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dimanche 5 mars 2023

Transfiguration

 

5 MARS 2023 -  2ème Dimanche de Carême — Année A
Première lectureVocation d’Abraham, père du peuple de DieuGn 12, 1-4a
Psaume Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi !Ps 32 (33), 4-5, 18-...
Deuxième lecture Dieu nous appelle et nous éclaire2 Tm 1, 8b-10
Évangile« Son visage devint brillant comme le soleil »Mt 17, 1-9

Chers Frères et Sœurs,

La lettre du Pape François pour ce Carême avec son commentaire de l’Évangile de la Transfiguration, nous met devant un dilemme. Faut-il simplement la lire ou en faire un commentaire qui compliquerait ce qu’il en dit ? Elle est relativement simple, tout en étant pas la seule interprétation de cet événement extraordinaire. Vous pouvez la lire pour vous à la maison ou même vous la faire lire par un logiciel qui vous convienne, aujourd’hui tout est possible. Nos sœurs en ont déjà pris connaissance.  La Transfiguration du Christ est pour les chrétiens un encouragement avant la Passion, pour les engager à croire en la Résurrection. Ce mystérieux événement eut lieu entre les deux annonces que fit Jésus de sa Passion, mais elle ne les amena apparemment même pas à une plus grande compréhension de ce que Jésus allait accomplir. Sa mort allait être pour eux le scandale des scandales.  A croire qu’elle a eu lieu pour nous.

Ce récit est rapporté par les trois évangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc. Le pape nous dit qu’il y avait eu un accrochage sérieux en particulier avec Pierre. Le futur pape s’est fait appeler Satan. On ne peut que s’étonner devant la force de l’invective du Seigneur. Mais comment en vouloir à Pierre, si nous prenons la peine de relire nos propres réactions et nos incompréhensions devant les événements durs de nos vies. Il ne voulait pas que le Seigneur meure sur une croix. Ne faisons-nous pas de même devant notre propre souffrance ou celles d’un proche, ou d’innocents. Qui d’entre nous ne souhaiterait en réponse à la guerre en Ukraine, donner une réponse en chars d’assaut, bombes et avions, sans manquer d’envoyer le responsable principal à son jugement dernier. Pierre souhaitait l’avènement d’un libérateur politique. C’est une solution purement humaine, ou plutôt de notre animalité et des modes de réponse accumulés depuis l’avènement de la vie sur terre. Jésus sermonne Pierre, mais il veut essayer d’éveiller une autre réponse de ses trois disciples et leur ouvrir l’esprit.

Pour ce faire, il entreprend une montée au Thabor, un lieu splendide depuis lequel on voit la vallée du Jourdain. Certains disent que son nom serait dérivé de celui de Deborah connue pour être guerrière, belliqueuse et courageuse. Faisons donc honneur aux dames.

Six jours après ses expressions fortes envers Pierre, le Seigneur entreprend donc l’ascension de cette petite montagne de 588 mètres d’altitude, qui est bien difficile à gravir lorsqu’il fait chaud. Même aujourd’hui avec les cars, l’opération n’est pas aisée.

Le pape François dans sa lettre parle de la difficulté de cette montée qu’il qualifie d’expérience ascétique. « Il faut se mettre en chemin, dit-il, un chemin qui monte, qui exige effort, sacrifice, concentration, comme une excursion en montagne. Ces conditions sont également importantes pour le chemin synodal dans lequel nous nous sommes engagés, en tant qu’Église. Il nous sera bon de réfléchir sur cette relation qui existe entre l’ascèse de Carême et l’expérience synodale. »

Le but est une « retraite », et même une expérience spirituelle qui sort de l’ordinaire. Il monte avec 3 disciples qui seront vus comme des colonnes de l’Église. Il s’agit d’un petit nombre. Le pape parlant d’expérience synodale, je ne peux m’empêcher à titre personnel de faire un rapprochement entre les 3 disciples et le petit nombre de réponses qu’il y avait eu lors de la consultation. La réponse a été relativement modeste : 5’400 personnes pour un million de catholiques dans le diocèse de Bâle. Mais Pierre, Jacques et Jean n’étaient en fait que trois. Le temps de retraite se fait avec le Seigneur. C’est lui qui donne la lumière et l’Esprit-Saint qui permet de le voir avec Moïse et Élie. Les trois Apôtres voyaient sans voir ou très mal, et sans comprendre. Moïse et Élie parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Durant cette retraite et après elle, nous ne serons donc pas seuls. Le Seigneur à sa résurrection apparaîtra avec les signes de sa passion inscrits en lui, ils témoigneront de l’accomplissement de ces paroles échangées.

 « A quoi sert la Transfiguration ? »  La réponse ni les fruits n’ont été immédiats. Elle est pour nous aujourd’hui, un encouragement dans notre quotidien, pour croire en la Résurrection. Pour les trois Apôtres, elle a eu lieu entre les deux annonces que fit Jésus de sa Passion, ce qui n’amena même pas à une plus grande compréhension de ce que Jésus allait accomplir. Cet encouragement à quoi leur a-t-il servi alors ? Il n’y a pas de réponse ailleurs que dans la manifestation de la fidélité de Dieu lui-même, dans son choix et son appel. Il a répondu dans sa miséricorde manifestée après sa résurrection. Alors confiance, même si le ressenti n’est pas celui que nous espérerions. Il est fidèle, il est le fidèle. A la transfiguration Pierre Jacques et Jean voient Jésus, Moïse et Élie, la Loi et les prophètes, mais s’ils discutent avec Jésus de sa montée à Jérusalem, et que les trois apôtres ne comprennent pas et ne voient pas aussi bien qu’ils le devraient, ils sont avant tout, vus du Christ et aimés, il nous voit en eux, et avec eux sur la montagne.

Nous allons terminer avec le pape François qui nous propose deux “sentiers” à suivre pour monter avec Jésus et parvenir avec Lui à destination. Ce n’est pas seulement sur cette montagne du Thabor, mais à Jérusalem. « Le premier fait référence à l’impératif que Dieu le Père adresse aux disciples sur le Thabor, alors qu’ils contemplent Jésus transfiguré. La voix venant de la nuée dit : « Écoutez-le » (Mt 17, 5). »  Écouter Jésus dans la Parole de Dieu que l’Église nous offre dans la Liturgie par tous les moyens à disposition, y compris avec l’aide d’internet. Ensuite, « les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : “Relevez-vous et soyez sans crainte”. Voilà la seconde indication pour ce Carême : ne pas se réfugier dans une religiosité faite d’événements extraordinaires, d’expériences suggestives, par peur d’affronter la réalité avec ses efforts quotidiens, ses duretés et ses contradictions. La lumière que Jésus montre aux disciples est une anticipation de la gloire pascale, vers laquelle il faut aller, en le suivant “Lui seul”. Une expérience spirituelle forte n’est pas l’aboutissement du chemin, mais une étape.

