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dimanche 30 mai 2021

La Très, Très, Très Sainte Trinité, si proche.

 



30 mai 2021 Sainte Trinité - Année B - Solennité
Lectures de la messe
Première lecture « C’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas s... Dt 4, 32-34.39-40
Psaume Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu. 32 (33), 4-5, 6.9, 1...
Deuxième lecture « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; en lui nous cri... Rm 8, 14-17
Évangile « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit »

Chers frères et sœurs,

Voici qu’on nous sert trois belles lectures pour cette Solennité de la Très très très sainte Trinité comme avait dit le saint Jean-Paul II à Sion le 17 juin 1984, il y avait fait des ordinations et dans sa grande bonté avait placé le Mont-Blanc en Suisse. Ces trois lectures servent en quelque sorte de plats à la table de la parole avec pour boisson le psaume, avant de passer à celle de l’Eucharistie. Vous me direz que cela fait 4 et non 3 ! Imaginons l’association de notre humanité, d’abord en la personne du Seigneur d’abord et en celle de Marie, participation sans confusion ni mélange. Le grand Carl Gustav Jung, quoique protestant avait été très heureux de la proclamation du dogme de l’Assomption, tant il trouvait le chiffre 4 important pour la psychologie humaine. Nous participerons à la vie Trinitaire et nous verrons Dieu. Parler de la Trinité au nom de laquelle nous avons tous été baptisés selon la volonté de Jésus, est apparemment simple, mais sitôt que nous approchons du mystère avec la raison, nous entrons dans une sorte d’obscurité, une nuée à la fois lumineuse et obscure.

Certains commentateurs résument nos lectures de cette année B en disant qu’elles nous montrent « la préoccupation » de la Trinité par rapport au monde. Elle veut que les nations deviennent « disciples ». Les nations devraient se mettre à l'écoute de la Trinité et ainsi comprendre que le Seigneur est avec elles jusqu'à la fin des temps. Comment y parvenir et accéder à sa table où la sagesse a préparé son pain et mélangé son vin, où l’Agneau est offert, comme sur la célèbre icône de Roublev ?

Comment la Trinité a-t-elle été annoncée par la jeune Église, pourquoi y a-t-il eu une telle adhésion ? Nous pouvons percevoir que c’était en raison de l’annonce de la Résurrection de Jésus, des signes qui étaient donnés en ce temps-là et surtout grâce à l’action de l’Esprit-Saint, spécialiste en psychologie humaine et qui touchait les cœurs. Il n’y a pas d’autre justification à la foi en la Trinité, tant elle paraît une quasi-impossibilité pour l’intelligence humaine. On utilise des mots tels que relation subsistante, communication des idiomes pour essayer d’expliquer que cela n’est pas vraiment totalement impossible. Nous sommes complètement dépassés par le mystère de Dieu.

Je vous fais souffrir une dernière fois avec des mots compliqués un extrait d’un symbole de foi mentionné dans le catéchisme: " La foi catholique consiste en ceci : vénérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les personnes, sans diviser la substance : car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit Saint ; mais du Père, du Fils et de l’Esprit Saint une est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté " (Symbolum " Quicumque " (DS 75). Je vous félicite de votre persévérance dans l’écoute et de votre qualité de veilleurs ! Comme c’est le Seigneur qui agit avant tout dans nos cœurs et nous apprend à le connaître, nous pouvons peut-être nous aider avec certains symboles traditionnels plus simples. J’aime celui du trèfle de nos moines-évangélisateurs irlandais, une petite herbe qui a trois lobes formant une feuille, quoi de plus simple et de plus éclairants. Ceux qui aiment saint Nicolas de Flüe se réfèreront au tableau de notre saint national. Je n’en ai qu’une petite représentation ici, mais vous trouverez des commentaires en abondance facilement, avec internet nous n’avons plus les excuses de nos mémoires défaillantes ou de l’absence de documentation.

Je souhaiterais appuyer notre méditation sur une autre source, l’abbé Maurice Zundel. Il est pour nous une voie précieuse. Dieu est un et trois, nos petits esprits humains , capables pourtant d’amener aux plus belles réalisations, ont bien de la peine à se le représenter. Pourquoi ne pas tenter une sorte de justification ?

