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dimanche 26 décembre 2021

La Sainte Famille


 

La Sainte Famille — Année C

Chers frères et sœurs,

Célébrer la fête de la sainte Famille est certainement difficile à vivre pour un bon nombre tant les difficultés que nous vivons sont nombreuses. Cependant, s’il est une famille d’accueil qui peut tous nous aider, c’est bien la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. Les textes d’aujourd’hui nous disent que nous sommes tous invités à entrer dans une famille, à commencer par la dernière lecture tirée de la première épître de saint Jean : « Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes. » Nous le sommes dès maintenant dit-il. Ce n’est pas une petite consolation que d’être habité par cette certitude et cette Bonne Nouvelle. Nous avons entendu hier, l’ange annoncer une bonne nouvelle aux bergers, celle de la naissance de Jésus dans une vraie famille. Il faut croire en cette Bonne Nouvelle, le pauvre Zacharie qui n’avait pas voulu croire en celle que lui a annoncée l’ange est devenu muet jusqu’à ce qu’elle advienne. En tout temps, et aussi par gros temps, essayons de rendre gloire à Dieu et de croire qu’il veut notre bonheur. Nous devons nous-mêmes devenir, d’une certaine manière, des anges, des messagers et des témoins de cette Bonne Nouvelle.

Le pape François a lancé depuis le mois de Mars une année consacrée à son exhortation Amoris Laetitia sur la famille. Il l’a rappelé ce midi à l’Angélus et a publié une lettre à ce sujet. Il commençait son exhortation post synodale sur la famille par ces mots : « La joie de l’amour qui est vécue dans les familles est aussi la joie de l’Église. » Le but n’est donc pas de créer une sorte de refuge fortifié et hermétique, mais de vivre la joie de l’amour. L’ange annonçait hier aux bergers une Bonne Nouvelle, l’Évangile, qui sera une grande joie pour toute le Peuple. La finalité est donc bien la joie et pas une position de repli. D’ailleurs Dieu n’en est pas une, puisque la vie de la Trinité est la source de notre joie par son amour partagé et vécu. Il veut dilater notre cœur.

Dans l’Évangile nous voyons Jésus parvenu à l’âge religieux adulte, on dirait aujourd’hui qu’il a fait sa confirmation. Pour les jeunes juifs on appelle cela bar-mitsva, il prend une part active à la prière liturgique. Jésus étonne déjà  les docteurs de la Loi. Il « les écoutait et leur posait des questions,  et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. » Nous ne pouvons écarter la constatation qu’il ne s’agissait pas encore pour lui à cet âge de lever le drapeau de l’indépendance. Mais je ne vous apprends rien en vous disant que dans une famille, il est indispensable d’apprendre à s’écouter et à se comprendre, à s’aimer, à s’adapter à l’autre, y compris à la croissance de ces enfants qui ne restent pas des poupons mais qui grandissent, deviennent des adolescents avec leur vision et leur compréhension du monde et qui doivent développer leur personnalité et se stabiliser.

Si le Seigneur a passé 30 ans dans le cadre d’une famille humaine et a partagé la vie d’un village, c’est qu’il a voulu nous transmettre un message, à savoir que nous pouvons grandir dans l’amour de Dieu et dans cet espace particulier. La famille est le lieu principal où nous pouvons rencontrer le Seigneur. Elle est constituée par une alliance, par un mariage où l’enfant est accueilli. La présence de Dieu est bien nécessaire pour qu’elle tienne.

« L’alliance d’amour et de fidélité, dont vit la Sainte Famille de Nazareth, dit le pape, illumine le principe qui donne forme à toute famille et la rend capable de mieux affronter les vicissitudes de la vie et de l’histoire. Sur cette base, toute famille, malgré sa faiblesse, peut devenir une lumière dans l’obscurité du monde.  ‘‘Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social’’ (Paul VI, Discours prononcé à Nazareth, 5 janvier 1964) ».[58]

Le sacrement de mariage est une aide précieuse. Les différentes situations de la vie, les jours qui passent, l'arrivée des enfants, le travail, les maladies, sont les circonstances dans lesquelles l'engagement pris l'un envers l'autre implique pour chacun le devoir d’abandonner ses inerties, ses certitudes, ses zones de confort, et de sortir vers la terre que Dieu promet : être deux dans le Christ, deux en un.