Chers frères et sœurs, Que l’Esprit Saint nous fasse vivre ce Carême dans l’ascèse avec Jésus, pour faire l’expérience de sa splendeur divine et, ainsi fortifiés dans la foi, poursuivre ensemble le chemin avec Lui, gloire de son peuple et lumière des nations. Amen.


dimanche 15 janvier 2023

Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde

 


15 JANVIER 2023 - dimanche, 2ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne j...Is 49, 3.5-6
Psaume Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. Ps 39 (40), 2abc.4ab...
Deuxième lecture « À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Sei...1 Co 1, 1-3
Évangile« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »Jn 1, 29-34

Chers frères et sœurs,

Nous retrouvons dans l’Évangile Jean-Baptiste qui témoigne devant tous de l’identité de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Puis, : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. »

Jean a été très présent dans les lectures de l’Avent, le voici encore maintenant 2 dimanches de suite, en cette période de reprise, de redémarrage du temps ordinaire. Nous le rencontrerons au moins à 2 reprises durant l’année, en plus de la fête de la Visitation, lors de la fête de sa Nativité au solstice d’été, accompagné de la formule, il faut qu’il croisse et que moi, je diminue, puis pour son martyre. Jean annonce le Messie, il le désigne. Sur les représentations occidentales on le voit qui montre Jésus du doigt. Habituellement, on demande ou demandait en tout cas aux enfants de ne pas le faire. Mais là, c’est vraiment positif. Ce type de représentation ne se retrouve pas dans les icônes orientales.

Un récent synode sur l’Eucharistie disait qu’il est significatif que l’expression « Agneau de Dieu, revienne, chaque fois que nous célébrons la Messe, dans l'invitation faite par le prêtre à s'approcher de l'autel: «Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Vous avez peut-être remarqué que la formulation a été changée dans la nouvelle traduction du missel, on ne dit plus le péché, mais les péchés. On peut se demander pourquoi ? Le texte grec est au singulier comme dans le latin de ce qu’on appelle la nouvelle vulgate, la traduction latine de la bible de Vatican II. Le texte latin du missel, est par contre au pluriel « peccata mundi ». Le but est de se rapprocher du  latin du missel qui met l’accent sur le fait que le péché n’est pas une fatalité liée au péché originel, donc à notre condition humaine touchée par lui, mais concerne notre responsabilité personnelle. Cette prière se retrouve dans  le gloire à Dieu. Un liturgiste nous donnera peut-être la solution. Au 7ème siècle un concile avait voulu empêcher la représentation du Christ sous la forme d’un agneau. Nous le voyons encore ainsi grâce à l’opposition du pape Serge 1er. Ca n’est pas fondamental, mais il n’est pas inutile d’entendre une fois ce type d’explications. Jean-Baptiste désigne Jésus, son cousin, non pas en l’appelant le Messie, un titre qui est dans l’esprit des gens, celui du libérateur politique attendu, mais bien avec celui d’Agneau de Dieu.

A quoi se réfère ce titre et ce symbole de l’Agneau ? Nous viennent à l’esprit, le bélier qu’Abraham va offrir en place de son fils Isaac, puis l’agneau sacrifié en Egypte pour que l’ange exterminateur épargne les aînés des Israélites. La tradition juive va aussi établir un lien avec le sang de l’Alliance, dont la circoncision est le signe et le sang de l’Agneau pascal qui permet la renaissance d’Israël comme Peuple (Cf Les symboles bibliques). C’est un agneau mâle sans tache, sans défaut, qui doit être offert pour le sacrifice, l’agneau de la Pâque.

Jésus est le véritable agneau pascal qui s'est spontanément offert lui-même en sacrifice pour nous, réalisant ainsi la nouvelle et éternelle alliance. L'Eucharistie contient en elle cette nouveauté radicale, qui se propose de nouveau à nous dans chaque célébration. Voilà le motif de cette présence répétée du nom de l’Agneau. Il est lié au sacrifice, non à une gouvernance politique.

Jésus baptisé vient à notre rencontre, non pas comme un potentat ou un chef de guerre, mais comme l’Agneau de Dieu qui va être offert en sacrifice pour la Pâque et rétablir l’Alliance définitive entre Dieu et les Hommes. Nous nous trouvons avec le baptême de Jésus devant un véritable programme spirituel et d’évangélisation. Il ne s’agit pas seulement de proclamer la parole, ce qui est déjà bien difficile, mais de mettre aussi nos pas dans ceux de Jésus, de le laisser vivre en nous, pour que se réalise l’Alliance de Dieu avec les hommes, pour passer avec lui de la mort à la résurrection.

Jean-Baptiste ne paraît pas avoir compris pleinement les paroles inspirées qu’il prononçait. Peu de temps avant son martyre, il paraissait encore attendre un Messie qui viendrait purifier le Peuple et établir un Royaume terrestre. Mais il n’est pas de ce monde.

Dans la première lecture, Isaïe avait voulu faire comprendre qu’Israël est un témoin choisi : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Mais le Seigneur ne vient pas seulement s’adresser à un peuple limité à celui qui se réclame de la descendance d’Abraham. Il vient étendre l’Alliance à toutes les nations. 

Pour que cette Alliance s’étende, la parole doit être annoncée et proclamée, et Dieu a cette particularité de vouloir agir avec les instruments réels et limités dont il dispose. Nous avons des modes de pensée limités par notre culture, notre milieu familial, des parcours de vie cahoteux, ce qu’on appelle aussi les cabots de la vie et spirituellement, nos péchés… Nous ne pouvons en rester globalement à la faute originelle, l’amour dont nous devrions témoigner paraît fuir comme hors d’un récipient percé, et nous ne pouvons alors plus donner à boire à ceux qui ont soif. Serait-ce le motif principal pour lequel certains vont parfois ailleurs ? Dieu a heureusement la mystérieuse capacité de changer les conséquences du mal en bien, car il est miséricorde.

Nous ne sommes pas les compagnons de l’Anneau, comme dans la célèbre et splendide trilogie, mais bien les compagnons de l’Agneau, et ses témoins :  les témoins de l’Agneau.

