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dimanche 25 décembre 2022

"Aujourd’hui vous est né un Sauveur "

 


25 DÉCEMBRE 2022  Nativité du Seigneur — Année A - Solennité 

MESSE DE LA NUIT

Première lecture« Un enfant nous est né »Is 9, 1-6

PsaumeAujourd’hui, un Sauveur nous est né :

c’est le Christ, le Seigneur.Ps 95 (96), 1-2a, 2b...

Deuxième lecture« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes »Tt 2, 11-14

Évangile« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »Lc 2, 1-14


« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »

Noël est pour nous tous traditionnellement un jour de joie et de fête, en particulier pour les petits enfants. Lorsque nous voyons les représentations de Jésus dans la crèche, c’est à eux que nous pensons. Nous nous rappelons aussi notre propre petite enfance, et au bonheur de la fête avec nos parents.

Aujourd’hui encore, nous nous devons pour eux de témoigner de Noël comme une fête chaleureuse et joyeuse. Il ne s’agit pas simplement d’un anniversaire. A la manière des petits enfants qui à un moment de leur vie n’arrêtent pas de poser des questions et de demander pourquoi, nous pouvons nous demander pourquoi donc ? La joie annoncée par l'ange n'est pas quelque chose qui appartient au passé. Il s'agit d'une joie d'aujourd'hui, de l'aujourd'hui éternel du salut de Dieu, qui comprend tous les temps, passé, présent et futur. "Aujourd'hui encore, et chaque jour jusqu'à la fin des temps, le Seigneur sera sans cesse conçu à Nazareth et naîtra à Bethléem" (In Ev. S. Lucae, 2; PL 92, 330). (J-P II).

Joseph est monté de Nazareth, avec Marie, vers la Judée, jusqu’à la ville de David, jusqu’à Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Ce rejeton de David, naît de Marie dont Joseph était l’époux. C’est l’accueil d’un rejeton qui ne provient pas d'un « engendrement » humain, mais de Dieu qui accomplit une promesse. Un lien existe entre Nazareth et le mot Nezer qui signifie justement rejeton. Ce mot de Nazaréen suivra Jésus jusque sur la croix.

Noël, c’est une fête, et un jour où nous témoignons de notre joie pour la naissance de celui qui est Dieu et qui nous permet d’entendre la voix des anges (merci à ceux de notre chorale). Ajoutons un autre pourquoi . Pourquoi est-il important de vivre un tel jour en témoignant de la joie ? Pour les petits enfants d’abord, humainement, c’est très bien pour eux, il est reconnu maintenant qu’il faut pour ainsi dire leur offrir durant leurs premières années de vie, une réserve de bonheur où ils vont pouvoir puiser toute leur vie. Un cadre religieux va leur donner des sortes de marqueurs et de références intérieurs. Humainement, c’est bien. Mais eux, que peuvent-ils nous révéler ces petits ? Pouvons-nous, nous les grandes personnes et les 3èmes âges et plus, apprendre des enfants ? Les enfants, écrit Maurice Zundel, sont plus sages que nous, ils vont au coeur du réel, et le réel c’est l’Amour, qui n’est qu’amour. Ils nous demandent de l’amour pour nous en donner déjà. Le réel, c’est aussi la pauvreté de Dieu qui ne s’atteint lui-même qu’en se donnant dans la communion trinitaire. Et Noël, c’est cela: un monde nouveau, une humanité nouvelle, un Dieu tout neuf, une histoire qui commence, dont l’unité se fait jour en celui qui est capable de l’unifier en un seul dessein, en la pénétrant du même souffle d’un éternel amour. Un Dieu si petit qu’il nous demande de tout lui donner comme un enfant pour pouvoir tout nous donner.

Jésus petit enfant, est donc un enfant particulier. Mais pourquoi ? On dit d’un enfant qu’il a réussi lorsqu’on voit ce qu’il a réalisé à la fin de sa vie. Mais chaque enfant qui vient au monde a de la valeur par ce qu’il est. Jésus dans sa fragilité, est le Sauveur de tous les hommes, il va grandir, travailler, prêcher, donner sa vie et ressusciter et nous ressusciter. Il a de la valeur aussi, parce qu’il est Fils de Dieu. Un tout petit enfant comme nous l’avons été, est déjà capable de Dieu, en raison de son âme spirituelle. Il est aimé de Dieu. Quelle prudence, quel respect et quelle attention, il faut avoir envers eux. Dans une revue j’ai lu, il y a quelques jours que certains chercheurs auraient détectés qu’à 8 mois, par leurs réactions oculaires, ils ont la capacité de réagir par une sorte de justice rétributive, l’attribution d’un blâme en réponse à un comportement inapproprié. Comme si le sens moral, effectivement, précédait la pensée symbolique et le raisonnement. Dans un petit enfant, il y a le visible et l’invisible, le corps et l’esprit, il y a union et relation entre les deux. Nous sommes un.

