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dimanche 30 juillet 2017

Où est ton trésor?

Intro : Frères et Sœurs, bienvenue à chacun et à chacune pour célébrer ce 17e dimanche du temps ordinaire. Le Seigneur dans l’Evangile va nous parler de trésors et de perle… Nous pouvons nous demander ce qu’il y a de plus précieux pour nous ?
Au Moyen-Age, comme trésor de l’Église, il y avait l’eucharistie, trésor permanent de l’Eglise, sans cesse renouvelé, mais aussi les reliques qui attiraient les pèlerins. On se les volait parfois… pour faire venir des pèlerinages. A Troyes hier, j’ai vu dans le trésor de la cathédrale, une partie du chef (de la tête) de saint Bernard. D’où la question : Qu’est-ce qui va rester de nous, un jour ? seulement cela… ?




Un trésor nous en avons un d’extraordinaire. Lequel ? et où ?  « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » Notre trésor, c’est le Christ… Nous lui donnons tout et il nous rendra plus encore au centuple… C’est lui qui non seulement perpétue un souvenir de nous, mais fait porter du fruit à ce que nous avons dit ou vécu en son nom.
Nous pouvons avoir une pensée pour Sœur Thérèse-Marguerite, la supérieure des sœurs oblates de Soyhières qui a fêté hier ses cinquante ans de profession religieuse.
Avant de célébrer l’Eucharistie, nous pouvons nous demander simplement : « Où est mon trésor ? »

30 JUILLET 2017
17ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Lectures de la messe
Première lecture« Tu m’as demandé le discernement »1 R 3, 5.7-12
PsaumeDe quel amour j’aime ta loi, Seigneur !Ps 118 (119), 57.72,...
Deuxième lecture« Il nous a destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils ...Rm 8, 28-30
Évangile « Il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ » Mt 13, 44-52 


Frères et Sœurs,

Le Seigneur essaye aujourd’hui de susciter notre intérêt par 4 comparaisons. Lorsque scintillent les trésors et brillent les perles cela intéresse toujours. Trésor, c’est presque le même mot en grec, en latin et en français. Le mot perle est plus poétique en grec, il se dit margariten comme les marguerites. Toutes les Marguerites sont des perles.
Qu’est-ce qui se passerait aujourd’hui, si vous découvriez un trésor caché dans un champ ? L’affaire ne serait simple à résoudre ni pour vous, ni pour le propriétaire du champ. De vieux souvenirs m’ont rappelé qu’elle se résout théoriquement par l’article 723 du code civil Si c’est une antiquité, l’État peut se mêler de l’affaire en  vous concédant peut-être un peu plus que des félicitations et une photo dans le journal. C’est l’article suivant le 724... On y parle de compensation équitable pour le découvreur et le propriétaire du terrain. Cela se produirait par exemple, si vous découvriez l’anneau du Pape Léon IX  qu’il avait peut-être perdu au Vorbourg, si ce n’est son encensoir. Ou le trésor qu’avait dérobé un chevalier de Tellsberg à Rollin de Vaumarcus en 1365. Le Comte Louis de Neuchâtel ne l’avait certainement pas retrouvé. Il n’est en tout cas pas dans la tour Sainte Anne… c’est vérifié. Labourer le jardin chaque automne serait une option positive, si cela tente certains.
D’évidence, le Seigneur ne veut pas nous offrir un trésor matériel, mais un enseignement qui fait découvrir quelque chose de plus grand : la vie éternelle. « Tes paroles sont vie éternelle ». Il est plus qu’une sagesse, mais bien une parole de vie. Il invite d’ailleurs avec constance à se détacher des richesses. Elles ne donnent pas la vie éternelle et on ne peut pas les emporter. L’autre jour, par hasard j’ai vu le passage d’un film où un chasseur était mis dans le cercueil avec son fusil. On avait oublié de contrôler s’il était déchargé et tout le monde s’écartait prudemment du cercueil sur un chemin cahoteux. Le chasseur devra laisser son arsenal, celui qui a des richesses, ses biens… J’épargne les dames par courtoisie et ne veux pas vous infliger la tirade d’Hamlet : « Être, ou ne pas être, c’est là la question.  Mourir.., dormir, rien de plus... peut-être rêver! Oui, là est l’embarras. » Voilà qui « colle » bien avec la relique de la tête de saint Bernard, vue hier.
Le Seigneur nous dire d’embarras, de tout embarras et de la crainte comme seul moteur de recherche d’une forme de sagesse. Il  revient une nouvelle fois sur son image du trésor à propos du scribe : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. » Il est la conclusion des 7 paraboles proposées. Le Seigneur en a donné les explications à ses disciples les plus proches.  De ce passage peut-être déduit qu’il y avait des scribes parmi les disciples. Ce qu’ils avaient appris en se penchant sur les Ecritures est un trésor qui ne peut être rejeté, au contraire. Ils sacrifient tout pour une autre science : cette autre science, cette autre connaissance vient du Christ. Le message du Seigneur est la continuation et la conclusion de toute la Révélation et de l’Ecriture. Il a, et il est la clef des Ecritures, et du Royaume de son Père. Cette clef, il nous la donne et se donne. Quel plus beau trésor que la vie éternelle et quel bonheur, lorsqu’on y croit ! Non seulement on y croit, mais on croit en une personne qui nous parle et qui se donne dans l’Ecriture et le pain de l’Eucharistie, dans son Eglise.
Jésus est pain des pauvres, sagesse des petits, offert à tous, il nous offre la vie éternelle. 
Le tableau est hors du commun, lorsque tous se rassemblent autour de lui. Les simples comprennent, dit l’Ecriture. Le Seigneur révèle ses trésors aux petits, Jésus a  loué son Père pour cette manière de faire. Il a caché aux sages et aux savants ce qu’il a révélé aux petits et à ceux qui se sont faits petits avec les petits. Il veut faire de tous les hommes ses frères parce que le Père  nous « a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. » 
C’est un peu comme s’il avait donné à chacun en libre accès l’essentiel de ses richesses. La difficulté en un temps où les « papiers de formation » jouent un tel rôle, est d’oser entrer chez lui, de l’écouter avec tous les autres, simplement… son enseignement est contenu dans l’Evangile disponible quasiment gratuitement, en abondance. Il est indispensable de se faire petit.
Celui qui a des connaissances approfondies de l’Ecriture a la joie de pouvoir mieux comprendre tout ce qu’il a appris et de le communiquer. Celui qui connaît l’Evangile « seulement » a pour ainsi dire la synthèse de ce que le Seigneur vient annoncer aux hommes. 
Il y a tout de même ceci de curieux, les enseignements sont donnés avec des explications qui nous paraissent simples, mais les Apôtres avaient tout de même de la peine, ils étaient lents à comprendre. Le Seigneur le leur reproche, et il s’est encore fait pédagogue après la résurrection, sur le chemin d’Emmaüs. Cela met  en valeur l’importance d’une pédagogie pour apprendre à connaître Jésus et ce qu’il veut nous dire. Nous avons toujours besoin d’un pédagogue qui soit avec nous, d’un maître qui nous enseigne. Le Seigneur a donné L’Esprit-Saint qui les éclairerait et nous apprendrait toutes choses. 
Il est des perles que nous connaissons et qui nous aident à méditer à méditer avec Marie sur l’Evangile et la vie du Seigneur, ce sont celles de notre rosaire. N’y a-t-il pas de plus perles et plus belles fleurs que celles-là ? Puisque nous avons du temps pendant nos vacances, n’oublions pas ce petit moyen à disposition de chacun pour méditer sur la Sagesse de Dieu révélée aux petits. Notre-Dame du Saint Rosaire, priez pour nous. Amen.