Le Pape François revient dans sa catéchèse du mercredi, durant les semaines qui vont venir, sur l’Évangélisation. La communauté des disciples de Jésus naît apostolique, elle naît missionnaire. Nous le sommes par notre baptême. Ce doit être une passion. Le baptême n’est pas une puce qu’on nous greffe avec un programme qui se déploie à l’ouverture, d’un coup. Dieu travaille avec de l’humain. Le pape veut privilégier une Évangélisation par attraction, un terme emprunté au Pape Benoît. Il ne s’agit pas de prosélytisme. L’Évangile doit être proclamé, mais il est primordial qu’il soit vécu, sinon c’est du théâtre ou un de ces splendides opéras, des drames souvent. Les artistes jouent bien mieux que nous, d’ailleurs. Mais parfois nous sommes très habiles à cacher notre jeu, et il arrive ce qu’on a vu ces dernières années. L’Évangile a surtout été transmis non par des puissants, mais des saints, et pas seulement ceux du calendrier, ceux de tous les jours, ils sont le cœur de l’Église et de l’Évangélisation. Il ne s’agit pas de faire des miracles, mais d’aimer en esprit et en vérité, à commencer par nos plus proches. Il ne s’agit pas simplement de nous supporter les uns les autres, mais de porter le fardeau des uns et des autres, de nous aimer les uns les autres.

Confions cette nouvelle année ordinaire à Notre-Dame qui va nous aider à suivre Jésus, avec les mystères lumineux, ceux du temps ordinaire. Amen.


dimanche 8 janvier 2023

L'Épiphanie du Seigneur

 


8 janvier 2023 - L'Épiphanie du Seigneur — Année A

Lectures de la messe : 

Première lecture « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » Is 60, 1-6   
Psaume Toutes les nations, Seigneur, 
 se prosterneront devant toi. Ps 71 (72), 1-2, 7-...   
Deuxième lecture « Il est maintenant révélé que les nations sont associées... Ep 3, 2-3a.5-6
 Évangile Nous sommes venus d’Orient adorer le roi Mt 2, 1-12 

Homélie Épiphanie du Seigneur.

Chers Frères et Sœurs,

Nous apprécions la fête de l’Épiphanie parce qu’elle apporte un surcroît de rêve. Les  mages représentent les nations, c’est-à-dire chacun d’entre nous. La Bonne Nouvelle est parvenue très loin, les étoiles et la nature l’ont annoncée à des chercheurs, des chercheurs de Dieu qui tentaient de percevoir l’avenir dans les étoiles. En même temps, c’était la notoriété qui arrivait dans la crèche. Était-elle si positive ? Un ange a du demander à Joseph d’emmener la Sainte Famille et de fuir en Égypte peu après cette visite. Mais voilà, Jésus est venu pour toutes les nations, pour tous les peuples de tous les temps.

Nous pourrions nous demander s’il ne s’agit pas là que d’un pieux récit servant à réjouir les enfants, ce qui n’est déjà pas si mal. Comme vous êtes presque tous capables de parcourir les cieux du cyberespace vous pouvez y glaner bon nombre de renseignements qui peuvent inciter à ne pas suivre le trou noir d’un scepticisme absolu. Pourtant un trou noir sert à l’équilibre de l’univers, dit-on. Une version du livre de la guerre des Juifs, un livre de Flavius Josèphe qui est mort vers  l’an 100 à Rome, mentionne que des sages venus de Perse visitèrent Hérode en lui disant que leurs  ancêtres avaient recueilli des Chaldéens, l’astronomie qui est leur science et leur art... « L’étoile leur est apparue, signifiant la naissance d’un roi qui dominera sur l’univers. » Pourquoi ne pas se référer aussi aux premières représentations du 2ème siècle, dans les catacombes de Priscille à Rome, également à la procession des mages de Ravenne.

Qu’est-ce qui a engagés les mages à se mettre en chemin ? S’agissait-il d’une conjonction de planètes, d’une comète ? Qu’importe ! Ces 3 hommes s’interrogeaient, ils cherchaient. C’est une première attitude qui devrait être la nôtre. Ils en ont eu une seconde, ils se sont mis en chemin. Dans un troisième temps, une fois arrivés au terme de leur voyage, ils se sont inclinés vers l’enfant. Nous pourrions dire que ces 3 rois ont déposé leurs couronnes. Nous le faisons aussi avec celles que nous avons tirées au sort pour nous, et celles de tous les jours.

Pour explorer les cieux peut-être utilisons-nous des lunettes d’approches, un télescope du côté de Vicques ou bien, nous étendons-nous sur une chaise de longue, de nuit par une belle soirée d’été ? Nous pouvons le faire aujourd’hui par scientifiques interposés. Avec constance ils paraissent nous dire qu’ils arrivent maintenant à lire dans le ciel une histoire de notre univers, de son commencement microscopique à la fin de son extension. Mais nous avons de curieuses habitudes, des traditions bien ancrées qui ne veulent pas  se laisser ébranler par ce réchauffement climatique scientifique. Les mages cherchaient un nouveau roi, mais ils cherchaient aussi Celui qui est à l’origine de tout, notre créateur. N’est-ce pas la finalité, le but de notre présence en ce monde, de notre existence, rechercher Celui qui est à l’origine de tout et le rejoindre pour l’adorer, c’est-à-dire l’aimer totalement et se laisser aimer.

La recherche des Mages les a conduit en un lieu, vers une nation et vers un roi, mais qui n’avait pas de couronne. Elle les a amenés en un lieu à Bethléem. Ce roi ne venait pas pour régner comme un potentat ou un despote. Hérode n’a pu le comprendre, il a vu un concurrent, il a eu peur pour son trône. Le petit roi,  est venu pour aimer, nous apprendre à aimer comme Dieu aime. La Trinité, ce sont trois personnes qui sont un seul Dieu, trois personnes qui s’aiment, et c’est l’une d’entre elles qui vient nous apprendre à aimer en vérité. Ce n’était pas une émergence de Dieu parmi d’autres, mais lui-même qui était venu chez nous, dans notre histoire, en personne.