Approcher de Dieu en regardant et en parlant de lui, sous le seul aspect de sa sainteté extérieure est problématique. On ne pourrait le voir que radicalement séparé de nous et on ne pourrait l’approcher que sous l’angle de sa puissance. Il est ainsi quasiment intouchable et distant, solitaire, isolé. Or en la Personne de Jésus, il s’est fait proche de nous. C’est donc qu’il a voulu abolir cette distance. Il a voulu montrer en lui et par lui qui Il est et qui nous sommes, des êtres capables de le rencontrer et de vivre avec lui, par ce moyen exceptionnel qu’est la charité, l’amour. Une greffe sur Dieu est nécessaire pour nous, pour que circule le sang de Dieu en nous qui est l'amour. Nous sommes greffés sur les plaies du Christ d'une certaine manière. Si Dieu est charité, nous comprenons que notre sainteté se tient dans la même ligne que la sienne, qu’elle va dans la même direction, qu'elle est de la même nature, si l'on peut dire. Elle consiste, en Dieu comme en nous, dans une certaine évacuation de soi qui ouvre un espace à l’autre en qui l’amour se consomme. Pour aimer il faut rencontrer une autre personne et Dieu est Trinité, trois personnes qui se vident d’elles-mêmes en se projetant dans les autres, dans une sorte de ronde intérieure, éternelle, hors du temps. C’est pour cela que nous pouvons le rencontrer, les trois personnes non seulement communiquent entre elles, mais se donnent. Dire que Dieu est amour paraît être une banalité, mais c’est tout le contraire, c’est la clef du plus beau et grand des mystères et la raison pour laquelle Dieu nous attire et se révèle à nous. Maurice Zundel parabolise une image, selon son expression : jamais, dit-il, vous ne pourrez vous voir vous-mêmes dans un miroir. Un miroir peut être utile à votre toilette, voire indispensable, mais ce n’est pas dans un miroir que vous trouverez la révélation de vous-mêmes. Vous ne pouvez pas vous regarder priant dans un miroir, vous ne pouvez pas vous voir comprenant dans un miroir. Quand on s’émerveille, c’est qu’on ne se regarde pas.

Votre vie profonde, celle par laquelle vous vous transformez vous-mêmes, est une vie qui s’accomplit dans un regard vers l’autre. Dès que le regard revient vers soi, tout l’émerveillement reflue et devient impossible. Quand on s’émerveille, c’est qu’on ne se regarde pas. Quand on prie, c’est qu’on est tourné vers un Autre. La vie profonde échappe à la réflexion du miroir. C’est en regardant l’autre et en vous perdant en lui que vous vous retrouvez, comme les trois personnes divines qui veulent nous faire partager leur vie.

Et nous pouvons conclure avec la célèbre prière d’ Élisabeth de la Trinité de Dijon, presque une voisine. « O mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité ; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère ! Pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, toute entière, toute éveillée en ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice (Prière de la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité). »



dimanche 23 mai 2021

La Pentecôte : Du Sinaï au Mont Sion

 



Première lecture « Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler » Ac 2, 1-11
Psaume Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
Deuxième lecture « Le fruit de l’Esprit » Ga 5,16-25
Séquence
Évangile « L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » Jn 15, 26-27 ; 16, 1...