Jésus a une particularité supplémentaire. Quel est ce plus ? Dans les yeux du nouveau-né de la crèche, nous pouvons déjà voir aussi un reflet de la lumière provenant de l’infinie bonté de son Père qu’il contemple sans cesse. Il a un corps et une âme, il est homme et il est Dieu.

Ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’il ne s’agit pas d’une histoire inventée, mais d’un événement bien réel qui s’est produit dans le temps ce n’est pas un mythe, une histoire inventée.

Ce n’est pas une fiction avec des effets spéciaux. J’ai vu l’autre jour un film magnifique qui vient de sortir avec des images 3D époustouflantes, splendides. On se croirait presque dans le film. Dieu ne prend pas la même méthode. Nous sommes pour lui  des personnes bien réelles, il ne veut pas avoir affaire à des avatars. Il vient nous aimer tels que nous sommes dans notre réel et notre présent ; comme il nous a créés et voulus, avec une liberté qui nous permet d’agir et de réagir, d’obéir et d’aimer, et de faire tout le contraire également. Il ne nous réinvente pas, Il ne nous met pas dans un univers parallèle, mais nous aime ici et maintenant, ce soir. Il nous témoigne de son amour dans l’enfant de la crèche. Il a envoyé de vrais anges qui ont chanté sa gloire. Ils se cachent, car nous ne supporterions pas leur vue et Dieu veut que nous vivions dans notre présent, dans notre monde matériel, avec la foi pour entrer en communion avec lui. Une foi qui se manifeste dans un amour partagé.

Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, on dit que l’éternité rentre dans le temps. Elle ne vient pas le figer, mais le dilater à l’image d’un cœur qui aime, établir une connexion par une communion, cela dépasse les wifi et les fils comme dans mon film. Lorsqu’un cœur est malade, souvent ce sont les artères qui se bouchent et deviennent rigides. Dans notre vie avec Dieu, c’est la même chose. La vie, l’amour, ne parvient plus à circuler. Le pape François invitait cette semaine sa curie à la conversion. C’est toujours plus sympathique pour nous, lorsque cela est dit pour ceux qui sont tout en haut dans la hiérarchie. Le contraire de la conversion, disait-il, c’est le fixisme. Le fixisme c’est de vivre sur des habitudes et de ne pas se renouveler, transformer l’Évangile en statue de sel en ne le mettant pas en pratique. Un enfant est précieux, il s’agit de bien s’occuper de lui, avec attention. Notre vie spirituelle, n’est-ce pas la même chose ?

Celle qui est le plus félicitée lors d’une naissance, c’est la maman. Nous la remercions et nous nous réjouissons avec elle. Quant à Joseph nous ne l’oublions pas. Il va exercer sa paternité au nom de Dieu pour faire grandir Jésus et nous avec. Amen.


dimanche 18 décembre 2022

A quoi rêvait Joseph?


Intro

Chers frères et sœurs, nous sommes parvenus au 4ème dimanche de l’Avent avec la 4ème et dernière bougie allumée qui symbolise l’enseignement des prophètes qui annoncent un règne de justice et de paix. Viens Seigneur ne tarde plus ! Nous avons le désir de revoir briller la lumière, les ténèbres de fin d’année nous pèsent. Nous chanterons au Magnificat l’antienne O de ce 18 décembre : O Adonaï, Seigneur, chef de la maison d'Israël, qui est apparu à Moïse, dans la flamme du buisson ardent, et qui lui as donné la loi sur le Sinaï; viens nous racheter dans la force de ton bras. Ce n'est plus dans cette flamme qu’apparaîtra le Seigneur, mais il va se faire l’un de nous, petit enfant. Avec Joseph qui a fait confiance à l’ange et habités déjà par la joie de cette naissance toute proche…

Homélie

Les rêves, vaste sujet !

Voici nous dit l’Évangile que l’ange du Seigneur apparut en songe à Joseph. Les songes et leurs interprétations étaient une spécialité ou une particularité de son homonyme le patriarche Joseph. Nous nous rappelons de celui qui fut « mal compris » de ses frères.