Levons-nous les yeux pour rechercher un signe dans nos vies ? Nous sommes-nous mis en chemin pour rechercher Dieu ? Dans sa règle, Saint Benoît demande d’être attentif au fait de voir si le novice recherche vraiment Dieu, si revera Deum quærit. Les yeux du Seigneur du haut du ciel, dit-il ailleurs,  cherche un homme qui ait l’intelligence et qui cherche Dieu. Les Mages regardaient le ciel et étaient regardés eux aussi, aimés de Dieu. Il était dans le cœur des trois Mages, il est dans le nôtre, comme l’étoile, mais il veut venir s’y établir pleinement, établir une alliance d’amour pour toujours avec nous.  

Nous avons dit au revoir cette semaine au Pape Benoît. Il était un chercheur de Dieu, il l’a recherché jusqu’au bout, de toutes ses forces et de tout son cœur. Cet acteur et dernier témoin du Concile Vatican II, avait dans son blason une "chape" qui est un symbole religieux, un idéal tiré de la spiritualité bénédictine. Il y a aussi une tête de Maure couronnée et une coquille de saint Jacques qui évoque saint Augustin. Il fait référence à l’histoire d’un enfant qui cherchait à vider la mer avec un coquillage en la mettant dans un trou creusé dans le sable… Nous voilà encore avec le thème de la recherche de Dieu. Notre esprit est limité, comme notre sagesse et notre connaissance, mais Dieu veut que nous le cherchions avec nos moyens. Il se laisse trouver parce qu’il est un petit enfant. Nous pourrons le rejoindre par l’amour. Dieu est amour, c’est la clef de toute l’oeuvre de Saint Augustin et aussi le titre de la première encyclique du pape Benoît qui avait mis en avant l’amour eros et pas seulement l’agape plus sage. Dieu est amour : L’amour est la clef pour rejoindre le Seigneur et pour être rejoint de lui, la clef pour nous rejoindre entre nous. Il a voulu en cette fête de l’Épiphanie montrer aux hommes de tous les temps qu’il voulait tous les rejoindre. « Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. » Ce ne sont pas ces trésors là qu’il veut, mais bien le cœur de ceux qui viennent à lui. Le pèlerinage des Mages, pèlerinage extérieur,  était une expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de leur cœur (Homélie pour l’Épiphanie, 6 janvier 2013). L’amour amène à l’adoration, l’adoration, c’est la remise totale de soi-même à celui qui nous a aimé le premier et veut se donner totalement à nous.

Cette adoration va aujourd’hui à un petit enfant dans les bras de sa mère. C’est là le sens le plus profond de ce mystère de l’Épiphanie où une étoile mobilise des Mages, c’est-à-dire des Sages venus de l’Orient pour les conduire à quoi ? A un petit enfant, un petit enfant où ils cherchent toute la lumière, toute la beauté, toute la sagesse, toute la grandeur, toute la vie, un petit enfant où ils reconnaissent le Dieu vivant.

Aujourd’hui réjouissons-nous parce que cet enfant vient inscrire nos noms dans les cieux, faire de nous aussi des étoiles qui conduisent au cœur de Dieu. Amen.


dimanche 25 décembre 2022

"Aujourd’hui vous est né un Sauveur "

 


25 DÉCEMBRE 2022  Nativité du Seigneur — Année A - Solennité 

MESSE DE LA NUIT

Première lecture« Un enfant nous est né »Is 9, 1-6

PsaumeAujourd’hui, un Sauveur nous est né :

c’est le Christ, le Seigneur.Ps 95 (96), 1-2a, 2b...

Deuxième lecture« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes »Tt 2, 11-14

Évangile« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »Lc 2, 1-14


« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »

Noël est pour nous tous traditionnellement un jour de joie et de fête, en particulier pour les petits enfants. Lorsque nous voyons les représentations de Jésus dans la crèche, c’est à eux que nous pensons. Nous nous rappelons aussi notre propre petite enfance, et au bonheur de la fête avec nos parents.

Aujourd’hui encore, nous nous devons pour eux de témoigner de Noël comme une fête chaleureuse et joyeuse. Il ne s’agit pas simplement d’un anniversaire. A la manière des petits enfants qui à un moment de leur vie n’arrêtent pas de poser des questions et de demander pourquoi, nous pouvons nous demander pourquoi donc ? La joie annoncée par l'ange n'est pas quelque chose qui appartient au passé. Il s'agit d'une joie d'aujourd'hui, de l'aujourd'hui éternel du salut de Dieu, qui comprend tous les temps, passé, présent et futur. "Aujourd'hui encore, et chaque jour jusqu'à la fin des temps, le Seigneur sera sans cesse conçu à Nazareth et naîtra à Bethléem" (In Ev. S. Lucae, 2; PL 92, 330). (J-P II).

Joseph est monté de Nazareth, avec Marie, vers la Judée, jusqu’à la ville de David, jusqu’à Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Ce rejeton de David, naît de Marie dont Joseph était l’époux. C’est l’accueil d’un rejeton qui ne provient pas d'un « engendrement » humain, mais de Dieu qui accomplit une promesse. Un lien existe entre Nazareth et le mot Nezer qui signifie justement rejeton. Ce mot de Nazaréen suivra Jésus jusque sur la croix.

Noël, c’est une fête, et un jour où nous témoignons de notre joie pour la naissance de celui qui est Dieu et qui nous permet d’entendre la voix des anges (merci à ceux de notre chorale). Ajoutons un autre pourquoi . Pourquoi est-il important de vivre un tel jour en témoignant de la joie ? Pour les petits enfants d’abord, humainement, c’est très bien pour eux, il est reconnu maintenant qu’il faut pour ainsi dire leur offrir durant leurs premières années de vie, une réserve de bonheur où ils vont pouvoir puiser toute leur vie. Un cadre religieux va leur donner des sortes de marqueurs et de références intérieurs. Humainement, c’est bien. Mais eux, que peuvent-ils nous révéler ces petits ? Pouvons-nous, nous les grandes personnes et les 3èmes âges et plus, apprendre des enfants ? Les enfants, écrit Maurice Zundel, sont plus sages que nous, ils vont au coeur du réel, et le réel c’est l’Amour, qui n’est qu’amour. Ils nous demandent de l’amour pour nous en donner déjà. Le réel, c’est aussi la pauvreté de Dieu qui ne s’atteint lui-même qu’en se donnant dans la communion trinitaire. Et Noël, c’est cela: un monde nouveau, une humanité nouvelle, un Dieu tout neuf, une histoire qui commence, dont l’unité se fait jour en celui qui est capable de l’unifier en un seul dessein, en la pénétrant du même souffle d’un éternel amour. Un Dieu si petit qu’il nous demande de tout lui donner comme un enfant pour pouvoir tout nous donner.

