparut à Jérusalem pour que l’Ecriture délivre son message sur la naissance du Messie
Nous n’en sommes pas à un étonnement près, pourquoi Hérode ne prit-il pas les devants ?
Pourquoi l’étoile a-t-elle de nouveau prodigué sa lumière ? Pourquoi personne d’autre que les savants n’a-t-il pu leur indiquer le chemin ?
Était-ce un secret si bien caché dans l’Ecriture ?
Le pape François donnait son interprétation avant-hier: « Hérode ne pouvait pas aller adorer parce qu’il n’a pas voulu changer son regard. Il n’a pas voulu cesser de rendre un culte à lui-même. Les prêtres non plus n’ont pu aller adorer parce qu’ils savaient beaucoup de choses, ils connaissaient les prophéties, mais ils n’étaient disposés ni à se mettre en chemin ni à changer. »
Des personnages importants arrivant dans un petit village, voilà de quoi émouvoir et intéresser bien plus que des bergers agités annonçant qu’ils ont vu des anges. Qu’avaient du penser les habitants de Bethléem lorsque les bergers avaient annoncé la Bonne Nouvelle… un peu ce qu’avaient pensé les habitants de Jérusalem à la Pentecôte. Ils avaient peut-être bu un coup de trop pour se réchauffer.
Lorsque tout ce groupe de personnages importants surgit avec les Mercédès ou les grosses quatre / quatre de l’époque, cela éveille de l’intérêt. Les voir s’incliner devant un petit bébé que présente une maman, hors de la ville, c’est un événement.
Que les mages soient devenus des rois, le développement est positif puisqu’ils symbolisent maintenant tous les peuples de la terre rendant hommage au nouveau-né.

L’étoile  a donc conduit les mages jusqu’à l’endroit où était l’enfant. N’est-ce pas extraordinaire ? Cela avait été une sorte de course au trésor. Ils apportaient les leurs et découvraient le plus grand que Dieu ait pu donner, son propre Fils. Ils ouvrirent leurs cassettes : l’or, pour la royauté, l’encens pour la divinité et la myrrhe annonçant sa souffrance. Dieu va nous  dévoiler son secret dans les bras de sa mère, de Marie. Son coffret au trésor est ouvert, l’arche de l’alliance ne tiendra plus scellé et réservé à quelques savants son mystère, tous y accéderont. Elle avait disparu du temple de Salomon et son contenu va nous être donné, distribué même dans l’Eucharistie et les Ecritures.
«Voyons donc, dit Augustin, ce que signifiaient ces présents mystérieux offerts par les Mages, et comprenons qu'ils proclament en Jésus-Christ l'union personnelle de la divinité et de l'humanité. Le Sauveur est vu comme homme, et il est adoré comme Dieu ; il est gisant dans ses langes et il brille parmi les étoiles. Ses langes annoncent l'enfant qui vient de naître, les étoiles proclament qu'il est le souverain Maître de toutes choses. C'est son humanité qui est enveloppée de langes, c'est sa divinité qui est adorée ; les bergers tressaillent sur la terre, les Anges sont remplis de joie dans les cieux. (10e Sermon inédits) »
Pour Jésus, l’arrivée des mages et leurs salutations fut le début des difficultés familiales. Un ange apparut à Joseph la nuit suivante, et nous connaissons la suite. A coup sûr Hérode n’avait pas mis beaucoup de temps pour recevoir des rapports. Il avait d’ailleurs la réputation selon certains historiens, d’avoir des espions partout.
Pour vivre heureux, vivons caché… La finale d’une fable du 18ème siècle, de Jean-Pierre Claris de Florian, est passée dans les proverbes. Elle raconte qu’un grillon enviait un papillon, mais changea d’avis lorsqu’il vit des enfants l’attraper et lui faire subir un mauvais sort. Avec l’attention des puissants viennent toujours ou presque les ennuis. La vie cachée à Nazareth plus tard fut une bénédiction.