Pourquoi ce songe a-t-il été nécessaire ? Marie fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Les iconographes byzantins représentent plutôt ce qu’ils appellent le doute de Joseph. Le pauvre s’interroge et le diable tout près essaye de lui faire douter de Marie. On le voit ainsi représenté sur les icônes de la Nativité. L’Occident lui est plus favorable, estimant qu’il ne s’estimait pas digne de l’accueillir chez lui. Dans des représentations plus récentes, surtout occidentales, on le voit qui dort et l’ange qui s’approche de lui et lui parle dans son rêve.

Le pape François qui a fait de saint Joseph le patron de l’Église universelle met en valeur son obéissance. « Joseph, dit-il, est très préoccupé par la grossesse incompréhensible de Marie : il ne veut pas « l’accuser publiquement »[14] mais décide de « la renvoyer en secret » (Mt 1, 19). Dans ce songe, l’ange l’aide à résoudre son dilemme : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 20-21). Sa réponse est immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame intérieur et il sauve Marie.

Joseph, l’époux de Marie, était un spécialiste des songes, nous en comptons 4, tous mentionnés par saint Matthieu, l’Annonce à Joseph, le départ pour l’Egypte, le retour de la Sainte Famille, et l’installation à Nazareth. Certains parlent de genre littéraire à ce propos, est-on obligés de les suivre ?

Faut-il se laisser guider par des songes ? Certains d’entre nous rêvent peut-être beaucoup, ce n’est pas mon cas, sinon lorsqu’il faut évacuer une anxiété juste avant le réveil, et alors les montages sont tellement étranges que j’en viens à me dire que c’est un rêve absurde et que je dois me réveiller pour y échapper. L’inconscient se défoule. A une certaine époque on disait facilement que c’étaient les petites filles qui étaient rêveuses. C’était impardonnable pour les garçons en classe à un tel point que dans les annotations, ils avaient le droit à la mention « rêve pendant les cours », jusqu’à ce qu’on s’aperçoive enfin et parfois que le rêveur était myope. C’est un facteur pour se réfugier dans son monde intérieur. Il est vrai que de petites voisines y étaient aussi pour quelques choses pour d’autres. Einstein rêvait pourquoi pas Saint-Joseph ? er même le pape François. Joseph avait ses soucis en tête, il aimait profondément Marie, elle faisait partie de son rêve! 

Pour nos amis psychologues, le rêve est une branche en soi et leur interprétation, une spécialité. Pour ceux d’entre vous, qui ne peuvent pas aller sur la toile, il y a des répertoires de rêves et de leur symbolisme. Ce n’est donc pas un lieu qui est aussi négligeable qu’on pourrait le laisser entendre. D'ailleurs ne sommes-nous pas reliés avec l'invisible, l'au-delà du visible et l'immatériel par notre être spirituel  Quant aux saints présents au calendrier, ils sont nombreux à bénéficier de songes de l’antiquité à la période contemporaine, Hildegarde, Gertrude, Brigitte de Suède, des Catherine, Ignace de Loyola, Saint Jean Marie-Vianney, Saint Jean Bosco. Je laisse mes sœurs, me découvrir un ouvrage sur les rêves des saints du Carmel. Pour discerner la valeur spirituelle d’un rêve, nécessite une certaine expérience et des rêves et du discernement, ce qui était manifestement le cas de Joseph.

L’ange lui demande de prendre chez lui son épouse et d’accueillir l’enfant. Il va droit au but : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » Littéralement : ceci en effet en elle engendré d’Esprit est saint. L’ange donne deux noms pour appeler l’enfant. Joseph doit lui donner son nom ce qui est la prérogative du père qui l’introduit ainsi dans sa famille, la famille de David  « tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve) »

Nous reconnaissons la prophétie d’Isaïe, ensuite : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » Et dans l’Evangile : « on lui donnera le nom d’Emmanuel » ils appelleront le nom de lui Emmanuel.

En tant que descendant de David (cf. Mt 1, 16.20), la racine (O racine de Jessé que nous avons chanté hier) dont devait germer Jésus selon la promesse faite à David par le prophète Nathan (cf. 2 S 7), et comme époux de Marie de Nazareth, saint Joseph est la charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau Testament. Toutes les nations sont invitées à l’appeler par son nom Dieu avec nous, et à accueillir sa paix, celle qui vient de la réconciliation avec Notre Père.

Cette famille qui est constituée autour de Jésus qui va naître, porte aussi notre espérance, aujourd’hui, demain et à jamais. Puissions-nous reconnaître son nom et parvenir à l’obéissance de la foi qui a habité Joseph, nous qui sommes appelés à être saints. Je crois que nous pouvons porter dans notre prière toutes les mamans qui attendent un enfant. Et les enfants qui n’ont pas de familles, ceux qui souffrent de la guerre et de la faim.