C’est dans la famille humaine, réunie par le Christ, qu’est restituée ‘‘l’image et la ressemblance’’ de la Sainte Trinité (cf. Gn 1, 26), mystère d’où jaillit tout amour véritable.

Il s’agit là du grand signe que doit et peut donner la famille. Le mariage est le signe de l’union du Christ et de l’Église, mais la famille est aussi un signe de la vie Trinitaire habitée par l’amour. Mais quelle aventure que celui d’une structure vivante ! Elle n’a rien d’une statue de bronze figée, immobile, bien solide.

 Elle doit nous donner l’envie, le grand désir d’entrer dans la communion de la grande famille de Dieu. C’est dans le Christ que nous sommes adoptés personnellement et que nous pouvons participer à la vie de Dieu et en Dieu.

Si Dieu est miséricorde, et qu’il y a des accidents parfois terribles, comme des décès qui surviennent immanquablement, des divisions, des incompréhensions sur le sens de ce qu’est une famille, cela n’enlève rien à ce que doit être la finalité de notre vie et ce qu’elle sera : entrer dans la communion définitive avec les trois personnes divines.

« Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. » Saint Jean insiste sur le fait que garder les commandements de Dieu est le signe que nous demeurons en Dieu. Mais il veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucun ne se perde. Tant mieux si nous pouvons par nos familles témoigner de cet amour de Dieu pour tous les hommes et nous entraider dans nos situations respectives à marcher vers le Royaume. L’enfant de la crèche est venu pour réconcilier, pour réconforter, pour relever et faire de chacun de nous ses frères et ses sœurs. Il nous accueille comme un enfant, avec son sourire, des étoiles dans le regard qui nous montrent le chemin vers la vie en Dieu. Il nous demande notre aide et notre protection. Qui ne se laisserait pas toucher par un petit enfant ?

Que le Seigneur soit accueilli dans chacune de nos familles, avec la sienne. Accordons-lui notre hospitalité et prions les uns pour les autres. Amen.

dimanche 19 décembre 2021

VIsitation

 

Source de l'image :
Cathédrale Maronite Saint Georges Beyrouth.
Occasion de prier pour la Terre Sainte privée de pèlerins et pour le Liban.
 

 19 décembre 2021 - 4ème Dimanche de l'Avent — Année C

 
Première lecture « De toi sortira celui qui doit gouverner Israël » Mi 5, 1-4a
Psaume Dieu, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire,
et nous serons sauvés ! Ps 79 (80), 2a.c.3bc...
Deuxième lecture « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » He 10, 5-10
Évangile « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?... Lc 1, 39-45

Chers Frères et Sœurs,

L’Evangile de ce Dimanche nous permet de célébrer un mystère joyeux celui de la Visitation, et une rencontre singulière à 4 participants sur le moment, mais auxquelles se joignent toutes les générations d’hier, d’aujourd’hui et de demain pour vivre ce moment béni. « Toutes les générations me diront bienheureuse » toutes se réjouiront de la venue du Sauveur.

La prophétie de Michée présente le Messie comme un berger fort et puissant qui apportera la paix. Alors que la seconde apporte un contraste certain avec la manière dont il conclura l’Alliance et apportera la paix. Quelle puissance peut-il y avoir dans une extrême faiblesse d’un berger qui meurt, prend un corps et s’offre en sacrifice ?

Dans le contexte historique, le Seigneur s’incarne dans une période où Israël vit sous une domination étrangère, des grands-prêtres qui ne sont pas légitimes et sous un roi appartenant à la dynastie  hasmonéenne qui n’est ni totalement juive, ni de la descendance de David. Hérode a entrepris la reconstruction du temple pour se faire accepter, mais cela ne suffit pas pour les juifs observants.