Jésus petit enfant, est donc un enfant particulier. Mais pourquoi ? On dit d’un enfant qu’il a réussi lorsqu’on voit ce qu’il a réalisé à la fin de sa vie. Mais chaque enfant qui vient au monde a de la valeur par ce qu’il est. Jésus dans sa fragilité, est le Sauveur de tous les hommes, il va grandir, travailler, prêcher, donner sa vie et ressusciter et nous ressusciter. Il a de la valeur aussi, parce qu’il est Fils de Dieu. Un tout petit enfant comme nous l’avons été, est déjà capable de Dieu, en raison de son âme spirituelle. Il est aimé de Dieu. Quelle prudence, quel respect et quelle attention, il faut avoir envers eux. Dans une revue j’ai lu, il y a quelques jours que certains chercheurs auraient détectés qu’à 8 mois, par leurs réactions oculaires, ils ont la capacité de réagir par une sorte de justice rétributive, l’attribution d’un blâme en réponse à un comportement inapproprié. Comme si le sens moral, effectivement, précédait la pensée symbolique et le raisonnement. Dans un petit enfant, il y a le visible et l’invisible, le corps et l’esprit, il y a union et relation entre les deux. Nous sommes un.

Jésus a une particularité supplémentaire. Quel est ce plus ? Dans les yeux du nouveau-né de la crèche, nous pouvons déjà voir aussi un reflet de la lumière provenant de l’infinie bonté de son Père qu’il contemple sans cesse. Il a un corps et une âme, il est homme et il est Dieu.

Ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’il ne s’agit pas d’une histoire inventée, mais d’un événement bien réel qui s’est produit dans le temps ce n’est pas un mythe, une histoire inventée.

Ce n’est pas une fiction avec des effets spéciaux. J’ai vu l’autre jour un film magnifique qui vient de sortir avec des images 3D époustouflantes, splendides. On se croirait presque dans le film. Dieu ne prend pas la même méthode. Nous sommes pour lui  des personnes bien réelles, il ne veut pas avoir affaire à des avatars. Il vient nous aimer tels que nous sommes dans notre réel et notre présent ; comme il nous a créés et voulus, avec une liberté qui nous permet d’agir et de réagir, d’obéir et d’aimer, et de faire tout le contraire également. Il ne nous réinvente pas, Il ne nous met pas dans un univers parallèle, mais nous aime ici et maintenant, ce soir. Il nous témoigne de son amour dans l’enfant de la crèche. Il a envoyé de vrais anges qui ont chanté sa gloire. Ils se cachent, car nous ne supporterions pas leur vue et Dieu veut que nous vivions dans notre présent, dans notre monde matériel, avec la foi pour entrer en communion avec lui. Une foi qui se manifeste dans un amour partagé.

Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, on dit que l’éternité rentre dans le temps. Elle ne vient pas le figer, mais le dilater à l’image d’un cœur qui aime, établir une connexion par une communion, cela dépasse les wifi et les fils comme dans mon film. Lorsqu’un cœur est malade, souvent ce sont les artères qui se bouchent et deviennent rigides. Dans notre vie avec Dieu, c’est la même chose. La vie, l’amour, ne parvient plus à circuler. Le pape François invitait cette semaine sa curie à la conversion. C’est toujours plus sympathique pour nous, lorsque cela est dit pour ceux qui sont tout en haut dans la hiérarchie. Le contraire de la conversion, disait-il, c’est le fixisme. Le fixisme c’est de vivre sur des habitudes et de ne pas se renouveler, transformer l’Évangile en statue de sel en ne le mettant pas en pratique. Un enfant est précieux, il s’agit de bien s’occuper de lui, avec attention. Notre vie spirituelle, n’est-ce pas la même chose ?

Celle qui est le plus félicitée lors d’une naissance, c’est la maman. Nous la remercions et nous nous réjouissons avec elle. Quant à Joseph nous ne l’oublions pas. Il va exercer sa paternité au nom de Dieu pour faire grandir Jésus et nous avec. Amen.


dimanche 18 décembre 2022

A quoi rêvait Joseph?


Intro

Chers frères et sœurs, nous sommes parvenus au 4ème dimanche de l’Avent avec la 4ème et dernière bougie allumée qui symbolise l’enseignement des prophètes qui annoncent un règne de justice et de paix. Viens Seigneur ne tarde plus ! Nous avons le désir de revoir briller la lumière, les ténèbres de fin d’année nous pèsent. Nous chanterons au Magnificat l’antienne O de ce 18 décembre : O Adonaï, Seigneur, chef de la maison d'Israël, qui est apparu à Moïse, dans la flamme du buisson ardent, et qui lui as donné la loi sur le Sinaï; viens nous racheter dans la force de ton bras. Ce n'est plus dans cette flamme qu’apparaîtra le Seigneur, mais il va se faire l’un de nous, petit enfant. Avec Joseph qui a fait confiance à l’ange et habités déjà par la joie de cette naissance toute proche…

Homélie

Les rêves, vaste sujet !

Voici nous dit l’Évangile que l’ange du Seigneur apparut en songe à Joseph. Les songes et leurs interprétations étaient une spécialité ou une particularité de son homonyme le patriarche Joseph. Nous nous rappelons de celui qui fut « mal compris » de ses frères.

Pourquoi ce songe a-t-il été nécessaire ? Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Les iconographes byzantins représentent plutôt ce qu’ils appellent le doute de Joseph. Le pauvre s’interroge et le diable tout près essaye de lui faire douter de Marie. On le voit ainsi représenté sur les icônes de la Nativité. L’Occident lui est plus favorable, estimant qu’il ne s’estimait pas digne de l’accueillir chez lui. Dans des représentations plus récentes, surtout occidentales, on le voit qui dort et l’ange qui s’approche de lui et lui parle dans son rêve.

Le pape François qui a fait de saint Joseph le patron de l’Église universelle met en valeur son obéissance. « Joseph, dit-il, est très préoccupé par la grossesse incompréhensible de Marie : il ne veut pas « l’accuser publiquement »[14] mais décide de « la renvoyer en secret » (Mt 1, 19). Dans ce songe, l’ange l’aide à résoudre son dilemme : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 20-21). Sa réponse est immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame intérieur et il sauve Marie.

Joseph, l’époux de Marie, était un spécialiste des songes, nous en comptons 4, tous mentionnés par saint Matthieu, l’Annonce à Joseph, le départ pour l’Egypte, le retour de la Sainte Famille, et l’installation à Nazareth. Certains parlent de genre littéraire à ce propos, est-on obligés de les suivre ?