Pourtant qu’elle importance que la naissance d’un petit enfant ? Il est très difficile de trouver une documentation sur les petits enfants à cette époque. O avait peu de considération pour eux. Nous savons qu’ils mouraient en grand nombre, même chez les rois. C’était l’affaire des femmes, de tous temps, jusqu’à la cour de France (1). Hérode paraissait avoir bien peu d’assurance devant un tout petit. Il connaissait toutefois les prophètes et ce dont était capable le peuple qu’il gouvernait, avide de liberté et de légitimité. « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Hérode n’était pas un roi légitime et avait à craindre. Ce berger était si pressé qu’il ne voulut pas attendre l’achèvement du Temple d’Hérode, il n’attend pas l’inauguration d’un monument, parce qu’Il est le Temple de Dieu et inaugure son règne et le Royaume.
Jésus sait la souffrance que sa venue va provoquer, il connaissait sa propre souffrance avant de venir dans le monde, et il l’a acceptée et voulue par amour de son Père, et parce qu’il nous aime, il a voulu aimer jusqu’au bout.
L’enfant de la crèche dans les bras de sa mère, nous demande de ne pas craindre. Chacune de nos étoiles nous a conduits vers lui. Il les a disposées dans le ciel de notre cœur pour cela, pour nous conduire à ce centre de nous-même où il demeure, où Marie nous le présente, elle qui est couronnée d’étoile. Il est venu pour dégager ces pierres qui ferment l’entrée de la grotte de Bethléem ayons confiance en Lui et en sa Mère, Marie notre Mère. Amen. 

Epiphanie


Saint Augustin


ANALYSE. — 9 . Naissance du Sauveur; virginité de Marie. — 2. Annonciation de l'Ange. — 3. L'étoile brillant du haut du ciel. — 4. Offrandes symboliques des Mages.

1. Si nous pouvions exposer parfaitement l'événement de ce jour, nous aurions la connaissance complète des mystères de notre salut. Or, chacun de ces mystères défie, par sa profondeur, toute l'habileté du langage humain. Comment donc pourrait-on se flatter de les exposer tous à la fois sur un seul et même sujet? Nous célébrons aujourd'hui la naissance du Sauveur; mais ne devons-nous pas voir dans cette naissance du Christ la naissance même du monde? C'est aujourd'hui la naissance du Sauveur, c'est-à-dire le mystère d'où le monde a reçu la vie et d'où la lumière, qui avait péri, a été rendue aux mortels. Il naît, celui que les Prophètes ont proclamé le Roi des nations. « Il naît d'une Vierge, comme le Prophète l'atteste en ces termes : Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, et ils l'appelleront Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous ». Le mode de sa naissance prouve donc qu'il est le Seigneur des vertus; une vierge a conçu sans avoir jamais connu la concupiscence; le Saint-Esprit a tout fait en elle; tout a été pur, et le sein qui a conçu le Verbe, et les membres qui l'ont conservé, et les entrailles qui l'ont porté. La mère du Sauveur est elle-même le plus grand miracle; une vierge a conçu, une vierge a enfanté; elle était vierge avant, elle est restée vierge après l'enfantement. Virginité glorieuse et fécondité éclatante ; le Tout-Puissant prend naissance, et sa mère n'exhale aucun gémissement. Elle enfante, son fils paraît à la lumière et sa virginité ne souffre aucune atteinte. Du moment que c'est un Dieu qui naît, il fallait que la chasteté de la mère reçût un nouvel éclat, et celui qui était venu pour guérir toutes les souillures ne pouvait porter atteinte à la parfaite intégrité de sa mère. L'enfant, à sa naissance, est déposé dans une crèche; ce sont là les premières bandelettes d'un Dieu, le Roi du ciel ne dédaigne pas ces entraves, après avoir trouvé bon d'habiter dans un sein virginal. Marie, dépouillée de son précieux fardeau, se tient là debout et se reconnaît mère, avant de s'être connue épouse. Elle adore la divinité de son fils et tressaille de joie d'avoir enfanté par le Saint-Esprit; elle ne frémit pas d'avoir enfanté en dehors du mariage, mais elle se réjouit d'avoir donné naissance à un Dieu.