Quel mystère que de voir le messie s’incarner à Nazareth aux confins de la Terre d’Israël, et dont on doute qu’il ne puisse sortir quelque chose de bon, le village n’étant même pas cité dans les Écritures. Il s’est bien rattrapé depuis.

Comme il faut honorer la spiritualité du Carmel en ces saints lieux, vous m’autorisez une mention du Bienheureux Père Marie-Eugène dans un petit ouvrage intitulé la Vierge Marie toute Mère. Une librairie sur la toile l’a classé dans la rubrique religion et ésotérisme, ce qui peut nous autoriser à sourire dans le cadre d’un mystère joyeux.

Le Père Marie-Eugène mentionne la disposition d’abandon fondamentale de Marie dont le cœur connaissait les nuances délicates des sentiments et l’intelligence la pensée de Dieu.

Elle se livre complètement, sait aussi tout accepter, et remercier de tout. Tout lui est très bon puisque tout lui vient de l'amour. La mère de Dieu est aussi petit enfant.

Après l’Annonciation, Marie se rend auprès d’Elisabeth, pour remplir un devoir de charité, mais aussi pour aller constater justement cette preuve qui lui était donnée. Cette Visitation qui lui a fait franchir environ 150 km avec son âne, le témoin privilégié des mystères joyeux mais aussi de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Les bestiaires bibliques lui donnent une  bonne place et certains titres amusent : « L'âne, le Job des animaux : De l'âne biblique à l'âne littéraire » Il y a de tout. Je ne sais pas si Marie avait un dialogue avec son âne, comme Balaam, mais ce qui l’intéressait surtout c’est le signe annoncé par l’ange et donc la rencontre avec Élisabeth et ce petit enfant. Arrivant à Aïn Karim, Marie voit immédiatement Elisabeth, elle a vite fait de constater le fait à 6 mois, on ne peut plus rien cacher; et surtout, il se passe à ce

moment-là une manifestation de l'Esprit Saint. Marie qui porte Jésus en elle, dans son sein, est remplie de l'Esprit Saint. Elisabeth, elle aussi, a été favorisée d'une action surnaturelle.

A la salutation de Marie se produit une rencontre comme de deux torches allumées, ou plutôt embrasées. Elisabeth accuse immédiatement l'effet de la flamme. Elle a senti quelque chose: son enfant a tressailli dans son sein. L’Enfant Jésus a communiqué directement avec l'enfant qu'Elisabeth porte dans son sein, et il l'a purifié par l'action de l'Esprit Saint. Les mamans connaissent les agitations des enfants qui vont bientôt naître. Certaines m’ont dit qu’il faut parfois remettre des pieds en place. Certains essayent de se retourner. Toute une gymnastique. Mais ici, Jean devient prophète dans le sein de sa mère.

L’hymne acathiste à la mère de Dieu a un passage sur la Visitation qui ne peut manquer de toucher. Portant le Seigneur dans son sein, Marie partit en hâte chez Élisabeth. Lorsqu’il reconnut la salutation de Marie, l’enfant, Jean-Baptiste, se réjouit aussitôt, bondissant d’allégresse comme pour chanter à la Mère de Dieu : Réjouis-toi Jeune pousse au Bourgeon immortel. Réjouis-toi Jardin au Fruit qui donne Vie. Réjouis-toi toi en qui a germé le Seigneur notre Ami. Réjouis-toi tu as conçu le Semeur de notre vie. Réjouis-toi Épouse inépousée !

Nous pourrions nous demander mais nous alors comment réagir face à ce moment joyeux. Par la joie bien entendu, mais pas seulement de manière extérieure et comme marque de sympathie. Dans l’icône de la Vierge du Signe le Christ apparaît en médaillon, dans le sein de Marie. Elle nous montre, en quelque sorte « en transparence », l’Enfant à venir. Marie vient à notre rencontre pour nous faire prendre conscience que le Christ doit naître en nous et de nous, pour porter la Bonne Nouvelle. Ce n’est plus Jean seulement, le plus grand des enfants nés de la femme qui est en cause, mais Jésus en nous. Nous avons été baptisés pour devenir d’autres Christ, des témoins et des porte-lumière, à l’image des flambeaux mentionnés par le Père Marie-Eugène. Que cette naissance qui nous conduira à l’annonce de la Bonne Nouvelle, à la Mort et à la Résurrection, nous remplisse de joie car Dieu est avec nous et en nous !

