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dimanche 25 février 2018

La Transfiguration : Dieu avait ri...


Transfiguration : Atelier saint André

25 février 2018  - 2ème Dimanche de Carême — Année B

Lectures de la messe

    Première lecture Le sacrifice de notre père Abraham Gn 22, 1-2.9-13.15
    Psaume Je marcherai en présence du Seigneur
    sur la terre des vivants. 115 (116b), 10.15, 1...
    Deuxième lecture « Dieu n’a pas épargné son propre Fils » Rm 8, 31b-34


Frères et Sœurs, lorsque nous entendons le récit du sacrifice d’Abraham, de la ligature d’Isaac, nous avons certainement un sentiment de malaise, sachant l’attachement que l’on porte naturellement à ses enfants et au respect de toute vie humaine. Notre temps dirait : Une vie humaine n’a-t-elle pas plus d’importance qu’une idéologie et une philosophie, pire une religion qui est au fond, de la superstition. Les sacrifices humains qu’elle régression de l’humanité, de ceux de l’antiquité à Moloch, aux sacrifices de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique. Malheureusement il y en a encore, bien que cachés. En même temps, ce temps ne se gêne pas pour mettre en cause la nature humaine en la manipulant jusqu’au point de laisser entendre qu’elle n’est qu’une étape en voie d’être dépassée dans l’évolution et manipulée par les détenteurs diplômés d’une gnose scientiste.  L’homme à ses yeux n’est rien d’autre qu’un assemblage de cellules avec un ADN. C’est une sorte de sacrifice de l’humain qui s’installe tranquillement dans les têtes, mettant de côté l’idée même que l’homme est doté d’une âme immortelle et qu’il est capable de Dieu. Et on s’indigne d’un passage biblique.
Le sacrifice d’Isaac aurait pu se produire selon la tradition, sur le Mont Moriah, le Mont du Temple à Jérusalem, je me souviens avoir vu ce rocher sous le fameux dôme du Rocher, lorsque cela était autorisé. Dieu avait mis à l’épreuve Abraham, en lui demandant celui qui lui était le plus précieux, le seul fils qu’il avait eu de Sarah, Isaac. Yiçhac était selon l’étymologie, l’enfant du rire, pas celui de Sarah qui avait ri sous sa tente, elle n’avait pas cru en l’annonce,  mais d’abord et surtout du rire positif de Dieu, de son sourire, de sa promesse. Isaac était l’enfant de la promesse, une promesse joyeuse, une promesse de vie. Dieu explicite le contenu de celle-ci, Il l’étend, en raison de l’amour total que lui manifeste Abraham : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » La foi d’Abraham a porté un fruit de vie éternelle.
Dans l’Evangile la promesse est dévoilée aux Apôtres autant qu’ils peuvent la supporter : « Il monta sur la montagne, et se transfigura devant eux, et son visage resplendit comme la lumière, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Il entrouvrit, dit Jean Chrysostome, un peu de la divinité, leur montra le Dieu qui y habitait, et se transfigura devant eux. » Dieu qui s’était adressé à Abraham, et à Moïse, vient nous présenter aujourd’hui son propre Fils sur le Thabor : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».
Pourquoi cette annonce, sinon pour encourager les Apôtres dans la perspective d’un autre sacrifice, celui de son propre Fils ? Le Père ne pouvait être indifférent à ce qu’ils allaient vivre, ils seront meurtris au plus profond d’eux-mêmes, toute espérance leur paraîtra devoir être abandonnée.  
« Le Seigneur, selon Clément d’Alexandrie, … quand Il parut en gloire aux apôtres sur la montagne, ce n'était pas pour Lui-même qu'Il fit cela, se montrant lui-même, mais pour l'Église… » Elle devait apprendre ce qui allait lui advenir.
Après cette épiphanie, cette manifestation  Jésus ordonna aux Apôtres : «de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Il leur a annoncé sa résurrection, la transfiguration l’annonçait, mais eux n’écoutent pas vraiment, ne comprennent pas, ils se demandent ce que veut dire ressusciter d’entre les morts. Jésus qui a commencé de parler de sa mort après la confession de Pierre, va encore essayer de préparer ses Apôtres en la leur annonçant par deux fois en montant à Jérusalem.
La Transfiguration a été une sorte d’anticipation et d’annonce de sa résurrection. Ils ne peuvent même pas entrer dans le mystère de Pâques. Leur foi est presque morte, sauf celle de Jean et de Marie. L’intervention de l’Esprit est nécessaire, au point que le Seigneur aura un parler direct, envers les disciples d’Emmaüs… pauvres et bienheureux élèves : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et il leur parle de Moïse… qui était apparu sur la montagne.