lundi 24 juillet 2017

Saint Ursanne


Nous fêtons aujourd'hui Saint Ursanne. Il est un des saints patron du Jura avec Imier, Germain et Randoald.

Le 1400ème anniversaire du retour à Dieu de Saint Ursanne se prépare :
https://www.jurapastoral.ch/fr/Actualites/Les-1400-ans-du-deces-de-saint-Ursanne.html

Quoi de plus sympathique qu'une citation d'un labeur ancien déjà... par l'Associaiton des Amis de Saint Colomban. Pierre Olivier Walzer plaide pour les origines irlandaises d'Ursanne. Seuls les moines irlandais avaient en effet, dit-il, été autorisés à l'accompagner. Ursanne faisait partie de ceux-ci. Glorieux moine qui vivait avec les ours et les truites, morigénant le premier qui avait mangé son âne et lui faisant porter son faix. Quant à la truite, agissait-il de manière analogue que cet indien mentionné par Lanza del Vasto (p.26 pèlerinage aux sources folio 5769)? Il lui demanda surpris de le voir pêcher pourquoi il ne respectait pas la vie de ce poisson. Celui-ci lui répondit que ce n'était pas sa faute, le poisson s'accrochait lui-même à l'hameçon et mourait sur l'herbe. Pas sûr que les services de la pêche cantonaux et fédéraux portent la même appréciation aujourd'hui... Même les philosophies orientales n'y résistent pas.

Nous trouverons ci-après,  un historique la vie de Saint Ursanne.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/ursanne/page2.html

Saint Ursanne ou Urcissin (Ursannus) (†– Vers 620)
Ermite du Jura
Fêté le 24 juillet
Saint apparenté n’ayant pas été moine à Luxeuil mais a contribué au développement de la mouvance colombanienne.

«Nos savants historiens d'aujourd'hui, a écrit très justement P.O. Walzer, réduisent presque à rien l'histoire de saint Ursanne et font entrer dans l'ère du soupçon tous les chapitres de l'ancienne chronique. Encore heureux qu'ils veuillent bien admettre qu'il ait existé ! En tout cas, le témoignage du Père Claude Sudan, jésuite du XVIIème siècle, leur paraît des plus douteux. C'est pourtant la seule source de la légende ursicinienne...». Les documents écrits attestent l'existence d'un ermite répondant au nom d'Ursicinus établi au bord du Doubs dès la fin du VIème siècle, mais les documents archéologiques sont muets sur le sujet. Dans son Compendium vitae Ursidni, le Père Sudan se réfère au manuscrit d'un antique bréviaire « écrit par un clerc anonyme sur l'ordre de son maître, l'archevêque de Besançon, probablement Hugues de Salins (1031-1066) ».
D'après lui, Ursissin serait né en Irlande vers 552 et aurait fait profession à Bangor. Disciple de Colomban, il suivit les péripéties du monastère de Luxeuil et, sur la route de l'exil, poussé par le désir d'une vie solitaire, il aurait, lui aussi, abandonné les errants et se serait enfoncé dans la solitude du Jura, d'abord à Bienne, puis au bord d'une boucle du Doubs lorsque celui-ci heurte les contreforts du Lomont. Ayant aménagé une grotte naturelle située à mi-pente et exposée au midi, il aurait réuni quelques disciples auprès d'un oratoire dédié à saint Pierre et y serait mort le 20 décembre 620.
On ne sait rien de cette communauté et il faut attendre 635 pour voir arriver de sa Meuse natale un jeune seigneur nommé Wandregesilus ou Wandrille qui y installa sur ses propres domaines un petit coenobium suivant la Règle de Colomban. Ce petit monastère n'est mentionné pour la première fois qu'au IXème siècle, et on lit dans le polyptique d'Irminon, abbé de Saint-Germain-des-Prés : «est in pago Vesuntioni, abbatia sancti Ursicïni, super Dubium fluvium et adipsam abbatiam, pertinent villae Chaviniacus et Curtis Udulphi». Ce monastère a été donné sous Innocent II à des chanoines.
Nous n'en suivrons pas les destinées ; il semble avoir été rattaché de bonne heure à celui de Moutier-Grandval tout proche. C'est aujourd'hui la charmante petite cité de Saint-Ursanne (Jura suisse) qui possède une belle église romane abritant son tombeau et de forts beaux monuments (église paroissiale).
Source bibliographique :
Gilles Cugnier, Histoire du monastère de Luxeuil à travers ses abbés, 2004-2006, tome 1, pages 34-35, 158, 172, 192-193, 195-196, 227, édition Guéniot, Langres, en vente auprès de notre association, page Publications.
Association Les Amis de Saint Colomban de Luxeuil
www.amisaintcolomban.net