Réjouis-toi, toi qui as cru, réjouis-roi parfum d’une offrande qui plaît à Dieu

Réjouis-toi en qui tout l’univers est réconcilié

Réjouis-toi Lieu de la bienveillance de Dieu pour les pécheurs

Réjouis-toi notre assurance auprès de Dieu

Réjouis-toi Épouse inépousée ! Amen.

mardi 14 décembre 2021

Saint Jean de la Croix

 


« Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. »

Il est un peu délicat pour moi de prêcher en cette fête de votre Père Jean de la Croix, votre et notre père, dont vous vous nourrissez constamment des écrits. Qu’a-t-il voulu vous faire connaître sinon le nom du Père. Connaître le nom veut dire dans la mentalité sémitique connaître la vérité de l’autre et cela permet de pouvoir le dominer. Est-ce possible de dominer Dieu ? Cela ne peut se comprendre que si l’on a part au cœur de Dieu. Il est donc question d’amour non seulement avant tout, mais surtout et même uniquement.

C’était me semble-t-il l’intention de votre Père lorsqu’il a écrit ses poèmes dans sa prison. Il y a parlé de l’amour, partageant ce qu’il vivait. Benoît XVI explique que dans ses Cantiques spirituels, il présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. Le Seigneur veut venir habiter chez nous et Il nous procure la joie, comme Il l’a procurée à saint Jean dans sa prison. Comment peut-on être habité par la joie, être poète dans pareille situation, si celui qui en est la source n’habite pas en nous. Il lui disait « je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Parce que tu as du prix à mes yeux, tu as de la valeur et je t’aime. »

Dans cette obscurité, alors qu’il était emprisonné et que sa parole était empêchée, Il lui a fait la promesse de le libérer et de lui donner une descendance. Le psaume nous laisse entendre qu’Il l’a purifié, qu’Il lui a parlé au cœur, qu’Il l’a enseigné dans la nuit, thème cher au Carmel : «Les ténèbres m’écrasent !» mais la nuit devient lumière autour de moi. Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! »

Nous pouvons associer ténèbres et purification qui conduisent à voir Dieu dans la pleine lumière. Une union entamée dans les ténèbres en quelque sorte. La purification spirituelle ne peut être évitée : «  La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté. La nuit obscure décrit l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de «purification» de l’âme. »

L’amour dit-on donne des ailes, et il en faut pour supporter toutes les épreuves de la vie. Mais nous portons en nous, une grande lumière : nous sommes aimés de Dieu et Il nous invite à nous laisser aimer par lui, en la personne de Jésus. C’est le chemin de la foi. Saint Jean-Paul II grand connaisseur de Jean de la Croix, avait relevé dans sa lettre pour le IVe centenaire de la mort de votre Père les différentes perspectives que le Saint souligne dans l’éducation de la foi. Et il avait voulu en détacher deux qui revêtent pour notre temps une importance particulière dans la vie des chrétiens: la relation entre raison naturelle et foi, et l’expérience de la foi que permet la prière intérieure. La première nous avait valu 8 ans après, une de ses encycliques Fides et Ratio. Il n’y mentionne pas Jean de la Croix, mais le mystère de la Croix est bien là avec saint Paul. Vous m’autorisez ce matin cette citation : « La raison ne peut pas vider le mystère d'amour que la Croix représente, tandis que la Croix peut donner à la raison la réponse ultime qu'elle cherche. Ce n'est pas la sagesse des paroles, mais la Parole de la Sagesse que saint Paul donne comme critère de Vérité et, en même temps, de salut. La sagesse de la Croix dépasse donc toutes les limites culturelles que l'on veut lui imposer et nous oblige à nous ouvrir à l'universalité de la vérité dont elle est porteuse. »