2. Quand fut arrivé le moment où le Sauveur devait descendre sur la terre et régénérer le monde; à cette époque où les prophéties planaient sur les nations attentives, le Saint-Esprit survint dans la Vierge Marie, selon cette parole de l'Ange: « Le Saint-Esprit viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. Voilà pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils du Très-Haut (Luc, I, 35) ». Grand est donc le mérite de notre foi, parce que grand est le prodige de cette génération, et c'est en toute justice que nous adorons la puissance divine dans la naissance de Celui que nous savons nous être venu du ciel et engendré de Dieu le Père par la vertu du Saint-Esprit, afin de proclamer plus solennellement la Trinité et de sceller la sainteté de Marie. Le Sauveur naît, et le soleil s'élance plus loin dans sa carrière. N'est-il pas nécessaire quë la splendeur qui apparaît aujourd'hui avec tant d'éclat prenne de jour en jour une nouvelle extension ?

3. Mais voici un nouveau messager qui vient nous attester la naissance du Sauveur. C'est une étoile qui apparaît du ciel; ne fallait-il pas que celui qui descendait du ciel fût également attesté par un envoyé du ciel ? La course de l'étoile annonce la naissance du Dieu fait homme; les éléments attestent le même prodige et, mêlée aux rayons du soleil, l'étoile n'en jette que plus d'éclat.


4. Voyons donc ce que signifiaient ces présents mystérieux offerts par les Mages, malgré l'abjection de la crèche, et comprenons qu'ils proclament en Jésus-Christ l'union person. nelle de la divinité et de l'humanité. Le Sauveur est vu comme homme, et il est adoré comme Dieu ; il est gisant dans ses langes et il brille parmi les étoiles. Ses langes annoncent l'enfant qui vient de naître, les étoiles proclament qu'il est le souverain Maître de toutes choses. C'est son humanité qui est enveloppée de langes, c'est sa divinité qui est adorée ; les bergers tressaillent sur la terre, les Anges sont remplis de joie dans les cieux. Mais enfin, quels sont donc ces présents que les Mages, divinement instruits, offrent à l'Enfant-Dieu? Ils présentent de l'or et confessent ainsi que cet enfant est le souverain Maître de toutes choses. lis présentent de l'encens, et ce sacrifice s'adresse à un Dieu. Ils présentent de la myrrhe, symbole de sa mortalité. L'or nous le montre comme Roi, l'encens nous le fait connaître comme Dieu, la myrrhe nous annonce sa sépulture. Les Prophètes annoncent un seul Dieu, et les Apôtres le prêchent; les Mages ont cru, et à Jésus-Christ dans les langes ils ont offert de l'encens, de l'or et de la myrrhe. Pour nous, mes frères, craignons le Dieu unique, afin qu'il daigne nous accorder tous les biens par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui est béni dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

jeudi 5 janvier 2017

Dans l'espérance avec Rachel

Le Saint-Père poursuit sa catéchèse sur l'espérance, celle d'hier vaut un arrêt ou le détour. Qu'est-ce qui fait le plus souffrir une mère que la perte de son enfant? Et pourtant, l'espérance est bien là.

Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais contempler avec vous la figure d’une femme qui nous parle de l’espérance vécue dans les pleurs. L’espérance vécue dans les pleurs. Il s’agit de Rachel, l’épouse de Jacob et la mère de Joseph et Benjamin, celle qui, comme nous le raconte le livre de la Genèse, meurt en mettant au monde son deuxième enfant, Benjamin.

La suite sur Zénit


dimanche 1 janvier 2017

Sainte Marie Mère de Dieu

Raphaël, chapelle Saint-Sixte

1 janvier 2017 - Sainte Marie, Mère de Dieu 

1ère lecture : « Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 22-27)
2ème lecture : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4-7)
Evangile : « Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né.Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)

Frères et Sœurs, 

L’Evangile de la Nativité appartient aux tableaux que l’on aime méditer. L’Enfant, Marie et Joseph, le rappel de l’ange, les bergers, avec certainement leurs moutons. Jésus est circoncis le huitième jour après sa naissance. Il est accueilli dans la communauté des promesses héritées d'Abraham ; à présent il appartient aussi « juridiquement » au peuple d'Israël. Le pape Benoît enseignait qu'à partir de la circoncision est mentionné explicitement le nom de Jésus qui veut dire Dieu sauve, le regard est tourné vers l'accomplissement des attentes, qui appartiennent à l'essence même de l'alliance.