Dieu a un projet sur nous, et nous avons bien de la peine à y entrer, c’est pour cela que nous avons entrepris notre marche au désert sur les pas de Jésus. L’Evangile nous a laissé non seulement des indications, mais pour ainsi dire ses empreintes dans le sol et elles ne s’effacent pas. Il faut entrer dans le silence pour entendre la seule voix de Dieu, fuir ces voix qui étouffent la sienne et éteignent l’espérance. Avec lui, il faut monter sur la Montagne pour réentendre le message de vie éternelle donné aux Apôtres et à l’Église. Il nous révèle qui est Jésus, et Jésus nous apprend comment voir le Père. « Qui me voit, voit le Père. » Et que veut le Père, sinon nous donner cette vie promise à Abraham et à sa descendance. Ne laissons pas les messages de tristesse éteindre en nous le désir. Un prédicateur connu propose cette formule intéressante : « Le désir de la foi, c’est de rejoindre l’infini. Le désir de l’amour, c’est de vivre sa durée. Le désir de l’ « être », c’est Dieu, alors que nous ne le connaissons pas dans l’infini de sa réalité. » Où trouver cet infini ? Après le Thabor, il nous redescendre de la montagne pour apprendre à connaître par l’intermédiaire de son image qu’est son Fils,  et dans nos frères images du Christ. Transformés par la présence du Christ, dit le pape François, nous devons être le signe concret de l’amour vivifiant de Dieu pour tous nos frères, en particulier pour ceux qui souffrent, pour ceux qui se trouvent dans la solitude et dans l’abandon, pour les malades et sont humiliés par l’injustice, l’abus de pouvoir et la violence. Apportons leur aussi le message d’espérance et la lumière du Thabor. Ce qu’ils vivent a un sens. Amen.

mercredi 21 février 2018

Les Saints Germain et Randoald


Germain, fils d'un riche sénateur de Trêves, après sa formation auprès de l'évêque de cette ville, devint moine de Luxeuil, fondée par Saint Colomban, sous l'Abbé Waldebert. Le duc Gondoin, un des principaux seigneurs d'Alsace, voulant fonder un monastère au diocèse de Bâle en un lieu appelé Grandval, recourut à l'Abbé de Luxeuil et à ses moines. Germain y fut envoyé avec quelques compagnons dont Randoald, et devint le premier  Abbé de Moutier-Grandval. Après plusieurs années de paix, le duc d'Alsace, Cathic, père de la future sainte Odile et ancêtre  du Bienheureux Léon IX, s'en vint dévaster la contrée et en particulier la vallée de Delémont. Courageusement, Germain et son prieur Randoald partirent à sa rencontre, en habits sacerdotaux et le trouvèrent dans l'église de Saint Maurice à Courtételle. Ils s'en retournèrent après l'avoir admonesté. Un des lieutenants de Cathic avec quelques hommes se lança à leur poursuite; ils les rattrapèrent et les exécutèrent, les perçant de coups de lances, le 21 février 666, veille de la fête de la chaire de Saint Pierre. On rapporte un certain nombre de miracles sur la tombe du saint et sur les lieux de son martyre. L'année suivante, notamment, la veille du jour de la naissance de Notre-Seigneur "une lumière si grande et si brillante descendit du ciel à l'endroit où reposait le corps mutilé du bienheureux que tous furent remplis d'admiration et saisis d'une grande terreur."

 



12 .Comme on annonçait au bienheureux Germain  que Salmond entrait dans le Val par le Nord avec une grande armée et que Cathicus arrivait par un autre endroit avec une troupe considérable, prenant avec lui les reliques des saints et les livres, il se hâta d'aller à leur rencontre avec le Préposé du Monastère appelé Randoald. Mais avant qu'ils parviennent jusqu'au duc, des ennemis, remplis du diable, le jetèrent à terre. Néanmoins ils parvinrent jusquà Cathicus et le bienheureux Germain le trouva dans la basilique de saint Maurice tenant  conseil avec le comte Erico. Il lui adressa la parole en ces termes: "Ennemi de Dieu et de la vérité, pourquoi as-tu attaqué des hommes qui sont chrétiens? Comment ne crains-tu pas de vouer mon monastère au naufrage, le monastère que j'ai construit?" Alors Cathicus demanda pardon pour le forfait commis. Avec une feinte humilité, il voulut lui remettre en mains propres une caution, mais le bienheureux Germain refusa de l'accepter puisque l'autre promettait de faire satisfaction pour tout. Il le laissa donc dans cette même basilique de saint Maurice et sortit avec son seul compagnon, Randoald.
." Ensuite, comme il voulait regagner à pied son monastère avec son compagnon, des hommes remplis du démon le suivirent sur le chemin. A leur vue, Germain, prêtre de Dieu et martyr, leur adressa des paroles pacifiques en ces termes : "Mes fils, ne perpétrez pas un tel crime contre le peuple de Dieu." Mais eux, remplis du démon, le dépouillèrent de ses vêtements. Voyant que son martyre approchait, le bienheureux Germain parla ainsi à son frère Randoald : "Soyons en paix, mon frère, car aujourd'hui, nous recevons le fruit de nos travaux." Et comme on l'avait dépouillé de ses vêtements ainsi que son frère, il disait : " Je te rends grâce, bon Pasteur, parce que tu ne m'as pas frustré de tes biens. Daigne m'accueillir avec mon frère et me faire partager le sort de tes saints." Après cela vint du ciel une voix qui disait : " Viens fidèle intendant, les cieux te sont ouverts. Mes anges se réjouissent à ton sujet et s'apprêtent à te conduire dans la Jérusalem céleste." Ces paroles dites, l'un de leurs ennemis plus effronté que les autres et rempli du démon le transperça de sa lance ainsi que Randoald ; son corps gisait inanimé, son âme pénétra les cieux.