Voir aussi le travail de l'abbé Pierre Salvadé sur le portail méridional de la collégiale de Saint-Ursanne  http://histoire-religieuse-jura.blogspot.ch/2010/08/saint-ursanne-portail-sud-collegiale.html

dimanche 23 juillet 2017

L'ivraie et le bon grain



23 JUILLET 2017 -  16ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A
Première lecture« Après la faute tu accordes la conversion »Sg 12, 13.16-19
PsaumeToi qui es bon et qui pardonnes,
écoute ma prière, Seigneur.Ps 85 (86), 5-6, 9a...
Deuxième lecture« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables »Rm 8, 26-27
Évangile« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson »Mt 13, 24-43


Frères et Sœurs,

Les paraboles de notre Evangile nous ont valu au moins un terme qui a passé dans la langue française, c’est celui de zizanie qui a pour origine le mot grec utilisé pour l’ivraie, la plante semée par l’ennemi. Cette herbe comme vous ne l’ignorez pas est difficile à critiquer aujourd’hui puisqu’elle constitue l’essentiel des pelouses de terrain de foot et de lieux de détente de notre époque confortable. Dans notre littérature grand public, nous la rattachons volontiers à une bande dessinée bien connue.
Semer la zizanie, c’est semer la discorde. Comment y parvenir ? Une certaine forme de journalisme utilise par exemple des méthodes professionnelles qui ont fait leurs preuves, utilisées aussi en politique et qui n’ont pas besoin d’être énumérées. L’Eglise n’est pas à l’abri, il suffit de toucher à certains thèmes pour faire tourner en vinaigre les meilleurs crus et douter du rôle central de la charité.
Se focaliser sur la zizanie n’est pas une bonne solution et n’en apporte aucune. Un peu comme les nouvelles des grands journaux qui nous mettent le moral dans les talons… Il ne faut toutefois pas désespérer et recherche le bien avant tout.
« La parabole du bon grain et de l’ivraie, affronte le problème du mal dans le monde et souligne la patience de Dieu (cf. Mt 13, 24-30.36-43). » nous disait le pape François dans un commentaire. Il fait remarquer que le mot ivraie, dérive, en hébreu, de la même racine que le nom «Satan» et qu’il rappelle le concept de division.
Cette lutte a lieu d’abord au-dedans de nous. Les paisibles graminées ne mènent d’ailleurs pas une vie tranquille. Ils ont tout un arsenal chimique qui leur est propre pour se défendre, et aussi d’autres moyens. Le blé qui est bas sur tige maintenant poussait plus vite et plus haut que les mauvaises herbes pour les étouffer autrefois. Pour la vie dans le Christ, nous sommes contraints de rester au naturel avec l’aide de la grâce, ce qui ne va pas sans difficultés. Elle nous fait pousser plus vite et plus haut pour nous assurer une bonne récolte pour le royaume. Mais combien de foi n’aurions-nous pas envie de tirer sur la tige pour que tout aille plus vite. Tout jardinier sait que ce n’est pas une solution.
Il ne faut pas se le cacher, il y a une vraie bataille qui se livre en nous et dans la société. Pourquoi Dieu le permet-il ? Les saints, dont Brigitte de Suède fêtée aujourd’hui, disent que c’est pour nous faire grandir et donner une moisson de qualité. Dieu tire du mal un plus grand bien.
Pourquoi ne pas se rapporter au catéchisme qui nous rappelle que notre vocation  est la vie dans l’Esprit. La vie dans l’Esprit Saint accomplit la vocation de l’homme, elle est faite de charité divine et de solidarité humaine. Si elle est gracieusement accordée comme un salut, nous ne pouvons pas négliger la difficulté de notre collaboration. Elle nécessite bien souvent un travail que nous considérons comme titanesque.

Le bon grain, c’est la grâce mystérieuse répandue par la parole qui fait porter un fruit abondant avec ces instruments indispensables que sont les vertus humaines, prudence, justice, force et tempérance et les vertus théologales foi, espérance et charité. Elles permettent de vivre les béatitudes, c’est dire qu’il ne s’agit pas d’une production facile. Cette culture mystérieuse nécessite aussi les 7 dons du Saint-Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.  
Il est toujours bon de retourner à ses fondamentaux en vacances surtout.
Ce combat se réalise également dans le champ de la politique sujet à tant d’interrogations, d’incertitudes et même de dégoût. A Dieu seul au final, il reviendra de faire un discernement.
« La politique, disait saint Jean-Paul II après la chute de l’ancien monde (1992), devient (parfois) une « religion séculière » qui croit bâtir le paradis en ce monde. Mais aucune société politique, qui possède sa propre autonomie et ses propres lois (55), ne pourra jamais être confondue avec le Royaume de Dieu. La parabole évangélique du bon grain et de l'ivraie (cf. Mt 13, 24-30. 36-43) enseigne qu'il appartient à Dieu seul de séparer les sujets du Royaume et les sujets du Malin, et que ce jugement arrivera à la fin des temps. En prétendant porter dès maintenant le jugement, l'homme se substitue à Dieu et s'oppose à la patience de Dieu. » Si vous en avez l’occasion, je me permets de vous conseiller pour ceux qui en ont le temps, un petit ouvrage d’Agnès Brot, Giorgio LA PIRA, un mystique en politique chez DDB. Ce maire de Florence qui vécut toujours comme un pauvre et les aidait sans cesse, nous montre par sa vie que rien n’est impossible, même en Italie et peut-être chez nous. Un Abbé olivétain de Florence nous avait raconté, il y a bien longtemps qu’il aidait tellement les pauvres qu’il donnait les vêtements qu’il avait sur lui. Un de ses amis avait trouvé un « truc ». Il lui prêtait par exemple un veston et il ne pouvait donc plus le donner, si ce n’est par erreur.
La patience de Dieu, nous pouvons la demander pour nous d’abord. Le cher saint François de Sales, nous dit à  propos du manque de patience (traité de l’Amour de Dieu) « Certes, Ami de Dieu, la colère est un serviteur qui étant puissant, courageux et grand entrepreneur, fait aussi d’abord beaucoup de besogne; mais il est si ardent, si remuant, si inconsidéré et impétueux, qu’il ne fait aucun bien qu’habituellement il ne fasse en même temps plusieurs maux. Or, ce n’est pas bon ménage, disent nos gens des champs, de tenir des paons en la maison; car encore qu’ils chassent les araignées et en défont le logis, ils gâtent toutefois tant les toits, que leur utilité n’est pas comparable au dégât qu’ils font. » Vous me direz que de temps une bonne colère cela nous fait du bien… Comme pour un feu le problème est de l’éteindre et qu’elle est rarement sainte.