Chers Frères et Sœurs,

Je me suis demandé à quoi comparer la Pentecôte. Je me suis arrêté sur sur une de ces reconstitutions grandioses du début de l’univers que l’on voit à la télé. L’univers aurait commencé comme un point d’énergie très dense qui a explosé et qui s’étend maintenant encore. La Pentecôte, spirituellement, ressemble à cela, un moment très fort, un vent et du feu qui se communique à tous les hommes et à tous les âges depuis le cœur des disciples. Lorsque nous célébrons la Pentecôte, la liturgie nous rend présent ce moment qui a du paraître extraordinaire à ceux qui étaient à Jérusalem. Ils étaient nombreux puisque les Juifs fêtaient ce jour-là, cinquante jour après la Pâque, la fête du don de la Loi au Sinaï. Nous comprenons que c’est maintenant le temps de l’Esprit, de l’Esprit-Saint, qui vient agir dans les cœurs, écrire dans les cœurs et non sur une table de pierre.  Il y eut un grand bruit et un violent coup de vent, un phénomène extraordinaire nous dit saint Luc où des langues de feu se répandirent sur les disciples. L’image est très forte. Ce qui paraît encore plus extraordinaire c’est qu’ils se mirent à parler et que tous ceux qui avaient été attirés par le bruit, les entendaient dans leur propre langue, alors que beaucoup venaient de l’étranger. Le mot grec « phone » (comme dans téléphone, voix (phone) et loin (télé) peut être traduit par  vent, bruit, souffle, mais aussi voix, selon les différentes traductions. Le mot est différent de celui utilisé peu auparavant, dans « un bruit vint du ciel ». On peut donc bien parler de la voix d’une personne, de la troisième personne de la Sainte Trinité, mais ce que comprend la foule, chacun dans sa langue, ne provient que des paroles prononcées par les disciples. Cela peut vouloir dire que c’est à eux que l’Esprit a donné de transmettre la Parole. Il le fait par la médiation d’hommes qui forment l’Église.

Au Sinaï, Moïse reçoit les tables de la loi lors d’une manifestation de Dieu (Exode 19), ce qu’on appelle une théophanie. C’est quelque chose d’analogue qui paraît se produire à la Pentecôte, mais là c’est la Parole de Dieu, une parole vivante qui est reçue par les disciples et transmise aux nations symboliquement représentées. La transmission se fait à la manière d’un feu qui vient les habiter. Dieu vient toucher le cœur des auditeurs et y pénétrer.

Le vrai miracle mis en scène est celui de l’unité de tous les hommes qui est retrouvée. Nous nous trouvons devant le phénomène inverse de la tour de Babel. Les hommes avaient voulu toucher le ciel et l’atteindre sans Dieu, en l’excluant. Le signe donné est celui de l’unité retrouvée grâce à lui, grâce à l’Esprit-Saint qui vient donner un autre moyen de toucher le ciel, c’est-à-dire d’entrer dans l’Éternité grâce au don fait aux hommes. Ce don n’est autre que la communion avec Dieu, par l’Église qui est aussi le Corps du Christ. Il  va se construire et grandir jusqu’à la fin des temps. Le Christ qui est la tête de ce corps est déjà dans les cieux, l’Ascension le signifiait. Les Apôtres étaient pleins de joie en redescendant du Mont des Oliviers. Cette joie les habite à un tel point lors de l’effusion de l’Esprit, que ceux qui se sont rassemblés se disent entre eux : « Ils sont pleins de vin doux ». Cela paraît tellement original que la comparaison doit bien nous venir du jour de la première Pentecôte ( ce qui n’est pas une raison pour abuser des bonnes choses).

Le catéchisme de l’Église catholique, (qui est utile à consulter et à étudier même après la confirmation, il est gratis sur internet,) nous enseigne qu’en ce jour est pleinement révélée la Trinité Sainte (N°732). Il cite une prière de la Liturgie byzantine pour la Pentecôte : « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste , nous avons trouvé la vraie foi : nous adorons la Trinité indivisible car c’est elle qui nous a sauvés. »

Qui est l’Esprit-Saint ? C’est une personne bien mystérieuse. Elle l’est du fait qu’elle ne parle pas d’elle-même, mais elle nous rappelle ce que Jésus a dit et nous donne le moyen de le faire passer dans notre vie. Le plus simple est de dire qu’il est l’amour du Père et du Fils et qu’il vient nous apprendre à aimer. Pourquoi ? Parce que Dieu est amour et que nous sommes appelés à partager sa vie, la vie de la Sainte Trinité qui est amour.

Il est symbolisé par l’eau que nous recevons au Baptême, l’onction de l’huile qui utilisé dans les 3 sacrements qui donnent un caractère (baptême, confirmation, ordination), mais qui est utilisée aussi pour l’onction des malades.