Lorsque fut achevé le cercle de l'année, arriva le jour de la naissance du Seigneur : à la vigile même du jour de la Nativité, à ce qu'on rapporte, une si grande lumière resplendit, venant du ciel, là où le corps de saint Germain avait subi la mort, que tous s'en étonnaient et étaient remplis d'une grande crainte.


dimanche 18 février 2018

Contribuons au changement! Lettre pastorale de Mgr Gmür


Porte de la Chapelle évidemment


Contribuons au changement!
Lettre pastorale
pour le premier dimanche de Carême 18 février 2018
Mgr Félix Gmür
Evêque de Bâle
Lectures du 1er  dimanche de Carême, année B
1re lecture : Psaume responsorial : 2e lecture : Evangile :   Gn 9,8-15 Ps 25 (24),4-5.6-7.8-9 1 P 3,18-22 Mc 1,12-15
Le texte est à lire comme homélie lors des célébrations du samedi et du dimanche, 17 et 18 février 2018, ou à diffuser d'une autre manière appropriée.

Chers frères et sœurs,
Quand est-ce que vous vous êtes perdus pour la dernière fois ? Quand est-ce que vous n'êtes pas arrivés à destination du premier coup ? De nos jours, ce n'est plus vraiment un problème : Quand je ne trouve pas mon chemin, je branche mon GPS. J'introduis la destination et le meilleur itinéraire apparaît aussitôt sur l'écran. Si l'on se trompe, on fait demi-tour et on évite ainsi la plupart du temps les détours pénibles.
I.
Les appareils techniques et numériques nous simplifient la vie dans de nombreux domaines. C'est agréable et cela nous permet de planifier beaucoup de choses bien mieux et plus efficacement. Même l'organisation de notre vie n'y échappe pas. On trouve maintenant d'innombrables
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applications qui donnent des conseils d'art de vivre. Il y a des propositions de loisirs et des suggestions pour choisir une profession. Elles fonctionnent selon les lois de la mode, du marché et des algorithmes. Quand une application ne nous plaît plus ou qu'elle se trompe, on la supprime et on en télécharge une autre. Nouvelle application, nouvelle destination, nouvel itinéraire. Bienvenue dans le monde numérique ! Il nous met face à des défis considérables de par sa complexité, avec ses interconnexions et dans ses automatismes dont on perd la vue d'ensemble.
En cette époque du numérique, nombreux sont ceux qui doivent changer de façon de penser. La consommation des médias migre vers de nouveaux canaux. Des applications déterminent de larges pans de notre quotidien. L'économie fait face au défi du changement extrêmement rapide de la production, du commerce, de la publicité,
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du débit de vente et de la consommation. Le pouvoir de la politique sur les informations est limité par les médias sociaux. Qui gouverne le monde ?
Les médias numériques produisent sans cesse de nouveaux messages. Quand ils veulent attirer des clientes et des clients, ils qualifient ces messages de « good news », de bonnes nouvelles. En grec, on les appellerait « évangiles ». Ici, une nouvelle étoile dans le ciel, là, une méga-fusion pleine de promesses. Ici, une nouvelle cuisine qui fait les achats et cuisine toute seule, là, une voiture qui roule toute seule. Des évangiles selon les lois de la mode, du marché et des algorithmes. Les nouveaux « évangiles »     influencent  notre
comportement. Ils veulent gouverner le marché. Ils guident les hommes et peuvent les induire en erreur.
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II.
Ce n'est pas nouveau. Dans la Rome antique déjà, un nouveau détenteur du pouvoir était annoncé par des « évangiles ». Les empereurs romains, mis au rang des dieux, prenaient possession du pouvoir et se faisaient connaître de cette manière. C'était un règne dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Le peuple restait très majoritairement pauvre, privé de droits et de liberté. Les contradicteurs étaient écartés. Jean le Baptiste a d'abord été jeté en prison puis exécuté par les souverains locaux.
Les « évangiles » de ceux qui détiennent le pouvoir ont des accents trompeurs. Jésus en fait l'expérience dans sa chair. Il sait qu'ils suivent les lois de la domination du marché et de la conservation du pouvoir. Mais ce n'est pas sa loi à lui. C'est pourquoi Jésus annonce l'« Evangile de Dieu ». Pour les autorités, il s'agit d'une énorme
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provocation. Désormais, Dieu lui-même régnera et de manière visible. Mis en rapport avec Jésus, tout et tout le monde est relativisé et apparaît donc comme provisoire. Désormais, Dieu lui-même prend le pouvoir, un pouvoir protecteur, et ce de telle manière que tous les hommes puissent en faire l'expérience. Car il est grand temps : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche ». C'était vrai jadis. C'est vrai aujourd'hui. C'est vrai pour nous !
Comment le règne de Dieu peut-il devenir visible ? Quel est son but ? Quels sont les chemins qui y conduisent ?
Le royaume de Dieu n'est pas une destination qu'on peut introduire dans un GPS. La participation au royaume de Dieu est un événement dynamique. C'est un
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processus. L'évangile de Marc parle d'un chemin, un chemin qui commence par la conversion. L'appel de Jésus retentit : « Convertissez-vous ! ». Se convertir ne signifie pas regarder en arrière. Ce n'est pas une tentative de restaurer la situation soi-disant idéale du passé. Au contraire ! Se convertir signifie d'abord regarder. Celui qui se convertit réfléchit aux conditions de vie actuelles et les juge à l'horizon du règne de Dieu. Est-ce que les gens là où je vis perçoivent le royaume de Dieu ? Est-ce que, dans notre Eglise, nous remarquons comment Dieu s'adresse à nous ?
