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dimanche 26 septembre 2021

L'unité, le nous, un homme et une femme, un père et une mère

 



26 septembre 2021

dimanche, 26ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tou... Nb 11, 25-29
Psaume Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur. Ps 18 (19), 8, 10, ...
Deuxième lecture « Vos richesses sont pourries » Jc 5, 1-6
Évangile « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour t... Mc 9, 38-43.45.47-48

Chers Frères et Sœurs,

Les textes de ce jour sont d’un abord un peu difficile et donnent l’impression d’une certaine confusion. Un commentaire dit que notre passage d’évangile contient des thèmes assez peu liés entre eux et qu’il donne l'impression d'une conversation libre de Jésus avec les siens qu'il enseigne selon leurs questions.

Ces textes permettent toutefois des ouvertures et remettent en cause quelques idées qui semblent s’établir dans l’esprit des disciples, à savoir une certaine idée d’une communauté fermée à l’image d’Israël. Israël ne devait pas se mélanger avec les autres peuples en tant que peuple élu dépositaire d’une alliance et vivant sur une terre qui lui avait été donnée. On peut donc y voir une ouverture de frontières intérieures et extérieures. La foi en Jésus devient le moyen d’appartenance au nouveau Peuple. Jésus vient appeler tous les hommes, il veut qu’aucun ne se perde et que tous soient sauvés. Cette annonce commence par le Peuple dépositaire de l’Alliance. Sa mission débute par les brebis perdues de la maison d’Israël auxquelles il a été envoyé. L’action de l’Esprit oblige de reconnaître une action de Dieu dans celle de prédicateurs n’appartenant pas au cercle étroit de ses Apôtres. Le même phénomène se reproduira lorsque l’Esprit viendra se manifester à des personnes païennes dans les Actes des Apôtres. La première lecture témoigne également d’un phénomène analogue, à un point tel que Moïse conclut dans sa réponse à Josué:  « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » Sa prière est exaucée par la la Pentecôte, le don de l’Esprit que nous recevons tous à notre baptême et à la confirmation.

Dans le passage d’évangile qui précède le nôtre, les Apôtres venaient de se quereller sur la route pour savoir qui était le plus grand et Jésus avait désigné un enfant. « Qui l’accueille, accueille Celui qui m’a envoyé ». Nous aurions envie d’ajouter que, maintenant, il va encore plus loin. Alors que les Apôtres pensaient mettre la main sur une autorité et un pouvoir, d’autres n’appartenant pas à leur groupe chassent des démons au nom de Jésus. Ce nom signifie Dieu sauve. Personne ne peut mettre la main sur Dieu et l’Esprit-Saint. Le Seigneur essaye par ce signe de leur faire comprendre que l’amour de Dieu ne se laisse pas emprisonner. Il ne veut que conduire à la communion avec lui et à celle de tous les hommes entre eux par la foi en lui. Nous sommes destinés à former une seule Nation, un seul Peuple en Lui, une seule famille, parce que nous avons aussi une seule origine.

Quelle est cette l’origine? Dans son message, le pape François commence par rappeler la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds et multipliez-vous” » (Gn 1,27-28). Dieu nous a créés homme et femme, des êtres différents et complémentaires pour former ensemble un nous destiné à devenir toujours plus grand avec la multiplication des générations. Dieu nous a créés à son image, à l’image de son Être Un et Trine, communion dans la diversité. »

Il veut dire que nous appartenons donc à une seule famille, la famille humaine et malheureusement, la faute, la désobéissance, le péché viennent apporter la division, le scandale, l’aveuglement, l’incapacité de comprendre et de reconnaître le Seigneur, d’entendre sa parole pour ce qu’elle est, une parole qui pardonne, fait grandir et conduit à la communion.