Que Notre-Dame vienne à notre aide sur notre chemin de foi et de patience. Amen.

dimanche 16 juillet 2017

Le Semeur



16 JUILLET 2017 - 15ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe
Première lecture« La pluie fait germer la terre »Is 55, 10-11
PsaumeTu visites la terre et tu l’abreuves, Seigneur,
tu bénis les semailles.Ps 64 (65), 10abcd, ...
Deuxième lecture« La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu »Rm 8, 18-23
Évangile« Le semeur sortit pour semer »Mt 13, 1-23


Frères et Sœurs,

La parabole du semeur est une des plus célèbres de l’Evangile. Il en énonce trois sur la terre, celle-ci, puis celle de l’ivraie et du bon grain et encore la graine de moutarde. Ce sera ensuite le trésor et la perle, puis enfin celle du filet. Il mentionne à 2 reprises la fin des temps, puis il y a le rejet à Nazareth, la mort de Jean-Baptiste et une suite de miracles, le premier étant celui de la multiplication des pains et des poissons qui nous permet un lien supplémentaire avec l’eucharistie aujourd’hui. Le Seigneur prend donc un exemple de la vie courante. Le blé faisait partie de l’alimentation de base au Proche-Orient dont il est originaire. Nous savons qu’il provient du croissant fertile. Aujourd’hui nos agriculteurs en Europe utilisent plus de 300 variétés entre blé dur et blé tendre. Certaines ont des noms des plus curieux par exemple Abraham et Pastoral… 
Pas de machine au temps de Jésus, il fallait labourer et semer avec des moyens rudimentaires et aussi surveiller les oiseaux du ciel, les voleurs et prier encore plus qu’aujourd’hui pour une météo clémente. Cette époque était sans subventions ni assurances contre la grêle.
Jésus parle en parabole aux foules et elles sont attentives, nous dirions aujourd’hui, scotchées à ses propos, s’ils ne comprennent pas, pourtant ils l’apprécient. La question est de savoir si c’est pour ses miracles et pour l’image qu’ils ont de lui et leur espérance, ce qu’ils imaginent. Jésus s’est adressé aux foules avec des mots simples, mais obscurs. Sa parole finale est apparemment rude : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende!» Un moine qui fut longtemps présent ici, avant le Père Maurice, perdant l’usage de l’ouïe, disait à certains moments : « Mais qu’est-ce qu’il dit ? ». Un autre un peu sceptique, avant que ne vienne un surcroît de charité, faisait remarquer : « Il entend ce qu’il veut, quand il veut bien. » Une oreille peut-être sélective, même involontairement, et même effectuer des reconstitutions subjectives, le phénomène est connu sans parler de l’expression « faire la sourde oreille », passée dans le langage commun.
Entendant Jésus, combien se sont-ils demandés : « Qu’a-t-il voulu nous dire ? » Jésus a énuméré les différentes manières de recevoir la parole, de l’écouter.  
Ce que les foules ne comprennent pas, ni les apôtres, il va demander à ceux-ci de le leur expliquer. L’enseignement de la parole de Dieu et sa signification appartient à leur mission. On dit aujourd’hui gouverner le Peuple de Dieu, le sanctifier et l’enseigner.
 « Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la Parole et la comprend : il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. »
Nous comprenons que Jésus parle de manière symbolique. Explorons toutefois l’interprétation littérale. Le potentiel serait de 200 grains par épi. Mais on peut, disent les scientifiques, observer tout au plus 80 à 90 grains par épi, et en moyenne entre 30 et 60. Est-ce que Jésus a pris le temps d’en compter à Nazareth, même s’il le savait en tant que Dieu ? (Lorsqu’on préparait la farine pour confectionner les grains autrefois on le faisait soigneusement, en examinant et en choisissant les grains un par un.)