Jésus nous motive à faire face aux défis ici et maintenant, avec l'aide de Dieu. C'est justement ce à quoi nous invite le carême. Car jeûner, c'est créer un espace qui me permet de laisser de côté ce qui est secondaire, de regarder et d'écouter avec attention, d'ouvrir tous mes sens à la présence de Dieu dans ma vie et dans ce
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monde. Regarder, réfléchir. Le mot grec pour « se convertir » peut aussi être traduit par « changer de façon de penser ». Celui qui regarde et réfléchit est poussé à changer sa façon de penser. Jésus non seulement exige de nous ce changement de perspective, mais il nous en croit capables. Le changement de perspective est un encouragement et une stimulation divine qui nous pousse à agir en conséquence.
IV.
La foi vient s'associer à la conversion : « Croyez à l'Evangile ! » Naturellement, la foi ne se commande pas. Mais Jésus donne le courage de faire confiance. C'est ce que signifie ici le mot « croire ». Une chrétienne et un chrétien ont confiance dans le fait que le royaume de Dieu gagne du terrain, même si c'est parfois laborieux et que ça va lentement. Tout comme la conversion, la foi est aussi un processus et non pas un
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programme établi. Par conséquent, l'évangile de Marc n'est pas un manuel qui éclaire dans les moindres détails ce que contiennent le royaume de Dieu et la Bonne Nouvelle, ni ce que je dois observer pour y croire. Ce qu'est la Bonne Nouvelle se révèle plutôt aux disciples dans leur cheminement avec Jésus. La foi se développe au fil du chemin. Ce que Jésus entend en disant que le royaume de Dieu est là, c'est pas à pas que les disciples, dans leur rencontre avec lui, apprennent à le reconnaître. Et il en va de même pour nous. C'est très complexe. Des personnes qui subissent des coups du sort particulièrement pénibles ou qui sont opprimées, sont libérées par Jésus. Jésus accueille tout le monde, et plus particulièrement les oubliés et les exclus. La Bonne Nouvelle s'accomplit dans la relation avec lui, dans ses actes, dans sa vie entière jusqu'à sa mort sur la croix et dans sa résurrection. Elle annonce que Dieu conduit
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les hommes vers cette liberté dans laquelle ils peuvent réaliser ce à quoi il les appelle et déployer leurs talents pour le bien de tous. Le royaume de Dieu est la communauté accomplie entre ce Dieu infiniment aimant et les hommes. La conversion dans la foi ne se révèle pas comme une exigence pénible. Elle est beaucoup plus un chemin vers la liberté. Au long de ce chemin, nous faisons l'expérience de la grandeur de l'amour de Dieu pour nous et nous reconnaissons en quoi s'accomplit notre être le plus profondément intime.
V.
Le carême ouvre un espace qui ne se limite pas à un échange entre une seule personne et Dieu. Car la communauté avec Dieu est toujours aussi communauté avec les êtres humains et toute la création. Avoir part à la réalisation du royaume de Dieu signifie donc aussi porter une responsabilité pour
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autrui. Cela signifie s'engager comme Jésus pour les plus pauvres et les plus faibles de notre temps. La campagne œcuménique d'« Action de Carême » et de « Pain pour le prochain » de cette année éclaire très bien cet aspect essentiel. « Prenons part au changement, créons ensemble le monde de demain ». L'« Action de Carême » rend le début de l'Evangile selon saint Marc tout à fait concret pour nous. La conversion et le changement ne vont pas l'un sans l'autre, car la conversion provoque un changement de façon de penser et changer sa façon de penser entraîne une nouvelle manière d'agir. La route est encore longue jusqu'à ce que tout le monde ait assez pour vivre. Il vaut la peine de nous approprier cette nouvelle perspective et de nous y engager !
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VI.
Chers sœurs et frères, les parcours de vie peuvent être tortueux, éprouvants, exigeants et nous pousser jusqu'à nos limites. Jésus nous demande de changer de perspective. Mais il nous en croit aussi capables ! Quelle magnifique marque de confiance ! Jésus sait que nous avons le potentiel pour vivre ensemble en comptant les uns sur les autres. Sa confiance est si grande qu'il nous confie sa création.
Il nous a aussi montré par son exemple que nous pouvions mettre notre confiance en Dieu. Dieu ne nous laisse pas tomber. Nous l'avons entendu dans la première lecture : Sa fidélité éternelle qu'il a promise à Noé, à tous les êtres humains et à la création tout entière reste valable aujourd'hui. Dieu a conclu une alliance éternelle avec nous, une alliance qu'il a renouvelée et accomplie en Jésus Christ. Il n'est pas un Dieu assis sur un nuage qui regarde de haut comment
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nous parvenons à nous en sortir dans la vie. Il est le « Je suis là » qui agit dans notre vie et à travers nous. Dans la confiance que le Dieu fait homme et aimant nous accompagne et nous aide, nous pouvons, avec ou sans GPS, avancer avec assurance, prendre des décisions, nous convertir si nécessaire et relever les défis que nous lance la vie. Participons au changement à la suite de Jésus Christ ! Que Dieu se fasse proche de vous par sa bénédiction !
Bien à vous,
+Félix Gmür Évêque de Bâle
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Exemplaires supplémentaires :

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dimanche 11 février 2018

« La lèpre le quitta et il fut purifié »


11 FÉVRIER 2018 - dimanche, 6ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B

LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp » (Lv 13, 1-2.45-46)
DEUXIÈME LECTURE
« Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 10, 31 – 11, 1)
ÉVANGILE
« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)


Frères et Sœurs,

Jésus aujourd’hui s’occupe d’un lépreux qu’il rencontre sur le chemin. Il avait déjà, dès le début de son ministère, la réputation d’être un guérisseur. Il prenait soin des âmes et des corps, annonçait la Bonne Nouvelle. Il donnait des signes, guérissant les malades.
Les paroles de notre malade de ce matin nous interpellent. Il ne dit pas : « Si tu le veux, tu peux me guérir », mais « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Il le supplie à genoux. Jésus est ému aux entrailles dit une traduction littérale… Que fait-il ? « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » Toucher un lépreux, signifiait que l’on devenait impur, on ne pouvait plus participer à la prière. Nous nous rappelons que cette maladie était reliée à la faute, au péché, à témoin la sœur de Moïse qui avait médit de son frère. Jésus étant Dieu, ne pouvait être aucunement touché par une impureté. C’est lui qui purifie. Allons un peu plus loin. Le terme de lèpre était appliqué aussi aux maisons, aux vêtements, c’est un concept assez large. Quelle explication ? Une modeste recherche dit que le mot en hébreux est celui de tzaraat et qu’il est abusivement rendu par lèpre. C’est un mal avant tout spirituel, qui peut toucher la chair, les vêtements et les murs de la maison d'une personne, et la désigne comme impure aux yeux de la communauté d'Israël. Il survient à la suite d'une transgression. Quand la lèpre apparaît, un Juif recherche le Cohen, le prêtre et non le dermatologue en premier. Les dermatologues ont les connaissances pour soigner les plaies physiques et guérir les problèmes de peau. Ils peuvent soigner les symptômes, dit le commentateur, mais ne peuvent guérir la cause. C’est là qu’intervient Jésus, guérissant cause et symptôme. Il accomplit ce qu’accomplit le prêtre et mieux encore, puisque son pouvoir est à l’origine de toute purification.
Le malade de Jésus, guéri, n’arrive pas à se taire, ce qui ralentit son activité de prédicateur. Les gens sont captivés par le même problème, leur santé. Nous sommes tous les mêmes, je dois me mettre de votre côté, ce qui nous importe le plus, c’est d’être guéris de nos maux physiques et pas d’écouter des sermons. Au moins dans les lectures, il s’agit de la parole de Dieu, un puissant remède spirituel qui peut vous accompagner chez vous.
Soigner les malades est un art qualifié de divin. Personne n’échappe aux médecins. Ils nous composent des menus de médicaments, nous proposent des traitements ou de la chirurgie. Ils se plaignent parfois que les patients n’écoutent pas bien, ne suivent pas les prescriptions, ou pire, consultent trop internet. Il faut être heureux des progrès des sciences médicales, en conservant un œil attentif sur nous-mêmes et prier pour nos médecins ainsi que pour le personnel médical de toutes spécialisations, infirmiers et infirmières, brancardiers à Lourdes. Dans l’histoire de l’Église, nous avons un bon nombre de médecins qui sont devenus des saints, dont l’évangéliste Luc. Il me semble avoir détecté une certaine prédilection pour certains qui portent un titre particulièrement glorieux, celui d’anargyre. Il est réservé à ceux qui soignaient gratuitement, par exemple, Côme et Damien, saint Blaise. Un petit ouvrage de Michel Quenot, est sorti sur ce thème, il y a 2 ans… un cadeau à faire peut-être à votre assureur, à moins que votre médecin supporte la plaisanterie. (* il parle surtout de médecins de l'orthodoxie, mais ne croyez pas qu'en Occident certains soient moins généreux. Combien vont soigner gratuitement les plus pauvres dans le Sud et ailleurs.)
Le fait d’être malade n’en est pas une, mais la bonne humeur est depuis tout temps considérée comme un facteur de guérison, des clowns ou des animateurs accompagnent une belle mission auprès des enfants dans les hôpitaux. Rabelais, prêtre, anticlérical et aussi médecin a laissé un souvenir avec les histoires composées pour les malades, partant du principe que le rire est le propre de l’homme. Merci donc à tous ceux qui accompagnent et visitent les malades et les soutiennent, à la maison ou à l’hôpital. Merci aussi à ceux qui prient pour eux, pour la santé de leur corps et de leur âme. Il ne faut pas oublier l’enseignement de l’évangile d’aujourd’hui qui porte sur la santé de l’âme d’abord.
Je vais terminer avec une partie du message délivré par lepape François qui a aussi besoin de nos prières pour son ministère.
« Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : [...] ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris » (Mc 16, 17-18). Dans les Actes des Apôtres, nous lisons la description des guérisons accomplies par Pierre (cf. Ac 3, 4-8) et par Paul (cf. Ac 14, 8-11). Au don de Jésus correspond la tâche de l’Église, qui sait qu’elle doit porter sur les malades le regard même de son Seigneur, un regard rempli de tendresse et de compassion. La pastorale de la santé reste et restera toujours une tâche nécessaire et essentielle, à vivre avec un élan nouveau, à partir des communautés paroissiales jusqu’aux centres de soin les plus performants. Nous ne pouvons pas oublier ici la tendresse et la persévérance avec lesquelles de nombreuses familles accompagnent leurs enfants, leurs parents et d’autres membres de leur famille, qui souffrent de maladies chroniques ou sont porteurs de graves handicaps. Les soins qui sont apportés en famille sont un témoignage extraordinaire d’amour de la personne humaine et doivent être soutenus avec une reconnaissance adéquate et des politiques appropriées. Ainsi, les médecins et les infirmiers, les prêtres, les personnes consacrées et les volontaires, les membres de la famille et tous ceux qui s’engagent dans le soin des malades, participent à cette mission ecclésiale. C’est une responsabilité partagée qui enrichit la valeur du service quotidien de chacun.