Puis viennent le feu, la nuée et la lumière, le sceau (il met une marque dans l’âme), la main, le doigt et la colombe que nous ne pouvons oublier, il était là au baptême de Jésus.

Que nous donne-t-il ? Ses dons, je vous le rappelle, sont au nombre de 7 : sagesse, intelligence, conseil, science, piété et crainte de Dieu, c’est-à-dire un vrai et profond amour de Dieu. Les fruits de son action sont di saint Paul : « joie, paix, patience (il en faut), longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence » (Ga 5, 22-23). Nous voilà riches d’un petit rappel.

L’action de l’Esprit vient nous conformer à Jésus. Si le rouge utilisé dans la Liturgie est bien le symbole de l’amour, il manifeste l’amour total de Jésus qui est allé jusqu’au don de sa vie. « Vous aussi, vous allez rendre témoignage. », dit Jésus dans l’Évangile. Le nom de martyre vient de « témoin » en grec. Chacun de nous a reçu des dons qui nous permettent d’aimer comme Jésus, dans les circonstances de notre vie de tous les jours ou de manière extraordinaire, cela peut arriver. Lorsque l’Église canonise les saints, elle est attentive à montrer la manière dont ils ont aimé en vivant l’Évangile. Ce qui transforme le monde, c’est l’amour, c’est notre témoignage donné par notre parole et vécu en actes.

Aujourd’hui, nous ne pouvons surtout pas oublier Marie qui plus que personne a été à l’écoute de l’Esprit-Saint. De l’Annonciation à la Pentecôte, elle est là. Elle guide les premiers pas de l’Église et l’accompagne chaque jour. Elle nous accompagne chaque jour. Demain nous fêtons Marie en tant que Mère de l’Église ainsi que l’ont voulu le Pape Paul VI durant le concile, et le Pape François récemment. Lundi étant jour de congé, ne l’oublions pas.

Nous pouvons conclure avec une partie de la prière du Pape François : Ô Mère, aide notre foi !

 Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel. … Sème dans notre foi la joie du Ressuscité. Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul. Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur ! Amen.

 

P.S. Les analogies entre le Sinaï et le Mont Sion sont nombreuses, et très présentes chez les Pères et Saint Thomas.

 

jeudi 13 mai 2021

Ascension, oui! Mais pas un départ dans une région lointaine du cosmos!


13 mai 2021 -  Ascension —  Solennité
Première lecture « Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva » Ac 1, 1-11
Psaume Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Deuxième lecture « Parvenir à la stature du Christ dans sa plénitude » Ep 4, 1-13
Évangile « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » Mc 16, 15-20

Chers frères et sœurs,

 L’ascension du Seigneur est un jour de joie parce qu’elle est fréquemment associée aux premières communions des enfants. Pour moi, c’en est un aussi qui me permet de méditer sur l’unique sacerdoce du Christ.

Donner une explication sur le mystère de l’Ascension, n’est pas chose facile, en raison des représentations parfois simplistes qui en sont faites. Ce village se souvient de son aérodrome et peut-être des analogies faites avec l’Ascension. Même Benoît XVI dans son Jésus de Nazareth, s’était permis un rapprochement avec ce type d’élévations. Dans l’évangile de saint Luc, dit-il, « la joie des disciples après l'« ascension » corrige notre image de cet événement. L'« ascension » n'est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l'expérience qu'ils en tirent une joie durable. »

Le catéchisme lui-même est d’une brièveté qui traduit bien la difficulté qu’il y a de s’exprimer sur l’entrée dans une réalité qui échappe à nos sens et  dont nous prendrons vraiment connaissance lorsque nous y entrerons nous-mêmes. Pendant 40 jours, le Seigneur est apparu à ses disciples et à ses Apôtres seuls, non à ceux qui n’avaient pas voulu croire en Lui. 660 Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît, dit-il,  dans la parole mystérieuse de Jésus à Marie-Madeleine : " Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu " (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.