jeudi 13 juillet 2017

Saint Henri


L’Eglise fête aujourd’hui Saint Henri (Henri II), patron des oblats bénédictins et patron secondaire du diocèse de Bâle.
Il était le fils du duc de Bavière et, en raison de la mort prématurée de son parent Otton III, il fut couronné empereur germanique. Comme tel, il régna sur l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, les Pays-Bas et l'Italie du Nord. Il épousa sainte Cunégonde de Luxembourg que nous fêtons le 3 mars. Elle ne pouvait avoir d'enfants. Henri refusa de la répudier, fait inouï à cette époque et dans une société où la stérilité, surtout dans la noblesse, était une cause ordinaire de répudiation.
L'une de ses deux préoccupations majeures fut l'unité du Saint Empire romain germanique pour laquelle il dut beaucoup guerroyer. L'autre fut de réformer les habitudes de la Papauté, avec l'aide du roi de France, Robert le Pieux, en un siècle qui vit quatorze papes sur vingt-huit, être élus sous la seule influence des reines et des femmes.
Dans le même temps, il renforça l'influence de l'Eglise sur la société, fonda l'évêché de Bamberg et, oblat bénédictin, il soutint la réforme entreprise par les moines de Cluny.
Privé d'héritier, il institua le Christ comme son légataire de ses biens. A sa mort, sainte Cunégonde se retira à l'abbaye de Kaffungen qu'elle avait fondée.
Mémoire de saint Henri, empereur des Romains (romain-germanique), il garda, rapporte-t-on, avec sa femme sainte Cunégonde, une continence totale, œuvra à la réforme de l’Église et à sa propagation, conduisit le futur saint Étienne, roi des Hongrois, à accueillir la foi du Christ avec presque tout son peuple, mourut à Grona et fut inhumé, selon son désir, à Bamberg en Franconie, l’an 1024.
Martyrologe romain
Nous devons abandonner les biens temporels et mettre au second plan les avantages terrestres pour nous efforcer d’atteindre les demeures célestes qui sont éternelles. Car la gloire présente est fugitive et vaine si, tandis qu’on la possède, on omet de penser à l’éternité céleste.
 Lettre de Saint Henri à l'évêque de Bamberg




Il est représenté sur la façade du « Münster » de la ville de Bâle avec son épouse Cunégonde (ici sur Wikipedia). Il Tous deux sont considérés comme des saints, en raison de leur piété et de leur vie conjugale. Saint Henri avait été guéri d’un calcul au Mont Cassin, par saint Benoît qui lui serait apparu selon la tradition. Cet épisode est rapporté ainsi par dom Chamard qui s’était intéressé aux reliques de Saint Benoît.
Saint Henri, souffrant cruellement de la pierre, gravit la montagne du Cassin dans la pensée d'y recourir à l'intercession de saint Benoît et de sainte Scholastique. Ayant fait sa prière devant le sépulcre vénéré, il se retira dans les appartements destinés aux hôtes et se mit au lit, épuisé de fatigues et de souffrances. Durant son sommeil, saint Benoît lui apparut et l'assura que Dieu, en qui il avait mis sa confiance, l'avait exaucé. En même temps, arrachant lui-même le calcul avec un instrument de fer, il le déposa dans la main du malade et disparut. Le prince se réveilla aussitôt, appela les évêques et les principaux seigneurs de sa cour, et leur montra, en rendant grâces à Dieu, le signe manifeste du prodige que saint Benoît venait d'opérer. Plein de reconnaissance, il combla l'abbaye de bienfaits, et fut dès lors pénétré d'une profonde dévotion envers saint Benoît et envers tous ceux qui faisaient profession de la vie monastique.




Saint Henri avait fait confectionner un antependium célèbre pour le Mont-Cassin, (d'autres disent Bamberg) en remerciement, semble-t-il. Selon certaines sources, il dut le vendre aux bourgeois de Bâle, manquant d’argent pour payer une rançon, dit-on. Cet antependium revint au moment du partage de Bâle ville et Bâle campagne, à ce dernier demi-canton qui le vendit à un colonel Victor Theubet, un jurassien, lequel le revendit à l’actuel musée de Cluny à Paris, dont il est une des belles pièces. Le musée des antiquités à Bâle en a conservé une copie.


Saint Benoît est représenté, en compagnie des archanges, Michel, Raphaël et Gabriel, le Christ étant au centre. Sur le bas, prosternés, nous y voyons les deux époux, à savoir l’empereur Henri et l’impératrice Cunégoonde.
Vous en trouvez une description sur ce blog.
Plusieurs traductions des inscription présentes sont possible.
Vers initial : QUIS SICUT HEL FORTIS MEDICUS SOTER BENEDICTUS
Chaque mot se rapporte à un personnage
«quis sicut hel» = Qui est comme Dieu = Michaël ;
«fortis» = l’homme de Dieu = Gabriel ;
«medicus» = Dieu guérit = Rafaël ;
«soter» = sauveur = Christ ;
«benedictus» = béni = Saint Benoît.
Significations purement théologiques :
« Qui, comme le Dieu fort, comme le Sauveur qui guérit, doit être béni. ».
« Qui est, comme Dieu, un médecin fort, un sauveur béni. ».
« Qui est, comme le Dieu fort, médecin et sauveur. ».
Second vers : PROSPICE TERRIGENAS CLEMENS MEDIATOR USIAS
« Sois bienveillant aux (créatures) terrestres, clément médiateur. ».
« Sois bienveillant aux (créatures) terrestres, clément médiateur de l’essence (divine). ».
Quel qu'en soit la traduction, cette inscription parait faire allusion à une guérison de l'empereur étant donné les fortes allusions aux Christ et à St Benoît. Le Christ apparaît assimilé aux anges ainsi qu’exalté dans son rôle de « guérisseur ».