C’est à Marie, Mère de la tendresse, que nous voulons confier tous les malades dans leur corps et leur esprit, afin qu’elle les soutienne dans l’espérance. Nous lui demandons également de nous aider à être accueillants envers nos frères malades. L’Église sait qu’elle a besoin d’une grâce spéciale pour pouvoir être à la hauteur de son service évangélique du soin des malades. Par conséquent, que la prière adressée à la Mère du Seigneur nous trouve tous unis en une supplique insistante, pour que chaque membre de l’Église vive avec amour sa vocation au service de la vie et de la santé. Amen. Notre-Dame de Lourdes, Priez pour nous !

mardi 6 février 2018

Hirondelle ou Tourterelle?




6 FÉVRIER 2018
 mardi, 5ème Semaine du Temps Ordinaire — Année Paire
S. Paul Miki et ses compagnons, martyrs

Première lecture« Tu as dit : “C’est ici que sera mon nom.” Écoute donc la supplicati...1 R 8, 22-23.27-30
Psaume De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers !Ps 83 (84), 3, 4, 5....
Évangile« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à...


PSAUME
(Ps 83 (84), 3, 4, 5.10, 11abcd)
R/ De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers ! (Ps 83, 2)

Mon âme s’épuise à désirer
les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri
vers le Dieu vivant !

L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison,
et l’hirondelle, un nid pour abriter sa couvée :
tes autels, Seigneur de l’univers,
mon Roi et mon Dieu !