Où cela s’est-il passé ? Les Écritures mentionnent 2 lieux possibles une montagne de Galilée ou en face de Jérusalem sur le Mont des Oliviers. Une croix en métal avait longtemps marqué symboliquement l’endroit. Dans le sol d’une ancienne église transformée en mosquée, on montre encore des traces de ce qui serait les pieds du Seigneur dans le rocher. La description de saint Luc, touche tous les pèlerins et colle bien au récit de l’Ascension et de la Pentecôte, Jérusalem étant toute proche. Le livre de Zacharie et la tradition juive annoncent le retour du Messie par le mont des Oliviers (Za 14,4) qui se fendra en deux d’Est en Ouest. L’image est suffisamment forte pour se laisser tenter d’établir un rapport. Quant à la relique, c’est une autre affaire.

Quelle est la signification de ce passage dans la gloire et de cette session à la droite du Père? Il y a d’autres récits d’ascensions dans l’Écriture, dont celle d’Élie dont on attendait le retour. Souvenez-vous de ce qu’on disait de Jean-Baptiste. Ce qui advient au Seigneur dans son humanité est bien différent. L’Ascension doit être pour nous un grand moment de joie, parce que le Christ manifeste que notre humanité est capable de Dieu par la grâce, capable d’entrer en communion avec Lui dans notre nature humaine. Cela dépasse toute imagination. La promesse qui nous a été faite et sa réalisation dans le Christ ne peuvent que nous réjouir. Pourquoi ? Un moine cistercien du 12ème siècle a une excellente formule : « Les membres croyants et spirituels du Christ peuvent dire en toute vérité qu'ils sont ce qu'il est lui-même, à savoir : Fils de Dieu, et Dieu. Mais ce qu'il est par nature, eux le sont comme membres associés ; ce qu'il est en plénitude, eux le sont par participation ». N’est-ce pas le motif profond pour lequel les apôtres et les disciples sont revenus pleins de joie à Jérusalem. En raison de ce qu’ils avaient vu, ils étaient certains du destin définitif et extraordinaire du Christ et du leur. Il était maintenant avec eux jusqu’à la fin des temps, Il intercède pour nous tous et pour eux. Il est le grand-prêtre, celui qui intercède en permanence pour les hommes. Le Christ devient Juge des vivants et des morts.

Le pape François dans un commentaire sur la fête nous disait ceci : Au cours de l’Ascension, Jésus accomplit le geste sacerdotal de la bénédiction et les disciples expriment sûrement leur foi par la prosternation, ils s’agenouillent en baissant la tête. Cela est un point important: Jésus est le prêtre unique et éternel qui avec sa passion est passé par la mort et le sépulcre, qui est ressuscité et qui est monté au Ciel ; il est auprès de Dieu le Père, où il intercède pour toujours en notre faveur (cf. He 9, 24).

Saint Paul quant à lui, mentionne une parole mystérieuse de l’Écriture qui l’est surtout par son interprétation : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Ce passage du psaume 68, était interprété par la tradition juive comme se référant à la montée de Moïse au Sinaï et rapportant la Loi aux hommes. Paul l’applique au Christ monté au ciel et qui envoie l’Esprit à la Pentecôte. La Pentecôte était la fête du don de la Loi. Elle devient la fête de l’envoi de l’Esprit qui va édifier l’Eglise remplissant sa mission. Dans la Sainte Trinité il y a deux missionnaires si vous voulez, le Fils et l’Esprit. Le Père envoie en mission.

Revenons à notre citation et à l’explication de saint Paul : Que veut dire : Il est monté ? Il est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent pour que se construise le corps du Christ.

Le Christ est monté au ciel pour intercéder en permanence pour nous. Il envoie l’Esprit-Saint pour construire son Église. Il le fait par des ministères, vous l’avez entendu. Vous me permettrez de vous signaler que le pape François a officiellement institué le ministère laïc de Catéchiste avant-hier. Les catéchistes existent depuis longtemps me direz-vous, et c’est plus que vrai, mais c’est une forme de reconnaissance de leur importance et du rôle des baptisés dans la construction de l’Église.

Les Apôtres et Marie sont aller attendre l’Esprit-Saint dans la prière au Cénacle. Nous allons préparer la Pentecôte avec eux. L’accomplissement de nos missions respectives ne peut se faire qu’avec l’aide de l’Esprit. « Viens, Esprit-Saint, en nos coeurs, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. » Amen.