Livre des péricopes d'Henri II ; Bamberg la cathédrale ; Petits Bollandistes : numérisés par l'archimandrite Cassien ; Photos de Bamberg.

mardi 11 juillet 2017

Saint Benoît Patron de l'Europe


Comment saint Benoît a-t-il pu traverser tant de siècles ? Comment son message peut-il continuer à se transmettre ? La question à poser n’est-elle pas plutôt qui transmettait-il ? S’il ne s’agissait du Christ, rien ne tiendrait et ne survivrait. Il aurait été impossible que son monastère ne se relève à plusieurs reprises. Il avait pleuré pour que les biens soient épargnés, tout ce qu’il avait construit, il n’obtint grâce que pour sa communauté. Pourtant ce fut un grand saint.  Nous connaissons un peu l’histoire du Monastère. Il y eut des barbares, des invasions musulmanes, etc… Jusqu’à la dernière guerre mondiale qui le détruisit dans une bataille dont un bon nombre juge qu’elle était inutile. Pour la petite histoire on rapporte que le bombardier américain qui bombarda le premier le Mont-Cassin portait le numéro 666. (film).
Certes la bibliothèque avait été sauvée et mise à l’abri. Le 18 mai 1944, il ne restait que des ruines, mais le monastère fut relevé. Combien de soldats perdirent la vie ?
Un monastère ce n’est pas une bibliothèque. La conservation et la transmission de ce qu’on peut appeler la mémoire de l’Eglise en chemin y a toutefois son importance. L’approfondissement de l’Ecriture, et la connaissance des Pères est tenue normalement en haute estime, saint Benoît mentionne ces aspects dans sa règle, citant saint Basile. Si la louange divine joue un rôle central, elle n’est pas non plus la finalité. On pourrait  concevoir la vie monastique selon sa conception, comme un équilibre de vie qui permet de découvrir le Christ et d’apprendre à vivre en disciple du Christ, en chrétien, sous la conduite d’un abbé éclairé.
Sur la tapisserie qui est devant l’autel nous avons deux lignes d’inscription en latin qui se rapportent au trois archanges, à saint Benoît et au Christ : 
QUIS SICUT HEL (Michel) FORTIS (Gabriel) MEDICUS (Raphaël) SOTER (le Christ) BENEDICTUS (Benoît).  Une des traductions peut être celle-ci : « Qui est, comme Dieu, un médecin fort, un sauveur béni. ».
Second vers : PROSPICE TERRIGENAS CLEMENS MEDIATOR USIAS
« Sois bienveillant aux (créatures) terrestres, clément médiateur. ».
Dans la vocation de Saint Benoît, il y a une vocation de guérisseur de l’âme, un médecin de l’âme et donc de l’homme et de la civilisation. C’est un grand mot, mais les faits sont là. Il construit la Paix par son action.
Le Bienheureux Paul VI avait me semble-t-il cette pensée en lui lorsqu’il le déclara patron de l’Europe, accompagnant par ce geste le relèvement du monastère après une guerre dévastatrice. Il a voulu envoyer un message spirituel et un appel à la Paix.
« Paix à cette maison et à tous ceux qui l'habitent. », disait-il parlant de la  paix bénédictine.
La paix, nous la trouvons ici (au Mont-Cassin), comme un trésor jalousement gardé, et Nous l'apportons comme le meilleur don de Notre ministère apostolique. En dispensant les mystères divins, celui-ci offre en effet avec une prodigalité aimante cette effusion de vie qu'est la grâce, source première de paix et de joie. La paix, nous la célébrons ici comme une lumière resplendissant de nouveau après la guerre qui avait éteint sa flamme sainte et bienfaisante. »
Paul VI ne voulait pas d’un retour au Moyen-Age, à des sortes de médiévales. Saint Benoît a appris à être frères, l’apprentissage de la vie commune. Ce qui l’intéressait c’était donc la paix et deux autres éléments : deux motifs qui font toujours, selon les mots de Paul VI, désirer l'austère et douce présence de saint Benoît parmi nous : « la foi, que lui et son ordre ont prêchée dans la famille des peuples, spécialement dans la famille Europe, la foi chrétienne, la religion de notre civilisation, celle de la sainte Eglise, mère et éducatrice des nations, et l'unité par laquelle le grand moine solitaire et social nous a appris à être frères, et par laquelle l'Europe fut la chrétienté. Foi et unité, que pourrions-nous souhaiter de meilleur pour le monde entier, et spécialement pour cette portion de choix qu'est l'Europe? Qu'y a-t-il de plus moderne et de plus urgent, de plus difficile et de plus contrarié, de plus nécessaire et de plus utile pour la paix? »
Est-ce que nous-mêmes nous désirons la paix qui vient de Dieu ? Sommes-nous suffisamment guéris nous-mêmes pour être nous-mêmes des médecins de la paix ? Question à laquelle chacun peut essayer de répondre, s’il le peut. Est-ce vers le Christ que nous voulons nous tourner, comme les tournesols vers le soleil, ou voulons-nous surtout que tout tourne autour de nous, de notre petite personne?


dimanche 9 juillet 2017

"Je suis doux et humble de coeur."



9 juillet 2017 - 14ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

    Première lecture « Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » Za 9, 9-10
    Psaume Mon Dieu, mon Roi,
    je bénirai ton nom toujours et à jamais !  ou :  Alléluia ! Ps 144 (145), 1-2, 8...
    Deuxième lecture « Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous... Rm 8, 9.11-13
    Évangile « Je suis doux et humble de cœur » Mt 11, 25-30