Faut-il se laisser guider par des songes ? Certains d’entre nous rêvent peut-être beaucoup, ce n’est pas mon cas, sinon lorsqu’il faut évacuer une anxiété juste avant le réveil, et alors les montages sont tellement étranges que j’en viens à me dire que c’est un rêve absurde et que je dois me réveiller pour y échapper. L’inconscient se défoule. A une certaine époque on disait facilement que c’étaient les petites filles qui étaient rêveuses. C’était impardonnable pour les garçons en classe à un tel point que dans les annotations, ils avaient le droit à la mention « rêve pendant les cours », jusqu’à ce qu’on s’aperçoive enfin et parfois que le rêveur était myope. C’est un facteur pour se réfugier dans son monde intérieur. Il est vrai que de petites voisines y étaient aussi pour quelques choses pour d’autres. Einstein rêvait pourquoi pas Saint-Joseph ? er même le pape François. Joseph avait ses soucis en tête, il aimait profondément Marie, elle faisait partie de son rêve! 

Pour nos amis psychologues, le rêve est une branche en soi et leur interprétation, une spécialité. Pour ceux d’entre vous, qui ne peuvent pas aller sur la toile, il y a des répertoires de rêves et de leur symbolisme. Ce n’est donc pas un lieu qui est aussi négligeable qu’on pourrait le laisser entendre. D'ailleurs ne sommes-nous pas reliés avec l'invisible, l'au-delà du visible et l'immatériel par notre être spirituel  Quant aux saints présents au calendrier, ils sont nombreux à bénéficier de songes de l’antiquité à la période contemporaine, Hildegarde, Gertrude, Brigitte de Suède, des Catherine, Ignace de Loyola, Saint Jean Marie-Vianney, Saint Jean Bosco. Je laisse mes sœurs, me découvrir un ouvrage sur les rêves des saints du Carmel. Pour discerner la valeur spirituelle d’un rêve, nécessite une certaine expérience et des rêves et du discernement, ce qui était manifestement le cas de Joseph.

L’ange lui demande de prendre chez lui son épouse et d’accueillir l’enfant. Il va droit au but : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » Littéralement : ceci en effet en elle engendré d’Esprit est saint. L’ange donne deux noms pour appeler l’enfant. Joseph doit lui donner son nom ce qui est la prérogative du père qui l’introduit ainsi dans sa famille, la famille de David  « tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve) »

Nous reconnaissons la prophétie d’Isaïe, ensuite : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » Et dans l’Evangile : « on lui donnera le nom d’Emmanuel » ils appelleront le nom de lui Emmanuel.

En tant que descendant de David (cf. Mt 1, 16.20), la racine (O racine de Jessé que nous avons chanté hier) dont devait germer Jésus selon la promesse faite à David par le prophète Nathan (cf. 2 S 7), et comme époux de Marie de Nazareth, saint Joseph est la charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau Testament. Toutes les nations sont invitées à l’appeler par son nom Dieu avec nous, et à accueillir sa paix, celle qui vient de la réconciliation avec Notre Père.

Cette famille qui est constituée autour de Jésus qui va naître, porte aussi notre espérance, aujourd’hui, demain et à jamais. Puissions-nous reconnaître son nom et parvenir à l’obéissance de la foi qui a habité Joseph, nous qui sommes appelés à être saints. Je crois que nous pouvons porter dans notre prière toutes les mamans qui attendent un enfant. Et les enfants qui n’ont pas de familles, ceux qui souffrent de la guerre et de la faim.

Salut, gardien du Rédempteur,
époux de la Vierge Marie.
À toi Dieu a confié son Fils ;
en toi Marie a remis sa confiance ;
avec toi le Christ est devenu homme.

O bienheureux Joseph,
montre-toi aussi un père pour nous,
et conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,
et défends-nous de tout mal. Amen.

dimanche 4 décembre 2022

Erreur 404 not found : Hacker de la Bonne Nouvelle

 


 

 4 décembre 2022 - dimanche, 2ème Semaine de l'Avent — Année A

Lectures de la messe

    Première lecture « Il jugera les petits avec justice » Is 11, 1-10
    Psaume En ces jours-là, fleurira la justice,
    grande paix jusqu’à la fin des temps. Ps 71 (72), 1-2, 7-8...
    Deuxième lecture Le Christ sauve tous les hommes Rm 15, 4-9
    Évangile « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » Mt 3, 1-12

 


Introduction

Chers frères et sœurs, nous voilà déjà au 2ème dimanche de l’Avent avec la deuxième bougie allumée à notre couronne qui symbolise la foi, avec Abraham. L’urgence des préparatifs se fait sentir. L’urgence des urgences, est pour nous, celle de la venue du Seigneur. Voici qu’il va venir. C’est une Joyeuse attente. Saint Nicolas est arrivé hier soir à Fribourg. Mgr Morerod  l’a pieusement écouté devant sa cathédrale, les yeux levés vers le saint personnage s’adressant à une grande foule post-covid. Il arrivera mardi chez nous, et jeudi nous célébrerons l’Immaculée Conception. Aujourd’hui, il nous faut avec Jean-Baptiste, préparer les chemins du Seigneur. Il est accompagné par un grand saint docteur, d’Orient, un syrien, un autre Jean, Jean Damascène. La joie doit nous habiter. Cette préparation nous la faisons parfois de manière bien maladroite, mais le Seigneur ne vient pas vers des parfaits qui lui montrent les chemins qu’il doit parcourir. Jean-Baptiste crie dans le désert et y appelle à la conversion.

Ensemble tournons nos cœurs vers le Dieu de miséricorde et implorons son pardon. Reconnaissons que nous sommes pécheurs.

Homélie

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »

Chers frères et sœurs,

Préparez le chemin du Seigneur, ne le manquez, ne le ratez pas. Parate viam Domini. Si nous nous sommes égarés comment le retrouver… ? Vous avez peut-être pris connaissance d’une anecdote, il paraît que des hackers auraient mis en panne les sites internet du Vatican. Ils reviennent, ils disparaissent et nous avons droit à une pancarte sur le navigateur internet : 404 not found… Qui aurait perdu son chemin? Des mots ? L’Esprit-Saint, quant à lui arrive toujours à ses fins. Comment le retrouver ce chemin, le reconstruire? Le Seigneur vient d’abord dans les cœurs, c’est là que vous le retrouverez et que vous entendrez sa voix, car c’est bien Dieu qui fait grâce.

