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dimanche 25 avril 2021

Le Bon Pasteur

 


25 avril 2021  dimanche, 4ème Semaine du Temps Pascal — Année B

 Première lecture « En nul autre que lui, il n’y a de salut » Ac 4, 8-12
Psaume La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle. Ps 117 (118), 1.8-9,...
Deuxième lecture « Nous verrons Dieu tel qu’il est » 1 Jn 3, 1-2
Évangile « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis »

Chers frères et sœurs, 

Célébrant aujourd’hui le dimanche du Bon Pasteur, nous trouvons une deuxième image attribuée au Seigneur dans les textes qui nous sont proposés aujourd’hui, dans les actes des apôtres et le psaume. Il s’agit de la pierre d’angle, littéralement, la tête d’angle. N’étant pas féru de maçonnerie en ces temps  où le béton règne encore, nous avons peut-être oublié sa fonction en la confondant peut-être avec la clef de voute. Il s’agit d’une pierre située à l’angle d’un bâtiment. Elle permet selon certaines définitions, la jonction entre deux murs. Elle est aussi mentionnée dans les Évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, avec des nuances.

Les commentaires hébraïques, disent qu’elle est la pierre de fondement du Temple de Salomon, posée au Nord-Est du Saint des Saints. Elle marque le centre du monde selon cette symbolique, et définit le centre de la foi en Dieu.

Saint Augustin commentant le psaume (ps 117), interprète cette pierre comme permettant de joindre les deux peuples celui de l’Ancienne et celui de la Nouvelle Alliance, de la circoncision et des Gentils, afin que tous deux ne forment plus qu’un seul corps pour les réconcilier en Dieu. C’est la pierre qu’ont repoussée les bâtisseurs. Il nous faut un médecin pour les réconcilier et nous réconcilier. Quel est ce médecin sinon le Seigneur ?

Nous voilà donc avec trois mots : Le Bon Pasteur, la pierre d’angle et le médecin.

Cette pierre a été rejetée, méprisée par les bâtisseurs, nous dit l’autre Pierre sur laquelle le Seigneur veut bâtir son Église. « Sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » « C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. » , la merveille que Pierre annonce au monde.

Le Seigneur vient donc conduire, construire et guérir notre humanité, réconcilier le ciel et la terre. Il est le Bon Pasteur. Il le fait, cependant avec son Église et au milieu d’elle, qui annonce sa résurrection. Pour me répéter la Résurrection du Seigneur nous est annoncée par l’Église, par les disciples. Les passages de l’Écriture concernant la proclamation de la résurrection que nous entendons pendant ce temps pascal, sont un témoignage de l’Église, mais aussi le nôtre. Nous transmettons le message extraordinaire de la résurrection de Jésus, nous la célébrons. « Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. » Cette résurrection nous est promise et en lui, nous sommes déjà ressuscités : « Nous le savons : nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » Mais quels chemins difficiles, quelles douleurs, parfois.

A l’office des lectures, celle tirée de l’Apocalypse, nous avons entendu la mention de la  « Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. 02 Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. » L’image est attribuée à Marie, mais aussi à l’Église qui donne le Christ au Monde, il sera le berger de toutes les nations, et s’il est emporté auprès de Dieu, avec la Femme, grâce à lui nous sommes devenus enfants de Dieu, annonçant la Bonne Nouvelle au Monde. L’Église est Sainte et en chemin en nous, combattue par celui qui lui fait et nous fait la guerre. Nous avons pris le petit livre, accueilli avec joie la Bonne Nouvelle, mais il a rempli nos entrailles d’amertume, alors que dans notre bouche il était doux comme le miel. (Apoc 9,10, 9-10). C’est le combat. Le Bon Pasteur vient à nous pour nous enseigner à trouver notre nourriture, nous défendre, nous soigner et avancer vers le Royaume. Il vient le faire par les successeurs des Apôtres, les pasteurs qu’il nous donne, dans ceux qu’il appelle, mais aussi par les dons et qualités diverses que l’Esprit-Saint distribue à chaque Baptisé pour le service de l’Église et sa construction.

Le pape François nous a donné un message pour ce Dimanche des vocations, je vous engage à le lire en son entier, puisque la pandémie nous en impose toujours un temps de retrait, vous l’avez très facilement en ligne. Le Centre Romand pour les Vocations nous fait également un certain nombre de propositions par le même moyen, vous le trouverez sans peine avec vos moteurs de recherche.

Le pape prend pour exemple Saint Joseph, nous disant que les Évangiles racontent quatre songes (cf. Mt 1, 20 ; 2, 13.19.22). C’étaient des appels divins, mais ils ne furent pas faciles à accueillir. Après chaque songe, Joseph a dû changer ses plans et se remettre en cause, sacrifiant ses projets pour satisfaire ceux, mystérieux, de Dieu. Joseph est le « gardien de Jésus et de l’Église,  et le gardien des vocations. » Lorsque Dieu appelle non pas quelqu’un mais nous appelle à le suivre, il provoque du dérangement dans notre vie intérieure d’abord. Il ouvre les fenêtres, fait entrer de la lumière et invite Marie à venir nous aider à remettre un ordre certain, il y a des balais spirituels à passer, des aspirateurs, des coups de torchon et de désinfectant, etc… pour rendre la maisons accueillante à Jésus. Et puis il se peut qu’il nous invite à le suivre de plus près. Comme à Joseph, il nous est dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas » (Mt 1, 20). Ces paroles sont pour nous aussi : « Ne pas craindre de prendre chez nous Jésus et Marie. » Acceptons-nous d’apprendre la fidélité de chaque jour, de cette fidélité qui est le secret de la joie. Elle n’est certes pas à confondre avec une émotion passagère, certes bienvenue. Avec Marie ne méditons-nous pas  les mystères joyeux ? Une autre question à méditer sérieusement est celle de l’accueil des vocations sacerdotales. La diminution des forces est patente, y compris les prêtres dits retraités. Parfois des questions graves montent dans notre cœur. Quelle place préparons-nous aux jeunes qui se laisseraient toucher ? N’auront-ils pour perspectives "que" la consécration eucharistique parce qu’ils seront seuls à pouvoir le faire? C’est le plus grand mystère certes, mais il y a bon nombre d’interrogations. Quelle est notre faim de l’Eucharistie et de rencontrer le Christ dans ceux qu’il appelle au sacerdoce, à la mission spécifique de Bon Pasteur ? Ne les voyons-nous que comme susceptibles de pouvoir simplement  un jour remplir un cahier des charges et nous laisser tranquilles pour tout le reste? Est-ce qu’au fond il n’y a pas une question très grave, quelle place suis-je prêt à laisser au Seigneur ? au Ressuscité dans ma vie, est-il mon bon pasteur et ma pierre d’angle? Amen.

 Moutons de Soay