Saint Paul insiste sur l’importance de l’Esprit et de l’amour pour devenir fils dans le fils  « Ceux qu’il connaissait par avance,  Il les a aussi destinés à être l’image de son Fils, pour faire de ce Fils l’aîné d’une multitude de frères. »

Sans lui que pourrions-nous faire ? Nous sommes bien conscients au fil des années que si nous n’étions pas aimés, aidés, portés et assistés, nous serions bien vite handicapés par les pierres du chemin qui nous font tomber. Nous sommes aussi tous conscients que Dieu écrit droit avec des lignes courbes et qu’il utilise  nos faiblesses pour parvenir à son but.

«Quand vous rencontrerez quelque déplaisir et contrariété, dit Jean de la Croix, souvenez-vous du Christ crucifié et gardez le silence. Vivez dans la foi et l’espérance, encore que ce soit dans l’obscurité, car dans ces ténèbres Dieu protège l’âme» [26]. La foi se transforme en flamme de charité, plus forte que la mort, semence et fruit de résurrection: «Ne pensez pas autre chose sinon que c’est Dieu qui ordonne tout; «et là où il n’y a pas d’amour, mettez l’amour, et vous obtiendrez l’amour» [27]. Car, en définitive: «Au soir, on t’examinera sur l’amour» [28].

Notre-Dame du Carmel priez pour nous. Amen.

https://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1990/documents/hf_jp-ii_apl_19901214_juan-de-la-cruz.html#_ednref15

https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110216.html


 


dimanche 5 décembre 2021

Parousie

 



5 décembre 2021
2ème Dimanche de l'Avent — Année C
Première lecture « Dieu va déployer ta splendeur » Ba 5, 1-9
Psaume Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête ! Ps 125 (126), 1-2ab...
Deuxième lecture « Dans la droiture, marchez sans trébucher vers le jour du Christ » Ph 1, 4-6.8-11
Évangile « Tout être vivant verra le salut de Dieu » Lc 3, 1-6

Chers Frères et Sœurs,

Nous voici devant 4 textes remplis d’espérance qui sont des invitations à la préparation de la venue de Dieu et des invitations à la conversion, mais non dans la crainte. Bien au contraire, c’est un appel à la joie qui sera encore plus marqué dimanche prochain. Nous avons dans l’Évangile la figure de Jean-Baptiste qui signifie « Dieu fait grâce ». Baptiste, c’est le Baptiseur. Jean proclamait un baptême de conversion. Les orientaux, sur les icônes, préfèrent utiliser le qualificatif de Précurseur.

Comme ici, dans le Sud, vous aimez beaucoup l’Écriture Sainte, vous aurez remarqué qu’on nous a proposé un passage de l’Évangile de Saint Luc nous relatant non pas la naissance de Jean-Baptiste, mais bien le message central de sa prédication  qui est une annonce de la venue du Messie, du Seigneur et un appel à la conversion. Saint Luc le date de l’an 27 à 28 de notre ère. Jean n’enseigne pas dans les villes et les villages et dans les synagogues, mais dans le désert, au bord du Jourdain.

Quelle annonce et quel lieu étrange ! Aujourd’hui, nous savons que pour faire passer un message, la méthode la plus appropriée est de passer par des agences spécialisées dans la communication. Ils utilisent l’internet avec des messages publicitaires qui agacent souvent par leurs aspects insistants. On bourre nos caches de cookies et de traceurs. Ou bien cela passe dans nos émissions télé découpées et lardées de messages publicitaires. A l’époque de Jésus, les moyens étaient différents, mais Jean-Baptiste n’était passé ni par les places, ni les marchés, ni les synagogues, il ne s’était pas rendu au temple.