Frères et Sœurs,

La liturgie nous donne une forme de rafraîchissement aujourd’hui en ce début de repos estival. Nous allons essayer de nous mettre en retrait des mauvaises nouvelles, en laissant toutefois quelques veilleurs chargés de donner l’alerte. L’usage est dans ce monde d’essayer de faire passer ce qui est plus inacceptable lorsque nous testons la qualité d’une chaise longue, de boissons rafraîchissantes ou peut-être même une selle de chameau…
Dans la première lecture, nous avons participé à la joie de la fille de Sion à l’annonce prophétique de l’entrée du roi-messie dans Jérusalem. Vous aurez reconnu celle de Jésus pénétrant dans la ville sainte pour accomplir sa mission, monté non sur un chameau, mais sur un petit âne… Chaque fois que nous en voyons nous pensons certainement à Noël et à l’étable, mais aussi à cet épisode. C’est un temps de louange et de joie : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange ! » dit le Seigneur.
La louange, cela nous fait penser à la louange divine, au sacrifice de louange que nous offrons comme nous le pouvons en disant ou en chantant les psaumes. Ta louange, Seigneur nous habite à chaque instant. Bienheureux sont ceux qui se laissent habiter en permanence par cette prière qui est celle du Christ et de l’Eglise. Les foules acclamaient le Seigneur par leurs chants et leurs cris de joie, agitant verdure et branches de palmiers. Toute une liturgie improvisée et inspirée certainement de l’accueil fait aux grands personnages entrant dans une ville A propos, Notre buis paraît chercher des candidats à sa succession, vous l’avez lu… Qu’est-ce que ce sera ? Laurier, fragon, variété de houx qui ne pique pas, fusain ? Toute la nature participe à la louange. Loué sois-tu Seigneur, laudato si nous dit le pape François, à la suite du saint d’Assise. Reste au jardinier de la création de l’aider à accomplir sa mission.
Le Seigneur loue son Père parce que ce qu’il a caché aux sages et aux savants, il l’a révélé aux tout-petits, aux humbles à Elisabeth et à Marie qui a chanté son cantique. Il ne l’a pas révélé à ceux qui passent en boucle à la télé ou aux infos, qui savent ou qui disent qu’ils savent. Ceux-là sont restés à l’abri du Temple et de leurs lieux de recherche, ou bien sur leurs balcons et au sommet de leurs tours de pouvoir et de science humaine et sur Dieu… Ces petits, ce sont les enfants d’Israël, ceux qui ont suivi Jésus, ceux qui ont quitté leurs manières de voir ou des habitudes tellement répétitives qu’elles ont rendus un bon nombre, sourds, muets et aveugles. Prisonniers de leurs connaissances, ils sont devenus incapables de voir le créateur derrière la création. Ils se sont emprisonnés dans leurs planifications, la comptabilité de leur vrai et de leur bien subjectifs. L’exactitude des prières, leur nombre… Ils se sont enfermés dans une prison dont ils ont jeté la clef. La prison de leurs jugements sur Dieu et les autres. Jésus a été très dur envers certains : « 13 Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer ! » Mt 23,13.
Jésus ne veut pas de cela, il ne veut pas nous charger de ce carcan : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »
Je ne sais pas si vous avez déjà vu un carcan. En bois ou en métal il servait à exposer à l’infamie publique. On installait le condamné dans un lieu public avec une pancarte : il a fait ceci et encore ceci, c’est un voleur, une personne de mauvaise vie, etc... On voit cet instrument employé en Chine sur d’anciennes cartes postales de la fin du 19ème siècle. La méthode était aussi connue, en tout cas chez nos voisins.
Le Seigneur ne vient pas vers nous pour nous accabler et dévoiler ce que nous avons pu faire. Il vient nous libérer et nous attacher à lui qui est le miséricordieux. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.     Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » Ce joug c’est lui-même, c’est l’amour de Dieu. Il nous donne son Esprit, l’Esprit de Dieu qui vient habiter en nous. Comme nous le dit saint Paul : « si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. »
Il vient nous transformer lui qui est doux et humble de cœur.
Pendant ce temps de vacances et de repos accordé à notre cœur, ne pourrions-nous pas trouver un peu de temps, pour laisser de côté notre science personnelle sur notre environnement et nous accorder une pose pour entendre la Bonne Nouvelle qui nous est annoncée Jésus est entré dans notre ville, il veut venir à notre table et nous demande l’hospitalité. Tout ce bruit, c’était pour nous. Mais pourquoi ? Avons-nous songé un instant que pour Lui nous sommes le plus important. Aimer quelqu’un n’est-ce pas lui donner une place en nous ? L’aimer par-dessus tout, n’est-ce pas lui donner la première place ? En prenant quelques jours de congé, j’en ai profité pour faire une descente rapide au Tessin à Notre-Dame del Sasso. Avec le train, c’est très rapide. On y voit derrière des grilles, des représentations sculptées de scènes de l’Evangile grandeur nature. Le Seigneur ne veut pas que nous restions à l’abri derrière de telles grilles en le tenant emprisonné.  D’ailleurs dans les communautés contemplatives, c’est autre chose… on veut manifester de cette manière qu’on aime le Seigneur par-dessus tout, lui qui est doux et humble de cœur et que nous l’accompagnons partout. Il veut veut faire de tous les hommes les enfants du Père.

Marie,   Femme « enveloppée de soleil, la lune est sous tes pieds, et douze étoiles couronnent ta tête » (Ap 12, 1). Élevée au ciel, tu es Mère et Reine de toute la création. Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de ta propre beauté. Apprends-nous à louer le créateur qui s’est exprimé dans son œuvre. Non seulement tu gardes dans ton cœur toute la vie de Jésus que tu conservais fidèlement (cf. Lc 2, 51.51), mais tu comprends aussi  le sens de toutes choses. Nous te demandons de nous aider à regarder ce monde avec des yeux plus avisés et surtout d’ouvrir notre porte à ton Fils qui venir chez nous. Il nous invite maintenant à sa table. Ô Marie libère la louange qui est en nous. Amen

dimanche 2 juillet 2017

Mais Seigneur, on ne t'a rien demandé de tout ça, pourquoi toutes ces tuiles? C'est ça ton cadeau? On était bien tranquilles avant ta Bonne Nouvelle!



2 JUILLET 2017 - 13ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

Lectures de la messe

Première lecture« Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu 2 R 4, 8-11.14-16a

PsaumeTon amour, Seigneur, sans fin je le chante !Ps 88 (89), 2-3, 16-...

Deuxième lecture Unis, par le baptême, à la mort et à la résurrection du ChristRm 6, 3-4.8-11

Évangile « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous acc...