Pourquoi se convertir ? Parce que « Dieu fait grâce », Jean porte son message dans son nom qui signifie « Dieu fait grâce ». Comment fait-il grâce ? D’abord par un messager, par la parole de Jean. Dieu n’apprécie pas ceux qui jouent le rôle de hacker de sa bonne nouvelle. Les pirates de sa parole, il ne les apprécie pas, il les secoue très forts. Jean les traite d’engeance, de descendants de vipères, ce ne sont plus des fils d’Abraham, mais du tentateur, du serpent. Nous retrouverons les paroles prononcées par Jean dans la bouche même de Jésus (Mt 23,33). Il interpelle vivement les pharisiens, il invite au repentir. Il repousse les serpents. Nous avons Abraham pour père ! De pierres, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Ce questionnement et cette filiation étaient aussi celles de Saint Paul, il y a répondu par la foi. Dieu vient « réaliser les promesses faites à nos pères », et ces promesses s’étendent aux nations par la foi. Elles deviennent ses fils et ses filles.

Que vient faire le Seigneur ? Il vient rétablir la paix et pas avec Israël seulement, mais avec tous les hommes. Nous apprécions chaque année ce passage du livre d’Isaïe qui nous décrit une image idyllique du rétablissement de la paix perdue par le péché des origines. Des fauves cohabitant avec de paisibles herbivores c’est totalement invraisemblable à moins qu’ils ne soient repus et attendent le repas suivant. Qu’ils soient transformés au point de manger de l’herbe, ça l’est encore plus. Le serpent, celui qui a représenté le tentateur, ne pourra plus faire de mal, cela signifie bien le retour de la paix. Nous pouvons avant que tout soit rétabli , avant le dernier jour, penser à la descendance de la femme qui lui écrasera la tête et sera meurtrie au talon. Cette descendance, le Christ, ressuscitera et nous avec lui.

Jean prêche un baptême d’eau. C’est une intention exprimée de revenir au Seigneur et de changer son cœur. « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. » Mais celui qui viendra derrière moi, vous baptisera dans l’Esprit-Saint. Nous sommes en présence de deux baptêmes. Comme nous fêtons aujourd’hui un saint cher à la Syrie et docteur de l’Église, vous me permettrez de vous dire qu’il distingue pour sa part 8 baptêmes. Il s’agit de saint Jean de Damas ou Damascène, ardent défenseur des icônes. Ce Jean-là, en raison d’accusations calomnieuses fut condamné par le calife à avoir la main tranchée. Mais la tradition dit que la Vierge Marie la lui recousit. Pourquoi pas ? Nous connaissons un signe de ce genre, plus récent, avec sœur Marie de Jésus Crucifié, Mariam Baouardy, qui eut la gorge tranchée et que Marie guérit. Elle a été canonisée en 2015.

Jean quant à lui fut un ardent défenseur des icônes.

Nous pouvons nous permettre une mention de ses 8 baptêmes, selon son interprétation :   « Nous sommes baptisés dans la Sainte Trinité parce que ce qui est baptisé a besoin, pour se constituer et se préserver, de la Sainte Trinité.

Le premier baptême, celui du déluge a amputé le péché. Le deuxième est celui dans la mer et dans la nuée; la nuée est le symbole de l'Esprit, la mer celui de l'eau. Le troisième c'est celui de la Loi ; quiconque était impur faisait des ablutions à l'eau, les vêtements mêmes étaient lavés, pour reparaître dans le camp. Le quatrième est celui de Jean pour initier et amener les baptisés à la repentance pour qu'ils croient au Christ. Le cinquième est celui du Seigneur celui dont lui-même a été baptisé. Nous aussi nous sommes baptisés du baptême parfait du Seigneur, celui de l'eau et de l'Esprit. Le sixième, c'est celui de la repentance et des larmes, il est douloureux. Le septième est celui du sang et du martyre. Le huitième, le dernier, n'est pas salutaire ; il fait disparaître le mal car le mal et le péché cessent d'agir, et il châtie éternellement. » Nous reconnaissons certains éléments de la fin de notre Évangile d’aujourd’hui.

A quoi doit conduire la venue du Seigneur et le baptême qu’il va donner, sinon à l’unité , faire de nous tous des frères et des sœurs dans le Christ, un seul Peuple, une seule famille? Les obstacles et les difficultés mentionnées par Jean Damascène ne manqueront pas, mais la joie qui vient de Dieu nous est promise. Le Dieu de la persévérance et du réconfort nous donne en son Fils qui vient, d’être d’accord les uns avec les autres, dans le but de rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ d’un même cœur, d’une seule voix. Le premier il proclamera sa louange parmi les nations, il chantera son nom.

«L’Avent est un appel incessant à l’espérance», nous dit le Pape François. Cette attente du Seigneur, est un temps qui nous est donné pour montrer notre bonne volonté. Nous connaissons notre faiblesse, et nous pensons peut-être pouvoir parvenir à réaliser nous-mêmes une belle route. Nous sommes un peu trop présomptueux. Y parviendrons-nous vraiment ? Sans la grâce ? Elle est déjà là, prévenante.  Mais « sans Moi vous ne pouvez rien faire ».  Alors que la joie grandisse dans nos cœurs en raison de cette venue. Jean lui-même était conscient qu’il ne pouvait donner qu’un baptême d’eau, mais il avait confiance et son cœur était habité d’un grand désir de voir le Seigneur. QU’il nous habite aussi. « Dieu vient, Dieu est proche et il vient. Ne l’oublions jamais ! Le Seigneur vient toujours, le Seigneur nous rend visite, le Seigneur se fait proche. » (Pape François)

Réjouissons-nous avec Marie et Jean de Damas  en ce temps de l’attente : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein. » Tu es bienheureuse dans les générations des générations, la seule digne d’être appelée bienheureuse. Voici en effet que toutes les générations te disent bienheureuse, comme tu l’as déclaré. Amen.