Quelle prière nous entendons dans la bouche de Salomon! Il n’est pas prêtre, mais il occupe une place dans la liturgie du Temple. "Seigneur, Dieu d’Israël, il n’y a pas de Dieu comme toi, ni là-haut dans les cieux, ni sur la terre ici-bas ; car tu gardes ton Alliance et ta fidélité envers tes serviteurs, quand ils marchent devant toi de tout leur cœur." Est-ce que, vraiment, Dieu habiterait sur la terre ? Oui, il y habite et Jésus qui dira ailleurs que le Temple de Dieu est son corps, nous fait comprendre la manière dont Dieu veut être servi, ne serait-ce pas d’abord dans tous ceux qui sont le temple de Dieu ici-bas. Il veut des cœurs proches de lui…
Nous désirons être un peu comme les oiseaux du psaume, tourterelles, passereaux, moineaux et hirondelles, à votre choix. Demeurer proche de lui, autant que possible. Comment nous établir à demeure dans le temple de Dieu et y rester ? Restons un peu avec Saint Augustin et son commentaire de notre  psaume 83… Mais, j’aimerais auparavant essayer avec vous de voir sur quelles bases bibliques travaillaient les Pères. Vous avez entendu tout à l’heure que le psaume mentionnait des hirondelles. J’aurais aimé des colombes ou des tourterelles, intuition qui n’était pas sans fondement. Vous savez qu’il existe différentes versions de ce que nous appelons l’Ancien Testament dont les psaumes font parties. Le texte hébreux actuel ou Massorétique a été fixé à la fin du 1er siècle après J-C, après la chute de Jérusalem prise par les romains. Mais les premiers chrétiens avaient fait usage d’une bible traduite en grec, à Alexandrie, dite Bible des LXX, selon une légende qui affirmait que 70 traducteurs seraient parvenus à la même traduction. Elle est encore utilisée par les orthodoxes. Certains commentaires disent que les juifs l’ont abandonnée parce que trop utilisée par les chrétiens et ont opté pour une traduction en grec, plus littérale et proche de l’hébreux. La LXX, passant en territoire latin, on en vint à la traduire en latin, mais il y eut plusieurs versions. Saint Augustin utilisait surtout une version de ce qu’on appelle la vetus latina, l’ancienne latine et celles qu’il trouvait sur place. Ce qui veut dire que les spécialistes voient les variations. Saint Jérôme, plus âgé qu’Augustin, a produit la version en usage jusqu’au Concile Vatican II, appelée Vulgate à laquelle a succédé la néovulgate et nos Bibles en langue vernaculaires, plus proche de l’hébreux.



Ma curiosité à propos de l’hirondelle a porté ses fruits, dans le psaume plus proche de l’hébreux, certains lisent bien hirondelle, mais dans toutes les versions issues de la LXX et de ses traductions et même la néo-vulgate, on lit tourterelle, ou colombe, ce qui fait bien entendu penser au cantique des cantiques…  Pour ne pas allonger, juste quelques lignes du commentaire d’Augustin sur ce psaume :
« Mon coeur et ma chair ont tressailli vers le Dieu vivant». … Qu’est-ce qui tressaille en toi, ô Prophète? « Mon coeur et ma chair ». Pourquoi ce tressaillement? c’est que « le passereau a trouvé une demeure pour lui, comme la tourterelle un nid, où elle placera ses petits». Qu’est-ce à dire? Deux objets tressaillent, selon lui, et dans la comparaison il montre encore deux oiseaux; c’est son coeur qui tressaille ainsi que sa chair, double objet qu’il nous ramène dans le passereau et dans la tourterelle; le passereau serait l’image de son coeur, et la tourterelle de sa chair. Le passereau a trouvé une demeure pour lui, mon coeur a trouvé un abri. Il exerce ici-bas ses ailes, dans les vertus de cette vie, dans la foi, dans l’espérance et dans la charité, pour s’élever ensuite dans sa maison; et quand il y sera arrivé, il y demeurera, et alors il n’aura plus cette voix plaintive qu’il a sur la terre.
Dans le ciel, d’où viendra notre bonheur ? Que posséderons-nous ? Que ferons-nous? Ce que nous posséderons, je l’ai dit, tout à l’heure : « Bienheureux ceux qui habitent votre maison». Tu n’es point riche, si tu n’as que ta maison, mais c’est être riche que posséder la maison de Dieu. Dans ta maison, il te faut craindre les voleurs, le mur de la maison de Dieu, est Dieu lui-même. « Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison ».
N’est-ce donc pas l’amour de Dieu avec celui des frères que nous devons rechercher, car c’est là, la maison de Dieu. Amen.

dimanche 4 février 2018

Chère grand-maman, relève-toi...