Salut, gardien du Rédempteur,
époux de la Vierge Marie.
À toi Dieu a confié son Fils ;
en toi Marie a remis sa confiance ;
avec toi le Christ est devenu homme.

O bienheureux Joseph,
montre-toi aussi un père pour nous,
et conduis-nous sur le chemin de la vie.
Obtiens-nous grâce, miséricorde et courage,
et défends-nous de tout mal. Amen.

dimanche 4 décembre 2022

Erreur 404 not found : Hacker de la Bonne Nouvelle

 


 

 4 décembre 2022 - dimanche, 2ème Semaine de l'Avent — Année A

Lectures de la messe

    Première lecture « Il jugera les petits avec justice » Is 11, 1-10
    Psaume En ces jours-là, fleurira la justice,
    grande paix jusqu’à la fin des temps. Ps 71 (72), 1-2, 7-8...
    Deuxième lecture Le Christ sauve tous les hommes Rm 15, 4-9
    Évangile « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » Mt 3, 1-12

 


Introduction

Chers frères et sœurs, nous voilà déjà au 2ème dimanche de l’Avent avec la deuxième bougie allumée à notre couronne qui symbolise la foi, avec Abraham. L’urgence des préparatifs se fait sentir. L’urgence des urgences, est pour nous, celle de la venue du Seigneur. Voici qu’il va venir. C’est une Joyeuse attente. Saint Nicolas est arrivé hier soir à Fribourg. Mgr Morerod  l’a pieusement écouté devant sa cathédrale, les yeux levés vers le saint personnage s’adressant à une grande foule post-covid. Il arrivera mardi chez nous, et jeudi nous célébrerons l’Immaculée Conception. Aujourd’hui, il nous faut avec Jean-Baptiste, préparer les chemins du Seigneur. Il est accompagné par un grand saint docteur, d’Orient, un syrien, un autre Jean, Jean Damascène. La joie doit nous habiter. Cette préparation nous la faisons parfois de manière bien maladroite, mais le Seigneur ne vient pas vers des parfaits qui lui montrent les chemins qu’il doit parcourir. Jean-Baptiste crie dans le désert et y appelle à la conversion.

Ensemble tournons nos cœurs vers le Dieu de miséricorde et implorons son pardon. Reconnaissons que nous sommes pécheurs.

Homélie

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »

Chers frères et sœurs,

Préparez le chemin du Seigneur, ne le manquez, ne le ratez pas. Parate viam Domini. Si nous nous sommes égarés comment le retrouver… ? Vous avez peut-être pris connaissance d’une anecdote, il paraît que des hackers auraient mis en panne les sites internet du Vatican. Ils reviennent, ils disparaissent et nous avons droit à une pancarte sur le navigateur internet : 404 not found… Qui aurait perdu son chemin? Des mots ? L’Esprit-Saint, quant à lui arrive toujours à ses fins. Comment le retrouver ce chemin, le reconstruire? Le Seigneur vient d’abord dans les cœurs, c’est là que vous le retrouverez et que vous entendrez sa voix, car c’est bien Dieu qui fait grâce.

Pourquoi se convertir ? Parce que « Dieu fait grâce », Jean porte son message dans son nom qui signifie « Dieu fait grâce ». Comment fait-il grâce ? D’abord par un messager, par la parole de Jean. Dieu n’apprécie pas ceux qui jouent le rôle de hacker de sa bonne nouvelle. Les pirates de sa parole, il ne les apprécie pas, il les secoue très forts. Jean les traite d’engeance, de descendants de vipères, ce ne sont plus des fils d’Abraham, mais du tentateur, du serpent. Nous retrouverons les paroles prononcées par Jean dans la bouche même de Jésus (Mt 23,33). Il interpelle vivement les pharisiens, il invite au repentir. Il repousse les serpents. Nous avons Abraham pour père ! De pierres, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Ce questionnement et cette filiation étaient aussi celles de Saint Paul, il y a répondu par la foi. Dieu vient « réaliser les promesses faites à nos pères », et ces promesses s’étendent aux nations par la foi. Elles deviennent ses fils et ses filles.

