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mardi 6 février 2018

Hirondelle ou Tourterelle?




6 FÉVRIER 2018
 mardi, 5ème Semaine du Temps Ordinaire — Année Paire
S. Paul Miki et ses compagnons, martyrs

Première lecture« Tu as dit : “C’est ici que sera mon nom.” Écoute donc la supplicati...1 R 8, 22-23.27-30
Psaume De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers !Ps 83 (84), 3, 4, 5....
Évangile« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à...


PSAUME
(Ps 83 (84), 3, 4, 5.10, 11abcd)
R/ De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers ! (Ps 83, 2)

Mon âme s’épuise à désirer
les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri
vers le Dieu vivant !

L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison,
et l’hirondelle, un nid pour abriter sa couvée :
tes autels, Seigneur de l’univers,
mon Roi et mon Dieu !


Quelle prière nous entendons dans la bouche de Salomon! Il n’est pas prêtre, mais il occupe une place dans la liturgie du Temple. "Seigneur, Dieu d’Israël, il n’y a pas de Dieu comme toi, ni là-haut dans les cieux, ni sur la terre ici-bas ; car tu gardes ton Alliance et ta fidélité envers tes serviteurs, quand ils marchent devant toi de tout leur cœur." Est-ce que, vraiment, Dieu habiterait sur la terre ? Oui, il y habite et Jésus qui dira ailleurs que le Temple de Dieu est son corps, nous fait comprendre la manière dont Dieu veut être servi, ne serait-ce pas d’abord dans tous ceux qui sont le temple de Dieu ici-bas. Il veut des cœurs proches de lui…
Nous désirons être un peu comme les oiseaux du psaume, tourterelles, passereaux, moineaux et hirondelles, à votre choix. Demeurer proche de lui, autant que possible. Comment nous établir à demeure dans le temple de Dieu et y rester ? Restons un peu avec Saint Augustin et son commentaire de notre  psaume 83… Mais, j’aimerais auparavant essayer avec vous de voir sur quelles bases bibliques travaillaient les Pères. Vous avez entendu tout à l’heure que le psaume mentionnait des hirondelles. J’aurais aimé des colombes ou des tourterelles, intuition qui n’était pas sans fondement. Vous savez qu’il existe différentes versions de ce que nous appelons l’Ancien Testament dont les psaumes font parties. Le texte hébreux actuel ou Massorétique a été fixé à la fin du 1er siècle après J-C, après la chute de Jérusalem prise par les romains. Mais les premiers chrétiens avaient fait usage d’une bible traduite en grec, à Alexandrie, dite Bible des LXX, selon une légende qui affirmait que 70 traducteurs seraient parvenus à la même traduction. Elle est encore utilisée par les orthodoxes. Certains commentaires disent que les juifs l’ont abandonnée parce que trop utilisée par les chrétiens et ont opté pour une traduction en grec, plus littérale et proche de l’hébreux. La LXX, passant en territoire latin, on en vint à la traduire en latin, mais il y eut plusieurs versions. Saint Augustin utilisait surtout une version de ce qu’on appelle la vetus latina, l’ancienne latine et celles qu’il trouvait sur place. Ce qui veut dire que les spécialistes voient les variations. Saint Jérôme, plus âgé qu’Augustin, a produit la version en usage jusqu’au Concile Vatican II, appelée Vulgate à laquelle a succédé la néovulgate et nos Bibles en langue vernaculaires, plus proche de l’hébreux.



Ma curiosité à propos de l’hirondelle a porté ses fruits, dans le psaume plus proche de l’hébreux, certains lisent bien hirondelle, mais dans toutes les versions issues de la LXX et de ses traductions et même la néo-vulgate, on lit tourterelle, ou colombe, ce qui fait bien entendu penser au cantique des cantiques…  Pour ne pas allonger, juste quelques lignes du commentaire d’Augustin sur ce psaume :
« Mon coeur et ma chair ont tressailli vers le Dieu vivant». … Qu’est-ce qui tressaille en toi, ô Prophète? « Mon coeur et ma chair ». Pourquoi ce tressaillement? c’est que « le passereau a trouvé une demeure pour lui, comme la tourterelle un nid, où elle placera ses petits». Qu’est-ce à dire? Deux objets tressaillent, selon lui, et dans la comparaison il montre encore deux oiseaux; c’est son coeur qui tressaille ainsi que sa chair, double objet qu’il nous ramène dans le passereau et dans la tourterelle; le passereau serait l’image de son coeur, et la tourterelle de sa chair. Le passereau a trouvé une demeure pour lui, mon coeur a trouvé un abri. Il exerce ici-bas ses ailes, dans les vertus de cette vie, dans la foi, dans l’espérance et dans la charité, pour s’élever ensuite dans sa maison; et quand il y sera arrivé, il y demeurera, et alors il n’aura plus cette voix plaintive qu’il a sur la terre.
Dans le ciel, d’où viendra notre bonheur ? Que posséderons-nous ? Que ferons-nous? Ce que nous posséderons, je l’ai dit, tout à l’heure : « Bienheureux ceux qui habitent votre maison». Tu n’es point riche, si tu n’as que ta maison, mais c’est être riche que posséder la maison de Dieu. Dans ta maison, il te faut craindre les voleurs, le mur de la maison de Dieu, est Dieu lui-même. « Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison ».
N’est-ce donc pas l’amour de Dieu avec celui des frères que nous devons rechercher, car c’est là, la maison de Dieu. Amen.

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