Jésus après avoir prêché dans la synagogue et chassé un esprit impur par sa parole, accomplit un signe envers la belle-mère de Simon. Il a commencé par donner son message dans le cadre de la liturgie de la synagogue. En cette journée des laïques, n’est-il pas opportun de rappeler que les services rendus dans nos églises est important, de l’orgue, en passant par l’entretien et les fleurs.
La belle-mère de Pierre donc était couchée, elle avait de la fièvre, nous dit le texte. Pierre vivait dans cette maison qui était aussi celle d’André son frère. Qui était la belle-mère de Pierre ? D’abord, c’était une malade. Pour la charité, et vu toutes les histoires qui courent sur les belles-mamans, rappelons-nous qu’étant souvent grands-mères, que, comme toutes les grands-mamans, elles sont précieuses. De quoi souffrait-elle ? Pourquoi pas d’une grippe ? Nous invoquons saint Blaise  pour nous « prémunir » de tous les maux de gorge pourquoi le Seigneur n’aurait-il pas eu pitié du souci que l’on avait de cette sainte grand-mère et pour une telle maladie qui peut avoir des conséquences graves avec l’âge. Elle avait de la fièvre en grec « puretos », un mot qui vient de « pur » le feu. Elle devait avoir bien mal.
Le geste de Jésus après cette guérison peut éveiller en nous une image, celle de la résurrection. « Il la saisit par la main et la fit lever. » Pourquoi ne pas nous encourager nous-mêmes à l’heure du réveil… Lorsque je me lève, « Je ressuscite avec le Christ. » En fêtant la présentation de Jésus au temple nous avons lu dans l’évangile le cantique de Syméon qui est chanté dans la dernière prière du soir. « Maintenant ô Maître souverain, tu peux laisser ton Serviteur s’en aller en paix. » Bien sûr tout réveil, même le mien, a parfois besoin d’encouragements.
Que fait cette sainte belle-mère aussitôt guérie? Elle les servait. Quel dynamisme… Le mot de servir est diekonei… d’où vient celui de diacre. Dans l’église, les services de la diaconie sont nombreux.
Jésus avait prêché à la Synagogue le matin, fait cette guérison et mangé avec tous ceux qui étaient là. Le sabbat étant consacré au repos et à la prière et c’est le soir que les gens sont venus. Même en ne pouvant faire que ce qui était permis un jour de sabbat, un peu moins d’un kilomètre, le bouche à oreille a permis à la nouvelle de faire le tour du village. Un « guérisseur » était chez Pierre ! Le soir, après le coucher du soleil qui marque la fin du sabbat, presque toute la ville s’est retrouvée devant chez Simon-Pierre avec ses malades…
Nos santés sont un questionnement perpétuel, et Job traduit bien ce qui se passe en nous et pour nous parfois. Cela fait presque du bien de l’entendre s’exprimer quand il en a vraiment marre : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. » Mais je vous laisse relire dans vos bibles ce que Dieu lui répond et le message d’espérance final. Il retrouve ses biens, a dix enfants, dont 3 filles seules nommées et quels beaux noms : Colombe, Fleur-de-Laurier, et Ombre-du-regard. Elles reçoivent même reçu une part d’héritage avec leurs frères, nous mesurons la magnanimité de Job pour l’époque. Pour nous, notre récompense, notre but c’est le Christ, voir Dieu, la vie éternelle, donc !
Une parenthèse à propos des guérisons dont nous bénéficions aujourd’hui grâce à l’avancée des sciences médicales et la science elle-même. Elles font jaillir des thèses surprenantes, soutenues par l’imaginaire de la science-fiction. Vous avez tous vu des films comme Matrix, ou certains autres où l’homme est quasiment transformé en robot. Des termes nouveaux naissent comme transhumanisme : certains disent que "la nature humaine" est un blocage mental et que l’homme sera dépassé par ses créations. Pour l’instant, nos problèmes de « conduites » intérieures ne sont pas encore tous résolus, peut-être est-ce un plus dû à nos limites. Ce sera un sujet de questionnement pour les nouvelles générations, et un lieu d’action pour les laïques chrétiens.
L’évangile mentionne encore un autre élément. Jésus expulse des démons et leur interdit de parler. Une nouvelle même vraie qui est transmise dans un mauvais contexte et polluée par des interprétations inexactes peut faire beaucoup de dégâts. On le sait très bien dans les médias. Cette divine censure était en cette occasion nécessaire pour qu’il n’y ait pas une sorte d’emballement prémédiatique qui provoque une catastrophe et soit un obstacle à la prédication de Jésus. Il ne veut pas déclencher une révolution à la mode humaine et violente, ni prendre d’assaut Jérusalem et le Temple comme le fera plus tard Bar-Kochba ou les Macchabées deux siècles avant. Il vient appeler à la conversion des cœurs.
Jésus, ensuite, ne veut pas se laisser prendre par la popularité et la foule, il se retire dans un endroit désert pour y prier, et retrouver cet essentiel qu’est son Père. Il veut parler avec lui et demeurer fidèle à sa mission. Plus tard, sa famille viendra pour le faire revenir à son village avec sa mère, presque prise en otage. Le très bon charpentier semblait avoir perdu la raison, mais personne ne le connaissait et le diable ne l’avait apparemment pas encore reconnu. Il se voulait aux affaires de son Père, et pas à l’affaire familiale. Vous, laïques, est-ce que vous êtes prêts à vous arrêter de temps à autre, pour vérifier si vous êtes fidèles à vous lignes de force, à ce que l’Évangile vous demande ?
A Capharnaüm qui sera son centre de ministère, Jésus va laisser retomber la tension. Il ne profite vraiment pas d’un avantage à la manière d’un homme politique qui s’installe. Il laisse la liberté pour que des appels mûrissent intérieurement et que croisse la semence jetée dans les cœurs.
Nous comprenons quel est ce feu qui dévore Jésus en écoutant saint Paul :
Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !
Que ce désir d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus qui nous relève et veut nous tendre aussi la main au jour de la Résurrection, nous habite.

Sous ta protection nous nous refugions, Sainte Mère de Dieu : ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais délivre-nous de tous les dangers, ô Vierge glorieuse et bénie. Amen.