Frères et sœurs,

Je ne sais pas quelles impressions provoquent  chez vous les lectures d’aujourd’hui. La configuration est peut-être dans un premier temps, du type mi-figue, mi-raisin, ou à l’image de la formule météorologique : variable avec alternance de passages nuageux averses et rayons de soleil. C’est compréhensible.
La première lecture, nous fait participer à la joie de la Sunamite, qu’Elie veut récompenser de son hospitalité par l’annonce de la naissance d’un fils. Sunam ou Shounam est une petite ville à 50 km au nord de Samarie, près du Mont Carmel. La suite du récit, vous la connaissez : l’enfant mourra, mais le prophète obtiendra de Dieu qu’il lui rende la vie. Cette femme qui n’avait rien demandé avait eu la joie de donner naissance à un enfant alors que son mari était déjà âgé, précision inhabituelle (relation avec sunamitisme et David ?), et voilà qu’il lui était enlevé pour lui être rendu.
L’Evangile appartient à la dernière partie du discours missionnaire de Jésus, il donne les conditions pour être ses messagers et accueillir la bénédiction de Dieu. Le Seigneur nous engage à nous montrer accueillants à la Bonne Nouvelle et à ceux qui l’apportent. Il nous prévient d’emblée que ce ne sera pas facile d’aimer Dieu par-dessus tout.
Notre cœur, est semblable à celui de la Sunamite, nous sommes ou essayons tous d’être ouverts et réceptifs, et sympathiques, au moins à certains moments de notre vie. Mais les cadeaux du Seigneur de par leur nature radicale, ne sont pas des plus simples à gérer. Il promet tout et donne tout pour sembler ensuite tout enlever et tout reprendre, mais pour rendre plus encore au final, pour toujours.
Le beau cadeau, une fois ouvert, c’est une croix… On en reçoit parfois à la première communion, ou pour un baptême. La petite que l’on porte parfois autour du cou est dorée pour nous rappeler la croix glorieuse et la résurrection. Ce sont de joyeux moments comme les mystères du même nom. Mais ensuite ? Si j’avais su… Si nous avions su… aurions-nous commencé le chemin ? Après 10, 20 ans 30 et plus ? Toutes ces chutes, ces croche-pieds, ces poches que l’on vous vide, ces sourires par devant, ces coups de couteaux dans le dos… L’homme est un loup pour l’homme dit un proverbe et cela dans toutes les corporations. Et nous, qu’avons-nous fait ? Nous avons suivi l’agneau immolé, espérant contre toute espérance dans ses promesses. Nous avons suivi l’enseignement de ses disciples. «  Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Matthieu, X, 16)… Tiens ! Les loups n’était-ce tout de même pas nous dans un premier temps ? C’est d’ailleurs le sens original du passage tiré d’un auteur latin, Plaute : « L’homme est un loup pour l’homme, et non un homme, tant qu’il ignore la qualité de celui-ci.» En accueillant le Christ c’est bien l’Agneau de Dieu que nous accueillons, lui qui veut nous transformer en agneaux. Il le fait en nous conduisant par une voie difficile mais qu’il a expérimentée.
Quels sont donc les problèmes essentiels qui nous interpellent ? « La vie et la mort, la mortalité et l'immortalité » disait saint Jean-Paul II à des jeunes il y a 20 ans à Longchamp « Dans l'histoire de l'humanité, Jésus Christ a inversé le sens de l'existence humaine. Si l'expérience quotidienne nous montre cette existence comme un passage vers la mort, le mystère pascal nous ouvre la perspective d'une vie nouvelle, au-delà de la mort. C'est pourquoi l'Église, qui professe dans son Credo la mort et la résurrection de Jésus, a toutes les raisons de prononcer aussi ces mots: « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ». Ces quasi-quadragénaires d’aujourd’hui ont-ils bien vécu ce message ? Et nous ?
Les gens de Château d’Oex et des bords du Léman ont eu peur d’un cataclysme hier. Eh bien ! La mort est un cataclysme aussi pour l’Eglise. La nuit de Pâques,  « l'Église est tout entière, prise dans le cataclysme de la mort du Christ revit le surgissement à une vie nouvelle. L'Église attend la résurrection; elle attend la vie qui sera la victoire sur la mort et qui entraînera l'homme dans cette vie. » La résurrection de Jésus est un autre cataclysme, mais pour le royaume des ténèbres. Cette résurrection renverse la pierre du tombeau et ouvre la porte des enfers. Nous n’avons pas d’autre choix que de le revêtir pour faire de même. Mais de quelle manière ? Par notre baptême dont les effets doivent passer dans notre vie.
Benoît XVI commentant saint Paul, disait que l’ « Identité chrétienne, … se compose de deux éléments: le fait de ne pas se chercher soi-même, mais se recevoir du Christ, et se donner avec le Christ, et ainsi participer personnellement à l'histoire du Christ lui-même, jusqu'à se plonger en Lui, et à partager aussi bien sa mort que sa vie. »
Vous aurez tous compris qu’en fait, il n’y a pas besoin de déballer notre cadeau. Il est en nous, c’est Jésus mort et ressuscité.
Par le baptême « Vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. »
La Sunamite est une image de Marie, qu’avec elle nous puissions un jour tous dire : « Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. » Amen !


DIMANCHE 2 JUILLET 2017
Prière universelle

Le prêtre :
Élargissons maintenant notre prière aux dimensions de tout l’univers.

Le diacre ou un lecteur :

1 - L’Église est dépositaire de la Bonne Nouvelle. Pour qu’elle ouvre ses portes et ses bras à tous les hommes, particulièrement les pauvres et les petits, prions ensemble.

2 - Pour celles et ceux qui accueillent, au cours de l’été, des pèlerins, des visiteurs, des touristes, des retraitants dans les hauts lieux spirituels, prions ensemble.

3 - Pour ceux qui ont tout quitté pour suivre le Christ et sont parfois incompris de leurs familles ou traversent persécutions et épreuves. Pour les jeunes se posant la question d’un choix de vie, prions ensemble.

4 - Pour que tous les pèlerins de Notre-Dame du Vorbourg aient l’audace de marcher à la lumière du Ressuscité, prions ensemble.

Le prêtre :
Dieu notre Père, reçois nos prières et toutes celles que nous portons dans le secret de nos cœurs... Dans ta bonté, daigne les exaucer, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. — Amen.