Que vient faire le Seigneur ? Il vient rétablir la paix et pas avec Israël seulement, mais avec tous les hommes. Nous apprécions chaque année ce passage du livre d’Isaïe qui nous décrit une image idyllique du rétablissement de la paix perdue par le péché des origines. Des fauves cohabitant avec de paisibles herbivores c’est totalement invraisemblable à moins qu’ils ne soient repus et attendent le repas suivant. Qu’ils soient transformés au point de manger de l’herbe, ça l’est encore plus. Le serpent, celui qui a représenté le tentateur, ne pourra plus faire de mal, cela signifie bien le retour de la paix. Nous pouvons avant que tout soit rétabli , avant le dernier jour, penser à la descendance de la femme qui lui écrasera la tête et sera meurtrie au talon. Cette descendance, le Christ, ressuscitera et nous avec lui.

Jean prêche un baptême d’eau. C’est une intention exprimée de revenir au Seigneur et de changer son cœur. « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. » Mais celui qui viendra derrière moi, vous baptisera dans l’Esprit-Saint. Nous sommes en présence de deux baptêmes. Comme nous fêtons aujourd’hui un saint cher à la Syrie et docteur de l’Église, vous me permettrez de vous dire qu’il distingue pour sa part 8 baptêmes. Il s’agit de saint Jean de Damas ou Damascène, ardent défenseur des icônes. Ce Jean-là, en raison d’accusations calomnieuses fut condamné par le calife à avoir la main tranchée. Mais la tradition dit que la Vierge Marie la lui recousit. Pourquoi pas ? Nous connaissons un signe de ce genre, plus récent, avec sœur Marie de Jésus Crucifié, Mariam Baouardy, qui eut la gorge tranchée et que Marie guérit. Elle a été canonisée en 2015.

Jean quant à lui fut un ardent défenseur des icônes.

Nous pouvons nous permettre une mention de ses 8 baptêmes, selon son interprétation :   « Nous sommes baptisés dans la Sainte Trinité parce que ce qui est baptisé a besoin, pour se constituer et se préserver, de la Sainte Trinité.

Le premier baptême, celui du déluge a amputé le péché. Le deuxième est celui dans la mer et dans la nuée; la nuée est le symbole de l'Esprit, la mer celui de l'eau. Le troisième c'est celui de la Loi ; quiconque était impur faisait des ablutions à l'eau, les vêtements mêmes étaient lavés, pour reparaître dans le camp. Le quatrième est celui de Jean pour initier et amener les baptisés à la repentance pour qu'ils croient au Christ. Le cinquième est celui du Seigneur celui dont lui-même a été baptisé. Nous aussi nous sommes baptisés du baptême parfait du Seigneur, celui de l'eau et de l'Esprit. Le sixième, c'est celui de la repentance et des larmes, il est douloureux. Le septième est celui du sang et du martyre. Le huitième, le dernier, n'est pas salutaire ; il fait disparaître le mal car le mal et le péché cessent d'agir, et il châtie éternellement. » Nous reconnaissons certains éléments de la fin de notre Évangile d’aujourd’hui.

A quoi doit conduire la venue du Seigneur et le baptême qu’il va donner, sinon à l’unité , faire de nous tous des frères et des sœurs dans le Christ, un seul Peuple, une seule famille? Les obstacles et les difficultés mentionnées par Jean Damascène ne manqueront pas, mais la joie qui vient de Dieu nous est promise. Le Dieu de la persévérance et du réconfort nous donne en son Fils qui vient, d’être d’accord les uns avec les autres, dans le but de rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ d’un même cœur, d’une seule voix. Le premier il proclamera sa louange parmi les nations, il chantera son nom.

«L’Avent est un appel incessant à l’espérance», nous dit le Pape François. Cette attente du Seigneur, est un temps qui nous est donné pour montrer notre bonne volonté. Nous connaissons notre faiblesse, et nous pensons peut-être pouvoir parvenir à réaliser nous-mêmes une belle route. Nous sommes un peu trop présomptueux. Y parviendrons-nous vraiment ? Sans la grâce ? Elle est déjà là, prévenante.  Mais « sans Moi vous ne pouvez rien faire ».  Alors que la joie grandisse dans nos cœurs en raison de cette venue. Jean lui-même était conscient qu’il ne pouvait donner qu’un baptême d’eau, mais il avait confiance et son cœur était habité d’un grand désir de voir le Seigneur. QU’il nous habite aussi. « Dieu vient, Dieu est proche et il vient. Ne l’oublions jamais ! Le Seigneur vient toujours, le Seigneur nous rend visite, le Seigneur se fait proche. » (Pape François)

Réjouissons-nous avec Marie et Jean de Damas  en ce temps de l’attente : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein. » Tu es bienheureuse dans les générations des générations, la seule digne d’être appelée bienheureuse. Voici en effet que toutes les générations te disent bienheureuse, comme tu l’as déclaré. Amen.