La manière de faire de Jean-Baptiste est un  signal manifestant que Dieu veut s’adresser au cœur de ceux qui l’attendent et veulent venir vers lui. Il paraît avoir voulu une relation de proximité. Pourquoi donc ? Pour que se réalise la prophétie d’Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » C’est apparemment tellement absurde, qu’il ne peut y avoir qu’une raison à ces étranges rassemblements, à savoir un appel de Dieu dans les cœurs. Dieu a besoin de messagers pour partir à la rencontre du plus grand nombre, il a besoin de personnes qui l’aiment de tout leur cœur, pour en faire ses messagers, ses porte-lumière. Pour cela, il les attire au désert par la voix de Jean. Il passe par une voix humaine, à l’écart. En ce temps de l’Avent, est-ce que nous écoutons, nous, la petite voix de celui qui qui habite en nous ? Dieu s’adresse s’adresse ensuite à eux, par un homme réel, une voix réelle, une médiation humaine, à une époque déterminée. Saint Luc, veut montrer qu’il ne s’agit pas de contes ou de mythes, comme on en entendait tant à l’époque. Ils nous rattrapent et nous colonisent d’ailleurs aujourd’hui, même revisités il vous suffit de vous rappeler les films à grand spectacle, les dessins animés, sur les dieux de l’Égypte et autres divinités grecques et romaines, ou de l’Inde et du Japon, des Amériques et de l’hémisphère Sud. Ne parlons pas des divinités médiatiques contemporaines.

Dieu, le Dieu d’Israël, qui a formé son Peuple au désert, l’a rappelé de l’exil, ne veut pas en rester seulement à une sorte de rassemblement de tous les descendants d’Abraham. Il a préparé quelque chose de beaucoup plus grand et important, l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous les hommes, et donc la constitution d’une nouvelle famille.

Aujourd’hui ce message continue à se manifester à nous. Ce n’est pas seulement un enregistrement, comme en voit dans certains films de science-fiction qui délivrent le leur en boucle, ou caché dans une mémoire artificielle des siècles avant et qui ne sert qu’une fois. C’est un message qui vient du cœur de Dieu, de Dieu qui est un vivant.

En ce temps de l’Avent nous pouvons nous  rappeler que la parousie, inclut 3 venues du Messie, du Christ. C’est ainsi que l’a compris l’Église. D’abord, Jésus est venu dans la chair, il est venu dans notre chair, Dieu s’est fait homme. Marie, la première a vu et su que Dieu, son Fils avait un corps et un visage. Le Verbe s’est fait chair et les journalistes de ce temps-là, les communicants (cf Bernanos journal d’un curé de campagne) et ceux qui détenaient le pouvoir n’en ont rien su.

Jésus va venir ensuite, en gloire, à la fin des temps., c’est le Juge miséricordieux.

Mais il y a un troisième moment, une troisième venue du Christ, c’est une période intermédiaire, celle que nous vivons aujourd’hui. Le Seigneur vient dans les cœurs dès maintenant, à chaque génération, à chaque fois que naît un enfant, celui que tous ont attendu, vient attendre é son tour, à la porte de son cœur. Il attend pour entrer, une communication, une ouverture, par un sourire, l’amour de ses parents, de sa mère, de ceux qui l’enseignent et qui lui parlent de Lui. Il vient en lui par l’action de l’Esprit-Saint. Il est notre repos et notre réconfort. « Celui qui a commencé en vous un si beau travail, disait Saint Paul dans son épître aux Philippiens tout à l’heure, le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. »

Nous célébrons mercredi l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, cette fête est en quelque sorte le grand message de Lourdes. Nous pouvons nous rappeler que Marie a reçu ce don extraordinaire pour la préparer à être la Mère de Dieu, la Mère de Jésus, vrai Homme et vrai Dieu.

Je vous ai amené aujourd’hui mon icône de la Vierge du Signe qui aide à vivre ce temps de l’Avent. Marie est figurée en orante, les mains levées dans le geste de la prière, et elle porte en médaillon le Christ enfant sur la poitrine. « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici, la jeune fille est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel ». Isaïe (7,14). le Premier-né avant les siècles a habité le sein virginal de Marie. "...Celui que les immensités ne peuvent contenir, tu le reçus dans ton sein, ô toi plus vaste que les Cieux."  Demandons à Marie en ce 2ème dimanche de l’Avent de préparer en nous la venue de son Fils. « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » Amen.