 

dimanche 20 novembre 2022

Le Christ Roi de l'Univers

 20 novembre 2022

Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers — Année C - Solennité

Lectures de la messe

    Première lecture « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » 2 S 5, 1-3
    Psaume Dans la joie, nous irons
    à la maison du Seigneur. Ps 121 (122), 1-2, 3...
    Deuxième lecture « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » Col 1, 12-20
    Évangile « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume »

 Homélie du Christ Roi Tavannes

« Celui-ci est le roi des Juifs. »

Chers Frères et Sœurs,

Le panneau écrit au-dessus de Jésus était rédigé en hébreu, en latin et en grec, les trois langues qu’on appelait sacrées pour cette raison, mais toutes le sont devenues puisque la Bonne Nouvelle, la Bible est publiée dans presque toutes les langues. On parle de plus de 3300 pour au moins un livre de la Bible. Combien de langues sont-elles parlées chez nous avec l’immigration? Plus de 20, d’après les statistiques

Jésus n’est pas seulement le roi des juifs crucifié et tourné en dérision. Par toute la terre, il est aujourd’hui aimé et rejeté. Notre église de Tavannes a bénéficié d’artistes d’avant-garde dans les années 1920. Vous pouvez en être fiers. La grande fresque réalisée par Arthur Blanchet, avec sa représentation monumentale de la passion interpelle. Elle vous parle certainement, ne serait-ce que par le contraste avec la fresque de l’Ascension de Gino Severini, à l’entrée et l’idée véhiculée par le nom de roi. On pénètre dans l’église pour célébrer le mystère de l’Eucharistie que nous voyons représenté au-dessus de la porte. Les prophètes et les saints nous conduisent vers ce lieu mystérieux où nous revivons le sacrifice du Christ. C’est un roi crucifié qui revient bientôt, mais glorieux. Le Seigneur n’est représenté en roi couronné que sur la porte du tabernacle, portant un globe et bénissant.  Il montre ses blessures. Tout est quasiment dit, mais il est vrai qu’on s’habitue au message et que parfois nous devons tant attendre, alors nous somnolons. Nous passons par des difficultés qui ne se résolvent pas tout de suite, cela à un tel point que nous l’oublions. Lui, ne nous oublie pas. Il y aura un jour le retour du Christ pour tous, mais il y en aura d’abord un pour nous seul, personnel. Un autre retour se produit lors de notre baptême, puisque tout est déjà là, c’est le déjà et le pas encore, selon la formule. 



« Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Nous pourrions ajouter le nom de roi des autres peuples qui ont entendu parler de lui, le roi du monde. Il est si facile de se moquer de quelqu’un que l’on croit voir échouer et de prendre ses distances pour ne pas être éclaboussé par le scandale d’un échec. Pour les disciples de Jésus sa crucifixion a été une catastrophe. Celui qui avait reçu l’onction, celui à qui s’était adressé le Seigneur pour lui dire ‘Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.’ », voilà qu’il va mourir de la mort des esclaves. Seule Marie a compris dans sa douleur ce qui se passait. Ce roi couronné d’épines et qui reçoit des quolibets, est pourtant en train de réconcilier le monde avec son Père et de nous ouvrir les portes du Royaume. Il fait la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. Il va pourtant ressusciter bientôt et monter auprès de son Père pour nous préparer une place. La mosaïque à l’entrée de l’Église nous incite à regarder vers le ciel pour le voir et nous rappeler sa promesse : « Je reviens bientôt ! », c’est la dernière phrase de l’Apocalypse. Comment nous préparer à ce retour et l’attendre ? Ce n’est pas qu’une affaire individuelle, cette attente est communautaire, elle est le fait de toute l’assemblée, l’Ekklesia, de l’Église locale et de l’Église totale. Comment attendons-nous le retour du Christ Roi à Tavannes ? Je pense que nous le faisons d’abord en étant attentifs à ceux qui vivent et accompagnent la passion et les souffrances de Jésus. Heureux les pauvres, Heureux les affligés, Heureux les doux, Heureux les affamés et assoiffés de la justice, Heureux les miséricordieux, Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu, Heureux les artisans de paix, Heureux les persécutés pour la justice, Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toutes sortes d'infamies à cause de moi.

Si nous mettons en pratique l'amour du prochain, selon le message évangélique, alors nous faisons place à la seigneurie de Dieu, et son royaume se réalise au milieu de nous. Si, au contraire, chacun ne pense qu'à ses propres intérêts, le monde ne peut qu'aller à sa ruine. Une communauté ne peut que s’affaiblir.

Oui, le Seigneur va revenir un jour, le dernier comme Seigneur du temps et des temps et de l’histoire, pour établir définitivement son Royaume. Il est l’aboutissement de la volonté de Dieu pour nous, de sa volonté de salut. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun ne se perde. Mais il nous laisse la liberté, nous ne sommes pas prédestinés de manière absolue, ni même sous la contrainte d’aimer. Aimer nécessite une liberté et donc implique une responsabilité. Aimer en esprit et en vérité ce n’est pas une petite affaire, surtout aimer quelqu’un de concret, une personne qui vous enquiquine, une autre qui est insupportable, une troisième qui ne pense pas comme vous, une autre encore qui vous veut du mal, et qui vous diffame ou vous calomnie. Vous pouvez passer en revue le catéchisme, les commandements, même le code pénal si vous en avez envie. Vous pouvez penser à toutes les blessures qui vous font mal comme les rhumatismes, lorsque vous y pensez et que vous êtes fatigués.

Lorsque nous fêtons le Christ Roi nous ne pouvons oublier que cette fête est récente. Si vous aimez la musique, il me semble difficile par exemple de trouver un oratorio ou un concert pour le Christ Roi en musique classique. Il s’agissait pour Pie XI, de la Royauté Sociale du Christ en 1925. Il avait alors publié son encyclique Quas Primas. 1925, c’était l’époque de la construction et de la décoration de notre église, une époque  tourmentée par des idéologies anti-chrétiennnes. En existe-t-il encore aujourd’hui ? Avec le Concile Vatican II on a mis en valeur le Christ Roi de l’Univers et la fin des temps, l’eschatologie. Quand surviendra-t-elle ? Vous savez qu’on estime la fin thermique de l’Univers « période sombre », totale dans environ 10 puissance 100 années. Il n’y aura déjà plus assez d’énergie pour rendre une quelconque vie possible après 10 puissance 30 années. On nous parlait aussi, il y a quelques jours de la rencontre entre la voie lactée et la galaxie d’Andromède. Nous aurons aussi la fin de la terre et du soleil d’ici quelques 4 à  7 milliards d’années. Ce ne sera pas notre problème, même si c’est intéressant.

Ce qui nous concerne d’abord, c’est notre rencontre avec le Christ qui vient à notre rencontre. Il est un Dieu qui aime et ne peut qu’aimer parce qu’il est amour.

« Oui, je viens sans tarder. » nous dit-il, je viens avec Marie ! – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !