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lundi 26 juin 2017

Le Coeur Immaculé de Marie


Ex-voto chapelle du Vorbourg

Le regard de Marie est le regard de Dieu sur chacun. Elle nous regarde avec l’amour même du Père et nous bénit. Elle se comporte comme notre «avocate» — et c’est ainsi que nous l’invoquons dans le Salve, Regina: «Advocata nostra». Même si tous parlaient mal de nous, elle, la Mère, dirait du bien, car son cœur immaculé est en harmonie avec la miséricorde de Dieu. C’est ainsi qu’elle voit la ville: non pas comme une agglomération anonyme, mais comme une constellation où Dieu connaît chacun personnellement par son nom, un par un, et nous appelle à resplendir de sa lumière. Et ceux qui sont les premiers aux yeux du monde, sont les derniers pour Dieu; ceux qui sont petits, sont grands pour Dieu.

La Mère nous regarde comme Dieu l’a regardée, humble jeune fille de Nazareth, insignifiante aux yeux du monde, mais choisie et précieuse pour Dieu. Elle reconnaît en chacun de nous la ressemblance avec son Fils Jésus, même si nous sommes si différents! Mais qui plus qu’elle connaît la puissance de la Grâce divine? Qui mieux qu’elle sait que rien n’est impossible à Dieu, qui est même capable de tirer le bien du mal?

Voilà, chers frères et sœurs, le message que nous recevons ici, aux pieds de Marie Immaculée. C’est un message de confiance pour chaque personne de cette ville et du monde entier. Un message d’espérance qui n’est pas fait de paroles, mais de son histoire: elle, une femme de notre race, qui a mis au monde le Fils de Dieu et a partagé toute son existence avec Lui! Et aujourd’hui elle nous dit: cela est aussi ton destin, le vôtre, le destin de tous: être saints comme notre Père, être immaculés comme notre frère Jésus Christ, être des fils bien-aimés, tous adoptés pour former une grande famille, sans limites de nationalité, de couleur, de langue, car Dieu est un, Père de chaque homme.

Benoît XVI place d'Espagne 8 décembre 2010


Oeuvres complètes de Saint Jean Eudes http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=215

Nous confions au coeur immaculé de Marie le respect de la dignité humaine.

Lever du soleil

En été le soleil se lève au nord-est
ce qui provoque un éclairage inhabituel.

dimanche 25 juin 2017

Tous les moineaux du monde...



Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, sans pouvoir tuer l’âme.

Frères et Sœurs,

Notre Evangile paraît appartenir à une catégorie que nous appellerions volontiers : « Les pages inquiétantes de l’Evangile. » Elle fait appel à la notion de crainte de Dieu. Le péché a coûté très cher au Christ et à chacun de nous. Impossible de dire que cette page et cette crainte n’interpellent pas en un temps de l’histoire qui n’a jamais vu autant de martyrs depuis le commencement de l’Eglise. Le pape François ne cesse de nous le répéter, en Egypte encore.
Nous bénéficions aujourd’hui d’une certaine liberté de pensée et d’expression due au slowup, expression anglaise. Pourquoi ne pas nous intéresser à une manière originale de vivre le martyre. Les anglais en ont une justement.  Nous pouvons apprécier une de leur spécialité : l’humour de leurs martyrs. Deux exemples donnés par ceux fêtés cette semaine : Thomas More, sous Henri VIII demanda qu'on l'aide à gravir l'échafaud, car pour la descente, dit-il, je ne m'en occupe pas. Il demanda aussi au bourreau d’épargner sa barbe qui n’avait rien fait. Le cardinal John Fisher dans les mêmes circonstances demanda un bonnet pour ne pas s’enrhumer sur le chemin du supplice.
Le contraste est curieux entre un événement si grave et cette tournure d’esprit, même si le Seigneur aime que l’on donne avec joie.
Les exemples qu’il prend nous paraissent légers. Mais comme c’est lui qui les donne, nous allons le suivre sur ce chemin.
Les psaumes d’ailleurs nous aident à relativiser notre importance. Par exemple le psaume 102 : 15 L'homme ! ses jours sont comme l'herbe ; comme la fleur des champs, il fleurit : 16 dès que souffle le vent, il n'est plus, même la place où il était l'ignore.
Le psaume 143 ne dit-il pas : 03 Qu'est-ce que l'homme, pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d'un homme, pour que tu comptes avec lui ? 04 L'homme est semblable à un souffle, ses jours sont une ombre qui passe.
En effet, à quoi t’a-t-il-servi d’accumuler richesses sur richesses ? D’entasser des antiquités, des tableaux, des meubles, de t’épuiser et d’épuiser tes ouvriers et tes collaborateurs, si tout à coup ton téléphone est en panne ou hors réseau lorsque tu as besoin de secours pour ta vie, s’il y a un bug dans les services de santé, un accident de voiture, que sais-je, etc... En vélo, cela peut d’ailleurs arriver aussi. Je me souviens d’une rencontre avec un trottoir il y a environ 20 ans. Le père Pierre Pfeiffer premier gardien de la communauté avait eu un problème avec une poule dans l’allée des tilleuls.
Après les sourires la question : Qu’est-ce qui est le plus important pour moi ?

Le Seigneur nous demande de faire pleine confiance à la Toute-Puissance de son Père et de comprendre quel est notre intérêt. Ses exemples sont apparemment simples et aimables : des cheveux qui tombent sans notre permission, mais avec celle du Père qui en donne parfois beaucoup. Puis il y a cet exemple des moineaux. Ils pépient sur les bords des toits et réveillent le matin. Je me souviens que, dans mon enfance, parfois ils faisaient tant de bruit qu’il ne paraissait rien exister d’autre qu’eux au monde. Ils dérangeaient avec leurs petites guerres vocales, mais leur silence n’est-ce pas plus grave ? Il est aujourd’hui sur les listes rouges de certaines associations. Autre histoire de moineaux : On raconte qu’à l’époque de Mao-tsé-toung, le grand timonier avait décrété une campagne contre les 4 nuisibles où figuraient les moineaux qui auraient mangé trop de graines. On se mit à faire partout beaucoup de bruit. Les oiseaux effrayés et ne pouvant se poser moururent en masse. Le résultat a été une prolifération d’insectes et la nécessité d’importer des moineaux friquets depuis la Russie. Ils y ont remplacé le moineau domestique. Voilà de quoi soulever bien des émotions et une leçon à retenir.
Mais l’exemple du Seigneur n’a-t-il pas une relation encore avec les psaumes et plus de gravité : ps 101 08 je veille la nuit, comme un oiseau solitaire sur un toit.
Ps 123 07 Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; * le filet s'est rompu : nous avons échappé.
Le Seigneur fait certainement allusion à ces psaumes. Ils témoignent de la difficulté de nos vies, mais aussi et surtout de sa fidélité. Saint Paul nous invite à mettre notre confiance dans grâce de Dieu, elle est plus forte que la faute d’Adam : combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
Il est certain qu’il délivre le malheureux de la main du méchant. Oui dit le psaume 68 il est bon, ton amour. Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » 1 Jn 4 :18 18 « Il n’y a pas de crainte dans l’amour, dit saint Jean, celui qui reste dans la crainte n’a pas atteint la perfection de l’amour. » Que le Seigneur nous aide à entrer dans cette perfection-là, pour que nous puissions le louer avec Marie :
Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ! Amen.

samedi 24 juin 2017

Nativité de saint Jean-Baptiste


Nativité de Saint Jean Baptiste
Messe du jour
    Première lecture « Je fais de toi la lumière des nations » Is 49, 1-6
    Psaume Je te rends grâce, ô mon Dieu,
    pour tant de merveilles. Ps 138 (139), 1-2.3b...
    Deuxième lecture « Jean le Baptiste a préparé l’avènement de Jésus »         Ac 3, 22-26
    Évangile « Son nom est Jean » Lc 1, 57-66.80

Le jour de la nativité de Jean-Baptiste accompagne chaque année le moment où le soleil nous donne alors un maximum de lumière au solstice d’été. Il est arrivé en quelque sorte au sommet de sa course dans notre hémisphère. La Noël d’été est donc un jour de joie, elle annonce la naissance du Christ dans six mois. Nous faisons aussi une relation avec la parole de Jean au désert à propos de Jésus : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. », allusions à son martyre. « Il aura l’humilité profonde de montrer en Jésus le véritable Envoyé de Dieu, se mettant de côté afin que le Christ puisse grandir, être accueilli et suivi. »
Les Evangiles nous disent que Marie était restée avec Elisabeth pendant environ 3 mois, depuis le moment de la Visitation alors que sa cousine en était à son sixième mois. Si elle disparaît de l’Evangile, au moment de la naissance-même, on peut supposer qu’elle a été présente à cette naissance. Elle est toujours très discrète. Il fallait ensuite préparer la naissance de Jésus qui nécessitera un autre voyage mais à Bethléem. Marie était une "voyageuse".
Nous remarquons l’accord d’Elisabeth et de Zacharie sur le nom donné à l’enfant. Il signifie « Dieu fait grâce ».
Lorsque la bouche de Zacharie, se délie ainsi que l’ange le lui avait annoncé, la première chose qu’il fait est de bénir Dieu. Il prononce le Benedictus… le cantique de louange et de bénédiction que nous disons chaque matin au Laudes… Benoît vient de ce mot…
L'ancien pape Benoît commente ainsi : « La naissance de Jean-Baptiste est marquée par la prière : le chant de joie, de louange et d’action de grâce que Zacharie élève au Seigneur et que nous récitons chaque matin dans les Laudes, le Benedictus, exalte l’action de Dieu dans l’histoire et indique de façon prophétique la mission du fils Jean : précéder le Fils de Dieu qui s’est fait chair pour lui préparer les routes (cf. Lc 1, 67-79). »
Zacharie  glorifie la miséricorde qu'il a «faite... à nos pères, se souvenant de son alliance sainte» (S. J-P II, Dives in Misericordia.)
Dans les détails, relevons qu’il est demandé par signe à Zacharie le nom à donner à l’enfant, ce qui ajoute la surdité au fait d’être muet. Cela permet aussi de faire un lien avec le message envoyé plus tard par Jésus à Jean en prison, où il mentionne  les signes qui accompagnent la venue du Messie, notamment celui-ci : « les sourds entendent. »
Les prodiges entourant la naissance de Jean avaient ému tout le voisinage. "« Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui."
Saint Luc nous explique que "« L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël. »" Nous pouvons rapprocher ces paroles de ce qu’il dit de Jésus : « Quant à Jésus, il grandissait  en sagesse, en  taille  et en grâce, devant Dieu et  devant  les hommes. » Jésus grandit devant les hommes et Jean alla vivre au désert.

Retenons simplement ce matin que la naissance de Jean est un jour de joie particulier : Elle est l’annonce de la miséricorde de Dieu apportée au monde. Le Christ est tout proche, il vient bientôt. 

vendredi 23 juin 2017

Le Sacré-Coeur un 23 juin



La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus a pris son extension au siècle de Louis XIV avec sainte Marguerite-Marie Alacoque, à la visitation de Paray-le-Monial, une époque où le jansénisme et ses conceptions de la grâce chichement dispensée et de la prédestination avaient cours en France. Le Seigneur a voulu rappeler à ce temps-là et à toutes les époques, son amour universel dispensé à tous et à chacun. Les jésuites, grâce au Père Claude e la Colombière, s’en sont faits les propagateurs pour le plus grand bien de l’Eglise et la plus grande gloire de Dieu. Vous connaissez cette sainte histoire. La politique s’en est mêlée, mais ce qui nous intéresse surtout, c’est l’amour du Christ qui nous est destiné.
Avant cette période, on représentait le cœur de Jésus de manière cachée, par le biais du côté transpercé du Christ en croix. Le peintre Yoki a tenté de le figurer sous l’aspect du buisson ardent, un feu brûlant, dans l’église des francophones de Bâle avec des couleurs rappelant le sang et l’eau. L’amour du Christ est un feu brûlant s’écoulant d’un cœur blessé, de son cœur blessé.
Pour ceux qui veulent approfondir cette spiritualité, en plus des écrits entourant sainte Marguerite-Marie, nous avons l’encyclique Haurietis Aquas de Pie XII et une lettre de Benoît XVI  commémorant son cinquantenaire et bien d’autres sources. Le pape François en a aussi parlé.
Pour notre méditation un extrait de la lettre de Benoît XVI :
La fidélité de Dieu nous apprend à accueillir la vie comme l’avènement de son amour et nous permet de témoigner de cet amour pour nos frères dans un service humble et doux.
Le côté transpercé du Rédempteur est la source à laquelle nous devons puiser pour atteindre la véritable connaissance de Jésus Christ et pour faire plus pleinement l'expérience de son amour. Nous pourrons ainsi mieux comprendre ce que signifie connaître en Jésus Christ l'amour de Dieu, en faire l'expérience en fixant notre regard sur Lui, jusqu'à vivre pleinement de l'expérience de son amour, pour pouvoir ensuite en témoigner aux autres. En effet, pour reprendre une expression de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, "auprès du Coeur du Christ, le coeur de l'homme apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d'une vie authentiquement chrétienne, à se garder de certaines perversions du coeur humain, à joindre l'amour filial envers Dieu à l'amour du prochain. Ainsi - et c'est la véritable réparation demandée par le coeur du Sauveur - sur les ruines accumulées par la haine et la violence, pourra être bâtie la civilisation du coeur  du  Christ"  (Insegnamenti , vol. IX/2, 1986, p. 843).

Nous pouvons demander au Seigneur la paix véritable qui est la sienne, pour notre coin de pays. Amen.

jeudi 22 juin 2017

John Fisher et Thomas More



Nous fêtons aujourd'hui Saint John Fisher et Saint Thomas More, ainsi que le paisible Paulin d'une autre époque...



Prière de saint Thomas More pour obtenir l’humour

Donne moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer.

Donne moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux,

Donne moi une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la pureté, afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation.

Donne moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir.

Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle «moi».

Seigneur, donne moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres.


Les deux martyrs remarquables d'abord par leur témoignage méritent aussi une mention pour leur humour, qui est une caractérisique des martyrs anglais. Un extrait du commentaire de dom Jean Leclercq, osb (volume VII).

Mais la fermeté de ces martyrs offre un caractère très original que ne présentent pas au même degré les récits de la primitive Église. Il faut, croyons-nous, grouper divers traits afin de se rendre compte qu'un élément nouveau s'est introduit dans la fermeté, et cet élément tient au tempérament de la nation anglaise. C'est le commentaire le plus prime-sautier de la devise merry England. Si nous osions en rapprocher une citation sacrée, nous dirions volontiers que les martyrs anglais du XVIe siècle, avec leur « humour » inextinguible, donnent, dans le martyre, une interprétation imprévue du mot de saint Paul : « Dieu aime celui qui donne joyeusement. »
Thomas More demande qu'on l'aide à gravir l'échafaud, car pour la descente, dit-il, je ne m'en occupe pas. John Fisher réclame un bonnet en marchant à la mort, car, ajoute-t-il, je ne veux pas m'enrhumer. Thomas Founde, qui demeura plus de trente années en prison, faisait tous les matins sa toilette avec autant de soin qu'en a pu mettre feu M. de Narbonne pendant la retraite de Russie (1). John Kemble, âgé de quatre-vingts ans, arrive dans les faubourgs de Hereford. Son gardien lui montre l'emplacement où doit avoir lieu l'exécution. « Bien, bien, dit le vieux martyr, asseyons-nous ici pour que je regarde à mon aise en fumant une bonne pipe. » Et il s'installe, le brûle-gueule aux dents, sur un pli de terrain (2). Thomas Green et Alban Roe, exécutés ensemble, s'entr'aident en allant au supplice. Le sieur de Marsys assista à leur fin. Green, dit-il, « descendit les degrés de la prison avec une mine et un port qui sentait son conquérant, salua courtoisement le prévôt », s'étendit sur la claie et dit au charretier : « Allez, fouettez (3). »
Cette force n'est pas « exaltation de cabinet », car on l'expérimente entre deux séances de torture. Thomas Strange est torturé trois jours de suite sur le chevalet, et pendant trois autres jours il est suspendu par les bras à des anneaux de fer. Tandis qu'on le disloque sur le chevalet, un ministre anglican entre dans la salle et entame une polémique. Strange se tourne vers le juge et lui demande de faire mettre le ministre sur un chevalet lui aussi. « Alors, dit-il, je répondrai, car il est entendu que dans toute discussion les adversaires doivent être dans des conditions égales. » Ces plaisanteries ne prennent tout leur sel que par la solennité des circonstances où elles sont prononcées. Comme Th. Strange, la jeune Margaret Powell est un pince-sans-rire. Le juge lui ayant dit qu'elle devrait embrasser la religion du royaume, « Oui, sans doute, dit-elle, mais j'attendrai que Messieurs du Parlement se soient mis d'accord entre eux auparavant. »
La mort offre un charme attirant à ces consciences fortes et saines. Au moment où le P. William Davis est condamné à mort, il entonne le Te Deum auquel répondent ses quatre compagnons. Thomas Bullaker, à l'instant où est prononcée la sentence, s'agenouille devant letribunal et récite les trois premiers versets du Te Deum. Backworth au moment de sa condamnation dit : « Que Dieu soit loué et béni à jamais. » Cuthbert Maine dit : « Dieu soit loué. » Un long pressentiment du sort menaçant ne trouble pas ces âmes vaillantes. Marie Stuart écrit au duc de Guise (septembre 1586) « Je leur ai déclaré que pour moi, je suis résolue à mourir pour ma religion, car bien qu'ils m'aient rendue quasi-impotente, pour cela le coeur ne me manquera. »
Cette mort attendue et souhaitée ne les trouble pas. Un cultivateur du nom de Milner laisse une femme et dix enfants. Le juge lui représente la misère où ils sont plongés et d'où les tirera son abjuration. Milner entend ce discours, monte les degrés de l'échelle et crie au juge : « Je veux être pendu. » Roger Wrenno, tisserand, fut pendu, la corde cassa, il tomba sur le sol évanoui, reprit ses sens, se leva et, sans plus d'explications, gravit de nouveau l'échelle. Cette Margaret Powell, dont nous venons de dire la jolie impertinence, ne retrouva toute sa gaieté qu'en recevant la nouvelle de sa condamnation à mort. Le sieur de Marsys la trouva «s'entretenant. fort tranquillement avec quelques autres dames; à voir leurs contenances, on eût jugé que c'étoient ses compagnes qui étoient condamnées à mort et qu'elle étoit venue les consoler Au moment de partir pour le supplice, « jamais on ne la vit si gaie. » A cet instant, la grâce arriva. Le coup était rude, mais Margaret Powell « fit voir par sa résignation qu'elle n'aimoit pas tant la couronne que la volonté de celui qui la donne (1) ».

L'histoire des quatre fils de sir Richard Worthington est non moins belle. L'aîné avait seize ans, le plus jeune douze ans seulement. Tous quatre furent arrêtés au moment de s'embarquer pour la France, où ils allaient faire leurs études dans un collège catholique. Ils furent séparés les uns des autres, interrogés, menacés de mort. Comme ils ne livraient aucun secret, on les priva de nourriture. Pendant des mois entiers, ils reçurent de quoi les empêcher de mourir. On leur donnait le fouet, on leur faisait des promesses alléchantes. Tout fut inutile. On ne parvint pas à les faire assister au service protestant. Les deux aînés furent fouettés jusqu'au sang ; alors les deux plus jeunes réclamèrent le même traitement. Après six mois de sévices, on parvint à les arracher des mains des bourreaux. Aucun d'eux n'avait faibli (1).

dimanche 18 juin 2017

Allez vers les brebis perdues de la maison d'Israël

L'arbre creux

Lectures du 11e Dimanche du Temps Ordinaire A
PREMIÈRE LECTURE «Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte »
DEUXIÈME LECTURE « Si nous avons été réconciliés par la mort du Fils, à plus forte raison serons-nous sauvés en recevant sa vie»
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains 5,6-11
ÉVANGILE « Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission »
* Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 9,36 -10,8 


Frères et Sœurs,

Nous sommes arrivés presque au terme des grandes célébrations qui suivent d’une certaine manière Pâques et le temps pascal. Il nous restera encore le Sacré-Cœur de Jésus vendredi prochain.
Le Seigneur appelle aujourd’hui douze de ses disciples et il leur donne un nouveau nom, celui d’Apôtres.
Le disciple, c’est en quelque sorte l’élève ou l’apprenti. Lorsqu’ils deviennent apôtres, les disciples franchissent une étape supplémentaire. Jésus les appelle par un nouveau nom et il leur donne une mission, une sorte de mandat.
Le nom d’apôtre vient d’un mot grec qui signifie messager, envoyé, ambassadeur. Ce n’est pas un hasard si nous le retrouvons après l’énoncé du nom des douze. Ces douze, Jésus les envoya en mission. Envoyé, c’est le même mot qu’apôtre en grec.
En fin ou en période d’examens, l’analogie en version simplifiée nous autoriserait à dire qu’ils ont reçu leur diplôme, mais Jésus à la différence de Platon n’avait heureusement pas d’Académie, jardins et domaine où le philosophe enseignait. (Parenthèse : le nom d’Académie vient d’un héros mythologique grec).
Vers qui Jésus envoie-t-il ces Apôtres ? « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. »
Nous avons entendu le soin que Dieu avait pris d’Israël au désert. Il l’avait fait sortir d’Egypte, et arraché à la main de Pharaon ; il l’a nourri, lui a donné à boire, il l’a enseigné et maintenant le voilà qui veut conclure une Alliance avec lui. Pourtant ce Peuple a la nuque raide, ne veut rien entendre, ni comprendre, comme nous le lisons dans les Ecritures. Aux commandements donnés ils seront bien souvent infidèles. Mais Dieu ne cessera pas d’aimer ce Peuple qui est son Peuple, au point de lui envoyer son propre Fils.
Sa mission nous l’avons perçue dans la deuxième lecture : Le Christ est mort pour nous, il est mort pour eux alors que nous étions encore pécheurs… Il veut faire de tous les peuples son Peuple.
Cet amour est encore plus grand, maintenant que nous avons été justifiés par la mort du Christ : « À plus forte raison, maintenant que le sang du Christ nous a fait devenir des justes, serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu… Si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie. » La colère de Dieu et du Christ était un thème fréquent chez Léon Bloy, une sorte de prophète incantatoire, dont c’est le centenaire de la mort cette année. Toutes ses menaces et celles de Notre-Dame à La Sallette n’y ont rien fait. L’homme prit par le mal, veut aller au bout de sa cruauté. La miséricorde de Dieu est cependant sans repentance. Nous ne pouvons une fois de plus que le remarquer et nous en émerveiller en lisant saint Paul et notre histoire récente.
Le fait que le Seigneur envoie ses Apôtres vers les brebis perdues de la maison d’Israël, ne devrait-il pas, sans vouloir être par trop pessimiste, nous interpeller, n’est-ce pas aussi une piste sur les chemins de la Nouvelle Evangélisation ? La mission  paraît en effet restreinte. Jésus ne leur dit pas de se rendre par toute la terre comme nous l’avons chanté au début de la célébration. Ils le feront par la suite, mais nous pourrions nous demander si le Seigneur ne veut pas nous inviter aujourd’hui à nous consacrer à la mission chez nous ou près de chez nous, vers nos brebis perdues de la maison d’Israël.
Nous avons toujours des désirs d’universalité et de vastes horizons dans notre Jura, comme celui de porter notre bonne nouvelle au loin. Les grandes idées et les idées bien établies sur tout et sur tous ne manquent pas.
Mais certains jours, n’avons-nous pas l’impression de découvrir que le vieil et grand-arbre que nous sommes est devenu creux et qu’il menace de s’abattre. Il n’y a plus qu’une partie périphérique vivante et en bonne santé. Comment la revitaliser ? Pardonnez cet exemple de botanique à la Saint Paul. Dans la nature ce serait impossible. André Frossard dans sa lettre mordante aux évêques (le parti de Dieu) avait eu l’audace singulière d’avancer ceci : « L'un de vous, mes pères, nous a dit un jour qu'il y avait, certes, moins de fidèles dans les églises, mais qu'ils étaient de meilleure qualité. Somme toute, moins les chrétiens sont nombreux, plus ils progressent. Quand il n'y en aura plus du tout, ils seront parfaits. » Dieu ait son âme (bien sûr !). Et pour lui donner un joyeux démenti qu’il apprécierait… ne pourrions-nous pas nous intéresser à ceux qui sont les plus proches de nous ? En vertu de notre baptême et de notre confirmation, nous avons reçu le mandat d’aller annoncer la Bonne Nouvelle.
Si nous hésitons toujours à faire usage de notre diplôme, le pape nous donnait déjà une recette au début de son pontificat : « La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. Mais, quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire. »

Marie, étoile de la nouvelle Evangélisation, « Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités pour porter à tous l’Évangile de la vie qui triomphe de la mort. Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies pour que parvienne à tous le don de la beauté qui ne se ternit pas. Amen. »

jeudi 15 juin 2017

Fête-Dieu


15 juin 2017

Le Saint Sacrement — Année A

    Première lecture « Dieu t’a donné cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez conn... Dt 8, 2-3.14b-16a
    Psaume Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Ps 147 (147 B), 12-1...
    Deuxième lecture « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul... 1 Co 10, 16-17
    Séquence
    Évangile « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » 

Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Celui qui mange de ce pain vivra éternellement.
C’est une promesse du Seigneur, mais qu’est-ce que ça veut dire ?
En cette période de l’année, nous réjouissons de voir le blé (et d’autres céréales pousser dans les champs). Quel contraste avec l’an passé. C’est un spectacle qui plaît non seulement à l’œil des passants, mais donne une certaine satisfaction à ceux qui le cultivent et qui se disent pourvu que tout aille bien jusqu’au bout… La crainte des orages est toujours présente.
L’autre jour en jetant un coup d’œil sur le petit écran nous avons entraperçu la dimension de certains champs au Canada et les tracteurs, presque des maisons à 2 étages qui étaient utilisés… Quelles cultures pour apaiser des appétits considérables. Nourrir toute la terre, quel travail… et quel souci. Le programme alimentaire mondial nous dit qu’une personne sur 9 souffre de la faim sur notre terre soit environ 795 millions de personnes. Ce n’est pas qu’une question de cours de la bourse et d’abstraction… Dieu d’ailleurs aime le réel et la matière qu’il a créée. Ajoutons que les compensations financières même, ne permettent pas de transsubstantiation. Il faut de la matière, le pain et le vin pour que Dieu agisse et les transforme.
Le Seigneur dans les Evangiles a repris cependant à de nombreuses reprises ses disciples qui s’inquiétaient pour la nourriture à trouver et pour le lendemain.
Lui, veut nous fournir un autre pain, il veut nous donner une autre nourriture pour apaiser une autre faim. Celle de la vie éternelle.
La première question à se poser est celle de la conscience de cette faim. Pour les petits enfants, cette prise de conscience peut commencer avec la découverte d’un petit animal de compagnie qui tout à coup ne bouge plus. Et il faut expliquer… la différence avec nous : nous sommes appelés à vivre pour toujours.
Cette conscience parfois émoussée réapparaît chez les anciens qui oublient, pris par le tourbillon de la vie et les soucis. Il faut un élément déclencheur, par exemple le décès brusque d’une personne aimée. Pourquoi est-elle partie ? Il y a un grand manque. Ou bien un danger, une maladie qui nous touche…
Nous avons alors soif, tous, de vie éternelle et surtout d’une vie éternelle où tout aille bien : Quelque chose de plus que la « villa sans soucis » au bord du lac.
Puis vient encore une autre question : la vie éternelle est-ce seulement après ? est-ce que ça ne peut pas être déjà maintenant ? Saint Jean-Paul II dans son encyclique sur l’Eucharistie donnait cette explication :
Celui qui se nourrit du Christ dans l'Eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle: il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir, qui concernera l'homme dans sa totalité. Dans l'Eucharistie en effet, nous recevons également la garantie de la résurrection des corps à la fin des temps: « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 54). Cette garantie de la résurrection à venir vient du fait que la chair du Fils de l'homme, donnée en nourriture, est son corps dans son état glorieux de Ressuscité. Avec l'Eucharistie, on assimile pour ainsi dire le « secret » de la résurrection. C'est pourquoi saint Ignace d'Antioche définit avec justesse le Pain eucharistique comme « remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir ».(32)
Ca c’est très bien, nous disons-nous, mais nous constatons qu’il faut tout de même mourir… Il reste à savoir de quelle mort il s’agit. De toute évidence, est un risque qui ne peut que nous impressionner. Il existe une sorte de mort spirituelle qui est la séparation d’avec Dieu, pour une raison grave, le mal.
Dernière question : Y a-t-il un remède ? Le vrai remède c’est le Christ qui vient à notre rencontre dans le baptême et qui nous accompagne tous les jours dans l’Eucharistie. Il est là, vivant au milieu de nous : dans nos églises et lorsque nous le recevons dans l’Eucharistie. Il peut nous saisir au passage, tout à coup…
J’aime beaucoup, je vous l’ai déjà dit le récit de la conversion d’André Frossard, tout à coup saisi par la présence du Christ dans l’Eucharistie, c’était chez des Sœurs adoratrices rue d’Ulm à Paris. « Je suis catholique, apostolique et (pire encore) romain. » Un vrai coup de foudre…
Dans la chapelle, nous avons la représentation du saint sacrement sur le fameux ex-votos d’action de grâce après l’incendie de Delémont. Il vient éteindre d’autres incendies dans nos vies.



Nous ne pouvons oublier saint Nicolas de Flüe qui vécut pendant dix-neuf ans, sans autre nourriture, que l'eucharistie, puisque nous fêtons le 600ème anniversaire de sa naissance. La transsubstantiation, ce miracle ordinaire de chaque eucharistie est un des moments où, selon le fameux tableau de Sachseln, se manifeste l’abaissement du Fils. Il se fait le plus petit, notre nourriture spirituelle. Mais il est vraiment là, parmi nous, complètement dépendant et livré. A l'opposé, le prêtre, usant du pouvoir reçu de Jésus, consacre l'hostie, en répétant en son nom les paroles mêmes de l'institution ceci est mon corps... Le pain et le vin deviennent le corps et le sang unis à l'âme et la divinité du Fils Bien-Aimé. C'est ce que Dieu donne, ce qu'il peut donner de plus précieux et de plus pur. « O mon Dieu et mon Seigneur, ôte-moi tout ce qui m'empêche d'aller à toi. » Il vient nous guérir de ce mal absolu qu’est la vie loin de son Père… Il vient nous unir à son Père en venant demeurer chez nous.

Que demander au Seigneur ? De faire de notre vie une action de grâce, un Magnificat avec Marie… Le Magnificat exprime la spiritualité de Notre-Dame. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat! Le Seigneur se souvient de son amour pour nous chaque jour, à chaque fois que nous lui rendons une petite visite et que nous le recevons dans l’Eucharistie. Cela, c’est la vie éternelle déjà commencée. Amen !

dimanche 4 juin 2017

Pentecôte



Première lecture « Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’aut... Ac 2, 1-11
    Psaume Ô Seigneur, envoie ton Esprit
    qui renouvelle la face de la terre !
    ou :Alléluia ! Ps 103 (104), 1ab.2...
    Deuxième lecture « C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour fo... 1 Co 12, 3b-7.12-13
    Séquence
    Évangile « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l... Jn 20, 19-23

Frères et Sœurs,
Nous nous réjouissons et nous célébrons aujourd’hui de la venue de l’Esprit-Saint, de son irruption dans le Cénacle, où Marie et les Apôtres priaient pour attendre l’événement promis par le Seigneur au moment de son Ascension. Cet événement est une Personne. Qui est-il ? La troisième de la Sainte Trinité. J’ai vu dans un ouvrage de catéchèse que les enfants formulaient la question différemment : « C’est quoi l’Esprit-Saint ? » La réponse du livret commence discrètement par une sorte de prière : Dis-moi qui tu es… L’Esprit est une personne, aussi discrète qu’envahissante et bouleversant tout. Cela pour dire qu’il est très mystérieux.
Le Saint-Esprit a parfois été qualifié de « Grand inconnu »… On trouve l’expression dans une homélie du fondateur de l’Opus Dei, saint José Maria de Balaguer en 1969, ce n’est pas hier, et aussi dans le message du pape Benoît XVI aux jeunes qui se rendaient aux JMJ en Australie en 2008… voici une dizaine d’années. Ces jeunes-là sont à coup sûr considérés par ceux d’aujourd’hui comme des vieux, quant à ceux de 1969, et avant, ils doivent être classés dans la case des « pappi » : Il faudra leur mettre la ceinture aux reins pour les conduire où ils ne veulent pas aller et peut-être, qu’ils me pardonnent, beaucoup les soutenir… Notre monde éclaté et individualiste est fait de rapports parfois devenus compliqués. N’y manque-t-il donc pas quelque chose ou plutôt quelqu’un qui unit, rassemble, envoie porter non seulement une, mais la bonne nouvelle et pardonne?
Vous me pardonnez de poursuivre avec des anecdotes d’André Frossard qui et retourné à Dieu en 1995. Il a passé sa jeunesse juste de l’autre côté de la frontière près de Bourogne, à Foussemagne. Il disait avoir rencontré un jour Dieu en entrant par hasard dans une église, ce fils du fondateur du parti communiste français, c’était du sérieux à l’époque, en était ressorti catholique, apostolique et romain… Il avait une sorte de flash mystique.
Vers la fin de sa vie, lui qui était devenu académicien et au Figaro un journaliste très connu, ami de saint Jean-Paul II, avait été comme qui dirait passé à la question par ses confrères dans une émission appelée « Les grands témoins ».
L’un de ceux qui l’interrogeaient avait essayé de le charrier en lui disant :
-    L’Esprit Saint vous habite en permanence ?
Il lui avait répondu du tac au tac :
-    Evidemment oui. (Ce qui, bien entendu, avait fait rire tout le monde.) Ça devrait d’ailleurs être le cas de tous les chrétiens, je ne suis pas une exception.
J’espère que ce n’est une révélation pour personne. Si c’était le contraire, nous pourrions conclure que nous cohabitons en permanence avec quelqu’un que nous ne voyons pas et ne connaissons pas, donc avec un inconnu… Quel est cet étrange locataire, pire encore ce squatter ? Ce n’en est pas un, nous l’avions oublié tout en haut dans le grenier de nos souvenirs d’enfance… Abandon d’Esprit-Saint… et personne ne s’en inquiète? Pourtant il est une personne.
Monsieur Frossard avait écrit un commentaire à sa façon sur les mosaïques de Ravenne dont il était tombé pour ainsi dire amoureux. Il a cette observation pointue, selon son habitude, sur une des petites églises dédiée au Saint-Esprit : il souffle, dit-il, où il peut, sa demeure restant cadenassée toute l’année faute de desservant, et c’est bien dommage.
L’application est simple pour nous. Ne pourrions-nous pas faire l’effort de monter dans nos greniers intérieurs et essayer d’en libérer l’Esprit-Saint qui ne demande que de se manifester à nous et de nous faire découvrir et bénéficier des dons qui nous ont été promis par le Seigneur.
Quels sont-ils ? Dans l’Evangile il a mentionné d’abord la paix, il envoie comme messager de la bonne nouvelle avec les dons appropriés grâce à l’Esprit-Saint qu’ils reçoivent. Ils reçoivent une autorité extraordinaire : le pouvoir de remettre les péchés, donc de réconcilier avec Dieu et de vivre dans la Paix avec lui. 
Cette paix amène l’unité entre nous et entre les générations. L’individualisme laisse la place à l’unité, elle est la réconciliation entre les hommes et avec Dieu. Il n’y a plus qu’un seul corps mu par un unique Esprit. Vous aurez, je pense, apprécié la 2ème lecture.
A la Pentecôte, ce n’est plus la tour de Babel où les hommes ne se comprenaient plus et se divisaient, mais bien l’Eglise qui va tous les rassembler, qui se forme et grandit. Ce n’est plus la petite communauté enfermée et cadenassée par peur des Juifs, mais l’Eglise du Christ en sortie qui part annoncer la Bonne Nouvelle à toutes nations, à toutes les générations et à tous les hommes. Elle est habitée et conduite par l’Esprit, elle apporte le pardon, la miséricorde, baptise et célèbre l’Eucharistie.

Oui, l’Esprit Saint habite l’Eglise et nous habite en permanence. Que Notre-Dame épouse de l’Esprit, nous aide à l’accueillir chaque jour, à chaque saison de notre vie, avec notre oui, que nous puissions participer à son Magnificat et être des messagers de l’espérance tant proclamée par le pape François. Amen.