« L’histoire du salut , dit-il, voit donc un nous au début et un nous à la fin, et au centre le mystère du Christ, mort et ressuscité « afin que tous soient un » (Jn 17,21). Le temps présent, cependant, nous montre que le nous voulu par Dieu est brisé et fragmenté, blessé et défiguré. Et cela se produit surtout dans les moments de grande crise, comme maintenant avec la pandémie. Les nationalismes fermés et agressifs (cf. Fratelli tutti, n. 11) et l’individualisme radical (cf. ibid., n. 105) émiettent ou divisent le nous, tant dans le monde qu’au sein de l’Église. »

Voilà donc que le scandale vient diviser, il brise et empêche la communion. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de rappeler qu’il ne faut pas appliquer au sens littéral ce que dit Jésus, « se couper une main, un pied, etc… » ce sont des images. Le Seigneur met en garde contre les conséquences d’un vrai scandale qui écarte de lui, un scandale qui fait tomber. Malheureusement, il s’en produit toujours en Église, dans l’Institution et de la part de baptisés dans la vie de tous les jours, que ce soit en matière de mœurs, d’argent (saint Jacques est terrible), de trahisons, d’abus. Il y a aussi les faux jugements issus de l’aveuglement et du péché qui nous écartent du Christ. Les exigences de l’Évangile, les paroles du Seigneur font scandales lorsqu’elles ne sont pas comprises. La croix elle-même est cause de scandale, une épreuve pour la foi. Annonçant sa passion, le Seigneur dira à ses disciples : "Je vous ai dit cela afin que vous ne soyez pas scandalisés " (Jn. 16,1). Nous demandons à Dieu de ne pas nous laisser entrer tentation, de ne pas y succomber. Il est nécessaire de recevoir le don de discernement et de force, et de se rappeler dans l’épreuve que le Seigneur a fait des promesses à Pierre et à l’Église, malgré les scandales provoqués par ses membres. L’Église aurait-elle pu subsister depuis sa fondation, si elle n’avait pas reçu une assistance particulière ?

Le Seigneur insiste sur l’importance de ne pas mettre d’obstacle à l’amour de Dieu et à sa transmission qui apporte la communion. Nous ne pouvons nous permettre de rejeter des paroles vraies et bien discernées qui viennent de nos frères en humanité conduits par un esprit de communion et de respect. Dieu peut passer par eux. L’Évangile a donné l’exemple de ceux qui chassaient les démons en utilisant le nom de Jésus. Nous pouvons également mentionner Jéthro, le beau-père de Moïse, prêtre de Madiane, qui avait aussi offert des sacrifices à Dieu au Sinaï. C’est un assez curieux mélange qui mentionne au moins une bonne disposition. Ce prêtre, un étranger pour Israël, avait donné à Moïse des conseils pour nommer des juges et ne pas s’épuiser. Il existe d’autres exemples.

Nous sommes tous frères en humanité, Fratelli tutti, dit le pape. Le Seigneur s’est fait l’un de nous, il nous a communiqué sa richesse, une richesse regardée avec beaucoup de scepticisme aujourd’hui et de points d’interrogations. Nous sommes en effet — comme dirait saint Paul — tenus «pour pauvres, nous qui faisons tant de riches; pour gens qui n’ont rien, nous qui possédons tout» (2 Co 6, 10). Notre tout est l’Evangile, qui manifeste la puissance du nom de Jésus et qui accomplit des prodiges.

En tant que chrétien nous ne pouvons nous permettre de douter qu’il nous soit possible de construire un chemin de paix et de communion avec les nouveaux arrivants dans notre pays, ne pouvant oublier que nous avons tous une part d’immigrés en nous et que nous sommes en pèlerinage vers le royaume, vers la patrie. Nicolas de Flüe dans sa lettre aux Bernois, parlait  d’obéissance, de sagesse , de paix qui est toujours en Dieu, de protection des plus pauvres, de bonheur. Nous pouvons tous en rêver, les rêves ouvrent des chemins, même chez les as de la physique quantique dans leur matière, pourquoi pas en nous.

Marie, Mère du bel Amour, réunit, ta famille autour de ton Fils, ici et dans la maison du Père. Amen.